Haïti

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Messagede rubion le Sam 16 Jan 2010 11:21

Je vient de parcourir le site du CCI et j'ai vu qu'il avait pris position sur le seisme en Haiti . Je partage cette prise de position que je vous fait part
http://fr.internationalism.org/node/4114

Rubion . lecteur de revolution internationale
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Re: Seisme en Haiti

Messagede Antigone le Sam 16 Jan 2010 12:30

Il y a beaucoup de choses qui me révoltent dans ce que j'entends depuis 3 jours.
Le premier jour, il n'y en avait que pour les fonctionnaires de l'ONU dont on était sans nouvelle, puis très vite on s'est intéressé au sort de NOS ressortissants, ainsi qu'aux riches touristes et aux entrepreneurs prisonniers des ruines de l'Hotel Montana grand luxe. Les sauveteurs, à peine arrivés se sont précipités à leur secours. On a rapatrié les riches survivants en laissant crever les autres.

Depuis hier soir, les journalistes viennent de se rendre compte qu'il y a un million et demi de personnes qui vivent à la rue comme des chiens, sans rien n'avoir à manger et à boire, alors qu'il fait chaud et que ça sent mauvais, la misère et la mort.
Les avions du monde riche sont arrivés, mais en oubliant l'essentiel. Alors Obama a décidé d'envoyer 10 000 soldats pour maintenir l'ordre parce que les gens en ont assez de ne rien voir venir et commencent à s'énerver !
L'Union européenne, dans un grand élan de générosité, a débloqué 3 millions d'euros "pour venir en aide à Haïti", une aumone, à peine l'équivalent d'un euro par habitant... alors que le transfert du footballeur Benzema vers le Réal de Madrid avait couté 10 fois plus cher !
En 3 jours, un tremblement de terre vient de montrer ce qu'est le capitalisme, le meilleur système possible d'après certains.
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Re: Seisme en Haiti

Messagede Miaoû le Sam 16 Jan 2010 14:00

Entièrement d'accord avec Antigone.

Il faut aussi ajouter des commentaires qui pour moi n'avaient aucun sens dans le contexte actuelle. La plupart des médias ont parlé d'un pays "maudit" (sic !) en proie à "l'accumulation de nombre de catastrophes naturelles, politiques et sociales" (re- sic!).

C'est comme ça qu'ils ont rappelé la situation politique historique (certes, ça peut être pertinent dans le cadre d'émeutes "de la faim", mais dans le cadre d'un cataclysme naturel, qu'est-ce qu'on en a à faire?") et l'enchainement des catastrophes naturelles. Alors certes, ça meuble les articles et les JT, mais on se demande bien quel intérêt il y a à signaler ces faits.
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Re: Seisme en Haiti

Messagede Antigone le Mar 19 Jan 2010 17:53

Il est maintenant acquis que derrière l'aide humanitaire, on assiste bel et bien au début d'une occupation militaire à Haiti.
Des unités de marines spécialisées dans la répression des émeutes ont été dépêchées de toute urgence ces derniers jours et se sont déployées dans tout Port-au-Prince, Pour les grandes puissances, il s'agit de combler le vide du pouvoir, de prévenir toute révolte, et de rétablir une domination, même sous la forme d'un Etat fantoche.

Pendant tout le week-end, les haitiens ont pu voir le ballet incessant des avions cargos au dessus de leurs têtes. 600 avions venus apportés des centaines de tonnes de nourriture qui ont immédiatement été stockées dans les hangars de l'aéroport. Les américains ont décidé d'affamer délibérément les populations, histoire de montrer qui étaient les nouveaux maitres. L'économie commence avec l'organisation de la pénurie. C'est une des lois de base du capitalisme, une priorité que les forces américaines ont tenu à rappeler.
On a vu à la télé des hélicoptères balancer quelques cartons de biscuits énergétiques comme on jouerait avec des bêtes affamées. Les boites de ration sont délivrées au compte-goutte à ceux qui acceptent de se soumettre, de se ranger sagement à la queue-leu-leu et de dire merci.
Les soldats américains avaient affiché moins de mépris en 1948 quand ils avaient organisé un gigantesque pont aérien pour ravitailler pendant près d'un an les habitants de Berlin Ouest.

On nous promet que Haiti sera reconstruit. La belle blague !
Que représentent les 100 millions de dollars d'aide promis par Obama, les 200 millions que l'UE a décidé de débloquer pour ne pas rester en retrait, les 70 millions du FMI etc ? Rien. Des sommes dérisoires. L'équivalent de ce que l'armée américaine dépense en quelques heures de guerre en Afghanistan. De la broutille comparée aux milliards de mouvements spéculatifs enregistrés tous les jours sur les places boursières.
On va reconstruire des batiments administratifs, gouvernementaux, des hopitaux, des écoles, des résidences, sans oublier les églises... On va réparer les voies de communication, redonner un semblant de vie à la zone portuaire, mais on ne relogera pas le million et demi de sans arbris qui dorment sous les baches. Les camps de réfugiés qu'on nous fait découvrir à la télé vont devenir des bidon-villes, une réserve permanente de lumpen prolétariat, des copies conformes de ceux qui s'étendent partout aux abords des grandes villes surpeuplées du Tiers Monde.
Dans quelques jours, les journalistes vont être rappelés par leurs rédactions. La misère extrème démeurera. Les militaires américains et onusiens resteront pour l'encadrer. L'oligarchie pourra à nouveau faire des affaires et remplir ses coffres.
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re

Messagede hocus le Mar 19 Jan 2010 19:10

A ce sujet :

US accused of 'occupying' Haiti as troops flood in
France accused the US of "occupying" Haiti on Monday as thousands of American troops flooded into the country to take charge of aid efforts and security.

http://www.telegraph.co.uk/news/worldne ... od-in.html


La France, pays de colonialistes racistes, bourgeois marchands d'esclaves, diplomates véreux, et puissance vindicative vis à vis de ceux qui ont réussi à se libérer :

http://www.revoltes.net/spip.php?article1726


Bref, "l'aide" à Haiti, un concours d'hypocrisie entre puissances capitalistes. Courage aux haïtiens.

Et je pense que les troupes US feraient bien de surveiller leurs arrières, l'histoire a montré que les haïtiens savent se battre pour leur liberté.

Et quand l'"aide" d'urgence n'est pas distribué, il faut bien que les haïtiens aillent la chercher eux-même.
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Re: Seisme en Haiti

Messagede hocus le Mar 19 Jan 2010 19:45

Je colle ici un article de anarkismo.net : http://www.anarkismo.net/article/15504

Ni pleurs de crocodile, ni silence
Solidarité avec le peuple haïtien


La misére frappe encore une fois Haïti. Cette fois, il s’agit d’un violent tremblement de terre qui a dévasté le pays et la tourné en un amas de gravats et de débris. Il reste encore à déterminer le nombre exact de victimes, mais la croix rouge parlent dors et déjà de 3 millions de personnes en détresse et le nombre de morts pourraient atteindre 100.000 – un terrible décompte lorsque l’on sait que la population haïtienne n’est seulement de 8 millions. Les images circulant des survivants écrasés sous les décombres demandant de l’aide, des enfants blessés, des personnes pleurant leur morts nous donne un sens précis de l’étendu de la tragédie, mieux que l’on ne pourrait jamais la raconter.

Durant cette terrible période bien évidemment, nous nous tenons au côté du peuple Haïtien. Nous leur apportons tout notre soutien, leur peine étant notre peine, et depuis ce forum nous appelons nos lecteurs et plus généralement tout le monde affecté par la tragédie à aider Haïti, au travers des organisations humanitaires qui ont lancé un appel, afin d’apporter un soulagement, un secours, et une aide à la population dans ces terribles conditions.

Nous ne pouvons par ailleurs pas nous empêcher de ressentir un dégoût en considérant l’hypocrisie d’une communauté internationale qui encore une fois pleurs des larmes de crocodiles à l’aube de cette « incompréhensible tragédie » (pour emprunter les mots d’Obama) sans reconnaître sa propre part de responsabilité – le séisme a été autant dévastateur car il s’est abattu sur un peuple déjà dévasté par un siècle d’interventions militaires, de pillages éhontés au vue et au sus de tous orchestré par des régimes autocratiques supportés par les États-Unis et la France et par les politiques des institutions financières dont les conséquences ont été la ruine du peuple haïtien au bénéfice d’une élite. Ce pays s’est transformé en un gigantesque «maquila» [ed. ces zones de libre commerce où l’on fabrique entre autres des textiles et des articles de confection, souvent pour le compte de grandes multinationales] où la majorité de la population survit grâce à la charité. Nous ne sommes pas confrontés à une simple catastrophe naturelle, comme les médias voudraient nous le faire croire : c’est la main de l’homme qui est l’auteur principal de cette tragédie. Ce tremblement de terre a simplement terminé le travail commencé par les États-Unis, la France, le Canada, la MINUSTAH (les troupes d’occupation des Nations Unies), le fond monétaire international, les fausses agences de développement comme USAID.

Le peuple haïtien n’a jamais été leur souci premier lorsque ces derniers étaient entraînés dans une spirale frauduleuse de dettes externes acquis sous la dictature de Duvalier, et l’«angoisse» ne les a pas pris à la gorge lorsque le remboursement de cette dette a été exigé de ce pays, appauvri et affamé et ce jusqu’au dernier centime .

Le peuple haïtien n’a jamais été leur souci premier lorsqu’ils ont eu à imposer les programmes d’ajustement structurel dans les années 90 qui ont eu des résultats calamiteux sur la population de même que la réduction des tarifs douaniers pour l’importation des céréales telles que le riz. La conséquence en a été la destruction totale de la paysannerie haïtienne qui a été poussée à rejoindre les bidonvilles de Port-au-Prince, laissant le pays qui était jusqu’alors autosuffisant, mourir de faim comme l’ont montré les émeutes de la faim en avril 2008.

Le peuple haïtien n’a jamais été leur souci premier lorsque les dictatures de Duvalier, de Namphy, d’Avril, de Cedras, et de Latortue (tout ceux qui ont reçu l’approbation de Washington et de Paris) ont violé, mutilé, fait disparaître et massacré des milliers d’haïtiens. Certains d’entre eux vivent aujourd’hui de manière luxueuse à l’étranger tel que Jean-Claude Duvalier en France. D’autres, comme Raoul Cedras au Panama., grâce à l’argent reçu des États-Unis après avoir accepté de se retirer du pouvoir, se sont transformé en homme d’affaire respectable.

Le peuple haïtien n’a jamais été leur souci premier lorsque des milliers d’abus sexuels contre les troupes «civilisationnistes» de la MINUSTAH ont été dénoncé ; troupes qui occupent encore le pays, violent et tuent dans une impunité absolue. La preuve en est le rapatriement de plus d’une centaine de casques bleus sri-lankais en novembre 2007, après avoir été accusés de viol et cela sans même avoir fait face à un simulacre de procès.

Le peuple haïtien n’a jamais été leur souci premier lorsque les «maquilas» ont conduit à une distorsion de l’économie haïtienne, payant des salaires de misères qui permettent à peine de se nourrir alors que des abus de toute sorte prenaient place dans les zone de libre commerce quotidiennement.

La liste des raisons de s’indigner des commentaires peinés de la part de Sarkozy, Obama, Ban-Ki-Moon, Lula est trop longue pour en donner un compte rendu exhaustif. On peut juste dire que plus la population est misérable, plus elle sera frappée durement par les vicissitudes de la nature. Cette misère a été causée par des forces ayant imposé le model social actuel à travers des dictatures et des pressions internationales : si trois personnes sur quatre vivant à Port-au-Prince résident dans des abris de fortune, cabanes, et taudis qui ont émergé de la ruine de l’économie haïtienne (principalement la campagne), peut-on réellement se demander pourquoi le nombre de mort doit se compter en milliers?

Nous espérons que la solidarité de tous les peuples du monde avec leurs frères haïtiens soient massive. Comme il l’a été dit précédemment, la solidarité est le bras armé de la compassion de chacun. Nous espérons que cette solidarité, de laquelle des milliers de vies dépendent, arrive à destination et ne soit pas prise au piège dans une toile d’ONG et d’agences d’aide. Bien sûr, il y a de nombreuses organisations respectables comme La Croix Rouge qui encore aujourd’hui prodiguent un soulagement immédiat aux populations, mais à côté de celles-ci, nagent des requins qui n’hésiteront pas à faire surface afin de profiter de cette tragédie. Nous nous devons d’être vigilent et le mouvement populaire haïtien doit d’être alerte afin d’être sûr que l’assistance arrive effectivement à ceux qui en ont besoin, et soit distribuée efficacement. Nous espérons également qu’il n’y aura pas une invasion d’ «hommes blancs» amenés par les ONG pour travailler, construire des maisons, alors même que les locaux dont 80% de la population est sans emploi peuvent le faire et devraient le faire eux-mêmes.

Encore une fois, nous en appelons à votre solidarité. Pas seulement à l’aube de cette événement particulièrement tragique qui secoue tous ceux et celles qui ont un cœur qui bat dans leur poitrine, mais la solidarité d’aujourd’hui et de demain, un type de solidarité qui gratte en dessous de la surface de la dévastation pour comprendre les racines profondes de la tragédie haïtienne. Racines, qui sont dans tous les cas plus profondes que ce séisme de 7 degré de magnitude ; en d’autres mots, une solidarité qui nous force à repenser les relations que les grandes puissances ont avec notre région, relations dont Haïti est l’exemple le plus attristant. Cette solidarité devrait nous permettre de questionner le rôle joué par les troupes, dont la majorité de l’effectif provient des pays latino-américains, dans l’occupation militaire d’Haïti. Une occupation qui a eu autant d’effet dévastateur que ce tremblement de terre, quelque chose difficile à nier en dépit des photos de soldats de la MINUSTAH distribuant des paquets de riz aux démunis.

José Antonio Gutiérrez D.
13 Janvier, 2010

Solidarité avec le peuple haïtien, Aujourd'hui et demain!

Traduction: Chloé Saint-Ville
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Re: Seisme en Haiti

Messagede hocus le Mer 20 Jan 2010 21:49

Voilà le genre d'aide offertes aux Haïtiens :

Image EDIT : problème avec la photo apparemment. C'était un GI américain avec son gros fusil d'assault en bandoulière, en train de faire une sorte de signe "stop" à un groupe de gens.

En plus de ça :

Une semaine pour sortir 120 personnes des décombres (sur combien de victimes ? 200 000 ?)

Et combien de gens attendent encore ne serait-ce que de l'eau et un peu à bouffer ?

Les bonnes grosses vieilles peurs racistes vis à vis des descendants des esclaves devenus révolutionnaires entrainent beaucoup de gens à avoir peur des Haïtiens, et donc à exiger de la 'sécurité' pour distribuer de l'aide, d'après ce sociologue :

http://www.trinidadandtobagonews.com/blog/?p=2297

Imaginer la même chose en France. Un tremblement de terre géant, on envoie des prioritairement soldats qui mettent les gens bien en ligne, et après une semaine, éventuellement on fait parvenir l'aide d'urgence si la "sécurité" est estimée suffisante. ?!?!?!?

Il faut aussi rappeler que LA FRANCE ET LES USA DOIVENT DES DIZAINES DE MILLIARDS de dollars à Haïti au titre des REPARATIONS après ce que ces deux puissances ont fait subir à Haïti, et que Aristide a été "exilé" de force (c'est à dire victime d'un coup d'état) par les USA et la France, et que c'est à mon avis, précisément (et peut être entre autres choses) parce qu'il avait soulevé cette question des réparations.

(infos, entre autres, ici : http://www.commondreams.org/view/2010/01/17-6 )
Dernière édition par hocus le Dim 24 Jan 2010 15:05, édité 1 fois.
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Re: Seisme en Haiti

Messagede leo le Dim 24 Jan 2010 11:42


Un nouvel Appel à la solidarité internationale ouvrière vient de nous parvenir de l’organisation haïtienne Batay Ouvriye : Etat des besoins et nouveaux contacts.

BATAY OUVRIYE


APPEL À LA SOLIDARITÉ SUITE AU TREMBLEMENT DE TERRE
DU 12 JANVIER 2010 À PORT-AU-PRINCE


Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 à Port-au-Prince, Haïti, nous a lourdement frappé au niveau des masses populaires.

En effet, aux côtés des bâtiments publics effondrés en grand nombre, ce sont nos quartiers populaires qui ont été les plus détruits. Ceci n’est pas surprenant, ce sont les plus fragiles, les plus instables : c’est là que l’Etat n’a jamais su répartir les services minima, allez voir chercher à consolider nos maisons, allez voir s’en occuper sérieusement. Au contraire, nous avons toujours été menacé d’expulsion, de « déplacement », de sorte que nous-mêmes n’avons jamais su non plus, encore moins pu nous concentrer sur l’amélioration de notre propre habitat.
Pendant que certains capitalistes cherchent à forcer les ouvriers à retourner travailler dans des usines fissurées ; pendant que les propriétaires des grands magasins se refusent à distribuer gratuitement leurs marchandises et exigent même que leurs prix augmentent ; pendant que tout le monde peut constater l’absence flagrante et honteuse de l’État, son incapacité, son incompétence (lui qui, certainement, ne sait que voler, « magouyer », en ne défendant que les grands propriétaires fonciers, les bourgeois et autres multinationales) ; pendant que la police nationale, soi-disant là pour « protéger et servir », brille également par son absence devant la catastrophe d’une part, et, d’autre part, face aux gangs qui sévissent (certainement, elle ne sait que réprimer le peuple) ; pendant que les forces impérialistes profitent de l’aide qu’ils administrent pour, de manière éhontée, approfondir leur domination et transformer les relations en une véritable tutelle sans partage… les ouvriers, travailleurs de tous genres, masses populaires en général subissent cette situation catastrophique où elles se retrouvent les bras cassés.

Une certaine presse a favorisé le développement d’aspects franchement progressistes, permettant un minimum de coordination à partir du terrain même, des comités populaires conséquents travaillent sans relâche à porter aide et secours. Seulement, partout, les moyens font énormément défaut. En vérité, en plus de nous avoir frappé violemment, le tremblement de terre nous laisse sans recours autonome et nous dépasse complètement.

À Batay Ouvriye, même si la plupart de nos cadres et membres ont pu sauver leur vie, plusieurs d’entre nous ont perdu des membres de leur famille, leur maison, leurs rares biens… plusieurs sont blessés, estropiés et, en plus d’avoir à enterrer nos morts, la survie nous devient de plus en plus difficile.

Dans la mesure du possible, nous essayons d’éviter de passer par les circuits officiels dominants mais il est tout aussi vrai que la situation devient intenable ! C’est ce qui nous amène aujourd’hui à lancer cet APPEL À LA SOLIDARITÉ en direction de tous les ouvriers, travailleurs et progressistes conséquents du monde entier pour tâcher de nous aider à sortir de cette terrible passe.

Selon un inventaire provisoire rapidement réalisé, nos besoins les plus immédiats sont les suivant et s’élèvent à :

Maisons à réparer US $ 50,000.00
Pertes de biens 20,000.00
Soins aux blessés et aux estropiés 10,000.00
Survie immédiate 30,000.00
S’occuper des morts 10,000.00

Total provisoire US $ 120,000.00

A cela, il nous faut ajouter 40% d’inflation, étant donné que les prix ne cessent d’augmenter et que nous ne savons pas où cela nous mènera. Pour un TOTAL plus certain, d’alors : US $ 170,000
Maintenant, divers contacts que nous avons commencé à développer suite à la dernière grande mobilisation autour du salaire minimum sont eux aussi dans des conditions similaires. Nous devons les aider également. Ceci demande une somme additionnelle. D’un autre côté, dans les zones où vivent nos principaux militants, des mouvements de solidarité populaire ont été mis sur pied. Nous devons les intégrer résolument, tout en y apportant l’orientation que nous pensons nécessaire en ce moment. Immédiatement également, dans le cadre de la reconstruction que les classes dominantes commencent déjà à planifier, nous devons prendre l’initiative organisée de mettre sur pied nos propres orientations afin de faire face à la prochaine catastrophe qu’elles nous préparent. Ceci également exigera des dépenses.

En tout et pour tout, nos calculs s’élèvent alors à un GRAND TOTAL de US $ 300,000 C’est ce qui permettra à nos membres de survivre, d’aider nos divers contacts de tout genre et, enfin, de commencer déjà à construire et propager une orientation politique ample, forte et collective, aujourd’hui dedans la lutte de survie même mais déjà apte à prévoir et faire face de manière structurée à l’autre genre de catastrophe qui nous attend : la future domination impérialiste qui, conjointement avec les classes dominantes locales et leur Etat réactionnaire, prend déjà des formes extrêmes.

Nous remercions à l’avance tous ceux qui comptent contribuer. Le moment d’une telle débâcle demande non seulement une SOLIDARITE renforcée mais encore un rapprochement conscient, initial ou en approfondissement, pour une lutte commune internationale.

Pour ceux qui comptent nous faire parvenir de la nourriture, de l’eau ou encore des vêtements, des médicaments, des petits mobiliers… l’adresse de notre local principal à Port-au-Prince est :

Batay Ouvriye, Delmas 16, # 13 bis.

Pour ceux qui comptent envoyer du cash, notre compte bancaire est le :

Bank Name : City National Bank of New Jersey
Bank Address : 900 Broad Street, Newark, NJ 07102
ABA Number : 0212-0163-9 City of NJ Newark

For further credit to :

Account Number : 01 000 9845
Account Name : Batay Ouvriye
Account Address : FONKOZE, Ave. Jean Paul II, # 7, Port-au-Prince, HAITI

Naturellement, nous rendrons public toutes les sommes reçues et nous informerons de nos activités au fur et à mesure de leur déroulement.

BATAY OUVRIYE

Port-au-Prince, ce 20 janvier 2010


==================
Le site de Batay Ouvriye n’est pas actualisé compte tenu de la situation locale. Le réseau Miami Autonomie et solidarité qui collecte également les fonds a mis en place un nouveau site de versement, suite aux problèmes du précédent.

https://salsa.democracyinaction.org/o/8 ... e_KEY=5875

==================


Une initiative libertaire lyonnaise


L’Organisation Communiste Libertaire-Lyon appelle à la création d’un collectif « Solidarité avec le Peuple Haïtien » (SPH) ayant pour but de mener des actions concrètes de solidarité. Nous nous adressons en priorité aux groupes et aux individu(e)s parties prenantes des mouvements libertaire et alternatif, mais aussi à toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans la démarche décrite ci-dessous.

Nous pensons que le temps presse, aussi pour ne pas trop attendre nous proposons une réunion le

mercredi 27 janvier 2010 à 19 h à la librairie la Gryffe (5 rue Sébastien Gryffe, 7ème)


Haïti : une catastrophe pas naturelle !


Si le séisme est un phénomène naturel, le désastre qui l’a suivi ne l’est pas.

Il y a des causes sociales, économiques et politiques à l’effondrement des maisons et des bâtiments : l’effondrement de l’économie haïtienne consécutive à des décennies de dépendance, de dictatures sanglantes soutenues par les grandes puissances, de mesures du FMI qui ont accéléré la destruction de l’agriculture et la bidonvillisation des principales villes, à commencer par sa capitale Port-au-Prince aujourd’hui pratiquement rasée.

L’aide qui va arriver se fera dans un cadre capitaliste. Des « opportunités » de business, d’enrichissement, de profits vont pulluler, seront saisies par tous les requins disponibles (en matière de BTP, en France, on connaît, mais la rapacité capitaliste est sans frontière) et laisseront le pays et ses habitants dans une situation aussi exsangue que maintenant.

Sans rejeter les ONG globalement, le minimum est d’avoir un regard critique sur la manière dont les fonds et les aides sont et seront distribuées. Avec aussi cette idée que la critique n’est jamais plus efficace que quand elle se transforme en action et fait de ceux qui la portent les protagonistes de la solidarité.

Alors que les médias d’Amérique du Nord et d’Europe (ceux des pays « développés ») mettent en scène les corps souffrants des Haïtiens, les destructions des bâtiments officiels (ONU, ambassades, palais présidentiel, grands hôtels pour occidentaux…) et insistent bien sur l’action humanitaire de ces mêmes pays « développés » et de leurs chefs d’Etat (Sarkozy, Obama…), il semble tout à fait justifié et logique que des gestes et des propositions de solidarité se fassent jour de manière indépendante, pour allier l’efficacité d’une aide directe à ceux qui en ont besoin et la dénonciation de l’hypocrisie des grandes puissances de la planète au sujet d’Haïti.

Il nous semble même décisif que des démarches multiples, organisée par des gens eux-mêmes, par des mouvements de base, par des structures syndicales, associatives, groupes politiques locaux ou par des regroupements créés pour l’occasion, essaient de donner un caractère politique et social à une aide directe. Aide de personnes à personnes, de mouvements à mouvements, dans le cadre de mobilisations collectives de sensibilisation (organiser des évènements – fêtes, concerts, collectes et prises de paroles,… – pour recueillir des fonds, par exemple), d’une solidarité internationaliste, en envoyant des fonds (et toutes autres choses utiles) à des collectifs, à des mouvements, à des organisations haïtiennes se battant depuis des années pour la défense des intérêts de la classe ouvrière et de la paysannerie, pour l’émancipation sociale et politique.

Ces mouvements, déjà en grandes difficultés avant la catastrophe, sont à aider dans leurs tâches de reconstruction en même temps que doit se reconstruire les projets et les possibilités d’un Haïti différent, solidaire, où les Haïtiens pourront, enfin, reprendre leur destin en mains et décider eux-mêmes du type de société qu’ils souhaitent construire.

Dans ce cadre général, beaucoup de forces, organisées ou non, peuvent confluer, s’additionner, acquérir rapidement une visibilité, une utilité et une efficacité.


Infos supplémentaires et liens : http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article690
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Re: Seisme en Haiti

Messagede Le Zigue le Dim 24 Jan 2010 18:46

Les 'reconstructeurs', décrits dans 'la stratégie du choc' de Naomi Klein, doivent se frotter les mains, des dollars pleins les yeux.
Il suffit de regarder ce qui s'est passé en Asie au lendemain du ras de marée (oops, il faut dire tsunami de nos jours, c'est plus tendance).
Et quand je vois les américains débarquer en force, je ne suis plus du tout motivé pour donner quoi que ce soit... pauvres haïtiens :cry:
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Re: Seisme en Haiti

Messagede Miaoû le Lun 25 Jan 2010 00:12

Le Zigue a écrit:(oops, il faut dire tsunami de nos jours, c'est plus tendance).


C'est pas une question de tendance, mais de termes. Aux Etats-Unis et en Occident on dit raz-de-marrée, en Asie on dit tsunami. De même que l'on dit ouragan alors qu'en Asie on dit typhon.
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Re: Seisme en Haiti

Messagede bblon le Lun 25 Jan 2010 19:02

Le Zigue a écrit:Et quand je vois les américains débarquer en force, je ne suis plus du tout motivé pour donner quoi que ce soit... pauvres haïtiens


Et il vaut donc mieux les laisser crever ??? C'est vrai que les opération humanitaires sont coordonés par un commandement militaire, qui plus est américain.
La coopération s’opère à tous les niveaux sous la conduite du Pentagone, seul capable d’assurer le rôle de leader (...) le contrôle est laissé au militaire, subordonnant l’acteur civil et humanitaire
disait Stéphane Sisco membre du Conseil d’administration de Médecins du Monde.
C'est vrai que l'humanitaire exploite cyniquement les sentiments altruistes et de solidarité des gens pour servir les intérêts d’une classe sociale minoritaire, mais qui possède tous les pouvoirs.
Mais alors qu'est ce qu'il faut faire? Les regarder mourir de faim devant son poste de télé? Non. Franchement, je pense vraiment qu'il faut qu'en même venir en aide à ces pauvres gens qui n'ont rien demander et sur qui le capitalisme, et en plus ses néfastes répercussions écologiques, s'acharne honteusement.
De plus, il existe des gens qui tentent de les aider sans forcément toujours passer par les ONG en place. L'association France Amérique Latine par exemple tente de collecter des fonds qu'ils distribuent ensuite aux contacts locaux. Bon d'accord cette asso n'est pas vraiment anar et est même plutôt pro-Chavez, mais bon là je crois pas qu'il faille s'attarder sur ce genre de détails...
Et puis tout cela n'empêche pas de continuer à dénoncer le système qui fait que le sort s'acharne sur ces peuples et qui profite de son malheur.

Voilà. Et pour conclure: SOLIDARITE AVEC LE PEUPLE HAITIEN
T'as beau t'aplé Oscar Tramor, te v'la tout seul comme un rat mort...
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Re: Seisme en Haiti

Messagede romu le Mar 26 Jan 2010 12:18

j'ai peu suivis l'actualité du séisme en haiti, mais je suis tombé sur ça par hasard :

Réunion de l'ALBA
http://www.telesurtv.net/noticias/secci ... soberania/
et dans un compte rendu français il est dit que Chavez supprime la dette qu'Haiti a avec le Venezuela (mais je n'ai pas vu ça dans le texte lu en diagonale)
Il est toujours facile d'obéir, si l'on rêve de commander.
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Re: Seisme en Haiti

Messagede Le Zigue le Mar 26 Jan 2010 19:40

bblon a écrit:Et il vaut donc mieux les laisser crever ???


Non, je ne dis pas ça mais une victime du tsunami au Sri-lanka, enceinte et crevant à petit feu dans un bidonville dit ceci : 'si vous voulez me venir en aide, mettez ce que vous voulez me donner dans ma main' (cf : N.Klein 'la stratégie du choc')
Visiblement, les miyions qui ont été envoyés là-bas ont bien du mal à terminer dans les bonnes poches.
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Re: Seisme en Haiti

Messagede leo le Mar 9 Fév 2010 20:48

Lyon : Appel du collectif « Solidarité avec le Peuple Haïtien »


Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a plongé le peuple haïtien dans une situation de désastre, à laquelle répondent des élans de solidarité dans le monde. Un séisme est bien un phénomène naturel, mais l'ampleur de la catastrophe qui s’en est suivie n’est pas accidentelle : elle prend son origine dans des rapports d’oppression et d’exploitation capitaliste. Les moyens existent pour limiter les effets des catastrophes naturelles : par exemple, les constructions anti-sismiques au Japon et en Californie. La vulnérabilité aux crises n’est donc pas inéluctable ou prédisposée par une « malédiction », elle relève de l’inégalité entre les classes et les nations prises dans le système de l’impérialisme. Ce sont maintenant les classes populaires qui subissent le plus durement les conséquences du séisme, comme elles ont subit la hausse brutale des prix agricoles au printemps 2008. Elles se sont alors révoltées : ce furent par exemple les émeutes de la faim. Ce sont les classes populaires, pas les soldats ni les humanitaires, qui ont assuré la solidarité immédiate après le séisme.
La Révolution haïtienne de 1804 marque la victoire du premier mouvement anticolonial et antiesclavagiste, la victoire d’une émancipation menée par d’anciens esclaves noirs contre l’Etat colonial français. La France fera payer cher à ces « nègres », qui pour la première fois brisaient les chaînes de l'esclavagisme, en leur imposant 70 ans de « réparations », en réalité une rançon : c'est le début de la dette d'Haïti. La mise sous tutelle directe du pays par les Etats-Unis commence par la longue période d’occupation militaire, de 1915 à 1934. Intervenue en 1994 pour remettre en place Jean-Bertrand Aristide et en 2004 pour le chasser, en accord avec la France, l’armée américaine se saisit aujourd’hui de l’opportunité du séisme pour prendre le contrôle des ports et du trafic aérien et protéger les grandes propriétés. Les grandes puissances ne sont nullement guidées par le désintéressement et la motivation humanitaire, elles se positionnent pour saisir les « opportunités » de profits que fournira la reconstruction du pays. Quant à l’aide octroyée par la France et les Etats-Unis, elle représente le cinquième de ce que coûte quotidiennement l’occupation militaire de l’Irak et de l’Afghanistan.
L’action et l’aide matérielle des ONG se feront aussi dans le cadre du capitalisme, responsable des conditions de vie inhumaines imposées aux masses haïtiennes. Avec les directives du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale, les classes dominantes ont sacrifié l’agriculture paysanne au bénéfice d’importations subventionnées par les pays riches. Le riz américain (80% du riz consommé) a éliminé la moitié des petits propriétaires et a accéléré l'exode rural et l'extension des bidonvilles. Contraints de quitter les campagnes, 80% des haïtiens sont au chômage, et ceux qui trouvent un emploi sont soumis au despotisme d’usine pour un salaire de famine. Nous refusons que les actes de solidarité soient maintenant employés à la reconstruction d’une société où 1% de la population détient 50% des richesses. Les mêmes causes reproduiront les mêmes effets !
L’alternative c’est la solidarité internationale avec les organisations de lutte en Haïti qui se battent pour la défense des intérêts de la classe ouvrière et de la paysannerie, pour l’émancipation sociale et politique. Le syndicat de classe Batay Ouvriye (« Bataille Ouvrière ») a lui-même lancé un appel à la solidarité internationale pour faire face à cette terrible situation, et renforcer les organisations capables d’arracher de meilleures conditions de vie. Bien loin de la mise en scène par les médias occidentaux de corps souffrants et impuissants, Batay Ouvriye sollicite les soutiens concrets et autonomes du monde entier pour que les projets de reconstruction permettent en même temps d’édifier un Haïti libéré et maître de son destin.
Combattant contre l’impérialisme et son hypocrisie, nous nous associons à leur démarche et souhaitons prendre part à la solidarité avec le peuple haïtien. Nous avons créé un collectif « Solidarité avec le Peuple Haïtien » pour mettre en place des actions nécessaires et concrètes. Ce collectif reste, bien entendu, ouvert et nous appelons les organisations et individus qui se reconnaissent dans cette démarche à nous rejoindre.
Nous revendiquons en outre l'annulation définitive de la dette d'Haïti, et la régularisation immédiate et totale de tous les sans sans-papiers touchés par le séisme d'Haïti.

Fédération Syndicale Etudiante, Organisation Communiste Libertaire - Lyon, Union Pour le Communisme, Voie Prolétarienne – Partisan, et des individus.


Un repas de soutien est organisé le vendredi 12 février à partir de 19h au CSA
(18 rue des Tables Claudiennes dans les pentes de la Croix-Rousse)

===
Valence (26)
Agréablement surpris de l'élan de générosité qui pousse à Valence. En effet avec des camarades nous sommes en train de construire une solidarité sur de bases claires. En effet une organisation ouvrière répertoriée existe à Haïti, Batay Ouvriye (« Bataille Ouvrière »)

Les camarades de Lyon organisent un repas de solidarité au CSA à la croix rousse. Cette initiative peut se développer à Valence (Drôme).
Dés samedi 13 février à 14h il sera possible de nous contacter au 8 place St jean ou par un mail au laboratoire@no-log.org


http://lelaboratoire.over-blog.com/arti ... 58517.html
leo
 
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Re: Seisme en Haiti

Messagede Antigone le Lun 15 Fév 2010 19:05

WSWS - 26 jan 2010 (traduit de l'anglais)
pour les anglophones: http://www.wsws.org/articles/2010/jan20 ... -j26.shtml

« Reconstruire Haïti » pour ses salaires de misère

Des ministres gouvernementaux, des banquiers internationaux et des organismes humanitaires se sont réunis à Montréal lundi pour discuter des plans de reconstruction d’Haïti, ravagé par un tremblement de terre. Au cœur de leurs propositions se trouve l’exploitation des travailleurs haïtiens à des salaires de misère.
La conférence n’a rien offert de concret sur le plan d’aide nouvelle et a plutôt servi à planifier une rencontre de donateurs aux Nations unies en mars. La majeure partie du discours provenant de la conférence semblait avoir peu de liens avec la situation sur le terrain en Haïti, où 150 000 personnes (*) ont été confirmées mortes, des centaines de milliers de plus ont été blessées et plus de 1,5 million fait sans-abris.

Le premier ministre Jean-Max Bellerive, représentant ce qui reste du gouvernement haïtien et accompagné de ministres des Affaires étrangères de l’Europe et des Amériques a souligné qu’il fallait que la souveraineté d’Haïti soit respectée, que les forces militaires étrangères soient subordonnées aux efforts humanitaires et que les Haïtiens puissent déterminer et mener leurs propres efforts de reconstruction.
Des responsables de premier plan, incluant le directeur du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, sont allés jusqu’à parler d’un « plan Marshall » pour Haïti.

En réalité, Haïti est maintenant en train d’être dirigé par l’armée américaine, qui a déployé 13 000 soldats et pris unilatéralement le contrôle des aéroports et des ports du pays. Le Pentagone a dominé l’approvisionnement en aide et l’a subordonné à la tâche prioritaire de déployer des soldats et des Marines américains équipés pour combattre. Cela s’est fait principalement au détriment des Haïtiens blessés et affamés qui attendent de la nourriture et des équipements médicaux pour sauver leurs vies.

L’hebdomadaire américain Times a reflété la véritable situation. Il a fait référence au plus haut commandant militaire américain dans le pays, le lieutenant-général américain Ken Keen, en le décrivant comme un « roi de facto en Haïti ». Au même moment, le peuple haïtien n’a rien vu ou entendu du président haïtien René Préval.

Derrière les discussions sur les Haïtiens déterminant leur futur et le gouvernement du pays qui dirige, un plan échafaudé dans les mois précédents le tremblement de terre est discuté, un plan dicté par les intérêts de profit des banques et des entreprises américaines, accompagnés de ceux de l’élite riche haïtienne.

S’adressant à des journalistes en déplacement entre Washington et Montréal, la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a fait référence à ce plan en louangeant le travail de son mari, l’ancien président Bill Clinton, qui a tenté de l’implanter depuis sa fonction de délégué des Nations unies à Haïti.

« Il vient tout juste d’y avoir une conférence avec 500 individus du monde des affaires », a-t-elle dit. « Ils signaient des contrats, ils faisaient des investissements. »
Elle a poursuivi : « Alors, nous avons un plan. C’était un plan légitime, réalisé conjointement avec les autres donateurs internationaux, avec les Nations unies. Et je ne veux pas recommencer à zéro, mais nous devons reconnaître les nouveaux défis que nous confrontons. »
Le plan, établi l’année dernière à la demande des Nations unies, est destiné à développer l’économie haïtienne par le développement de zones de libre-échange basées sur des ateliers de misère de vêtements dans lesquelles les travailleurs haïtiens recevraient des salaires miséreux.

Cette initiative se base sur un rapport de l’ONU écrit par le professeur en économie de l’Université d’Oxford, Paul Collier. La pauvreté en Haïti, la pire dans les Amériques, y est présentée, de façon perverse, comme son principal atout dans une économie capitaliste mondialisée.
« Parce que c’est un pays pauvre et que le marché du travail y est relativement peu réglementé, les coûts du travail sont en Haïti compétitifs avec ceux de la Chine, le pays avec lequel il faut se comparer mondialement », écrit Collier.
Cet « atout » fait l’objet d’une garde jalouse tant par Washington que par l’élite dirigeante parasitaire d’Haïti. L’ancien président Jean-Bertrand Aristide a été renversé deux fois, la première en 1991 et la deuxième en 2004, par des coups sanglants orchestrés par la CIA en alliance avec les propriétaires d’usines haïtiennes, en large mesure parce qu’il avait suggéré d’augmenter le salaire minimum haïtien.

Après avoir été élu pour une deuxième fois en 2000, Aristide a doublé le salaire minimum et interdit le travail à la pièce dans les fabriques de vêtements, ce qui a rencontré une vive opposition au sein des propriétaires de ces entreprises. Andy Apaid, le propriétaire américano-haïtien des plus grands ateliers de misère en Haïti et un des principaux alliés de Clinton avec son dernier plan de « développement », a été un acteur clé dans le coup d’Etat de 2004. Lors de ce coup, Aristide a été enlevé et expulsé du pays par des soldats américains et des milliers d’Haïtiens ont été massacrés par les escadrons de la mort de la droite.

L’an dernier, après des manifestations de masse des étudiants et des travailleurs au cours desquelles de nombreuses personnes ont été tuées ou blessées, le président Préval a été forcé d’accepter une augmentation du salaire minimum qui avait été votée en chambre. Toutefois, il a imposé un salaire minimum spécial plus bas pour l’industrie du textile de 2,98 $ par jour, soit environ vingt fois moins que le salaire minimum aux Etats-Unis.

Alors qu’un tel système permettra aux industriels du textile d’empocher des surprofits et à l’oligarchie haïtienne de s’enrichir encore plus, il n’améliorera en rien la pauvreté abjecte du pays et ne fera qu’empirer l’inégalité sociale, déjà la pire au pays. La confection de vêtements en Haïti dans des zones de libre échange avec des tissus importés et pour le marché extérieur n’aura qu’un impact minimal sur l’économie locale.
Alors que la secrétaire d’Etat Clinton a indiqué que ce plan de travail d’esclave est toujours celui que Washington veut implanter même après le tremblement de terre du 12 janvier, elle admet que la catastrophe signifie qu’il faudra lui apporter des modifications.

Clinton a accueilli les propos de Bellerive sur la « décentralisation » de l’économie haïtienne. « Dans le cadre des efforts multilatéraux d’aide à Haïti, nous devrions considérer la façon dont allons décentraliser l’opportunité économique et travailler avec le gouvernement et le peuple d’Haïti pour venir en aide au relogement. Déjà, ils le font d’eux-mêmes en quittant Port-au-Prince pour retourner dans la campagne dont ils viennent tous pour la plupart », a-t-elle dit.

Les autorités haïtiennes, appuyées par Washington et l’ONU, ont commencé à mettre en œuvre leur plan pour déplacer des centaines de milliers de personnes, des pauvres surtout, de Port-au-Prince vers des camps de relogement. Des terrains ont été préparés pour un de ces camps à Croix-des-Bouquets, à douze kilomètres de la capitale, pour accueillir dix mille personnes. D’autres sites ont aussi été désignés dans l’idée que les personnes évacuées de la capitale s’y installent de façon permanente.

Dans une société qui connaît des divisions aussi aigües, le soi-disant plan de reconstruction d’Haïti est inévitablement développé selon des intérêts de classe. Peut-être verrons-nous que les nouveaux camps de relogement serviront à offrir une source de travail captive pour les zones de libre-échange qui seront établies juste à côté.

Au même moment, Port-au-Prince sera reconstruite moins grande, dans une taille qui siéra mieux aux intérêts des riches du pays. C’est ce qu’a laissé entendre l’ambassadeur d’Haïti à Washington, Raymond Joseph, dans une récente déclaration. Dans une émission portant sur la tragédie infligée au peuple haïtien diffusée sur C-SPAN, le réseau de télévision américain consacré à la retransmission des travaux du Congrès, il a déclaré : « C’est une opportunité en or. Ce qui n’était pas possible politiquement a été accompli par le tremblement de terre. Nous reconstruirons de façon différente. »

De telles réingénieries sociales réalisées au nom des intérêts de la classe dirigeante du pays et du capital étranger, aux dépens des larges masses des travailleurs et des pauvres Haïtiens, résulteront inévitablement des soulèvements sociaux et de la résistance. Voilà pourquoi Washington a mis l’envoi « de bottes sur le terrain » en tête de liste de ses priorités, avant le sauvetage des vies des victimes du tremblement de terre.
Bill Van Auken


(*) Depuis que cet article a été écrit, le bilan des victimes a été porté à plus de 200 000 morts.
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Re: Seisme en Haiti

Messagede Antigone le Sam 6 Mar 2010 18:46

Le Matin (Suisse) - 16 fev 2010

Les riches Haïtiens n'ont pas senti passer le séisme

Ils continuent à boire de l'eau de source française et mangent du camembert de Normandie: pour les Haïtiens les plus fortunés, le séisme du 12 janvier et le chaos qui a suivi sont passés inaperçus.
Sur les hauteurs de Port-au-Prince, à Pétion-Ville, un chapelet de supérettes tenues par des Syriens courtise le chaland.

Les rayons sont garnis de produits introuvables ailleurs dans la capitale du pays le plus pauvre du continent américain. Les mets de luxe y côtoient... des revues qui prodiguent des recettes pour maigrir.

"Quand on vend de la nourriture, on ne va jamais mal. Les gens achètent toujours à manger", lance Moussa Aballa Nahra, 70 ans, propriétaire du Royal Market. La devanture de son magasin fait dans la simplicité. Mais à l'intérieur, on trouve tant des bonbons européens que des olives portugaises ou du vin chilien. Les prix affichent une santé américaine...

Cela fait presque 50 ans que M. Nahra est installé en Haïti. "En 1961, ce pays était un paradis, très agréable avec beaucoup de prospérité, d'espoir dans l'avenir", dit-il. Son épouse se tient à ses côtés. Elle aussi est originaire du port syrien de Tartous. Non sans fierté, elle explique que ses trois enfants son "tous haïtiens".

"Mon fils a épousé une Haïtienne", poursuit-elle. Mais, prévient Mme Nahra, "pas une noire, une mulâtre, très belle. Mes deux filles m'ont donné des petits Américains parce qu'elles sont allées dans ce pays afin que leurs enfants naissent à l'extérieur".
Mme Nahra, son mari et une bonne partie de leur clientèle font partie des 5% d'Haïtiens qui forment l'élite économique du pays.

Le 12 janvier, lorsque la terre a tremblé, dans leurs maisons perchées sur les collines qui surplombent la mer des Caraïbes, ils n'ont presque rien senti.

"Moi je ne suis là que pour le commerce", explique Joseph Hanna, 28 ans, un Vénézuélien arrivé en Haïti il y a trois ans, et qui travaille à l'Olympia Market.
"C'est tranquille ici. Les gens sont très gentils", dit-il. On trouve de tout dans l'Olympia Market, même de la nourriture pour chiens. Avoir un animal domestique en Haïti est peut-être le luxe ultime dans un pays dont l'histoire est jalonnée de crises, et où le séisme a mis à terre le peu d'infrastructures qui subsistait.

L'argent facilitant bien des choses, seuls les plus fortunés des Haïtiens ont pu se sauver, en jet privé ou par voie terrestre, après le tremblement de terre qui a tué au moins 217.000 de leurs compatriotes

"Heureusement que mes deux enfants étudient à Bordeaux", soupire Patricia Steed Attié, propriétaire du Papaye, un restaurant à la mode. Le cocktail qu'elle boit, la musique d'ambiance et la clientèle européenne feraient presque oublier qu'à seulement quelques kilomètres, plus d'un million de personnes vivent dans des abris provisoires.

"J'ai fermé près de trois semaines, mais j'ai décidé de rouvrir. Je pense que c'est un moyen de ne pas perdre espoir. Mes employés ont recommencé à travailler, c'est un moyen d'aider, de ne pas renoncer", dit Mme Steed Attié.

Même note d'optimisme dans la bouche de Moussa Aballa Nahra, le propriétaire syrien de Royal Market.
"Rien ne manque ici. Je n'ai pas de problèmes de sécurité et les affaires sont bonnes. Je n'ai jamais songé à quitter Haïti (...) mais maintenant je suis vieux. Mon rêve est d'aller en Syrie, le meilleur pays du monde. Je veux y mourir", lance-t-il.
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Re: Seisme en Haiti

Messagede hocus le Ven 4 Juin 2010 18:53

UN reportage intéressant de la chaine al jazeera sur le business de l" "aide" à haiti (en anglais) :

Al Jazeera reports on the Haiti 'Summit' for Private contractors

hocus
 

Re: Seisme en Haiti

Messagede Antigone le Sam 5 Juin 2010 14:03

Radio Canada - 05 jun 2010
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/In ... anto.shtml

Des semences controversées

Le mois dernier, la multinationale Monsanto a annoncé qu'elle allait donner 475 tonnes de semences hybrides à Haïti pour l'aider à relancer son économie dévastée. La valeur des semences fournies atteint 4 millions de dollars américains.
Or, plusieurs agriculteurs haïtiens n'en veulent pas, craignant une perte de souveraineté alimentaire et un contrôle du géant américain spécialisé dans les biotechnologies végétales. Des manifestations ont été organisées vendredi en Haïti pour dénoncer les dons de Monsanto réclamer la destruction des semences.

Des organisations canadiennes appuient ces paysans, qualifiant d'« intéressé » et d'« empoisonné » le cadeau qui leur a été donné.
Des groupes écologistes et des représentants de syndicats agricoles québécois ont d'ailleurs manifesté vendredi devant le consulat général d'Haïti à Montréal. Ils ont pu exprimer leurs préoccupations au consul haïtien Pierre-Richard Casimir et lui ont remis une lettre dénonçant la situation, le film Le Monde selon Monsanto ainsi que, dans un geste symbolique, une éprouvette de semences biologiques.

Le consul a dit aux manifestants que Monsanto avait initialement offert des semences génétiquement modifiées, mais que le ministère de l'Agriculture avait rejeté son offre.
Mais, à l'instar d'agriculteurs haïtiens, Greenpeace craint que le don de Monsato entraîne une dépendance accrue à l'endroit des multinationales étrangères, autant pour les semences que pour les produits chimiques. Les semences données nécessitent habituellement l'épandage de pesticides, que produit également Monsanto.

En outre, plusieurs semences de Monsanto ne peuvent pas être plantées à nouveau les années suivantes, obligeant les agriculteurs à renouveler leurs achats chaque année.
« Bien sûr, ça peut être un don désintéressé, mais Monsanto n'est pas ce genre de compagnie », a déclaré Éric Darier, de Greenpeace. « Je pense qu'on peut remplacer les [dons] de Monsanto par des semences que les agriculteurs locaux veulent et auxquelles ils font confiance. »
« Monsanto veut profiter du tremblement de terre pour prendre pied à Haïti », a de son côté affirmé Chavannes Jean-Baptiste, du Mouvement Peyizan Papay. « C'est inadmissible pour nous. Si les pays donateurs se mettent à envoyer des semences hybrides, c'est la fin de l'agriculture en Haïti. »

« Le problème, c'est que Monsanto va s'approprier certaines semences dans le pays, et que le paysan devra lui payer une redevance s'il souhaite les cultiver sur ses terres », a renchéri Sébastien Rioux, coordinateur de l'organisme Haïti, une semence, un pays. « On les rend donc dépendants du reste du monde, et c'est ça qui me choque. »

Une ONG américaine avait illustré les craintes exprimées par les groupes écologistes en voyant dans les semences offertes de Monsanto « un cheval de Troie de la firme dans le but de contrôler le futur agricole d'Haiti ».
Monsanto répond que le don de semence est un geste humanitaire. Quant au gouvernement haïtien, il remercie Monsanto de sa générosité et se dit convaincu que son don aidera à la relance de production maraîchère dans le pays.
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Re: Seisme en Haiti

Messagede Antigone le Jeu 7 Oct 2010 16:24

AP, Métro Montréal - 04 oct 2010
http://www.journalmetro.com/monde/artic ... res-ecoles

Haïti: des étudiants exigent de meilleurs écoles

PORT-AU-PRINCE - Des étudiants ont affronté les casques bleus de l'ONU et la police haïtienne lundi à Port-au-Prince, exigeant que leur école endommagée par le séisme du 12 janvier soit réparée ou qu'on leur attribue un autre édifice.

Alors que la rentrée des classes débutait lundi en Haïti, au moins 30 manifestants se sont rassemblés devant le ministère de l'Éducation pour exiger la remise en état de leur école. Certains manifestants ont bloqué des rues et ont lancé des pierres sur les voitures. Les autorités ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser la foule.
L'ambassade des États-Unis a conseillé aux citoyens américains d'éviter le quartier où la manifestation a eu lieu.

Ailleurs dans la capitale, de nombreux parents peinaient à réunir les fonds nécessaires à ce qui est censé être la première année scolaire entière depuis le séisme dévastateur du 12 janvier. Le tremblement de terre a détruit plus de 80 % des infrastrucures scolaires de Port-au-Prince, en majorité détenues par des intérêts privés. Presque toutes les écoles ont été fermées après le séisme et n'ont rouvert que plusieurs mois plus tard.

Mais même avant le tremblement de terre, le système éducatif haïtien était un échec. En moyenne, au fil des années, seulement la moitié des enfants haïtiens sont scolarisés, la plupart dans des écoles privées établies dans des constructions peu sécuritaires. Plus d'un an avant le séisme, un école à flanc de colline s'est écroulée dans un bidonville de Pétionville, faisant 100 morts.

Par ailleurs, avant le séisme, seul un enseignant haïtien sur dix était qualifié, et le tiers n'avait pas complété une neuvième année de scolarité, selon la Banque interaméricaine de développement.
«Mes enfants ne vont pas à l'école parce que je n'ai pas d'argent pour les y envoyer, ni même pour payer un taxi pour y aller», a affirmé Alicia Louis, une mère de cinq enfants vivant dans un camp de sans-abri de Pétionville.
La Banque interaméricaine de développement s'est engagée à amasser 500 millions $ US pour reconstruire et améliorer le système scolaire haïtien.

Investig Action - 05 oct 2010
http://www.michelcollon.info/Haiti-Les- ... t-sur.html

Haïti - Les capitalistes fondent sur le désastre
par Siddhartha Mahanta

Qui en profite lorsque des réfugiés sont expulsés des camps vers des zones de travail vouées à l’industrie du vêtement et de la téléphonie mobile ?

Expulsion de réfugiés, confiscation de terres, capitalisme du désastre – on ne peut raconter l’histoire de Haïti sans évoquer tout cela. Huit mois après le tremblement de terre, beaucoup des 1,7 millions de Haïtiens vivant sous des bâches en guenilles dans des camps sordides autour de Port-au Prince sont contraints de quitter leur ville de tentes qu’ils ont installées sur des terrains privés.( Canadahaïtiaction.) Entre-temps, des entreprises, anxieuses de récupérer les miettes du désastre, se ruent pour profiter de journées de travail en déplaçant les réfugiés vers de nouveaux camps dont certains sont conçus pour fonctionner comme des zones de développement industriel. Et personne n’est là pour les en empêcher.

En mars, les propriétaires terriens et les autorités policières ont commencé à expulser les déplacés de leurs cités de fortune sur ordre des propriétaires de terres où étaient installés ces camps.( Internationalactionties.). Une agence communautaire de développement de proximité oeuvrant à Haïti affirme que les autorités évacuent régulièrement les camps. L’organisation internationale pour les migrations, qui chapeaute l’aide internationale au tremblement de terre, s’est avérée incapable d’empêcher les expulsions et a été réduite à jouer les médiateurs entre les propriétaires terriens et les occupants des camps. Un rapport récent de l’IAT, (crocodoc.com ) donne des images directes d’expulsions par la police Haïtienne dans les communes de Delmas et La Cité du Soleil : les bulldozers démolissant de frêles abris, des policiers jouant du bâton et tirant en l’air ainsi que plusieurs cas d’agressions sexuelles. L’IAT attaque le gouvernement Haïtien et les intervenants de l’ONU ainsi que la communauté des ONG pour ne pas défendre les réfugiés.

Et il y a une énorme embrouille : il n’est même pas certain que ces propriétaires terriens détiennent effectivement les titres de propriété sur les terres dont sont expulsés les réfugiés.

Des lois confuses sur le droit à la propriété empoisonnent Haïti depuis ses origines. Le caractère nébuleux et ambigu des revendications des propriétaires contribue à aggraver l’état actuel de catastrophe. Le premier dirigeant du Haïti post-colonial, Jean-Jacques DESSALINE, imposa une redistribution radicale des terres début des années 1800, répartissant les terres de plantations entre les esclaves libérés. Mais après son assassinat, la réforme fut interrompue et les chefs militaires s’approprièrent les anciennes plantations. La politique foncière devint de plus en plus confuse au fil des dictatures. Dans les années 50 et 60, François « Papa Doc. Duvalier » distribua la terre aux membres de ses esquadrons de la mort ou les abandonna à des accapareurs. Dans les années 80, de nouvelles tentatives de normalisation du droit sur les terres échouèrent.

Le 11 janvier 2010, le jour avant le tremblement de terre, 85 % des habitants de Port-au Prince habitaient sur des terres à la propriété contestable. « Il n’y a aucun cadastre qui permette de dire à qui la terre appartient » dit Julie Schindall d’Oxfam. « pour chaque parcelle, il peut y avoir jusqu’à trois personnes revendiquant la propriété pour l’une ou l’autre bonne raison. » . IAT estime que 70 % environ des prétendus propriétaires terriens ne disposent pas des titres de propriété dont ils de prévalent et demande un moratoire sur les expulsions jusqu’à ce que ce problème des droits de propriété soit résolu. Entre-temps, ce doit être de la responsabilité de la mission de stabilisation des Nations Unies à Haïti, conformément à son mandat, d’y assurer le respect des droits de l’homme. Cela comporte le droit à l’abri et au logement. La législation Haïtienne, ajoute Schindall, interdit clairement les expulsions forcées.

La voie à suivre semble évidente : définir la législation et l’attribution des terres avant d’arracher les abris et d’expulser des camps les blessés, les malades et les mourants. Mais en mars, le président René Préval, sous la pression des propriétaires terriens et des milieux d’affaires, a ordonné aux organisations d’aide d’interrompre la distribution de nourriture ( à l’exception toutefois des femmes enceintes et des enfants ). Ce qui fut perçu comme un moyen de pression pour forcer les camps à se démanteler.

En l’absence d’une autorité gouvernementale, les ONG et les milieux d’affaires remplissent le vide et profitent de la situation. Ainsi, Nabatec, un consortium appartenant aux familles Haïtiennes les plus puissantes et World Vision, une organisation humanitaire Chrétienne, projettent de développer une nouvelle ville à l’intention de 300.000 Haïtiens déplacés avec des usines de production de vêtements, , des maisons, des magasins et des restaurants. Cette nouvelle zone industrielle se situera à Corail Cesselesse, à neuf miles de Port-auPrince, Nabatec est propriétaire de la terre où vivront les réfugiés et prétend obtenir une part des 7 millions $ que le gouvernement Haïtien pourrait verser aux propriétaires qui abandonneraient leurs droits sur ce site.

« Une fois que je transfère les gens à Corail ( Cesselesse ), ils ne dorment plus bien affirme Melinda Miles, directrice du groupe d’aide KONPAY ( konpay.org/blos ). « Cela fait 40.000 personnes parquées au milieu du désert. » . Elle affirme que Corail Cesselesse , comme les autres camps, n’a plus reçu de distribution de nourriture correcte au cours des deux derniers mois ; les enfants y ont les cheveux oranges, signe de malnutrition. Et Nabatec s’est institué en chien de garde commercial pour les compagnies privées qui souhaitent s’établir à Corail, notamment une usine de vêtements Sud Coréenne et une entreprise Vietnamienne de téléphonie cellulaire.

Dans la mesure où la plupart des ONG sur le terrain se désintéressent de la problématique des expulsions, beaucoup de Haïtiens déplacés restent à la merci de propriétaires anxieux de récupérer leur terre. Ils sont pris entre un gouvernement impuissant et un afflux d’investisseurs étrangers désireux de capitaliser à bon compte sur un pays ruiné – juste au moment où commence la saison des ouragans.


Un admin pourrait déplacer ce topic en international avec comme titre "Haïti". ?
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Re: Haïti

Messagede Antigone le Sam 16 Oct 2010 10:38

RFI - 16 oct 2010
http://www.rfi.fr/ameriques/20101016-ha ... nifestants

En Haïti, la Minustah est taxée de «force d'occupation» par des manifestants
par Amélie Baron

Le conseil de sécurité de l'ONU a prolongé jeudi 14 octobre 2010, à l'unanimité et pour un an, sa Mission de stabilisation en Haïti (Minustah). Une résolution attendue car la force de l'ONU a notamment pour mission d'assister le gouvernement dans l'organisation des élections présidentielle et législatives du 28 novembre. L'insécurité est grandissante à Port-au-Prince mais cette décision des Nations unies n'est pas approuvée par tous les Haïtiens.

Devant la plus grande base de la Minustah du pays, les manifestants taguent toute voiture siglée Nations unies qui passe devant eux et brûlent même un drapeau brésilien, le pays le plus représenté dans le contingent de Casques bleus. A 24 ans, Franz Lambert en a assez de ce qu'il appelle cette «armée d'occupation» : «La Minustah est dans le pays depuis six ans, ils tuent des gens ! Aujourd'hui nous manifestons pour réclamer le départ du pays des forces de la Minustah. La Minustah dépense énormément d'argent pour les grands messieurs mais ne fait rien pour aider les gens. Chaque jour des enfants ne peuvent aller à l'école cependant il y a de l'argent pour la Minustah. Alors aujourd'hui on dit "merde" à la Minustah ! ».

Sur leurs pancartes, les slogans sont écrits en anglais, en portugais. Edmond Mulet, le chef de la mission de l'ONU, y est accusé d'être un trafiquant de drogue et la Minustah est taxée de pédophilie.
César Mélinant interpelle durement les Casques bleus postés devant lui : « A bas l'occupation économique ! à bas l'occupation militaire !!! C'est la masse populaire, la masse pauvre qui revendique le droit à l'éducation. Haïti aux Haïtiens ! Haïti n'est pas pour la Minustah mais pour les Haïtiens !! ».
Les officiers jordaniens restent en retrait à l'extérieur de la base mais, bouclier à la main, ils se préparent à parer tout débordement violent. Un journaliste étranger a été fortement bousculé par ces forces de sécurité mais la manifestation s'est achevée sans heurts.
Ni rouge, ni noir. Révolutionnaire sans drapeau.
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