Aline Le Dunff du site Aujourd'hui le Japon a écrit:
le 17/5/2010 à 17h30
17 000 personnes ont manifesté, dimanche 16 mai, contre la présence de la base aérienne américaine de Futenmna dans la ville de Ginowan, a rapporté l'agence AP, citant les officiels du gouvernement local de Hitoshi Nakou. Les manifestants ont formé une chaîne humaine autour de la base de l'US Air Force. Malgré une pluie battante et de fortes bourrasques de vent, les mairesde deux villes concernées ont participé à l'événement.
Dans une déclaration commune, Yoichi Iha, maire de Ginowan et Susumu Inamine, maire de Nago ont fait part des attentes de la population.
Les habitants de la préfecture d'Okinawa exigent toujours le retrait de la base américaine de la ville de Ginowan. Ils s'opposent par ailleurs au projet qui prévoit de déplacer la base du district de Henoko à Nago.
Cette manifestation dénote une fois encore l'impopularité croissante de la base américaine dans la ville de Ginowan. Le mois dernier, un rassemblement de 90 000 personnes avait déjà été organisé.
spleenlancien a écrit:Les grands medias le critiquent y compris jusque dans sa façon de s'habiller...
Aujourd'hui le Japon - 18 mai 2010
Le projet de parc Nike confronté à ses opposants à Tokyo
L’équipementier américain a lancé un projet construction d’un parc sportif à son nom à Tokyo, dédié au futsal, une variante du football et au skateboard. Mais ses opposants font barrage.
Alors que l'entreprise avait reçu le feu vert de la municipalité en septembre 2009, et qu'elle est prête à lui verser chaque année 180 000 dollars sur dix ans de droits publicitaires, le projet est aujourd'hui loin de faire l'unanimité. Les plans du «Nike Park» qui prévoient de grands travaux dans le parc de Miyashita, dans le quartier branché de Shibuya,, sont remis en cause par des manifestants.
Depuis quelques jours, des militants campent dans le jardin public pour en bloquer l'accès aux salariés de l'entreprise et aux ouvriers. Ils contestent l'appropriation d'un espace public pour en tirer profit à titre privé.
Casse-tête pour la municipalité, qui a dû déjà fait place nette en expulsant des sans-abris qui s'y étaient installés et doit envisager leur "relogement". Le blocage actuel repousse la reprise des travaux à septembre. Le chantier avait commencé en septembre 2009.
Le mouvement a été suivi au-delà du pays. Des militants anti-globalisation français, australien et thaïlandais ont organisé des rassemblements devant les ambassades du japon et des magasins Nike.
Aline Le Dunff
Thierry Ribault du CNRS pour Rue 89 a écrit:
Le parc de Miyashita est situé au cœur de la mégalopole tokyoïte, sur une bande verte de 50 mètres de large et de 500 de long plantée de grands arbres. Au début des années 2000 y vivait une centaine de sans-abris. Il n'y en avait plus que vingt avant leur éviction de septembre 2009. Certains y vivaient depuis plus de cinq ans dans des abris solidifiés avec le temps.
Les transactions entre la mairie de Shibuya et la firme Nike, relatives à la vente et à la « réhabilitation » du parc Miyashita, se sont déroulées de manière souterraine.
L'un des membres influents du conseil municipal, un ancien employé de l'entreprise Dentsu, le plus grand groupe de publicité du pays, est ouvertement engagé en faveur d'une image verte de l'arrondissement.
En conformité avec le verdissement de la politique municipale, il est un fervent défenseur d'une réappropriation des espaces verts au bénéfice de la jeunesse et des sports.
Sous la bannière Nike, une politique volontairement néolibérale
Autant de nobles causes au titre desquelles il défend… la privatisation du parc Miyashita. Cette privatisation s'intègre dans un grand projet d'aménagement urbain, visant notamment à mettre en place un nouvel axe routier allant du parc au quartier d'Harajuku, temple de la mode pour adolescents.
La centralité de Miyashita Koen en fait une ressource publicitaire potentielle considérable en plein Shibuya, quartier de la jeunesse consumériste, qui a perdu un peu de son aura depuis le milieu des années 2000.
La municipalité souhaite ainsi renouveler l'image de l'arrondissement en projetant l'aménagement dans le parc de cafés, de pistes de skateboard, de murs d'escalade et autres activités ludiques et lucratives.
Au fond, le vrai motif de l'éviction des résidents du parc Miyashita n'est pas la firme Nike elle-même. Cette dernière est la bannière d'une politique plus générale délibérément néolibérale de la part des autorités locales.
La titrisation immobilière aidant, le groupe immobilier, de transport et de grands magasins Tokyu exerce de son côté de fortes pressions pour que l'arrondissement se déssaisisse de son patrimoine immobilier.
Un moyen d'éviter les manifestations ?
Miyashita, parc aux multiples visages, a également la fâcheuse réputation d'être l'un des principaux points de ralliement pour nombre de manifestations dans la capitale.
En août 2009, une manifestation organisée par la Coalition pour la protection du parc Miyashita rassemblait ceux qui luttent pour préserver le caractère public du parc. Parmi les slogans utilisés : « Nike, ne fais rien ou rentre chez toi ! » ou « Non à la Nike-isation du parc ! ».
La vingtaine de tentes récalcitrantes a été détruite en septembre par les autorités qui ont généreusement « relogé » les sans-abris, dans un espace étroit qui longe un boulevard à quatre voies, dans des tentes flambant neuves, mais au risque d'accidents.
Des artistes bloquent le projet de « Nikérisation » du parc
En réaction, la Coalition a aménagé un campement « Artists In Residence » (AIR), de sculptures et d'installations à partir des matériaux laissés sur place suite à l'éviction. Les forces spéciales de sécurité (équivalent des CRS) se sont rendues sur les lieux, mais elles sont restées en observation : toute intervention pourrait être nuisible à l'image de Nike.
La « Coalition » a plusieurs griefs contre ce projet. Elle y voit :
* Une volonté de transformer un espace public ouvert à tous en un espace commercial sélectif.
* L'abolition annoncée d'un espace propice à la liberté d'expression politique et artistique.
* Une entorse aux règles démocratique, l'assemblée de l'arrondissement de Shibuya ayant été contournée et le conseil de planification de la ville n'ayant pas été consulté.
* Enfin, les défenseurs du parc considèrent que Nike est loin d'être un modèle de dignité en matière de gestion de sa main-d'œuvre, tant du point de vue de son recours au travail des enfants dans les pays d'Asie, que des conditions de travail dans nombre de ses sites de production.
Le 31 mars 2010, jour de la vente du parc à Nike, une délégation de la Coalition, composée d'une quinzaine de personnes, dont quatre sans-abris, a décidé de s'introduire dans le conseil municipal.
Les opposants sortis manu militari du conseil municipal
La délégation pénètre discrètement dans le hall de la mairie, malgré le poids de plusieurs grands sacs portés en bandoulière, sous l'œil interrogateur des fonctionnaires affairés - les sans-abris ont peu coutume de fréquenter ce lieu - et sous celui d'une dizaine de caméras de surveillance.
Le groupe est ensuite guidé jusqu'à l'amphithéâtre, tout de bois et de moquette verte.
Dans cet antre du ready-made politique à majorité PLD, rien n'est débattu, tout est voté. 61 conseillers sont présents, dont 11 femmes, et 4 greffières.
La délégation prend place sur les sièges de velours du poulailler, aux côtés d'une dizaine d'autres administrés de plus de 75 ans. Un des sans-abris s'endort au bout de cinq minutes.
Les élus votent le projet sans sourciller, ni en débattre
Les dossiers se succèdent, lorsque survient celui du parc Miyashita. L'arrêté de décision de privatisation du parc est alors lu à haute voix. Soudain, les membres de la coalition se lèvent, déroulent une banderole de trois mètres de long et sortent les mégaphones.
La séance est interrompue. Trois agents de sécurité saisissent les agitateurs par le col pour les sortir manu militari. Seule reste la dizaine de citoyens présents en début de séance … et le sans-abri hagard que l'agitation a sorti du sommeil.
Le président fait appel au vote : seuls les 5 conseillers communistes votent contre. Les travaux commenceront demain.
Le soir même, 200 personnes manifesteront encore face à 400 policiers. Parmi les manifestants : des membres du réseau anti-pauvreté, des sans-abris, des élus, des artistes, des représentants de minorités sexuelles, des délégués d'Attac Japon, des handicapés. Leurs slogans : « Nike sors de notre parc », « Y a-t-il de la vie dans le parc de Nike ? »
Quoiqu'en pensent ces empêcheurs de profiter en rond, le parc Miyashita va bel et bien être rebaptisé « Nike Park », la firme ayant acquis les droits liés à cette nouvelle appellation pour la somme de 150 millions de yens (1,2 millions d'euros), qui seront versés sur cinq ans à la mairie de Shibuya.
Denada a écrit:Je lis pas mal de mangas, et je me demandais si quelqu'un aurait des infos sur la place des femmes dans la société japonaise ? S'il y a des luttes féministes là-bas, et tout ça ? Car ça n'a pas l'air très rose (je demande ça, car à force de voir dans les mangas les nanas harcelées, défendue par un chevalier blanc ou en petites culottes, je me demande quelle part de réalité ça contient -
Antigone a écrit:Au Japon, la religion n'existe qu'au moment des cérémonies qui entourent la mort d'un proche, sinon dans la vie quotidienne, elle n'existe pas. Il n'y a que les vieux en province qui se rendent au temple bruler des batonnets d'encens pour le repos de leurs aieux. L'empereur est censé être le dépositaire du shintoïsme, la version japonaise du bouddhisme, mais on ne l'aperçoit que deux ou trois fois par an.
Denada a écrit:(et il n'y a pas d'activisme étudiant sur cette question du féminisme ? Au moins dans les universités ou les lycées, que sais-je ?)
conan a écrit:Le shinto est une religion de type animiste, bien antérieure à l'arrivée du bouddhisme, dont la forme japonaise est le zen (dérivé du coréen son, lui-même dérivé du chinois chan, lui-même dérivé du sanskrit dhyana, la méditation).
conan a écrit:Je crois à l'inverse de ce que tu avances que la société japonaise est très marquée par une certaine conception animiste des choses (amour de la nature, des paysages, des jardins, pèlerinage au fujiyama, lieux nombreux dédiés aux kami dans le Japon de l'intérieur, oeuvres littéraires, manga divers faisant référence aux esprits de la nature et aux esprits tout court, thème très prisé par le cinéma japonais) ; et par une perception à la fois immédiate, fulgurante des phénomènes, le sens aigü de leur impermanence et un sens de l'esthétique très empreint de la philosophie zen, dont on peut constater l'influence dans nombre de loisirs (de l'ikebana aux arts martiaux, en passant par la calligraphie, la peinture, la céramique). Ca c'est pour le côté bouddhiste.
Antigone a écrit:Quand j'entends des gens autour de moi faire référence au zen, ou dire "sois zen" pour "sois cool, relax", ça me fait sourire.
Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 28 invités