Roro a écrit:Concernant l’intervention syndicale des militantes et des militants d’AL, la CGT et Solidaires ont évidemment été au cœur des débats. Deux textes contradictoires concernant entre autre l’appréciation de ces deux organisations été proposés. Le texte adopté affirme que « la CGT demeure l’organisation centrale de la résistance ouvrière et [que] son évolution est une préoccupation importante pour les révolutionnaires ». En effet, les luttes de l’automne 2007 ont permis de constater le « peu de poids et […] d’impact des oppositions internes » au sein de la CGT. À l’inverse, ces luttes « ont montré l’apport indispensable des syndicats Sud-Solidaires dans les mobilisations. Pour autant la présence de syndicats de lutte et de transformation sociale, même bien implantés, si elle a été décisive, n’a pas été suffisante à entraîner les salarié-e-s dans une lutte qui puisse être victorieuse. […] Il y a donc une nécessité impérieuse, pour eux, de chercher et de développer un travail commun, chaque fois que possible, au niveau professionnel et interprofessionnel local avec les syndicalistes et les structures lutte de classe des autres organisations syndicales. »
S’appuyant sur ce double constat, le texte conclue et argumente sur la nécessité d’œuvrer à « la reconstruction d’un syndicalisme de classe, de masse et de transformation sociale », englobant des syndicalistes de toute obédience.
Alternative libertaire a été très investie dans les luttes de l’immigration de ces dernières années, que ce soit dans la création du Réseau éducation sans frontières (RESF) ou du collectif Uni-e-s contre une immigration jetable (Ucij), dans le développement d’une auprès syndicale directe en direction des travailleuses et des travailleurs sans papiers ou dans l’organisation de la manifestation nationale du 5 avril 2008. Le débat sur cette question était donc la synthèse des débats menés en amont.
Les coordinations fédérales de préparation du congrès ayant fait le choix de privilégier les débats stratégiques plutôt que les débats idéologiques
Un débat animé a eu lieu concernant notre rapport au mouvement libertaire. Deux amendements étaient proposés. L’un comme l’autre condamnaient le sectarisme ambiant chez les organisations anarchistes : « dès qu’il s’agit d’articuler […] expression libertaire et unité des anticapitalistes, cela reste problématique pour la plupart des organisations anarchistes qui partent vaincues d’avance et […] se condamnent ainsi à l’impuissance. » L’amendement adopté précise de plus que : « il n’y a donc pas de raison tactique de privilégier l’unité avec les organisations anarchistes, et encore moins de raison stratégique, AL étant un courant politique spécifique » et conclue qu’AL ne doit pas faire prévaloir l’unité des libertaires sur les fronts anticapitalistes.
Un dernier texte visait à « réactualiser notre critique des institutions républicaines ». En effet, « le mouvement social traverse une crise de confiance dans sa propre action directe », conséquence d’une insuffisance du débat sur le rapport aux institutions bourgeoises. Le texte répond à certaines questions actuelles et aux arguments électoralistes. Ainsi, aujourd’hui « la pression subie par [d’éventuel-le-s élu-e-s] au sein de l’institution capitaliste, leur isolement face à la désorganisation de ceux qui ont voté pour eux, se traduisent quasi-systématiquement par le ralliement des élu-e-s à une logique de gestion de l’institution », rendant peu fécondes les stratégies tribuniciennes.
Mais si ce constat est vrai actuellement, dans l’absolu tout dépend des rapports de force à l’œuvre : il est « parfaitement envisageable de lier une politique de contre-pouvoirs adossée à une politique de prise de pouvoir, dès lors que la dynamique politique appartiendrait aux contre-pouvoirs. […] La légalité et la légitimité des institutions municipales seraient de fait régulièrement remises en cause, et en même temps progressivement prises en main par l’auto-organisation populaire. »
Le texte conclut sur l’inconséquence du slogan « changer le monde sans prendre le pouvoir » et réaffirme l’actualité de notre stratégie de contre-pouvoirs.
Roro a écrit:En clair, il faut s'allier aux cogestionnaires et autres jaunes. On voit donc le beau projet de lutte contre le pouvoir d'AL...
[Faire alliance avec des Cégétistes ou avec l'UNI? Al ne l'a pas dit, mais au train où ils vont, ça va bientôt être l'UNI...
En clair, on s'appuie sur la circulaire gouvernementale relative à l'immigration choisie sur les travailleurs et sur la régularisation des parents d'enfants scolarisés. Et ceux qui ne travaillent pas? Al n'en parle pas... Qu'en est-il de la liberté de circulation et d'installation ? Pas un mot non plus..
On l'on voit poindre des objectifs politiciens, au détriment d'objectif idéologique. AL renie donc ses "idées" au profit de tactiques...
On l'on voit qu'AL renie le mot de son orga : "libertaire" ! En clair, si une orga ou un groupe "libertaire" (vous noterez le non-emploi du terme "anarchiste") se fait cracher dessus par une autre orga non-libertaire, on les laisse dans la merde... Ha ! C'est beau la solidarité et l'idéologie ... !
Alors ici, AL nous dit que la critique que l'on peut apporter aux institutions sont vieillottes : "réactualiser". Selon AL, il n'y a pas de débat sur le rapport aux institutions bourgeoise. Je rappellerai aux camarades d'AL que si il n'y a pas de débats à ce sujet, c'est que les anarchistes sont anti-étatique et ces institutions ne sont donc pas à remettre en cause, mais bel et bien à détruire. Le plus amusant reste tout de même la défense des petits candidats, dont les électeurs ne s'organisent pas. Vous avez dit Alternative "libertaire" ?!
Le texte conclut sur l’inconséquence du slogan « changer le monde sans prendre le pouvoir » et réaffirme l’actualité de notre stratégie de contre-pouvoirs.
Sans commentaires...
The Koala Avenger a écrit:Et je dois dire que je suis un peu déçu que des gens qui prônent l'unité des anarchistes crachent comme ça sur l'orga dont je fais partie. Je ne vois pas ce qu'il y a de si terrible à Alternative Libertaire pour qu'elle s'attire autant d'antipathie que le PC ou la CFDT sur ce forum.
L’amendement adopté précise de plus que : « il n’y a donc pas de raison tactique de privilégier l’unité avec les organisations anarchistes, et encore moins de raison stratégique, AL étant un courant politique spécifique » et conclue qu’AL ne doit pas faire prévaloir l’unité des libertaires sur les fronts anticapitalistes.
Environ 90 militantes et militants se sont retrouvés [...] signe qu’AL n’a pas raté son intervention lors des mobilisations de la jeunesse de ces dernières années et que son renouvellement générationnel est assuré.
Le texte conclut sur l’inconséquence du slogan « changer le monde sans prendre le pouvoir » et réaffirme l’actualité de notre stratégie de contre-pouvoirs.
Sans commentaires...
Et puis, mais c'est un avis personnel, je n'ai pas vraiment aimé le fait que certainEs militantEs veuillent squeezer l'anarchisme dans AL.
Mais dire qu'il faut réactualiser ces critiques, je n'en voit pas l'intérêt, ces critiques sont aussi valables aujourd'hui qu'elles ne l'étaient en 1900.
Roro a écrit:Dire qu'un anarchiste doit prendre le pouvoir, c'est une logique marxiste, et on sait ce que ça à donner.
Mais je ne vois pas l'intérêt de faire un concours pour savoir qui a le plus milité de nous deux, ce qui revient à faire une hiérarchisation.
tu peux aussi l'accepter et faire changer d'avis ton interlocuteur.
Moi aussi je m'allie sur le terrain à d'autres organisations, mais je ne reste pas dupe.
renier le fait que le pouvoir doit être détruit, est à 100 lieues des idées anarchistes.
willio a écrit:Donc AL semble préférer s'allier avec des réformistes plutôt qu'avec des révolutionnaires anarchistes. Après te demande pas pourquoi on éprouve de la réticence à vouloir s'allier avec une orga qui elle même ne le désire pas particulièrement.
Perso je suis pour l'unité des anarchistes mais justement si AL renie l'anarchisme...
Et je vois pas pourquoi tu défends ton orga à tout prix même si apparemment tu n'a pas l'air d'accord avec tout. Il faut faire prévaloir les idées devant les orgas je pense.
gyhelle a écrit:J'ai vu ça sur le forum marxiste, un type d'AL essayant de donner une définition de libertaire comme mi-marxiste, mi-anarchiste.
C'est agaçant comme comme la CNT qui couine quand elle se fait désigné comme syndicat anarchiste : faut pas vouloir réutiliser les termes et les symboles anarchistes si vous ne l'êtes pas.
The Koala Avenger a écrit:Parce que tu as une vision erronnée de ce qu'est AL et de ce qu'elle défend. Et ça me blesse un peu, parce que ce que je vis en tant que militant est vraiment différent de ce que vous racontez, je ne peux pas croire que ce soit moi qui me trompe à ce point.
The Koala Avenger a écrit:. Durant le congrès elle a même été dénoncée et le cas que tu présente (le gars d'AL sur le forum marxiste) a été cité.
En clair, on s'appuie sur la circulaire gouvernementale relative à l'immigration choisie sur les travailleurs et sur la régularisation des parents d'enfants scolarisés. Et ceux qui ne travaillent pas? Al n'en parle pas... Qu'en est-il de la liberté de circulation et d'installation ? Pas un mot non plus..
Sauf qu'on est en 2008 pas en 1900. Ce qui était valable à l'époque ne l'est plus forcément maintenant. On l'a bien vu ces dernières années où les plus féroces attaque contre l'état était le fait de la droite. Qui c'est bien sur contenter d'attaquer l'état "social", chose qui n'existait pas en 1900.
Roro a écrit:Berckman, on parle bien de RESF là? Non parce que, par chez moi, RESF m'a laissé un goût particulièrement amer dans la bouche...
RESF ne fait pas de traitement collectif des dossiers, mais du cas par cas et entre en cela dans la logique gouvernementale. Je ne dit pas qu'ils n'ont pas fait prendre conscience à pas mal de monde que la façon dont sont traités les sans-paps est ignoble, mais il faut dire ce qui est : RESF (en tout cas en ce qui concerne Bordeaux) ne sont que des politiciens, au même titre que l'ASTI.
Berckman a écrit:Roro a écrit:Berckman, on parle bien de RESF là? Non parce que, par chez moi, RESF m'a laissé un goût particulièrement amer dans la bouche...
Donc je ne me prononcerait pas pour Bordeaux, t est mieux placé pour ça, mais attention aux généralisations.
Les libertaires : entre permanence d’une tradition et rôle de témoignage
Globalement, les organisations anarchistes se maintiennent, mais en dépit de l’affaiblissement et de la crise de la gauche institutionnelle, elles ne parviennent pas à occuper un espace politique plus important. La raison principale en est qu’elles campent pour la plupart sur un discours identitaire et se refusent à se confronter aux autres courants anticapitalistes. Ainsi elles se tiennent à l’écart de la plupart des cadres unitaires de mobilisations et se replient sur une activité pour l’essentiel propagandiste.
Pourtant, il existe au sein de ces organisations et plus généralement dans l’ensemble du mouvement social bon nombre de libertaires qui ne se contentent pas d’une posture propagandiste et identitaire. Certains d’entre elles/eux, découragés par l’attitude des organisations anarchistes, préfèrent militer dans des organisations politiques de tradition marxistes, ce qu’a bien compris la LCR, qui multiplie aujourd’hui les appels du pied en direction des libertaires inorganisé-e-s.
Il serait tentant de considérer que l’unité des libertaires doit passer avant l’unité avec l’ensemble des courants anticapitalistes, et que cette unité est en fait une condition pour arriver à se faire entendre dans le débat politique. Ce fut grosso-modo l’orientation actée à notre congrès d’Angers en 2004. Revenant sur l’orientation de « forums pour l’alternative et l’autogestion » adoptée par AL au congrès de Besançon en 1997, nous analysions que cette orientation avait échoué du fait d’un « manque de partenaire [et d’un] foison d’adversaires », que « les libertaires ont une responsabilité particulière pour penser et porter un projet de Front social » et que « tout dépendra de la force, de la cohérence et de l’audience des libertaires », concluant que « l’évolution positive de la FA et de l’ensemble du mouvement libertaire doivent nous donner confiance ». Cette orientation n’a pas été rediscutée depuis. Nous pensons aujourd’hui qu’elle fut une erreur. D’abord parce que cette « évolution positive » ne s’est pas poursuivie de façon significative. Ensuite parce que nous en sommes toujours au même point concernant la construction d’outils d’élaboration politique internes au mouvement social, qu’on les appelle « fronts anticapitalistes » ou « forums pour l’alternative et l’autogestion ».
De fait, dès qu’il s’agit de concilier intervention libertaire et intervention de masse, expression libertaire et unité des anticapitalistes, cela reste problématique pour la plupart des organisations anarchistes qui partent vaincues d’avance et ne veulent y voir que le spectre du réformisme, se condamnant ainsi à l’impuissance. S’appuyer sur l’unité des libertaires pour peser dans les débats brassant l’ensemble de la gauche sociale n’a donc rien d’évident et est parfois même contreproductif.
L’unité des libertaires a aussi été avancée comme étant un moyen de s’adresser aux libertaires du mouvement social, organisé-e-s ou non. Cet enjeu est effectivement important pour AL, d’autant qu’il existe de nombreux libertaires dans le mouvement social, y compris des animateurs ou animatrices de celui-ci. Mais pour autant l’unité des libertaires n’est pas le seul moyen de débattre avec ces militant-e-s. Les exemples sont nombreux de militant-e-s nous ayant rejoints non pas parce que nous fermions les yeux sur les carences politiques des organisations anarchistes, mais au contraire pour notre approche ouverte, non sectaire, et finalement adaptée aux réalités du mouvement social, telles que nous les avons décrites plus haut. Il est d’ailleurs préférable de gagner des militant-e-s sur des bases politiques très claires, plutôt que sur des analyses politiques travesties pour séduire les militant-e-s d’autres organisations, quelles qu’elles soient.
Il n’y a donc pas de raison tactique de privilégier l’unité avec les organisations anarchistes, et encore moins de raison stratégique, AL étant un courant politique spécifique, dont « l’effort de synthèse ne s’arrête pas aux seuls courants libertaires » et cherchant « une fusion des acquis positifs de l’ensemble des courants révolutionnaires. » (Manifeste pour une AL, p36). Les organisations anarchistes ne constituent donc pas de ce point de vue des « partenaires naturels ».
Reste que l’ouverture des organisations anarchistes vers le reste de la gauche sociale serait une avancée pour le courant libertaire. Et quand ces organisations font le choix de l’ouverture partielle, nous sommes sollicités, ce qui n’était pas le cas il y a 10 ans. Il serait dommage de fermer la porte à ces signes d’ouverture. Mais participer à des initiatives unitaires avec les libertaires doit rester pour nous une tâche secondaire devant l’orientation de construction des fronts anticapitalistes, ou alors se situer clairement dans une perspective de convergence plus large, avec des courants non libertaires. Et de ce point de vue, rien n’est joué. »
La rupture révolutionnaire est le produit de tout ce processus, qui peut s’étendre sur de longues années : c’est le renversement des pouvoirs institués, patronaux, étatiques, par le contre-pouvoir, qui devient le pouvoir nouveau. (Manifeste AL, contre pouvoir et rupture révolutionnaire)
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