de Lehning le Sam 13 Aoû 2022 18:48
Le gouvernement bolchevique refusa toute aide, ne voulant pas laisser vaincre la réaction. Makhno proposa alors de donner sa démission et de céder le commandement à ses généraux ayant la confiance du gouvernement central. Cela ne servit à rien ! Les forces de Makhno, trop faibles pour résister, furent démembrées et dispersées par l'invasion réactionnaire. Les communes libertaires disparurent. Pour mieux faire connaître la personnalité de Makhno, rappelons cet épisode: pendant la période décrite, au moment où les rapports entre Makhno et le gouvernement de Moscou étaient les plus tendus, le général Grigoriev, un traître qui s'était rebellé contre le gouvernement soviétique et qui était passé dans le camp de la réaction, crut pouvoir se servir de Makhno et le fit appeler pour créer avec lui un front commun contre les bolcheviks. Makhno y alla et dès qu'il fut en sa présence, il le tua à coups de revolver.
Malgré la manière dont il avait été traité, Makhno ne changea pas d'idée. Dans l'ombre, il recommença la lutte contre la réaction, il constitua de nouvelles bandes sur les arrières de Denikine, souleva contre lui les populations méridionales, et c'est à lui que revient le mérite si le féroce général tsariste fut battu et dut fuir au-delà de la mer. (1)
(1): - Nous avons extrait les informations sur les bandes anarchistes de Makhno, des numéros 51 et 52 de Umanità Novà de Milan, 27 et 28 avril 1920. On y parle aussi d'un florissant mouvement anarchiste dans le sud de la Russie: une confédération anarchiste y est très active, avec un centre à Elisabetgrad. Déjà en contact direct avec Makhno, elle s'apprête à reconstituer les communes libertaires, et développe une très grande activité parmi les masses, chez les syndicats ouvriers et les populations agricoles: soit par des conférences, œuvres d'éducation, des publications, soit en essayant d'organiser des échanges directs de produits entre les villes et la campagne. (les paysans se refusant à accepter de l'argent). Tout cela sans se préoccuper de savoir si une telle activité est autorisée ou non par le gouvernement bolchevique. Sur les bandes de Makhno, nous avons lu un autre récit, qui coïncide par plusieurs points avec le nôtre, dans Volontà de Ancône (numéro 3 du 16 février 1920), qui l'a extrait elle-même de La Feuille, journal pro-bolchevique de Genève.
Cela ne vaut peut-être pas la peine de nous occuper d'un article plein de haine et d'hostilité envers Makhno et les anarchistes, signé D.R. dans Ordine Nuovo de Turin, du 3 avril 1920, et d'évidente inspiration bolchevique russe. On n'y mentionne aucun fait qui soit en opposition avec ceux que nous relatons ; on y ajoute seulement que les partisans de Makhno ont commis beaucoup d'excès (chose d'ailleurs assez courante chez les bandes armées) et que Makhno disait du mal de Lénine et de Trotski. On y affirme que les anarchistes n'ont eu aucune part importante dans l'évolution de la révolution russe ; et ce mensonge, en contradiction avec d'autres témoignages, suffit à souligner le caractère tendancieux et peu sérieux de l'auteur de l'article. Du reste, il ajoute ensuite, contradictoirement, que "presque tous les anarchistes ont loyalement collaboré avec les soviets dès le premier moment". Et il termine l'article en reconnaissant que Makhno a rendu de grands services à la révolution pendant les moments des plus graves dangers tout en indiquant qu'il lui a porté un coup, en désagrégeant et en démoralisant les masses.
Cette dernière accusation n'a pas lieu d'être lorsqu'on sait que toute critique iconoclaste et libertaire est toujours perçue comme démoralisatrice d'après la dialectique marxiste.
Photos: Makhno ; Grigoriev ; Denikine:
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