Bangladesh

Re: Bengladesh

Messagede Antigone le Sam 16 Oct 2010 18:04

AFP, FashionMag - 13 oct 2010
http://fr.fashionmag.com/news-129037-Ba ... t-en-greve

Bangladesh: appel à l’armée pour exporter le textile depuis un port en grève

CHITTAGONG - Le Bangladesh a annoncé mercredi le déploiement de l’armée dans le principal port du pays pour garantir le départ des cargos, au troisième jour d’une grève de dockers affectant les exportations et notamment celles de l’industrie clé du textile.

Les dockers du port de Chittagong (sud), par où transitent plus de 90 % des marchandises importées et exportées, sont en grève depuis lundi, entraînant d’importants délais de livraison et en particulier pour l’industrie textile qui représente plus de 80 % des exportations du Bangladesh.

Après l’échec de la visite mardi du ministre des Transports maritimes visant à sortir de l’impasse, l’armée a été appelée pour assurer la circulation maritime. « Les négociations ont échoué et nous avons envoyé l’armée pour diriger le port et garantir la loi et l’ordre », a déclaré à l’AFP le directeur de la sécurité du port, le lieutenant colonel Kamrul Islam, précisant que les manifestations sur le port ont été interdites.

Selon l’association des fabricants et exportateurs de textile, les exportateurs ont dû débourser cet été neuf milliards de taka (130 millions de dollars) en fret aérien à cause de délais ou de mauvaise gestion du port. « Le gouvernement doit agir pour mettre fin à cette grève immédiatement », a-t-elle déclaré mardi dans un communiqué.

Le port de Chittagong a déjà été en proie à une congestion du trafic au cours des mois précédents en raison de manifestations de dockers et d’un phénomène de saturation, faisant passer la durée d’un aller et retour d’un conteneur de 3 à 11 jours.
La situation risque en outre d’empirer, préviennent les analystes, car les exportations continuent de grimper: dans le textile, elles se sont accentuées de 30 % en juillet et août sur un an, selon les chiffres du gouvernement.
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Re: Bengladesh

Messagede Antigone le Dim 12 Déc 2010 21:23

"Des affrontements entre la police et des ouvriers du textile ont fait au moins trois morts et plus de 250 blessés dimanche au Bangladesh, rapportent la police et les services d'urgence." (Reuters)

AFP, France24 - 12 dec 2010
http://www.france24.com/fr/20101212-ban ... rs-textile

Bangladesh: 3 morts dans des manifestations d'ouvriers du textile

Trois personnes ont été tuées et de nombreuses blessées dimanche alors que des dizaines de milliers d'ouvriers du textile ont violemment protesté dans la capitale Dacca et à Chittagong (sud-est) contre les bas salaires, a annoncé la police.
La police a tiré à balles réelles et a utilisé des gaz lacrymogènes lors de ces manifestations violentes à Dacca et Chittagong au lendemain de la fermeture par le groupe sud-coréen Youngone de l'intégralité de ses 17 usines à la suite de manifestations des ouvriers.

Les ouvriers du textile protestent contre le fait qu'une augmentation des salaires décidée le mois dernier n'ait pas été appliquée.
"Trois personnes ont été tuées, dont un conducteur de rickshaw, mort après avoir reçu une brique", a indiqué Meshbahuddin, chef de la police de Chittagong. Une cinquantaine de personnes ont été blessées dans une zone industrielle de Chittagong où 20.000 ouvriers ont attaqué des usines et un poste de police, a-t-il ajouté.
"Ils ont incendié des véhicules et attaqué nos policiers avec des briques et des pierres. Nous avons tiré à balles réelles quand ils sont devenus hors de contrôle", a indiqué un autre policier de Chittagong, le sergent Sheikh Abul Hasan.

A Dacca, 4.000 manifestants, essentiellement des femmes, ont incendié deux véhicules et bloqué une autoroute pour protester contre des employeurs accusés de ne pas avoir appliqué la hausse des salaires.
A Rupganj, à 30 km au nord-est de Dacca, quelque 5.000 ouvriers ont attaqué une usine appartenant à une joint-venture allemande, selon le chef de la police, Biswas Afzal Hossain. La police a tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc.

Une hausse controversée d'environ 80 % du salaire minimum des employés du textile au Bangladesh est entrée en vigueur début novembre après des semaines de protestation cet été et le gouvernement a annoncé qu'il poursuivrait les entreprises qui ne l'appliqueraient pas. Les quelque 4.500 entreprises du secteur, qui fabriquent des vêtements pour des marques occidentales telles que Wal-Mart, H&M, Zara ou Marks et Spencer, doivent désormais verser aux ouvriers un salaire mensuel d'au moins 3.000 taka (30 euros). Le minimum salarial précédemment fixé en 2006 était de 1.662 taka.
L'annonce de cette hausse fin juillet avait provoqué de violentes manifestations d'ouvriers, entraînant la fermeture d'usines dans la périphérie de la capitale Dacca, et les syndicats avaient demandé une plus forte augmentation, en vain.

Le secteur textile, qui emploie 3,5 millions de personnes au Bangladesh (dont 85 % de femmes) représentait 80 % des exportations du pays l'an dernier, qui se sont montées à 12,2 milliards d'euros.
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Re: Bengladesh

Messagede Antigone le Lun 27 Déc 2010 17:59

Asia Times, rapporté par Courrier international - 22 dec 2010
http://www.courrierinternational.com/ar ... -ont-assez

Les damnés du textile en ont assez
par Syed Tashfin Chowdhury 

Un important mouvement de grève contre les bas salaires a été réprimé dans le sang le 12 décembre. Pour ne pas faire fuir les investisseurs étrangers, le gouvernement fait aussi la chasse aux syndicalistes.

Le 14 décembre 2010, un incendie a ravagé un atelier de confection de vêtements à Dacca, la capitale du pays, tuant au moins 29 personnes et en blessant jusqu’à 200 autres. Le feu s’est propagé dans une usine du groupe Hameen qui exporte du prêt-à-porter pour des marques occidentales. Le drame a ébranlé une fragile trêve conclue quelques heures plus tôt, sous les auspices du gouvernement, entre les ouvriers du textile et leurs employeurs, après la mort d’au moins quatre personnes au cours de violentes manifestations suscitées par l’instauration d’une nouvelle grille des salaires. Abdul Kader, l’un des rescapés de l’incendie, nous assure avoir vu entre cinquante et soixante collègues se jeter du dixième étage pour échapper aux flammes, “les issues de secours étant fermées”. La direction a pourtant affirmé le contraire: “Les ouvriers n’ont pas trouvé les issues de secours, sans doute à cause de l’épaisseur de la fumée”, assure Humayun Kabir, le directeur de la production.

Pour l’heure, la cause du sinistre ne semble pas liée au mouvement social… Il aurait été causé par un court-circuit électrique. Mais la catastrophe vient alourdir un bilan déjà sévère dans l’industrie du vêtement. En effet, d’après le Département de la sécurité civile et des sapeurs-pompiers, 414 ouvriers du textile ont perdu la vie dans au moins 213 incendies d’usine entre 2006 et 2009. Le prêt-à-porter est le secteur qui rapporte le plus de devises au Bangladesh, avec 12,7 milliards de dollars [9,6 milliards d’euros] de chiffre d’affaires, soit environ 14 % du produit intérieur brut du pays, pour l’exercice comptable 2008-2009, d’après les chiffres du Bureau pour la promotion des exportations du Bangladesh.

A Dacca, Chittagong et dans d’autres villes du Bangladesh, les manifestations des 11 et 12 décembre ont fait cent cinquante blessés. Du côté des entreprises, le manque à gagner est important, en particulier pour la société sud-coréenne YoungOne, qui possède dix-sept usines au Bangladesh. Face aux mobilisations, la société a choisi d’interrompre sa production, provoquant le désarroi des ouvriers. YoungOne a déclaré qu’elle avait perdu 14,2 millions de dollars [10,7 millions d’euros] à cause de l’agitation sociale. Les violences ont éclaté à la fin d’un rassemblement organisé par le personnel de YoungOne le 11 décembre dans la soirée, dans la zone franche de traitement des exportations de Chittagong (Chittagong Export Processing Zone, CEPZ). Ils protestaient contre le nouveau mode de fixation du salaire minimum et contre la suppression de l’allocation déjeuner, d’un montant de 2,6 centimes d’euros par jour. L’un des directeurs de la firme, M. F. Rabbi, a accusé les manifestants d’avoir organisé une “attaque coordonnée”, saccageant le matériel et s’en prenant aux cadres. Lorsque les ouvriers ont voulu reprendre le travail le lendemain, YoungOne avait décidé la fermeture de onze usines. Les ouvriers sont descendus dans la rue et 160 usines au total ont fermé dans la zone, où travaillent normalement environ 150 000 personnes. Selon Prothom Alo, principal quotidien du Bangladesh, les forces de l’ordre ont tiré 550 balles de caoutchouc et lancé 95 grenades lacrymogènes pour reprendre le contrôle de la situation. Le journal a également dénombré vingt ateliers de confection, deux banques et plusieurs magasins vandalisés dans les rues autour de la CEPZ, ainsi que vingt-cinq véhicules détruits.

“On a décidé d’une refonte du salaire minimum. Mais les salariés connaissent beaucoup d’autres problèmes dont ils ne peuvent pas parler”, commente Syed Sultan Uddin Ahmed, directeur exécutif adjoint de l’Institut des études du travail du Bangladesh (Bangladesh Institut of Labour Studies, BILS). Cet été, les ouvriers, dont le salaire minimum était de 1 662 takas [18 euros] par mois, se sont mobilisés pour obtenir une hausse de salaire minimum mensuel. Ils ont demandé 5 000 takas [53 euros] par mois. Mais l’accord conclu le 29 juillet a finalement fixé le salaire minimum à 3 000 takas [33 euros] par mois. L’agitation sociale “a au final causé un tort immense au pays”, déplore Syed Sultan Uddin Ahmed.

A l’en croire, l’instauration d’une représentatin syndicale officielle dans toutes les usines constituerait un progrès. “Les organisations existantes sont essentiellement au service des employeurs, et ceux qui s’efforcent de faire vraiment avancer la cause des travailleurs sont en butte aux persécutions.” Asia Times est en mesure d’en citer un exemple. Lorsque nous avons essayé de joindre sur son téléphone portable Moshrefa Mishu, présidente du Forum pour l’unité des travailleurs du textile (Garments Workers Unity Forum), nous sommes tombés sur sa jeune sœur, qui nous a informés d’une descente de police à son domicile à Dacca le 14 décembre vers minuit. “Ils étaient entre dix et douze hommes et ils ont emmené Mishu sans produire de mandat d’arrêt ni fournir d’explications”, s’indigne la jeune fille.

Razekuzzaman Ratan, secrétaire général du Samajtantrik Sramik Front (Front socialiste du travail), estime que les récents troubles ont eu un “effet cumulatif”. “Les nouvelles modalités de fixation du salaire minimum ont suscité la polémique.” En effet, les chefs d’entreprise ont mis en place un système gradué d’échelons. Cela leur permet d’imposer des pourcentages d’augmentation différents selon les ouvriers, pour resserrer les écarts de salaires.

De violentes émeutes avaient déjà éclaté fin juillet pour dénoncer ce nouveau barème. Aujourd’hui, l’application de ce système provoque de nouveau la colère. Selon un article publié à ce moment par le quotidien britannique The Guardian, le prêt-à-porter représentait environ 40 % de la main-d’œuvre industrielle totale au Bangladesh. Le quotidien britannique ajoutait à l’époque que “les grandes enseignes comme Wal-Mart, Tesco, H & M, Zara, Carrefour, Gap, Metro, JCPenney, Mars & Spencer, Khol’s et Levi Strauss importent toutes des vêtements en vrac du Bangladesh, où les coûts du travail figurent parmi les plus bas du monde”.
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Re: Bengladesh

Messagede hocus le Jeu 30 Déc 2010 00:35

Merci pour les infos.
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Re: Bangladesh

Messagede Antigone le Lun 10 Jan 2011 17:48

AFP, France24 - 10 jan 2011
http://www.france24.com/fr/20110110-ban ... nifestants

Bangladesh: chute record à la Bourse, la police charge des manifestants

La Bourse du Bangladesh a suspendu les échanges lundi après avoir enregistré une chute record de 9,25 % en une heure, provoquant de violentes manifestations de plusieurs milliers d'investisseurs réprimées par la police, selon des sources concordantes. Il s'agit de la pire perte en une seule journée dans l'histoire de cette petite place financière d'Asie du Sud, extrêmement volatile depuis un mois, après avoir enregistré un plus haut historique en décembre.

"Le DSE (Dhaka Stock Exchange) a suspendu les échanges sur ordre de la commission de régulation après une chute de l'indice de 660 points, soit 9,25 %, dans les premières 54 minutes suivant l'ouverture", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la Bourse, Shafiqual Islam.
Le marché est "un bain de sang", a commenté auprès de l'AFP un investisseur, Arif Mohammad Khandker. "J'ai déjà perdu 3.000 dollars aujourd'hui, soit le tiers de mes investissements. J'ai vu le crash de 1996 mais c'est aujourd'hui bien pire". En 1996, la Bourse avait perdu les trois quarts de sa valeur en quelques mois, affectant des milliers d'investisseurs particuliers.
"J'ai perdu cinq millions de taka (70.000 dollars) sur mes 10 millions de taka investis (en Bourse). C'est insensé, toute mon épargne est partie", a confié à l'AFP un autre investisseur, Monirul Islam.

A la mi-journée, des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour protester contre la chute du principal indice boursier, scandant des mots d'ordre contre le gouvernement et la commission de régulation des échanges. Selon des témoins, la police, munie de bâtons, a chargé les manifestants.
La police anti-émeute avait été dépêchée à l'extérieur du bâtiment de la Bourse, dans le centre de la capitale, pour empêcher les violences. Les bureaux situés non loin ont barricadé leurs portes et fenêtres de crainte de nouveaux heurts.
"Il y a environ 5.000 investisseurs manifestant dans la rue devant les bâtiments de la Bourse. Certains ont été violents", a déclaré à l'AFP un policier, Azizul Haq. "Ils ont commencé à vandaliser des biens du gouvernements, ce qui nous a obligé à nous servir de bâtons".
En décembre, des centaines de personnes avaient déjà violemment manifesté dans le quartier d'affaires de Dacca, jetant des briques contre les forces de police, après que la Bourse eut enregistré la plus forte baisse de son histoire en une journée.

Le principal indice, le DGEN, avait perdu 552 points, soit 6,72 %, après un relèvement des taux d'intérêt par la Banque centrale. Le DGEN avait atteint un record historique le 5 décembre, à 8.918,51 points, affichant ainsi une hausse de 80 % depuis le début de l'année, mais il est victime d'une série de plongeons depuis un mois.
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Re: Bangladesh

Messagede Antigone le Jeu 3 Fév 2011 19:02

Reuters, 31 jan 2011
http://fr.news.yahoo.com/4/20110131/twl ... 953f5.html

Manifestation contre un aéroport au Bangladesh, un mort

Des manifestants protestant contre un projet d'expropriation afin de construire un nouvel aéroport au Bangladesh ont affronté lundi la police, faisant un mort parmi les forces de l'ordre et des dizaines de blessés.
La police a tiré des balles en caoutchouc et fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser la foule de villageois en colère, ont rapporté des témoins. Les manifestants, armés de bâtons et de barres de fer, ont incendié une camionnette de la police et dressé des barricades sur plusieurs routes.
Villageois et partis d'opposition s'opposent au projet de construction d'un aéroport international à quelques kilomètres de l'actuel aéroport Hazrat Shahjalal de la capitale Dacca.
La police a fait savoir qu'un de ses membres avait été tué et qu'une cinquantaine de personnes, dont au moins neuf policiers, avaient été blessées dans les affrontements.
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Re: Bangladesh

Messagede Antigone le Sam 5 Fév 2011 17:30

Aujourd'hui l'Inde - 04 fev 2011
http://inde.aujourdhuilemonde.com/bangl ... r-adultere

Bangladesh: une fille de 14 ans fouettée à mort pour adultère

Mosammet Hena, 14 ans, est décédée des suites de ses blessures après avoir été condamnée à 100 coups de fouet par des religieux musulmans. Soupçonnée d'entretenir une relation amoureuse avec son cousin, un homme marié de 40 ans, la jeune fille a fait l'objet d'une fatwa pour “relation illicite”.

Hena aurait été violée par son cousin, puis accusée d'adultère par un conseil religieux, dans un village du district de Shariatpur. Ce dernier a pris la fuite, évitant la sentence de 100 coups de fouet qui lui avait été attribuée par la même fatwa.
Après 70 coups administrés en public avec une canne en bambou, la jeune fille s'est évanouie et a succombé à ses blessures quelques heures après son arrivée à l'hôpital. Quatre religieux faisant partie du conseil ayant émis la fatwa ont été arrêtés.
La pratique de la fatwa est illégale au Bangladesh, dont la population compte une majorité de musulmans, mais elle reste effective dans les endroits reculés.
En décembre dernier, une femme de 40 ans est également décédée sous les coups de fouet, pour avoir eu une relation avec son beau-fils, selon un conseil religieux.
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Re: Bangladesh

Messagede apeqli le Dim 25 Nov 2012 12:35

lemonde.fr /asie-pacifique/article/2012/11/25/une-usine-textile-prend-feu-au-bangladesh-faisant-plus-de-100-morts_1795602_3216.html
Environ un millier d'ouvriers se sont retrouvés piégés par les flammes, dans l'usine Tazreen Fashion, samedi soir 24 novembre.

Un incendie dans une usine textile située aux abords de la capitale du Bangladesh, Dacca, a fait au moins 104 morts parmi les ouvriers, dont plusieurs sont décédés en sautant dans le vide pour échapper aux flammes et d'autres par suffocation, ont indiqué les autorités et les secours dimanche 25 novembre.

Le feu s'est déclaré tard samedi soir dans l'entrepôt, au rez-de-chaussée de l'usine Tazreen Fashion, à une trentaine de kilomètres au nord de Dacca. Les survivants ont raconté dimanche matin comment ils avaient tenté d'échapper aux flammes qui ravageaient le bâtiment de neuf étages. "Il y avait plus d'un millier d'ouvriers piégés dans l'usine", a déclaré aux médias locaux une survivante de 42 ans, depuis son lit d'hôpital. "J'ai sauté du quatrième étage et j'ai atterri sur le toit d'un autre bâtiment, de trois étages. Plusieurs personnes sont tombées et sont mortes."

LES MESURES DE SÉCURITÉ EN QUESTION

L'usine fabriquait des vêtements destinés pour la plupart à l'exportation vers les pays occidentaux. Elle avait pour clients des marques internationales, telles que la chaîne néerlandaise C&A et la société de Hong Kong Li & Fung. "C'est une perte immense pour mon personnel et mon usine. C'est la première fois que nous avons un incendie au sein d'une de mes sept usines", a indiqué le propriétaire de l'usine, Delwar Hossain.

Le causes de l'incendie n'étaient pas encore connues. Mais beaucoup d'usines textiles du Bangladesh, où sont confectionnés des vêtements destinés à l'exportation vers les pays occidentaux, sont dotées de circuits électriques défectueux et de mesures de sécurités très laxistes. Mi-septembre, un incendie dans une usine textile de Karachi, la capitale économique du Pakistan, avait causé la mort de près de 300 ouvriers. La police locale avait alors déposé des accusations de meurtres contre les propriétaires de l'usine.

apeqli
 
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Re: Bangladesh

Messagede vroum le Lun 29 Avr 2013 23:24

Plusieurs centaines d’ouvriers tués - La violence du capitalisme

dimanche 28 avril 2013, par XYZ http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1350

Le château de cartes – L’effondrement du bâtiment à Savar

Vers 9 h, le mercredi 24 avril, un bâtiment de huit étages s’est effondré à Savar, une banlieue industrielle de Dacca. En deux minutes la structure du Rana Plaza est devenue une masse de gravats, de ferrailles tordues, de machines et de corps écrasés et emprisonnés. Le bâtiment abritait un centre commercial sur les étages inférieurs et cinq usines de confection situées sur entre le troisième et le huitième étage. Les personnes présentes dans le quartier décrivent l’effondrement comme un tremblement de terre assourdissant. L’horreur du désastre est apparue rapidement ; avec des milliers de travailleurs du textile, principalement des femmes à l’intérieur du bâtiment, les populations locales qui se sont précipitées sur place pouvaient voir des morceaux de corps écrasés au milieu des décombres et entendre les appels à l’aide provenant des ruines.

Les premiers arrivés sur les lieux étaient principalement des travailleurs locaux, des parents de ceux qui étaient piégés, des collègues des ouvriers de la confection des ateliers du voisinage ou d’autres secteurs, les conducteurs de rickshaws [cyclo-pousse à moteur], des travailleurs des magasins, etc. Rapidement ils ont commencé désespérément à essayer d’atteindre les survivants, en utilisant tous les outils disponibles et en formant des chaînes pour déplacer les décombres du mieux qu’ils pouvaient. Lorsque les services de secours sont arrivés, ils ont continué à contribuer aux efforts de secours car l’énormité de la catastrophe était devenue évidente.

Image

On pense que plus de 3.120 travailleurs des cinq usines étaient présents dans le bâtiment quand il s’est effondré. Alors que beaucoup ont été sauvés, on compte environ 315 morts avec plus de 1500 blessés, dont beaucoup grièvement atteints, et ces chiffres vont certainement augmenter. Dans un pays qui a une longue histoire d’accidents similaires, l’effondrement du Rana Plazza est la pire tragédie industrielle jamais enregistrée dans le pays.

Pourquoi ?

Les raisons de ce massacre sont tristement prévisibles ; dans l’équation des coûts entre les pertes périodiques de vies de travailleurs et des mesures efficaces de sécurité et de santé au travail, l’option la moins chère l’emporte toujours. Pour les capitalistes concernés – les patrons des usines et les acheteurs internationaux pour les marques de vêtements occidentales – c’est tout-à-fait rationnel. Toutes les personnes impliquées savent que les décès sur les lieux de travail, dans des incendies d’usine et des effondrements de bâtiments, sont inévitables dans les conditions actuelles au Bangladesh – et que ces conditions contribuent grandement à la faiblesse des coûts salariaux, à la formation des prix et aux niveaux des profits. Le pays est le fournisseur de vêtements les moins chers au monde. Les détails de la catastrophe montrent le fonctionnement de cette logique à l’œuvre...

Bâtiment Rana Plaza - Mardi 23 avril. Les travailleurs sont invités par la direction à quitter leurs usines après l’apparition de fissures dans les piliers, les planchers et les murs. (Il y a aussi des informations rapportant que des travailleurs ont refusé de poursuivre les travaux et sont sortis). L’apparition des fissures a été rapportée sur une chaîne de télévision locale. Le propriétaire du bâtiment, Sohel Rana, déclare par la suite qu’un ingénieur a affirmé que de la structure du bâtiment était sûre et que les travailleurs devraient retourner au travail le lendemain.

Image

Mercredi 24 Avril. Les travailleurs sont de retour pour l’équipe de 8 heures. Aux environs de 9 heures il y a une secousse soudaine – avec le sol qui bouge comme lors d’un tremblement de terre et un bruit assourdissant – et en deux minutes le bâtiment de huit étages s’effondre, tuant, mutilant et piégeant des milliers de personnes. Les populations locales se précipitent sur le site et commencent immédiatement les efforts de sauvetage désespérés.

Mahmudur a soudainement senti une secousse. En un instant, il a remarqué que ses collègues courraient dans tous les sens en criant. Il a fallu peu de temps à Mahmudur pour comprendre que quelque chose de sinistre qui allait arriver. Il a à peine fait, avec d’autres, 6 ou 7 mètres en direction des escaliers que le bâtiment a commencé à s’effondrer, lui donnant le sentiment d’un ascenseur descendant. « L’obscurité a recouvert entièrement l’endroit avec d’épais nuages de débris. J’ai entendu des cris autour de moi. Mon cœur a commencé à battre », a déclaré Mahmudur, un inspecteur qualité de la Ethar Tex Ltd au cinquième étage. « Je me suis allongé près d’un pilier, pensant que peut-être j’allais mourir. Que nous allions être rôtis à l’intérieur », a-t-il ajouté. Le toit s’est tordu et s’est effondré sur lui, laissant un espace d’un mètre au-dessus de lui. http://www.thedailystar.net/beta2/news/inside-the-hell/

Pourquoi la plupart des travailleurs sont revenus à contrecœur dans le bâtiment malgré les dangers ?
L’industrie paie probablement les salaires les plus bas de l’industrie dans le monde. La plupart avaient plusieurs semaines d’arriérés de salaires et ont été menacés de licenciement s’ils refusaient de revenir. Une fois que les travailleurs sont licenciés, il devient difficile de récupérer les salaires impayés ; c’est là l’une des sources les plus fréquentes de conflit dans l’industrie de la confection. Certains travailleurs ont régulièrement des retenues de salaire de trois jours pour avoir manqué une journée de travail.
En revanche, la direction d’une agence bancaire locale qui se trouve au rez-de-chaussée du centre commercial avait pris en compte les problèmes de sécurité et avait évacué les lieux afin d’éviter les préjudices.

Comment une structure aussi dangereuse a-t-elle pu être construite ?
C’est un phénomène fréquent au Bangladesh. Une combinaison de la corruption/pots-de-vin, du manque de réglementation et de la pure avidité capitaliste dans une jeune industrie en plein essor signifient qu’il est bien trop facile de construire des bâtiments à l’aide d’une architecture sommaire, des matériaux trop bon marché et sur des sites inappropriés. La capitale Dacca en est pleine. Et la région de Dacca est très vulnérable aux tremblements de terre ; donc, si/quand un tremblement de terre majeur, statistiquement probable, frappera Dacca, le scénario du Rana Plaza sera probablement multiplié à l’échelle de toute la ville(1)...

Image

L’histoire du Rana Plaza illustre à un micro-niveau, le capitalisme de cow-boy du cauchemar immobilier de Dacca. Il y a quelques années le père de Rana a émigré vers la ville et a travaillé dans un petit moulin à moutarde. En 2003, il a commencé à faire du commerce dans les terrains. Rana a reçu une petite parcelle de son père où il a créé la ‟Rana Oil Mill” dans un hangar de tôle. Juste derrière la parcelle se trouvait un grand étang. Rana a intimidé le propriétaire pour qu’il le lui vende. Ces deux parcelles de terrain sont devenues le site du funeste Rana Plaza.

Parallèlement à sa carrière dans l’accaparement des terres, Rana est également entré dans la politique locale :

Rana est devenu un activiste politique et un cadre de la Ligue Awami au pouvoir sous le patronage direct de ses principaux dirigeants locaux.
« Sohel Rana est connu comme un gros bras de Ligue Awami dans la région et il entretient des bandes de jeunes », a déclaré un autre patron local. « La zone de Savar est connue pour le trafic de drogue et toutes sortes d’activités illégales dirigées par plusieurs gangs. L’extorsion, le commerce de la drogue et le négoce illicite des terres font partie des activités de ces gangs », a-t-il ajouté.
D’autres sources locales ont également déclaré que Rana entretient des bandes de jeunes dans la région de Savar et organise des manifestations anti-opposition. Il est principalement utilisé par le député local Murad Jong pour conserver sa domination dans les zones commerciales de Savar.
Rana a amassé des richesses au cours des 10 dernières années. Il possède un autre marché de quatre étages à Savar et une maison dans le quartier. Il possède deux fours à briques à Dhamrai [autre banlieue de Dacca] et récemment il s’est emparé de plusieurs hectares de terres dans la région. http://www.thedailystar.net/beta2/news/ ... all-along/


Rana a obtenu le permis de construire en 2008 pour une structure de cinq étages qui a été dûment construite. La construction n’a pas été supervisée par des architectes ou des ingénieurs pour vérifier sa qualité. 60% de l’immeuble a été construit sur le site de l’étang qu’il avait acquis et qui a été comblé, compromettant dès le départ la stabilité de la structure.

En 2010, la carrière politique de Rana a progressé et il est maintenant un animateur local pour la Ligue Juba, le mouvement de jeunesse du parti au pouvoir, la Ligue Awami. Avec un poids politique accru, il s’est alors senti libre d’ajouter trois autres étages au Plaza, mais sans permis de construire ou murs de soutènement. Les travailleurs ont déclaré que parfois le bâtiment était secoué de tremblements et de secousses quand les générateurs fonctionnaient. Pourtant, au moment de l’effondrement, l’avide Rana voulait ajouter un neuvième étage à ce château de cartes.

La réponse des travailleurs

Comme indiqué précédemment, les travailleurs de la confection ont été parmi les premiers sauveteurs sur place. Beaucoup ont également fait des dons de sang pour les victimes dans les hôpitaux débordés de la ville.
Jeudi 25 avril, craignant des problèmes, les patrons des principales zones industrielles de Dacca ont fermé de nombreuses usines, dans d’autres endroits les travailleurs sont sortis et ont fait des marches de solidarité avec les victimes du Rana Plaza et pour protester contre leurs conditions de travail dangereuses. Des centaines de milliers de travailleurs ont barricadé plusieurs axes routiers importants pendant plusieurs heures, se sont battus contre les flics et ont vandalisé des usines. Deux usines et plusieurs magasins ont été incendiés. Un groupe plus petit, de 1.500 ouvriers, a réussi à se détacher et a fait le siège de la direction (construite illégalement) de la BGMEA [Bangladesh Garment Manufacturers Association], la fédération des employeurs de l’industrie de la confection, bombardant le bâtiment avec des pierres, détruisant des fenêtres et des véhicules.
Les travailleurs exigent des poursuites contre les propriétaires des usines et de Rana.
Vendredi 26 avril, des affrontements entre les familles des victimes et les flics se sont produits sur le site du Rana Plaza à cause de l’exaspération devant la lenteur des opérations de sauvetage, entravées par l’insuffisance des équipements de secours moderne. 2.500 personnes ont été secourues jusqu’ici. Des centaines de travailleurs sont également impliqués dans des affrontements dans plusieurs autres parties de la ville, avec plus de 200 voitures saccagées. Les flics répondent par des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Comme « mesure de précaution », la BGMEA a annoncé que toutes les usines de vêtements resteront fermées pour le week-end.

Conséquences

Les déclarations habituelles de préoccupations, regrets, condoléances, dédommagements et assurances de réformes seront déroulées à nouveau par tous ceux qui profitent du carnage : le gouvernement, les patrons de la confection, les acheteurs étrangers et les chaînes commerciales occidentale. La fédération des patrons de la confection, la BGMEA, insistera à nouveau sur le fait que cet accident est exceptionnel et que des mesures sont prises pour améliorer sans cesse la sécurité sur les lieux de travail. Le gouvernement répète que les normes de construction et leur application s’améliorent. Pourtant le propre siège actuel de la BGMEA a été construit illégalement sur des terres volées ; il est donc en violation de tout permis de construire et est environnementalement destructeur de l’écosystème de terres humides où il se trouve. La pérennisation de sa construction a néanmoins été autorisée par les gouvernements successifs.
Cependant, une récente décision a déclaré qu’il sera démoli :

La Haute Cour, dans son observation, a déclaré : « Il y a eu un énorme fraude derrière la construction du bâtiment. [...] Cela relève de l’accaparement illicite de terres, à tout le moins », a déclaré la Cour : http://bdnews24.com/business/2013/03/19 ... l-project/

Avec cet incident, faisant suite à la récente catastrophe de l’incendie de Tazreen (2) les entreprises occidentales qui se fournissent auprès de l’industrie de la confection vont essayer de limiter les dommages à leur image de marque. Elles vont exhiber, comme Primark, leur implication dans des organismes comme la « Ethical Trading Initiative », largement inutile et cosmétique, qui vise à promouvoir des normes de sécurité tout au long de sa chaîne d’approvisionnement. Mais les limites et les insuffisances de ces organes sont évidentes :

Au moins deux usines de confection à Rana Plaza avaient passé des audits sur les normes internationales du travail et de la sécurité par une organisation européenne du commerce qui a adressé des recommandations de sécurité spécifiques aux ateliers, mais n’a pas évalué la stabilité du bâtiment qui les abritait.(3)

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Pourtant, personne n’a voulu imposer aux fournisseurs la moindre exigence qui menace les prix défiant toute concurrence dont ils jouissent. Primark, Benetton, Wal-Mart et tout le reste savent pourquoi les prix sont si « compétitifs » et veulent que cela reste ainsi, comme le démontre le fait qu’au cours des dernières décennies, ils ont été heureux de laisser ces conditions exister et d’en tirer profit. Les propriétaires d’usines et les spéculateurs immobiliers ne sont jamais poursuivis pour ces décès. Les milliers de blessures et de décès qui se sont produits lors d’incendies et d’effondrements d’usine restent un simple facteur de coût minimal pour la prochaine saison de la mode du prêt-à-porter et du maintien de leur profitabilité

Red Marriott

le 26 avril 2013

Source : Libcom
[ Traduction : XYZ pour OCLibertaire ]

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NOTES
(1) La plupart des constructions à Dacca sont généralement faites dans des zones de sol argileux plus stables. Mais avec l’expansion rapide de la ville, beaucoup de nouveaux édifices ont été bâtis dans des zones de sol noir plus meuble avec beaucoup moins de capacité portante dans le sol. Dans le boom de la construction non réglementée, des milliers de bâtiments, de plusieurs étages, ont été rapidement construits avec des fondations insuffisantes, des matériaux de qualité inférieure et une mauvaise conception.
... si un tremblement de terre de magnitude 7 sur l’échelle de Richter frappait la ville de Dacca, cela entraînerait la mort d’au moins 131.000 personnes en raison de la structure fragile et défectueuse des bâtiments résidentiels et des centres commerciaux. ... http://newsfrombangladesh.net/view.php?hidRecord=321603
2) Voir notre article précédent : http://libcom.org/news/death-trapped-bu ... o-27112012
3) Comme preuve supplémentaire, intentionnellement ou non, de la nature essentiellement cosmétique de ces organes ;
Deux usines bangladaises qui se trouvaient dans le bâtiment, et où les travailleurs ont subi des pertes lors de son effondrement, ont été validées lors d’un audit réalisé par le Social Business Compliance Initiative (BSCI) [Initiative de conformité sociale de l’entreprise] qui a été créé il y a une dizaine d’années par la Foreign Trade Association dont le siège est à Bruxelles, un organisme qui comprend quelque 1.000 marchands de détail européens comme Adidas AG, Esprit Holdings Ltd et Hugo BossAG.
Le groupe a déclaré que ses auditeurs ne sont pas des ingénieurs du bâtiment et n’ont pas pris en compte l’état de l’édifice quand ils ont mené les contrôles. Il appartient aux autorités locales de veiller à ce que la construction et les infrastructures soient sécurisées.
« Il est très important de ne pas trop attendre de l’audit social », a déclaré Lorenz Berzau, le directeur général de la BSCI. « La BSCI et d’autres initiatives contribuent à améliorer la situation », a-t-il ajouté « Mais c’est un long chemin qu’il nous reste à parcourir. » http://online.wsj.com/article/SB1000142 ... 51584.html

En complément

L’industrie du textile et de la confection (prêt-à-porter) est la principale filière industrielle du Bangladesh qui commence dans les champs de coton et se termine dans toutes les villes de l’Occident développé, dans les boutiques des marques comme Gap, Zara, Walmart, H&M, Benetton, Mango, El Corte Inglés, Joe Fresh, Primark, C&A, Carrefour… la liste dépasse la quarantaine de sociétés présentes essentiellement en Amérique du Nord, Europe, Australie…

Au Bangladesh, le secteur de l’habillement contribue pour 78% des exportations totales et à 17% du PIB. Près de 59% des exportations du Bangladesh sont destinés au marché européen et 26% au marché des USA.

Depuis trois décennies le secteur est en expansion permanente, à cause des coûts salariaux et des coût du travail au sens large les plus bas monde. Les salaires vont de 38 à 70 dollars (de 29 à 53 euros), les ateliers n’ont aucune sécurité et les bâtiments qui les hébergent non plus (état de la construction, installations électriques, absence d’issues de secours...). Le commandement de la hiérarchie sur les ouvriers est un facteur supplémentaire et décisif de cette mortalité au travail : menaces, rétorsions en cas d’absence ou de contestation, ateliers fermés à clé (et donc ouvriers enfermés dedans), aux conséquences tragiques en cas d’incendie, refus de faire évacuer les lieux en cas d’alerte... La totale complicité des autorités politiques avec ce système manufacturier de la "production flexible", de la sous-traitance à une échelle "globale" jamais atteinte dans l’histoire du capitalisme et ses effets complètent le tableau : absence contrôles de sécurité des lieux de travail, impunité des patrons, création d’une "police industrielle" pour fliquer les travailleurs...

Les augmentations de salaires de ces dernières années en Inde, au Vietnam, en Chine, ont rendu les usines et ateliers bangladais encore plus compétitifs : les salaires y sont maintenant trois fois inférieurs à ceux de l’Inde, du Vietnam, et très inférieurs (50%) à ceux du Pakistan ou du Cambodge… Avec un salaire de 30 cents de USDollar (24 centimes d’Euro) de l’heure, le Bangladesh offre le salaire horaire le plus bas au monde. C’est pourquoi, toutes les marques du prêt-à-porter et enseignes commerciales des pays développés (Europe, Amérique du nord...), les plus glamour comme les plus discount s’y retrouvent pour passer commande.

Au cours des 10 dernières années plusieurs milliers d’ouvriers (souvent des ouvrières) ont été tués lors d’incendies, d’accidents, d’effondrements des ateliers.
Le dernier en date remontait à moins de 6 mois où, le 24 novembre dernier plus de 110 ouvriers sont perdu la vie lors de l’incendie d’une usine, exploitée par l’entreprise Tazreen Fashion Ltd (filiale de Tuba Group qui possède 7 usines), dans la banlieue industrielle d’Ashulia. Là aussi, c’était une usine verticale, dans un immeuble de 9 étages. Le feu a pris au rez-de-chaussée et s’est rapidement étendu aux étages : là encore, les ouvriers étaient piégés, là encore les contremaitres ont empêché les ouvrier de sortir, disant que les alarmes incendie qui s’étaient déclenchées, étaient défectueuses et qu’il ne se passait rien. Les tissus se sont enflammés et plus de 1000 travailleurs ont été bloqués dans cet enfer, sans issue de secours, avec seulement trois escaliers. Ceux qui ne sont pas morts ont sauté dans le vide, ou ont réussi à se confectionner des échelles de cordes avec les rouleaux de tissus, ou en montant sur le toit du bâtiment d’où certains ont pu être sauvé par les pompiers.

Le prix d’une vie ? Fixé à 1200 dollars d’indemnisation. Mais toujours pas versés. Les principaux clients de la Tazreen Fashions Ltd ? Une trentaine de sociétés dont 6 françaises : Pimkie, Go Sport International, Inter Sport, Groupe Casino, Auchan et Cora Frances. Les entreprises comme C&A, KIK, Walmart, impliquées dans l’usine Tazreen sont aussi les donneurs d’ordre des ateliers du Pana Plazza. En outre, la marque KIK (du groupe allemand Kik Textilien und Non-Food GmbH) spécialisé dans le vêtement bon marché et très présente en Europe de l’Est, était donneur d’ordre de la société Ali Entreprises au Pakistan où près de 300 ouvriers et ouvrières périrent dans un incendie en septembre 2012.

Les révoltes ouvrières tendent à devenir plus fréquentes et toujours plus massives. En avril 2012, un grand mouvement social a eu lieu dans la zone industrielle d’Ashulia, au nord de Dacca impliquant des dizaines de milliers d’ouvriers. Ils demandaient des augmentations de salaire de 50% et de meilleures conditions de travail, notamment concernant les normes de sécurité. Des manifestations violentes avaient alors secoué la capitale, faisant une centaine de blessés. Trois cents usines fermées, des dizaines d’entre elles avaient été détériorées, des véhicules brûlés, des autoroutes bloqués. Ils n’ont pas été entendus.

Lors de l’incendie du mois de novembre 2012, de nouveau les ouvriers ont spontanément cessé le travail, plus de 200 usines ont été arrêtées et fermées, des milliers de grévistes se sont rassemblés. Les ouvrières et ouvriers n’ont toujours pas été entendus. Les indemnités annoncées ne viennent pas, seuls les frais médicaux pour les blessés sont pourvus, et encore : des groupes ou marques comme Walmart, Sears/Kmart et Disney, ainsi que la marque française Teddy Smith, "clients" de Tazreen Fashions, nient toute responsabilité et refusent de s’engager dans les "réparations".

Incendies et effondrements de bâtiments industriels font partie du sinistre quotidien. Entre le 24 novembre 2012, jour de l’incendie de l’usine Tazreen Fashions, et le 27 janvier 2013, 28 autres incendies d’usine ont été rapportés. Au moins 591 travailleurs ont été blessés et 8 travailleurs ont perdu la vie. Le samedi 26 janvier, sept travailleuses ont été tuées dans l’incendie de l’usine Smart Export Garments Ltd à Dacca. Selon les pompiers, l’incendie serait une nouvelle fois du à un court circuit électrique. Les travailleurs rescapés affirment que les portes étaient fermées à clé au moment où le feu a pris. Les étiquettes retrouvées sur place indique que l’usine produisait pour Kik (discounter allemand), Inditex (Zara et Bershka), Sol’S, New Look et Scott & Fox (marques françaises)

Samedi 26 avril, pour la quatrième journée consécutive, des manifestations ouvrières ont eu lieu dans la plupart des villes du pays, en particulier dans les gigantesques banlieues de Dacca (Savar, Ashulia…), à Chittagong (grand port et seconde ville du pays), pour exiger l’arrestation des patrons et propriétaires des ateliers et du Pana Piazza. Rassemblements, blocages de routes, autoroutes, carrefours, des dizaines de voitures incendiées… Les accès à la zone portuaire de Chittagong ont été bloqués, où plusieurs manifestations ont eu lieu et au moins trois camionnettes incendiées. Dans les banlieues industrielles de Dacca, les cortèges se sont affronté avec la police et ont réussi à faire fermer plusieurs usines textiles qui fonctionnaient parce que les employeurs avaient refusé d’accorder le week-end chômé comme l’avait demandé la fédération patronale. De son côté, le gouvernement a déployé pour la première fois les garde-frontières (militaires) dans la capitale. Plusieurs unités ont été envoyées en protection des usines du textile et de la confection.

Lors d’une conférence de presse samedi, le Bangladesh Institute of Labour Studies (BILS) a déclaré qu’au moins 906 travailleurs sont morts en 2012 dans des accidents et à cause de la violence liée au travail, soit trois fois plus que les 301 décès recensés en 2000. En 2012, 708 travailleurs sont morts dans des accidents survenus sur les lieux de travail, alors que la violence a provoqué 198 morts dans la même année.

Apparemment, deux des patrons des usines du Rana Piazza ont été arrêté dans la matinée ainsi que deux ingénieurs. Un troisième patron s’apprêterait à se rendre à la police dans la soirée. Le propriétaire du bâtiment effondré, Sohel Rana, est toujours en fuite. Le dernier chiffre connu (samedi soir) indique qu’au moins 340 ouvriers ont perdu la vie dans l’effondrement de l’immeuble. 900 personnes seraient portées disparues.

XYZ
Le 27 avril 2013
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Re: Bangladesh

Messagede vroum le Mer 8 Mai 2013 20:30

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Aux cris de « Allah Akbar » (Dieu est grand) et « les athées doivent être pendus », près de 200 000 militants islamistes du Hefajat-e-Islam manifestant pour exiger une loi interdisant le blasphème chargent des flics. Les heurts ont fait 32 morts et des centaines de blessés...
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