Tension sociale en Algérie

Tension sociale en Algérie

Messagede Antigone le Mar 20 Oct 2009 17:51

France24, TSA Algérie - 20 oct.2009

Violente altercation entre des jeunes et la police à Alger

De violents affrontements entre la police et de jeunes manifestants ont eu lieu, lundi, à Alger, en marge d'un mouvement de protestation contre les conditions de vie déplorables dans certains quartiers de la capitale algérienne.
"Nous n'allons pas arrêter les émeutes. Nous allons continuer à nous battre jusqu'à la mort...", confiait, hier, l’un des manifestants aux journalistes présents.

Un journaliste de Reuters qui se trouvait dans la cité Diar Echems, située sur la commune d’El-Madania, non loin de la présidence de la république, a vu les manifestants lancer des pierres sur les policiers. Pourtant armés de canons à eau, de bombes lacrymogènes et d’un véhicule blindé, les forces de l'ordre, en tenue anti-émeute, ne sont pas parvenues à disperser le rassemblement.
Les forces de l’ordre étaient appuyées par un hélicoptère qui a survolé sans interruption le lieu des affrontements. Les manifestants ont brulé des pneus et utilisés des pierres.
Selon le quotidien algérien Liberté, les violences, qui ont commencé vers 11h du matin et se sont poursuivis jusque tard dans la soirée, auraient fait des dizaines de blessés, dont six policiers.

Des troubles sociaux ont lieu périodiquement en Algérie, un pays où le taux de chômage est élevé et la crise du logement permanente. Toutefois, ils se produisent rarement dans la capitale.

La police est intervenue après que des habitants d'un bidonville aient tentés de construire dans un stade attenant au quartier.
La destruction de leurs baraquements est programmée. La municipalité a récemment publié une liste de personnes pouvant bénéficier d'un relogement.
"Ils distribuent des logements à d'autres personnes. Nous demandons la même chose. Est-ce qu’on n’est pas tous égaux ?", s’interroge un jeune manifestant.

Cette manifestation intervient quelques jours après une bataille rangée entre des bandes rivales dans le quartier populaire de Bab El Oued. Depuis quelque mois des émeutes éclatent un peu partout à travers le territoire national. Les manifestants protestent pour des problèmes sociaux notamment le logement, l'eau ou encore chômage.
Dernière édition par Antigone le Dim 11 Juil 2010 09:59, édité 2 fois.
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede conan le Mer 21 Oct 2009 14:38

Oui tout est parti d'un problème de logement à la base, avec en toile de fond la corruption (des logements auraient été concédés à certains de façon pas super claire), mais cette révolte pose bien entendu des questions qui vont au-delà (misère de la paysannerie, accaparation des ressources énergétiques du pays, répression étatiste contre l'autogestion...)
A suivre de très près.
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Ven 8 Jan 2010 16:49

Associated Press - 08 jan 2010

Violents affrontements entre travailleurs et policiers à l’est d’Alger: cinq blessés

Au moins cinq travailleurs de la zone industrielle de Rouïba (15km à l’est d’Alger) ont été blessés jeudi par la police lors d’affrontements avec les forces anti-émeute qui ont brutalement chargé pour empêcher une manifestation dans le centre-ville, a constaté sur place l’Associated Press.

“Nous avons pu marcher jusqu’ à l’usine de Coca cola (à environ 4km du centre) mais au moment de continuer notre marche vers le siège de l’Union syndicale, la police est entrée en action en chargeant violemment les camarades qui se trouvaient en première ligne”, a témoigné Fouad Ben Maâmar, syndicaliste et contremaître à l’unité de carrosserie de la Société nationale de véhicules industriels (SNVI)

“La zone industrielle a été envahie ce matin très tôt par la police anti-émeute avec des dispositifs placés à l’entrée des usines pour empêcher les travailleurs de se rassembler”, a relaté pour sa part Hamid Larari, de l’unité de fabrication de tubes.

Pour la troisième journée consécutive, la zone industrielle de Rouïba, qui compte au moins 50.000 travailleurs, était paralysée jeudi par une grève générale à l’appel de l’Union syndicale locale, qui relève de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA).

Les grévistes réclament une augmentation salariale et rejettent la réforme des retraites voulue par le Premier ministre Ahmed Ouyahia.
“Nous ne reprendrons le travail que lorsque nous aurons obtenu ce que nous demandons. Premièrement, nous exigeons une augmentation. Deuxièmement, nous voulons garder nos retraites intactes parce que nous faisons un travail difficile dans cette compagnie. Les employés ne peuvent pas travailler jusqu‘à 60 ans. La question de la retraite ne concerne pas uniquement les salariés de la SNVI mais tous les Algériens”, explique Zetoto Mustapha, syndicaliste de 55 ans.

Alger veut fixer l‘âge de la retraite à 60 ans. Jusqu’ici, les ouvriers de Rouïba pouvaient arrêter de travailler après 30 ans de cotisations. Certains d’entre eux ont commencé à travailler à l‘âge de 17 ans.

Le patron de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, proche du pouvoir, a vainement tenté de désamorcer la grogne dans la zone industrielle de Rouïba, que les pouvoirs publics redoutent pour son poids syndical.

L’Algérie est en proie depuis des semaines à une colère sociale grandissante, qui touche déja le secteur industriel, les médecins de santé publique et les enseignants, tous revendiquant des augmentations de salaires. AP


Le Soir d'Algérie - 04 jan 2010

Violentes émeutes à Chaïba (Annaba)

De violentes émeutes ont éclaté hier en début d’après-midi à Chaïba, localité située à quelque dix kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Annaba.
Près d’un millier de jeunes sans emploi ou ayant bénéficié de contrats de travail, relevant du dispositif des contrats CFI (emploi destiné aux sans-qualification), arrivant à expiration, se sont rassemblés dans la matinée devant le siège de la mairie de Sidi Amar, de laquelle relève administrativement leur agglomération, dans l’intention de faire part de leur situation aux responsables concernés. Ayant attendu longtemps sans pouvoir faire part de leurs doléances aux concernés, et excédés, les jeunes ont procédé à la fermeture de toutes les issues menant vers leur cité. Ils ont utilisé pour ce faire des pneus brûlés, des troncs d’arbres et d’autres objets hétéroclites, empêchant ainsi toute circulation automobile sur l’ensemble des axes traversant Chaïba et reliant la ville de Annaba aux wilayas de Guelma et Souk-Ahras. Les forces de l’ordre, qui se sont rendues sur les lieux pour procéder à l’ouverture des routes au trafic, poursuivent, à l’heure où nous écrivons ces lignes, leur tentative mais sans résultat. Les jeunes nous ont affirmé qu’ils resteraient sur place jusqu’à la satisfaction de leurs doléances. Ils affirment qu’ils n’ont pas d’autre moyen de faire entendre leur voix que celle de l’émeute.

***

Annaba. Plusieurs manifestations

La protestation des jeunes chômeurs a repris hier dans les communes de Annaba, d’El Hadjar et de Sidi Amar.
Dans la matinée, les sièges des trois APC ont été assiégés par des centaines de manifestants et la circulation routière tout autour était bloquée par des barrages improvisés par les jeunes manifestants. On appréhendait des dépassements, d’où l’intervention des éléments de la police antiémeute appelés pour protéger les édifices administratifs. Encore une fois, c’est un problème de contrat entrant dans le cadre du fameux dispositif d’aide et d’insertion professionnelle qui est à l’origine de la manifestation musclée des jeunes chômeurs.

A Sidi Amar, les jeunes protestataires ont bloqué – en usant de pierres et de troncs d’arbres – la route reliant cette commune au chef-lieu de wilaya à hauteur de la localité de Chaïba pour demander le renouvellement ou l’accès au Contrat de formation et d’insertion (CFI), obligeant les usagers de la route à rebrousser chemin sous peine de voir leurs véhicules saccagés. Parallèlement, dans la commune d’El Hadjar, les jeunes révoltés ont revendiqué les mêmes doléances devant le siège de l’APC. Une situation similaire s’est produite au même moment devant le siège de l’APC de Annaba pour exprimer les mêmes revendications. Contactés, des élus des trois communes ont promis de prendre en charge les revendications des jeunes manifestants mais, ont-ils souligné, dans le cadre de la disponibilité des contrats DIAP et CFI.

Repris Des Nouvelles Du Front: http://dndf.org/?p=5959
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Ven 8 Jan 2010 17:58

Le Soir d'Algérie - 07 jan 2010

La protestation des travailleurs de la SNVI prend de l'ampleur
Face à la détresse, la répression


La protestation déclenchée par les travailleurs de la SNVI de Rouiba, à l’est d'Alger, s’élargit, prend de l’ampleur et se radicalise. Rejoints par les travailleurs d’entreprises publiques de la zone industrielle de la même localité, des milliers de travailleurs ont marché de la zone industrielle vers la ville de Rouiba. Faute d’interlocuteur pour un dialogue avec ces travailleurs qui dénoncent la misère, le pouvoir brandit la menace.

Ce sont les mêmes revendications exprimées dès le premier jour d’une grève observée, depuis le dimanche 3 janvier à ce jour, par la quasi-totalité des 5 500 travailleurs de la SNVI de Rouiba qui ont été réitérées, à savoir le maintien du droit du départ à la retraite en l’état et la revalorisation réelle des salaires en vue d’atténuer la chute vertigineuse du pouvoir d’achat des travailleurs. Dès que les travailleurs ont été déposés par les bus du transport du personnel au niveau du complexe et le temps d’enfiler leurs tenues de travail, le cortège s’est mis en branle. Direction, la ville de Rouiba, distante d’environ deux kilomètres. Vers 9 h, l’arrivée de la tête du cortège à l’entrée de la ville de Rouiba est accueillie par un impressionnant dispositif de sécurité. Des centaines de policiers anti-émeutes casqués, armés de boucliers et gourdins en main barraient le chemin aux marcheurs en tenue de travail. Dès le premier contact entre le cortège et les policiers, quelques échauffourées ont éclaté. «Ce sont les services de sécurité qui ont envoyé des voyous pour nous provoquer», nous ont dit plusieurs marcheurs. Trois d’entre eux ont été légèrement blessés. Comme les marcheurs n’avaient manifesté aucune velléité de violence, tout est rapidement rentré dans l’ordre. Le climat s’est détendu entre policiers et marcheurs. «Ce sont nos enfants. Nous n’utiliserons pas la violence contre eux», dira un marcheur d’un certain âge. Par la suite, les protestataires improvisent des chants et des slogans «Djeich, chaâb, maâk ya l’SNVI !», «Ulach smah ulach !», puis avec un air solennel, ils chantèrent Kassamen suivi de Min djibalina. A 13 h, la foule s’est dispersée dans le calme. Les travailleurs ont regagné leur usine.

«Sidi Saïd nous a égorgés»

La foule ne décolère par contre le patron de l’UGTA. L’un de ses représentants, le chargé de l’information, envoyé, d’après les manifestants, afin de lui faire un compte rendu des événements, a été prié de quitter le cortège. «Nous exigeons la venue de Sidi Saïd pour nous dire sur quelle base il a accepté les exigences du gouvernement concernant la révision des droits de départ à la retraite», dit un manifestant, rapidement repris par la foule qui se montre encore plus dure avec le chef de la Centrale. «Qu’il vienne constater sa compromission avec le pouvoir. Lui est bien grassouillet et laisse les travailleurs crever au labeur !» Approbation générale et bruyante. La colère monte. Un manifestant crie : «Nous n’avons pas besoin de lui ! Sidhoum Saïd nous a trahis !» Un autre hurle en direction de la foule : «Pire, il nous a égorgés !» Face à cette colère contre la direction de l’UGTA, accusée de tous les maux, les responsables locaux de ce syndicat tentent de sauver les meubles. Les premiers jours de la grève, ils ont déployé des efforts pour la briser. Mais le mouvement de protestation les a complètement largués. Ils sont revenus pour accompagner cette protestation. Ils étaient présents aux côtés des marcheurs. L’un d’eux, Zetoutou, déplore le manque de dialogue avec la base qui a débouché sur cette révolte. Selon lui, les travailleurs avaient averti qui de droit qu’ils rejetteraient le changement du dispositif sur le départ à la retraite. «Sidi Saïd ne sait pas dans quelles conditions travaillent les ouvriers. Celui qui lui a remis les données n’a jamais travaillé ni sali ses mains au labeur !», renchérit un manifestant.

Le mouvement de protestation prend de l’ampleur

Selon les informations que nous a transmis le responsable de l’Union locale de Rouiba, M. Messaoudi, les travailleurs de plusieurs unités, notamment celles du secteur public de la zone industrielle de Rouiba, ont rejoint ce mouvement de protestation. Il nous cite Anabib, MobSclaire, Cammo, Baticim, Hydro Aménagement, Enad Magi. Par ailleurs, nous avons rencontré des travailleurs des tanneries algériennes Tarmeg qui brandissaient une banderole. Selon le responsable de l’UL, un barrage de la Gendarmerie nationale dressé au milieu de la zone industrielle empêchait, dans la matinée, d’autres marcheurs de rejoindre le cortège. Au plan national, Messaoudi affirme que toutes les unités de la SNVI, notamment celles implantées à Sidi Moussa, Tizi-Ouzou, Tiaret, Oran, Annaba, adhèrent au mouvement. En tout état de cause, les travailleurs sont décidés à aller jusqu’au bout de leurs revendications. «Nous y reviendrons !», disent-ils à l’unisson.
Abachi L
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Dim 10 Jan 2010 15:24

Malmenés par leur base, pris en sandwich entre leurs adhérents et leur confédération, les syndicalistes de l'UGTA qui s'étaient réunis en conclave à la SNVI ont fait une déclaration à leur sortie où ils ont tenu à rejeter toute idée d’un syndicat autonome. “Ce sont des ragots colportés par des gens qui veulent participer à casser notre mouvement” ont-ils affirmé, reprochant à "certaines personnes" de "tenter de récupérer le mouvement à d’autres fins que celles exprimées par les travailleurs et leurs représentants".

El Watan - 09 jan 2010

La grève des travailleurs de la SNVI de Rouïba fait tache d’huile
La contestation gagne la zone industrielle


La tension monte et la protestation fait tache d’huile dans la zone industrielle de Rouiba : quelque 2000 travailleurs de la SNVI et de plusieurs autres unités de ladite zone ont marché hier matin sur la ville. Ils ont été bloqués à l’entrée de Rouiba, juste devant l’usine de Coca-Cola, où a été dressé un insurmontable mur des forces antiémeute. Bouclier et matraque à la main, les policiers restaient impassibles sur la limite faite à la foule des manifestants. Le premier choc entre la foule et les forces de l’ordre a fait 3 blessés légers parmi les travailleurs. L’un d’eux a été évacué à l’hôpital de la ville suite à des blessures à la jambe.

Excepté cet incident, la manifestation s’est déroulée dans le calme et les travailleurs dénoncent « une tentative de manipulation de quelques voyous qui ont essayé de s’infiltrer parmi nous pour dévier notre action ». Dissuadés de marcher plus loin dans la ville, les manifestants se sont arrêtés à ce niveau, préférant ne pas laisser faire déborder leur action. « Nous ferons tout pour continuer à manifester dans le calme, même si nous sommes malmenés. Notre mouvement est juste, il se doit d’être pacifique », nous lance-t-on dès notre premier contact avec les manifestants. Ceci en guise de réponse à l’impressionnant dispositif de sécurité déployé sur la route empruntée par les marcheurs. Car pas moins d’une quarantaine de véhicules de police, dont des fourgons de transport des forces antiémeute, étaient stationnés le long de cet axe.

Un syndicaliste rencontré sur place nous a déclaré que l’effet boule de neige ne s’est pas limité à la zone industrielle de Rouiba, mais s’est « étendu à d’autres régions du pays avec l’adhésion des travailleurs des autres unités de la SNVI dans diverses localités comme Hussein Dey, Sidi Moussa, Annaba et Tiaret ».
Pour empêcher le mouvement de prendre plus d’ampleur, les forces de sécurité ont dressé un barrage à Reghaïa et dissuadé les travailleurs de Anabib qui voulaient rejoindre la manifestation. « Les forces de l’ordre les ont bloqués juste devant leur usine. Ils adhèrent eux aussi au mouvement, ils n’ont malheureusement pas pu être parmi nous aujourd’hui. Mais ça viendra », ajoute notre interlocuteur. Dans les alentours de l’endroit où était cernée la foule, un impressionnant dispositif de sécurité a été déployé.
Sur les banderoles, on pouvait lire, entre autres slogans : « Halte au sabotage de la SNVI », « Où va la SNVI ? » et « La vie est chère, non aux salaires de misère ». Les manifestants scandaient des slogans hostiles aux pouvoirs publics et à la centrale syndicale qu’ils accusent de les avoirs livrés au diktat du gouvernement. Ils ont agrémenté leur action de chants patriotiques et de l’hymne national pour dire tout leur « souci de préserver le pays de toute décision ou action nuisible ». Mais c’est surtout « El Djeich, Echaâb maâk ya SNVI » (le peuple et l’armée sont aux côtés de la SNVI) et « Oulach smah oulach » (pas de pardon - qui est un slogan hérité de la révolte de Kabylie de 2001) qui revenaient plus souvent.

Hier, les syndicalistes locaux de l’UGTA étaient aux côtés des travailleurs dans la rue. Ce sont eux qu’on a vus aux premiers rangs et dans la foule parlant aux manifestants. Les freins que leur avaient mis leurs chefs dans l’organisation de Sidi Saïd les empêchaient d’accompagner le mouvement dès le début ou de l’initier. Ils ont même été instruits d’œuvrer de sorte à contenir la foule. Ce qu’ils ont fait durant les trois premiers jours en invitant les travailleurs à reprendre l’activité et en leur promettant de régler leurs problèmes. Mais avec l’ampleur qu’a prise la protestation, ils n’avaient plus qu’à suivre s’ils ne voulaient pas perdre totalement ce qui leur restait de crédibilité.
« Nous ne voulons pas de Sidi Saïd ici, il lui suffit de nous avoir vendus », nous disaient des travailleurs très en colère contre le patron de l’UGTA. Un manifestant ajoute ironiquement : « Voilà la ‘victoire des travailleurs’ pour reprendre les propos qu’il ont tenus à l’issue de la dernière tripartite » pour qualifier les accords passés avec le gouvernement en désignant la foule qui criait sa colère. « Nous ne sommes pas dupes. Nous savons que sa citation dans l’affaire Khalifa suite au dépôt de l’argent du syndicat dans ses banques pèse beaucoup dans ses prises de décision. Les décideurs le tiennent et le font chanter ; le monde du travail et l’opinion publique en général l’ont définitivement classé », déclare un autre. Son camarade atténue un peu ses déclarations en concédant : « S’il vient ici, ce doit être pour nous présenter des excuses. » Un autre rappelle : « Nous avons commencé par un rassemblement des cadres syndicaux devant le siège de l’union locale de Rouiba. Nous devions ensuite aller nous rassembler devant le siège de la centrale syndicale à Alger, mais Sidi Saïd nous a carrément interdit d’organiser cette manifestation prévue pour le 20 décembre dernier. En réaction à cela, nous avons décidé d’agir à notre niveau de manière graduelle : grève, rassemblement devant la SNVI, blocage de la RN5 et marche sur Rouiba successivement en quatre jours. La prochaine action sera plus radicale. »

Dans la foule, nous avons vu des travailleurs de Mobsco aux côtés de ceux de la SNVI, et des syndicalistes nous ont cité Cammo, Tameg, Baticim, Hydroaménagement, ENAD et MAGI entres autres entreprises dont les travailleurs ont rejoint les rangs de la contestation. « Toutes les entreprises publiques de cette zone adhèrent à la grève. Il y a des travailleurs qui ont pu sortir manifester et il y en a qui n’ont pas pu le faire. Soit par peur, soit ils sont intimidés. Nous-mêmes avons été destinataires de questionnaires de la part de la direction sur ces journées de grève. Notre action est assimilée à un abandon de poste, mais cela ne nous impressionne pas », nous disent les travailleurs de la SNVI.
Tous les manifestants avec qui nous avons discuté sont unanimes à dénoncer l’insuffisance de leurs salaires et la nouvelle loi de départ à la retraite. « Nous considérons les décisions prises lors de la dernière tripartite comme étant nulles et non avenues. Nous réclamons une augmentation conséquente des salaires et le droit de partir à la retraite quand nous sentons que nos forces sont sérieusement réduites. Nous travaillons dans des conditions qui ne nous permettent pas de tenir jusqu’à 60 ans. A moins que le gouvernement aimerait nous emmener d’ici tout droit au cimetière », exprime un animateur du mouvement. Un avis que partagent les responsables du syndicat d’entreprise, comme Zetoutou et Messaoudi, pour qui toute revalorisation des salaires passe inévitablement par l’abrogation de l’article 87 bis du code du travail qui rend ineffectives les augmentations.

Vers 14h, les manifestants se sont dispersés dans le calme en se donnant rendez-vous pour aujourd’hui. « Nous allons poursuivre la grève et tout faire pour amplifier le mouvement jusqu’à ce que le gouvernement réponde positivement à nos revendications », nous dit-on.
Kamel Omar


Liberté -10 jan 2010

Le travailleur, l’employeur, le syndicat et le système

Le torchon brûle entre les travailleurs des unités du secteur public de la zone Rouiba-Réghaïa et… l’UGTA. En même temps que la grève entamée par les travailleurs de la SNVI s’étend à d’autres unités de la zone industrielle, la répression se fait plus brutale.
On peut lire dans cet affrontement toutes les contradictions d’un système socioéconomique où se croisent et s’entremêlent le volontarisme, l’étatisme doctrinal, la corruption rentière, le socialisme populiste, la démocratie syndicale manipulée, le libéralisme de bazar, le dialogue social encadré et l’autoritarisme musclé. Le dosage, régulièrement réévalué, de chacun de ces éléments est défini par l’état de trois variables : le niveau des recettes pétrolières, les besoins financiers des clans qui participent à la défense du système et l’exigence politique d’un seuil de paix sociale.
Aujourd’hui, le secteur public économique ne présente aucun caractère stratégique. Si l’on excepte, bien sûr, les hydrocarbures parce qu’ils financent les dépenses publiques et pourvoient au marché monétaire, l’électricité et les transports parce qu’ils revêtent un statut de services publics. La vie nationale ne se ressentira pas d’une grève de la zone industrielle de Rouiba, globalement maintenue en activité pour éviter le spectacle ferrailleux du cimetière de la “révolution industrielle” manquée et la dispersion incontrôlée de travailleurs formés à la “mobilisation”. Les produits manufacturés, de métallurgie ou de mécanique, sont importés et l’ex-Sonacome vient de bénéficier de commandes autoritairement orientées par les pouvoirs publics pour lui offrir un carnet de commandes qu’elle n’aurait pas suscité sur la base de politiques d’équipement autonomes de ses clients institutionnels.
L’effacement des dettes de l’entreprise et l’instauration de tels “marchés centralisés” permettent une survie “non économique” de quelques entreprises “politiquement” stratégiques. Mais là, il semble que les travailleurs ne l’ont pas bien entendu : cette politique ne peut être accompagnée d’une revalorisation des salaires. La menace d’inflation a toujours été combattue par la compression des revenus des “masses”. Seuls les élites politiquement utiles et les moyens de défense du régime bénéficient de son attention sociale. Ce marché-là, un vrai même s’il est tacite, se traduit par les décisions de la tripartite, durablement encadré par le soi-disant “pacte social” qui, à travers l’UGTA, avalise la stagnation sociale, voire la régression des droits sociaux, comme en matière de retraite, par exemple !
Or, s’agissant de la SNVI, étroitement associée au mouvement du 5 Octobre 1988, la symbolique aggrave la crainte naturelle chez nos dirigeants de tout mouvement qu’ils n’ont pas suscité ou détourné.
Mais le pouvoir ne peut se permettre une révolution sociale qui pourrait faire tache d’huile. Et comme il a plus d’une flèche à son arc, il refuse toute négociation et décoche celle de la répression. Mentalement, les travailleurs du secteur public n’ont jamais œuvré dans une entreprise. Mais pour un État à la logique rentière, “l’Algérie engrange des centaines de milliards de dollars de recettes pétrolières et le citoyen se débat dans la misère”, crie un gréviste à l’adresse du journaliste d’El Watan. Quel rapport avec l’éventuelle politique salariale de la SNVI, sinon qu’il sait qu’il a affaire à un système et non à un employeur ?
Moustapha Hammouche
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Mar 12 Jan 2010 16:55

AFP - 12 jan 2010

Algérie: 7.200 salariés d'Arcelor-Mittal entament une grève illimitée

Les salariés d'Arcelor-Mittal d'Annaba, dans l'est de l'Algérie, ont entamé mardi une "grève illimitée" à l'appel de leur syndicat qui dénonce le refus de la direction d'investir dans la rénovation de la cokerie du complexe sidérurgique, a indiqué à l'AFP son secrétaire général.
"Le complexe est complètement paralysé. Le travailleurs sont rassemblés depuis ce matin devant la direction générale", a déclaré à l'AFP Smaïn Kouadria.
"La direction générale nous a fait savoir que la rénovation de la cokerie n'étais pas une priorité", a-t-il ajouté.

La direction de l'usine avait décidé en octobre dernier de fermer pour une année la cokerie, vieille de plus de 30 ans, le temps de mener des travaux de rénovation avant de renoncer à ce projet, selon le syndicat.

Dans un communiqué diffusé lundi par la presse, la direction d'ArcelorMittal s'est "engagée à ce que les (320) travailleurs de la cokerie soient traités avec une attention particulière". Les 320 employés seront déployés "si necéssaire" vers d'autres unités du complexe, selon le texte.
La société prévoit un plan d'investissement de 200 millions de dollars pour la période 2010-2014 mais ce projet est contesté par le syndicat.

L'usine d'El-Hadjar, près d'Annaba, filiale du géant mondial de l'acier Arcelor-Mittal, emploie quelques 7.200 personnes et a produit 750.000 tonnes d'acier en 2009, selon son PDG Vincent Le Gouïc.
Ancienne propriété de l'Etat algérien, le complexe sidérurgique avait été racheté à 70% en octobre 2001 par l'Indien Ispat, une entreprise du groupe Mittal.
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Mer 13 Jan 2010 16:25

Futur Rouge - 12 jan 2010

Vent de révolte en Algérie
Par Mohammed Yefsah

La grogne sociale a gagné le front des travailleurs algériens dans plusieurs secteurs économiques, après celle de la fonction publique et les marches populaires pour l’emploi et le logement dans différentes villes du pays. Le mouvement de grève dans le secteur économique a été entamée le 2 janvier par les ouvriers de la Société nationale de véhicules industriels (SNVI), et a gagné l’ensemble de la zone industrielle de Rouiba, située à 15 kilomètres d’Alger. Cette grève, aux portes d’Alger, intervient après la dernière tripartite Gouvernement-Patronat-Union Générale des Travailleurs algériens (Ugta), qui a remis en cause des acquis sociaux.

La réforme de la retraite du gouvernement d’Ahmed Ouyahia, en décembre dernier, allonge la durée de cotisation à 32 ans pour avoir une retraite complète, alors qu’il suffisait auparavant de seulement 25 ans de cotisation, en sachant que l’espérance de vie en Algérie est estimée à 70 ans. Le nouveau dispositif supprime aussi l’avantage de « la retraite proportionnelle », qui donne droit à un employé qui a dépassé l’âge de 50 ans de partir en retraite après 20 ans de travail pour les hommes et 15 ans pour les femmes. Les grévistes de Rouiba avancent l’argument de la pénibilité du travail et du pouvoir d’achat, en estimant que la question des retraites touche l’ensemble de la société.

Le taux de chômage important estimé à 10%, notamment chez les jeunes, la domination du secteur informel et du travail au noir dans le privé estimé à 70%, rendent hypothétiques les nouvelles lois du travail que le gouvernement a l’intention d’adopter sans avancer de date exacte. Ces lois ne tiennent pas compte de la réalité de l’emploi et excluent donc la majorité des employé du privé et les jeunes qui entrent tardivement dans le monde du travail d’une possible cotisation complète pour la retraite. Par ailleurs, la dévaluation du dinar algérien, malgré la manne pétrolière de ces dernières années et l’augmentation du salaire minimum en décembre 2009, n’absorbent pas l’inflation. Les grévistes refusent la remise en cause de leurs acquis et revendiquent une «augmentation conséquente» des salaires.

La première réponse du gouvernement est de dépêcher, dans cette zone industrielle, puissante de ses 50 000 ouvriers, les forces de l’ordre pour barrer la route aux grévistes qui voulaient rejoindre la ville de Rouiba. Au troisième jour de la grève, jeudi dernier, des échauffourées ont éclaté faisant ainsi 5 blessés parmi les manifestants. Mais le régime semble prendre de la prudence à recourir à la seule force de la matraque, car plusieurs fronts de contestation s’ouvrent dans d’autres secteurs économiques.

La direction de l’Ugta, qui a tenté de désamorcer le mécontentement, n’est pas du goût de sa base, notamment à Rouiba, où des syndicalistes dénoncent les concessions faites au gouvernement. Cette organisation est la première à demander l’annulation de l’article 87 bis de la loi du code du travail, qui définit le Salaire minimum en y incluant les primes. L’Etat ne reconnaît que l’Ugta pour les négociations dans le secteur économique, choix souvent dénoncé par les autres syndicats.

Quelques 7200 sidérurgistes de la multinationale Arcelor Mittal du complexe industriel d’El Hadjar, à Annaba, ville de l’est algérien, ont entamé aujourd’hui une grève illimitée, afin de contester la fermeture de l’unité cokerie. L’action a été décidée après le refus de la direction de l’entreprise de réhabiliter cette unité, dans laquelle 320 charbonniers risquent le licenciement. Si la grève de cette unité se propage, cela risque de faire tâche d’huile.

Les lois d’urgence, datant des années noires du terrorisme, interdisent toute manifestion publique et ferment le champ politique en criminalisant la contestation. Le régime craint les débordements, notamment dans la capitale, bien que des manifestations d’ampleur ont été tenues à diverses occasions, dont celle du 14 juin 2001 du mouvement populaire de Kabylie et celle du soutien au peuple palestinien en mars 2008 lors du raid israélien sur Gaza, qui ont rassemblé chacune environ un million de personnes.

L’Algérie, qui vit au rythme des émeutes régulières à caractère social depuis presque une décennie, est gagnée par la colère des travailleurs dans le secteur industriel et dans la fonction publique (médecins, enseignants) qui tous revendiquent des augmentations de salaires. Le gouvernement réagit pour l’instant par une attitude qui consiste à contenir les ouvriers dans leurs usines. Il craint par ailleurs les possibles passerelles de solidarité du mouvement populaire actuel, qui organise les manifestations spontanées pour réclamer du logement, du travail. Cette situation rappelle au régime le contexte du soulèvement national d’Octobre 1988.


La Tribune (Alger) - 13 jan 2010

Algérie: Les spécialistes de la santé publique menacent de durcir le mouvement
Ils recourent dès aujourd'hui à des sit-in plus expressifs

Le mouvement de protestation engagé dans le secteur de la santé publique se poursuit et les pouvoirs publics sont toujours dans l'incapacité de décolérer les blouses blanches.

Cette situation qui perdure depuis des semaines vient pénaliser la population locale qui recourt soit au privé comme à l'accoutumée sinon faire un élan drastique pour espérer un rendez-vous au niveau du centre hospitalier Benbadis, submergé. Bien que le gel partiel des activités dans les différentes polycliniques se soit installé, voire pris habitude, les responsables tardent à coucher d'une décision ne serait-ce que «symptomatique» apte à calmer les esprits de la protesta. Ce flegme aura poussé le Syndicat des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) à hausser le ton hier en poussant un peu loin le bouchon des revendications.

Ainsi, une assemblée générale s'est tenue au niveau de l'EPSP Bachir Mentouri en présence des praticiens de cet établissement et de ceux de Ben M'hidi, tous deux appelés à assurer une large couverture dans le chef-lieu. Il a été décidé à l'unanimité de booster les sit-in chaque mercredi à partir de 11 heures près de la direction de la santé et de la population de wilaya. «Ce sera la première étape à conforter», devait dire le coordinateur du mouvement le docteur Benkhalfa avant d'émettre une mise en garde à peine voilée concernant le service minimum garanti dans le service des urgences et la prise en charge de la campagne de vaccination contre la grippe porcine. «Tous les EPSP à travers le territoire vont entamer incessamment des conclaves au terme desquels se décideront d'autres mesures de durcissement du débrayage, dont la prise en charge des urgences médicochirurgicales», a-t-il prévenu. Il est clair que le conseil national s'inspire des suggestions syndicales émanant des bureaux régionaux.

Une chose est claire jusqu'à intervention de la tutelle : les médecins maintiennent la grève dans sa forme dès lors qu'elle n'a pas encore apporté l'effet escompté en raison du black out affiché par le ministère. «Le mouvement de protestation n'est malheureusement pas porté sur la table des négociations. Devant cet état de fait, la grève reste notre ultime recours», estime le syndicaliste.

En ce qui concerne le taux de suivi relatif à l'arrêt de travail, le SNPSSP avance un taux de suivi de 70% enregistré dans les structures de santé réparties à travers le territoire de la wilaya. En revanche, une légère avance est notée chez les praticiens de la santé publique (SNPSP). Ils enregistrent un taux d'adhésion avoisinant 80%, selon le coordonnateur du mouvement, indiquant qu'il est des structures qui n'ont pas observé de grève faute d'une communication.

Pour cela, on évoque le CHU qui renferme quelques médecins non hospitalo-universitaires, mais qui ne se sont pas encore manifestés. Quoi qu'il en soit, les deux syndicats mentionnés espèrent une intervention rapide et gardent un espoir en l'APN et le Sénat qui pourraient accélérer le processus dans les négociations. Mais, entre temps, la grève perdure, quoique étouffée
Nasser Hannachi


TSA - 13 jan 2010

Dixième jour de grève des travailleurs de la SNVI
Le syndicat déplore l'absence de dialogue

Le front social est en ébullition depuis le début de l'année. Les travailleurs de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) poursuivaient mardi leur grève entamée dimanche 2 janvier, pour réclamer de meilleurs salaires, la suppression de l'article 87 bis du code du travail et contre la récente décision du gouvernement de supprimer la retraite anticipée.

Les employés de la SNVI, l'une des plus grandes entreprises publiques du pays, ont multiplié les manifestations à l'extérieur de l'usine située dans la zone industrielle de Rouiba. A chaque fois, ils ont été empêchés de marcher par les forces de l'ordre, fortement déployées. Cette grève n'a suscité aucune réaction du gouvernement. Le président du syndicat de la SNVI a en effet déploré mardi "l'absence de dialogue". Le ministre du Travail et de la protection sociale, Tayeb Louh et celui de l'Industrie, Hamid Temmar, gardent le silence sur ce conflit social. L'UGTA dont dépend le syndicat de la SNVI semble dépasser par le conflit, après avoir accepté la suppression de la retraite anticipée qui était en vigueur depuis la fin des années 1990. La direction de la SNVI estime de son coté que le conflit dépasse ses prérogatives
Riyad Hamadi


AFP - 13 jan 2010

ArcelorMittal Annaba toujours paralysé par une grève générale

AFP - Le complexe sidérurgique d'ArcelorMittal d'Annaba était toujours paralysé mercredi matin par une grève illimitée lancée mardi par le syndicat d'entreprise qui proteste contre la fermeture envisagée de la cokerie, a indiqué une source syndicale. « Le complexe est toujours paralysé, tout comme les points de vente et de distribution dans tout le pays ainsi que le port d'Annaba où transitent les produits importés et exportés », a affirmé à l'AFP le secrétaire général du syndicat Smaïn Kouadria.

Les 7.200 employés du complexe d'El Hadjar près d'Annaba, qui a produit 750.000 tonnes d'acier en 2009, ont reçu le soutien de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) à laquelle est affilié le syndicat d'entreprise. Les sidérurgistes protestent contre la fermeture de la cokerie, employant 320 salariés, dont la rénovation coûterait 40 millions de dollars, selon des experts nommés après la mise à l'arrêt de cette unité en octobre dernier. La direction avait alors estimé que des expertises sur l'état de la cokerie, vieille de 30 ans, étaient nécessaires en raison de sa vétusté et des dangers qu'elle présentait au niveau de la sécurité et de l'environnement.

Le syndicat rejette la fermeture de cette cokerie, "qui est un élément indispensable dans le processus de notre production. Nous refusons qu' ArcelorMittal écoule chez nous l'énorme stock de coke qu'il possède dans ses usines d'Europe de l'Est principalement, nous ne voulons pas dépendre de l'importation de ce coke par bateaux", a ajouté M. Kouadria. Pour le responsable syndical, l'Etat algérien, qui détient toujours 30% du capital du complexe d'El Hadjar, société de droit algérien, "doit mettre en place un système de protection de la production nationale d'acier", à travers des incitations fiscales favorables et des prêts bonifiés par exemple.

La direction du complexe a récemment présenté un plan d'investissement de 200 millions de dollars entre 2010 et 2014 "qui ne tient pas compte de la rénovation de la cokerie", a souligné M. Kouadria. Celui-ci a affirmé qu'aucune réunion avec la direction, qui était injoignable mercredi matin, n'aurait lieu ce jour.
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Jeu 14 Jan 2010 17:45

Pour comprendre l'article qui suit, il faut savoir qu'en Algérie, 90% de ce qui est consommé est importé, et que le niveau de vie n'a pas augmenté depuis 1990 contrairement aux pays voisins ou du pourtour méditerranéen. Cela explique pourquoi la marge de manoeuvre du gouvernement FLN au pouvoir depuis près de 50 ans est très étroite.
Jusqu'à présent le pouvoir pouvait compter sur un syndicat maison pour contenir la pression sociale, mais les récents événements montrent que ce verrou s'avère au bout du rouleau, aussi usé que ses équipements industriels et de plus en plus contesté par le mouvement ouvrier.
On n'est pas loin d'une explosion sociale d'une plus grande ampleur qu'en 1988.

TSA - 13 jan 2010

Le pouvoir d’achat de l’Algérie s’effondre

L’Algérie a perdu entre 15% et 20% de capacité de pouvoir d’achat à l’étranger en deux ans, entre 2007 et 2009, selon des estimations obtenues par TSA auprès de sources concordantes. La cause ? La gestion des réserves de change et la faiblesse du dollar.

La quasi-totalité de nos réserves de change est en effet placé dans des bons du Trésor américain. Même si le gouvernement ne fournit aucune indication sur les caractéristiques techniques des bons américains détenus par l’Etat algérien – la gestion du dossier est entouré d’une grande opacité-, les placements ont été effectués en majorité sur des produits à maturité courte de deux ans. « Ce choix correspond à l’objectif de liquidité et de lissage du cycle économique. L’Algérie n’a pas besoin de bloquer de l’argent pour une période de 10 ans ou 30 ans qui correspondent aux maturités des autres bons américains », explique un financier.

Deux éléments ont contribué à la dégringolade du pouvoir d’achat de l’Etat algérien à l’étranger : la forte baisse du rendement des bons du Trésor (voir notre schéma). Il est passé de plus de 5% début 2007 à moins de 0,88 actuellement. Autrement dit, les 146 milliards de dollars placés dans les bons du Trésor rapportent un peu plus de 1,2 milliards de dollars par un. Avec l’inflation et la chute du dollar, il s’agit d’un placement à perte. Autrement dit, les réserves de change algériennes servent seulement à financer le déficit américain.

Cette perte de pouvoir d’achat de l’Etat algérien vient s’ajouter à la dévaluation du dinar. Depuis 2008, la Banque d’Algérie a initié une politique de dévaluation de la monnaie nationale qui a perdu près de 30% de sa valeur face à l’euro, principale monnaie utilisée pour nos achats à l’étranger. Or, selon un récent rapport de l’OCDE, l’Algérie importe 92% de sa consommation. Des importations facturées en euro.

Cette situation explique la hausse vertigineuse des prix des produits et l’incapacité du travailleur à faire face à la cherté de la vie. Depuis quelques jours, les mouvements de protestation se multiplient à travers le pays.
Samir Allam


Maghreb Info - 13 jan 2010

Algérie • La grogne sociale à la une des quotidiens algériens

L’Algérie fait face à un front social très perturbé depuis maintenant quelques semaines, c’est un effet domino, nous dit la presse privée algérienne d’aujourd’hui. Les enseignants pourraient emboîter le pas de la grève alors que les secteurs de la santé publique et de l’industrie tournent en ce moment au ralenti.
« Ça grogne partout », résume L’expression, et à commencer par le secteur industriel ». « Deux mastodontes sont à l’arrêt », écrit ainsi Le Soir d’Algérie, référence à la SNVI d’une part, a société nationale des véhicules à Rouiba en grève depuis 10 jours maintenant, et au complexe sidérurgique d’El Hadjar de Annaba d’autre part en grève illimitée depuis hier. « Les luttes syndicale reprennent leurs droits », écrit El Watan qui y voit un réveil de la conscience ouvrière. Les ouvriers particulièrement remontés contre les autorités les accusant de rester silencieuses, et contre la Centrale syndicale UGTA accusée, elle, de collusion avec le pouvoir. Pour El Watan, « le gouvernement et l’UGTA ont vérifié à leur dépend que la paix sociale ne se décrète pas et que tout accord signé sans l’aval des travailleurs est voué à l’échec ».
Paralysie donc dans le secteur industriel algérien mais ce n’est pas tout ! La santé publique tourne au ralenti elle aussi en Algérie. Les praticiens algériens sont en rupture de soins depuis plusieurs semaines, avec comme conséquences la quasi paralysie des structures hospitalière, rappelle l’éditorialiste de Liberté, « et le pire est à venir, poursuit-il, avec les syndicats des enseignants qui menace de bloquer les établissements scolaires à partir du 31 janvier ».
« Industrie, santé et bientôt enseignement, débrayages en cascade », s’inquiète l’Expression qui rappelle que dans tout ces conflits, les revendications sont pratiquement similaires (le pouvoir d’achat, les conditions de travail indécentes et la revalorisation des salaires). « Des revendications et un mouvement de colère qui appellent, conclue Liberté, à un vrai dialogue social entre le gouvernement et les vrais acteurs du monde syndical ».
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Ven 15 Jan 2010 17:21

AFP - 14 jan 2010

Fin de la grève à la SNVI de Rouiba

La grève des 5.000 salariés de la Société nationale nationale des véhicules industriels (SNVI), déclenchée le 4 janvier, a pris fin jeudi après l'ouverture d'un dialogue avec les autorités sur leurs revendications, a indiqué à l'AFP le syndicat de cette entreprise.

"Nous avons mis fin aujourd'hui à notre mouvement de grève. Nous avons reçu des garanties de la part de notre centrale syndicale UGTA (Union générale des travailleurs algériens) que nos revendications seront satisfaites", a déclaré Hamoud Boukehal, membre du syndicat de la SNVI, dont la principale unité est basée à Rouiba dans la banlieue Est d'Alger. "Le dialogue est lancé avec les autorités avec une première réunion tenue aujourd'hui pour l'installation de commissions de négociations des conventions par branches", a ajouté M. Boukehal.

Les 5.000 travailleurs de la SNVI, seul fabriquant algérien de bus, autocars et camions, étaient en grève depuis le 3 janvier pour réclamer une hausse des salaires. Ils protestaient également contre la décision prise fin 2009 par le gouvernement de supprimer la possibilité aux salariés de partir à la retraite anticipée, selon le syndicaliste. "On fait confiance à notre centrale syndicale, mais nous restons mobilisés. Si nos revendications ne sont pas satisfaites, un retour à la grève est possible", a-t-il ajouté.
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Dim 17 Jan 2010 10:55

TSA - 16 jan 2010

Des émeutes éclatent dans un quartier à Tizi Ouzou : plusieurs manifestants interpellés

De violentes émeutes ont éclaté, samedi 16 janvier, dans la cité des 2000 logements de la nouvelle de Tizi Ouzou. Un groupe de jeunes de cette cité a affronté les forces de l’ordre durant toute la matinée. Aux jets de pierres des manifestants, les forces anti-émeutes ont riposté avec des bombes lacrymogènes.

Les affrontements ont éclaté aux premières de la matinée quand des jeunes de la cité ont tenté d’installer des locaux commerciaux sur un site appartenant aux anciennes galeries algériennes, Aswak, ajourd’hui dissoutes. Un important dispositif de sécurité a alors été dépêché sur les lieux. Et la tension est montée d’un cran quand les manifestants ont décidé de fermer la route menant de la rocade sud vers le centre-ville de Tizi Ouzou. Des affrontements ont alors éclaté.

Au moins une dizaine de manifestants ont été interpellés. En début d’après-midi, le calme était revenu dans la cité. Les habitants négociaient la libération des manifestants interpellés
Ameziane Athali


AFP - 16 jan 2010

Durcissement de la grève à ArcelorMittal d’Annaba

Les 7.200 salariés du complexe sidérurgique d’ArcelorMittal d’El Hadjar près d’Annaba (Est de l’Algérie) ont décidé samedi de durcir leur grève entamée le 4 janvier jusqu’à l’obtention d’un engagement officiel qu’un plan d’investissement global sera lancé, selon le syndicat.

« Nous poursuivons la grève et nous envisageons cette semaine une escalade dans nos actions », a indiqué à l’AFP Smaïn Kouadria, le secrétaire général du syndicat d’entreprise, sans vouloir en préciser les modalités.

« Nous la continuerons jusqu’à ce nous obtenions de la part des pouvoirs publics, d’ArcellorMittal et du groupe Sider (public, ationnaire à hauteur de 30% dans ArcelorMittal Annaba, NDR) un engagement écrit et officiel qu’un plan global d’investissement et de réhabilitation du complexe d’El Hadjar, incluant la cokerie, sera lancé », a-t-il ajouté.

« C’est une condition sine qua non », a encore affirmé M. Kouadria.
Toutes les unités du complexe étaient à l’arrêt, mais « un service minimum » était assuré pour assurer la sécurité de l’entreprise, selon lui.
« Nous ne faisons pas de politique, nous défendons seulement notre outil de travail », a-t-il ajouté, en qualifiant de « vide de sens » une lettre adressée aux syndicalistes par le secrétaire général du ministère de l’Industrie. « Le ministère ne prend aucun engagement sur le plan d’investissement dans cette lettre », selon le responsable syndical.

La direction d’ArcelorMittal était injoignable samedi.

Les sidérurgistes sont en grève pour protester contre la fermeture envisagée de la cokerie, employant 320 salariés, dont la rénovation coûterait 40 millions de dollars, selon des experts nommés après la mise à l’arrêt de cette unité en octobre dernier.

La direction d’ArcellorMittal Annaba avait au départ présenté un plan d’investissement de 200 millions de dollars pour 2010-2014 pour réhabiliter les installations du complexe (haut fourneau, laminoir, etc), excluant la rénovation de la cokerie.

Le syndicat d’entreprise a ensuite révélé jeudi qu’ArcelorMittal entendait « demander l’acccord du gouvernement algérien pour négocier avec lui un plan global d’investissements sur quatre ans, destiné à moderniser toutes les unités du complexe, y compris la cokerie », d’un montant de 350 millions de dollars, selon la presse algérienne.

La filiale algérienne du géant mondial de l’acier compte obtenir la reconduction d’une convention signée en 2001 pour dix ans avec l’Etat algérien lui octroyant d’importants avantages notamment fiscaux et financiers.

L’usine d’El Hadjar est une ancienne propriété de l’Etat algérien rachetée à 70% en octobre 2001 par l’Indien Ispat, une entreprise du groupe Mittal. Elle a produit 750.000 tonnes d’acier en 2009, selon la direction.
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Dim 17 Jan 2010 13:45

Le Soir d'Algérie - 16 jan 2010

Les travailleurs de la SNVI rejettent les promesses de Sidi-Saïd. La grève est reconduite

Les promesses faites par Sidi-Saïd aux travailleurs de la SNVI, concernant la prise en charge de leurs revendications, ont été rejetées en bloc par les protestataires. L’effet d’annonce n’a pas donné les résultats escomptés. Bien au contraire, la colère des travailleurs, en grève illimitée depuis le 3 janvier, a été exacerbée. Les grévistes de la SNVI considéraient, jeudi dernier, lors de l’assemblée générale, cette sortie de la centrale de l’UGTA comme une autre tentative de briser leur lutte visant à recouvrer leurs droits. Pour eux, donc, aucun résultat tangible n’a été enregistré au cours de la rencontre de mercredi dernier. A l’issue de cette réunion syndico-syndicale, rappelons-le, et à laquelle étaient conviées la Fédération Mines, Mécanique et Electronique, l’Union locale de Rouiba et les représentations des travailleurs de la SNVI, le secrétaire général de l’UGTA, Sidi- Saïd, a fait une déclaration à l’ENTV, un média public qui s’est curieusement souvenu qu’une grève était observée par les travailleurs de la SNVI.

Le « non » unanime

À notre arrivée au Complexe de véhicules industriels de Rouiba, les travailleurs venaient de clore leur assemblée générale. Ils avaient décidé de reconduire la grève. Les syndicalistes affiliés à l’UGTA n’étaient plus là. Ils étaient, disait-on, en conclave. Concernant les promesses de l’UGTA, le rejet était unanime. « Nos syndicalistes sont partis pour négocier. Pour l’instant, ils n’ont rien obtenu », soutenaient les grévistes. « Ils voulaient tout simplement gagner du temps », affirmait un travailleur qui, prenant la parole, n’a pas manqué de s’interroger, suscitant l’approbation générale, sur la véritable mission de leurs représentants. « Ils (les syndicalistes) nous disent qu’ils ne peuvent pas négocier sur la retraite car c’est un problème national. S’agissant des salaires, nous ne savons rien. Qu’est-ce qu’ils faisaient là-bas s’ils ne pouvaient négocier certains points ? Pourquoi nous représentent-ils alors ? L’arrêt de travail a été décidé par les travailleurs. Les syndicalistes sont venus pour arrêter le débrayage. Ils ont fini par adhérer à cette grève. Lorsque nous avons décidé de sortir dans la rue, ils ont tenté de nous en empêcher. Par la suite, ils nous ont rejoints. Aujourd’hui, ils nous demandent de reprendre le travail. Mais nous n’avons rien ! Makayen walou ! », a-t- il clamé. Et un jeune travailleur d’intervenir. « Depuis dix jours, nous sommes en grève, et aucun responsable de l’Etat n’a daigné nous écouter. Pourtant, quand ils veulent prendre des décisions, les responsables du pays le font. Ils ont fait intervenir les avions militaires pour transporter en quelques jours seulement, des milliers de supporters de l’Equipe nationale au Soudan. A nous, ils disent qu’ils sont en train d’étudier nos problèmes, mais ils envoient gendarmes et policiers pour nous menacer. C’est parce que nous sommes de simples travailleurs.

C’est de la hogra ! »

C’est un plan de redressement de l’Etat pour la SNVI En réponse aux responsables de l’UGTA qui présentent le plan de redressement économique et financier en faveur de la SNVI, à chaque occasion, comme étant leur trophée, les travailleurs tiennent à replacer les choses dans leur contexte : « Sidi- Saïd dit qu’il a supprimé la dette de la SNVI. Est-ce lui qui décide dans ce pays ? Est-ce donc lui qui a effacé la dette des fellahs ? On présente, dans la conjoncture actuelle, ce plan comme une exception, voire un cadeau à notre entreprise et aux travailleurs. Il n’en n’est rien. C’est une politique nationale qui concerne toutes les grandes entreprises publiques nationales. Cette nouvelle politique est dictée au pouvoir algérien par la crise mondiale. Elle se fait au niveau mondial. Même Obama supprime les dettes des entreprises privées américaines. » Pour eux, il y a une aberration dans la démarche de l’Etat, propriétaire de la SNVI, qui, d’une part, fait un diagnostic économique négatif de l’entreprise et, d’autre part, attribue annuellement 800 000 DA à chaque cadre dirigeant de la SNVI. Après avoir écouté les travailleurs, nous nous sommes rendus, avec un confrère, à la direction générale de la SNVI, où se réunissaient les syndicalistes de cette entreprise. Ils nous ont fait savoir, par le biais des agents de sécurité de la société, qu’ils étaient en réunion pour élaborer une déclaration commune. Nous n’en saurons pas plus.

Crainte d’un remake de 1988

Il est évident que l’activisme de l’UGTA, appuyé par l’énorme mobilisation sécuritaire autour de la zone industrielle de Rouiba, était destiné à calmer l’ardeur revendicative des travailleurs et, surtout, à éviter le remake de 1988. L’un des responsables syndicaux d’Anabib a fini par nous faire cet aveu, au cours d’une discussion : « Nous sommes intervenus auprès de nos collègues de la SNVI pour éviter la répétition de 1988. » Mais les pouvoirs publics savent pertinemment - dans le cas contraire, ce serait de l’incompétence - que les travailleurs de la SNVI n’ont pas cette ambition. « Nous sommes simplement des travailleurs et nous luttons pour un salaire décent et des droits reconnus par la Constitution algérienne », clamaient- ils. Par contre, leur tradition syndicale est bien ancrée dans leur culture. S’agissant des autres unités dont le personnel avait suivi la grève de la SNVI, nous en avons visité quelques-unes. Au niveau de la Cammo (mobiliers de bureau), les travailleurs faisaient face aux représentants de l’UGTA qui s’efforçaient de les convaincre de reprendre le travail. Au niveau de la Tameg (tanneries algériennes), le secrétaire général de la section syndicale nous a assuré que les grévistes avaient repris le travail, sur la base de l’engagements de leur Fédération dans des négociations, futures, avec la tutelle du secteur cuir et textile. L’agent de sécurité de la Mobsco, nous a, quant à lui, indiqué que les travailleurs avaient suspendu le débrayage. Le secrétaire général du syndicat Anabib (3 unités) nous a affirmé, pour sa part, que des promesses de négociations leur ont été faites par leur Fédération.

par Abachi L. (Le Soir d’Algérie)


El Watan - 16 jan 2010

Les travailleurs de la SNVI en colère contre le patron de l’UGTA

Les travailleurs de la SNVI de Rouiba n’ont pas repris le travail, jeudi dernier, au lendemain de la réunion qui s’est tenue au siège de l’UGTA à Alger et qui avait regroupé leurs syndicalistes, ceux de l’union locale et ceux de la fédération de la métallurgie autour du patron de la centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd.

Ils ne sont pas satisfaits des « résultats » du conclave tenu à la Maison du peuple sous haute surveillance policière. Au complexe, il régnait toujours un climat de tension aggravé par la suspicion qui entoure les « actions » de la centrale syndicale. Les travailleurs sont plus que jamais méfiants à l’égard Sidi Saïd et son organisation, qui continuent à perdre le peu de sympathie qui leur restait au sein du monde du travail. Le jour même de la réunion d’Alger, des travailleurs nous disaient tout leur scepticisme quant à l’aboutissement de ce « énième acte d’une tartuferie pensée par le régime et exécutée par ses serviteurs ». « L’UGTA, ou le pouvoir de manière générale, n’accepte pas qu’un mouvement spontané, qui s’organise en dehors de ses structures, aboutisse. Au début, ses éléments ont tout fait pour étouffer la contestation. Lorsqu’ils ont vu qu’au contraire, elle se répandait dans toute la zone, ils ont suivi. Ils iront cet après-midi recevoir les ordres que leur transmettra Sidi Saïd, sans plus », a ajouté notre interlocuteur. Jeudi matin, les travailleurs ont organisé une assemblée générale pour écouter le compte rendu de leurs représentants auprès du secrétariat général de l’UGTA, les responsables du syndicat d’entreprise, MM. Benmouloud et Zetoutou. Ceux-ci ont communiqué aux travailleurs réunis dans la cour, à l’entrée de l’usine, les « décisions prises par notre syndicat ». « Ils nous parlent de l’annulation de l’article 87 bis du code de travail, une augmentation dans le cadre des négociations prochaines des conventions de branche et le gel de la nouvelle loi relative au départ à la retraite jusqu’à 2011.

C’est une aberration  ! », a lancé un travailleur. Le collectif des travailleurs était remonté contre « cette autre tentative de manipulation ». A notre arrivée sur les lieux, les syndicalistes étaient partis et les travailleurs étaient encore là à échanger leurs points de vue sur ce qui venait de se passer. Approchés par nos soins, ils nous diront : « Nos syndicalistes font le jeu du pouvoir qui actionne à chaque fois la centrale syndicale pour étouffer les luttes ouvrières. Depuis quand un syndicat décide-t-il d’augmenter les salaires  ? Si cette augmentation ne tenait qu’à Sidi Saïd, pourquoi ne l’a-t-il pas décrétée avant  ? Il est navrant qu’une certaine presse rapporte des incongruités pareilles dans le but d’anéantir nos efforts. Cela fait 10 jours que nous sommes en grève et voilà que des syndicalistes disent qu’ils ont décidé enfin de nous accorder une augmentation de salaires. Nous n’avons pas demandé à l’UGTA de décider au sujet de nos revendications, nous avons seulement exigé de lui de porter nos revendications. Seul le gouvernement peut répondre par rapport à l’issue qui leur est réservée. Nous avons carrément demandé à nos ’négociateurs’ de se retirer et de nous laisser tranquilles. » Un travailleur visiblement très en colère « contre l’attitude de l’UGTA du sommet jusqu’à ses prolongements locaux » nous a déclaré  : « Nos revendications sont ignorées, nous allons poursuivre le mouvement de grève. Nos émissaires auprès de Sidi Saïd nous disent que si nous sortons dans la rue, ils ne vont pas nous soutenir. Voilà ce qui les dérange, les manifestations de rue. Et il est visible que ’sidhoum’ Saïd les a chargés de casser le mouvement. Aujourd’hui, nous sommes restés à l’intérieur de l’usine pour débattre profondément du problème, mais la semaine prochaine, nous réinvestirons la rue. » Revenant aux « fameuses décisions prises lors de la réunion de jeudi dernier », un autre travailleur lance  : « Est-ce dans les prérogatives de l’UGTA d’annuler un article de loi et d’en geler un autre  ? C’est aberrant  ! Nous nous adressons aux pouvoirs publics qui ne se sont jamais souciés de la situation du citoyen algérien et nous voulons des décisions concrètes. Les promesses, nous en avons eu des centaines. Elles n’ont jamais été tenues. »

Dans les autres entreprises, comme Anabib, Mobsco et Tameg, les travailleurs ont repris l’activité, mais tous disent qu’ils reprendront la protestation si les promesses ne sont pas tenues. A rappeler que sur les quelque 11 000 travailleurs qui ont adhéré au mot d’ordre de grève lancé le 5 janvier, 6000 environ sont de la SNVI. Et ce sont eux qui ont mené le mouvement.

Par Kamel Omar, in El Watan


El Watan - 15 jan 2010

Rouiba : La lente agone des enfants de Boumediène

La plupart sont là depuis les années 70. Malgré un salaire de base qui ne dépasse pas les 20 000 DA, la maladie, et le sentiment d’abandon qui les ronge. Fiers d’appartenir à un complexe autrefois prestigieux. Rattrapés par l’économie mondialisée, les ouvriers des entreprises publiques de Rouiba résistent encore. Pour combien de temps ?

Ce matin-là, il pleut sur Rouiba. Deux cordons de gendarmes antiémeute harnachés de casques, boucliers et protège-tibias forment un mur face aux quelque 10 000 grévistes de la zone industrielle, dans la rue depuis une semaine. Malgré le temps et l’humeur morose, une blague circule. « Vous connaissez notre syndicat ? C’est l’UGCT. L’Union générale contre les travailleurs… » Mais ici, quand on débraye, on ne plaisante pas. Dès que Rouiba se met à grogner, même l’UGTA - qui y a une des ses plus importantes représentations - est obligée de se mettre en alerte. Car en quelques jours, le géant de l’industrie algérienne peut soulever jusqu’à des dizaines de milliers d’ouvriers capables de contaminer tout le pays. Ce matin-là, sous les pancartes réclamant la révision de la tripartite, ils étaient plus d’un à avoir « fait 88 ». « A l’époque, on nous avait annoncé la suppression de la prime de jouet donnée à la rentrée scolaire », se souvient un employé de la Société nationale des véhicules industriels. Pour la plupart des manifestants, la grève de septembre à l’origine du 5 octobre, c’est comme si c’était hier.

« A l’époque, le contexte n’était pas le même, témoigne un autre technicien en blouse bleue. On ne pouvait pas s’exprimer comme on le fait aujourd’hui ! Et puis il y avait une crise. Aujourd’hui, on sait que les caisses sont pleines. Mais nous, on ne voit rien. On mange de la viande congelée parce qu’elle est moins chère et on n’a pas de voiture. » Rachid, 56 ans, à la SNVI depuis 1974, acquiesce. « En 88, je me suis marié avec 70 000 DA ! Est-ce que je pourrai le faire aujourd’hui ? Sans doute pas. » Dans la zone industrielle, il paraît que la plupart des quadras sont encore célibataires. Le parti unique, le kilo de haricots blancs à 3 DA ou la cantine à 7 DA : malgré tout, « la vie était moins difficile ». Et surtout, « le syndicat » comme ils l’appellent, était à leurs côtés. « Tayeb Belkhadar, le secrétaire général de l’UGTA, est resté avec nous et nous a défendus jusqu’au dernier », s’emporte un gréviste entraînant un soudain brouhaha. « Oui ! Aujourd’hui, notre organisation ne nous écoute plus ! » « La vraie UGTA, c’est nous ! » « La centrale est complètement out ! » « Si ces dirigeants restent, ils vont tuer l’UGTA ! » Casque sur la tête, Mohamed Abdesselam Benmouloud, secrétaire général du syndicat à la SNVI, prend la parole : « Les ouvriers sont la base du syndicat, mais notre organisation n’écoute pas la base. Si aujourd’hui on est dans la rue, c’est parce que les droits ne s’arrachent pas derrière un fauteuil. » Approbation générale. « Le mépris, c’est ce qui nous a poussés à descendre dans la rue ! renchérit un employé de Tameg. En 88, les dirigeants s’étaient rapprochés de nous, on nous avait écoutés. Aujourd’hui, personne ne descend discuter avec nous. Les seuls qu’on nous envoie pour dialoguer, ce sont les flics et les gendarmes, c’est ce qui fait mal. » Il faut dire que le décalage est énorme. Dans les bureaux, le ministre du Travail, Tayeb Louh, s’interroge sur les « manipulations » dont les travailleurs feraient l’objet. Près des grilles de la SNVI, Rahmani, 51 ans, 30 ans de service, 9 heures debout et 12 000 pièces par jour, 8 enfants, ne comprend pas. Ses collègues de la fonderie non plus. « Quand l’Etat a besoin de nous, il sait où nous trouver ! Après la victoire des Verts, on nous a appelés à 2 h du matin pour venir préparer le bus qui allait servir à la tournée de l’équipe en ville. On y est allés. » L’anecdote fait mouche. « Ah ça ! Pour parler du foot et de la météo, la télé est là, mais pour nous, rien ! Pourquoi on nous abandonne comme ça ? Où est la promesse de Bouteflika d’aider les ouvriers pendant son 3e mandat ? »

Au bord de la route, un panneau indique « tannerie mégisserie Mitidja ». Dessus : un guépard déformé dans une pelouse de pâquerettes aux couleurs fanées. La crise de l’industrialisation, les découverts bancaires des entreprises publiques, les plans de redressement successifs (800 milliards de dinars ont été injectés dans les entreprises publiques, dont 600 milliards entre 1991 et 1996)… les ouvriers de Rouiba ne veulent pas en entendre parler. « Qu’on demande des comptes à nos gestionnaires, pas à nous ! Les investissements de l’Etat ? On ne les a pas vus. Dans les ateliers, il y a des infiltrations d’eau et les aspirateurs de poussière sont en panne. Alors oui, on donne des primes aux footballeurs et Toumi dépense des milliards pour son Festival panafricain, mais nous, en 88, on était déjà là, on a sauvé la SNVI de l’incendie. On demande juste à l’Etat de nous donner à faire ce qu’on sait faire au lieu de donner les marchés au privé. » Derrière, des cris fusent : « Toumi det mlayer, elli ylab mlayer, el amel yebka bayer ! » Le long de la route, des draps tendus aux grilles de l’ex-Sonacome réclament « l’abrogation de l’article 87 bis ». « Boutef, il a révisé la Constitution. Nous, on demande juste un article qui assimile le SNMG au salaire net avec les primes. » Parce qu’ici, « comme à Réghaïa », souligne Abdelkrim, un des travailleurs d’Anabib qui a réussi à se glisser jusqu’à Rouiba, l’augmentation du salaire minimum à 15 000 DA, personne n’en verra la couleur. « Et puis, on ne veut plus payer l’IRG, clame une salariée à la SNVI depuis vingt ans. On ne peut pas payer pour les autres.

C’est injuste qu’un salarié paye trois fois plus qu’un commerçant, entre 3000 et 12 000 DA ! On est de simples travailleurs ! » Un chauffeur routier de la SNVI, 52 ans, depuis 28 ans dans l’entreprise, s’immisce dans la conversation. « Moi, ça fait un an que le médecin m’a prescrit des lunettes, mais je n’ai pas pu les acheter, s’énerve-t-il. Mon salaire de base ? 14 000 DA. » A peu près dans la moyenne des salaires de la zone industrielle. « A cette base, il faut ajouter les primes, variables qui, selon l’expérience et le poste, font grimper les salaires à 25 000 ou à un peu plus de 30 000 quand la production est bonne », précise un mécanicien de 42 ans, père de quatre enfants. « Dans dix jours, je serai obligé de demander de l’argent à ma famille parce que ma paye sera déjà partie en fumée. » Comme l’allocation enfant, de 300 DA, ou l’allocation pour la femme au foyer, de 1000 DA. « Nous à la tannerie, on est les plus mal lotis de la zone !, affirme un chef de service de la tannerie. J’ai vingt-et-un ans d’expérience et je gagne 20 000 DA ! » Accroché aux barreaux, Bouksani, 40 ans, 25 ans d’expérience à la SNVI, scande pour chauffer la foule : « Aychine goutte-à-goutte, achr yam tmout » (on vit au goutte-à-goutte et le salaire meurt au bout de dix jours). « Malgré qu’on ne mange que des épinards, mon fils a eu son bac avec 18 de moyenne ! », promet un gréviste. « Oui, on est ici pour défendre les droits des nouvelles générations », lui répond un autre. « La rue, c’est tout ce qui nous reste. Si Aminatou Haider a tenu un mois, moi je peux tenir une année ! »

Aujourd’hui, Mahieddinne, 52 ans, technicien en maintenance industrielle, 32 ans de service, est arrivé en retard. Sa fille, diabétique, a dû partir en urgence à l’hôpital. Puisqu’ils sont en grève, cela ne se verra pas. Mais les autres jours, l’heure de retard est retirée de son salaire. De ses 16 700 DA. Avec ça, pas de quoi imaginer s’acheter un kilo d’oranges toutes les semaines. Ni même payer ses médicaments. Et à Rouiba, où la majorité des ouvriers a contracté des maladies liées à leurs conditions de travail, c’est un vrai problème. Yacine, un jeune homme de 28 ans, timide, se tient un peu à l’écart. Lui n’est pas comme les anciens. C’est sa première grève. Ses collègues parlent pour lui. « Il est là depuis même pas trois ans et déjà on l’a mis sur un poste aménagé parce qu’il a attrapé une infection pulmonaire à la fonderie. » L’intéressé baisse la tête sous la pluie qui frappe sa capuche. Il explique qu’il gagne 17 000 DA par mois et qu’heureusement, son traitement est remboursé, même si cela prend plusieurs mois. « Mais c’est lui l’avenir !, s’indigne Mohamed Ali, de Tameg. La retraite anticipée, il pourrait ne pas la connaître. Mais comment fera-t-il pour tenir jusqu’à 60 ans ? Et après ? On sait qu’on ne vivra pas plus de trois ans, à cause des produits chimiques que nous utilisons. » Ahmed travaille aussi à la fonderie. Il souffre de silicose (maladie pulmonaire provoquée par l’inhalation de particules de poussières de silice) et on lui a accordé 15% d’invalidité. « Le médecin m’a prévenu que ça allait s’attaquer au cœur », confie-t-il. « Alors ? On va nous l’amener où la retraite ? Au cimetière ? » Dans l’attente de l’issue des négociations entre l’Union locale et Sidi Saïd, les grévistes se tiennent tranquilles. « Dans un an, je pars à la retraite. Et je cotise pour ça. Pourquoi on veut me l’enlever ? On a travaillé toute notre vie et aujourd’hui on ne peut pas nourrir nos enfants ? C’est un problème de dignité. » Comme en 1988. « Bien sûr ! Parce que notre système est un système colonial !, intervient un jeune employé de la zone, casquette vissée sur la tête. On travaille mais sans salaire décent ! La masse salariale n’est pas considérée ! » Un des anciens le regarde en souriant. « Le comble dans toute cette histoire ? Regardez les CRS qui nous font face. Les camions chasse-neige et pompe à eau qu’ils sont prêts à utiliser contre nous, ce sont les nôtres », ironise-t-il. « Mais eux, ils sont dans le même bateau que nous. Vous croyez qu’ils gagnent combien ? Hier, il y en a un qui est tombé dans les pommes, raconte un autre. Il paraît qu’il était mal nourri… » Ce matin-là, il pleuvait sur Rouiba.

Par Adlène Meddi, Mélanie Matarese, El Watan
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Lun 18 Jan 2010 16:59

El Watan - 18 jan 2010

Rassemblements et Routes coupées

Les manifestations de rue se multiplient dans le pays, révélant le ras-le-bol de citoyens excédés par les promesses non tenues des responsables à différents niveaux institutionnels.
Dans les wilayas de Boumerdès, El Tarf, Aïn Defla, Tizi Ouzou, Sidi Bel Abbès…, la fermeture des routes et les rassemblements de protestation devant les sièges des APC se sont imposés, hier encore, comme le moyen, le dernier, de crier leur colère. Les revendications sont quasiment les mêmes partout, révélant l’échec des politiques de développement prônées et mises en œuvre jusqu’ici et le malaise grandissant qui étreint les populations. Réfection des routes, ouverture de lignes de transport, couverture sanitaire, emploi… autant de soucis lancinants que partagent au quotidien les contestataires, qui ne croient plus en le pouvoir et la compétence des institutions locales.


TSA - 17 jan 2010

Arcelor Mittal: la direction porte plainte pour faire cesser la grève

AFP - Alors que la grève se poursuit au complexe sidérurgique, la direction du complexe d'ArcelorMittal Annaba a déposé une plainte en justice pour faire cesser la grève illimitée lancée le 4 janvier par le syndicat de l'entreprise, a-t-on appris de source syndicale.

"La direction a déposé une plainte dimanche matin auprès du tribunal d'El-Hadjar pour faire cesser notre grève", a déclaré à l'AFP le secrétaire général du syndicat, Smaïn Kouadria. Selon lui, la direction demande qu'une injonction soit prononcée contre le mouvement de grève entamé pour protester contre la fermeture envisagée de la cokerie, employant 320 salariés, dont la rénovation coûterait 40 millions dedollars. La direction a également décidé de ne pas verser les salaires du mois de janvier des 7.200 employés, a affirmé M. Kouadria. "J'ai informé les grévistes de cette décision. Il m'ont répondu qu'ils étaient prêts à sacrifier même le salaire du mois de février pour peu que cela contribue à la réhabilitation de la cokerie", a-t-il dit.

La direction d'ArcelorMittal était injoignable dimanche. Selon M. Kouadria, le ministère de l'industrie a "donné instruction" au Pdg du groupe public Sider; Amar Belkacemi, actionnaire à hauteur de 30% dans ArcelorMittal Annaba, de "convoquer un conseil d'administration extraordinaire" pour discuter de la participation de l'Etat dans le projet de rénovation de la cokerie. "L'Etat est prêt à contribuer à hauteur de 30% dans le projet de rénovation de la cokerie. La direction d'ArcelorMittal sera ainsi mise devant le fait accompli", a déclaré M. Kouadria


Liberté - 17 jan 2010

Une grève, un rapport et un silence
Par : Salim Tamani

Pendant ce temps, la santé publique poursuit sa descente aux enfers. Les hôpitaux sont saturés, les patients sont ballottés d’un rendez-vous à un autre, alors que la qualité des soins, du fait de la dégradation de l’environnement général du secteur, ne répond plus aux attentes. Et c’est là où la commission de Ksentini pointe du doigt l’un des aspects les plus problématiques du département de Saïd Barkat.

Alors que la corporation des médecins de la Fonction publique entame sa deuxième semaine de grève, le rapport de la très officielle Commission nationale des droits de l’Homme sur la situation au sein des hôpitaux vient comme une confirmation du malaise qui règne depuis des années au sein du secteur de la santé.
Si l’accès aux soins relève de l’une des bases des droits humains, le rapport du département de Farouk Ksentini énumère un certain nombre de lacunes et de problèmes qui handicapent réellement la fonction de médecin au-delà de la situation socioprofessionnelle qui laisse à désirer.
D’un mouvement de débrayage à l’autre, d’une contestation à une autre, les médecins, dont le métier était dans un passé très récent le symbole de la réussite sociale, n’arrivent pas à faire entendre leur voix face à un ministère qui semble s’empêtrer dans l’opération de vaccination contre la grippe porcine.
Mais jusqu’à quand va durer la grève des praticiens et spécialistes de la santé ? Qu’attend le ministère de tutelle pour répondre, positivement ou négativement, aux revendications de cette corporation défavorisée sur le plan salaire, mais qui compte pas moins de sept années d’études universitaires pour un simple généraliste ?
Les médecins espèrent une réponse, ou du moins l’amorce d’un dialogue qui puisse débloquer cette situation de statu quo en attendant que des solutions soient proposées et apportées aux multiples problèmes posés.
Pendant ce temps, la santé publique poursuit sa descente aux enfers. Les hôpitaux sont saturés, les patients sont ballottés d’un rendez-vous à un autre, alors que la qualité des soins, du fait de la dégradation de l’environnement général du secteur, ne répond plus aux attentes. Et c’est là où la commission de Ksentini pointe du doigt l’un des aspects les plus problématiques du département de Saïd Barkat.
Hémorragie du personnel, disparités régionales et dévalorisation des compétences sont les principaux griefs retenus dans le document. Et ce n’est pas tout. La liste des incohérences est longue. Du coup, Ksentini se fait le porte-parole des médecins de la santé publique, et sa voix ne peut être qu’entendue. À moins qu’au plus haut niveau de l’État, on veuille laisser les choses en l’état…
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Mer 20 Jan 2010 16:44

Liberté - 20 juin 2010

Protestation de jeunes chômeurs à Naciria (Boumerdès)
La direction de l’emploi et l’APC se renvoient la balle
Par : Madjid T

Les jeunes qui ont affronté la police avant-hier, durant plusieurs heures, reprochent aux autorités locales “de les avoir marginalisés et d’avoir favorisé des personnes de leur connaissance dans l’établissement de ces contrats”.

La contestation a repris, avant-hier, à Naciria, lorsque les jeunes chômeurs de la commune ont décidé, une fois de plus, de couper la route pour exiger du travail dans le cadre du dispositif dit CFI (contrat de formation et d’insertion). Les jeunes, qui ont affronté la police durant plusieurs heures, reprochent aux autorités locales “de les avoir marginalisés et d’avoir favorisé des personnes de leur connaissance dans l’établissement de ces contrats”.

Joint hier par téléphone, M. Oubraham, adjoint au maire, a indiqué que ce sont les jeunes inéligibles à ce dispositif qui sont à l’origine de cette protestation, précisant que l’étude des dossiers est en cours pour faire bénéficier les plus méritants.
Le président de l’APC avait justifié la situation par l’insuffisance de postes de travail attribués par la direction de l’emploi dans le cadre de ce dispositif. “Seuls 420 contrats leur ont été offerts sur 1 200 demandes exprimées”, nous avait-il précisé. Le directeur de l’emploi, M. Brahimi, a rejeté les arguments développés par les responsables de l’APC en imputant à la commune la responsabilité du retard enregistré dans le traitement des dossiers et le démarrage de chantiers.

M. Brahimi nous exhibe les fiches techniques envoyées par l’APC et signées par la direction de l’emploi, comme il nous a montré les 463 contrats de travail sur les 580 attribués, signés et approuvés par l’APC et qui, selon lui, n’auraient pas été débloqués à temps par les responsables de la commune. “Nous sommes prêts à accorder plus à la commune de Naciria pourvu que l’APC fasse son travail et ouvre les chantiers pour permettre aux jeunes de travailler”, précise le même responsable, ajoutant qu’une convention va bientôt être signée entre la direction de l’emploi, la direction de la formation professionnelle et l’agence de wilaya de l’emploi et cela, pour permettre aux jeunes inscrits dans ce dispositif de bénéficier d’une formation qualifiante. Mais le fond du problème est ailleurs, selon des élus de la commune: Naciria a rarement bénéficié de projets sociaux économiques, et ce ne sont pas les contrats de travail de six mois qui règleront le problème du chômage.
Il nous faut des projets d’investissement importants pour donner des emplois durables, expliquent-ils.
Pourtant, une zone d’activité existe à Naciria depuis plus de 20 ans, mais elle n’a jamais démarré.


L'expression - 20 jan 2010

Tizi Ouzou: Emeutes au quartier Les genêts

Des affrontements ont éclaté hier, tôt dans la matinée, entre les forces de l’ordre et les jeunes vendeurs qui occupaient le boulevard Lamali. Sommés de quitter les lieux squattés durant des années sur les trottoirs, les contestataires ont refusé de se soumettre. Pour libérer la place, les autorités ont utilisé la force publique en dépêchant la brigade anti-émeutes. Des affrontements ont opposé les deux camps jusqu’à la mi-journée. Une dizaine de jeunes ont été arrêtés avant d’être relâchés. Hier après-midi, le calme est revenu, mais les traces des échauffourées étaient toujours visibles sur les trottoirs et la chaussée. Des pneus brûlés et la fumée montait encore des recoins où s’étaient repliés les émeutiers. Cependant, il convient de rappeler que ce boulevard qui loge le quartier Les Genêts et qui s’étend jusqu’au stade du 1er-Novembre a toujours été occupé par ces vendeurs de vêtements Les autorités ont maintes fois essayé de les déloger mais c’était sans compter sur la farouche obstination de ces derniers à y demeurer. Les jeunes justifient leurs refus par le chômage qui les guette. En effet, des centaines de sans emplois ont choisi ce lieu pour vendre des articles d’habillement au point d’en faire un marché de référence dans la wilaya. Mais, leur activité, leur reproche-t-on, d’une part, cause de multiple tracas aux transporteurs ainsi qu’aux taxis urbains qui ont leurs arrêts sur ces places. D’autre part, c’est la proximité de ce lieu avec le centre hospitalo-universitaire qui semble motiver la décision de les déloger. Par ailleurs, à quelques encablures, le quartier des fonctionnaires a connu, lui aussi, des escarmouches la même matinée. Sur les lieux, des pneus brûlaient et la route était barricadée. A l’origine, c’est une famille anciennement établie qui a reçu la décision de quitter son ancienne habitation. Quelques heures plus tard, les forces de l’ordre ont évacué les lieux. Avant-hier, la force publique a du être, une fois encore, mobilisée pour disperser des protestataires à Timizart Loghbar. Les habitants de ce grand village qui fait partie de la commune de Tizi Ouzou se plaignaient de l’état lamentable des pistes et de l’absence des voix d’assainissement des eaux usées. Au bout du compte, les causes des actions de la population sont pratiquement toutes semblables.
La réponse des autorités est, à présent, connue de tous: la force publique qui signifie les brigades anti-émeutes. La vrai question est de connaître les raisons de l’absence de dialogue avant les actions et l’étouffement par les éléments des forces de l’ordre.
Kamel BOUDJADI


TSA - 20 jan 2010

Marche imposante des enseignants à Tizi Ouzou

Des milliers d’enseignants ont marché aujourd’hui mercredi 20 janvier à Tizi Ouzou à l’appel des syndicats autonomes notamment le CNAPEST et l’UNPEF. 2000 personnes selon la police et plus de 5000 selon les organisateurs ont battu le pavé depuis les locaux de la direction de l’éducation jusqu’au siège de la wilaya en empruntant les principales rues de la ville.

Les enseignants demandent l’assainissement de toutes les questions inhérentes à leur situation financière notamment des arrièrés de salaires, de primes et autres indemnités. Certains arriérés datent de 1995. Les contestataires exigent le règlement de tous les problèmes liés à leur carrière professionnelle. Une délégation des syndicats organisateurs de la marche a été reçue par les services du wali et un délai a été accordé à l’inspection académique locale de répondre favorablement à leurs doléances.
Ameziane Athali

Liberté - 19 jan 2010

Tizi Ouzou, Béjaïa, Aïn Defla - Le secteur de l’éducation en ébullition

La grogne gagne plusieurs wilayas de la région Centre. À Tizi Ouzou, le Sete, affilié à l’UGTA, observe depuis hier deux journées de protestation. À Béjaïa, le CLA invite les autres syndicats du secteur à se joindre à la journée de protestation prévue le 27 de ce mois. Et à Aïn Defla la contestation fait des émules.

Rien ne va plus dans le secteur de l’éducation. L’on croirait que plusieurs wilayas du Centre se sont donné le mot pour agir, voire protester au même moment. En effet, les enseignants de la wilaya de Tizi Ouzou, notamment ceux des cycles primaire et moyen, ont observé hier une journée de protestation à l’appel du Syndicat d’entreprise des travailleurs de l’éducation (Sete UGTA).
Le débrayage a été moyennement suivi si l’on se fie à des informations recoupées. Le secrétaire général du Sete parle, lui, d’un taux de suivi qui avoisine les 60%, voire les 70% par endroits. “En revanche, la grève a été bien suivie dans les zones rurales comme Aïn El-Hammam, Azazga, Bouzeguène, etc.”, affirme le responsable de l’UGTA. Dans la ville des Genêts, le taux était moindre. Dans certains établissements, des enseignants grévistes ont été réquisitionnés pour la surveillance de l’examen des intendants, nous informe-t-on par ailleurs.
Dans un appel commun rendu public, les deux syndicats engagés dans une synergie d’unité d’action depuis quelques mois exhortent les enseignants à observer, demain mercredi, un sit-in devant le siège de l’académie de Tizi Ouzou suivi d’une marche vers le siège de la cité administrative. À Béjaïa c’est le syndicat du cycle secondaire qui est monté au créneau. Après une brève accalmie la protestation reprendra dès la semaine prochaine. En effet, le Conseil des lycées d’Algérie (CLA), par le biais de son porte-parole, Idir Achour, vient de lancer un appel à une journée de grève nationale le 27 janvier dans les lycées. Une action arrêtée par son dernier conseil national et qui sera suivie par une autre grève de deux jours en février prochain, ponctuée celle-ci d’un sit-in devant le Palais du gouvernement, et d’une grève illimitée à partir du mois d’avril si jamais leurs revendications ne sont pas satisfaites. Les dates de ces deux dernières perspectives ne sont pas encore fixées par le CLA, qui appelle les autres syndicats du secteur de l’éducation à se joindre à la protestation. Avant-hier, les lycéens de la localité de Bouhamza, à environ 80 km du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa, ont en guise de protestation, procédé à la fermeture du siège de leur mairie.
Le manque de moyens de transport vers les lycées de Soudouk où ils étudient est la revendication-phare mise en avant devant l’APC par les jeunes protestataires de Bouhamza. De leur côté, las de ne pas avoir perçu le rappel des indemnités du deuxième semestre de l’année écoulée et le retard du versement du salaire du mois courant habituellement reçu le 12, les syndicalistes de l’Unpef de la wilaya d’Aïn Defla menacent de rejoindre le mouvement de protestation.


El Watan - 19 jan 2010

Vent de colère à travers le pays : Inertie coupable des pouvoirs publics
Par Djaffar Tamani

Les actions de protestation se sont multipliées, ces derniers jours, à travers le pays, mettant à nu la dégradation des conditions de vie de larges franges de la population.

A l’Est, au Centre, comme à l’Ouest, les citoyens soulèvent les mêmes préoccupations liées à l’emploi, à la couverture sanitaire, à l’enclavement et à l’absence des commodités de base, comme l’eau, le gaz et l’assainissement. Cette année 2010 s’annonce sous le signe de la contestation sociale, et ce ne sont pas les déclarations officielles sur la baisse du taux de chômage ou le relèvement du salaire minimum, sans réel impact sur le pouvoir d’achat, qui mettront la colère ambiante sous l’éteignoir. Les dernières statistiques rendues publiques récemment, annonçant un taux de chômage de 10%, placent pratiquement l’Algérie au même niveau que les pays européens. Or, la réalité est tout autre.

Les présidents d’APC dans les communes rurales, interrogés sur l’emploi dans leurs localités, répondent invariablement que le taux de chômage se situe au-delà des 50%. Dans ces conditions, la stabilité sociale est mise en péril, en dépit des chiffres euphoriques sortis de l’administration centrale. Toutes les politiques sociales menées dans l’optique d’aider à l’insertion des jeunes n’ont fait qu’aggraver la précarité. Des diplômés d’universités usent leur patience durant des années au niveau des sièges des administrations chargées de mettre en œuvre les dispositifs gouvernementaux. Trois ou quatre années d’attente pour obtenir un poste sous-payé et non renouvelable. Cette frange de la population, que la formation universitaire n’a pas aidée à intégrer le monde du travail, vit le drame du chômage dans le silence, préférant tourner le regard vers des cieux plus cléments. La colère vient du pays profond, où parfois ce sont des pères de famille qui descendent dans la rue pour protester contre la désertion de tous les services étatiques chargés d’améliorer les conditions de vie des citoyens. Toutes les administrations publiques paraissent en définitive équipées et programmées pour que rien ne bouge. La réalisation d’un petit tronçon d’assainissement ou la réfection d’une route deviennent subitement des projets qui dépassent les compétences et les moyens des collectivités locales.

Pourrissement

Pour rompre l’inertie des pouvoirs publics, la population a compris que le seul moyen de se faire entendre est de bloquer les routes ou d’occuper les administrations et les assemblées locales. En quelques heures, les autorités locales réagissent et annoncent le lancement des travaux pour le lendemain. Ainsi donc, les moyens sont disponibles, et c’est l’option du pourrissement et du mépris qui a prévalu, en lieu et place de la rigueur et de la compétence. Dans leurs actions de protestation, les citoyens « occupent » indifféremment les sièges de daïra et les assemblées locales, faisant porter une égale responsabilité aux élus et aux responsables de l’administration. Cette dernière a décidé, depuis bien longtemps, de s’installer dans la bureaucratie, reproduisant depuis des décennies les mêmes réflexes tatillons et sclérosants. Il est arrivé que des walis déclarent, impuissants, qu’« un seul fonctionnaire peut bloquer des projets d’envergure de toute la wilaya ». Ces postures d’indignation n’ont malheureusement aucune incidence sur le fonctionnement boiteux des administrations. Les assemblées élues, quant à elles, sont à l’origine de beaucoup de déception au sein de la population. Les programmes de campagne sont oubliés au lendemain de l’installation des exécutifs, et l’on cède à la facilité de la gestion au jour le jour, se déconnectant de la vie quotidienne des administrés. Les élus font alors preuve d’une inertie égale à celle de l’administration. Ils oublient la population qui les a élus, et qui le leur rend bien, puisque, le jour des manifestations, les protestataires réclament exclusivement la venue des autorités administratives.


TSA - 20 jan 2010

Banques : un taux de non remboursement des crédits supérieur à 25 %

Le taux de non remboursement des crédits bancaires serait supérieur à 25 %, selon des estimations officielles. « Le taux est préoccupant et important. Tout dépend des banques », a expliqué, Abdrahamne Benkhalfa, délégué général de l’Association des banques et des établissements financiers (ABEF), invité mercredi matin de la Chaîne III de la radio nationale. M. Benkhalfa a cependant refusé de confirmer le chiffre de 100 milliards de dinars de crédits non remboursés se contentant de dire que le chiffre est différent d’un secteur à un autre.

Selon lui, ce taux ne permet pas, dans les circonstances actuelles, d’accéder facilement aux crédits. « Cette situation complique les négociations autour des financements nouveaux. Il faut que le crédit reste orthodoxe et garanti, adossé sur la fiabilité de l’entreprise », a-t-il soutenu. Il y a, selon lui, des instruments qui permettent de recouvrer les crédits. « Chez nous, les banques recourent faiblement à la justice. Il y a donc des solutions à l’amiable. Nous n’avons pas d’autres choix que de rendre le tissu des entreprises compétitif. La première responsabilité incombe aux entreprises puis aux pouvoirs publics », a indiqué Abderahmane Benkhalfa.
Merouane Mokdad


TSA - 20 jan 2010

Arcelor Mittal: La justice reporte sa décision sur la suspension de la grève

AFP - La justice algérienne a reporté à mercredi sa décision sur une demande d'ArcelorMittal à Annaba d'obliger les grévistes à suspendre leur mouvement qui dure depuis une semaine, a déclaré mardi à l'AFP un responsable de l'entreprise.

"La juge devait rendre sa décision ce matin sur la demande de la direction de suspendre la grève mais elle a l'a reportée à mercredi", a indiqué à l'AFP par téléphone le chargé de la communication du complexe sidérurgique d'el Hadjar, Mohamed Guedha. La direction a également introduit lundi auprès du tribunal une action visant "à faire reconnaître l'illégalité" de la grève dans cette filiale du géant indien de l'acier, a-t-il ajouté, en précisant que le tribunal se prononcera "plus tard".

La grève des 7.200 employés du site a démarré le 12 janvier à l'appel du syndicat qui exige que le plan d'investissement global de 200 millions de dollars prévu par la direction pour l'amélioration du site, inclue la rénovation de la cokerie, mise en veille en octobre 2009 en raison de sa vétusté. Le conseil d'administration de l'entreprise tiendra mercredi matin une session extraordinaire à la demande du groupe Sider, actionnaire à hauteur de 30% d'ArcelorMittal d'El Hadjar, a également indiqué M. Guedha


"Le plan d'investissement est axé sur le coeur de notre métier, la cokerie n'est pas indispensable au fonctionnement de l'usine", avait précisé la direction dans un communiqué, à la veille de la grève. "On peut très bien importer tout le coke nécessaire, comme cela se faisait avant la mise en service de la cokerie en 1978", a ajouté M. Guedah.

Il a confirmé que le Pdg du groupe public algérien Sider, actionnaire à hauteur de 30% du complexe d'ArcelorMittal d'El Hadjar, avait demandé une réunion extraordinaire du conseil d'administration de l'entreprise. Selon M. Kouadria, Sider a fait part dimanche de sa volonté de participer pour 30% au plan d'investissement du complexe. Mais "ArcelorMittal n'a pas encore reçu copie de cette décision de Sider", a affirmé M. Guedah.

«S’agissant d’un débrayage déclenché sans aucun préavis, la loi est claire sur la question. Le contraire nous imposerait d’agir en référé pour sauvegarder les intérêts de notre client», ont précisé les avocats de ArcelorMittal.
Nos interlocuteurs ont par ailleurs affirmé que ce mouvement n’est rien d’autre qu’une grossière manipulation qui obéit à d’autres desseins que ceux liés à la situation socioprofessionnelle des travailleurs. «D’autant que l’on parle de la nécessité de l’implication de l’état dans les investissements. Les auteurs de ce faux scoop savent que l’Etat détient 30% des actifs de Arcelor Mittal et qu’il est, de fait, concerné par les investissements » ont-ils ajouté. Entre temps, entamée le 12 janvier, la grève se poursuit toujours.
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Jeu 21 Jan 2010 18:14

Com Algérie - 21 jan 2010

Algérie: reprise du travail à ArcelorMittal d'El Hadjar après huit jours de grève

ALGER, 21 jan 2010 (AFP) - Les salariés d'ArcelorMittal d'El Hadjar près d'Annaba (est de l'Algérie) ont repris jeudi le travail après huit jours de grève et l'adoption la veille par le conseil d'administration d'un plan d'investissement incluant la cokerie, a-t-on indiqué de source syndicale.

"Tous les salariés se sont réunis ce matin et nous leur avons annoncé la levée de la grève après l'adoption par le conseil d'administration d'un plan de réhabilitation global du complexe sidérurgique, y compris la cokerie. Nous avons reçu une copie écrite du procès verbal de la réunion du CA. Les salariés ont rejoint leur poste de travail", a déclaré à l'AFP Smaïn Kouadria, le responsable du syndicat d'entreprise joint par téléphone.

Les 7.200 employés d'ArcelorMittal d'El Hadjar avaient entamé le 12 janvier une grève illimitée pour protester contre la fermeture envisagée de la cokerie qui emploie 320 personnes et a été mise en veille en octobre 2009 en raison de sa vétusté.
La direction avait annoncé que son plan d'investisssemnt ne comprenait pas la rénovation de cette unité d'un coût estimé à 40 millions de dollars.

Le conseil d'administration de cette filiale du géant indien de l'acier, détenu à hauteur de 30% par le groupe public Sider, a finalement entériné un plan d'investissement de 200 millions de dollars incluant la cokerie et prévoyant également la réhabilitation d'un haut-fourneau et de trains de laminoir. Le groupe Sider s'est engagé à participer pour 30% à ce plan.

Depuis le début de la grève, l'entreprise perdait quotidiennement la production de 3.000 tonnes d'acier, selon le chargé de la communication d'ArcelorMittal, Mohamed Guedha.
L'usine d'El Hadjar est une ancienne propriété de l'Etat algérien rachetée à 70% en octobre 2001 par l'Indien Ispat, une entreprise du groupe Mittal. Elle a produit 750.000 tonnes d'acier en 2009, selon la direction.


Le Quotidien d'Oran - 21 jan 2010

La grève est à sa cinquième semaine: La protesta des praticiens de la santé prend de l'ampleur

Comme mercredi passé, les praticiens de la santé publique sous la bannière du SNPSP ont opté hier pour des sit-in devant les directions de la Santé. Mais le plus grand regroupement a été tenu au sein même du CHU d'Oran, une action concertée entre les deux syndicats en grève illimitée depuis plus d'un mois, en l'occurrence ceux des praticiens et des praticiens spécialistes. Selon le premier responsable du bureau d'Oran, Dr Deharid, quelques 200 praticiens, tous corps confondus et venant de 5 wilayas de l'Ouest, à savoir Oran, Mostaganem, Sidi Bel Abbès, Mascara et Ain Témouchent ont pris part à cette action. Celle-ci, précise le même responsable syndical, sera suivie d'un autre sit-in, aujourd'hui, devant la DSP de la wilaya d'Oran dans le but de débloquer la situation. Quant au taux de suivi, notre source l'évalue à 70% (.../...)


Et on reparle de la très mauvaise santé de l'économie algérienne...

TSA - 21 jan 2010

Plus 300 milliards de dinars de créances toxiques détenues par les banques publiques

Les créances toxiques des banques publiques s’élèvent à près de 315 milliards de dinars, soit 35 % du montant global des crédits bancaires qui est de 900 milliards de dinars, selon les chiffres officiels obtenus par TSA auprès d’un proche du ministère des Finances.

« Le montant des crédits bancaires tous types confondus est de 900 milliards de dinars. Entre 32% et 35 % de ce montant sont des créances toxiques dont 90 % sont détenues sur des entreprises publiques, 5 % sur des entreprises privées et le reste sur des entreprises créées dans le cadre de l’Ansej et des investissements agricoles », explique notre source.

Le délégué général de l’Association des banques et établissements financiers (Abef), Abderahmane Benkhalfa, a indiqué mercredi 20 janvier, que le taux de non remboursement des crédits bancaires serait supérieur à 25 %. « Le taux est préoccupant et important. Tout dépend des banques », a expliqué M. Benkhalfa au cours de l’émission « invité de la rédaction de la Chaîne III, sans donner de chiffres précis.
Ali Idir


La Tribune (Algér) - 21 jan 2010

Les recettes pétrolières de l’Algérie baissent de moitié

Les exportations pétrolières de l’Algérie ont chuté de moitié en 2009, se situant à 43,68 milliards de dollars, contre 79,29 milliards de dollars en 2008, soit une baisse de 44,91%. Les importations ont atteint 39,10 milliards de dollars contre 39,47 milliards de dollars en 2008, en légère diminution de 0,95%. Ces données statistiques sont fournies par le Centre national de l’informatique et des statistiques (CNIS), cité par l’APS.

La courbe descendante des recettes pétrolières ne peut qu’affecter la balance commerciale qui vire au rouge ; l’excédent commercial est passé de 39,81 milliards de dollars en 2008 à seulement 4,5 milliards de dollars en 2009. Une décroissance spectaculaire. Les hydrocarbures continuent à représenter l’essentiel des ventes algériennes à l’étranger. Les marchés pétroliers dégringolent et la balance commerciale en prend un coup.
Et les exportations hors hydrocarbures ? Elles demeurent «marginales» avec seulement 2,4% des exportations globales, soit l’équivalent de 1,05 milliard de dollars, enregistrant ainsi une diminution de 46% en 2009, avancent les services du CNIS.
Ils font remarquer également que tous les groupes de la structure des exportations ont baissé, à l’exception de celui des biens de consommation qui a connu une hausse de 53,13%, passant en valeur de 32 millions de dollars en 2008 à 49 millions de dollars l’année écoulée.
La plus importante chute a été enregistrée par le groupe «demi-produits» avec -52,4% puisque le montant est passé de 1,4 milliard de dollars à 659 millions de dollars. Le groupe «produits bruts» vient en seconde position avec 178 millions de dollars en 2009 contre 334 millions de dollars en 2008, en baisse de 46,71%, suivi du groupe «énergie et lubrifiants» avec une baisse de 44,88% passant à 42,64 milliards de dollars en 2009 contre 77,36 milliards de dollars en 2008. Les biens d’équipement industriels ont diminué, eux, de 29,85%, passant de 67 millions de dollars en 2008 à 47 millions en 2009, et enfin le groupe «alimentation» avec 114 millions de dollars (-4,20%). Pour ce qui est des importations, trois groupes ont connu des hausses : il s’agit des «biens d’équipement agricoles» avec 229 millions de dollars, en hausse de 31,61%, celui des équipements industriels avec 15,04 milliards de dollars, en augmentation de 14,9%, et les demi-produits avec 10,24 milliards de dollars (+2,34%).

Les autres groupes de la structure des importations ont connu des baisses dont la plus prononcée a été celle du groupe «alimentation» avec 25,6%, passant de 7,81 milliards de dollars en 2008 à 5,81 milliards de dollars en 2009.
Les autres groupes ont également enregistré des baisses «relativement importantes». Il s’agit du groupe «énergie et lubrifiants» (-17,85%), passant de 594 millions de dollars à 488 millions, suivi des «produits bruts» (-14,78%) pour totaliser 1,18 milliard de dollars et enfin des «biens de consommation» qui ont baissé de 4,71% à 6,09 milliards de dollars. (.../...)
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede Nico37 le Sam 23 Jan 2010 01:23

Comité international de soutien au syndicalisme autonome algérien – CISA

21 ter rue Voltaire – 75011 Paris – France
comintersaa@gmail.com – 0033 6 29 64 66 33

Entre répression et manipulations : le courageux combat des syndicats autonomes algériens


La défense des droits des travailleurs n'est nulle part une tâche aisée. En Algérie plus qu'ailleurs, être syndicaliste est aujourd'hui un combat difficile de tous les instants. Les dispositions de l'état d'urgence en vigueur depuis le coup d'État de janvier 1992 et l'interruption des élections législatives compliquent très sérieusement l'action quotidienne des syndicalistes authentiques, membres des divers « syndicats autonomes » de la fonction publique. Ceux-ci sont apparus au tout début des années 1990 – à la faveur d'une brève ouverture démocratique – pour défendre les intérêts des fonctionnaires, rôle que n'assurait plus, de longue date, le syndicat unique UGTA (Union générale des travailleurs algériens), devenu dès 1963 un simple rouage du régime.

Être syndicaliste en Algérie

Dans l'Algérie des années 2000, animer un syndicat autonome consiste autant à défendre les travailleurs qu'à esquiver les manœuvres incessantes de déstabilisation, d'infiltration et de corruption du pouvoir – qui le tolère sans le reconnaître officiellement. Les organisations syndicales indépendantes, en refusant toute sujétion autre que celle due à leurs adhérents, sont la cible principale de l'action des services de la police politique de l'armée, le DRS (département de renseignements et de sécurité, ancienne sécurité militaire). Venus combler l'absence totale de représentation des travailleurs, les syndicats autonomes sont depuis leur création la cible permanente d'entreprises d'intimidation, de division de leurs rangs et de corruption de leurs dirigeants, dans le but d'éliminer toute forme d'expression revendicative.

En effet, le maintien de l'ordre politique passe par l'émiettement de toutes les contestations et la vassalisation de tous ceux qui prétendent se poser en tant qu'interlocuteurs responsables. La démarche est constante dès les premiers jours de l'indépendance. Il est significatif à cet égard d'observer que le premier congrès de l'UGTA, en janvier 1963, a été la première victime de cette stratégie de mise en coupe réglée de tous les acteurs sociaux. Les délégués au congrès ont été arrêtés pour permettre à des individus relevant des appareils sécuritaires de tenir le congrès à leur place et d'« élire » une direction choisie par le pouvoir. Aucune structure ne doit exister en dehors de celles qui sont au service du régime.

Comme ce fut le cas juste après l'indépendance, l'élimination du champ social de toute organisation autonome par rapport au pouvoir réel, c'est-à-dire les chefs du DRS, est la préoccupation constante des dirigeants algériens depuis la fin de la brève période d'ouverture démocratique entre novembre 1988 et juin 1991. Derrière une façade institutionnelle destinée à la consommation externe, le système politique algérien est une dictature dont les leviers exclusifs sont la rente pétrolière et un appareil répressif omniprésent.

Une dictature masquée

Cette dictature militaro-policière se camoufle derrière des institutions qui, de la justice au Parlement en passant par le président de la République, ont une existence formelle mais qui ne sont nulle part et ne constituent à aucun moment des cadres d'autorité effective ni des centres de régulation politique. Sans substance, animées tant bien que mal par un personnel coopté, elles ne s'avèrent en définitive que les courroies de transmission des directives du groupe effectivement dirigeant. Issues d'élections frauduleuses, soigneusement mises en scène, les institutions croupions ne doivent leur existence qu'à la nécessité de se conformer au modèle qui rassure les Occidentaux, principaux partenaires étrangers, soucieux d'un minimum de formalisme.

De fait, la gestion du pays est entre les mains d'un groupe d'individus au sommet des appareils sécuritaires, qui n'apparaissent pas sur la scène politique officielle et ne rendent de comptes à personne. Cette dictature « honteuse » ne peut tolérer, pour durer, la moindre contestation organisée et sa pérennité repose donc sur un contrôle social tatillon, interdisant l'émergence de toute expression libre et de toute organisation susceptible de la mettre en question.

La scène politique algérienne est parfaitement verrouillée, les partis récalcitrants sont privés d'expression, réduits à une existence végétative, dans l'impossibilité de se déployer, ne recueillant dans les urnes que ce que le pouvoir effectif veut bien leur concéder. À de très rares exceptions, comme la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH) ou SOS-Disparus, le mouvement associatif, témoin d'une « société civile » également préfabriquée, est constitué d'une myriade d'associations subventionnées regroupant pour l'essentiel, quelques individus sans relais dans la société.

Seule soupape tolérée par le régime, la presse écrite privée – les « médias lourds », radio et télévision, restant exclusivement dans les mains de l'État – fait preuve d'une certaine liberté de ton, pour autant que les lignes rouges non écrites, mais fermement tracées, ne soient pas franchies. Ces lignes rouges sont connues : il est interdit de mettre en cause les responsables du cercle dirigeant effectif, de les nommer et de critiquer le centre du régime, la police politique militaire. En revanche, la presse dispose d'une certaine latitude pour critiquer le chef de l'État, le gouvernement et les autres institutions. Sous tutelle directe du DRS, la plupart des directeurs de journaux sont ainsi tenus d'assister à un briefing hebdomadaire au siège spécialisé de la police politique. La presse reste néanmoins le seul espace de très relative liberté consentie à la population.

Les syndicats autonomes face à la répression

Héritage vivace de la période d'ouverture, de la Constitution de 1989 et des lois promulguées en 1990, les syndicats autonomes sont en première ligne de la répression et des manœuvres déstabilisatrices de l'appareil sécuritaire et de ses relais. Si l'aventurisme politique, inauguré par le coup d'État militaire du 11 janvier 1992, a entraîné le démantèlement des principaux garde-fous de l'État de droit, le rééchelonnement de la dette en 1994 a permis le basculement dans l'économie de bazar et la corruption généralisée. L'orientation libérale et l'annihilation de la politique sociale ont provoqué le basculement de catégories entières dans la précarité et la misère.

Aujourd'hui, dans un pays qui se targue de sa santé financière, exclusivement due à la rente pétrolière, la moitié de la population vit en deçà du seuil de pauvreté. L'affairisme des clientèles du régime et la corruption aux niveaux les plus élevés des hiérarchies de pouvoir sont facilités par l'affaiblissement des structures de l'État et le désordre entretenu par ceux-là mêmes qui dirigent l'appareil répressif. L'ajustement structurel et la pression sur les salaires ont frappé de plein fouet les fonctionnaires de tous les secteurs et les travailleurs en général. L'éducation et la santé ont notamment payé au prix fort la thérapie à courte vue et globalement inopérante du FMI.

Ce recul social – relégué au second plan par la « sale guerre » conduite contre la population dans les années 1990 par les chefs de l'armée et du DRS, au prix de 200 000 morts – n'est aujourd'hui combattu que par les syndicats autonomes . L'UGTA, ancienne organisation de masse du parti unique, caporalisée dès les premiers jours de l'indépendance par la police politique, n'est plus qu'un instrument, totalement discrédité, de contrôle social. Privée de toute représentativité, dirigée par des hommes notoirement impliqués dans des scandales financiers, la vieille centrale est l'ombre spectrale du syndicat fondé le 24 février 1956 par Aïssat Idir.

L'UGTA, l'un des rarissimes syndicats au monde à avoir approuvé un programme d'ajustement structurel du FMI, n'est plus qu'un sigle commode, convoqué par le gouvernement pour figurer l'illusoire « adhésion des masses laborieuses » aux gesticulations d'une « Algérie Potemkine » cachant de plus en plus difficilement la réalité de la dictature. Les sections combatives qui subsistent encore sont laminées par les coups de boutoir de la direction nationale de l'UGTA, qui les fragilisent en leur ôtant la protection syndicale et les offrent comme victimes expiatoires à l'administration.

Les syndicats autonomes sont aujourd'hui les seules organisations qui défendent les travailleurs, les seules qui échappent à la mainmise de la police politique. Les mouvements sociaux dans la fonction publique ont démontré les capacités de mobilisation des syndicats libres et la limite des capacités d'intimidation de la police politique. Arrestations arbitraires, gardes à vue illégales de militants syndicaux alternent avec les fermetures de locaux, toutes les formes de brimades et de harcèlements.

Des méthodes éprouvées pour stériliser le champ politique

Depuis les années 1990, le DRS déploie, vis-à-vis des syndicats autonomes, tout l'éventail des techniques de manipulation mises en œuvre dès 1962 pour stériliser le champ politique et renouvelées, après la fermeture de la « parenthèse démocratique » de 1989-1991. Les partis alors légalisés, ayant encore une base réelle et une direction indépendante du pouvoir, ont été systématiquement depuis l'objet de manœuvres de division interne. Scénario classique : des militants « dissidents », agissant sur ordre, décident d'un congrès de « redressement ». Une « direction » est élue dans les conditions les plus illégales et le parti passe sous la coupe du pouvoir. La victime la plus illustre de ce genre de « redressement » – le mot arabe tas'hihiyya est passé dans le langage courant pour désigner ce type de coup d'État téléguidé – fut, en janvier 1996, le vénérable Front de libération nationale, dont le secrétaire général Albelhamid Mehri a alors été déposé à la suite de ce que ses exécutants ont appelé un « complot scientifique ». Au mépris de toute légalité, la ligne indépendante du FLN, approuvée par les militants, a été changée du jour au lendemain, pour un alignement absolu sur les orientations du pouvoir.

Face à ce type de manœuvres, dans une situation d'état d'urgence structurel et d'omnipotence de la police politique, tout recours à la justice est inévitablement voué à l'échec. Dans l'organisation politique algérienne, la justice n'est pas une institution, elle n'est qu'un appareil obéissant. Et le paysage est ainsi modelé : de nombreuses organisations factices – partis, syndicats, associations –, sans base ni programme crédible, occupent le terrain médiatique quand le besoin d'une agitation politique est ressenti par le système. On le voit bien à l'occasion des élections présidentielles, quand des structures virtuelles sont fugacement ranimées pour servir de faire-valoir et jouer le rôle d'une opposition de pure figuration.

Systématiquement appliquées, ces méthodes, qui semblent être les seules connues de la police politique, ont été notoirement utilisées sur le front de la « sale guerre » des années 1990 : les mêmes techniques ont servi à la création de faux maquis, afin d'infiltrer et de noyauter les groupes armés, jusqu'à les manipuler pour perpétrer, de 1996 à 1998, les pires massacres. L'objectif d'instrumentalisation de la violence islamiste – la mettre au service d'une stratégie de communication du régime – a d'ailleurs globalement fonctionné. La dictature s'est ainsi justifiée en permanence, se prévalant du combat contre les extrémistes religieux pour se maintenir.

L'organisation de la confusion : le « clonage »

Vis-à-vis des syndicats autonomes, ces méthodes ont été utilisées jusqu'à la nausée par le DRS. Arrestations arbitraires succèdent aux suspensions de salaires, aux carrières bloquées, aux mises à pied injustifiées. L'arsenal des brimades, des vexations, des brutalités et des manipulations policières est entièrement mobilisé. Avec une prédilection pour ce que les militants syndicaux ont appelé le « clonage ». Une manœuvre visant à susciter la confusion auprès des bases en dupliquant une organisation jugée indésirable. La démarche est simple : il s'agit de créer à l'intérieur de syndicats authentiquement autonomes une « dissidence » qui débouchera rapidement sur une scission, en manipulant les militants les plus opportunistes ou les plus fragiles, par la technique du bâton et de la carotte et accessoirement, par le chantage exercé sur ceux qui traînent des « casseroles ».

Si la dissidence au sein des organisations syndicales autonomes est un phénomène connu et pris en compte dans leurs pratiques et leurs stratégies, elle change de nature lorsqu'elle est instrumentalisée dans le but d'annihiler toute ligne syndicale et toute autonomie. En effet, la pratique couramment utilisée est de faire croire que certains militants ne sont plus d'accord avec la prétendue « radicalité » de leur syndicat, parfois à l'inverse à sa prétendue « mollesse » et décident en quelque sorte de corriger le tir en pratiquant un « redressement » – la fameuse tas'hihiya. Le seul objectif sera de mettre au-devant de la scène une organisation nouvelle, clone de l'original, prête en réalité à tous les compromis avec le régime, y compris en mettant en scène des initiatives « ultraradicales » mais absurdes et vouées à l'échec : autre manière d'affaiblir la volonté collective de revendication. Pour être efficace, cette pratique exige que la nouvelle direction se présente comme étant issue d'un nouveau congrès, pour installer le désarroi au sein des adhérents et même des analystes, puisque, après la scission de facto, deux syndicats portent le même nom (ou, dans certains cas, un nom à peine différent).

La méthode a été appliquée au SNAPAP (Syndicat national autonome du personnel de l'administration publique) en mai 2004 – après une première tentative du même ordre en février 2002, qui fit long feu. Ses dirigeants ayant refusé de soutenir la candidature d'Abdelaziz Bouteflika à la présidentielle d'avril, un « dissident » isolé organisa un congrès qui bénéficia du soutien actif de l'administration. Immédiatement ce SNAPAP-bis reçut une subvention, alors que le SNAPAP n' eut droit qu'à de dérisoires soutiens conjoncturels des pouvoirs publics. Au mépris de la loi et de la réalité factuelle, la justice a attribué au SNAPAP-bis le petit appartement (avec la documentation et le matériel entreposés) qui servait de siège au syndicat. L'expulsion manu militari des occupants légitimes s'est effectuée avec brutalité et sans aucun recours possible.

Le CNAPEST (Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) a vécu la même manœuvre. Actif depuis le début des années 2000, le CNAPEST n'a obtenu son agrément que 10 juillet 2007, quasiment en même temps que son clone, le « SNAPEST » (les prétendus dissidents ont en effet – après hésitations dues à l'adoption tardive d'une « stratégie » – légèrement modifié le nom de l'organisation).

Le clonage concerne même les regroupements de syndicats autonomes. Créée en avril 2006, l'intersyndicale de la fonction publique (IAFP), réunissant les authentiques syndicats autonomes, s'est vue immédiatement dupliquée par un clone dénommé « coordination des syndicats de la fonction publique ». D'autres syndicats autonomes, comme celui des pilotes de ligne, existent théoriquement mais n'ont plus d'activités sur le terrain. Pour cette catégorie, le DRS ne juge pas utile de créer des clones.

On pourrait ainsi multiplier les exemples…

Pour éclairer le lecteur, il a paru important d'établir, avec les informations dont le CISA a eu connaissance, une « table de correspondance » entre les « vrais » syndicats autonomes et leurs clones.

Algérie, 2009 : tableau de correspondance entre syndicats autonomes et syndicats clones

Syndicats d'origine
Clones

SNAPAP (Syndicat national autonome du personnel de l'administration publique)
SNAPAP- bis (dirigé par Belkacem Felfoul, ex-député retraité)

CNAPEST (Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique)
SNAPEST (dirigé par Mériane Meziane)

SATEF (Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation)
SATEF- bis (dirigé par Abdelmadjid Basti)

CNES (Conseil national des enseignants du supérieur, coordination des sections CNES)
CNES- bis (dirigé par Abdelmalek Rahmani)

SNTE (Syndicat national des travailleurs de l'éducation ; secrétaire général : Mohamed Bennoui )
SNTE- bis (dirigé par Abdelkim Boudjnah)

Intersyndicale de la fonction publique (IAFP)
coordination des syndicats de la fonction publique

Toutes ces manœuvres bénéficient du soutien automatique du ministère du Travail, chargé en principe de veiller au respect de la réglementation en matière de libre exercice du droit syndical. Ce ministère est dirigé depuis juin 2002 par le même individu, Tayeb Louh, lui-même ancien syndicaliste autonome. La carrière de Tayeb Louh est révélatrice des stratégies antisyndicales du DRS. Magistrat, Tayeb Louh avait été l'un des fondateurs en 1993 d'un syndicat autonome des magistrats (Syndicat national de la magistrature), qui avait fait l'objet de harcèlements ayant défrayé la chronique et d'un « redressement » en bonne et due forme.

C'est avec étonnement que les syndicalistes avaient appris la nomination, en qualité de ministre du Travail, de ce transfuge des luttes sociales. Sans surprise, ils constatent depuis que le ministre converti se livre avec constance aux pratiques dont il avait été un temps victime.
Ainsi, chaque fois qu'un clone est créé à l'initiative du DRS, le ministère du Travail refuse d'intervenir pour clarifier la situation. Pour enfoncer le clou, d'autres instances officielles – mais aucunement habilitées à intervenir en matière syndicale – se chargent de désigner le « bon » syndicat, celui avec lequel toutes les autorités doivent coopérer, ce qui suppose l'exclusion de celui qui n'a pas été désigné. Un exemple notoire est l'affaire du télégramme émis le 17 janvier 2009 par le ministère de l'Intérieur pour choisir le clone du SNAPAP : les administrations avaient été sommées de refuser de travailler avec les sections légitimes (élues par les adhérents) au prétexte de l'existence de représentants du clone, désignés par l'administration et n'ayant aucune légitimité élective. Quant aux décisions de justice, elles sont évidemment toujours à l'avantage des clones…

L'impératif de la solidarité

Ces pratiques n'ont pas la même influence sur tous les travailleurs. Car si pour les plus engagés d'entre eux, les enjeux sont clairs et les acteurs identifiés, pour d'autres, le retrait et la prudence sont de mise tant qu'une clarification n'intervient pas. En effet, le pouvoir et ses relais médiatiques tentent en permanence de discréditer le vrai syndicat en présentant le conflit entre celui-ci et son clone comme l'expression d'une lutte pour des strapontins. De plus, pour beaucoup de travailleurs, l'engagement dans un syndicat ne supposait pas une prise de risques aussi importante (opposition au DRS), ce qui a contribué à éloigner nombre d'entre eux des luttes syndicales.

Dans ces conditions, la détermination, l'opiniâtreté des militants des authentiques syndicats autonomes n'en sont que plus respectables. Avec courage, ils se battent depuis des années contre la détérioration croissante des conditions de vie et de rémunération des travailleurs algériens et contre les manœuvres de désintégration de leurs organisations syndicales représentatives. Après la meurtrière « éradication » des opposants – principalement islamistes mais pas seulement – lors de la « sale guerre » des années 1990, ils restent aujourd'hui les seuls à lutter pied à pied, de façon structurée à partir de la fonction publique, contre une situation sociale dramatique, face à laquelle la majorité désespérée des citoyens n'a plus comme unique moyen d'expression que l'émeute. Apparues au début des années 2000, les violentes jacqueries qui secouent périodiquement les grandes villes comme les moindres douars pour tous les motifs possibles liés à la « malvie » – pénuries d'eau, de logements, d'infrastructures, etc. – se sont multipliées depuis 2004 et sont devenues quotidiennes en 2009, au point de faire de l'Algérie, de l'est à l'ouest, un chaudron social en permanence au bord de l'explosion généralisée.

Mais, jusqu'à présent, la combinaison du quadrillage omniprésent des hommes du DRS, de la répression policière et d'une justice aux ordres, toujours prompte à sanctionner lourdement les émeutiers, a réussi à maintenir ces révoltes populaires en deçà du seuil de cette explosion. Car les détenteurs du pouvoir réel, les généraux du DRS et leurs affidés, sont particulièrement déterminés pour briser toutes les initiatives collectives qui permettraient de structurer ces révoltes, au risque de menacer sérieusement leur principal objectif : poursuivre à leur seul profit – comme ils le font depuis trente ans – l'accaparement des richesses du pays, par la corruption et les prélèvements de commissions sur les exportations d'hydrocarbures comme sur les importations des biens de consommation ou d'équipements, que l'Algérie ne produit plus.

Dans ce sombre contexte, il est donc essentiel que cesse l'isolement international des militants des syndicats autonomes de la fonction publique, les seuls en Algérie à se battre de façon collective face aux manœuvres, aux « clonages » et à la répression – et, plus globalement, contre l'atroce malvie imposée à tout le peuple par le pouvoir. La grève dure, massivement suivie, engagée depuis le 8 novembre 2009 par les syndicats d'enseignants en est une illustration vivante. Qui plus est, le combat que mènent les syndicats autonomes est aussi celui des Algériennes pour leur émancipation : les femmes sont nombreuses à participer activement aux luttes et à assumer des responsabilités à la tête de ces syndicats – et elles sont souvent les premières à subir les pressions, les harcèlements et les tentatives d'intimidation du pouvoir.

C'est pourquoi, en septembre 2009, des syndicalistes français et des militants, algériens et français des droits de l'Homme ont créé le Comité international de soutien au syndicalisme autonome algérien (CISA), dans le but d'informer l'opinion sur la réalité des luttes syndicales algériennes, de les soutenir et de lever les équivoques entretenues par un système qui n'a plus que la violence et la coercition comme leviers sur la société.

Paris le 15 novembre 2009

Le Président du CISA
François Della Sudda
CISA, 21ter rue Voltaire 75011 Paris, France - comintersaa@gmail.com
Nico37
 

Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Jeu 28 Jan 2010 17:58

En ce moment, le mécontentement social est éclipsé par les exploits de l'équipe nationale de football à la CAN. Tous les médias ne parlent que du match de ce soir contre l'Egypte. La presse va tout faire pour entretenir cette folie jusqu'à la coupe du monde au mois de juin. Quatre mois pendant lesquels le foot va tenter de faire oublier les grêves et retarder une explosion sociale inévitable du fait de la hausse des prix des produits alimentaires de base et du blocage des salaires.

Algérie 360 - 27 jan 2010

Hausse de plus de 20 % des prix des produits agricoles frais
Les prix assomment le pouvoir d’achat


Les prix des produits maraîchers frais donnent toujours le tournis aux ménagères. Otage de la spéculation, le prix du panier a atteint des records en 2009. Ainsi, et selon les chiffres communiqués par l’Office national des statistiques (ONS), les prix des produits agricoles frais ont atteint une hausse 20,54% tandis que les prix des produits alimentaires industriels ont enregistré une baisse 0,43%.

De façon plus générale, l’ONS révèle une inflation de 5,7% en 2009 , alors que le taux était de 4,4% en 2008. Cette variation est due notamment à une hausse « relativement importante » des prix des biens alimentaires (8,23%),.

L’an dernier avait été marqué par une très forte hausse des prix. Les produits alimentaires qui avaient atteint un pic de 8,23% ont particulièrement alimenté cette inflation. Les produits agricoles frais ont subi une très forte flambée de 20,54%.

Les produits alimentaires industriels ont en revanche timidement baissé de 0,43%. Les prix des produits manufacturés et ceux des services ont respectivement progressé de 3,54 et 4,14%.
A l’inverse des huiles et graisses et les laitages qui ont vu leur prix subir des décrues respectivement de -19,75% et 0,86% et ont contribué à contenir l’inflation, tous les autres produits alimentaires ont poursuivi leur tendance à la hausse: c’est le cas notamment de la viande ovine (26,96%), des légumes frais (20,14%), des poissons frais (19,81%), de la viande bovine (19%) et des oeufs (18,36%).

La hausse des prix a également concerné la pomme de terre (16,61%), la viande blanche (15,99%) et les fruits frais (12,13%). Tous les biens et services de consommation des ménages ont accusé des hausses. Le groupe «alimentation-boissons non alcoolisées» a connu la plus grande flambée (8,23%), suivi par le segment «éducation-culture et loisirs» (6,03%), «transport et communication» (3,58%) et «santé-hygiène corporelle» (3,37%).

La même tendance haussière a aussi concerné les groupes «logement-charges» (2,67%), «les meubles et articles d’ameublement» (1,82%) et «l’habillement et chaussures» (0,44%). En glissement mensuel, l’indice des prix des produits alimentaires a chuté de 0,2% entre les mois de décembre et novembre 2009. «Cette petite baisse est imputable notamment à la baisse des prix des produits agricoles frais (-1,3%)», relève l’ONS. Le prix de la viande, notamment la blanche (22%), a fortement influé sur cette tendance baissière.

Les produits alimentaires industriels ont, en revanche, subi un petit bond de 0,8%, particulièrement généré par une hausse des prix des légumes secs (13,2%) et des produits sucrés (3,1%). Les prix des produits manufacturés et des services ont accusé des hausses timides, respectivement de 0,2% et 0,1%. La tendance haussière la plus importante a été relevée au cours de décembre 2009 par rapport à la même période de 2008. Explication de l’ONS: «Les prix des biens alimentaires ont progressé de 9,11% (15,66% pour les produits agricoles frais et près de 4% pour les produits alimentaires industriels). Les biens de services ont vu leurs prix timidement progresser de 2,65% et les services (3,75%)».
Amine L.


El Chourouk - 28 jan 2010

La colère gronde: Sept syndicats paralysent plusieurs secteurs

Sept syndicats autonomes ont paralysé, hier des secteurs vitaux tels ceux de la santé et l’éducation. D’autres syndicats ont menacé, par ailleurs, d’intégrer le mouvement de protestation à cause de ce qu’ils nomment la rétraction de la tutelle à satisfaire leurs revendications.

Dans le secteur de l’éducation, le porte-parole du Conseil des Lycées d’Alger – le CLA-, M. Idir, a révélé que le syndicat a paralysé les cours dans 65 lycées d’Alger et 25 à Bejaïa, affirmant que 20 wilayas à travers le pays ont répondu au mouvement de grève. Le CLA a présenté plusieurs revendications à commencer par la remise en question de la politique des salaires, qui ne s’accorde pas avec le pouvoir d’achat des citoyens, du régime des indemnités et allocations et la révision, dans le statut particulier, de quelques points importants pour le syndicat.

La grève des administratifs du secteur de la santé, se poursuit pour son deuxième jour consécutif, suivie à 78%, selon le syndicat, à travers toutes les wilayas du pays. Cet arrêt de travail est consécutif à la fin de la grève du syndicat des paramédicaux qui a connu 82% de taux de participation.

Par ailleurs, la réunion du bureau national du syndicat des chauffeurs de taxis a décrété une grève cyclique à la fin de chaque mois et un sit-in devant le ministère des transports jusqu’à ce que leurs revendications soient satisfaites.

Le syndicat national des travailleurs de la protection civile a déposé un préavis de protestation auprès de la direction générale de la protection civile indiquant la nécessité de satisfaire aux requêtes les plus importantes comme l’intégration de tous les agents, la mise en œuvre du dossier des 80 heures en application de l’ordonnance 03/87 et l’ouverture du dossier des maladies professionnelles.

Les psychologues ne sont pas en reste, puisqu’ils ont tenu un sit-in devant le ministère de la santé et de la réforme des hôpitaux, clamant diverses doléances. « Ce n’est qu’un premier pas, avant un dernier recours », a déclaré le président du syndicat, Khaled Kedad, à Echorouk.
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede Nico37 le Sam 6 Fév 2010 20:26

Soutien à Meryem Mehdi : pour le respect des libertés syndicales en Algérie (communiqué)

Paris-Alger-Copenhague, le 04 février 2009. Le Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA), Sos Disparus, la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) et le Réseau Euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) expriment leur profonde inquiétude face aux atteintes aux droits syndicaux en Algérie dans le contexte de la grève de la faim menée par Mme Meryem Mehdi depuis bientôt 60 jours.
Meryem Mehdi, 42 ans et de nationalité algérienne, a été licenciée sans préavis en novembre 2009 de son poste de responsable des ressources humaines et des opérations au sein de la société British Gas, à Hassi Messaoud dans le Sud algérien. Estimant cette procédure abusive, Mme Mehdi saisit alors les services locaux de l’inspection du travail. N’étant pas parvenu à faire valoir ses droits, Meryem Mehdi a entamé le 10 décembre 2009 une grève de la faim.
A l’initiative de la section femme du SNAPAP, un Comité de soutien s’est formé autour de gréviste. Ce Comité de soutien rassemble les syndicats autonomes regroupés en Intersyndicale, des militants politiques et des associations de défense des droits humains, dont Sos Disparus. Le Comité mène des campagnes d’information, écrit aux instances de la British Gas, organise des rassemblements de soutien devant les ministères.
Lors d’un rassemblement organisé par le Comité de soutien devant le ministère du travail le 19 janvier dernier, les forces de l’ordre sont intervenues pour disperser violemment les manifestants. Le Secrétaire Général du SNAPAP, M. Chikou Mourad et la responsable de la section femme du SNAPAP, Mme Ghozlane Nacera ont été interpellés et retenus pendant plusieurs heures au commissariat, avec un autre manifestant. Le ministre du travail a finalement accepté de recevoir la délégation du Comité de soutien, tout en récusant sa légitimité. Les promesses formulées lors de cet entretien, selon lesquelles l’Etat interviendrait pour faciliter la réintégration de Meryem Mehdi, sont restées lettres mortes.
A l’heure actuelle, Meryem Mehdi poursuit sa grève de la faim et son état de santé se dégrade un peu plus chaque jour. Souffrant d’une bronchite pour la deuxième fois depuis le début de sa grève, elle refuse perfusion et médicament. Dans l’incapacité de se lever, elle souffre de très forts maux de tête, de courbatures dans tout le corps et son moral est au plus bas.
Le CFDA, Sos Disparus, la LADDH et le REMDH expriment leur entière solidarité avec Mme Mehdi et la lutte qu’elle mène pour faire valoir ses droits à réintégrer son poste au sein de la société British Gas.
Nos organisations demandent aux autorités algériennes de garantir les droits des travailleurs algériens sur son territoire ainsi que le libre exercice des libertés syndicales et la sécurité des syndicalistes, conformément à leurs engagements internationaux, et notamment le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Collectif des familles de Disparus en Algérie (CFDA)
148 rue du Faubourg St Denis
75010 Paris
00330 (0)1 43 44 87 82
www.algerie-disparus.org
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Jeu 11 Fév 2010 18:25

L'Expression - 11 fev 2010

«A vous la Sonatrach, à nous la matraque»
Des centaines de médecins protestent devant le ministère de la santé
Un autre rassemblement aura lieu mercredi prochain devant la chefferie du gouvernement.


«Barakat, barakat», scandaient, hier, les praticiens de la santé publique devant le siège du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière à Alger. Cartons rouges brandis, les blouses blanches ont répondu en masse à l’appel au rassemblement conjoint du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp) et du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp). «Cela montre que nous sommes des partenaires sociaux fortement ancrés dans la corporation», a déclaré le Dr Lyès Merabet, président du Snpsp. Ce dernier a indiqué que les deux organisations syndicales ont officiellement saisi le Bureau international du travail et l’Internationale des travailleurs. Ainsi, les blouses blanches accentuent la pression sur les pouvoirs publics. «Nous fonctionnons sur une plate-forme de revendications socioprofessionnelles qui, jusqu’à aujourd’hui, ne sont pas satisfaites», a renchéri le Dr Merabet. Ce dernier a rejeté en bloc, et dans le détail, les accusations de manipulation politique qui pèsent sur leur mouvement. «Nous ne répondons à aucune chapelle politique», a indiqué l’orateur. Toutefois, ce dernier a précisé: «Nous sommes soutenus par des partis politiques de l’opposition, ainsi que ceux qui font partie de l’Alliance présidentielle tels que le FLN et le MSP». Au registre des soutiens, le Dr Merabet a cité le Parti des travailleurs, la Ligue de défense des droits de l’homme, le Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique. En guise de solidarité, le Snapap a tout simplement boycotté la réunion à laquelle il avait été convié par le département de Saïd Barkat. Pour sa part, l’association El Fedjr d’aide aux cancéreux a adressé un message de soutien aux medecins. Prenant la parole, le Dr Yousfi a fustigé le déploiement d’un dispositif sécuritaire impressionnant aux alentours du ministère. «L’Etat qui est aussi pauvre dépense autant d’argent pour réprimer la contestation», a-t-il ironisé.
Le verbe tranchant, le Dr Yousfi lance: «Cela ne nous impressionne nullement. Car, nous agissons dans la transparence, nous n’avons pas de scandales à cacher. Et ce n’est pas le cas de nos gouvernants.» Sur ces propos, la foule scande: «A vous la Sonatrach, à nous la matraque.» Au terme de leurs interventions, ils ont annoncé la tenue d’un rassemblement devant la chefferie du gouvernement, mercredi prochain à partir de 10 h.

Un dispositif sécuritaire impressionnant
Tôt le matin, l’entrée principale du ministère était déjà quadrillée par un arsenal de police antiémeute qui donnait froid dans le dos. Aussi, un nombre important de véhicules de police longeaient les voies publiques à proximité du lieu du rassemblement. Au pied du Maqam Echahid, une dizaine de fourgons de la police antiémeute occupaient les lieux. Ainsi, tous les chemins qui menaient au ministère étaient «surveillés».
D’ailleurs, des praticiens venus des villes du centre du pays, pour participer à la manifestation, ont été refoulés. Ils ne vont pas participer à ce deuxième mercredi de la colère qui a bel et bien eu lieu.
La manifestation ne s’est pas limitée à la capitale. Des rassemblements et marches dans plusieurs villes du pays ont été tenus. Il s’agit entre autres, de Annaba, Constantine, Sidi Bel Abbès, Oran et Ouargla pour dire que la colère des praticiens va crescendo.

Les psychologues présents
Pour revenir à la manifestation d’hier, le Syndicat national algérien des psychologues (Snapsy) a été, également, de la partie «Nous, à notre sixième rassemblement, notre action s’articule autour de deux revendications: la définition du statut du psycholoque et l’ouverture du débat sur le régime indemnitaire», a affirmé Khaled Keddad, président du Snapsy. C’est dire que les blouses blanches ne décolèrent pas. Pour faire aboutir leurs revendications, ils sont prêts à aller jusqu’au bout. «Nous maintenons la grève dans sa forme ouverte», avait affirmé le Dr Lyès Merabet. Même son de cloche chez le Dr Yousfi, président du Snpssp. Ce dernier est allé encore plus loin. Il a mis à nu l’incapacité du ministère de la Santé à apporter des solutions à même d’éviter l’impasse. Devant cette situation, les syndicats grévistes ont interpellé le ministère pour qu’il ouvre les portes du dialogue dans le cadre de la réglementation en vigueur. «La tutelle a la responsabilité d’organiser des réunions de conciliation», a affirmé a ce sujet le Dr Merabet. Pour sa part, le Dr Yousfi avait fustigé la manière avec laquelle le département de Saïd Barkat traite avec les blouses blanches en grève. En effet, le ministère avait convié les deux syndicats à une réunion de travail le jour où ils avaient animé leur conférence de presse et...à la même heure. Selon le Dr Yousfi, cette invitation fut la deuxième du genre. La première leur a été adressée pour le mercredi 3 février ou...le premier mercredi de la colère. Ce jour-là, les praticiens de la santé publique voulaient marcher de l’hôpital Mustapha-Pacha vers la Présidence de la République, mais ils se sont heurtés à la brutalité des forces de l’ordre. Tout simplement, le premier mercredi de la colère a tourné à la répression. Epouvantés, les praticiens grévistes estiment que les médecins ne revendiquent que leurs droits garantis par la Constitution. Il s’agit, entre autres, de bénéficier de la cessibilité du logement de fonction, à l’image des autres salariés de la Fonction publique. Aussi, ils demandent d’établir un régime indemnitaire à effet rétroactif à partir de janvier 2008.
Entamé le 21 décembre dernier, le débrayage des praticiens de la santé publique est à son 52e jour de grève. Un autre échec pour Saïd Barkat, après celui de la campagne de vaccination contre la grippe A. Au rythme où vont les choses, il y a lieu de se demander si le secteur de la santé ne représente pas un cas de maladie chronique.
Mohamed Sadek Loucif

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Tizi Ouzou: Les étudiants marchent à Oued Aïssi

Encore une fois, l’université de Tizi 0uzou a été secouée par une autre action de protestation. Hier, les étudiants ont décidé d’investir carrément la rue. Ainsi, dès la matinée, des centaines d’étudiants se sont massés devant la cité universitaire de Oued Aïssi, à cinq kilomètres à l’est du chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou. C’est aux alentours de 9 heures que la procession humaine s’est ébranlée tout au long de la RN12. Les étudiants ont marché jusqu’au siège de la wilaya de Tizi Ouzou, en scandant des slogans hostiles à 1’administration et en dénonçant le climat d’insécurité, régnant, selon eux, à l’intérieur des cités universitaires de l’université Mouloud-Mammeri. Environ 5500 étudiants dont 2500 jeunes filles, sont concernés par l’action de protestation observée hier. Le slogan générique prôné par les étudiants-marcheurs a été «pour une véritable université à Tizi Ouzou». La marche a été initiée par le comité des cités de Oued Aïssi.
Selon les protestataires, marasme social et intellectuel, restriction des espaces et des libertés, harcèlement judiciaire, terreur et insécurité font le quotidien des étudiants. Dans une déclaration rendue publique à la fin de la marche, les étudiants soulignent que les «dirigeants et les juges savent se montrer sévères à l’égard d’un étudiant, d’un journaliste et d’un syndicaliste, mais ils se montrent, en revanche, discrets et cléments envers les agresseurs et les voyous». Pour les étudiants, les résidences universitaires de Oued Aïssi, «abandonnées par la tutelle, sans prise en charge effective, sont devenues de véritables bidonvilles où les délinquants, les voyous de tous bords rôdent en toute quiétude, ne se gênant point de menacer, voire d’ agresser les étudiants».
Les concernés ajoutent que cette situation «dévastatrice dans laquelle pataugent les résidents, depuis des année, n’est que le résultat d’un désengagement total de l’Etat». Dans la même déclaration, les protestataires expliquent que l’étudiant se trouve prisonnier d’une administration qui se désintéresse de son devenir et refuse de réunir les conditions sociales, matérielles, intellectuelles et pédagogiques nécessaires pour la réussite de ses études. «Aussi, otage d’un système de direction des oeuvres sociales bien ficelé et parfaitement adapté aux demandes du couple, corrompus/corrupteurs, il se heurte à un iceberg d’intérêts sordides qui lui rendent son cursus encore plus désagréable», enchaîne le comité des étudiants dans sa déclaration.
Aomar Mohellebi
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Lun 15 Fév 2010 16:52

Les mouvements de grêve se poursuivent dans les secteurs de l'éducation et de la santé, reflétant cette impression de mal-être nettement perceptible dans la société.

El Watan - 15 fev 2010

Education; Retour à la case départ ?

Le retard accusé par les élèves suite au mouvement de grève observé par les personnels de l’éducation affiliés aux syndicats autonomes n’est pas encore comblé, obligeant le ministère de tutelle à annuler la semaine de vacances d’hiver, qu’une nouvelle menace de grève pointe déjà à l’horizon. Un nouvel appel à une grève d’une semaine reconductible à compter de demain est, en effet, lancé par plusieurs syndicats, à leur tête le Snapest. Le Conseil des lycées d’Algérie (CLA) vient de leur emboîter le pas en annonçant, à son tour, un mouvement de contestation d’une semaine, également renouvelable, à compter du 21 février. Autant dire que c’est une semaine chargée de tensions qui s’annonce. D’autant qu’elle intervient dans un contexte social déjà délétère avec le conflit des praticiens du secteur de la santé publique qui s’est durci, ces derniers jours, suite au dérapage auquel a donné lieu la gestion du mouvement de contestation par les services de sécurité qui n’ont pas hésité à charger, sans ménagement, les médecins.

Le climat d’apaisement qu’avaient suscité les récentes décisions du conseil du gouvernement auprès du personnel enseignant et de toute la famille de l’éducation n’aura été que de courte durée. Le gouvernement, qui s’était engagé dans une ultime concession à aligner sur la Fonction publique la revendication du personnel enseignant relative à la rétroactivité du nouveau régime indemnitaire, n’aura pas rétabli la confiance entre le personnel enseignant et la tutelle. Les syndicats autonomes, qui avaient applaudi pour certains d’entre eux les dernières mesures du gouvernement ayant permis le gel du mouvement de grève et la reprise des cours, montent de nouveau au créneau quelques semaines à peine après les nouveaux engagements de la tutelle allant dans le sens des revendications des personnels enseignants. Le CLA accuse la tutelle de « gagner du temps avec l’installation de commissions inopérantes » et énonce une liste de revendications, dont la revalorisation du point indiciaire, la promulgation d’un régime indemnitaire, la révision du statut particulier et l’intégration des contractuels, ainsi que la retraite après 25 ans de service.

Pour sa part et dans le souci de prendre à témoin l’opinion publique et les parents d’élèves, le ministre de l’Education nationale innove en matière de communication en publiant dans la presse un long communiqué dans lequel il rassure que les revendications des enseignants telles que le régime indemnitaire sont en voie de finalisation tout en s’étonnant de ce nouvel appel à la grève, qui ne se justifierait pas à ses yeux, compte tenu des engagements pris par le gouvernement pour assainir définitivement ce dossier. Retour à la case départ ? Face à ce nouveau bras de fer, les parents d’élèves se trouvent de nouveau plongés dans une terrible angoisse avec cette nouvelle menace de grève. S’il est maintenu, ce mouvement ne manquera pas d’achever de consommer les menus espoirs auxquels s’accrochent les parents pour tenter de sauver une année scolaire qui est déjà sérieusement compromise.
Omar Berbiche


Com Algérie - 12 fev 2010

Algérie: la grève des praticiens se poursuit dans les hôpitaux publics

ALGER, 13 fév 2010 (AFP) - Des médecins, pharmaciens ou dentistes du secteur public en Algérie ont décidé de poursuivre leur grève, qui a commencé pour certains le 24 décembre, à l'appel de deux syndicats autonomes qui réclament de meilleurs conditions salariales, ont-ils indiqué samedi à Alger.

"Nous maintenons notre mouvement de grève", a déclaré le Dr Mohamed Missaoui, président de la région centre - comprenant Alger - du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) au cours d'un point de presse.

"Nous sommes en grève ouverte depuis des semaines, sans qu'aucun écho favorable ne nous parvienne de la part des pouvoirs publics", a affirmé le Dr Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP).

Le secteur de la santé publique emploie quelque 30.000 médecins dont 8.500 spécialistes. Les adhérents du SNPSP et du SNPSSP, qui regroupent l'un les généralistes l'autre les spécialistes, sont en grève depuis respectivement le 24 décembre et le 4 janvier, tout en assurant les urgences, le suivi des malades chroniques ou les gardes dans les hôpitaux publics.

Ils réclament notamment la révision de leur statut particulier, l'ouverture de discussions sur le régime de leurs indemnités, ou l'octroi d'un quota de logements de fonction.

Les organisations, qui ont prévu des rassemblements mercredi à Alger ainsi qu'à Oran (Ouest), Constantine, Annaba (Est) et Ouargla (800 km au Sud d'Alger), demande l'ouverture de négociations avec le ministère de la Santé, en présence de représentants de l'Inspection du travail et du ministère de la Fonction publique.


El Watan - 15 fev 2010

Praticiens de santé publique : Les salaires de la honte

Si les blouses blanches s’insurgent, ce n’est pas pour une question de privilèges luxueux, mais pour tout ce qu’il y a de plus « basique », « trivial » même. Anéantis et révulsés par les conditions dans le secteur public, de nombreux médecins sont allés rejoindre les cliniques privées ou partis à l’étranger.

Le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) et le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP) entament une énième semaine de grève et durcissent, parallèlement, leur mouvement de protestation en organisant des sit-in et des marches. L’opinion publique, dont les nombreux malades se trouvant dans les établissements sanitaires paralysés du fait de ce débrayage, s’interroge, quelque peu dubitative, quant aux raisons de ces manifestations. D’aucuns se sont d’ailleurs étonnés de découvrir avec effroi les conditions socioprofessionnelles de cette frange émérite de la société.

Avant, c’était tabou. L’on répugnait et l’on répugne encore à parler d’argent. Et encore plus lorsqu’il s’agit des salaires de ceux considérés comme l’élite d’un pays », déplore la chef de service d’une polyclinique. Car si à quelque chose malheur est bon, ces manifestations auront eu le mérite de lever le voile sur leurs conditions de vie. « Quelque part, c’était honteux de se plaindre de la précarité dans laquelle notre corporation vit. De revendiquer une meilleure indemnisation de cet acte "sacré" qu’est la médecine », explique, les larmes aux yeux, une praticienne. « Alors oui, c’est un choix, une vocation, une abnégation de soi. Mais un médecin, comme tout autre citoyen, se doit de faire vivre sa famille dignement, dans de saines conditions et de faire manger ses enfants à leur faim », s’exclame-t-elle. Car si les blouses blanches s’insurgent, ce n’est pas pour une question de privilèges luxueux. Mais pour tout ce qu’il y a de plus « basique », « trivial » même. Du pain, un loyer, les médicaments, les habits et autres besoins des enfants. La documentation et la continuité de la formation. Pouvoir faire face aux imprévus. Ne plus avoir peur de l’avenir.

48 000 DA après 26 ans de carrière

Quand, sous d’autres latitudes, le « toubib » fait parti des nantis, en Algérie, son maigre salaire le place au bas de l’échelle « pécuniaire ». A l’entame de sa carrière, un médecin débutant touche, dans une polyclinique ou un centre de soins, près de 32 000 DA. « Je suis célibataire et je vis chez mes parents. Je n’ai que ma propre personne à ma charge. Et je ne vois pas où va mon salaire, qui fond à une vitesse vertigineuse », s’attriste une jeune « bleue ». Qu’en est-il alors des pères de familles nombreuses ? Ce médecin, père de quatre enfants, en sait quelque chose : « Mon salaire est le seul revenu du foyer. Nous avons beau nous serrer la ceinture, en sacrifiant le "superflu" tel que la viande, les aliments ou les accessoires onéreux, les loisirs et autres, malgré cela, les fins de mois sont difficiles. »

Le plus gros des revenus va au logement. « Nous ne gagnons pas assez pour acheter ou pour louer. Mais lorsque vous vainquez votre honte et faites des démarches pour un logement dans le cadre social, l’on vous rétorque, choqué, que vous êtes médecin et que vous n’y ouvrez pas droit », explique une praticienne en fin de carrière. Car les choses ne vont pas en s’améliorant avec le temps. Chaque « palier »d’une carrière vaut un « plus » de 1000 DA. Une broutille. « Ainsi, après 26 ans de carrière, une vie dévouée, au chevet des plus démunis, je gagne, en tant que chef de service, 48 000 DA », avoue-t-elle à grand-peine. Et la prime de responsabilité « qui vous fait endosser la gérance d’un établissement ne s’élève qu’à 1000 DA imposables ».

Une histoire de croûte

« Comment expliquer que les magistrats, par exemple, aient vu leurs salaires dépasser les 100 000 DA et que ceux qui assurent la bonne santé de la masse populaire n’osent même pas espérer, après une trentaine d’années de service, atteindre les 50 000 DA ? », s’énerve une dentiste, qui ajoute, amère : « Tout simplement parce qu’un médecin public ne rend pas de service aux puissants. » Anéantis et révulsés par les conditions qui sont les leurs dans le secteur public, nombre de médecins sont allés rejoindre les promesses d’eldorado miroitées par les cliniques privées, ou encore par une carrière à l’étranger. Y ont-ils songé ? Quand les plus jeunes avouent y réfléchir sérieusement ou encore envisager une reconversion dans la « délégation médicale », les plus anciens, surtout les généralistes, sont plus réticents à cette idée. « Non, jamais », de marteler la chef de service.

« Je suis intrinsèquement attachée aux soins dans le service public. Je trouverais immoral de demander de l’argent directement à un malade », dit-elle. Haussant les épaules, elle conclut : « Enfin, peut-être bien que quand je serais à la retraite, je changerais d’avis. » Car la pension de retraite accordée n’avoisine que les 20 000 DA. Le président du SNPSSP, quant à lui, déplore : « Les médecins, dans les autres pays, se réunissent et forment des syndicats pour la recherche scientifique. Nous, honteusement, tristement, si nous nous regroupons, ce n’est que pour une histoire de croûte… »
Ghania Lassal


Et lorsque la télé censée distraire n'est même plus regardée, c'est que le malaise est profond et le régime à l'agonie...

L'expression - 10 fev 2010

De plus en plus décriée, la Télévision algérienne en question

Force est de constater que la lucarne algérienne est boudée.
«Pourquoi se fatigue-t-on à contrôler la télé quand on peut avoir le monde à sa portée avec juste 7000 DA?», s’est interrogé, stupéfait, récemment, l’ancien directeur de la Télévision algérienne, M.Abdou B., lors d’une rencontre organisée autour des médias. Une assertion faisant état du foisonnement satellitaire auquel on peut accéder moyennant une parabole ou une carte d’abonnement. Une rencontre où il a été mentionné les carences de «nos» chaînes nationales, - supposées au pluriel - face à la rude concurrence ou hégémonie des chaînes satellitaires pour ne citer que les chaînes arabes, à l’image d’Al Jazeera ou Nessma TV, plus récemment, qui ont conquis les foyers algériens en un temps record.
Pourquoi le téléspectateur algérien lambda se détourne-t-il de sa lucarne algérienne? Que trouve-t-on de meilleur ailleurs que notre télé ne peut satisfaire ? La majorité interrogée affirme tout simplement ne pas se reconnaître dans le modèle véhiculé par notre «Unique».

Des témoignages pris sur le vif, nous révèlent des propos acerbes, traduisant une image peu reluisante de l’activité professionnelle du 21 boulevard des Martyrs.
Pour cette jeune étudiante en communication, Yasmine Z.: «C’est absolument nul, à chaque fois que je zappe, j’ai l’impression qu’ils sont restés figés dans les années 1980, si ce n’est 1970. Aucune originalité ni créativité dans les programmes. Et quand on essaie de faire quelque chose, on plagie les autres chaînes. A la fin, ça donne un show à la pseudo "Tout le monde en parle", ou encore "Star Academy", avec des chanteurs qui ont tout, sauf la voix et l’étoffe de vrais chanteurs.»
Plus dur, ce trentenaire qui évolue dans le marketing, Riad A. avoue que c’est honteux de voir un pareil programme. «Ce n’est pas une télé que nous avons, c’est un ancêtre. Que ce soient la programmation, les émissions ou la fraîcheur de ses programmes, l’intérêt est que rien ne va, on dirait une télé d’ un autre âge qui ne suit vraiment pas la réalité du monde de l’audiovisuel.» A la limite du surréalisme cynique, il y en a qui se demandent d’abord si nous avons déjà une télévision à proprement parler.
Pour cette comédienne algérienne qui passe souvent à la télé, lors du Ramadhan et dans divers programmes comme les feuilletons et la pub: «Dans toutes les émissions télé on ne voit que les animateurs et les animatrices!» Pour Sofia M., ces derniers monopolisent souvent le débat. «Il n’y a qu’eux qui parlent. Les invités se transforment en spectateurs! Ceci parmi tant d’autres défauts. Cela doit changer et le public partage ce point de vue.»
Et cette dame de souligner: Je pense que le défaut de la Télévision algérienne c’est d’être une télévision d’Etat. Ce n’est surtout pas une télévision publique qui sert les Algériens. Elle sert donc surtout l’Etat. S’il fallait la qualifier, en quelques mots, je dirais «un outil de propagande».
Et cette publicitaire d’affirmer: «La télé algérienne a beaucoup de choses à faire encore dans un contexte constructif qui demandera des moyens humains, communs, intellectuels, financiers et de la tolérance..etc. "Dzaïr Show" est un exemple réussi, mené à bien par des jeunes gens que je voudrais personnellement encourager...», souligne-t-elle. Quoi qu’il en soit, les Algériens, dans l’ensemble et il ne faut pas se voiler la face, n’aiment pas leur télé. Ils ne la regardent pas.
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Mar 16 Fév 2010 17:17

Le Quotidien d'Oran - 16 fev 2010

Deux autres syndicats rejoignent la grève: Vers la paralysie des écoles

Avec l'Unpef et le Cnapest qui rejoignent la protesta, dans l'Education, la boucle est bouclée. Ils sont les derniers syndicats autonomes qui temporisaient avant d'opter pour le débrayage.

Hier les responsables de ses entités ont déposé conjointement un préavis de grève à partir du 24 du mois en cours pour une durée d'une semaine reconductible. C'est ce que nous a révélé le coordinateur du Cnapest, Nouar Larbi. Notre interlocuteur nous a indiqué que «nous avons eu une réunion avec les responsables de l'Unpef, avec lesquels nous travaillons de concert et nous avons décidé d'engager une action commune. Nous entamerons une grève illimitée jusqu'à ce que la tutelle prenne en charge sérieusement nos revendications. Nous voulons que les textes élaborés par les trois commissions relatives au régime indemnitaire, œuvres sociales et médecine du travail, au sein desquelles nous avons travaillé d'arrache-pied pendant deux mois d'affilée, soient libérés et rendus publics mais surtout que le ministre ait le courage de prendre les mesures adéquates pour mettre fin à cette situation de blocage ».
Pour rappel, le Cnapest et l'Unpef sont les deux syndicats autonomes qui négocient officiellement avec le ministre. Ce recours à la grève de leur part signifie que le dialogue est rompu. Outre ces deux syndicats, d'autres ont déjà affiché leur mécontentement en décidant d'un arrêt de travail.

Le Snapest entame une semaine de grève à partir d'aujourd'hui, le Cla a annoncé une grève à partir du 21 et le Snte engage son deuxième débrayage le 22 du même mois. C'est dire qu'à l'appel de ces syndicats, tous paliers confondus, il faut s'attendre à la paralysie des écoles pendant un bon moment, surtout que tous ces syndicats ont décidé de boycotter les examens et les compositions.
Parmi les revendications faites par ces entités syndicales, on notera une augmentation des salaires par la revalorisation du point indiciaire de 45 à 200 DA, la promulgation d'un régime indemnitaire qui valorise le métier, la révision du statut particulier, l'intégration des contractuels et une retraite après 25 ans de service, sans oublier le maintien de la retraite anticipée. D'autres revendications figurent en pôle position comme l'annulation de l'arrêté 94/158 relatif aux œuvres sociales qui donne l'exclusivité à la Fnte affiliée à l'Ugta , l'ouverture d'une enquête sur la Munatec (Mutuelle nationale des travailleurs de l'Education et de la Culture) et sur la gestion de ses fonds.

La lettre du ministre de l'Education Boubekeur Benbouzid, qualifiant les menaces de grève d' »injustifiées» a attisé le feu au lieu de l'éteindre. Et la réaction des syndicats autonomes ne s'est pas faite attendre.
Tout indique que le mouvement de protestation, en ce mois de février, va se durcir et risque d'hypothéquer l'année scolaire. Avec la menace du boycott des examens et des compositions, on risque de se diriger droit vers une année blanche. La protestation n'a jamais été aussi forte dans le secteur de l'Education. Les grèves des différents syndicats autonomes sont si proches, les unes des autres, qu'elles semblent s'acheminer vers une durée illimitée.
Moufida R.


Jeune indépendant - 16 fev 2010

Grève illimitée des médecins généralistes et spécialistes de la santé publique

Après les métallurgistes à l'Est vint le tour des travailleurs de la SNVI de crier leur ras-le-bol concernant les salaires. Après les enseignants vint le tour des médecins.
Tout cela sous une casquette syndicale autre que l'UGTA.
Le divorce entre les travailleurs et la centrale syndicale semble ne jamais être aussi inéluctable. Entre la contestation ardente des travailleurs d'ArcelorMittal et la révolte blanche des médecins, le front social est sur un brasier qui ne semble pas près de s'estomper. Les choses ne font que commencer pour le monde du travail, surtout après la tripartite qui a finalement accouché d'une souris. Mais pas seulement. Même le statut particulier, accordé pourtant à une catégorie considérée comme aisée, à l'instar des médecins, et par lequel le gouvernement veut calmer les classes moyennes, ne semble pas mieux loti.
Les choses ne semblent pas s'arranger non plus pour les autres catégories des travailleurs qui arrivent à peine à percevoir le SNMG nouveau : 15 000 DA. Des couches sociales entières voient leur pouvoir d'achat se dégrader. Et elles n'hésitent pas à le faire savoir. A le crier jusque dans la rue. Une nouvelle carte syndicale semble se dessiner pour exiger une nouvelle politique salariale.

Le cas des médecins du secteur public, qu’ils soient généralistes ou spécialistes, est assez éloquent. Surtout lorsque l’on sait qu’un médecin spécialiste, qui a vingt ans d’exercice au compteur, perçoit à peine 65 000 DA. Bac plus douze, s’il vous plaît !
«Il faut savoir ce qu’on veut. Nous sauvons des vies humaines quotidiennement. En plus, nous ne sommes pas très nombreux. Vous savez, nos collègues au Maroc ou en Tunisie perçoivent entre 2 500 et 3 000 euros mensuellement. Pourtant ces pays n’ont pas de pétrole, déplore le docteur Lamani, deuxième vice-président du SNPSSP, le syndicat des spécialistes. Je vous assure que l’idée de quitter leur pays ne leur effleure même pas l’esprit.» Alors, qu’est-ce qui pousse nos médecins à se mettre en grève jusqu’à déstabiliser un système de santé déjà fragile ?

Au-delà du salaire, un problème de logement
Mardi 7 février, un jour de grève. A notre arrivée à une polyclinique à Blida, nous avons été agréablement surpris par la propreté des lieux. Les services sont bien entretenus et le personnel respectueux. Point de malades, sauf deux patientes qui attendaient leur tour au service des urgences. Les médecins grévistes sont tenus d’assurer un service minimum. Premier étage, même topo. Des salles d’attente vides mais un service dentaire totalement clean et doté d’un matériel sophistiqué. «Vous ne manquez de rien ici !» La dentiste présente dans la salle nous a arrêtés net. «Vous savez, Monsieur, c’est vrai que les pouvoirs publics ont investi de l’argent dans l’équipement de certaines structures de santé, mais ils n’ont pas fait de même avec ceux censés le faire marcher», dit-elle fermement. Sa collègue, entendant notre discussion, accourut : «Je suis dentiste prothésiste. J’ai fait des études de spécialiste, mais je perçois à peine un peu plus de 40 000 DA. Vous vous rendez compte, toute une vie à étudier avec, au-dessus du lot, l’obligation d’acheter votre matériel au risque de ne pas acquérir les modules, et ce salaire ! Cela sans parler du problème de logement que nous vivons pratiquement tous ici. Une collègue vient de Médéa chaque jour pour exercer ici, car l’administration n’a pu lui fournir un logement de fonction.» En fait, tout est lié. Sans salaire correct, on ne peut rien avoir de correct. Ni logement décent, ni alimentation équilibrée, ni congé réparateur à la fin de l’année, ni enseignement à la hauteur pour sa progéniture, ni des soins de qualité...

Sur notre chemin du retour, nous avons aperçu des travailleurs des ponts et chaussées s’affairer à dégager de la boue qui s’est incrustée sur la route déjà anéantie par les nids-de-poule et les dos-d’âne. Trois d’entre eux regardaient un quatrième en train de déblayer sans bouger le petit doigt. Ils devaient peut-être penser à leur «salaire» perçu dans le cadre du filet social.
Autre lieu, autre décor. Hôpital de Baïnem, dimanche 14 février. Une journée de pluie. La structure est assez particulière, car, en plus de son architecture agréable pour les yeux, les senteurs de la Méditerranée vous chatouillent les narines. Après la réunion de l’intersyndicale, la veille, regroupant les deux syndicats, le SNPSP et le SNPSSP, la mobilisation semble intacte. Le service minimum est assuré normalement, mais les blocs opératoires sont inopérants. La grève semble s’installer et les rites qui vont avec également. Des médecins arrivent tout de même à discuter de leurs problèmes. «Comment voulez-vous qu’on s’occupe convenablement des malades alors que nous-mêmes sommes dans une situation déplorable !» s’offusque un médecin. «Vous savez, quand vous êtes réduit à vous occuper de la réparation de votre vieille voiture parce que vous n’avez pas les moyens d’acheter une neuve, vous ne pouvez pas soigner comme il se doit votre patient lorsqu’il se présente à vous le matin.

Nous sommes des êtres humains qui avons besoin d’exercer dans des conditions optimales, à plus forte raison que nous occupons des postes sensibles», enchaîne l’un de ses collègues.
A la sortie de l’hôpital, des personnes vous proposent leurs services clandestins de transporteurs. La course est négociable, mais pas question de descendre sous un certain seuil. L’un d’eux accepta de nous déposer, à contrecœur, au CHU Mustapha, contre 200 DA. Il faut dire qu’en ces temps de grève, les malades à déplumer se font rares.

La tutelle pousse au pourrissement
CHU Mustapha. C’est là où le passage à l’action des médecins grévistes a été effectué. Ils avaient été bastonnés, car ils voulaient porter leur protestation dans la rue.
Service cancérologie. Tout est «normal». Les malades atteints sont immédiatement pris en charge. «Ici, quelle que soit la situation, nous ne pouvons pas faire grève. Vous savez, pour une chimiothérapie, un malade ne peut pas attendre», nous rappelle un médecin avec une pointe d’humour noir. Nous vivons la même situation que nos collègues médecins en grève. C’est vrai que Mustapha est un CHU où la plupart des médecins ne sont pas concernés par la grève vu leur statut d’hospitalo-universitaires. Mais pour les salaires, nous ne sommes pas mieux lotis que nos collègues grévistes.»
A l’entrée du service neurologie, un malade se tord de douleurs sur un chariot dont une roue s’est détachée car son point d’attache était rouillé.

«Plus on est bardé de diplômes, plus on est pauvre»
Un médecin généraliste, après des années de service, perçoit à peine 40 000 DA. «Ceux qui n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois sont légion. A commencer par moi-même. Avec nos trois enfants – ma femme travaille également –, je vous jure que nous traînons des dettes. Alors, comment voulez-vous que je sois dans une forme et une concentration optimales pour soigner ou sauver des vies ?»
«L’échelle des valeurs est complètement renversée. Sinon comment expliquer le salaire d’un député, 300 000 DA, alors qu’il n’est pas tenu d’avoir un niveau d’instruction élevé, et celui d’un médecin spécialiste, 60 000 DA, à qui l’on demande de maîtriser des techniques de pointe dans son domaine ?», peste le Dr Lamani, deuxième vice-président du SNPSSP.

Les médecins grévistes durcissent le ton
En dehors des structures de santé, les médecins sont tout aussi solidaires. Et le ton durcit. Mercredi, 8 février, un sit-in devant le ministère de la Santé est organisé. Plus d’un millier de médecins venus des différentes wilayas du Centre étaient là. Ils ne manquaient pas d’ingéniosité pour exprimer leur ras-le-bol. Qui avec une blouse de médecin maculée de sang arborée en guise de banderole pour dire l’état déplorable dans lequel se trouve le secteur de la santé, qui avec une pancarte sur laquelle est écrit : A vous la Sonatrach, à nous la matraque.
«Le Premier ministre dit que nous comptons sur l’illusion du pétrole. Si ce n’est pas le pétrole – et nous sommes d’accord – sur quoi alors devrions-nous compter ?» s’interroge le Dr Yousfi, président du SNPSSP.
En face, le ministère de la Santé a fermé ses portes un jour de… réception. Aucun interlocuteur. Une semaine avant, des médecins se font bastonner à la sortie de l’hôpital Mustapha parce qu’ils voulaient investir la rue.
Car, pour la tutelle, les choses sont claires. L’intersyndicale de la santé n’est pas un interlocuteur fiable. En témoigne le refus catégorique de dialoguer avec elle après plus de trois mois de grève maintenant. «En parallèle, le ministère de la Santé choisit de court-circuiter notre mouvement de grève en essayant de parachuter un syndicat fantôme», dénonce le docteur Merabet, président du SNPSP.
Samedi 13, l’intersyndicale fait son bilan lors d’une conférence de presse. Résolutions : la grève continue et rendez-vous est pris devant le palais du Gouvernement mercredi 17 février.
Youcef Kaced
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