de leo le Mar 5 Mai 2009 23:55
Tout ça c’est bien joli mais que faut-il en penser ?
Tout d’abord, ça veut dire au moins une chose : un parti ça sert surtout à produire et à diffuser des textes, des discours, des interviews… Particulièrement en période électorale, car la quasi-totalité des partis n’existent qu’en fonction de cela.
Désolé, mais j’ai du mal à lire tout ça, tant on a l’impression de connaître ces discours par cœur.
Alors quoi le PG et de FdG ? Des dissidents du PS avec une partie des débris du PC…
Pas grand-chose à en penser. Ils veulent incarner une « vraie » gauche, laïcarde, citoyenniste, productiviste (même s’ils se disent écolos, comme tout le monde), une sorte de SFIO maintenue et marxisante avec quelques tiers-mondistes… Pas étonnant qu’ils soient soutenus par Politis, Ignacio Ramonet du Monde Diplo et une certaine intelligentsia de la gauche profonde et historique (et la petite bourgeoisie intellectuelle d’Etat : une partie du milieu enseignant traditionnellement républicaine de gauche).
Ils sont avant tout dans une compétition avec le NPA en essayant de l’affaiblir électoralement, en espérant le marginaliser, afin de mieux exister dans ce qui les motivent stratégiquement : la remise en route d’un projet d’« Union de la gauche » ou de « Gauche plurielle » contre l’autre option dite “sociale-libérale” qui est en gros l’alliance PS-Modem. Mais là-dessus, rien ne dit que l’on aura pas les deux ! Une sorte de Front Populaire nouvelle manière (c’est déjà demandé au PS en interne et ça s’exprime à l’extérieur) qui est, rappelons-le, une alliance gouvernementale du centre et de la social-démocratie, avec le soutien extérieur d’un parti “ouvrier” (c’était le PC en 36, dans notre cas ce pourra être le NPA) et des syndicats, des organisations sociales, associatives.
Dans cette perspective, les PG et FdG font aussi dans l’anti-Sarko primaire, afin d’essayer de se faire remarquer. Et pour ce faire, n’hésitent pas à convoquer les mythes et l’histoire, à entonner les hymnes à la révolution (la fin des privilèges) ou à la résistance (voir cette mouvance appelée Conseil National de la Résistance).
Dans le rapport aux luttes, aux mouvements, il se pose exactement le même problème qu’avec le NPA (et un peu LO), mais aussi le PS : ils se veulent le “débouché politique” aux luttes sociales. Il y a un texte du FdG qui circule et qui s’intitule : « Union dans les luttes, union dans les urnes ». Texte bien répercuté, sur pas mal de sites internet locaux, dans un milieu militant qui est en gros celui de la campagne du « Non » au référendum.
Bref, les partis de gauche vont être de plus en plus présents et vont donc un peu plus parasiter les mouvements, les manifs, les lieux et moments où des milliers de personnes se rassemblent.
Il est certain que la situation sociale actuelle favorise la reformation d’une “gauche“ politique classique, celle des partis, même si le PS est englué dans des problèmes de leadership. Les manifestations syndicales “unitaires” qui se succèdent les unes aux autres, sans perspectives, sans autre contenu qu’exprimer un “mécontentement” (qui traduit pour moi une sorte de mise en commun d’une impuissance ou l’expression passive d’un état entre ras-le-bol et inquiétude) sont le meilleur terrain qui soit pour permettre à une gauche politique de se retrouver, de sortir dans la rue, d’essayer d’exister là et pas seulement dans l’espace aseptisé des médias, de renouer avec une base, une gauche sociale et syndicale qui s’était peut-être un peu éloignée et qui, pour certains, se posaient la question de savoir s’il ne valait pas mieux passer à l’action directe plutôt que d’attendre une perspective politique institutionnelle, classique, connue, familière et donc apparaissant comme évidente.
La discussion (si discussion il y a) sur le PG, le FdG, le PS, le NPA… n’a de sens que si on essaie de leur opposer une “autre” politique, sans partis, sans états-majors, sans la moindre recherche d’un quelconque “débouché politique” dans la sphère institutionnelle de la délégation et de la représentation.
Dire cela, c’est nous renvoyer la question à nous-mêmes : quels peuvent être les contours de cette autre politique ?
Les anarchistes, dans leur diversité, ont les moyens, les capacités, les idées, d’inventer, de reformuler intelligemment, de proposer et de susciter une politique qui ait comme ambition de défaire toutes les autres politiques et fasse droit à “l’espace politique de l’anarchie“ pour reprendre le titre du dernier livre d’Eduardo Colombo (éditions ACL), que je conseille vivement, qui n’est autre que celui de l’égalité et de la liberté.
Quel type de rapports spécifiques et donc différents la politique des anarchistes que nous sommes construit-elle avec la “population”, avec les gens, avec les exploités / opprimés / dominés auxquels elle s’adresse ? Comment créé-t-on de la solidarité, du collectif, de la prise de parole, de la démocratie directe, de la non-délégation de pouvoir ?
Comment fait-on pour casser la logique de la représentation ? Et quelle autre logique propose-t-on ? Comment favorise-t-on le protagonisme de la population (même d’une partie d’entre elle), son auto-activité, son auto-expression ? Qu’est ce qui ferait qu’à un moment donné, une partie notable de cette population, refusant de jouer le jeu de dupe de la politique officielle et de la fausse démocratie, se mettrait à redessiner les formes et contenus de la politique pour son propre compte, la mise en oeuvre de sa propre capacité à décider de ce qui la concerne ?
C’est me semble-t-il là-dessus qu’il serait intéressant d’entamer la discussion.