conan a écrit:Qu'est-ce qu'un-e révolutionnaire ou (dit autrement), comment une révolution se prépare-t-elle et se fait-elle, d'après vous ?
conan a écrit:Qu'est-ce que, d'après vous, une révolution ?
Qu'est-ce qu'un-e révolutionnaire
comment une révolution se prépare-t-elle et se fait-elle, d'après vous ?
Si l’on devait schématiser à l’excès l’espace du débat politique moderne, on dira qu’il se
construit essentiellement à partir de deux axes :
• L’axe renvoyant à la tension entre passé et avenir. Dans un monde où le temps est
continu, cumulatif, on retrouve ainsi face à face ceux qui mettent en avant la nécessité
de valoriser le passé et ceux qui au contraire qui assimilent ce temps cumulatif à du
progrès.
• Le second axe concerne l’acceptation ou le refus du système politique tel qu’il
fonctionne. On retrouve ainsi, pour reprendre la terminologie d’Immanuel Wallerstein,
face à face les « systémiques » et les « anti-systémiques1.
Le croisement de ces deux axes nous permets de brosser grossièrement l’espace des
représentations modernes de la politique :
Lepauvre a écrit:Mais il faut se detromper aucune nombre est nécessaire pour faire une révolution, on peut être tout seul.
pierot a écrit:C'est clair...c'est ce que ce forum pourrait laisser penser.
en même temps :Lepauvre a écrit:Mais il faut se detromper aucune nombre est nécessaire pour faire une révolution, on peut être tout seul.
de quoi te plains tu alors...?
Lepauvre a écrit:Pour moi révolution est l'abandon de la peur.
hocus a écrit:Lepauvre a écrit:Pour moi révolution est l'abandon de la peur.
Qu'est ce que tu veux dire par là ? Et pourquoi tu dis ça ?
Je pensais que la révolution était un processus social, et pas simplement un état ou un processus émotionnel. ?
hocus a écrit:...tu parles de la "peur" de quoi ? De la répression ? De mourir de faim ou d'être maltraité après/pendant la révolution ? De la liberté ? (j'ai toujours douté de cette idée selon laquelle les gens auraient peur d'un concept abstrait)
...
Les lignes qu’on vient de lire n’entendent pourtant pas agiter le spectre du tout ou rien. Elles ne prétendent pas que les luttes, même les plus minimes contre la domination du capital sont inutiles. Tout ce qui desserre les contraintes sur le travail, les luttes pour la diminution de la durée du travail, les luttes pour de meilleures rémunérations, etc., est bienvenu et peut modifier les rapports de force en faveur des exploités, mais rien de tout cela n’est durablement acquis. En d’autres termes, les luttes, pour ne pas rester enfermées dans les limites de la valorisation capitaliste doivent se donner un horizon anticapitaliste de dépassement des rapports de travail. Mais la perspective qu’il s’agit de défendre n’est pas la perspective d’un autre mode de valorisation du travail par la planification de l’économie, elle est celle de la disparition du salariat et du décrochage des activités humaines de la reproduction du capital. La prestation de production doit absolument perdre ses caractéristiques monomaniaques, aussi bien sa marche aveugle et indifférente au service des mécanismes capitalistes que sa tendance à réduire l’individu à une sorte de thuriféraire de lui-même qui s’exploite en même temps qu’il exploite et piétine les autres dans la course à la valorisation. Il faut, en fait que l’individu découvre la production non seulement comme coopération immédiate dans l’entreprise ou le site industriel, mais aussi comme combinaison de forces et de résultats, d’expériences et de connaissances en action traduisant la socialisation croissante de procès entrecroisés de transformation de matériaux et de situations. Le temps d’activité d’un salarié dans la production n’est pas qu’une dépense individuelle, il est avant tout inclusion, insertion dans des relations d’interdépendance et de communication, participation au renouvellement des rapports à la technologie et à l’environnement (naturel, social, technique). Dans le cadre capitaliste, tout cela est ramené à des rapports d’utilisation pour la valorisation, c’est à dire dépouillé de ses dimensions d’ouverture au monde et de modification des relations aux autres, dépouillé aussi de ce qu’il y a de multilatéral dans toute activité comme cognition active. Il s’agit donc de faire sortir les subjectivités des prisons dans lesquelles les enferme la valorisation, en reliant consciemment ce qui n’est relié que souterrainement et en refusant tout ce qui bloque les échanges entre elles. Les subjectivités doivent peu à peu, dans leur commerce, dépasser les communications unilatérales, dominées par les préoccupations de la mise en valeur et de l’affirmation de soi dans cet esprit. Elles doivent s’enrichir réciproquement de la diversité de leurs points de vue, de leurs jugements, de la ressemblance et de la différence de leurs activités dans une perspective d’universalisation qui respecte les singularités et joue sur leurs complémentarités. Cela revient à dire que les individus doivent se reconnaître, au-delà de toute mesure sociale, dans ce qu’ils font, ce qu’ils sont et ce qu’ils deviennent. En ce sens, ils ne doivent pas rester les uns pour les autres, de simples producteurs de biens ou de services, car leurs activités et leurs investissements vitaux transcendent les séparations entre économique et social, entre public et privé. La productivité sociale ne renvoie pas seulement à la productivité d’hommes mettant en branle ou surveillant des instruments de production, elle se nourrit également de tous les processus d’apprentissage, de formation, d’élaboration de l’expérience qui se passent en dehors de la production immédiate (de biens et de services). L’homme qui entre dans la production ne peut pas être coupé de ce qu’il fait comme être sexué dans des relations interindividuelles, comme participant à des réseaux d’interaction, comme organisateur de relations vitales. La production n’est en définitive qu’un moment parmi d’autres dans des mouvements de totalisation en perpétuelle transformation. Comme le dit très bien Yves Clot (Le travail sans l’homme ?, La Découverte, Paris 1995), la subjectivité est un débat.
Si l’on prend au sérieux, ces constatations, on ne peut plus voir la libération des travailleurs par rapport au travail simplement sous les couleurs de l’autogestion des entreprises, puisqu’il faut mettre fondamentalement en question la place prédominante de la production dans les rapports sociaux. Certes, comme Marx l’a fait remarquer, il n’y a pas de société moderne qui puisse survivre sans produire, mais cela n’implique pas qu’on laisse la production devenir un moment complètement autonome (la production pour la production) et qu’on la sépare, par sa force d’inertie, de ce que les hommes essayent de faire d’eux-mêmes et de leurs rapports au monde. Les relations sociales ne sont pas là pour la production, c’est au contraire la production qui doit être mise au service des relations sociales et en refléter les caractéristiques et qualités essentielles. Ce n’est évidemment pas la voie qui est suivie dans les circonstances présentes : les plans et les orientations des hommes d’aujourd’hui sont au contraire subordonnés aux stratégies des multinationales et des grands complexes financiers, c’est à dire déterminés directement ou indirectement par les automatismes de la reproduction du capital. Les décisions des « grands managers » qu’elles correspondent à des considérations apparemment rationnelles ou qu’elles s’apparentent à la divination des gourous, ne sont en effet pas l’expression de la génialité ou de l’inventivité de ce que l’humanité a de plus dynamique. Elles traduisent, de fait, l’accaparement par quelques uns d’activités multiples et la défense par les représentants du Capital de réseaux de puissance et de richesse directement rattachés à la promotion et à l’accumulation du Capital. La rationalité qui s’affirme à travers ces stratégies ou ces décisions n’est donc pas une rationalité soucieuse avant tout de l’allocation optimale des ressources, comme le dit l’idéologie, c’est une rationalité qui cherche plutôt à détruire ou à écarter tout ce qui fait obstacle à l’expansion du capital en cours de mondialisation. La « main invisible » du marché, empêche plus que jamais les hommes de choisir leur avenir, de développer dans la concertation des stratégies de développement de leurs forces sociales et par là les mêmes aveuglements vers des catastrophes...
http://multitudes.samizdat.net/La-desta ... du-travail
Mais il faut se detromper aucune nombre est nécessaire pour faire une révolution, on peut être tout seul.
Mais il faut se detromper aucune nombre est nécessaire pour faire une révolution, on peut être tout seul.
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