willio a écrit:berneri a écrit:Au contraire j'ai tendance à penser que chaque concession, si elle permet une petite compensation passagère, ne fait que retarder la date d'une grande transformation sociale libertaire. Les luttes les plus complaisantes envers le système capitaliste sont peut-être celles qui apportent directement un répit, 100€ de plus, etc. mais ce sont surtout celles qui entérinent durablement notre soumission.
On manifeste, on s'encroûte dans le schéma syndicat contre patronat, on accepte finalement un système dirigeant-e-s/dirigé-es, notre révolte devient routinière, télécommandée. En fait on plie sous la logique du système, nos petites révoltent cimentent la société dans son état de pouvoirs et de contre-pouvoirs, les capitalistes peuvent s'en frotter les mains.
Je ne pense pas que plus on va mal plus le système gagne, plus les gens sont dans la merde, plus ils sont proches de se revolter pour faire une revolution sociale libertaire. Au contraire, en quête de securité on peut se retourner vers des "hommes providentiels" et c'est le fascisme et le totalitarisme qui se dessine bcp plus facilement que la société anarchiste ...
Aussi je pense que les "petites luttes" que tu décris sont celles qui permettent aux "grandes" de pouvoir se dessiner ...
Je peux faire aussi une analyse sur le système augmentation de salaires, inflation etc... àl'utilisation des grèves à des fins de destockage etc... d'accord , d'accord, il ne faut pas être dupe de cela
Je resonne en terme de dynamique, de "gymnastique révolutionnaire " si tu veux, je pense que ce n'est pas en regardant les luttes avec le dedain du terme "soumission" qu'on change les choses.
Au risque d'entrer dans un registre émotionnel et d'être encore plus subjectif:
Je pense que l'on agit d'une part avec ça raison , de l'autre avec ses tripes, et souvent avec une part louable d'egoïsme.
Egoïsme que je revendique : oui j'ai besoin de 100 euros voire plus par mois, oui mon ami sans-papiers a besoin d'être regularisé, etc...
Et en même temps quand je lutte , je lutte pour autre chose, pour ma dignité, pour qu'on me respecte, parce que je suis mû par le souhait de vivre autrement et que là précisemment quand je lutte et bien j'affirme que je ne suis pas soumis au système, que je suis quelqu'un et pas un pion, et toutes ces choses que j'exprime ... et je pense que cette expression n'est pas qu'un catharsis car elle laisse des traces, des traces et une histoire, un vécu, des débats, des échanges, des pratiques avec d'autres au delà de la revendication... et que c'est là precisemment que se dessine la possibilité de changer la société et non pas en regardant de loin cela et en disant que ces luttes sont insuffisantes d'une part et d'autre part enterrinent la soumission au système...
Parce que pour moi la révolution ça ne tombe pas du ciel ! ni l'esprit saint anarchiste descendant sur le bon peuple ...!
Au final et avec ton raisonnement on peut très vite se reconvertir au libéralisme, puisque les gens font de petites luttes qui enterrinent leur soumission et qu'ils ne t'entende pas et bien les gens ne méritent pas la revolution , ils ont ce qu'ils méritent, et les patrons aussi ont ce qu'ils méritent, finalement tout va bien dans le capitalisme chacun a ce qu'il mérite ....
si je transpose ton analyse à la lutte des sans-papiers, à ce moment là pour toi ça ne sert à rien de se battre pour la régularisation d'untel ou untel ... ça m'étonne un peu ton discours...