Menteurs
Menteurs
Alors que cette société apparaît de plus en plus visiblement comme ce qu’elle a toujours été (un système d’exploitation et de dépossession généralisé) vous vous êtes fixé comme ambition de désarmer les révoltés. Dans un premier temps, et avec l’aide des médias de vos maîtres, vous avez inculqué aux révoltés les concepts de la soumission (citoyenneté, démocratisme, pacifisme, civisme, pan-européisme) ; si cela s’est montré d’une réelle efficacité pacificatrice jusqu’à récemment, vous commencez à sentir sur votre gauche des frémissements d’insatisfaction. Maintenant vous vous proclamez "anticapitalistes"... bien joué! Vous et vos semblables, vous nous aviez déjà fait le coup avec les syndicalistes briseurs de grève, les gauchistes soutien-critique-du-gouvernement, les antiracistes favorables aux quotas d’immigration... et ça n’a pas trop mal marché.
Maintenant vous voudriez que nous vous rejoignions au sein d’ATTAC pour adopter une posture qui s’en prend (symboliquement bien sur) aux excès d’un capital financier qui nuit au sain développement du capital productif, qui prône le renforcement de l’État, du capital national et continental contre les immonde multinationales. Vous voudriez qu’on gobe qu’aller bosser pour se payer du Roquefort est préférable à trimer pour consommer du Danone. Quand on pense que si vous ne bénéficiiez pas de la part des médias du monopole du spectacle de la contestation, nous aurions pu être privés de ces parties de rigolade quasi quotidiennes qu’on nous impose (certainement le comique de répétition)...
Crapules
Alors, voyez-vous, quand vous dénoncez à tour de bras (à la police et aux médias) les "exactions" des anticapitalistes à Genève, Seattle, Prague, Nice, Montréal... vous nous pliez de rire, nous et les inculpés. Vous nous faisiez déjà pisser dans notre culotte lorsque vous sabotiez le mouvement auto-organisé des sans-papiers, lorsque vous tentiez de détourner le mouvement des chômeurs en un mouvement de soutien à la loi sur les 35 heures, lorsque vous vous alliiez aux municipalités de gauche pour organiser la collaboration (ce que vous appelez une démarche citoyenne) à la lutte contre l’incivilité et la délinquance, lorsque vos Services d’Ordre livraient les lycéens enragés à la police, lorsque vous appeliez à la répression sur ceux qui sabotent les champs OGM.
Flics
Entre chaque colloque, après chaque manif, il est amusant de vous voire changer de casquette, vous quittez votre masque de clown anticapitaliste pour assumer vos fonctions de gestionnaire au sein de l’État et du Capital. Professeurs, gardes-chiourme syndicaux, députés, maires, administrateurs, travailleurs sociaux, petits cadres... Vous voudriez que les prolétaires consomment de la marchandise bio (un peu plus chère bien sûr), qu’ils trient les ordures (que produit ce mode de consommation), qu’ils aillent en vélo au bureau ou à l’usine (et en sifflotant en plus), qu’ils communiquent par Internet (ils pourraient même faire un peu de travail à domicile par la même occasion)... c’est ce que vous appelez le progrès social.
Bon, assez rigolé
La vie n’est pas qu’une partie de plaisir et on ne peut pas toujours rigoler.
Vous, les larbins de l’État, les flics en civil du Capital, à partir de maintenant nous rendrons coup pour coup... Pour chaque camarade que vous aurez dénoncé, pour chaque vitrine que vous aurez défendue, pour tout acte de collaboration que vous aurez mis en oeuvre pour garantir les intérêts de l’impérialisme paneuropéen, nous vous en ferons payer le prix... politiquement mais aussi individuellement. Désormais il vous faudra répondre de vos actes et de leurs répercussions.
Vous étiez trop habitués à la nonchalance de votre petite vie de consommateur-spectateur. Descendre dans la rue pour écrire l’histoire implique de prendre un peu plus de risques, on ne s’improvise pas Thiers ou Noske sans un minimum de force policiaro-militaire... demandez à vos amis staliniens.
Plus de pitié, ni pour les collabos, ni pour les kapos. Plutôt victime d’une bavure que citoyen.
Il sera plus difficile que vous ne le pensez de faire avaler aux gens que ce monde leur appartient et qu’ils doivent participer à sa gestion.