Des Ruines n°2

Journaux, fanzines, périodiques d'expression anarchiste

Des Ruines n°2

Messagede Loup le Mer 23 Déc 2015 00:26

Bonsoir, compagnons et compagnonnes.

Lors de mes errances sur la toile, je suis tombé sur l'apériodique "Des Ruines", j'ai trouvé l'édito particulièrement intéressant et le contenu des différentes sections explorées (avec des textes déjà disponibles sur la toile) plutôt bien fourni.
J'aimerais savoir ce que vous pensez de cet édito:
Edito:http://desruines.noblogs.org/files/2015/11/edito-DesRuines2.pdf
Contenu de l'apériodique: http://desruines.noblogs.org/post/category/numero-2/
Loup
 
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Re: Des Ruines n°2

Messagede Candide le Mar 29 Déc 2015 22:10

Bonsoir Loup,
Merci de m’avoir permis de découvrir cet édito. Voici mon point de vue.

Première remarque préalable, de forme (sans ignorer combien forme et fond sont liés) : c’est un peu délayé (surtout les premières pages). On peut aimer (c’est d’ailleurs joliment écrit). Personnellement, j’aurais préféré un peu plus de concision.

Deuxième remarque tout aussi préalable : le texte semble s’adresser, entre autres courants - mais tout de même de façon plus soutenue - à un courant « illégaliste ». Ce courant constitue une des impasses tragiques dans lesquelles se jettent périodiquement des anarchistes. Heureusement, le texte a un caractère bien plus général, et sur les autres points - j’espère que les auteurs ne verront pas injure dans mon propos (telle n’est pas mon intention) - il est plein de bon sens.

- Premier point, la charge contre ceux qui ont la faiblesse de penser que leurs « cryptages » resteront éternellement inviolables est totalement fondée. Les auteurs auraient pu aller plus loin : je suis sidéré de constater que certains anarchistes publient sur internet des données personnelles pas cryptées du tout : photos, informations permettant de les identifier, parfois même leur nom… Souvent ils donnent, en plus, des informations sur d’autres personnes qui ne leur ont rien demandé (par ex. : photos de manifs). De plus quelques individus font ce « travail » de délation sciemment (contre leurs ennemis personnels). Les uns est les autres sont une source d’information gratuite pour toux ceux qui ne nous aiment pas (police, patrons, groupes fascisants…).

- La deuxième charge, contre ceux qui se croient « plus libres parce que certains ne paient pas de loyer, ne travaillent pas, ou sont « libres dans leurs têtes » car « conscients » et sa conclusion « C’est mignon... Mais diantre qu’est-ce que c’est con... », est tout aussi pertinente.

- La troisième idée qui me semble importante concerne le fléchissement intellectuel de l’ensemble de la société (sauf certaines couches privilégies), et en particulier des milieux anarchistes. Le propos ressemble à ce que ressassent pas mal de vieux profs aigris, mais il correspond à une réalité. On peut reprendre mot pour mot : « l’investissement intellectuel… les efforts de concentration prolongée, la prise de notes, la capacité à s’asseoir et ne rien faire d’autre que lire et réfléchir pendant un temps, semblent avoir disparu avec cette nouvelle ère, nous rappelons juste que tout cela s’appelle abrutissement et acculturation, et que le pouvoir est le seul à ressortir vainqueur de cette joute pipée, malgré cette illusion de confort imparable… ». Un bon exemple, que les auteurs ont raison de souligner, est la prise de notes. Elle concerne l’écrit mais plus encore l’oral (et l’oral, dans la « tradition » anarchiste, est tout autant support de transmission et d’approfondissement que l’écrit) : dans les réunions, rares sont les gens qui prennent des notes, et ceux qui en prennent, s’ils les « tapent » en sortent souvent un galimatias incompréhensible. Or, comment avancer dans un échange, dans un débat, si l’on ne peut repartir de ce qui a été déjà produit ?

- La quatrième idée concerne le militantisme (même si le mot n’est pas employé). « Il y a finalement bien peu de projets sans dieux ni maîtres qui durent vraiment, au delà de quelques mois … ». S’inscrire dans la durée, c’est effectivement essentiel pour un mouvement s’il veut se développer (leur constance fait la réussite de mouvements aussi obtus que le FN ou les islamistes). S’inscrire dans la durée, c’est d’une façon ou d’une autre, devenir militant. Certes, le terme n'est pas à la mode...

- La cinquième idée peut paraître marginale. En pratique, elle est pourtant essentielle « petit à petit, le milieu s’est habitué à tirer son sou de la vente d’alcool plutôt que de la générosité et la complicité de ses militants. Les résultats sont aujourd’hui faciles à percevoir dans un milieu ravagé par l’alcool, la dépression festive et l’apathie ». Certaines organisations se sont fait, au cours des ans, une spécialité du « concert de soutien » à répétition. Le résultat est effectivement désastreux et la critique absente (car le « concert » ramène « du monde » - et donc entretien l’illusion de la force numérique - et du pognon…). Je ne me souviens d’avoir lu qu’un seul article dénonçant ce fait (je cite le titre de mémoire), « Boire ou militer, il faut choisir », c'était dans une publication de la CNT-AIT.

Juste pour nous amuser un peu et pour conclure : si les auteurs citent un personnage de La Nausée, l’Autodidacte, beaucoup d’anarchistes me font plutôt penser à... Bouvard et Pécuchet (un roman fort amusant) ! Prenons-en collectivement conscience et essayons de transformer les choses.

Bien à toi.
Candide
 
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