Inde

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Messagede Antigone le Mer 18 Nov 2009 18:04

Le Grand Village - 17 nov. 2009

En Inde, les Dongria luttent contre l’entreprise Vedanta qui veut détruire leur habitat millénaire pour du Bauxite

Les Dongria sont une tribu originelle d’Inde, ils vivent dans les forêts reculées d’Orissa au sud-est de l’Inde. Ce peuple d’Adivasi (premier en Inde) vit depuis des millénaires dans ses collines boisées riches en rivières. Le problème est que leurs collines sont aussi riches en Bauxite, minerai indispensable à la fabrication d’aluminium, ce qui a éveillé la convoitise de l’entreprise Vedanta. Depuis le combat entre le pot de terre et le pot de fer fait rage…

Dongria vient de dongar, un mot de la langue oriya parlée dans cette région, qui désigne les pentes des montagnes où vit ce peuple. Eux-mêmes préfèrent être appelés Jharnia, un mot de leur langue qui signifie “ceux qui vivent près des ruisseaux”. D’une manière générale, en Inde, on les désigne comme des Adivasi, ou “premiers habitants”. Il étaient plus de 400 groupes qui occupaient les différentes régions de l’Inde avant l’arrivée des populations indo-aryennes venues par le nord vers 1500 avant J.C. Ils sont environs 8000 à vivre paisiblement jusqu’à aujourd’hui. Les Dongria Kondh considèrent le sommet de la montagne comme sacré. C’est le siège de leur dieu Nyam raja, dont ils sont tous les descendants. C’est dire si la montagne est sacrée pour eux. “Les Kondh comprennent mieux que n’importe quel scientifique que la montagne est leur source de vie ».

Malheureusement pour ce peuple, leur montagne est riche en bauxite, et l’entreprise Vedanta le sait. Cette entreprise est détenue par un milliardaire indien vivant à Londres. Cette entreprise veut creuser et exploiter une vaste complexe minier pour extraire de la bauxite des monts Niyamgiri, qui sont une montagne sacrée pour les Dongria Kondh.Ces derniers s’y sont opposés début 2008, au motif que la mine détruira à jamais une partie de leur territoire, notamment en asséchant ou dégradant deux fleuves importants et 36 rivières, mais surtout leur mode de vie. En 2008, de nombreux membres de la tribu ont manifesté leur opposition au projet et en juillet 2008, une partie de la tribu a bloqué une route traversant leur forêt vers la zone du projet de mine.

En août 2008, La Cour Suprême indienne a confirmé le droit du propriétaire à exploiter la montagne sacrée. Les Dongria Kondh ont annoncé vouloir déposer une nouvelle plainte contre la mine à propos de la violation de leurs droits culturels et religieux. Jitu Jakesika, leur porte-parole a dit mi-2008 : « Si la compagnie détruit notre montagne et notre forêt pour son seul profit, nous serons transformés en mendiants. Nous donnerons nos vies pour notre montagne ». L’association Survival a estimé que la décision du tribunal était « un coup foudroyant porté non seulement aux Dongria Kondh, mais aussi à tous les peuples indigènes de l’Inde. Le droit international et la Constitution indienne sont piétinés pour le seul profit d’actionnaires lointains », ajoutant que « les Dongria Kondh ne renonceront pas à leur terre et que Survival continuera à soutenir leur mouvement de résistance ». Le 1er août 2008, le Président de Vedanta a annoncé qu’il n’exploiterait pas la mine sans l’accord de la cour suprême d’Inde, ni sans l’accord des Dongria eux-mêmes, mais Amnesty International dénonce des pressions et menaces exercées à l’encontre des membres de la tribu, de la part des porteurs locaux du projet.

Leur espoir n’est peut-être pas vain, en effet l’Inde a souvent prouvé que son peuple pouvait changer des décisions prises par de grands financiers. Des villageois regroupés peuvent se révéler plus puissants que de puissants conglomérats. Il n’est donc pas ilusoir de supporter la lutte de ce peuple. Dans leur intérêt, mais aussi dans le notre puisque les Dongria représente nos origines. Dans une époque où les humains prennent à nouveau conscience qu’on ne peut agir sans la nature il est bon de garder ces exemples efficaces de vie respectueuse. Bien sûr je ne suggère pas que nous vivions nus dans la foret (quoi que) mais ce peuple est la preuve vivante de nos capacité à vivre de cette manière. De plus ces populations primaires indigènes sont en voie d’extinction dans le monde. Au même titre que pour nos animaux, il est important de ne pas détruire ce qui nous reste de naturel. Les peuples indigènes de notre planète sont notre richesse commune, bien plus que l’aluminium.
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Messagede Antigone le Dim 6 Déc 2009 11:54

Courrier International - 03 dec. 2009

Bhopal met ses maux en bouteilles

Pour les vingt-cinq ans de la catastrophe industrielle qui a touché la capitale du Madhya Pradesh, les Yes Men, professionnels britanniques du canular, ont lancé la “B’eau Pal”, une bouteille d’eau contaminée. Une façon satirique de dénoncer le comportement du groupe chimique Dow, qui refuse d’assumer ses responsabilités.

ette année, par un après-midi d’été, les consommateurs londoniens ont refusé des bouteilles d’eau distribuées gratuitement. C’est sans doute l’étiquette qui les a dissuadés : l’eau de B’eau Pal n’a trompé personne, même si elle venait d’une pompe manuelle du bidonville d’Atal Ayub Nagar, un quartier de Bhopal que personne ne connaît. Son étiquette annonçait en grosses lettres rouges la vérité sur le produit : “Les extraordinaires qualités de notre eau proviennent de vingt-cinq ans d'infiltrations de toxines sur les lieux du plus grave accident industriel de la planète.”

Les Londoniens ont naturellement dit non à l’eau de B’eau Pal, où des polluants comme le dichlorométhane, le tétrachlorure de méthane et le chloroforme étaient présentés comme des éléments “nutritifs”. Mais l’idée a permis d’attirer l’attention sur l’explosion de l’usine Union Carbide de Bhopal, dans la nuit du 3 décembre 1984. Un drame qui, depuis vingt-cinq ans, n’en finit pas d’agiter l’Inde.

Ceux qui luttent pour que justice soit faite en faveur des victimes de la tragédie de Bhopal ne se contentent plus d’organiser des sit-ins, de brandir des drapeaux noirs ou de brûler des effigies dans les rues de New Delhi ou de Bhopal. Leur combat s’internationalise. La B’eau Pal est le fruit de l’imagination délirante de deux Britanniques, professionnels du canular, qui militent contre le néolibéralisme. Mike Bonanno et Andy Bichlbaum, alias les Yes Men, ont lancé la B’eau Pal afin de dénoncer le refus persistant de Dow Chemical, qui a fusionné avec Union Carbide en 2001, d’assumer la responsabilité de la catastrophe. Pourtant, par cette fusion, Union Carbide est devenue une filiale à part entière de Dow. D’après les rapports d’Amnesty International, l’explosion, qui a dégagé 40 tonnes d’isocyanate de méthyle dans l’atmosphère et dans l’eau, a causé la mort de quelque 25 000 personnes.

Dow a toujours affirmé qu'elle n’était pour rien dans l’accident et que l’usine de Bhopal de la défunte Union Carbide appartenait maintenant aux autorités indiennes. La société a déclaré dans un courriel que, “même si Dow n’a jamais possédé ou exploité cette usine, nous – ainsi que l’ensemble du secteur – avons tiré les leçons de cet événement tragique et mettons tout en œuvre pour que de tels accidents ne se reproduisent plus”. Cette déclaration mentionnait également que “l’ancienne usine Union Carbide de Bhopal appartenait à Union Carbide India Limited (UCIL), une société indienne [mais filiale de la multinationale américaine Union Carbide Corporation]. Union Carbide a revendu ses parts à UCIL en 1994, et UCIL a été rebaptisée Eveready Industries India, qui reste aujourd’hui une importante société indienne.

De telles affirmations n’ont pas satisfait des militants comme Bonnano et Bichlbaum. En 2004, Bonanno, déguisé en PDG de Dow Chemical, annonce qu’il “accepte l’entière responsabilité de la catastrophe de Bhopal” en direct sur la BBC. En trois heures, la firme perd 2 milliards de dollars en bourse. Leurs nombreux canulars ont donné naissance à un film, The Yes Men Fix The World (TYMFTW) [Les Yes Men refont le monde], dont la première s’est déroulée en Grande Bretagne le 11 août, peu après le lancement de la B'eau Pal à Londres, et a décroché une récompense au Festival du film de Berlin. Emballé dans une jolie bouteille de verre orné d'un label ovale rouge rappelant le logo de Dow, l’eau de B’eau Pal est un symbole, explique Mike Bonnano, de l'étendue des dégâts, de la négligence des entreprises et de l'apathie générale. “La B'eau Pal traduit les effets tragiques de l'émission de gaz qui, vingt-cinq ans plus tard, continue de ravager les quartiers proches du site de la catastrophe de Bhopal. Elle symbolise aussi tout ce qui va mal dans le monde aujourd'hui, où le profit passe avant tout le reste”, commente Bonanno par téléphone depuis Londres.

Le lancement de l’eau B’eau Pal a par ailleurs coïncidé avec la publication d'un rapport de Sambhavna, une organisation caritative qui s'efforce d'aider et de réinsérer les quelque 100 000 rescapés de la tragédie. D'après ce rapport, à Bhopal, les nappes phréatiques, les légumes et le lait maternel sont contaminés par des quantités toxiques de nickel, de chrome, de mercure, de plomb et d'autres substances organiques volatiles. En outre, plusieurs bébés nés dans les villages environnants présenteraient de graves problèmes médicaux. Lorsque Sathyu Sarangi, de Sambhavna, s’est rendu en Ecosse plus tôt dans l'année, Bonanno, appuyé par le Bhopal Medical Appeal, autre organisation non gouvernementale, basée à Londres, est entré en contact avec lui au sujet de son projet de satire. Bonanno raconte qu'ils ont même apporté de la B'eau Pal au siège londonien de la Dow.

“Nous ne voulons pas que la question soit enterrée. La satire et les manifestations sérieuses sont les deux faces d'une même pièce. Elles ne peuvent exister l'une sans l'autre. A Bhopal, l’humour a peut-être été longtemps malvenu, mais il est plus que jamais d'actualité”, conclut Mike Bonanno. Grâce à cette agitation, les Yes Men et Bhopal bénéficient de davantage de soutien et d'attention. Mais le film n'a toujours pas eu de sortie officielle en Inde. Dans les communautés dévastées par la catastrophe, où s’activent les membres de l'organisation de Sarangi, personne ou presque n'en a entendu parler.


°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

A Bhopal, une catastrophe qui rapporte gros

L’explosion de l’usine américaine Union Carbide a dégagé dans l’atmosphère et dans l’eau 40 tonnes d’isocyanate de méthyle, ce qui a entraîné la mort d’au moins 25 000 personnes. Vingt-cinq ans après, la ville panse toujours ses plaies. Actuellement, 100 000 Bhopalis souffrent toujours de pathologies chroniques et d'handicaps contre lesquelles les traitements sont en grande partie inefficaces. Mais, pour certains, c’est un moyen de faire de très bonnes affaires.

Jahar Lal est né sur le bord d’une route dans la nuit du 3 décembre 1984, à Bhopal, pendant que sa mère fuyait les gaz toxiques. A son arrivée à l’hôpital, les médecins ont baptisé le nouveau-né Jahar, “poison” en hindi. Ce nom le rend célèbre : il attire dix à quinze personnes par mois dans son cabanon du basti [bidonville] d’Oriya, à Bhopal [capitale de l’Etat central de Madhya Pradesh].

Au cours des vingt-cinq dernières années, des touristes curieux et des journalistes du monde entier ont parcouru les bastis à la recherche d’histoires de survivants. Sanjay Verma, guide-interprète, accompagne une équipe de télévision étrangère dans Arif Nagar, un bidonville qui se trouve au bord de ce qui était le bassin d’évaporation de l’usine de pesticides d’Union Carbide [multinationale américaine qui est devenue une filiale de la société Dow Chemical le 6 février 2001].
Sanjay a perdu sept membres de sa famille dans la tragédie et a grandi dans un orphelinat de Bhopal. Il a appris tout seul l’anglais qu’il parle couramment et montre aujourd’hui aux visiteurs les sites associés à l’usine d’Union ­Carbide. Il guide environ cent touristes par an. C’est une bonne source de revenus pour lui. Il facture 700 roupies [12 euros] par jour, mais “les gens me donnent souvent bien plus”.

Pour chaque personne qui a souffert de l’explosion, il y en a une autre pour qui la catastrophe représente une occasion de faire de bonnes affaires. Les agences de voyages semblent avoir saisi l’opportunité. Quand je l’appelle, Raksh Chopra, de Radiant Travels, l’une des plus grosses agences de la ville, me dit qu’il peut facilement me trouver un guide. “Nous avons fait visiter ces sites à de nombreux touristes”, m’assure-t-il. Un guide coûte 1 750 roupies par jour [soit 30 euros].

Les plus gros bénéfices de cette “industrie” vont toutefois aux centaines de médecins douteux, les jhola chaap dans le jargon local, qui se sont installés sur Chhola Road, à un jet de pierre de l’usine. Dans cette rue, un établissement sur trois est une clinique. Celles-ci se disputent le trottoir avec les échoppes à thé, les boucheries et les épiceries. Amil Tiwari déclare être le seul médecin qualifié parmi les 85 qui exercent sur ce tronçon de 2 kilomètres. “Les médecins d’ici obtiennent un diplôme d’ayurveda [médecine douce qui se rapproche de l’homéopathie], car c’est facile à obtenir, mais ils prescrivent tous des traitements allopathiques [opposés à l’homéopathie]”, confie-t-il. La majorité des patients qui fréquentent ces cliniques semblent avoir les mêmes symptômes : difficultés respiratoires, douleurs, éruptions cutanées et troubles oculaires.“Ces charlatans gagnent chacun de 100 000 à 200 000 roupies [de 400 à 800 euros] par mois et ils bourrent leurs patients de stéroïdes”, s’insurge le Dr Tiwari.

Devant la Singhai Clinic, qui vante les services du Dr Singhai, licencié en ayurveda, un patient se plaint. Il me montre une ordonnance qui consiste en une série de codes que seul ­comprend le pharmacien de la clinique. Les médicaments qu’il tire d’un paquet en plastique sont allopathiques mais n’ont pas de nom. Les patients qui ont droit à un traitement gratuit dans les hôpitaux publics n’y vont pas car l’attente est longue et les formalités compliquées. K.K. Dubey, le directeur du Kamala Nehru Hospital, un établissement public destiné aux personnes affectées par le gaz, s’indigne : “Le gouvernement n’a rien fait pour contrôler ce genre de clinique.” La tragédie de Bhopal semble s’être transformée en petite entreprise. Et, à l’heure du vingt-cinquième anniversaire de la catastrophe, les bénéfices s’annoncent juteux.
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Re: Inde

Messagede Antigone le Ven 25 Déc 2009 14:05

Beaucoup de choses se passent en Inde depuis quelques mois.
La guerilla maoiste est active dans 16 des 28 Etats que comprend la fédération, et dont elle embrase les campagnes. Elle recrute chez les paysans sans terre, les aborigènes, les intouchables, les laissés pour compte de l'industrialisation forcenée. Elle leur promet une société sans caste et une terre à cultiver. L'armée indienne a déclenché il y a peu de temps une opération militaire de grande envergure pour tenter d'en venir à bout.

Je ne rapporterai pas les communiqués enflammés que l'on peut lire sur les sites maoistes. Jusqu'à présent, dans les médias français, ce conflit a été passé sous silence. Il est difficile d'obtenir des informations sur ce qui se passe réellement là-bas, à moins de plonger dans la presse anglo-saxonne.

En attendant, voici un article qui traite d'une pratique d'un autre âge qui, parmi plein d'autres, servent d'arguments à la rebellion maoiste pour renverser le gouvernement fédéral.

Cyberpresse - 24 dec 2009

Les Indiennes se rebiffent contre la collecte manuelle d'excréments

(Etawah, Uttar Pradesh) Bien qu'illégale en Inde depuis 1993, la collecte manuelle des excréments humains des membres de la communauté serait le lot de plus d'un million de femmes. Or, certaines d'entre elles se rebiffent. Elles sillonnent le pays pour réclamer la fin de cette tradition, nous raconte notre collaboratrice.

Discrète comme une ombre, le sari bleu délavé lui couvrant la tête, Prem Sheela longe d'un pas nerveux les allées étroites de son district de l'État central du Madhya Pradesh. Comme tous les matins de la semaine depuis 45 ans, la sexagénaire honore sa «responsabilité».
À l'aide d'un petit balai, elle ramasse dans son panier de bambou les excréments des résidants d'une cinquantaine de maisons des environs.

Prem Sheela est issue de la communauté des Balmiki, la plus basse sous-caste de la plus basse caste indienne, les dalits (intouchables). La mère de six enfants a été mariée à 8 ans, dans une famille dont les femmes pratiquent depuis des générations la tradition du nettoyage manuel des latrines. Elles récupèrent les matières fécales des latrines sèches du quartier pour les planquer dans un dépotoir avoisinant.

«La merde vous coule dessus»

«Au début, j'avais des nausées et j'étais malade à cause des odeurs», explique la veuve dont le mari, bon buveur, est mort d'une cirrhose du foie il y a 10 ans. Elle se plaint aussi de problèmes cutanés chroniques dus à sa collecte matinale. «Mais, le pire, c'est pendant la mousson, lorsque la merde vous coule dessus.»

Au cours des dernières semaines, une douzaine de nettoyeuses de latrines «libérées» - elles ont décidé d'accrocher leur panier, en dépit des menaces des membres des hautes castes - ont fait campagne dans 34 districts de quatre États du sous-continent. Leur but: convaincre Prem Sheela et ses homologues de faire de même.

À l'origine de la tournée, Ashif (qui utilise seulement son prénom en raison de la nature subversive de ses activités) est le coordonnateur de Garima Abhiyan, une organisation non gouvernementale faisant la promotion des droits des dalits.
«Le nettoyage manuel de latrines n'est pas un travail, martèle le bouillant trentenaire. C'est une forme d'esclavage, fondé sur la caste et le genre.»

Pratique interdite

Environ 95% des personnes qui assurent cette tâche ingrate sont des femmes. Les conditions d'hygiène dans lesquelles elles l'exécutent sont non seulement déplorables, mais dangereuses. Ni gants ni masques ne sont utilisés. Les excréments sont simplement couverts de cendre pour masquer l'odeur.

Et ces femmes gagnent un salaire de misère, de l'ordre des 400 roupies par mois (moins de 10$). Prem Sheela confie que les clients rechignent parfois même à verser ce qu'ils doivent ou insistent pour payer avec de vieux vêtements ou du pain indien.

Depuis 1993, la pratique est interdite par la loi en Inde. Mais l'organisation Garima Abhiyan estime qu'elles sont plus d'un million à récolter la crotte des autres pour une pitance. «Même le gouvernement emploie des dalits pour nettoyer les toilettes des stations ferroviaires», déplore Ashif.

Au cours de la campagne des dernières semaines, celles qui, malgré les pressions de la belle-famille et de la communauté, ont cessé d'être nettoyeuses de latrines se sont adressées aux autres qui le sont toujours.

La tresse aux fesses, le sari orange flamboyant, les mains peintes au henné, les bracelets clinquants et les bagues serties de fausses pierres aux orteils, Badambai a ainsi expliqué avec orgueil aux femmes assises en tailleur sur la natte en bambou qu'elle gagne 10 fois plus de roupies aujourd'hui comme travailleuse de la construction. Elle a ensuite fait une pause avant d'ajouter avec emphase: «Mais surtout, je marche la tête haute.»
Andrée-Marie Dussault
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Re: Inde

Messagede Antigone le Lun 8 Mar 2010 13:23

L'Inde est une mosaïque d'Etats, de cultures, de langues qui est aujourd'hui menacée d'implosion.

L'Inde, autrefois importateur de nourriture, dont la "révolution verte" dans les années 70 avait permis d'accéder à l'autosuffisance en céréales, s'inquiète du déséquilibre entre sa production agricole et la croissance de ses besoins, et se demande ni plus ni moins actuellement si sa sécurité alimentaire n'est pas en péril.

Les chiffres fournis par la Banque mondiale indiquent que la production de riz, aliment de base par excellence, ne représente qu'un tiers de celle de la Chine et environ la moitié de celle du Vietnam ou de l'Indonésie.
La production des autres biens agricoles (à l'exception toutefois de la pomme de terre, de la canne à sucre et du thé) est également en dessous de ceux de ses voisins. Or l'Inde et son 1,1 milliard d'habitants, d'où émerge depuis quelques années une large classe moyenne citadine, devrait devenir le pays le plus peuplé du monde d'ici 2050 selon le fonds des Nations unies pour la population (l'UNFPA).

Lentement mais sûrement, on voit se déssiner les prémisses d'une pénurie des denrées de base, comme les fruits ou les légumes, alors même que l'Inde dépend étroitement des marchés internationaux et des prix élevés sur ces marchés. Et la pire sécheresse depuis près de quarante ans consécutive à la médiocre mousson de l'été 2009 a encore fait empirer la situation.
Une bombe à retardement a été activée. Plus l'Inde peinera dans les prochaines années à nourrir son peuple et plus les risques de crise sociale et d'implosion avant 2020 seront à prendre au sérieux.

Mais autant que le problème alimentaire, une autre menace existe, qui concerne ses approvisionnements en matière première.
C'est ce problème qui est à l'origine de la guerre intérieure dite "anti-terroriste", menée certes contre les mouvements de guerrilla maoiste, mais aussi plus globalement contre les déclassés de ce pays.
Il est difficile d'avoir des informations sur les opérations militaires qui se sont intensifiées depuis quelques mois et qui opposent l'armée indienne à la guerilla maoiste. Voici tout de même un article qui, même s'il exprime un point de vue qui pourrait parfaitement s'intégrer dans un reportage de la BBC, il a le mérite de présenter les origines, les protagonistes et les enjeux économiques de ce conflit.
Une guerre commanditée par les compagnies minières pour expulser les populations tribales... (voir plus haut le premier post de ce topic)

In These times - 16 jan 2010

Le texte qui suit est extrait d’un plus long article "The Heart of Indien is Under Attack" (Le coeur de l’Inde est pris pour cible) qui a été publié en Grande-Bretagne dans The Guardian (journal conservateur).

Le Chemin des larmes indiennes (India's trail of tears)
par Arundhati Roy
, femme de lettres assez connue en Inde

Les basses collines au sommet plat du sud de l’Orissa étaient habitées par les Dongria Kondh bien avant qu’il n’y ait un pays nommé l’Inde, ou un état du nom d’Orissa. Les collines veillaient sur les Kondhs. Les Kondhs veillaient sur les collines et les adoraient comme des divinités vivantes. Aujourd’hui, ces collines ont été vendues pour le précieux bauxites qu’elles contiennent. Pour les Kondhs, c’est comme si dieu avait été vendu. Ils demandent combien dieu vaudrait si les dieux étaient Ram, Allah ou Jésus Christ.Peut-être que les Kondhs sont-ils supposés être reconnaissants que leurs Niyamgiri Hills (Collines Niyamgiri), domicile de leur Niyam Raja, Dieu de la Loi Universelle, ait été vendu à une société du nom de Vedanta (nom de la branche de philosophie hindou qui enseigne la Nature Ultime de la Connaissance). C’est une des plus grandes sociétés minières dans le monde, et elle est détenue par Anil Ayarwal, le billionnaire indien qui vit à Londres dans un château qui à un jour appartenu au Shah d’Iran. Vedanta n’est qu’une des nombreuses sociétés multinationales surveillant de près l’Orissa.Si les collines au sommet plat sont détruites, les forêts qui les habillent seront aussi détruites. Il en sera de même des rivières et des ruisseaux qui s’en écoulent et qui irriguent les plaines en dessous. Il en sera ainsi des Dongria Kondhs. Il en sera de même des centaines de milliers de tribaux qui vivent dans le coeur forestier de l’Inde et de ceux dont la patrie est attaquée de manière similaire.

Dans les villes enfumées et bondées d’Inde, certaines personnes disent « Et alors ? Quelqu’un doit payer le prix du progrès ». Certains disent même « Voyons les choses en face, ce sont des gens dont l’heure est venue. Regardez n’importe quel pays développé – Europe, Etats-Unis, Australie – ils ont tous un passé ». En effet, ils en ont un. Donc pourquoi ne devrions "nous" pas en avoir un ?

Conformément à cette ligne de pensée, le 3 décembre 2009, le gouvernement a déclenché l’Opération Green Hunt, une guerre prétendument contre les rebelles maoïstes dont les quartiers généraux se trouvent dans les jungles du centre de l’Inde. La guerre est programmée pour durer cinq ans et déploie jusqu’à 7000 troupes policières et paramilitaires.
Bien sûr, les maoïstes ne sont nullement les seuls à se rebeller. Il y a un ensemble varié de luttes dans tout le pays dans lesquelles les gens sont engagés – les sans-terre, les Dalits les sans-abris, les ouvriers, les paysans, les tisserands. Ils s’opposent au poids des injustices, y compris les politiques qui autorisent une grosse société à prendre la direction de la terre du peuple et de ses ressources.

Cependant, ce sont les maoïstes que le gouvernement a choisi comme étant la plus grande menace.
Il y a deux ans, quand les choses étaient loin d’être mauvaises comme aujourd’hui, le premier ministre Manmohan Singh a décrit les maoïstes comme ‘l’unique plus grande menace pour la sécurité interne’ pour le pays. Cela restera probablement dans les annales comme la chose la plus populaire et la plus souvent répétée qu’il n’ait jamais dite. Pour certaines raisons, le commentaire qu’il a fait au meeting des principaux ministres d’Etat en janvier 2009, quand il a décrit les maoïstes comme ayant seulement des "capacités modestes" ne semble pas avoir eu le même intérêt brut. Il a révélé la réelle inquiétude de son gouvernement plus tard cette année-là en juin, lorsqu’il a dit au parlement: « si l’extrémisme de gauche continue à prospérer dans les parties qui ont des ressources minérales naturelles, le climat pour l’investissement en serait certainement affecté ».

Les insurgés maoïstes

Qui sont les maoïstes ?
Ils sont membres du Communist Party of India – Maoist interdit, également connu comme le CPI-M, un des nombreux descendants du Communist Party of India – Marxist-Leninist (CPI-ML), qui a mené le soulèvement en 1969 et a été liquidé par le gouvernement indien par la suite. Les maoïstes croient que l’inégalité structurelle innée de la société indienne ne peut être réparée que par le renversement violent de l’Etat indien. Dans leurs avatars antérieurs tels que le Maoist Communist Center (MCC) dans le Jharkhand et le Bihar, et le People’s War Group (PWG) dans l’Andhra Pradesh, les maoïstes avaient un soutien populaire formidable. Lorsque l’interdiction les visant a été brièvement levée en 2004, 1,5 millions de personnes ont assisté à leur rassemblement à Warangal.

Leur intercession dans l’Andhra Pradesh s’est mal terminée. Ils ont laissé un héritage violent qui a transformé certains de leurs plus loyaux supporters en critiques sévères. Après un paroxysme de massacres et de contre-massacres tant de la police de l’Andhra Pradesh que des maoïstes, le PWG était décimé. Ceux qui ont réussi à survivre ont fui l’état d’Andhra Pradesh vers l’état voisin du Chhattisgarh, où, dans le coeur profond de la forêt, ils se sont joints à des collègues qui étaient déjà là depuis des décennies.

Peu d’étrangers ont une expérience de première main du mouvement maoïste dans les forêts. Un interview récent dans "Open", un magazine hebdomadaire indien, avec son haut dirigeant camarade Ganapathy (né Mupalla Laxman Rao) n’a pas fait grand chose pour changer les esprits de ceux qui voient les maoïstes comme un parti ayant une vision impitoyable et totalitaire qui ne supporte aucune dissidence que ce soit. Camarade Ganapathy n’a rien dit qui pourrait persuader la population que, si les maoïstes venaient à accéder au pouvoir, ils serainet préparés pour examiner convenablement la diversité presque folle de la société indienne en proie aux castes. Son approbation désinvolte des Liberation Tigers of Tamil Eelam (LTTE – Tigres de la Liberté du Tamil Eelam) du Sri Lanka était assez pour faire frissonner même les colonnes vertébrales les plus sympathiques, pas seulement à cause des manières brutales avec lesquelles les LTTE ont décidé de mener cette guerre, mais également à cause de la tragédie cataclysmique qui s’est abattue sur la population Tamoul du Sri Lanka, qu’ils affirmaient représenter, et dont ils doivent certainement prendre la responsabilité du sort.

Actuellement en Inde centrale, l’armée de guérilla maoïste est presque entièrement constituée de tribaux désespérément pauvres vivant dans des conditions de faim chronique que l’on peut associer avec celles de l’Afrique sub-saharienne. Il y a des gens qui, même après 60 ans de soi-disant indépendance de l’Inde, n’ont pas d’accès à l’éducation, aux soins de santé ou au redressement judiciaire. Il y a des gens qui ont été exploités sans pitié durant des décennies, constamment trompés par les petits hommes d’affaire et les prêteurs sur gage, les femmes violées par la police et le personnel du département forestier comme une question de droit. Leurs chemin de retour vers un semblant de dignité est en grande partie dû au cadre maoïste qui a vécu, travaillé et combattu à leurs côtés durant des décennies.

En 2008, un groupe d’experts nommés par la Planning Commission a soumis un rapport appelé ‘Les défis du développement dans les régions occupées par les "extrémistes". Il disait: « Le mouvement naxalite (maoïste) doit être reconnu en tant que mouvement politique disposant d’une base solide parmi les sans-terre, la paysannerie pauvre et les adivasis (peuple indigène d’Inde). Son émergence et sa croissance doivent être contextualisées dans les conditions sociales et l’expérience des gens qui en forment une partie. L’énorme fossé entre politique d’Etat et interprétation est une caractéristique de ces conditions. Cependant, son idéologie à long terme affirmée est en train de conquérir le pouvoir d’Etat par la force et dans sa manifestation au jour le jour, cela doit être fondamentalement vu comme un combat pour la justice sociale, l’égalité, la protection, la sécurité et le développement local ».

Un cri très éloigné de la "plus grande menace pour la sécurité interne" affirmé par le pays.
Le rapport de la Commission de Planification a ensuite conclu « Puisque les objectifs du mouvement sont politiques, il doit être examiné politiquement. La négociation est le seul instrument politique pour une telle réponse dans une démocratie ».
Personne n’a écouté.

Guerre à la "Sri Lankaise"

Dans le but de garder ses citoyens les plus aisés absolument hors de danger de ces personnes dangereuses, le gouvernement leur a déclaré la guerre. Une guerre qui, nous dit-il, pourrait prendre trois à cinq ans pour être gagnée. Etrange, n’est-ce pas, que même après les attaques de Mumbai en 2008, le gouvernement était prêt à discuter avec le Pakistan ? Mais lorsqu’il vient à mener une guerre contre les pauvres, il joue un jeu dur.

Il n’est pas suffisant que la police que la police spéciale avec des noms totémiques tels que Greyhounds, Cobras et Scorpions parcourt les forêts avec un permis de tuer. Cela ne suffi pas que la Central Reserve Police Force (CRPF – Réserve de la Force de Police Centrale), la Border Security Force (BSF – Force de Sécurité Frontalière) et le notoire Bataillon Naga aient déjà entraîné des dégâts et commis des atrocités excessives dans les villages forestiers éloignés. Ce n’est pas assez que le gouvernement soutienne et arme la Salwa Judum (Purification Hunt – Chasse de Purification), une ‘milice populaire’ d’auto-défense privée qui a tué, violé et brûlé tout le long de son chemin à travers le district du Dantewada, Chhattisgarh, laissant 300000 personnes sans-abris ou en fuite. Maintenant, en date du 3 décembre 2009, le gouvernement a entamé l’Opération Green Hunt.

L’Opération Green Hunt déploie la police frontalière indo-tibétaine et des dizaines de milliers de troupes paramilitaires. Elle mettra en place un quartier général et une brigade dans le district de Bilaspur (déplaçant neuf villages) et une base aérienne dans le district de Rajnandyaon (en déplaçant sept). Les hélicoptères de la force aérienne indienne ont reçu le droit de faire feu pour ‘l’auto-défense’ – un droit que le gouvernement refuse à ses plus pauvres citoyens.

Faire feu sur qui ? Comment les forces de sécurité seront-elles capables de distinguer un maoïste d’une personne ordinaire qui court à travers la jungle ? Les adivasis transportant les arcs et les flèches qu’ils ont transporté depuis des siècles sont considérés comme des maoïstes aujourd’hui. Les sympathisants maoïstes non-combattants sont-ils des cibles valides? Lorsque j’étais dans le Dantewada, le commissaire de police m’a montré les photos de 19 ‘maoïstes’ que ‘ses hommes’ avaient tué. Je lui ai demandé comment je devais dire qu’ils étaient maoïstes. Il a dit, « voyez m’dame, ils ont des médicaments contre le paludisme, des bouteilles de Detol, toutes ces choses de l’extérieur ».

Quel type de guerre l’Opération Green Hunt va-t-elle être ? Le saurons-nous jamais ? Peu de nouvelles sortent des forêts. Lalgarh dans le Bengale occidental a été barré. Ceux qui essayent d’y entrer sont battus et arrêtés. Et appelés maoïstes, bien sûr.

En l’espace de quelques heures le 17 mai 2009 dans le Dantewada, 500 forces de sécurité du gouvernement ont rasé hors de l’existence l’Ashram Vanvasi Chetan, un ashram de Ghandi. C’était le dernier avant-poste neutre avant le début de la zone de guerre, un endroit où les journalistes, les activistes, les chercheurs et les équipes d’enquête pouvait rester pendant qu’ils travaillaient dans la région.

Pendant ce temps, l’Establishment indien a déchaîné son arme la plus puissante. Pratiquement du jour au lendemain, nos médias intégrés ont substitués leurs source constante d’histoires plantées, étayées et hystériques à propos du ‘terrorisme islamique’ en histoires plantées, étayées et hystériques à propos du ‘terrorisme Rouge’. Au milieu de ce boucan, à la base, le cordon du silence est inexorablement resserré.

La "solution Sri Lanka" pourrait bien être dans les cartes. Ce n’est pas pour rien que le gouvernement indien a empêché un mouvement européen dans l’UN demandant une enquête internationale sur les crimes de guerre commis par le gouvernement du Sri Lanka durant sa récente offensive contre les Tigres Tamouls.

Le premier mouvement dans cette direction est la campagne concertée qui a été orchestrée pour transformer les multiples fomes de résistance survenant dans ce pays en un simple binaire de Georges Bush: "si tu n’es pas avec nous, tu es avec les maoïstes". L’exagération délibérée de la "menace" maoïste aide l’Etat à justifier la militarisation. Pendant que toute l’oxygène est dépensée par cette nouvelle "guerre contre le terrorisme", l’Etat utilisera l’opportunité pour éponger les centaines d’autres mouvements de résistance dans le coup de balais de son opération militaire, les traitant tous de sympathisants maoïstes.

Une fois la guerre commencée, comme toutes les guerres, elle développera une vitesse, une logique et une économie qui lui sera propre. Cela deviendra une manière de vivre, pratiquement impossible à inverser. Les policiers seront appelés à se comporter comme une armée, une machine à tuer impitoyable. Les paramilitaires seront appelés à devenir comme la police, une force administrative corrompue et bouffie. Nous avons vu que cela est arrivé dans les états du Nagaland, de Manipur et du Kashmir. La seule différence dans le ‘coeur’ sera qu’il deviendra très rapidement évident aux forces de sécurité qu’elles ne sont qu’un tout petit peu moins misérables que les gens qu’elles combattent. Avec le temps, la division entre la population et ceux qui font appliquer la loi deviendra poreuse. Les fusils et les munitions seront achetées et vendues. En fait, cela arrive déjà. Que ce soit par les forces de sécurité ou les maoïstes ou les civils non-combattants, les gens les plus pauvres mourront dans cette guerre de gens riches.

Métal précieux

Donc, de quelle sorte d’argent parle-t-on ?
Dans leur prochain livre "Hors de cette Terre: les Adivasis de l’Est de l’Inde et le Cartel de l’Aluminium" ("Out of this Earth: East India Adivasis and the Aluminium Cartelj"), Samarendra Das et Felix Pradel écrivent que la valeur financière des dépôts de bauxite rien que dans l’état d’Orissa est de 2,27 trillions de dollars (plus de deux fois le PIB de l’Inde). C’était au prix de 2004. Aujourd’hui, il serait d’environ 4 trillions de dollars. Au-delà de l’Orissa, augmentez ces 4 trillions de dollars pour inclure la valeur des millions de tonnes de minerai de fer de haute qualité des états du Chhattisgarh à l’ouest et du Jharkhand au nord, et les 28 autres ressource de minerai précieux, y compris l’uranium, le calcaire, le dolomie, le charbon, l’étain, le granit, le marbre, le cuivre, le diamant, l’or, le quartzite, le corindon, le béryl, l’alexandrite, le silice, la fluorine et le grenat. Ajoutez à cela les usines puissantes, les barrages, les autoroutes, les fabriques d’acier et de ciment, les fonderies d’aluminium et les autres projets d’infrastructure pour estimer l’ampleur de l’opération et le désespoir des parties prenantes. Souvent, si la compagnie minière en est une connue et reconnue, les chances sont que, même si le minerai est toujours dans la montagne, il aura déjà été échangé sur les marchés futurs.

Il y a des contrats sur chaque montagne, rivière et clairière de forêt. Nous parlons d’une ingénierie sociale et environnementale à une échelle inimaginable. Et la plupart de ceci est secret. Ce n’est pas dans le domaine publique. Nos chaînes d’informations 24h sur 24 qui sont tellement occupées à chasser les histoires macabres de la violence maoïste – et les créant quand la vraie chose s’épuise, semblent n’avoir aucun intérêt pour ce côté de l’histoire. Je me demande pourquoi ?

Peut-être est-ce parce que le lobby du développement duquel ils sont tellement sous l’emprise dit que l’industrie minière rehaussera le taux de croissance du PIB de façon spectaculaire et fournir de l’emploi à tous les gens qu’il déplace. Cela ne prend pas en compte les coûts catastrophiques des dégâts environnementaux. Mais même dans ses propres termes étroits, c’est tout simplement faux. La plupart de l’argent va sur les comptes en banque des sociétés minières. Un très petit pourcentage des personnes déplacées trouvent un emploi, et ceux là gagnent des salaires de misère pour un travail humiliant et éreintant. En nous affaissant à ce paroxysme d’avidité, nous soutenons l’économie d’autres pays avec notre écologie.

Quand l’échelle de l’argent impliqué est telle qu’elle est, les parties prenantes ne sont pas toujours faciles à identifier. Entre les PDG dans leurs jets privés et les misérables officiers tribaux de police spéciale dans les milices ‘populaires’ qui pour 2000 roubles par mois combattent leur propre peuple, violent, tuent et brûlent des villages entiers en s’efforçant de nettoyer la terre pour l’exploitation minière – il y a un univers entier de parties prenantes primaires, secondaires et tertiaires.

Ces personnes n’ont pas à exprimer leurs intérêts, mais ils sont autorisés à utiliser leurs positions et leurs missions de bons offices pour les encourager. Comment pourrons-nous jamais savoir quel parti politique, quels ministres, quels premiers ministres, quels politiciens, quels juges, quelles ONG, quels experts consultants, quels officiers de police, ont un intérêt direct ou indirect dans le butin? Comment saurons-nous quels journaux relatant la dernière "atrocité" maoïste, quelles chaînes de télévision "faisant un reportage directement depuis la base" – ou plus précisément, faisant un point de ne pas intervenir depuis la base, ou même encore plus précisément, mentant de manière flagrante depuis la base – sont parties prenantes.

Trop de questions à propos des conflits d’intérêt et de copinage restent sans réponse.
Que faut-il penser du fait que le ministre des Affaires Etrangères P. Chidambaram, le chef de l’Opération Green Hunt, était un administrateur non-exécutif de la compagnie minière Vedanta – une position de laquelle il a démissionné le jour où il est devenu ministre des Finances en 2004 ?
Que faut-il penser du fait que, lorsqu’il est devenu ministre des Finances, une des premières autorisations qu’il ait donné pour permettre l’investissement étranger direct, ait été à Twinstar Holdings, une compagnie basée à l’île Maurice, pour acheter des actions dans Sterlite, une partie du groupe Vedanta ?

Que faut-il penser du fait que, quand les activistes de l’Orissa ont déposé plainte contre Vedanta à la Cour Suprême d’Inde, citant ses violations des lignes directrices du gouvernement et mettant en avant que le Fond de Pension de Norvège avait retiré son investissement dans la société alléguant des flagrants dégâts environnementaux et des violations des droits de l’homme commis par la compagnie, le juge Kapadia ait suggéré que Vedanta soit remplacé par Sterlite ?
Et puis ait annoncé joyeusement lors d’une séance publique que lui aussi avait des actions Sterlite ? Il a donné l’autorisation de déforestation à Sterlite pour continuer son exploitation minière, malgré le fait que le propre comité d’experts de la Cour Suprême avait explicitement dit que la permission devait être refusée et que l’exploitation minière ruinerait les forêts, les sources d’eau, l’environnement et les vies et milieux de vie des milliers de tribaux qui vivent là.

Que faut-il penser du fait que juste au moment où le premier ministre Singh a commencé à appeler les maoïstes "l’unique plus grande menace pour la sécurité interne" (un signal que le gouvernement se préparait à s’attaquer à eux), le prix des actions de nombreuses compagnies minières de la région est monté en flèche.

Les sociétés minières ont désespérément besoin de cette guerre. Ils vont y trouver une fortune, un très grande fortune si les opérations de contre-insurrection du gouvernement indien expulsent avec succès les populations tribales qui ont jusqu’à présent réussi à résister aux tentatives pour les conduire en dehors de leurs terres ancestrales.
Mais que les coffres des compagnies minières débordent ou que l’Opération Green Hunt augmente simplement les rangs des maoïstes, cela reste à voir.
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Re: Inde

Messagede Antigone le Mer 10 Mar 2010 15:27

Democraty and class struggle blog, traduit par Futur rouge - 03 mar 2010

L’autre sens de Binayak – Répression et arrestations de militants des libertés civiles

Alors que continue l’offensive de sécurité du gouvernement contre les maoïstes, couplée avec des déclarations à ceux qui apportent leur soutien intellectuel aux insurgés pour condamner ses méthodes violentes et s’en dissocier, les groupes pour les droits civils et les citoyens affirment que ce sont eux qui ressentent la pression. Ils affirment que l’étiquetage d’une personne en tant que maoïste est de plus en plus utilisée comme une tactique par les agences de sécurité pour faire taire les voix démocratiques dissidentes et pour les empêcher d’évoquer les questions d’expropriations forcées des tribaux ou des agriculteurs vu que d’ailleurs, ce sont les mêmes questions dont s’occupent les insurgés d’extrême gauche.

Les groupes pour les droits humains travaillant dans les états touchés par les naxalites du Jharkhand, du Chhattisgarh et de l’Andhra Pradesh ainsi que dans l’Uttar Pradesh, Delhi et le Maharashtra déclarent que plusieurs de leurs militants sont appelés maoïstes et sont soit harcelés soit arrêtés. La dernière affaire de ce type, signalent-ils, est l’arrestation du membre exécutif du PUCL de l’état d’UP, Seema Azad.

«Il y a quelques temps, j’ai déposé une plainte pour Litiges d’Intérêts Publics à la Cour Suprême dans le but de diriger le gouvernement d’Etat à faire évacuer les forces de sécurité stationnées dans une cinquantaine d’écoles. Dans sa déclaration écrite sous serment, le gouvernement m’a collé l’étiquette de maoïste et a appelé le Committee for Release of Political Prisoners (Comité pour la Libération des Prisonniers Politiques) dont je suis membre, d’organisation de front des naxalites» affirme Shashi Bhushan Pathak, secrétaire de la section du Jharkhand de la People’s Union for Civil Liberties (Union Populaire pour les Libertés Civiles). Pathak a dit que l’argument de la police était qu’il était un des signataires de la pétition pour la libération d’une femme leader naxalite arrêtée par la Police du Jharkhand. «J’étais signataire, comme l’était Mallika Sarabhai et le juge Rajinder Sachar. Sont-ils naxalites comme moi ?» demande-t-il ?

Les groupes pour les droits civils du Chhattisgarh affirment que la police essaye de créer plus de sentiment de Binayak dans l’état. «Il y a plusieurs exemples de la police arrêtant les militants et les surnommant naxalites dans le Chhattisgarh. L’arrestation du réalisateur de documentaires Ajay TG, de l’avocat Satyendra Kumar Chombey et du journaliste Sai Reddy sont devant nous» a affirmé le syndicaliste et avocat des droits civils Sudha Bhardwaj au ‘The Indian Express’.

Le secrétaire général de l’Andhra Pradesh Civil Liberties Commission (Commission pour les Libertés Civiles de l’Andhra Pradesh) S Seshaiah a déclaré qu’un des co-secrétaires de la APCLC a été retenu en vertu de l’AP Public Security Act (Loi de Sécurité Publique de l’AP) et de la Unlawful Activities Prevention Act (Loi de Prévention des Activités Illégales) pour avoir protesté contre les viols de femmes tribales par le personnel des Greyhounds de l’AP engagé dans les opérations anti-naxalites. «Les incidents se sont produits à Visakhapatnam. Il a emmené les victimes à l’hôpital. Maintenant, il y a une plainte déposée contre lui et il est entré dans la clandestinité. Nous lui avons demandé de se rendre devant un tribunal local, mais il est confronté à la difficulté d’atteindre le tribunal vu que la police pourrait l’arrêter avant cela» a-t-il dit.

Même dans l’affaire d’Azad, le secrétaire du PUCL Chittaranjan Singh affirme dans son magazine ‘Dustak’ affirme qu’elle et son mari Vishwa Vijay sont devenus les victimes de la vendetta pour avoir révélé l’acquisition forcée de la terre par le gouvernement Mayawatti pour le projet du Ganga Expressway. A côté de ça, elle faisait également partie de l’effort de l’équipe du PUCL pour rassembler l’information à ce propos, protestait contre le meurtre d’une personne dans une rencontre à Sonebhadra et a élevé la voix contre la mafia minière dans les districts de Allahabad et Koshambi. Singh affirme «qu’il n’y a aucune preuve pour prouver qu’elle soit une maoïste».

Gautam Navlakha de la People’s Union for Democratic Rights (Union Populaire pour les Droits Démocratique) et GN Saibaba, qui est membre de plusieurs groupes pour les droits civils à Delhi sont d’avis que la police utilise des révélations "fabriquées" et des déclarations-confessions de soi-disant maoïstes qu’elle a arrêter pour harceler les militants des droits civils. «Malgré le fait que ces déclarations-confessions n’aient aucune valeur légale dans un tribunal, ces documents sont utilisés pour nous intimider» affirme Navlakha. Même dans la circonscription du ministre de l’Intérieur de Sivaganda, un homme a été arrêté et frappé d’une accusation de trahison pour avoir distribué des tracts qui soulevaient la question de savoir pourquoi un tribal devrait célébrer le Jour de la République alors que l’Etat ne lui a rien donné en 60 ans d’indépendance, a-t-il ajouté.
Rebecca M John affirme que les déclarations-confessions ou révélations sont devenues les ‘plus grandes blagues’ de l’Inde. «On fait signer les gens sur des papiers blancs, et plus tard, ces soi-disant déclarations sont ajoutées. Très souvent, ils sont obligés de signer sous la pression» a-t-elle dit.
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Re: Inde

Messagede Antigone le Jeu 11 Mar 2010 14:45

Le Monde - 10 mar 2010

En Inde, guerre des terres entre paysans et industriels

Les terres agricoles indiennes se transforment en champs de bataille : dans les Etats de l'Orissa, du Maharashtra et du Karnataka, des milliers de paysans se battent contre l'acquisition de leurs terrains par de grands groupes industriels. Les entreprises sidérurgiques Mittal et Posco attendent ainsi depuis cinq ans l'autorisation de construire des usines dans l'Orissa, à l'est du pays, et ont menacé, en janvier, de renoncer à leurs projets.

Dans le Maharashtra, la société indienne d'électricité nucléaire NPCIL n'est toujours pas parvenue, malgré des mois de négociation, à acquérir un millier d'hectares de terrains pour y construire des réacteurs nucléaires Areva. Selon un rapport publié par le gouvernement indien en 2009, près de 70 % des projets d'infrastructure sont retardés en raison de problèmes d'acquisition de terres.

Ces retards peuvent atteindre jusqu'à dix années, et auraient coûté plus de 100 milliards de dollars (74 milliards d'euros) d'investissements, selon une étude publiée en octobre 2009 par l'Association des chambres de commerce et d'industrie indiennes. Dans cette lutte que se livrent industriels et paysans, et dans un pays où les deux tiers de la population tirent leurs revenus de l'agriculture, le gouvernement fédéral peine à adopter une position claire et ferme.

La loi en vigueur date du temps de la colonisation britannique. Rédigée en 1894, elle autorise les Etats régionaux à acquérir des terres au nom de l'"intérêt général". Les pouvoirs publics ont usé de ce concept flou pour acquérir de force des terrains au nom des grands groupes industriels, sans toujours reverser des compensations adéquates à leurs propriétaires.

Depuis le conflit de Singur, au Bengale occidental, en septembre 2008, où de violentes manifestations avaient contraint Tata Motors à transférer la construction de son usine d'assemblage de la voiture Nano dans l'ouest du pays, les Etats restent sur leurs gardes, veillant à éviter de nouvelles confrontations. Le gouvernement du Bengale occidental s'est ainsi résolu à ne plus intervenir dans l'acquisition de terrains par des industriels. Les Etats régionaux préfèrent désormais se constituer progressivement des "banques de terres" - souvent non agricoles - pour tenter de retenir les industries.

Une nouvelle loi est pourtant en gestation. Mais voilà trois ans qu'elle prend la poussière dans les placards du Parlement indien, faute d'un soutien unanime des partis de la coalition au pouvoir. Le nouveau texte prévoit une diminution du rôle de l'Etat : une entreprise devra avoir acheté au moins 70 % des terres nécessaires à son projet pour que les pouvoirs publics exproprient la minorité récalcitrante. "Réunir les terres d'innombrables propriétaires n'est pas une tâche que le secteur privé peut conduire efficacement", regrette Rumjhum Chatterjee, du cabinet Feedback Ventures, qui estime que l'acquisition des terres doit relever du domaine public.

Mais l'Etat fédéral veut à tout prix éviter les conflits politiques. La bataille de Singur avait tourné à l'affrontement entre le parti du gouvernement régional, le CPI-M, et le parti d'opposition, le Trinamool Congress. Pris en étau, Tata Motors avait été incapable de négocier avec les paysans. "Or une entreprise a besoin de négocier, voire d'intéresser les propriétaires des terres à son projet, avant que le conflit ne soit récupéré politiquement", estime Runa Sarkar, professeur à l'Institut indien de management de Calcutta.

Certains craignent que le désengagement de l'Etat se fasse au détriment des paysans. "On sait tous que les grandes industries utilisent des hommes de main pour intimider les paysans et les forcer à signer les actes de vente. Les paysans sont vulnérables, souvent illettrés. Le gouvernement doit les protéger, en interdisant la vente de leurs terres", demande Rajagopal, leader du mouvement des sans-terre Ekta Parishad. Les partisans de Rajagopal s'inspirent de l'idéal du Mahatma Gandhi : celui d'une nation où les villages seraient autosuffisants et subsisteraient grâce à de petites industries artisanales.

Dans sa réforme de la politique d'acquisition des terres, l'Etat prévoit une meilleure indemnisation des propriétaires, mais également de tous ceux, comme les commerçants, dont les revenus sont issus de la présence des villageois.

Les populations expropriées devront être formées aux nouveaux emplois créés, et obtenir ceux-ci en priorité. Le montant des compensations sera fixé en fonction des transactions passées. "Mais pour échapper aux taxes, seule une petite partie du montant des transactions est déclarée, et les prix affichés du marché sont bien en deçà de leur valeur réelle", relève M. R. Madhavan, directeur de recherche au think tank PRS Legislative Research, basé à New Delhi.

Les agriculteurs pourraient exiger une participation au capital du nouveau projet industriel. Pranab Bardhan, professeur d'économie à l'université de Berkeley, en Californie, va jusqu'à prôner la création d'un fonds national constitué de participations dans tous les projets industriels utilisant des terres agricoles, fonds qui reverserait mensuellement des indemnités aux paysans expropriés.

Mais pour que les terres puissent être l'objet de transactions, encore faut-il un cadastre. "Or dans beaucoup de régions, les actes de propriété n'existent pas, ou alors seulement sur papier", souligne M.R. Madhavan. Le Karnataka a lancé un vaste programme d'informatisation des actes de propriété pour diminuer le nombre de litiges et cartographier les propriétés foncières.

D'autres Etats lui ont emboîté le pas, parfois en s'aidant d'images satellites. Ces cadastres devraient faciliter l'acquisition de terres, une fois la loi votée. Le ministre de l'industrie lourde a promis qu'elle serait présentée au Parlement dans les prochains mois.
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Re: Inde

Messagede Antigone le Jeu 25 Mar 2010 13:23

Hahahahaha !
Cette histoire a tout d'une fable.
Deux pays sont prêts à se déchirer pour un bout de terre, pour des pointillés sur une carte. On y envoie même des soldats pour y planter le drapeau national... et voila que l'eau engloutit tout.

AP - 25 mar 2010

Un îlot revendiqué par l'Inde et le Bangladesh disparaît

Durant trente ans, l'Inde et le Bangladesh se sont disputés la possession de New Moore - appelé "Talpatti du sud" par les Bengalis-, îlot de l'archipel de Sunderbans de 3,5 km sur 3 km.
La hausse du niveau de la mer causée par le réchauffement climatique a réglé le différend: l'îlot a disparu.

Il est désormais complètement submergé par les flots, a constaté l'océanographe Sugata Hazra, professeur à l'université Jadavpur à Calcutta. La disparition a été confirmée par des images satellites et des patrouilles de la marine.
Talpatti du sud/New Moore n'était pas habité, mais l'Inde avait envoyé des soldats sur l'îlot rocheux en 1981 pour y déployer le drapeau national.

"Ce que deux pays n'ont pas réussi à régler durant des années de conversations a été réglé par le réchauffement climatique" a ironisé Hazra.
Une autre île proche de New Moore, Lohachara, a été submergée en 1996. Les habitants avaient dû partir vivre sur la terre ferme.
Selon Hazra, dix îlots de l'archipel risquent de disparaître de la surface du globe.

Les scientifiques de l'école d'études océanographiques de l'université ont constaté une augmentation alarmante du niveau de la mer lors de la dernière décennie dans la baie du Bengale.
Jusqu'en 2000, le niveau de la mer augmentait de 3 mm par an. Lors de la dernière décennie, la hausse a atteint une moyenne annuelle de 5 mm.

Le Bangladesh, septième pays le plus peuplé au monde avec quelque 150 millions d'habitants vivant essentiellement dans un delta proche du niveau de la mer, est un des états les plus touchés par le réchauffement climatique.
Les autorités bengalis ont estimé que 18% des côtes seront submergés et que 20 millions de personnes devront être déplacés si le niveau de la mer augmente d'un mètre à l'horizon 2050 conformément aux prévisions des météorologistes.
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Re: Inde

Messagede Antigone le Sam 17 Avr 2010 16:09

AFP - 15 avr 2010

L'Inde a plus de téléphones portables que de toilettes

NEW DELHI - Les Indiens qui possédent un téléphone portable sont nettement plus nombreux que ceux qui ont accès à des toilettes, relève une étude des Nations unies portant sur les moyens d'améliorer les infrastructures sanitaires dans le monde.
Il y a en Inde 563,73 millions d'abonnés de téléphonie pour 1,2 milliard d'habitants. Mais seules 366 millions de personnes, soit 31%, avaient accès à des sanitaires corrects en 2008, souligne l'étude de l'université des Nations Unies, un établissement de recherche et de formation dépendant de l'ONU et de l'Unesco.

"C'est une ironie tragique de penser qu'en Inde, un pays aujourd'hui assez riche pour qu'environ la moitié de la population ait un téléphone portable, plus de la moitié ne peuvent pas s'offrir de toilettes, qui sont une nécessité fondamentale et une question de dignité", a commenté le directeur de cet organisme, Zafar Adeel.
Dans le monde, il faudrait investir environ 358 milliards de dollars d'ici 2015 pour atteindre l'objectif du Millénaire pour le développement des Nations Unies, visant à une réduction de moitié de la proportion de personnes vivant sans structure sanitaire décente par rapport à 2008.

Des infrastructures sanitaires décentes "permettraient, plus que n'importe quel autre investissement, de sauver des vies, spécialement celles des jeunes, d'améliorer la santé et d'aider l'Inde et d'autres pays dans une situation similaire à sortir de la pauvreté", selon M. Adeel.
Selon cette étude, la construction de toilettes revient à en moyenne 300 dollars, coût de la main d'oeuvre compris.
Chaque dollar dépensé dans les infrastructures sanitaires permettrait de gagner jusqu'à 34 dollars, notamment sur les dépenses de santé et la lutte contre la pauvreté, toujours selon M. Adeel.
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Re: Inde

Messagede Antigone le Jeu 22 Avr 2010 16:49

Il ne s'agit que d'une manifestation, pas d'une émeute de la faim, mais on s'en rapproche. Les prix des denrées alimentaires ne cessent d'augmenter depuis le début de l'année: et pas qu'en Inde...
Comme les prix des matières premières flambent eux aussi et accompagnent la pression inflationniste, il serait étonnant que ces manifestations restent contenues longtemps dans les limites souhaitées par les forces politiques et syndicales.

AFP - 21 avr 2010

Inde: des dizaines de milliers de manifestants contre la hausse des prix

NEW DELHI - Des dizaines de milliers de personnes ont défilé mercredi dans les rues de New Delhi pour protester contre l'envolée des prix des denrées alimentaires, une manifestation organisée par le principal parti d'opposition.

Dans une chaleur caniculaire, les manifestants, arrivés par bus et trains spéciaux, ont répondu en masse à l'appel du parti de droite Bharatiya Janata Party (BJP) pour dénoncer la valse des étiquettes, qui ont pris 17,2% en un an.
Depuis des mois, le parti du Congrès au pouvoir (centre gauche), dirigé par Sonia Gandhi, fait face à une pression croissante pour tenter d'enrayer la spirale inflationniste dans un pays où 370 millions d'habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté.

"Légumes, lentilles, sucre, tout est devenu trop cher, ce gouvernement doit partir", a lancé à la foule le secrétaire général du BJP, Vijay Goyal.
Les prix des aliments de base pour la population indienne de 1,1 milliard d'habitants se sont envolés à cause de la plus faible mousson en près de quarante ans l'an dernier.

Cette manifestation intervient au lendemain de la révision à la hausse des taux d'intérêt à court terme par la Banque centrale indienne, la deuxième en un mois, pour lutter contre l'inflation qui frôle un taux à deux chiffres, à 9,90%. Il s'agit de son plus haut niveau depuis 17 mois.
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Re: Inde

Messagede Antigone le Lun 26 Avr 2010 16:49

Aujourd'hui l'Inde - 26 avr 2010

Le mercure menace de faire sauter le thermomètre indien

La chaleur a prématurément étourdi l’Inde ce mois-ci, avec une moyenne de température avoisinant les 40°C. Une canicule qui inquiète à nouveau le pays après la sécheresse de l’été dernier.

Tous les moyens sont bons pour faire baisser la température L'Inde est sur le point de faire exploser son thermomètre. La population de New Delhi a sué sous 43,7°C le week-end dernier tandis qu'à Ganganagar (Rajasthan) les Indiens subissaient 47°C. C'est une température exceptionnelle de 5 à 6°C supérieure à la normale qui a envahi le pays au cours de ce mois d'avril, avec un pic de chaleur qui n'avait pas été atteint depuis 52 ans. Le mois dernier s'était déjà révélé le deuxième mois de mars le plus chaud depuis 1901 à Delhi, d'après l'India Meteoroligical Départment. Un bilan alarmant.

La chaleur a déjà fait 106 victimes en Inde, la majorité en Orissa. La mort de 60 habitants dans cet Etat de l'est de l'Inde, où la température a atteint les 46,2°C, a incité le gouvernement régional à fermer les écoles prématurément. La date des vacances scolaires d'été, initialement prévue du 1er mai au 16 juin, a été avancée au 20 avril.

L'action a été accueillie avec reconnaissance, comme le témoigne Sivani, un collégien à Bhubaneshwar (Orissa) dans The Times of India : « La chaleur est insupportable et le taux d'humidité nous rend la vie difficile. Nous ne pouvons pas rester dans nos maisons, alors comment pourrions nous étudier à l'école? Nous nous félicitons de cette décision ».

Si les populations peuvent encore se prémunir de la chaleur, la protection de leurs récoltes se révèle plus compliquée. « Il est prévu que l'Inde produise 82 millions de tonnes de blé, mais il pourrait y avoir une pénurie de 1 à 1,5 millions à cause de la vague de chaleur », indique Veena Sharma, secrétaire générale de la fédération Milliers de rouleaux de farine en Inde dans Gulf Times.

Même la nuit, la chaleur fait planer une ombre sur les productions agricoles, comme l'explique Said Jagdish K Ladha, de l'Institut International de recherches sur le riz: « Les basses températures ont un lien avec la fertilité du riz. Quand elles sont plus élevées que les températures nocturnes habituelles, les grains de riz ne sont pas correctement remplis, menant à une baisse du rendement ». Cette situation délicate pourra cependant être évitée si la mousson se montre clémente.

En se basant sur le phénomène El Niño, les scientifiques indiens estiment que la mousson devrait être normale cette année. Rupa Kumar Kolli, un expert du climat à l'Organisation Mondiale Météorologique, a indiqué dans Zenews que ce phénomène climatique, lié à un réchauffement anormal de l'océan Pacifique, était susceptible d'être neutralisé en mi-juin par un refroidissement de la température de la surface de la mer. Cette analyse est toutefois balayée par des chercheurs japonais qui sont persuadés du contraire et insistent sur le caractère imprévisible d'El Niño.

75% des ressources en eau apportées par les pluies sont actuellement en jeu. La mousson de l'année passée a été la plus basse enregistrée depuis 37 ans en Inde. Si ce scénario se renouvelle, cela pourrait être dramatique pour beaucoup de récoltes, qui dépendent directement des précipitations. A plus long terme, Il pourrait y avoir une répercussion sur les nappes phréatiques.

Autre dommage collatéral de la canicule qui contribue à renforcer le phénomène du changement climatique : la climatisation, dont l'utilisation excessive entraine de nombreuses coupures de courant dû à la surconsommation ainsi qu'un regain de pollution.
Ella Martin


On a récemment relevé à 400 millions le nombre de personnes qui vivraient en dessous du seuil officiel de pauvreté (17 roupies [0,29 euro] par jour en milieu urbain et 12 roupies [0,20 euro] en milieu rural).
Le chiffre donné par cette statistique très officielle peut sembler déjà énorme pour un pays classé comme "émergent" de 1,1 milliard d'habitants, mais tous les experts s'accordent à dire qu'il est largement sous-évalué. Si on relevait le seuil de pauvreté à 2 dollars, soit 90 roupies (1,50 euro) par jour, le nombre de "pauvres" dépasserait les 800 millions, près de 80% de la population.
Mais que vont valoir ces chiffres lorsque cette pauvreté endémique sera aggravée par l'effondrement annoncé du système de sécurité sociale ?

Dans l'Uttar Pradesh [Nord], des enfants mangent de la boue pour apaiser leur faim ; à Bolangir, dans l'Orissa [Sud-Est], des hommes et de femmes trentenaires meurent de malnutrition. Dans le Jharkhand [Centre], des enfants se nourrissent de baies sauvages et de fourmis rouges, leurs ventres sont gonflés par la maladie et, suivant une superstition tribale, on soigne la malnutrition en leur perçant l'estomac avec un poinçon chauffé à blanc.

On comprend que dans ces zones tribales où dominent la faim et le système des castes, l'exploitation de la forêt par les autorités locales et les sociétés minières ait créée un terrain favorable à la recrudescence de la guerilla maoïste. Ces derniers temps, ses embuscades ont fait des dégâts dans les rangs des forces de l'ordre (75 morts au début du mois à Chhattisgarh, dans le centre du pays).

On sait que le Sud de la Chine est en train de connaitre sa pire sècheresse depuis un siècle.
Si l'Inde devait subir une deuxième sècheresse de suite, cela entrainerait des conséquences sociales et économiques encore plus importantes que ce qu'on a pu constater cette année.
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Re: Inde - appel à la grève générale

Messagede hocus le Lun 17 Mai 2010 19:39

General strike in India planned over price rises


India's major unions have called for a nationwide general strike this September over numerous issues including the rising cost of living and demanding an improved social security net.

http://libcom.org/news/general-strike-i ... s-17052010

traduction google : http://translate.google.fr/translate?js ... l=en&tl=fr
hocus
 

Re: Inde

Messagede Antigone le Sam 22 Mai 2010 18:13

Hahahaha ! (A mettre en parallèle avec le message du 17 avril plus haut)

Hindustan Times - 21 mai 2010
Pour les anglophones: http://www.hindustantimes.com/rssfeed/i ... 46378.aspx

Les habitants de New Delhi vandalisent les installations des Jeux du Commonwealth

Tuiles et balustrades, éclairages fantaisie, toilettes spéciales, tout ce matériel qui doit servir à embellir la ville pour les Jeux du Commonwealth est devenu, littéralement, la propriété de tous. Tout dans les rues fait l'objet d'un pillage, et le Municipal Corporation de Delhi ne se résoud pas à tout voir disparaître.

Le matériel destiné aux chemins de randonnée est très coûteux. Une seule pierre en grès coûte 40 roupies. Tout comme les lampadaires dont le coût s'élève à 25.000 roupies chacun (environ 400 euros, ndlr). Tout est volé ou vandalisé.
"A Rajpur Road, un camion rempli de matériel de grès a été volé ... Le matériel est généralement laissé sur le site où le travail est fait", a déclaré le conseiller MCD Subhash Arya.

Les voleurs n'ont même pas épargné les urinoirs secs. Beaucoup ont été arrachés. Il manque même une cuvette de toilettes.
Fabriqués au coût de 4,5 lakhs chacun (9.000 euros, ndlr), les urinoirs sont équipés de bols avec une cartouche de produits chimiques spéciaux pour absorber les odeurs.

«Nous avons 1.000 urinoirs de ce type à installer. Mais à la vitesse à laquelle ils disparaissent, c'est devenu une cause sérieuse d'inquiétude ", a déclaré un fonctionnaire MCD.
"Nous ne pouvons pas engager un gardien pour chaque site. les gens doivent aussi nous donner un coup de main, après tout, c'est fait pour eux ", dit un autre fonctionnaire MCD HT.

La police de Delhi a déclaré que la surveillance des équipements n'était pas de son ressort. "Notre travail consiste à maintenir l'ordre. Mais si un tel incident survenait au grand jour, nous étudierions la possibilité d'enregistrer une plainte ", a déclaré le porte-parole Rajan Bhagat.
Neelam Pandey,
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Re: Inde

Messagede conan le Mar 25 Mai 2010 11:58

A quand une épreuve de prise au tas par équipe, entre deux épreuves de boulingrin ou de netball ? :D
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Re: Inde

Messagede Antigone le Mer 2 Juin 2010 17:11

Notre planète infos - 02 jun 2010
http://www.notre-planete.info/actualite ... s_Inde.php

Violences à l’encontre des tribus qui s’opposent aux multinationales opérant en Inde

Le mois dernier, la police a ouvert le feu sur des manifestants indigènes protestant contre une aciérie que Tata projette d'implanter sur leur territoire. Un homme a été tué et d'autres ont été blessés. Ces tragiques événements se sont déroulés dans la région de Kalinganagar, dans l'Etat d'Odisha (anciennement Orissa), en Inde.

Laxman Jamua, membre de la tribu munda, a été tué et au moins neuf autres personnes ont été blessées par la police et des milices privées qui ont ouvert le feu sur les manifestants qui protestaient contre le projet industriel et routier.

Le neveu de Laxman Jamuda, Chandramohan, a déclaré : "La police nous a attaqués et nous a chassés du village – tous, femmes âgées, enfants et petites filles, avons été battus. Mon oncle portait mon enfant dans ses bras. Il a été touché dans le dos et même ma petite fille a été atteinte sur la joue par les fragments d'un obus à balles shrapnel".

L'administration d'Odisha soutient activement les projets des compagnies telles que TATA, Vedanta et POSCO qui n'ont pas obtenu le consentement des communautés affectées par les opérations qu'elles mènent sur leur territoire.

Jema Kanaka, une femme qui a été agressée par la police en mai, a déclaré : "Un policier musclé s'est mis à hurler : « Détruisez toutes les maisons ! »... nous lui avons répondu que tout ce que nous possédions était là : nos maisons, nos foyers, nos fermes, nos jardins, nos familles... Le policier nous a alors nargués en nous traitant de misérables mendiants et nous a annoncé qu'il détruirait nos maisons coûte que coûte... Puis ses collègues nous ont attaqués de toutes parts et nous ont frappés sans merci".

Les tribus de la région de Kalinganagar sont fermement opposées au projet de TATA et y résistent depuis des années. En 2006, douze autochtones au moins avaient été abattus par des policiers qui avaient tiré sur la foule lors d'une manifestation. En mars dernier, la police et d'autres individus ont ouvert le feu sur le village tribal de Baligotha, blessant au moins vingt personnes. Des témoins ont affirmé que les maisons avaient été détruites et que du kérosène avait été déversé dans les puits d'eau potable.

La politique d'industrialisation de l'Etat suscite de grandes inquiétudes parmi la population locale qui est victime de mesures policières répressives. Dans le district de Jagatsingpur, des fermiers tentent de résister depuis cinq ans au projet métallurgique de POSCO. Le mois dernier, la police a démantelé une manifestation pacifique en faisant usage de gaz lacrymogène et de matraques.

La tribu des Dongria Kondh qui vit dans les collines de Niyamgiri en Odisha lutte également contre un projet minier planifié sur son territoire par la compagnie Vedanta Resources. Le gouvernement d'Odisha soutient cette companie en dépit de la ferme opposition de la tribu. La police a arrêté à plusieurs reprises les habitants de la région qui manifestaient contre le projet minier et la raffinerie – déjà opérationnelle – de Vedanta. Survival a également reçu des rapports indiquant que les opposants à la mine étaient victimes de manœuvres d'intimidation. Des représentants de Survival ont eux-mêmes été poursuivis et inquiétés lors d'une visite dans la région il y a six mois.

Survival craint que la situation ne s'envenime et ne dégénère en violences si le projet minier de Vedanta n'est pas arrêté d'urgence.
Stephen Corry, directeur de Survival, a déclaré : "La violence doit être stoppée. Les projets industriels à grande échelle imposés contre la volonté des peuples indigènes sont injustes et illégaux; ils ne peuvent qu'aboutir au désastre".

Aujourd'hui l'Inde - 02 jun 2010
http://www.aujourdhuilinde.com/informat ... 62.asp?1=1

L'Inde, confrontée à la rébellion maoïste, manque de policiers

Le ministre indien de l'Intérieur a estimé mercredi qu'au moins 335.000 postes de policiers étaient à pourvoir dans tout le pays, au moment où l'Inde tente de lutter contre la rébellion maoïste récemment accusée du déraillement mortel d'un train dans l'est.

Le pays manque de postes de police dans certaines régions aux prises avec les guérilleros d'extrême-gauche, a estimé le ministre P. Chidambaram, qui s'exprimait lors d'une conférence sur la sécurité dans l'Etat de Chhattisgarh (centre), où 76 policiers ont été tués dans une embuscade en avril.
"Il y a des postes de police où les fonctionnaires ne possèdent aucune arme de peur d'être pillés" , a-t-il souligné, ajoutant: "le nombre total d'emplois, tous grades confondus, est d'environ 2,1 millions et environ 335.000 postes sont vacants".

Le ministre, qui a injecté des dizaines de millions de dollars dans des programmes de réarmement des policiers luttant contre les maoïstes, fait face à une pression accrue pour déployer l'armée en soutien aux forces policières et paramilitaires.
La semaine dernière, le déraillement d'un train dans l'est de l'Inde, non revendiqué mais attribué par les autorités aux maoïstes, a fait 151 morts.

Pour tenter de déloger les rebelles de leurs bastions, le gouvernement sous la houlette du ministre de l'Intérieur a lancé cet automne une vaste opération dans six Etats impliquant quelque 60.000 membres des forces paramilitaires appuyées par la police locale. L'opération n'a jusqu'à présent pas réussi à mettre un terme à la spirale de violence.
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Re: Inde

Messagede Antigone le Jeu 17 Juin 2010 12:59

Corp Watch protesters in Eastern - 02 mar 2010
(rapporté par le FUC 16/06/2010)

Dans l'est de l'Inde, des protestataires se battent contre le géant minier Arcelor Mittal
par Moushumi Basu, traduit par Isabelle Rousselot

Dans les terres rurales et tribales de l'Inde orientale, des manifestants sont en guerre contre le géant mondial de la sidérurgie, Arcelor Mittal. " Nous sommes prêts à sacrifier nos vies, mais pas à céder un pouce de nos terres", crient les villageois. "La forêt, les rivières et la terre sont à nous. Nous ne voulons pas d'usines, ni d'acier ni de fer. Arcelor Mittal, va-t-en."

Arcelor Mittal se considère comme "le N°1 mondial de la sidérurgie " et ses revenus en 2006 s'élèvaient à 88,6 milliards de dollars. Opérant dans plus de 60 pays, il " a dirigé la consolidation de l'industrie sidérurgique mondiale et figure aujourd'hui comme le seul vrai aciériste d’envergure mondiale", d'après son site Internet.

C'est ici, dans les États riches en minerais du Jharkhand et d'Orissa qu'Arcelor Mittal envisage d'investir 201 milliards de dollars pour établir sa "présence indienne" avec deux usines capables de produire 12 millions de tonnes d'acier par an. Mais avant de s'installer, l'entreprise familiale doit d'abord acquérir la terre qui est l'héritage ancestral de milliers d'Indiens pauvres.

Dayamani Barla, une militante véhémente issue des communautés tribales, mène le mouvement du Jharkhand sous la bannière de l’Ashthitva Adivasi Moolvaasi Raksha Manch (AMARM, le Forum pour la protection de l’existence de la population tribale et aborigène). Elle a plaidé la cause de son peuple des villages de l'Inde rurale jusqu'aux centres de pouvoir européens (voir encadré).

Barla affirme que la Constitution indienne protège les "tribus répertoriées" / les Adivasi dans les régions concernées, en interdisant aux non-tribaux et aux groupes privés de céder ou d'acheter les terres tribales et les ressources naturelles.

Gumla et Khunti, les deux régions du Jharkhand concernées, sont habitées par les tribus Munda alors que le Keonjhar en Orissa est dominé par les tribus Gond, Munda, Dehuri et Saunti.

"Pour les communautés tribales, la terre n'est pas un bien à vendre mais c'est un héritage", déclare Barla la pasionaria. "Ils ne sont ni les maîtres ni les propriétaires, mais les protecteurs de ces terres pour les générations futures. Les ressources naturelles ne sont pas, pour nous, seulement des moyens de subsistance mais représentent aussi un symbole de notre identité, de notre dignité, de notre autonomie et de notre culture pour des générations."

La résistance déterminée menée ces cinq dernières années par les militants de l'AMARM dans le Jharkhand contre le groupe Arcelor Mittal semble avoir porté ses fruits. Le géant de l'acier a récemment décidé de se contenter d'un nouveau site dans les districts de Petarwar et de Kasmar dans la région de Bokaro du même État : « Le nouveau site se trouve à proximité de l'usine sidérurgique de Bokaro, propriété de la Steel Authority of India Limited, et nous avons discuté pour la première fois avec les villageois sur le site et nous avons reçu un accueil plutôt bon», a déclaré Vijay Bhatnagar, PDG d'Arcelor Mittal en Inde et en Chine.

Les militants ont accueilli ce transfert par une série de manifestations et d'actions. En octobre, Mittal Pratirodh Mamch (MPM : Plateforme d'opposition à Mittal) a organisé une énorme manifestation, avec de nombreuses banderoles et pancartes anti-Mittal, à Keonjhar dans l'État d'Orissa. Les militants affirment qu'en plus de déplacer un nombre massif de personnes, le projet proposé par Arcelor Mittal détruirait des forêts, des sources et des écosystèmes, mettant ainsi en danger l'environnement et l'économie de subsistance d'une communauté indigène dont la culture est ancrée dans l'agriculture et dans la forêt.

« Par exemple, notre lieu de culte, ou Sarna Sthal, est composé d'un bosquet d'arbres, sasandari, que nous considérons comme sacrés, et l'emplacement de notre village comprend des pierres érigées à la mémoire des ancêtres de notre clan», indique Barla. « Est-il possible de réhabiliter ou de compenser la terre de nos ancêtres ? »

La région de Keonjhar est riche en gisements de minerais de fer et en manganèse et contient 75 % des gisements en minerais de fer de l'Orissa. « Presque 10 000 personnes seraient déplacées et des fractions primordiales de terrains agricoles seraient supprimées... Pourquoi la société ne va pas plutôt s'installer sur des terres inutilisées, sans forêt ni agriculture, qui sont disponibles dans la région ? », demande Prafulla Samantra, une militante du MPM.

Un responsable de la société a une réponse toute prête : « Ces États sont fortement dotés en réserves de minerais et l'industrialisation est essentielle pour la croissance et le développement de la région», a-t-il déclaré sous couvert d'anonymat. « Par contraste, le potentiel agricole est peu important ici. Les zones qui ont été sélectionnées dans les deux États pour le projet l'ont été sur la base de considérations techniques comme la texture du sol, la disponibilité en eau, les perspectives d'amélioration des routes et la connectivité du réseau ferré, favorables pour l'usine. »

Le responsable a indiqué que les besoins des villageois étaient pris en compte. « Nous ne pouvons aller de l'avant sans faire de la population locale les partenaires de l'entreprise, en offrant des opportunités pour leur subsistance et leur croissance, à travers des emplois directs et indirects. » Il a indiqué que la société était désireuse d'instruire et de former des jeunes « en partenariat avec différents instituts technologiques dans l'État », et en intégrant des femmes dans les différentes activités financières « grâce à des groupes d'entraide. » « Même la partie illettrée de la population impliquée dans les travaux agricoles peut être formée à différents travaux non qualifiés. L'idée est de donner un nouvel essor à l'économie générale de la région. »

Mettre le territoire sous surveillance

Le président et PDG d'Arcelor Mittal, LN Mittal a depuis longtemps en projet de développer la production d'acier dans son pays de naissance. En octobre 2005, Mittal Steel Company N.V. et le gouvernement du Jharkhand ont signé un Protocole d'accord, préalable à la signature définitive d'un contrat (MoU) pour monter une usine de sidérurgie d'une capacité de production annuelle de 12 millions de tonnes d'acier, pour un investissement estimé à 9,3 milliards de dollars. En août 2006, Mittal Steel était racheté par son principal rival, Arcelor [une « fusion inversée », NdE] et la nouvelle entité signait un MoU similaire avec le gouvernement d'Orissa une année plus tard.

Les deux projets sidérurgiques présentés seraient créés en deux phases et permettraient de produire 6 millions de tonnes d'acier chacun, avec l'installation d'une centrale électrique captive. L'achèvement de la première phase est prévue dans les 48 mois à partir de la date de l'accord mentionnée sur le rapport de projet détaillé et la seconde phase, 54 mois après l'achèvement de la première phase.

Le méga-projet sidérurgique du Jharkhand requerra 4428 hectares de terre dans les régions de Gumia et Khunti et englobera 16 villages, selon les chiffres du ministère de l'Industrie de l'État.

Cependant, Barla ainsi que les villageois locaux, affirment que les chiffres cités ci-dessus « doivent être considérés comme un minima et une première estimation. Mais si l'usine est réellement installée, les besoins en terrains vont manifestement être multipliés pour le développement des infrastructures et des communes, etc.. En même temps, 30 à 40 villages seront probablement déplacés», et la terre pillée, «menaçant ainsi l'environnement et la source même d'approvisionnement alimentaire des aborigènes locaux.»

Les projets de 3 900 hectares conclus par Arcelor Mittal dans l'État d'Orissa s'étendent sur plus de 15 villages dans le district de Patna de la région de Keonjhar. Le site comprend des équipements pour fondre le charbon et produire l'acier ainsi que des aciéries et une centrale électrique de 750 Mégawatt. De plus, l'entreprise va explorer la possibilité d'installer une centrale électrique d'une capacité de 2 500 Mégawattsdans le Jharkhand et établir des habitations pour les employés et des infrastructures d'alimentation en eau.

Le gouvernement central a approuvé la requête d'Arcelor Mittal de louer 202 hectares des mines de fer de Karampada avec des réserves de 65 millions de tonnes, situés dans la réserve forestière de la région du Singbhum à l'ouest du Jharkhand. Les gisements y sont minéralisés et de très bonne qualité.

Jusqu'à présent, le refus par un nombre significatif d'agriculteurs et d'autres villageois dans le Jharkhand et l’Orissa de vendre leur terres, essentielles aux projets, a engendré des retards « inacceptables », a indiqué LN Mittal au Financial Times (Londres) en octobre. La population doit être « éduquée » pour comprendre et soutenir le bénéfice du développement industriel incluant le besoin de construire de nouvelles usines sidérurgiques sur des terres agricoles, a déclaré le PDG de Mittal. « Si nous ne progressons pas sur ces deux sites, il nous faudra abandonner l'idée de démarrer le projet à ces emplacements et chercher d'autres endroits en Inde pour notre développement."

Mais un jour après cet avertissement, le magnat de l'acier a publié une déclaration plus tempérée depuis son bureau de New Delhi : « Arcelor Mittal n'a aucunement l'intention de quitter l'Inde. L'Inde est un pays important pour la croissance de la demande en acier et représente une part importante des projets stratégiques à long terme. L'entreprise continue de travailler sur ces deux projets Greenfield dans le Jharkhand et l’Orissa. Cependant, si l'acquisition de terre continue à se révéler difficile, nous commencerons à chercher des sites alternatifs en Inde. »

Le chef du gouvernement local d'Orissa, Naveen Patnaik s'est étonné de l'avertissement de Mittal. « Je n'ai pas reçu d’information de la sorte provenant de la société», a-t-il indiqué à une agence de presse indienne. « Je crois que l'acquisition des terres pour le projet de cette entreprise est en cours. Nous faisons notre possible pour faciliter le projet (et) nous souhaitons régler le problème d'acquisition des terrains à l'amiable et dans une satisfaction mutuelle avec les villageois. »

Le secrétaire du gouvernement d'Orissa, le Dr. AMR Dalwai a indiqué que tant qu'aucune terre n'est attribuée à la société, le processus suivra son cours. La société a eu des réunions avec les Gaon Sabhas (les assemblées de village) dans huit villages et il en sera de même bientôt pour les sept villages restant. Ces assemblées ont légalement pour tache de sauvegarder et préserver les traditions et coutumes du peuple, leur identité culturelle, les ressources communautaires et leur manière coutumière de résoudre les litiges.

Les responsables du Jharkhand ont réagi différemment. Le gouverneur K. Sankaranarayanan a préconisé le dialogue entre l'entreprise et les villageois "qui possèdent la terre et qui doivent déjà accepter de s'en séparer", a-t-il souligné. "Si l'entreprise décide de se relocaliser dans un autre site, que puis-je y faire ? L'État n'y perdra pas ; d'autres sont prêts à intervenir."

Cependant, lors de récents développements, le PDG Vijay Bhatnagar, avec le membre du groupe de direction, Sudhir Maheshwari et le vice-Président, MP Singh, ont rencontré le nouveau gouvernement du Jharkhand, dirigé par le Premier ministre Shibu Soren : "Nous sommes venus réaffirmer notre engagement, nous sommes déterminés à poursuivre le projet dans l'État pour lequel le soutien du gouvernement de l'État est demandé. Le Ministre principal a promis tout son soutien au projet," a indiqué Bhatnagar.

Entre-temps, les militants de l'AMARM dans le Jharkhand se battent bec et ongles contre le projet. En octobre, non découragés par une pluie battante, des milliers d'hommes et de femmes se sont rassemblés au quartier général de la région sur le site prévu de Gumla. Ils étaient armés des traditionnels arcs et flèches, et portaient des balais, des faucilles, des batteurs à grain et des tangi (machettes). Sur les pancartes et banderoles qu'ils brandissaient, on pouvait lire "Mittal va-t-en".

Les villageois manifestaient contre la vente de 512,5 hectares de terre appartenant soi-disant au "gouvernement", pour laquelle l'entreprise a déjà payé 80 % du coût (12,39 crores soit 2,8 millions de $) à l'administration de la région. Les villageois ont appelé à l'annulation immédiate de l'acte de vente, soutenant que la terre comprend des ressources naturelles appartenant à la communauté comme les rivières, les ruisseaux, les forêts et les collines qui permettent à une dizaine de villages de vivre dans la région.

Malgré le peu de chance qu'ils ont de gagner la partie, les locaux gardent espoir de conserver leurs terres ancestrales. "Les manifestations des villageois restent présentes à l'esprit", a indiqué le chef de l'administration de Gumla, Rahul Sharma, " la question est désormais en instance de la décision du commissaire divisionnaire mais jusqu'à présent, aucune terre n'a été attribuée à Arcelor Mittal."
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Re: Inde

Messagede Antigone le Sam 19 Juin 2010 12:25

L'Inde pourrait devenir bientôt un pays agité.
L'inflation qui vient de dépasser les 10% pourrait indiquer que des bulles spéculatives sont en train de se former.
Cette inflation associée aux relèvements incessants des taux d'intérêt effectués depuis le mois de mars par la Banque centrale pourrait montrer que la surchauffe tant redoutée de l'économie indienne serait difficile à endiguer, et ce alors même que la croissance chinoise devrait connaitre un ralentissement durant le second semestre si l'on en croit le quotidien China Securities Journal de ce jour citant un dirigeant de la Banque centrale chinoise.
Enfin quand les analystes s'en remettent à la pluie, c'est qu'ils ne maitrisent plus grand chose. Depuis le début du printemps, dans la région de Delhi, la plus tempérée et la plus riche d'Inde, la chaleur est accablante; la température dépasse quotidiennenement les 40°. Cela pourrait avoir de graves répercussions sur les récoltes et le prix des denrées alimentataires.
Je ne serais pas surpris si le pays était agité dans un proche avenir par une vague de mouvements sociaux.

AFP, France24 - 14 jun 2010
http://www.france24.com/fr/20100614-ind ... bolique-10

Inde: l'inflation en mai, sur un an, franchit le seuil symbolique des 10%

L'inflation en Inde a franchi le seuil symbolique des 10% en mai sur un an, à 10,16%, selon les données officielles publiées lundi, alors que le gouvernement tente depuis des mois de lutter contre l'envolée des prix des denrées alimentaires.

L'indice des prix de gros, qui sert de mesure à l'inflation, est supérieur au consensus d'analystes établi par Dow Jones qui tablait sur une inflation de 9,59%, soit la même qu'en avril.
Le gouvernement a par ailleurs révisé à la hausse le taux d'inflation du mois de mars sur un an, qui passe de 9,9% à 11,04%.
Hors chiffres révisés, l'inflation en mai sur un an est la plus élevée depuis 18 mois.

Selon des analystes, la Banque centrale devrait de nouveau augmenter ses taux d'intérêt de 25 points de base, sans forcément attendre la prochaine réunion sur la politique monétaire fixée le 27 juillet.
"Nous nous attendons à ce que la Reserve Bank of India (RBI) agisse immédiatement pour enrayer les pressions inflationnistes", a commenté Rupa Rege Nitsure, économiste en chef à la banque publique Bank of Baroda.
Cette année, la Banque centrale a déjà relevé deux fois de 25 points de base les principaux taux d'intérêt, en mars et en avril.
Le taux auquel elle prête aux banques commerciales est actuellement de 5,25% (taux repo) et celui auquel elle emprunte aux banques est de 3,75% (taux reverse repo).

Lors de la dernière réunion de politique monétaire de l'organisme en avril, le gouverneur Duvvuri Subbarao avait indiqué que de "petits pas" devraient être faits plusieurs fois pour réduire la pression sur les prix, et notamment entre les réunions officielles.
La Banque centrale table sur un taux d'inflation de 5,5% d'ici la fin de l'année budgétaire s'achevant fin mars 2011.

Le gouvernement de centre-gauche, conduit par le parti du Congrès de Sonia Gandhi, est sous pression depuis des mois pour lutter contre la hausse des prix en particulier ceux des denrées alimentaires.
Les prix des céréales, du riz, des lentilles et du sucre --des aliments de base pour la population indienne de 1,1 milliard d'habitants-- se sont envolés à cause de la plus faible mousson en près de quarante ans, l'an dernier.

Les analystes jugent que la Banque centrale va attendre le début des pluies de la mousson, qui débute en juin et se termine en septembre, pour voir si les précipitations permettront de faire diminuer le prix des denrées alimentaires.

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Actu Finance - 31 mai 2010

l'Inde au bord de la surchauffe

La croissance économique s'accélère en Inde. Au cours du premier trimestre 2010, clos fin mars, le produit intérieur brut du sous-continent a augmenté de 8,6% après une progression révisée de 6,5% lors du trimestre précédent, selon l'office des statistiques ce lundi. Un chiffre en ligne avec les attentes du consensus Bloomberg.

"La plus grande menace en Inde est l'inflation et le risque de surchauffe de l'économie", explique à Bloomberg, Kevin Grice, économiste chez Capital Economics à Londres. "Ceci, à la fin, va obliger la Banque Centrale Indienne à remonter agressivement ses taux directeurs, ce qui entraînera inévitablement une croissance beaucoup plus faible par la suite."

La Banque centrale indienne avait déclaré le 19 mai qu'elle allait relever ses taux de manière prudente, alors que le taux d'inflation des prix de gros dépasse les 9,5%.

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Money week - 17 jun 2010

Alertes sur les prix des matières premières agricoles

Flambée des prix des matières premières agricoles, émeutes de la faim, tout cela semblait être derrière nous. Les prix des denrées alimentaires ont en effet retrouvé des cours plus normaux au cours de la crise, certains même se sont effondrés, ce qui a eu pour conséquence de dramatiquement faire chuter les revenus des agriculteurs, certains produisant à perte.

Les problèmes de ces derniers nous ont fait oublier que nous n’étions pas à l’abri d’une hausse des cours. Pourtant, un rapport de l’OCDE et de la FAO (Organisation pour l’agriculture et l’alimentation), publié cette semaine, alerte sur un probable retour d’une poussée des prix de l’énergie. Or, comme ils l’expliquent, cette hausse entraînerait un report sur les biocarburants, et donc une hausse des prix des denrées agricoles, dépassant les seuils observés entre 1997 et 2006. Bref, un scenario que nous avons déjà connu, et qui s’accompagnera sans doute également d’une forte volatilité des cours. Le pire semble donc à venir.
Ingrid Labuzan
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Re: Inde

Messagede Antigone le Dim 11 Juil 2010 10:19

Le couvre-feu instauré au Cachemire, les revers essuyés contre la guerilla maoïste, le renchérissement des prix et la sècheresse provoquent des manifestations qui pourraient fort bien dégénérer en émeutes; l'hypothèse d'un éclatement de l'Etat fédéral est ouvertement évoquée pour les prochaines années. Le tout est de savoir si la révolte sociale portée par tous les exploités réussira à prendre le pas sur les revendications nationalistes, autonomistes, indépendantistes, populistes...

RFI - 05 jul 2010
http://www.rfi.fr/asie-pacifique/201007 ... ix-essence

Grève générale en Inde pour protester contre la hausse du prix de l'essence

NEW DELHI - De nombreux vols ont été annulés ce lundi 5 juillet 2010 en Inde. Beaucoup de chauffeurs routiers n'ont pas pris le volant non plus à cause d'une grève générale de 24 heures à l'appel de l'opposition pour protester contre la hausse du prix du carburant. Selon la confédération de l'industie indienne, la grève a un impact significatif sur le commerce et les affaires qui est estimé pour cette seule journée à plus de 640 millions de dollars.
Vols annulés, trains immobilisés, écoles et commerces fermés… De nombreuses régions indiennes étaient totalement paralysées ce lundi 5 juillet, en raison de l’appel à la grève générale, lancé par l’opposition, pour protester contre la hausse du prix de l’essence.

Afin de maîtriser son déficit budgétaire, le gouvernement dirigé par Manmohan Singh a en effet annulé la semaine dernière, les subventions jusqu’ici en vigueur, ce qui se traduit par une augmentation de près de 7% des prix à la pompe.
D’une même voix, les nationalistes hindous du BJP et les communistes, réclament donc l’annulation de cette mesure d’austérité, accusant le gouvernement d’ignorer le sort des citoyens déjà pris à la gorge par un taux d’inflation qui dépasse actuellement les 10%.

La grève générale a cependant été bien plus suivie dans les Etats qui sont aux mains de ces partis d’opposition que dans les autres, car si la plupart des Indiens sont évidemment mécontents de la hausse des prix, beaucoup considèrent ce type de grève comme un obstacle supplémentaire à leurs efforts pour joindre les deux bouts.
Le gouvernement, en tout cas, n’a pour l’instant pas prévu de faire marche arrière.
Pierre Prakash

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Ajourd'hui l'Inde - 05 jul 2010
http://www.aujourdhuilinde.com/actualit ... 97.asp?1=1

La grogne des Indiens monte avec le prix de l’essence
par Esther Oyarzun

Des avions cloués au sol, des magasins fermés, des taxis à l'arrêt et des manifestants qui battent l'asphalte défoncé des grandes villes indiennes. En colère contre la hausse des prix de l'essence, les Indiens se révoltent contre le gouvernement.

New Delhi tente vainement de réduire le déficit qui a désormais atteint un chiffre jamais vu depuis seize ans. Mais ces mesures restent impopulaires. La hausse des prix de l'essence ne va rien arranger à l'inflation à deux chiffres et la population indienne a décidé de paralyser le pays pour montrer son mécontentement.

"Les marchés et les écoles sont fermés, les bus ne passent pas, les trains sont à l'arrêt et les bureaux sont déserts pour la plupart", a expliqué Nilotpal Basu, le leader du Parti Communiste indien "Les gens veulent crier leur colère". Le pays a cependant été inégalement touché, et certaines régions n'ont été que très peu affectées par cette grève générale.

L'opposition nationaliste hindoue du Bharatiya Janata Party (BJP) et les partis communistes, ont appelé le pays tout entier à 12 heures d'arrêt de travail pour protester contre la décision du Premier ministre Manmohan Singh d'abandonner les prix du pétrole au marché la semaine dernière.
"Les partis d'opposition vont monter une énorme offensive et les gouvernement va devoir faire face à des manifestations et des contestations répétées au parlement", a affirmé Bhanumurthy, un économiste à l'Institut National des Finances et des politiques publiques.
Le ministre des Finances Pranab Mukherjee a déclaré dimanche qu'il n'était pas question de faire machine arrière sur la hausse des prix de l'essence même si cela devait exacerber l'inflation. L'Inde a libéré l'essence des prix institués par l'Etat le mois dernier, et a augmenté les prix des autres carburants.

Le pays a en effet été fortement perturbé par la grève: l'aéroport de Kolkata (un des bastions de la gauche) est fermé, tandis que 86 vols ont été annulés à Mumbai.
A Bangalore, les groupes informatiques Infosys Technologies et Wipro, respectivement les deuxièmes et troisièmes exportateurs du pays, ont fermé leurs bureaux, puisque que les ouvriers n'ont pas pu se rendre au travail. Les mines de charbon de Talcher dans l'Etat d'Orissa (est) sont également fermées, rapporte le Bloomberg Business. A Mumbai, la capitale économique, les industries pharmaceutiques Sun et Glenmark ont demandé à leurs salariés de ne pas venir travailler aujourd'hui.
A New Delhi, les leaders du BJP ont tenu un rassemblement au marché de Chandni Chowk, et les rames de métro ont été bloquées à certaines stations. Les compagnies aériennes privées ne vont pas recommencer leur service avant 18h.
Au moins vingt millions de litres d'essence n'ont pas pu être livrés, bloqués au Maharashtra (ouest) étant donné que les groupes pétroliers n'ont pas pu acheminer l'essence jusqu'aux stations.

Plusieurs leaders de l'opposition ont été arrêtés à New Delhi. Nitin Gadkari, le président du BJP, Rajnath Singh and Sharad Yadav ont été interpellés dans le Old Delhi lors d'une manifestation à Chandni Chowk. Les militants du BJP ont bloqué la circulation, le train dans certains endroits de la capitale. Dans l'Uttar Pradesh, à Lucknow, les présidents du BJP Surya Pratap Shahi Jaitley and Naqvi ont aussi été emmenés au poste.
Le BJP paraît globalement satisfait de cette journée d'action : "la grève a été un succès d'après ce que nous avons pu constater", s'est félicité son porte-parole Nirmala Sitharaman, d'après l'Hindustan Times.
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Re: Inde

Messagede Antigone le Dim 18 Juil 2010 10:57

AP, News yahoo - 13 jul 2010
http://qc.news.yahoo.com/s/capress/1007 ... conflits_1

En Inde, le développement génère des conflits fonciers
par Erika Kinetz (The Associated Press)

SANAND, India - Jaisar Khan Pathan est un des grands gagnants du développement économique en Inde: avec ses trois frères, ce paysan a vendu à prix d'or un terrain pour le site de production de la Nano, l'auto la moins chère du monde. Mais l'industrialisation s'accompagne d'une réalité moins brillante: des conflits fonciers, qui attisent une insurrection maoïste dans les régions les plus pauvres.

Autour de l'usine Tata, qui produit la petite voiture à bas coût à Sanand dans l'Etat du Gujarat (ouest), certains évoquent un "effet Nano". Vingt-cinq nouvelles maisons sont sorties de terre dans le village de Chharodi, à 15 minutes de l'usine.
Selon Tata, 95% des 2.400 employés de l'usine sont des habitants de la région. Le chef du village précise qu'une trentaine des 3.000 habitants de Chharodi ont été embauchés pour des emplois créés indirectement par l'usine.

Les prix des propriétés ont augmenté de 50% à 400%, et certains font fortune en négociant des transactions foncières. Les autorités ont acheté à Jaisar Khan Pathan et ses trois frères un tiers de leur exploitation agricole pour le site de la Nano. Ils en ont obtenu 20 millions de roupies (344.000 euros), une fortune même au Gujarat, l'un des Etats les plus riches du pays.

Avec l'argent, les frères Pathan ont acheté 2,7 hectares de terre -deux fois plus que la taille initiale de leur exploitation-, sept tracteurs et trois jeeps, qu'ils utilisent pour des travaux de sous-traitance sur le site Nano qui leur rapportent 455.000 roupies (7.821 euros) par mois. Ils reconstruisent également le domicile familial.

L'"effet Nano" sur l'économie locale s'explique en partie par le souci du Gujarat d'éviter les conflits. L'usine et un parc de vente adjacent s'étendent sur 445 hectares, qui appartenaient pour l'essentiel à une université agricole publique. Seulement sept familles ont vendu des terrains pour permettre la construction d'une route d'accès.

Reste que de puissantes multinationales se retrouvent régulièrement embourbées dans des conflits fonciers en Inde. Des manifestations de paysans, conduites par des responsables politiques de l'opposition, ont par exemple contraint Tata Motors à renoncer à implanter l'usine Nano au Bengale-Occidental, retardant de près de deux ans la production à grande échelle de la petite voiture.

Même le Gujarat, qui est réputé offrir des conditions favorables aux entreprises, est vulnérable à ces disputes. Des paysans de la région s'opposent à une cimenterie, qui selon eux les prive d'une source d'irrigation cruciale. Un projet de centrale nucléaire se heurte à l'hostilité d'habitants car il entraînerait le déplacement de 10.000 familles. D'autres protestent contre la création envisagée d'une zone économique spéciale qui détruirait 3.000 hectares de mangrove.

Trop souvent, les paysans dont les terres sont achetées pour des sites industriels dépensent rapidement cet argent et peinent ensuite à gagner leur vie. "L'indemnisation sert habituellement à consommer. En un rien de temps l'argent est dépensé", souligne Nayan Raval, de la Société de développement industriel du Gujarat. "Seulement quelques paysans éclairés l'investissent."

Biswajit Mohanty, un activiste social de l'Orissa (est), souligne que dans les régions les plus pauvres, les règles d'acquisition foncière favorisent des entreprises, en général des conglomérats miniers, qui obligent souvent les paysans à céder leurs terres pour une bouchée de pain. "Dans la plupart des cas, les autorités ne suivent pas la procédure et les conseils de village sont manipulés ou font l'objet de menaces", précise-t-il.

La colère face aux expropriations nourrit une insurrection maoïste violente. Qualifiée par le Premier ministre Manmohan Singh de plus grande menace intérieure, la rébellion a fait 908 morts en 2009, et a été pointée du doigt dans le déraillement d'un train qui a coûté la vie à 145 personnes en mai dernier.

"La terre est une ressource finie", note Arvind Agarwal, directeur de la Société du développement industriel du Gujarat. "Soixante pour cent des Gujaratis et 70% des (Indiens) en dépendent. Il faut répondre à leurs aspirations."
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Re: Inde

Messagede spleenlancien le Mar 24 Aoû 2010 12:43

Aujourd'hui l'Inde a écrit:Allant dans le sens des recommandations d'un rapport rendu la semaine dernière, le ministère de l'Environnement et des forêts s'est prononcé contre le projet d'exploitation minière du groupe britannique d'alluminum Vedanta dans l'Etat d'Orissa (est), selon la BBC.

L'exploitation de bauxite par Vendanta dans le district de Kalahandi, région peuplée par la tribu des Dongria Kondhs était un projet très controversé, contre lequel se sont mobilisées de nombreuses ONG, en Inde et à l'étranger. L'étude commandée par le gouvernement indien avait révélé que l'extraction de bauxite serait extrêmement nuisible à l'environnement et affecterait directement la survie des Dongria Kondhs, dont le mode de vie est indissociable des ressources naturelles de la région.

Vendata avait déclaré la semaine dernière que le groupe accepterait la décision du ministère de l'Environnement, quelle qu'elle soit.

Article original :
http://www.aujourdhuilinde.com/informat ... 48.asp?1=1
spleenlancien
 

Re: Inde

Messagede conan le Mar 24 Aoû 2010 13:07

Voilà qui redonne un peu le sourire, au milieu de toute cette merde.
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