Ted Kaczynski

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Messagede Kvatch le Mer 2 Mar 2011 01:21

Je n'ai pas encore eu le temps d'éplucher tous les topics de ce forum, mais il y a un sujet qui m'intéresse... Quelqu'un a-t-il lu :

L'effondrement du système technologique
- Les écrits complets et inédits du militant anti-industriel le plus radical- de Theodore Kaczynski ?
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Re: Ted Kaczynski

Messagede abel chemoul le Mer 2 Mar 2011 13:48

Y a longtemps, j'ai lu le manifeste d'Unabomber. le coup des "activités compensatrices" m'a traumatisé! après avoir lu ça , j'en voyais partout!

(pour ceux qu'ont pas lu Kakzinski, les activités compensatrices c'est tout ce qu'on fait qui n'a pas rapport avec la survie, pour "s'occuper", pour oublier qu'on s'est "détourné de l'état de nature", bref, tout ce qu'on fait dans une société moderne s'y apparente... avec le recul, je trouve que cette conception est un peu totalitaire, comme le "tout est sexuel" de Freud, on peut tout interpréter avec cette théorie sans que ça mène nul part)
Tu as 3 secondes, tu m'entends?! 3 secondes pour jeter ce putain de drapeau noir à la con, ou je te fais gicler les yeux des orbites, et je t'empaffe le crâne!
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Re: Ted Kaczynski

Messagede Kvatch le Mer 2 Mar 2011 15:20

Merci, je me renseigne pour savoir si ça vaut le coup d'acheter ce bouquin qui fait beaucoup de bruit dans certains milieux, et qui semble le "must" du radicalisme... bon évidemment, ton appréciation de pensée totalitaire, c'est déjà une piste.
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Re: Ted Kaczynski

Messagede Mouton sauvage le Mer 2 Mar 2011 17:28

Tu n'es pas obligé de l'acheter tout de suite, il y a au moins deux versions en ligne pour te faire une idée, ici et .

Attention toutefois à certains termes qui sont traduits différemment et peuvent induire en erreur, la dernière édition de chez Xenia me parait pas mal, sinon il vient d'être republié en anglais.

Je pense que ça fait partie des textes qu'il faut avoir lu au moins une fois, en plus il est contemporain, il parle du même monde dans lequel on vit, pas d'un monde qui n'existe plus. Et après, on en fait ce qu'on veut, ce n'est pas la bible.
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Re: Ted Kaczynski

Messagede abel chemoul le Mer 2 Mar 2011 18:19

quand je dis "totalitaire", le mot n'est pas très adapté, c'est parce que ça donne une grille de lecture tellement large que tu peux y interpréter tout et n'importe quoi, mais le concept et la critique de la vacuité du monde industriel sont intéressantes.
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Re: Ted Kaczynski

Messagede vroum le Jeu 28 Avr 2011 14:18

http://cnt.ait.caen.free.fr/forum/viewtopic.php?f=8&t=1268&start=40

Ce monde est détestable, certaines de ses critiques tout autant !


Face au constat que la technologie dépossède l’homme de sa liberté en le rendant esclave de celle-là, reprenant le mythe du bon sauvage (de l’homme heureux et libre à l’état de nature), certains encensent la nature, parée de toutes les vertus. Ils feignent d’ignorer la dureté, la violence, les cataclysmes, le mortifère, la prédation,... de cette nature primitive. Confrontés au Moloch qu’est la société capitaliste aux aspects totalitaires, étouffants, inhumains, à une vie sans joie, ils prêchent et fantasment un retour à une vie simple, prétendue naturelle, félisse et sans technologie. Ils oublient que l’absence de connaissance de ce qu’est la psyché d’un primitif les prive de savoir sur sa personne, sa psychologie, son « étant ». Ils oublient tout autant que tout discours est élaboré dans le prisme de son épistémè. Partant de là, l’homme moderne n’est pas confronté à la même réalité (et vraisemblablement au même jugement et rapport vis-à-vis de la nature) que l’homme primitif.

Si la critique des choix technologiques, politiques, économiques, éthiques, idéologiques etc., est justifiée, devons nous le faire sur les arguments tendancieux d’un passé inventé ou reconstruit ? Prenons garde à ne pas nous fourvoyer !

Parmi tous les courants qui prônent ce retour à la nature, mon article analysera les affirmations de Théodore Kaczynski, dit Unabomber, parce que, par ignorance, naïveté ou manipulation, certains qui se prétendent anarchistes, en font la promotion, bien que son discours soit truffé de références qui sont - au choix - nazis ou fascistes : anti-progressisme, eugénisme (volonté d’empêcher la dégénérescence de la « race » ! ), minorité dirigeante, innéisme (comme s’il existait un gène des comportements et des inégalités), déterminisme absolu des structures biologiques et sociales, rejet de la conscience ou de l’idéologie comme imaginaire instituant, affirmation que la justice sociale installe le despotisme, usage spécieux du naturalisme et de l’histoire, double discours pour manipuler la masse, etc. Cela n’est pas totalement nouveau : je ne crois pas inutile de rappeler que de nombreux précurseurs et inspirateurs du nazisme et du fascisme se disaient naturalistes, écologistes... J’ai lu la traduction de l’Encyclopédie des nuisances du livre de Kaczynski sur « La société industrielle et son avenir ») ainsi que la traduction de J.M. Apostolidès de ce même livre. Ce dernier traduit « gauchiste » quant l’encyclopédie indique « progressiste ». Suivant le traducteur, la critique porte donc sur les gauchistes ou sur les progressistes, ce qui n’est pourtant pas tout à fait la même chose. En Europe, le « progressisme » incorpore une partie de la droite, la gauche et son extrême, l’anarchisme ; le gauchisme l’extrême gauche et les anarchistes. Ces catégorisations, que nous ne partageons pas nécessairement, sont peut être arbitraires mais usuelles. On comprend l’impact des ces vocables, j’invite au double usage de ces mots.

Pour une lecture plus limpide les chiffres entre parenthèse renvoient aux versés de la traduction de l’Encyclopédie des nuisances (texte en italique, en retrait), mes réponses suivent.

“ (6) Le progressisme est une des manifestations les plus répandues de la folie de ce monde. (10)... auto dépréciation, impuissance, culpabilité, haine de soi sont ses traits. (15)... il hait l’image de force, d’habileté, de réussite. Il déteste la civilisation occidentale, les blancs masculins, la rationalité, les États-Unis en raison de leur force et réussite. (16)... les mots confiance en soi, indépendance d’esprit, initiative, esprit d’entreprise, optimisme ont peu de place. Il est anti-individualiste, pro collectiviste, refuse la compétition car il est minable. (18)... dévalorise la raison, la science, la réalité objective. Il rejette le concept de maladie mentale et la mesure du QI, les explications génétiques du comportement et des capacités humaines qui font apparaître la base des inégalités ; il prétend que cela est produit par la société et l’éducation .”

De tels propos constituent une théorie bio-fasciste. Selon elle, les inégalités sociales sont naturelles ; les hiérarchies, les rapports de domination, etc., sont l’expression du génotype ! Kaczynski devrait approfondir ses connaissances en génétique et s’intéresser au phénotype et la phénocopie : l’expression des gènes est sensible à l’action externe ! Pratiquement tous les biologistes et généticiens rejettent la vision bio-fasciste. Pour eux si certains traits sont génétiquement transmis (innés, héréditaires), les grandes compétences, notamment celles entrant dans la fonction cognitive sont d’espèce. Ce qui implique que chaque espèce transmet à ses individus un même ensemble de compétences, qui sont donc universelles. Suivant phylogenèse et ontogenèse, espèce et individu sont indivis. De plus certaines de ses fonctions sont potentielles : non stimulées ou non utilisées, elles sont muettes ou atrophiées. Puisque la génétique ne valide pas cette thèse du gène comme base des inégalités ou des comportements, l’origine en est à chercher dans le social, l’éducation, l’idéologie, la sociologie, la psychologie etc., qui offrent bien des réponses. Comment expliquer si non, par exemple que suivant le système social, l’illettrisme et les inégalités soient si différents d’un pays à l’autre ? Si l’action et la volonté des hommes butent, comme l’écrit Kaczynski, sur le déterminisme du gène, la liberté deviendrait impossible en matière sociale. En fait, si l’homme est biologie, on ne peut le réduire à cela, son humanité est au delà. Kaczynski naturalise la culture, biologise son idéologie, scientise son discours.

“(20)... par masochisme il [le progressiste, le gauchiste] provoque la police pour se faire mal traiter. (229) Il est favorable au contrôle des armes, à l’éducation sexuelle, la pédagogie avancée, la planification, le biculturalisme, la victime. Il s’oppose à la violence, la compétition. Il aime les poncifs de gauche : racisme, sexisme, homophobie, capitalisme, impérialisme, néo-colonialisme, génocide, progrès et justice sociale. Il sympathise avec les mouvements : féministes, homos, minoritaires, handicapés. (214)... un mouvement défendant la nature et combattant la technologie doit être résolument anti-progressiste et refuser toute collaboration.”

L’idéologie de Kaczynski apparaît clairement pour ce qu’elle est : très réactionnaire est d’extrême droite.

“ (214, suite). Le progressisme implique l’administration de la nature et de la vie humaine cela requiert des technologies avancées, c’est en contradiction avec la nature sauvage, la liberté humaine et l’élimination de la technologie moderne.”

Kaczynski nie donc que la liberté humaine serait aussi d’avoir une action sur la nature et par là sur l’environnement par le biais de technologies. Sa seule liberté serait celle de ses bras nus face à la prédation naturelle. A l’inverse, je partage cette explication selon laquelle la matière est passée par des stades jusqu’au vivant et à L’Homme. Par lui, la matière devient conscience et dote les hommes de compétences (entendement, technologie, science, idéologie, langage, symbolisation, culture). L’Homme est un animal très particulier, il vit en société. Tout cela est modifié dans un processus historique. La nature est ce tout : le monde. Il disconvient de prendre la partie pour le tout et une partie historique comme genèse ou eschatologie.

“(95)... les monarchies indiennes de Nouvelle- Angleterre, de nombreuses villes de la renaissance italienne étaient des dictatures. Par manque de moyens de contrôle, la liberté individuelle était plus grande.”

Voici maintenant la théorie de la dépossession de la liberté par la croissance de la technologie. Selon elle, avant, nous étions plus libres. L’esclave et le serf, faute de moyens de contrôle, auraient relativement échappé à la tyrannie ! On se demande comment et pourquoi ces systèmes auraient alors pu durer sans contrôle social efficace et bien adapté à leur époque. A l’inverse, le contrôle par la technologie sophistiquée a failli face à certains groupes. Le retour à des sources humaines pour assurer le contrôle est acté. Ainsi, la critique des caméras de surveillance est faite sur le constat que la surveillance humaine est plus fiable. Aussi des maires, des enseignants réclament-ils maintenant des policiers et des surveillants. Les autocraties ou ploutocraties du passé savaient parfaitement réprimer ou contrôler la population. De plus Kaczynski n’a pas une vision sociale historique et culturelle de la liberté. Les cadres existentiels primitifs, antiques, du Moyen Age et modernes contextualisent le signifiant liberté. La liberté (individuelle, de l’enfant, de la femme, de l’esclave, du prolétaire, du citoyen etc.) et même le bonheur n’ont de sens ou d’existence que dans, et par un type culturel donné. Pour mon compte, je ne suis pas pressé de retourner aux époques vantées par Kaczynski, je ne suis pas sûr que les primitivismes actuels y tiendraient longtemps...

(122)... même si le progrès médical était indépendant du système technologique, il produirai ses maux. Les traitements palliatifs des maladies génétiques, empêchent la sélection naturelle d’éliminer les porteurs. Ceux-ci se reproduisent et installent une dégradation génétique de la population. Restera comme solution massive, l’eugénisme ou thérapie génétique. (124)... la seule éthique protégeant la liberté est d’interdire l’ingénierie génétique.

Le refus du soin et l’eugénisme par la sélection naturelle des « sains » et des « plus forts », pour fortifier la race et éviter qu’elle dégénère, n’explique pas en quoi une différence génétique serait une infériorité. Ne juger de l’intérêt social, humain, voire biologique d’une personne que d’après un seul élément de son génome est une ineptie. Les nazis, eux aussi, évoquaient la sélection naturelle des plus forts, l’élimination des faibles et des tarés pour conserver la pureté de la race.

(124, suite). Le progressisme implique l’administration de la nature et de la vie humaine cela requiert des technologies avancées, c’est en contradiction avec la nature sauvage, la liberté humaine et l’élimination de la technologie moderne.

Suivant Kaczynski toute technologie est liberticide, reste donc l’homme à l’état de nature, nu et libre. Mais l’homme, naturellement, a utilisé des technologies pour se vêtir et être plus libre !

“(165)... les usines devront être détruites les livres techniques brûlés, etc.”

Kaczynski pour être libre commence par interdire.

“(181)... développer et propager une idéologie antitechno et anti- industrielle. Affaiblir et déstabiliser le système (182)... comme le firent les révolutionnaires Français et Russes, bien que heureusement ils échouèrent à établirent leurs sociétés nouvelles.”

Kaczynski se veut révolutionnaire, en fait c’est un réactionnaire. Il rejette les idéaux de justice, liberté, égalité, fraternité, démocratie, socialisme, communisme (et par là, il rejette ce qui constitue l’anarchisme).

“(183)... proposons la nature comme idéal positif, tout qui sur terre ne dépend pas de la gestion humaine et de la société. La nature sauvage incluant la nature humaine. Cette part de la vie individuelle qui n’est pas produit du conditionnement social, mais du hasard ou du libre arbitre ou de Dieu (selon vos convictions).”

Le naturalisme de Kaczynski occulte que c’est la nature qui a fait l’Homme, son esprit, sa conscience, son savoir faire, sa culture, sa capacité technique. Comme la matière produit la pensée, la nature produit la culture et par là, la société. C’est par la société que l’Homme a survécu et vit, c’est par elle qu’il transmet, améliore, découvre, optimalise, crée, tout ce qui fait son humanité. Sans la société l’homme et l’humanité n’existent pas. On ne peut décrier, disqualifier nature, culture, homme, humain, société en opposant les éléments du quinté. Le bien, le mal, le juste, etc., sont affaires de morale, d’éthique, d’idéologie.

“(186/7) Cette idéologie sera élaborée sur deux plans. La version élaborée pour les gens intelligents réfléchis, rationnels, globalistes, ils ont plein de ressources et influencent les autres. Une version simplifiée pour la majorité réfractaire à la réflexion. (189)...l’histoire est faite par des minorités. Quant à la majorité, il suffit de lui faire prendre conscience qu’une nouvelle idéologie existe et la lui remettre fréquemment en mémoire. Reste souhaitable d’obtenir le soutien de la majorité, quant elle n’affaiblit pas les révolutionnaires.”

L’idéologie autoritaire ou dictatoriale divise la société entre la minorité intelligente, instruite, dirigeante, et la masse des ignorants, soumis, veules etc. La masse ne sert que de soutien, car aucun système ne dure, et la minorité ne peut conquérir le pouvoir, sans un appui de ou dans la masse. Une fois l’ordre nouveau installé grâce à l’agitation des masses, la minorité révolutionnaire va constituer le pouvoir. Si la majorité conteste, on « rappelle la loi », c’est-à-dire la dictature de la minorité sur la majorité. Tout cela est aussi vieux que l’Histoire.

“(190)... tracer une démarcation entre l’élite au pouvoir et la masse, pas entre la masse et les révolutionnaires. Stratégiquement ne pas blâmer les gens, ne pas condamner le consumérisme des Américains, dire qu’ils sont victimes de la pub etc.”

Méthode classique de manipulation de l’opinion, qui étant supposée réfractaire à une réflexion profonde, ne peut être manœuvrée que par la frustration, le bouc émissaire, la démagogie etc. Pas question de dire que nous sommes plus ou moins responsables au sens de « libres de combattre ».

(“195)... l’agitation peut conduire à la dictature en place de la démocratie, mais la différence et faible vu leur industrialisme. Une dictature étant plus inefficace et fragile, serait même préférable : regardez Cuba.”

On se souvient qu’avant Kaczynski, de prétendus anti-fascistes expliquèrent que, la dictature est la réaction extrême et finale de la décomposition de la fraction dominante avant sa chute ; dans ce cas la posture est plutôt réactionnaire ou conservatrice. J’ajoute que c’est aussi la réaction d’une fraction dominée qui aspire au pouvoir, comme on le voit avec Kaczynski. Là, ce n’est pas l’ordre ancien qui s’effondre, mais l’ordre nouveau qui s’installe, la posture est plutôt révolutionnaire. Un discours subversif et manipulateur utilise souvent une phraséologie révolutionnaire, de révolte, de bien pour tous... Il faut aller au fond, chercher l’idéologie de ce discours. Spéculer sur la fragilité et l’inefficacité d’une dictature ne tient pas compte du fait que certaines perdurent. Cette logique du « préférable » conduit à supporter, relativiser, admettre le pire ; voire s’y compromettre en croyant hâter le changement. Combien soutiennent le vote pour l’extrême droite, bien qu’opposés à celle-ci ; parce que cela va, pensent-ils, accélérer l’explosion du système. Les tactiques tordues ont la vie dure !

“(196)... est envisageable de soutenir l’unification économique mondiale (Gatt, Aléna), bien que nuisible à l’environnement, ils favorisent l’interdépendance et l’effondrement d’un pays avancé conduit a la chute de tous.(200)... la technologie est un système unifié à détruire totalement, utiliser une partie maintien le tout. On finit par sacrifier quelques détails symboliques.”

Encore le « préférable » : soutenir la mondialisation unifiée de la technologie sous l’égide du libéralisme ! De fait le purisme antitechnologique devient hyper-technologique ! On vérifie là les manipulations de Kaczynski et ses supporters.

“(201)... la justice sociale vue la nature humaine ne sera pas spontanée, mais (d) imposée. Pour cela les révolutionnaires conserveront un système et contrôle centralisé, des technologies (communication,transport, habillement, agricole etc.). Nous n’avons rien contre la justice sociale, on ne doit pas permettre qu’elle interfère avec l’effort pour se débarrasser de la technologie.”

En matière de justice sociale il n’y a pas de nature ou d’en soi, il s’agit d’idéologie, vu l’absence de gène idéologique, les règles sociales sont purement conventionnelles (cf. verset 18). Question : comment les révolutionnaires échapperaient-ils au déterminisme de leur nature pour défendre la justice sociale ? Fidèle au principe des minorités dirigeantes, pour Kaczynski la masse n’intervient pas dans les choix sociaux et sociétaux. C’est une divergence majeure avec l’anarchisme, et une négation de l’échec du socialisme par le haut (socialisme étatique, léninisme, trotskisme, bolchevisme, etc.). Kaczynski n’est pas pour l’égalité, la démocratie, la justice, le progressisme, cela implique la technologie et le progressisme combattu par Kaczynski car contre nature.

“(204)... les révolutionnaires devraient faire autant d’enfants qu’ils le peuvent. Les comportements sociaux sont largement héréditaires. Personne ne nie qu’un comportement social est la conséquence directe du génétique, mais il est manifeste que, dans le contexte actuel, les comportements sont le plus souvent déterminés par des traits de caractères hérités.”

Encore le déterminisme génétique ! A ses détracteurs, Kaczynski répond quand bien même l’éducation, le fait est la transmission héréditaire. Donc intelligent, idiot, fasciste, anarchiste, violent, doux, etc., nous sommes de père en fils ! Chacun peut vérifier cette ineptie de la lignée idéologiquo-comportementale. Kaczynski ignore que le brassage génétique homme-femme repose sur l’appariement des chromosomes. Suivant la vulgate de Kaczynski que se produit- il quand c’est appariement provient de deux personnes de traits opposés :

d o u x / v i o l e n t , anarchiste/fasciste ? Quel trait prend le dessus ? Je réponds aucun car ces traits sont éducatifs, existentiels, idéologiques donc sociaux.

Jean Picard Décembre 2010

PS : Kaczynski défend la science curieusement ses zélotes sont anti-science.

[1] Front islamiste du salut

[2] Groupe islamiste armé, branche armée du FIS en Algérie en fait contrôlée par les services secrets algériens et français



Ce monde est également confus,
et pas toujours où l’on croit


À propos du texte de Jean Picard
« Ce monde est détestable, certaines de ses critiques tout autant ! »

À quelques nuances près, totalement secondaires au demeurant, je partage l’analyse de Jean Picard. J’avais déjà lu le texte de Théodore Kaczynski (infra TK), alias Unabomber, texte qui m’était littéralement tombé des mains. Kaczynski est, selon moi, un fasciste, un éco-fasciste plus précisément, qui s’ignore peut-être mais qui l’est. Le plus grave, c’est que certains le considèrent comme « anarchiste », ce qui est totalement sidérant. Cela aussi s’explique, bien que douloureusement. Disons d’emblée qu’on peut y coir trois phénomènes. Certains restent encore trop fascinés par la violence, une certaine forme de violence, dont le côté médiatico-desesperado-intello de TK. Ils demeurent aveugles par rapport à une stratégie du geste individuel dont l’histoire a pourtant montré l’impasse par A + B, et dont les anarchistes ont déjà tiré le bilan depuis un siècle au moins (il faut croire que la temporalité militante est un peu spéciale, ou bien qu’elle est prisonnière de l’absence de vraies mémoires). Ils sont imprégnés d’un écologisme qui se prétend sophistiqué mais qui est vulgaire, et faible scientifiquement.
Les postures élitistes, génétiquement déterministes et ambiguës vis-à-vis de la science exprimées par TK relèvent - qu’on le veuille ou non - de la philosophie fasciste au sens strict. Il suffit de lire Mussolini, Gentile ou quelques autres. Le problème, c’est qu’un grand nombre de militants n’ont, en réalité, qu’une connaissance très approximative et bien souvent erronée de ce qu’est réellement le fascisme, son histoire et son idéologie. Le discours du « ce sont des gros beaufs à crâne rasé » a malheureusement fait beaucoup de dégât sur ce plan. Admettre l’intelligence de l’adversaire ne
signifie pourtant pas s’y soumettre. Je sais, il n’est pas facile de se plonger dans des lectures nauséabondes. Mais c’est nécessaire si l’on veut être sérieux et, on doit même l’ajouter, honnête, deux exigences qui me paraissent nécessaires sur le chemin de toute émancipation. Sinon, c’est le retour à la religion et à la foi, et on verra qu’avec l’écologisme on est en plein dedans. Cela fait des années que je me bagarre intellectuellement avec camarades, copains et public venant assister à mes conférences sur cette question du fascisme et de son corollaire, l’éco-fascisme. Je me rends bien compte de la difficulté à se faire correctement comprendre, à traiter de ces sujets, pire encore à débattre sérieusement, avec des réponses qui soient arguments étayés intellectuellement et historiquement. Il faut reconnaître au passage qu’il est de mise, dans certains milieux libertaires, de dédaigner l’intellect et ceux qui sont supposés d’être des intellos. L’école républicaine a cassé des esprits, mais l’auto-didactique a simultanément reculé. Il faut également constater que les personnes, les militants et même les camarades sont imprégnés d’un discours dominant, d’une métapolitique, dont ils n’ont pas vraiment conscience parce que certains secteurs politiques - la gauche classique, l’extrême-gauche en recomposition permanente et l’écologisme, surtout lui puisque c’est de cela dont il s’agit - y ont précisément intérêt. À dire vrai, certains font preuve vis-à-vis de l’écologisme de la même cécité que les militants de gauche lambda vis-à-vis de la social-démocratie dont ils connaissent parfaitement les turpitudes, et les impasses (le directeur du FMI candidat « socialiste », on croit rêver !), mais qui continuent régulièrement à voter pour elle. J’en connais dans ma propre Amap, et c’est assez désespérant. On oublie trop souvent - et je pointe aussi que les analyses écologistes font totalement l’impasse là-dessus - les origines complexes du fascisme, et les contradictions que celui-ci a véhiculé dans les années 1920 voire le début des années 1930, ou même après. Il suffit de relire le premier programme des faisceaux italiens, de se rappeler que Mussolini était un cacique du parti socialiste italien et rédacteur en chef de son journal, qu’une partie de l’USI (syndicaliste révolutionnaire) l’a rejoint, que l’insurrection de Fiume (1919) (la Commune ?) brasse déjà confusément un certain nombre de thèmes familiers aux contemporains (hédonisme, la fête, le retour à la nature, « l’économie pirate »…), sont souvent très ambigus (cf. le livre de Claudia Salaris sur Fiume). Pensons aussi, d’un autre côté, à Marinetti et au mouvement futuriste qui a rejoint, avec armes et bagages, le camp fasciste. Ou la revue Plans en France (où collaborait Georges Valois, Le Corbusier, Philippe Lamour), ces courants anti-conformistes, non écolos, « et technologiques. Le fascisme a fait cohabiter tout cela. Il a triomphé grâce à cela. Le nazisme aussi, qui a récupéré le mouvement écolo Artam (dont Heinrich Himmler), les Wandervögel, l’agriculture biologique (Rudolph Hess, Darré, Todt, Seifert, Himmler encore lui, etc.) et même - on l’ignore souvent - l’anthroposophie de Rudolf Steiner. Certes nous ne sommes plus à la même époque. Mais, de la même façon que Jean-Marie Le Pen n’est pas Benito Mussolini et que sa fille Marine n’a pas grand-chose à voir avec une quelconque figure nazie que l’on chercherait vainement du côté féminin, le capitalisme et la politique restent capables de digestions, de récupérations et de ré-orientations, aidées en cela de tous les courants qui, au fond, ne veulent pas réellement, pas vraiment, pas sincèrement, sa destruction. Une grande partie de la jeunesse et même des libertaires est tombée dans le piège de l’anti-fascisme soigneusement tendu par cette crapule socialo-pétainiste de Mitterrand. Elle s’y est embourbée, et l’extrême gauche tendance Ras le Front n’a rien fait pour l’en sortir.
Résultat des courses, beaucoup ont voté Chirac en 2002. Il faut le faire ! Le système capitaliste et démocratique a alors montré là, en France, toute sa force. Inversement, le mouvement des travailleurs et le mouvement disons révolutionnaire toute sa faiblesse. Même si l’on peut gloser sur l’abstentionnisme, les bulletins blancs, le réveil ultérieur des luttes, etc. C’est à la fois en tant que géographe de cœur et de profession, depuis l’enfance pour le coeur, et en tant qu’anarchiste de cœur et d’engagement depuis l’âge adulte (mais la révolte avant !) que j’essaie de raisonner sur ces questions. Au cours de mes études de géographie, alors étudiant, j’étais déjà frappé par certains aspects du discours écologiste ou écologisant portés par certains profs, et par certains militants (La Gueule ouverte, Les Amis de la Terre…). J’ai écrit plusieurs articles dans le Monde libertaire là-dessus, je n’insiste pas. Je reprends juste l’exemple de la fameuse formule « si tout le monde consommait comme les Américains, il faudrait planètes » (ou « cinq », on trouve différents chiffres). J’ai cherché le calcul et le mode de calcul de cette assertion, en vain. Je ne l’ai jamais trouvé. Je veux dire du calcul sérieux, scientifiquement démontré. Ce qui explique d’ailleurs la grande inflation des chiffres fantaisistes allant de trois à cinq planètes, au moins. Le raisonnement qui sous-tend cette formule est évidemment faux, si l’on réfléchit deux secondes. Car, par exemple, les produits agricoles que les big farmers états-uniens exportent dans le monde entier, et qui sont l’un des piliers de la puissance impérialiste américaine, n’occuperaient pas la même place dans une économie agricole mondiale fondée sur d’autres principes. Si les pays et les régions arrivent plus ou moins à s’autosuffire et (très important ce « et ») si
agro-alimentaires (blé contre banane, riz contre café, par exemple) sont égalitaires, justes, l’Amérique produirait fatalement moins, ou différemment. Et l’Amérique ne veut surtout pas qu’on consomme comme elle, car ce serait ruiner sa propre richesse ! Elle tolère l’émergence d’une bourgeoisie ailleurs, et encore, dans le rapport de force. Pareillement, sur un autre plan, les Paraguayens ou les Pakistanais pourraient-ils fabriquer les armes que leur fournissent les États-Unis, en faisant comme les Américains ? En fait, ce raisonnement fonctionne exactement comme pour le calcul de la pseudo « empreinte écologique » de Wackernagel et Rees (une foutaise scientifique digne de l’affaire Sokal, mais à laquelle ne réagissent guère les vrais scientifiques ; je parle bien du concept de écologique » et de son calcul, pas du fait que l’humanité « impacte » les écosystèmes). En effet, les échanges économiques sont niés, la division mondiale du travail qui sous-tend la consommation est édulcorée, la réalité capitaliste n’est abordée que d’un côté, et l’impérialisme est carrément oublié. Or, d’une part, les grands spécialistes - historiquement et idéologiquement parlant - de ce genre d’approche biaisée sont les fascistes et les religieux (NB : même si le fascisme est à l’origine anti-clérical voire antithéiste ou païen, il s’accommode parfaitement de la religion, à la fois sur le plan idéologique - la hiérarchie, une conception de la nature - et politique - les concordats, etc.). Or, d’autre part, le courant que j’appelle « naturaliste intégriste », qui remonte au moins à Ernst Haeckel (inventeur du mot « écologie » en 1866 et pionnier de la se fonde historiquement et idéologiquement sur une conception de la nature et de la société qui, selon moi, se trouve aux antipodes du socialisme libertaire et de l’anarchisme. Il met en exergue la nature, critique de l’homme sujet, raisonnements déterministes et fatalistes, misanthropie fondamentale (couplée avec une vision naïve ou idyllique de certains individus quand même), pessimisme, discours de la décadence, discours catastrophiste, et finalement biocentrisme opposé
à l’anthopocentrisme, discours sur les « droits des animaux (antispécisme contemporain). Le reste (solidarité, simplicité, humilité…) n’est bien souvent que de la rhétorique qui n’a rien à envier aux religions. La trajectoire d’un Ludwing Klages (1872-1956), exhumé par die Grünen contemporains, témoigne, par la seule lecture de son Mensch und Erde (1913), de ces congruences. Sa rhétorique écologiste, déplorant dès le début du XXe siècle, l’extinction rapide de nombreuses espèces, la déforestation, la liquidation des peuples aborigènes, la « progrès », outre le fait qu’elle n’était pas incompatible avec un antisémitisme farouche, se voulait aussi être une critique du capitalisme, non pas parce que fondamentalement inégalitaire, mais technologique et machinique. Klages dénonçait « l’esprit » (Geist), comprendre en réalité la raison, le raisonnement et le jugement, et en appelait au retour de « l’âme » (Seele), comprendre la pulsion, l’irrationnel, la si on y ajoute une bonne dose de « spontanéisme », d’admiration pour les « peuples sauvages » (ou les « sauvages » des cités ?), et on est bon pour un indigeste. Le plus redoutable dans ces confusions, et c’est là que l’on retrouve TK, c’est le rapport à la science et la technologie. D’un côté, on les critique, en mélangeant tout, les causes et les conséquences, on s’appuie sur les dégâts réels mais en tronquant une partie des causes, en méconnaissant bien souvent la réalité du monde scientifique et des scientifiques. D’un autre côté, on fait appel à la science pour avancer certains arguments (la planète est finie ! le climat se réchauffe ! les eaux montent ! on est foutu !), en ignorant au passage scientifiques sur ces points problématiques et sérieux.
J’y vois personnellement, mais peut-être vais-je trop loin dans ce qui relève surtout d’une
perception, une schizophrénie qui s’apparente au fascisme, à certaines formes de sa perversité (le culte de l’Aryen, l’homophobie mais aussi l’homosexualité latente ou assouvie, les frères Strasser, par exemple). C’est une analyse qu’il faudrait poursuivre, en reprenant les travaux de Reich ou de Fromm par exemple. On peut aussi inverser la boucle : le système actuel n’est-il pas lui-même générateur de cette schizophrénie qui pourrait, malgré nous, s’appliquer à nos propres convictions, nos propres pratiques militantes ?
L’écologisme étant l’auberge espagnole, les Églises comme les laïcs du naturalisme intégriste n’ont aucun intérêt à la clarification. C’est, ce qui nous donne les salades actuelles avec Hulot, Duflot ou Kosciusko-Morizet. Le capitalisme vert existe, c’est même l’avenir du capitalisme. Il est idéologiquement porté par la classe moyenne des pays industrialisés, celle-là même qui a succombé autrefois au fascisme, qui peut osciller entre le Modem, l’anti-fascisme social- démocrate ou même, de temps en temps, pour certains, glisser un bulletin dans l’urne en faveur de la famille Le Pen, cette classe moyenne dont les militants révolutionnaires bornés continuent de ne pas voir l’importance politique, stratégique, la centralité même. Cette classe moyenne qui, mine de rien, notamment par les positions politiques des Verts qui ont soutenu les bombardements de l’OTAN sur Belgrade et l’intervention en Afghanistan (il est loin l’écolo-pacifisme des années 1970 !), soutient l’impérialisme occidental, lequel, se saisissant du catastrophisme écolo et de la question climatique, essaie de réduire le concurrence des PVD (Chine, Brésil, Inde…) via l’émission du CO2, c’est-à-dire la réduction ou le contrôle de l’industrie. Quand on pense qu’il a fallu que ce soit un Claude Allègre qui évoque, bien modestement, cet aspect, on voit où on en est de la réflexion et de l’impulsion politique…
Quant au philosophe Hans Jonas, qui réclame une « dictature bienveillante » pour « sauver la planète », on reste éberlué, et effrayer, de la confiance que lui font les écolos dont c’est le gourou. Le danger encouru par la planète serait-il si énorme qu’il nous faille endosser les pires bêtises ? Et si le danger n’était pas surévalué dans ce but-même ? Le danger qui appelle le sauveur suprême, Duce ou le Führer… ? Il y a donc du pain sur la planche, et pas forcément là où on le croit. Il ne faut pas se laisser faire sur le plan idéologique, il ne faut pas avoir peur de porter le fer, même si ça fait mal, même à moi. La confusion règne, et, en France, le sarkozysme en est le symbole histrionique. À l’heure où un Mélanchon ramène à nouveau, non sans habileté, la classe des travailleurs dans l’impasse d’une social-démocratie un peu moins molle et où les naturalistes intégristes nous font le coup de la « décroissance », ce ne sera pas de la tarte (que les pommes qui la composent soient biologiques ou pas).

Philippe Pelletier,
5 février 2011.
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