Le Ptit Noir n° 12

Elaboration des prochains numéros

Le Ptit Noir n° 12

Messagede Antigone le Dim 30 Aoû 2009 09:55

Joe et Carnus étant partis. Kuhong et Skank doivent avoir le squelette.
A moins que quelqu'un rajoute un édito express, voici son contenu.
Il resterait à trouver des illustrations...


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SOMMAIRE

- Débat sur l'interdiction des licenciements, l'expropriation et l'autogestion
(par Antigone, Berckman, Berneri, Conan, JPD, Léo, Quierrot, Willio)

- Dis papa, c'est quoi un anarchiste ? (par Polack)

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DEBAT SUR L'INTERDICTION DES LICENCIEMENTS, L'EXPROPRIATION ET L'AUTOGESTION
(par Antigone, Berckman, Berneri, Conan, JPD, Léo, Quierrot, Willio)


Continental, Caterpillar, New Fabris... La liste est longue des entreprises où les travailleurs, jetés comme de vieilles chaussettes, sacrifiés au nom des intérêts économiques, résistent en utilisant tous les moyens de pression possibles pour arracher à leurs employeurs un maximum d'indemnités et de quoi subsister assez longtemps.
Ces événements posent la question de l'entreprise et de ce qu'on pourrait en faire alors que le capitalisme traverse une crise profonde et durable.
Huit membres de ce forum ont bien voulu en débattre. En voici le travail collectif de synthèse:


INTRO

Ces échanges ont été introduits par ce texte de Berneri:

« Il me semble que nous vivons un moment particulier : la colère et la lutte contre les patrons-licencieurs et les délocalisations s'accompagne la défiance vis à vis du syndicalisme d'accompagnement. Ce sont les travailleurs et les syndicalistes à la base qui mènent des actions radicales, franchissant parfois le seuil de la légalité étatique. Peut-être plus marquant des appels de militants à se coordonner pour la grève générale, il se pourrait que les différentes tentatives de coordinations actuelles des boites en luttes créent à un moment le terreau fertile d'une lutte massive et frontale face au patronat et à l'état.
Les interventions policières et la défense du droit de propriété par l'état, diminue sa légitimité et peuvent aussi créer une défiance vis à vis de l'appareil étatique.
La course à la croissance et les solutions de type réformistes sociales - libérales apparaissent de plus en plus clairement comme des attrape-nigauds.

Cependant il convient aussi de ne pas faire d'angélisme, nous vivons aussi un contexte d'individualisme forcené, les travailleurs cherchent avant tout à partir avec le plus possible et pas forcement à conserver leur emploi.
Cette option peut apparaître très individualiste mais elle est réaliste face à l'absence d'alternative sociale crédible et non incantatoire. Évidemment une fois les indemnités consumées le travailleur peut se retrouver à rester au chômage, sans compter l'impact local en terme de vie sociale, etc.
Aujourd'hui se préparent des marches pour l'interdiction des licenciements, certes cette revendication ne me semble pas porter de projet alternatif face au capitalisme et portée seule elle peut mener à l'échec. Cependant elle répond peut-être en miroir à une colère : " puisque de toute façon on perdra les emplois, autant partir avec le maximum" est rétorqué " il faut interdire les licenciements"
Peut-être cette revendication d'interdiction des licenciements emportera t elle une mobilisation importante, tout du moins elle pourrait fédérer celles et ceux qui se mobilisent à la base contre les licenciements et les délocalisations.
Il me semble que les libertaires ne doivent pas faire la fine bouche et regarder d'un oeil distancié ce qui se passe, au contraire il me semble qu'il faudra être avec celles et ceux qui bougent et luttent pour partager la réflexion et la revendication autour de l'alternative sociale, à savoir la revendication de la socialisation des moyens de productions, on peut très bien revendiquer :

"Puisqu'ils veulent fermer, qu'ils paient, et nous gardons les machines et les locaux pour faire tourner la machine pour nous", quitte à reconvertir la production et à faire participer la collectivité au soutien de l'emploi.
Des questions économiques de coût, de débouchés, etc. se poseront également et il faut réfléchir pour y répondre sans s'enfermer dans l'ornière de l'alternative isolée. On porte à travers cette revendication la question de la remise en cause de la propriété privée comme un droit inaliénable. Les libertaires soulèvent cette question depuis le début de leur réflexion, rien de nouveau donc, si ce n'est de ne pas oublier comment faire concorder dans le monde actuel les propositions anarchistes avec les problèmes d'aujourd'hui.
L'originalité des libertaires dans les réponses que nous proposons à cette question peut soulever un certain engouement et ... peut-être être reprises plus largement pour donner enfin une dynamique de victoires dans les luttes sociales voir d'espoir en terme d'alternative sociale. »
(Berneri – 3 août)


= = = =

A) LES ENJEUX
Qui sont déjà exprimé dans l’introduction de Berneri.

1.
« Il nous faut envisager plus concrètement encore les questions d'autogestion et de reprises des moyens de production à partir des situations d'aujourd'hui. Non pas donner précisément par avance la manière détaillée de pratiquer et enfermer la réalité et le possible dans un livre ou un texte. Mais s'atteler tout de même à des problèmes concrets par rapport aux expériences en cours. » (Berneri – 5 août)

2.
« L’autre enjeu est d’apporter des réponses qui mettent le pied à l’étrier d’une sortie du mode d’exploitation capitaliste. Pour cela, nous devons bien sûr populariser notre projet social, notamment autour de la socialisation des moyens de production et d’échange, de l’égalité économique et sociale avec une répartition égalitaire des richesses, de la gestion directe par les travailleurs d’une production socialement utile et écologiquement soutenable. Nous devons aussi populariser l’autogestion comme la pierre angulaire de notre alternative au capitalisme et à l’état. Mais nous devons également proposer l’autogestion des entreprises qui licencient comme point de départ dans les luttes d’aujourd’hui, tout autant que comme outil pour la transformation sociale. Car, si l’autogestion, en se généralisant peut être un vecteur de la transformation révolutionnaire, dés aujourd’hui, au même titre que les séquestrations, elle peut représenter une réponse concrète pour conserver l’emploi et augmenter le rapport de force. C’est donc, tout en étant conscient de ses limites, une proposition politique à mettre au débat et qui peut rencontrer les aspirations de celles et ceux qui luttent.

Il y a néanmoins des freins et des contradictions dans cette option. La plupart des entreprises en question sont dépendantes des commandes des donneurs d'ordre pour écouler leurs marchandises ce qui représente un frein important à la reprise de la production par les ouvriers. Cependant la mise en commun de plusieurs entreprises autogérées du même secteur peut là encore modifier plus favorablement le rapport de force pour la vente des marchandises. De plus, dans cette période de crise, on ne peut douter de la solidarité qu’inspirerait cette action et des possibilités importantes de mobilisation qu’elle pourrait ouvrir, créant une situation politique nouvelle. Par contre, le fait d’évoluer dans un contexte économique capitaliste ferait reposer sur ces entreprises autogérées des contraintes qui tendraient à réduire l’autogestion et à rogner la démocratie ouvrière chèrement conquise. Cela reste bien à l’autogestion généralisée qu’il faut parvenir, et la réponse immédiate aux licenciements ne doit pas rester une fin en soi, mais un palier dans la lutte, au risque de transformer la victoire en défaite à moyen terme.

Pour conclure
La reprise de la production en plus de pouvoir représenter une forme efficace pour obtenir satisfaction sur le maintien de l’emploi, permet plus que cela. Cette autogestion, même limitée, pose en creux la question du projet de société. A nous de l’élargir, de l’approfondir, car elle est le palier qui pousse à interroger le sens de la production, et de sa finalité. Et c’est bien notre projet communiste libertaire où nous reprenons tous pour l’intérêt de tous le choix de ce que nous produisons, comment nous le produisons pour qui nous le produisons qui peut être mis en proposition. Les anarchistes sont trop peu nombreux à eux seul pour mettre en œuvre ces propositions, et lutter pour rompre avec le capitalisme. Mais la progression des tensions et leurs cristallisations autour des licenciements, créent des conditions favorables pour que les exploités utilisent nos méthodes et nos propositions, parce qu’aujourd’hui plus que jamais, elles correspondent à leurs réalités. Et il n’y a qu’un pas, pour que l’utilisation de ces propositions immédiates ouvre de vraies perspectives de rupture sociale ». (Groupe CGA Montpellier, extraits)

3.
« L'intérêt là c'est de sortir du seul cadre de lutte revendicative qui montre ses limites et de bouffer de l'espace au capitalisme en avançant dans la construction du communisme libertaire, en portant une dynamique autogestionnaire et expropriatrice, et donc révolutionnaire; parce que les revendications en soi, comme le syndicalisme ne le sont pas en elles mêmes. » (Quierrot – 11 août)

B) LA REVENDICATION D'INTERDICTION DES LICENCIEMENTS (et d’une loi dans ce sens)

1. Critique

Là-dessus il y a consensus (me semble-t-il) de tous les intervenants pour ne pas participer à ce genre de démarche par désaccord et opposition (caractère illusoire, politicien…) alors que les luttes sociales sont à privilégier, notamment leur caractère auto-organisé, même s’il ne faut pas « juger “à sec” ce mot d’ordre » mais qu’il n’est pas indifférent de savoir d’où cela part, « si ça part de quelque part à la base, que ça fait tache d’huile, que ça entraîne un débat dans la société » (JPD – 15 août).

« Tout d'abord, sur le principe, il est impossible de demander que les licenciements soient interdits autrement que par une loi. Or une telle demande reviendrait à reconnaître le Parlement, légitimer les politiciens qui y siègent et le rôle qu'ils y occupent. Cela signifierait que nous remettions notre sort entre leurs mains, et que nous abandonnions du même coup toute indépendance de classe. Quand on se dit anti-parlementariste, ça parait inconcevable.
Ensuite, sur le fond, une telle loi dans le système actuel serait aussi inapplicable que si elle prétendait interdire le chômage, les investissements, les profits etc. Les licenciements font partie des règles de gestion et du fonctionnement des entreprises. Si on les "interdisait", ils réapparaîtraient sous une autre forme, et de toute façon, cette loi serait immédiatement contournée et rendue caduque. » (Antigone – 11 août)

« S’exprimer à l’occasion de ce type de « mobilisation » est un des objectifs de cette discussion et d’une éventuelle campagne anticapitaliste et libertaire.
A une campagne politique classique dans la forme (appel aux partis, au parlement) et illusoire sur le contenu, nous opposons donc la nécessité d’une mobilisation par les travailleurs eux-mêmes qui dans sa dynamique même peut être amené à poser des questions de fond car nous privilégions l’action collective, « l’action des exploités qui en modifiant le réel modifie la perception qu'ils en ont et la possibilité de le changer plus encore » (Leo – 16 août)

« En ce sens je pense […], (même si je partage l'analyse selon laquelle une revendication n'a pas la même dimension selon qui la porte), que la revendication "interdiction des licenciement" est une impasse parce qu'elle contient intrinsèquement le recours à l'étatisme, et donc soit une propension à l'attentisme, soit à écarter les réflexion stratégique sur comment lutter contre les licenciement sans attendre une intervention illusoire de l'Etat.
Ce parce que justement cela représente une perspective immédiate en contradiction avec le développement de la lutte directe, et plus encore avec la possibilité d'un développement révolutionnaire". » (Berckman 21 août)


2. Il existe une position plus nuancée toutefois.

« pour moi ne pas se tenir à l'écart permet d'amener les revendications libertaires au sein de ces mobilisations, ce qui peu aussi paraître illusoire et est très dépendant de la nature de la mobilisation sur ce sujet( sociale, syndicale, associative, partis, multiple,...) ce qui peut entrainer tantôt un enclin plutôt favorable à y être de manière critique ( multiple, sociale, syndicale), tantôt un enclin à se tenir très à distance ( partis , associations type attac, club de pensées,...). » (Berneri 11 Août)

« sur la question de la participation aux mouvements qui semblent se dessiner contre les licenciements et avec une revendication centrale qui serait l'interdiction des licenciements, je pense que le gouvernement en bon gérant des intérêts capitalistes va avoir du mal à pouvoir intègrer une telle revendication évidemment et cette revendication, qui n'en est pas vraiment une de fait pose la question du pouvoir. Elle peut être interessante en ce sens, et l'on peut, nous, porter cette question sur le pouvoir à construire par le bas. Mais en même temps, parce que cette stratègie n'est pas lisible par tous les intéressés, à part peut-être pour les services publics, et que ceux-ci savent par contre bien que ce n'est pas une revendication tenable, j'ai peur que la mobilisation peine s'il elle ne prend que cet axe d'affrontement. C'est bien pourquoi, et parce que la gauche de la gauche va nous renvoyer vers des propositions de l'ordre de l'alternative politique, mais gouvernementale et étatique (nationalisation et pas socialisation), il nous faut développer quelque chose qui soit parlant et pas que incantatoire. Ce n'est évidemment pas facile, mais il me semble que c'est dans la période fondamental, si l'on veut que notre mouvement ne soit pas comme souvent à la ramasse, ou dans l'incantation et la culture de la marge. » (Quierrot 17 août)

3. Alternative proposée : coordination de base et auto-organisation des travailleurs, expropriation et autogestion

« Pour nous, il s’agit de faire en sorte « que la lutte soit investie par le plus grand nombre et quelle se dote des structures qui permettent à tous d’agir et de contrôler totalement leur lutte. Mais aussi mettre en avant les formes de luttes et les choix qui renforcent, au profit des salariés, le rapport de force pour permettre des victoires. Enfin, proposer des modes d’action qui permettent d’aller le plus loin possible dans la remise en cause des mécanismes de l’économie de marché afin de s’en émanciper. » (Groupe CGA Montpellier)

« Devant l’absence/refus/impossibilité du syndicalisme d’assumer ce rôle de construire des rapports de force favorables aux salariés, c’est à des formes de coordinations directes entre travailleurs qu’il revient de le faire. Les premiers pas, gestes, paroles dans le sens de coordonner les entreprises en lutte vont dans le bon sens : celui de l’auto-organisation, de l’auto-mobilisation des travailleurs par et pour eux-mêmes.
Ces formes de coordination, si elles se mettent en place, le feront sans doute autour de la revendication commune (dite centrale) du refus des licenciements et la défense des postes de travail, revendication pouvant non seulement fédérer des travailleurs en lutte mais au-delà : au niveau de chaque territoire, de chaque bassin d’emploi, localement, tous ceux et celles qui se sentent concernés et solidaires. Les tentatives inter-luttes et interpro par exemple peuvent trouver ici moyen de se développer et de s’articuler. »
« Les anarchistes et les révolutionnaires ont d’autres propositions. Celles qui disent que le « débouché des luttes » se situe en elles-mêmes et dans leur victoire et non dans les élections et la reproduction des structures de la domination. Et aussi que les véritables victoires ne peuvent éviter les affrontements décisifs, la rupture avec le capitalisme, la mise en déroute de la bourgeoisie et la mise en place d’un autre monde possible par la réorganisation totale de l’ancien. » (Léo – 9 août)

« Evidemment il faut populariser la remise en cause de la propriété des moyens de production et l'Etat qui la défend et qui l'exerce dans certains secteurs. Cela passe par des propositions pour partir du quotidien, d'aujourd'hui.
L'exercice de l'autogestion dans le cadre de la lutte, des outils de lutte (syndicat, comité de grève, ...) peut permettre d'envisager son exercice dans celui de la production, et, à mon avis, il faudrait que les structures type coopératives autogérées, soit soutenues et en lien permanent (organique ou pas) avec les organisations de lutte contre le capitalisme. D'une part dans un but de non - intégration (cf mutuelles), d'autre part dans un but d'analyse et d'ajustement des moyens et des stratégies de la lutte contre le capital. » (Berneri 15 août)

« Je pense que si l'on veut du slogan, "zéro licenciement", "reprise des entreprises sous forme coopérative par les travailleuses et travailleurs"/exproprions les patrons
Je partage le point de vue sur le caractère ambigu du terme "autogestion" : d'abord parce que ce mot d'ordre est utilisé par des courants qui l'entendent dans un sens radicalement des anarchistes, en le vidant de son contenu antihiérarchique : il s'agirait "d'élire" ses dirigeants, tout en maintenant le rapport dirigeant/dirigé, comme on l'a vu en Yougoslavie et en Algérie. C'est en ce sens que le terme "autogestion" est utilisé par le NPA.
Le terme gestion ouvrière, ou gestion directe des entreprises par les travailleuses et travailleurs, me semble plus approprié. » (Berckman 21 août)

C) EXPROPRIATION / AUTOGESTION

I - Pour

« Les luttes contre les licenciements sont d’abord des luttes pour la préservation des postes de travail. Dans un deuxième temps, le plus souvent à cause d’un rapport de force dégradé, lorsque les travailleurs pensent qu’ils ne peuvent plus faire revenir les patrons sur la décision de licencier, les revendications se portent sur le montant de l’indemnité de licenciement » […]
« La proposition de « prise » des entreprises en faillite ou qui ferment par les travailleurs (telles qu’elles sont pratiquées en Argentine par exemple) est une réponse très concrète à une situation donnée : elle vise d’abord à défendre des postes de travail et elle est aussi une critique en acte (certes partielle !) de la domination et de l’exploitation. » (Leo – 9 août)

« Si toute une population (ou partie) se soulève et se donne les moyens d’ « autogérer » en s’affrontant ainsi aux pouvoir, même si on a l’intime conviction que, pour l’instant, au bout du compte, ce sera une xième remise à flot du capitalisme, ce n’aura pas le même sens que lorsque ce fut la CFDT et ses penseurs qui en élaborèrent le concept ou quand la lutte se rétrécit vers des solutions « coopérativistes » ou « mutuellistes » du siècle dernier » (JPD – 15 août)

Articulation et caractère partiel et « transitoire »

1.
« La réappropriation des entreprises par les travailleurs (et corrélativement l’expropriation des capitalistes) me semble être l’axe autour duquel peut déployer à la fois des aspects revendicatifs, partiels, réalistes, à court terme et les éléments de contenus révolutionnaires :
- propriété sociale des moyens de production,
- autogestion,
- horizontalité…
et sur tout ce que cela peut ouvrir comme questionnements :
- utilité sociale de ce qui est produit,
- articulation “producteurs” / “consommateurs” (ni marché, ni planification bureaucratique),
- les “biens communs” et le libre choix de produire des biens propres,
- le productivisme,
- de l’autogestion d’entreprise à l’autogestion généralisée et la question du pouvoir (qui décide de quoi et comment, "pouvoir de" contre "pouvoir sur"…),- etc. » (Leo – 9 août)


2.
« Nous n’avons pas à gérer quoi que ce soit dans ce système. Toutefois si un mouvement de fond de nature autogestionnaire voyait le jour, j'en serais partie prenante, mais sans illusion tant qu'on en restera là, parce que exproprier des patrons et abolir la propriété privée ne suffira pas pour nous faire sortir du capitalisme. Ni même le principe d'un salariat "équitable" parce que cela supposerait l'existence d'employeurs et d'employés, une division sociale entre dirigeants et dirigés et un système hiérarchique, et que cela irait à l'encontre d'un objectif qui serait de rendre le pouvoir inutile.
Ce qui ne serait pas "rien" en revanche, serait que ces luttes favorisent les actes de solidarité spontanée, d'entraide et de désintéressement par delà les entreprises, et qu'ils se répandent dans la société. Cela démontrerait qu'une société nouvelle est possible, débarrassée de cette dictature de la valeur qui nous oblige à monnayer notre travail et tout ce dont nous avons besoin dans notre vie. » (Antigone - 12 août 2009)

3.
« Concernant cette réappropriation, ce qui a manqué à l’époque [années 70, LIP, développement de la CFDT], et sur lequel on est plus avancé maintenant c’est la question de qui produit et pourquoi. Tout le monde se la pose, et en partie grâce au développement global des mouvements écologistes depuis trente ans. Se poser la question n’est évidemment pas la résoudre. Mais il en est une autre qui vient tout de suite derrière et qui, elle, mérite un considérable nouveau chantier c’est la question des reconversions. Comment changer l’objectif de certaines machines ? A quoi correspondrait une nouvelle production ? Ces questions, débattues, même (et surtout !) de manière « utopique » par les travailleurs d’une unité de production, par les habitants d’une région, etc. ouvre d’énormes espaces de créativité et sans doute de reconstitution d’une conscience de classe articulée sur la possibilité d’un changement concret de société. Cela permettrait peut être de montrer que la plus grande difficulté ce n’est pas l’inversion du processus de production, ce n’est pas que question « technique » (tout ça est quand même une énorme difficulté !) mais l’affrontement avec les forces qui nous en empêcheraient ! C’est là une question politique, celle du pouvoir.
Pour aborder la question des possibilités de reconversions (qui n’est pas seulement celle d’une production qui ne s’écoule plus, mais aussi celle d’une production dont nous ne voulons plus) pourquoi pas des groupes de travail, locaux, régionaux, se penchant sur tel ou tel cas. » (JPD – 15 août)

4.
« Les questions comme la reconversion et la nature et les objectifs de la production, sont des questions importantes et peut-être aujourd'hui assez facile à aborder dans la société, sensibilisée aux problèmes d'environnement.
Evidemment il faut populariser la remise en cause de la propriété des moyens de production et l'Etat qui la défend et qui l'exerce dans certains secteurs. Cela passe par des propositions pour partir du quotidien, d'aujourd'hui.
L'exercice de l'autogestion dans le cadre de la lutte, des outils de lutte (syndicat, comité de grève, ...) peut permettre d'envisager son exercice dans celui de la production, et, à mon avis, il faudrait que les structures type coopératives autogérées, soit soutenues et en lien permanent (organique ou pas) avec les organisations de lutte contre le capitalisme. D'une part dans un but de non - intégration (cf. mutuelles), d'autre part dans un but d'analyse et d'ajustement des moyens et des stratégies de la lutte contre le capital. […]
Multiplier les espaces de démocratie directe et d'autogestion voilà qui est souhaitable mais à mon avis il faut une architecture qui soutienne ces expériences d'outils de luttes ou de productions. Cette architecture est contenue pour moi dans le projet communiste libertaire. Il faut aussi il me semble un espace de mutualisation d'analyse et de critique ou les participants à ces différentes expériences puissent analyser et ressourcer leurs pratiques, et les placer dans le cadre d'une dynamique révolutionnaire. » (Berneri – 15 août)

5.
« Ensuite, se pose la question du marché. La reprise des boites sous forme coopérative n'est absolument pas une fin en soi : c'est une réponse immédiate, qui donne une perspective hors de l'alternative chômage/intervention de l'Etat/reprise capitaliste. Elle permet aux travailleuses et aux travailleurs non seulement de défendre leur travail, leur outil de travail, mais d'en reprendre un contrôle partiel. Bien entendu il y a pression du marché et du système banquaire. D'où la nécessité de poser d'emblée la perpective d'une entraide entre entreprises coopérative, c'est à dire du fédéralisme.
Après, il y a aussi une réflexion critique à avoir sur le statut juridique de coopérative, qui a largement dévoyé l'approche coopérativiste, en autorisant par exemple l'inégalité salariale, en obligeant les boites à payer les cotisations sociales patronales, en maintenant la division hiérarchique du travail dans la plupart des cas.
Il est clair qu'une entreprise dite "coopérative" qui reproduirait les relations de travail capitaliste n'est absolument pas une perspective même à court terme. » (Berckman 21 août)

II - Contre

1.
« L'autogestion, c'est une arnaque.
Il n'y a rien à gérer dans le système capitaliste. Il n'y a pas de bonne gestion à opposer à la mauvaise. Qu'elle soit privée, étatique, de cogestion ou d'autogestion, le maintien d'un système salarial (même "équitable") la placerait de facto face aux impératifs du marché, continuant à la rendre tributaire du carnet de commandes.
Il ne faut pas se leurrer. L'autogestion, si elle était appliquée aujourd'hui, reviendrait à une gestion de l'entreprise assumée par le seul Comité d'Entreprise. Pas par l'ensemble des travailleurs mais par des spécialistes au courant des dossiers, ce qui leur donnerait une position directrice par rapport aux décisions à prendre. L'autogestion, ce serait une gestion syndicale sans patronat. Autant dire qu'on ne changerait pas de société. Le capitalisme s'adapterait.
En outre, une entreprise en grosse difficulté sur le marché ou menacée de fermeture ne retrouverait pas la santé par le simple coup de baguette magique de l'autogestion. Elle serait obligée de se placer sur le marché en concurrence directe avec d'autres entreprises de la même branche qui pourraient connaître les mêmes difficultés. Cela reviendrait alors à participer à une mise en concurrence des travailleurs entre eux.
Quant à la proposer dans les grosses sociétés du CAC40, elle serait totalement irréaliste en raison de la complexité et de l'interconnexion des échanges internationaux.
En finir avec la gestion, c'est en finir avec la valeur, avec la logique du code barres et de la marchandise qui régit le travail et contraint l'homme à vendre son activité. La solution n'est donc pas dans le capitalisme, même en tentant d'y trouver un espace le moins défavorable possible, mais en dehors de ce système. » […]
« Les mentalités ont changé sous l'influence du libéralisme triomphant de ces 15 à 20 dernières années.
A force de flexibilité, de mobilité, de précarité, la génération des 20-40 ans n'a plus qu'une relation distante avec les moyens de production. Et même si la culture d'entreprise tente d'y remédier, le monde du travail est de plus en plus perçu comme un lieu qu'on n'a plus les moyens de choisir et avec lequel plus aucun lien durable ne peut s'établir. Il ne sert qu'à obtenir de quoi subsister et c'est tout.
Si la revendication autogestionnaire pouvait encore recueillir un écho jusque dans les années 80, ce sera de moins en moins le cas à l'avenir parce que l'exploitation s'exerce à présent sans se dissimuler sous des prétextes fallacieux. » (Antigone - 11 août 2009)

2.
« Faire des pneus ou des mécaniques de précision pour automobiles, c'est écologiquement et donc humainement nuisible. Les gens ne font pas ça par plaisir, mais pour grailler. Reprendre ça en autogestion ? Interdire les licenciements ? Et puis quoi encore ! Produire cette merdouille c'est collaborer avec l'absurdité de ce système, au même titre qu'à peu près tout ce qui est produit par des pauvres gens pour obtenir de quoi grailler, et c'est vrai partout dans cette société ! […]
Cessons d'amener de l'eau au moulin de la crédibilité de ce capitalisme puant, ce qu'il faut détruire, c'est la marchandise. La sacralisation des moyens qui ont pu être pensés à un certain moment de l'histoire ouvrière comme moyen d'émancipation globale a fait son temps.
Inventons autre chose, ici et maintenant. Certain-e-s s'y attellent, et inventent, et ça c'est du concret, du lourd, du réel ; d'autres ressemblent à des mécanos tentant de réanimer le grand corps agonisant de la machine à déshumaniser, alors qu'il faut œuvrer pour l'achever. » (Conan – 14 août)

3.
« L’imaginaire français est très branché sur LIP dès qu’on parle autogestion. Or il faut le rappeler, jamais l’usine ne fut autogérée dans le sens où pendant toute la durée rien ne fut produit, ou presque. Ce qui fut autogéré c’est la lutte et le stock. Mais LIP, dont le mouvement fut, certes, enthousiasmant, servit de tremplin à l’offensive idéologique faisant de l’autogestion une coquille vide destinée à se démarquer des staliniens et à se couler dans l’« esprit de 68 » et portée par la CFDT, le PSU et de nombreux gauchistes. Et à ce propos je considère que ce fut une énorme erreur qu’une grande partie du mouvement d’alors (y compris des libertaires) s’engouffre dans des stratégies d’oppositions syndicales à l’intérieur de ce piège (même en le dénonçant parfois). Mais c’est une autre question. » (JPD – 15 août)


4.
« L'autogestion des banques, des agences immobilières, des usines de pesticides, de bagnoles, de plastique alimentaire, des casernes militaires etc. ça ne m'intéresse pas.
Alors bien sûr, certaines activités peuvent et même doivent être reprises, comme les hôpitaux par exemple, ou les machines à fabriquer des fringues... mais dans cette masse des activités nuisibles à l'humain, scander la reprise autogestionnaire comme une étape me paraît non seulement voué à l'échec, suicidaire même. Il faut la révolution globale comme but. Et cette révolution est la fin du salariat, de la marchandisation des échanges. Et en se fixant ce but, les moyens ne peuvent être les mêmes qu'en se fixant le but d'une reprise autogestionnaire des usines ou je ne sais quel autre maillon de la production nuisible à l'humanité.
Maintenant, il est clair que sans révolution globale, les alternatives sont toutes vouées au mieux au nomadisme, au pire à l'échec. Il doit donc y avoir une double action :
- l'autonomisation et la relocalisation progressives des moyens de vie (jardins collectifs locaux, techniques de cueillette/herboristerie, investissement et/ou création de logements sur des terrains avec savoirs en construction alternative, développement ici et maintenant d'énergies alternatives, presse indépendante...), en vue d'avoir les reins assez solides pour pouvoir vivre si possible hors du salariat, c'est-à-dire de l'exploitation consentie. Ces savoir-faire à réacquérir sont indispensables, en termes pratiques et politiques. Ca, c'est concret. Tu fais quoi dans ta vie, pour ça ?
- la révolution globale, avec insurrection grandissante, sans laquelle ces alternatives sont vouées aux tracasseries, voire à l'acharnement des autorités. Mais cette révolution globale ne sera jamais qu'un slogan, sans capacité des gens à s'autogérer dans leurs vies. » (Conan – 15 août)

5.
« L'autogestion n'est pas réformiste en soi, mais ça dépend de ce qu'on veut gérer. Si c'est pour gérer une entreprise bien intégrée dans le capitalisme j'en vois pas vraiment l'intérêt. On ne coupe pas la dépendance vis à vis du marché et de ce fait on reste soumis à ses impératifs (concurrence, productivité, investissement perpétuel donc surcharge de travail, de stress, etc.) bref rien ne change si ce n'est que la gestion est collective. Et dans ce contexte une gestion collective ne me semble pas très appropriée : tout le monde n'est pas au courant du marché, des problèmes qui se posent et des réponses adaptées pour survivre et rester compétitif. L'organisation actuelle du travail est adaptée au capitalisme, il est donc difficile d'imaginer la survie d'une entreprise qui fonctionnerait différemment et ne serait pas parfaitement optimisée pour conserver ses parts de marché. Ça pourrait commencer à marcher s'il y avait un ensemble suffisamment vaste d'entreprises qui faisaient la même chose au même moment et dans les mêmes secteurs, pour s'entraider...mais faut pas rêver.
Mes pistes sont donc de toujours garder (en tout cas dans le discours si des expériences autogestionnaires, qui seraient néanmoins à soutenir, advenaient) la perspective d'une organisation sociale débarrassée du capitalisme et concrètement de déserter les métiers "purement capitalistes", c'est à dire destinés à amasser du capital à coup de travail/plus value/consommation, d'arrêter de consommer le superflu et de créer nos propres réseaux de production/distribution/socialisation. Il faut évidemment dans la création de ces réseaux penser l'utilité de ce qu'on produit... je t'assure que ça éliminera du boulot...
Je ne vois que cette solution : déserter la machine capitaliste et construire à côté. Il faut s'autonomiser, apprendre à vivre sans tout ce qui nous lie au système, apprendre à se substituer au système pour fabriquer ce dont nous aurons toujours besoin bref acquérir les connaissances et créer les conditions matérielles d'une autonomie réelle. Pour le reste, pour toutes les stratégies qui composent avec le capitalisme et le salariat, il ne faut pas se faire d'illusions, le capitalisme s'en arrangera toujours et récupérera toujours tout. Plier à sa logique c'est partir battu d'avance, enfin c'est juste mon sentiment... » (Willio – 15 août)

6.
« Pendant l'expérience autogestionnaire de Lip, il n'y a presque pas eu de production. Comme Alfred avait planqué les montres, la bagarre s'était concentrée sur le stock.
En fait ce n'est pas si simple de produire.
Une entreprise ne peut pas développer d'activité sans avoir le soutien d'un établissement bancaire. Ce lien est le principal obstacle qui se présente à toute société qui souhaite prendre ses distances avec le système en vigueur tout en restant dedans, c'est-à-dire tributaire du marché, de la concurrence, des investissements.
En étant livrée à elle-même, sans avoir de garantie à apporter, les problèmes qui se posent à une entreprise "autogérée" sont rapidement décuplés.
Si cela était nécessaire à sa survie, le capitalisme pourrait parfaitement souscrire à l'autogestion, l'adapter et l'intégrer dans son fonctionnement sans subir le moindre dommage. La cogestion lui est déjà fort profitable.
L'expérience de Lip commence à dater. Avec le temps, l'autogestion est devenue une sorte de mythe que les com'libs s'évertuent à entretenir. Peut-être que ce serait intéressant que d'autres expériences de ce type voient le jour, si cela pouvait aider à en montrer l'inanité. » (Antigone - 15 août)


Possibilités et limites / Limites et possibilités

1.
« Est-ce que l’autogestion est compatible avec le capitalisme ?
Oui et non !
En fait, ça dépend.
- Oui dans les secteurs peu rentables car les marges bénéficiaires peuvent être plus faibles dans les coopératives où les salariés peuvent se contenter de leurs salaires et ne pas gagner en plus des dividendes.
Ainsi, il y a eu plein de boîtes qui ont été déclarées en faillite parce qu’elles ne rapportaient pas assez à leurs actionnaires/investisseurs mais peuvent continuer à vivre quelques années de plus dans une autre forme de détention du capital.
- Non dans les secteurs à haute profitabilité. Je ne vois pas les actionnaires se laisser déposséder par de vulgaires travailleurs salariés ! Ni les banques devenir la propriété collective de leurs employés.
En fait, dans le capitalisme (je parle ici de se sphère productive de valeur), peut coexister de l’autogestion et des formes les plus traditionnelles de l’organisation du travail et de la propriété du capital. L’autogestion peut donc « tenir la route » quelque temps, plusieurs années, dans certaines conditions. »
Je maintiens donc que :
- Cela peut être une solution dans le cadre du système pour défendre des postes de travail. Et sans aucune “garantie” de pérennité car le capitalisme n’en offre aucune.
- En l’état, ce n’est pas l’élément d’un projet politique révolutionnaire s’il n’y a pas d’autres conditions de remplies. Mais faut-il rappeler qu’aucun élément d’un projet révolutionnaire authentique et chimiquement pur pris séparément n’est révolutionnaire !
Entre ces deux pôles, la question est celle de la dynamique de la lutte et sa capacité d’ouvrir des brèches et d’aller au-delà des cadres établis au départ : redéfinition de la production (manière de produire et type de produits, pour quels besoins…), de la hiérarchie et du pouvoir, articulations locales. (Leo – 16 août)

2.
« Si l'on donne à présent à la reprise des entreprises par des travailleurs une simple fonction de pis-aller pour préserver des emplois le temps que cela durera, nous changeons de dimension. Personnellement, je n'appelle pas cela l'autogestion, ou alors je connais dans ma région des petites entreprises qui fonctionnent ainsi après avoir été reprises par une association, ce qui a permis de sauver ici et là entre 6 et 10 emplois salariés. A ce titre, elles reçoivent des aides, certaines venant du Conseil Général. Le phénomène n'est pas exceptionnel.
Il n'y a donc rien d'autogestionnaire là-dedans. Rien à voir avec l'autogestion vue comme un projet politique. Rien qui n'apparaisse comme les prémisses d'une nouvelle société, à part que cela a poussé des gens à se prendre en charge. Dans ce cas, je veux bien […] concéder qu'il s'agit d'un "quelque chose". Mais il ne s'agit que de "reprises" associatives, voila tout. » (Antigone – 16 août)

3.
« L'autogestion n'est pas un projet révolutionnaire en soit, c'est un moyen d'organisation sociale, qui a pour but l'administration des choses par les intéressés eux-mêmes. Cela ne résout rien en terme de pouvoir politique et de propriété (même si l'administration des choses remet déjà en question partiellement le gouvernement des hommes.)
Effectivement on peut autogérer un atelier sans autogérer l'usine, autogérer les problèmes, ce qui peut rendre les salariés plus productifs au profit des actionnaires en s'autoexploitant. D'où la critique justifiée de l'autogestion à la sauce CFDT.
L'autogestion est donc un moyen , une réponse en terme d'organisation sociale, moyen qui pris isolement n'est pas révolutionnaire, pas plus que ne l'est le fédéralisme isolement, pas plus que ne l'est la démocratie directe isolement, etc.
Par contre l'autogestion des moyens de production après leur socialisation (réponse en terme de propriété), l'association par le fédéralisme des organismes de vie sociale (commune etc.), et des moyen de production, voilà qui commence à donner forme à un projet révolutionnaire.
On voit bien que la "reprise" qu'il peut y avoir dans certaines entreprises et la nature de la socialisation que les libertaires peuvent revendiquer peuvent diverger et le sont à mon avis:
Pour les travailleurs être tous propriétaires de leur usine ne fait pas une socialisation au sens où nous l'entendons. Nous souhaitons l'abolition de la propriété, car la propriété privée c'est un pléonasme, elle est forcément privée.
Je me risque à tenter de donner une formule (ça peut prêter à polémique) : nous souhaitons que les moyens de production passent dans le domaine public, et que ce domaine public soit réorganisé de manière démocratique (démocratie directe, fédéralisme) sur le plan économique et politique. Ceci afin qu'il y ait un contrôle direct de la production par la population (quoi? combien ? comment? où? à quel prix). Cela passe donc aussi par une réorganisation au niveau des entités sociales géographiques et politiques (commune par exemple). (Berneri – 16 août)


D ) SUR UNE CAMPAGNE COMMUNE DES LIBERTAIRES :

« […] peut-être aussi en l'élargissant et en envisageant un “cadre” permettant à des individus et des collectifs locaux de s’y inscrire.

OK pour ne pas proposer un projet tout ficelé (qui de toute façon n’existe pas) mais d’avancer des contenus et des problématiques.

Important également de montrer que cela est possible, que ces pratiques collectives menées par les travailleurs sont à la portée de tous à condition de le décider et de se battre pour, avec des exemples palpables. Là encore les expériences argentines peuvent être un exemple et nous disposons de documents sur le sujet.

Et peut-être que de ce forum pourrait naître une ou des propositions dans ce sens. Sans doute pas mettre d’accord tout le monde (mission impossible !) mais déjà ceux et celles qui voient l’intérêt de ce type de campagne. » (Leo le 9 août).

« Il faut s'armer politiquement comme je le disais plus haut pour peser d'avantage dans les luttes, les mouvements sociaux, la prise de conscience. Les appel à la grève Générale se sont multipliés mais sans effet, la création de collectifs extra syndicaux ne sont pas réellement encore significatifs en terme d'une rélle capacité à porter un mouvement d'importance, et ces derniers collectifs avaient pour la plupart pris exemple sur ce qui s'est passé en Guadeloupe et adoptés des plateformes revendicatives. Il s'agit là tout en restant dans une dynamique de lutte d'y apporter en plus du contenu, et un contenu que d'autres forces politiques ne portent pas, car dans une autre tradition elles se tourne vers l'Etat alors que le mouvement libertaire porte la question de l'autogestion et de la socialisation.
Il y a donc là matière à construire du "faire ensemble". Mais, et on le voit bien ici, il est bien question de faire avec ceux et celles qui en ont envie et qui s'approprient cette démarche. Dans le cadre du forum, celà peut être l'occasion de produire un texte collectif, avec ceux et celles qui se retrouveraient dans cette démarche, non seulement parce que j'y trouvais un intérêt ici en terme d'offrir un dynamique et une image positive, mais aussi pour porter cette démarche au delà du forum. Et encore au delà du forum, parce qu'il y a une vie militante dans la vie réelle, porter cette démarche localement pour fédérer des libertaires, mais aussi à une autre échelle pourquoi pas puisqu'il semble que différentes organisations, tout du moins AL, la CGA et l'OCL, partagent ces questionnements et réflexions. » (Quierrot le 15 août)

« Une campagne politique commune entre différentes réalités organisées suppose que des accords aient été conclus, qu’il y ait donc une certaine proximité politique entre les composantes sur le sujet de la campagne.
Après, cela peut prendre toutes les formes. Le minimum est généralement le texte commun qui vise à obtenir une audience que chacun des groupes ne pourrait atteindre chacun dans son coin. Et localement, cela peut avoir un impact si 2 ou 3 collectifs n’en forment plus qu’un le temps d’une campagne.
Une campagne pour aller où ? C’est peut être trop tôt le définir. Mais c’est bien d’y penser.
Maintenant, les groupes, orgas, collectifs, cités dans divers posts seront-ils intéressés par cela ? N'ont-ils pas d'autres priorités (et notamment de se faire concurrence !) c'est une autre paire de manche. » (Leo dimanche 16 août)

___________________________________________________________


DIS PAPA, C'EST QUOI UN ANARCHISTE ? (par Polack)

Un anarchiste mon petit… c’est quelqu’un comme toi, comme moi, comme n’importe quel autre quelqu’un qui respire, mange, défèque, jouit, pense, aime, c’est un quelqu’un qui vit. A la différence près qu’un anarchiste tend à devenir libre et œuvre à la liberté de ses semblables. Cela ne fait pas de lui un quelqu’un de meilleur que les autres non, et il ne cherche pas à se hisser au dessus de qui que ce soit. L’un d’eux resté célèbre a dit que la liberté des autres étendait la sienne à l’infini. Jolie formule n’est ce pas ?

L’anarchiste se bat, il se bat contre les injustices, contre l’aliénation, il se bat contre un système qui oppresse et détruit, de ce fait l’anarchiste est un bâtisseur. Il se bat aussi et surtout contre ce que le système induit en lui, contre la graine semée dans son cœur, la graine de la volonté de détenir le pouvoir et d’en user. L’anarchiste ne se veut ni opprimé ni oppresseur.

L’anarchiste est un bâtisseur car il aspire à construire un monde libre, une société saine pour les gens qui y vivent. Il veut défaire le tissu de mensonge pour faire éclater la vérité. Il veut passer de l’ombre à la lumière. Il veut le bien. Cela fait il pour autant de lui un homme bon ? Ce serait trop simple… Non l’anarchiste est imparfait, médiocre, parfois mauvais, souvent perdu et surtout… il est le fruit de son époque. L’anarchiste déteste d’ailleurs les notions de bien et de mal. Mais il ne peut s’empêcher en son fort intérieur de penser qu’il est dans le vrai, dans le bon, dans le juste.

Il a les larmes et le sourire comme compagnons, il lutte pour l’établissement de liens fraternels entre les hommes. Souvent la colère l’accompagne sur le chemin mais il a tendance à l’écarter car il la sait mauvaise conseillère. C’est cependant une alliée cette colère et il la choie, l’apprivoise, entretient avec elle une liaison dangereuse, voluptueuse, sensuelle. Si l’amour reste sa voie, il doit vivre avec la haine.

L’anarchiste croit bien qu’il s’en défende. Il ne croit pas en la bonté intrinsèque de ses semblables, il ne croit pas non plus en un Dieu tout puissant (encore que…), il croit en l’anarchie. C’est sa foi, sa religion, son sacerdoce, parfois son martyr…

Et qu’est ce que l’anarchie me diras tu ? L’anarchie est une manière d’organiser le vivre ensemble de la manière la plus harmonieuse qui soit, compte tenu des difficultés inhérentes à « l’état d’être » humain. Mais ça c’est une longue histoire…

Enfin mon petit ne croit pas tout ce que je t’ai dit, il y a autant de manière de se percevoir anarchiste que d’anarchistes… Et de toutes façons ils aiment contredire les gens qui font des définitions, des explications, qui mettent dans des cases pour mieux permettre aux consciences limitées, d’appréhender les phénomènes et les objets. Et puis croire autrui sans aller chercher par soi même de quoi il retourne, ce n’est pas la meilleure des façons de se forger un esprit critique !

Maintenant dors bien… le réveil sera brutal.
Ni rouge, ni noir. Révolutionnaire sans drapeau.
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Re: Le Ptit Noir n° 12

Messagede kuhing le Dim 30 Aoû 2009 10:17

j'ai effectivement "le squelette" mais pas le temps de le mettre en page.
si tu veux t'en charger il faut que tu télécharges scribus
je n'ai pas les images à l'endroit où je suis actuellement , je peux te les envoyer mardi ou mercredi en mp.
mais le mieux serait que Skankerror qui l'a déjà fait et s'il a le temps s'occupe de sortir le numéro 12.
Toutes les "bonnes volontés" sont bien sur bienvenues
kuhing
 

Re: Le Ptit Noir n° 12

Messagede kuhing le Lun 31 Aoû 2009 19:44

carnuS a écrit:Bon ! alors c'est parti,

2 articles :

- Débat sur l'interdiction des licenciements, l'expropriation et l'autogestion
(par Antigone, Berckman, Berneri, Conan, JPD, Léo, Quierrot, Willio)

- Dis papa, c'est quoi un anarchiste ? (par Polack)


Ah merde j'avais pas vu qu'il n'y avait que 2 articles. :|

Tu peux alors rajouter le post sur les " anarchist book fair" il n'est pas long mais il me semble important parce que je crois que l'étape suivante pour nous sera de tisser un réseau international et c'est un bon moyen pour le faire.

Les Anarchist Book Fair

"Voici une façon qui se propage pour faire connaitre l'anarchisme sous toutes ses formes et dans tous les endroits.
Il s'agit des "Anarchist Book Fair" qui se popularisent notamment en Amérique du Nord mais pas seulement.
Ce sont des rassemblements de propagande anarchiste où chaque groupe ou organisation et même individuel peut tenir un stand "table de presse"
Cela permet bien sur de tisser des contacts.
Il me semblait important de les signaler
Un des prochains aura lieu à Victoria capitale de la Colombie Britannique (une des provinces canadiennes) en bas à droite de la page de leur site vous pourrez voir que de nombreuses villes organisent ce genre de manifestations.
Cela me semble très intéressant pour coordonner des contacts internationaux."


A ce propos le site anarchist book fair de Seattle ( état de Washington ) demande de les prévenir des ABF qu'ils n'ont pas répertorié . Je me chargerai de leur communiquer déjà celui de Gand en Belgique indiqué par kevinb

-Si j'avais pu j'aurais écrit un article sur le jeune commis cuisinier qui s'est suicidé à cause des conditions de travail début Aout, là où bosse mon gamin comme apprenti. La discussion avec Arthur sur le syndicalisme était aussi intéressante à ce sujet.
Mais je pense que je n'en aurai pas le temps :|
kuhing
 

Re: Le Ptit Noir n° 12

Messagede qierrot le Lun 31 Aoû 2009 20:36

s'il est possible de corriger le "Quierrot" en "qierrot" dans le texte au passage... :wink:
qierrot
 

Re: Le Ptit Noir n° 12

Messagede berneri le Lun 31 Aoû 2009 22:26

ok pour l'ajout de la synthèse du topic licenciement / expropriation socialisation. voilà une des suites possibles données à ce travail qui merite encore d'etre approfondi. D'ailleurs d'autres suites pourraient être de relayer cette synthèse dans les orga des membres du forum organisés dans le mouvement libertaire ...
berneri
 

Re: Le Ptit Noir n° 12

Messagede Alayn le Mar 1 Sep 2009 01:23

Tu vas pas nous noyauter et nous commander non plus, déjà que tu ne fais que des papiers peints collés de posts déjà ici !

Autoritaire, va !
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Re: Le Ptit Noir n° 12

Messagede qierrot le Mar 1 Sep 2009 02:45

Puisque Alayn dans toute sa puissance conchie ce type de production, et au regard des évènements, je pense que cet écrit et ce travail commun et unitaire ne doit pas/plus servir à apporter crédit à un tel forum. Je demande à ce que tout ce qui relève de ma signature dans ce texte soit enlevé (je ne suis pas complètement virtuel), et en remercie par avance les courageux qui vont continuer à supporter de tels comportements.
qierrot
 

Re: Le Ptit Noir n° 12

Messagede Alayn le Mar 1 Sep 2009 03:28

Chantage et auto-sabordage Qierrotiste: le début de la fin.
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Re: Le Ptit Noir n° 12

Messagede kuhing le Mar 1 Sep 2009 08:54

qierrot a écrit:Puisque Alayn dans toute sa puissance conchie ce type de production, et au regard des évènements, je pense que cet écrit et ce travail commun et unitaire ne doit pas/plus servir à apporter crédit à un tel forum. Je demande à ce que tout ce qui relève de ma signature dans ce texte soit enlevé (je ne suis pas complètement virtuel), et en remercie par avance les courageux qui vont continuer à supporter de tels comportements.


Je ne comprends vraiment pas le sens de ton propos qierrot.
Alayn n'est qu'un membre de ce forum et n'en représente en aucun cas l'ensemble qui compte plus de 500 inscrits maintenant.
Il est plus facile de détruire que de construire, c'est bien connu.
Ce n'est sans doute pas en tombant dans le piège de la facilité que nous réussiront à monter une réseau sérieux et puissant entre anarchistes et libertaires.
Merci de réfléchir à ça.
kuhing
 

Re: Le Ptit Noir n° 12

Messagede skankerror le Mar 1 Sep 2009 10:39

Salut, comme dit auparavant j'ai des soucis d'ordis et j'ai un écran rikiki, impossible de travailler avec scribus là-dessus. J'ai pas le temps de me pencher là-dessus ces jours-ci donc pour la mise en page du 12 je suis out.
ça sert à quoi la signature ?
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Re: Le Ptit Noir n° 12

Messagede kuhing le Mar 1 Sep 2009 20:24

carnuS a écrit:'lut Skanky, pas de soucis, je m'en occupe; pour l'article unitaire, qierrot, trop tard, je l'avais déjà sauvegardé, faut m'envoyer une lettre de confirmation
avec 2 caisses de Chinon, maintenant, pour que je vire ta participation !

Denis :fume:


Il touche son chinon à 2 euros 50 la bouteille, tu peux demander 3 caisses.
kuhing
 

Re: Le Ptit Noir n° 12

Messagede Lepauvre le Mar 1 Sep 2009 21:23

kuhing a écrit:
carnuS a écrit:'lut Skanky, pas de soucis, je m'en occupe; pour l'article unitaire, qierrot, trop tard, je l'avais déjà sauvegardé, faut m'envoyer une lettre de confirmation
avec 2 caisses de Chinon, maintenant, pour que je vire ta participation !

Denis :fume:


Il touche son chinon à 2 euros 50 la bouteille, tu peux demander 3 caisses.


Et chinon pourquoi pas un pot de vin tant que vous y êtes, c'est franchemant hontzeus tout ça, mais alors!
...et à plus, je vous aime.
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Re: Le Ptit Noir n° 12

Messagede skankerror le Jeu 3 Sep 2009 01:59

bravo carnuS, t'es l'meilleur, j'tenvoie une caisse de socca si tu veux.
ça sert à quoi la signature ?
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Re: Le Ptit Noir n° 12

Messagede kuhing le Jeu 3 Sep 2009 10:49

Carnus, je veux bien que tu rajoutes ça dans le numéro 12 :

Magnifique !


En regardant Xavier Mathieu avec sa trace de coup sur le front, sa condamnation sous le bras, et sa lettre de licenciement dans la poche, je me disais : c'est fou ce que les gens sont tout de même capables d'endurer.
Heureusement Arlette Laguiller était venue pour le consoler : Une déclaration bien émouvante, même le capitaine des pompiers pleurait.
Olivier Besancenot qui rigolait un peu avec un pote en arrière avait une bonne mime. les affres du boulot d'attaché parlementaire c'est pas bon pour la ligne.
Mais bon Olivier était là et c'est mieux qu'il ait bonne mine.

Bernard Thibault ? Euh non, tout de même, il avait d'autres obligations. Tout de même.

Tout ceci n'était pas possible ! je me suis dit que j'avais mal vu, que j'avais du m'endormir.

Alors j'ai rallumé la télé et, l'écran m' a enfin montré ce qui s'était vraiment passé :

A la sortie du tribunal, Mathieu, fou de râge, a dégommé un des gendarmes présents sur site.
Les autres condamnés lui ont emboité le pas dans la seconde.
Dans la bousculade Arlette s'est prise un coup de matraque en arrière du crâne par un jeune policier dont c'était la première mission et elle s'est retrouvée à terre, inconsciente.
Les 5 membres de LO qui l'accompagnaient se sont mis à hurler comme des fous, ils se sont joint à la bagarre avec une hargne que je n'avais jamais vu chez des militants de Lutte Ouvrière.
Besancenot surpris a saisi alors le micro du journaliste pour appeler au calme, mais les trois du NPA qui l'accompagnaient criaient déjà "Grève générale - grève générale ! " et se lançaient, sans en attendre l'ordre, dans la bagarre.
Et puis tout est allé très vite, en moins de 3 minutes la place était noire de monde, tous prêts à en découdre ça volait dans tous les sens.
Wow, j'avais jamais vu ça !
Le plus drôle c'etait la tête de David Pujadas qui assistait comme moi à la scène en direct.

Un dépêche AFP venait juste de tomber : On avait jeté Bernard Thibault dans une poubelle et une dizaine de personnes l'empêchaient d'en sortir.
La tête de Pujadas quand il a lu ça ! :lol:

Mais Vive la France !
Qui a dit que les français était des veaux ?
Mais ils sont formidables ces français ! Mais elles sont magnifiques les françaises !

Hein ? qui me secoue l'épaule comme ça ?

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Re: Le Ptit Noir n° 12

Messagede Johan le Jeu 3 Sep 2009 13:15

Je propose le texte de Phébus, s'il est d'accord: viewtopic.php?f=17&t=2941
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Re: Le Ptit Noir n° 12

Messagede kuhing le Jeu 3 Sep 2009 17:41

carnuS a écrit:Let's go, je turbine comme une mule, premier jet ce soir, par contre Kuhing, sur Les Anarchist Book Fair, il y a juste le texte en itallique, pas d'illustration ??

ourf! Denis.


En voilà une d'actualité :

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Re: Le Ptit Noir n° 12

Messagede kuhing le Lun 7 Sep 2009 08:51

ça avance Carnus le numéro 12 ?
Tu le prévois pour quand ?
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