de Lehning le Mer 6 Juil 2016 19:13
Jean Moulin, convaincu par Varlin, savait le péril que peut présenter une discussion soumise aux risques du conflit entre des tempéraments dont fort peu échappent aux passions partisanes. Moulin exprima alors son opinion: "Les raisons exposées par Guigui sont valables et impératives." La cause est entendue. Grâce à l'accord passé entre Moulin et Varlin, les représentants syndicaux s'engagèrent dans les mouvements de la Résistance officielle, et la classe ouvrière française fut sauvée d'un massacre affreux qui aurait fait de nombreuses victimes et affaibli la cause dont ils étaient les défenseurs. Par la suite, en février 1943, Albert Guigui-Terral fut mandaté pour représenter à Londres la CGT "clandestine" où il ira chercher de l'aide, auprès du général de Gaulle, puis à Philadelphie auprès de l'OIT (Organisation internationale du travail) et il s'efforça de régler le problème urgent de l'aide matérielle à apporter aux syndicats de la France occupée. Il obtient la création d'un fond de soutien tripartite sous l'égide d'un représentant du comité national de la France combattante. Ainsi, du 1er mars au 1er juillet 1944, le BCRA transmit, une "enveloppe" franco-anglo-américaine à un représentant désigné par la CGT "clandestine" pour lui permettre de poursuivre ses diverses activités. Il rentrera à Paris avec les armées de libération.
[Albert Guigui-Théral né à Alger en 1903, mort à Thonex (Suisse) en 1982, militant anarchiste et avant tout syndicaliste, adhéra au Syndicat de la métallurgie à Alger en 1918 qui le délégua au XVI° congrès de la CGT à Lille en juillet 1926. Il assista au congrès dit unitaire de 1921 à Paris, puis à la conférence des CSR (Comités syndicalistes révolutionnaires). Fixé à Paris il travailla comme mécanicien à la Société des transports en commun de la région parisienne. Il fréquentait les locaux du Libertaire où il prêtait son concours à la propagande ; en 1928, Lecoin lui confia la "tribune syndicale", mais il milita surtout dans les organisations syndicales.
Après avoir eu l'intention de se rendre en Russie, il retourna à Paris, où il fut embauché chez Renault à Billancourt. Il en sera congédié en mai 1922 pour avoir encouragé l'agitation syndicale. Il regagna Alger dans le but d'organiser un phalanstère mais le projet échoua et il retourna à Paris où il travailla dans divers ateliers métallurgiques comme Gnôme et Rhône, Citroën. En octobre 1918, il quitta la France pour les USA où il travailla pour une compagnie de films couleurs pour laquelle il reviendra encore une fois à Hollywood de 1937 à 1938. En 1931, il revient à Issy-les-Moulineaux travailler dans une société pour équipements électriques tout en continuant de militer à l'Union des mécaniciens de la Seine. En 1932, il changea de profession et devint correcteur et de retour de sa deuxième expérience américaine, il reprend sa place en 1938 dans l'équipe de Paris-Soir.
En 1936, il participa activement à la fusion entre la CGT et la CGT-U et fut chargé de l'aide aux syndicalistes espagnols pendant la guerre civile. Militant syndicaliste, il refusa de devenir fonctionnaire syndical, règle à laquelle il ne dérogera qu'à trois reprises et pour des périodes limitées: en 1934 à la suite de la manifestation des ligues d'extrême droite le 6 février, où il devint permanent de l'UD CGT jusqu'en octobre 1934, en juin 1936, lorsqu'il deviendra permanent à l'UD de la région parisienne et, enfin sous l'Occupation, lorsque tout en travaillant comme correcteur à Paris-Soir, il acceptera, en février 1943, une fonction dans la CGT clandestine pour aller à Londres apporter l'adhésion à De Gaulle en échange d'aides financières et matérielles à la Résistance syndicale. Après la guerre, il revendiquera ses idées libertaires et devint fonctionnaire de l'OIT (Organisation internationale du travail) à Genève. Voir le Maitron, l'Ephéméride anarchiste et Edouard Dolléans, Histoire du Mouvement ouvrier, site webs de la Bibliothèque Paul-Emile-Boulet de l'université de Québec, 2004.]
- Fichiers joints
-
-
-
"Le forum anarchiste est ce que ses membres en font."