La genèse de la CGA

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Re: La genèse de la CGA

Messagede conan le Mar 29 Sep 2009 14:04

Berckman a écrit:
Il n'est donc pas nécessaire d'avoir pour finalité le communisme libertaire comme mode d'organisation économique pour adhérer à la FA. C'est pour cela qu'on y retrouve aussi des individualistes qui se contentent de faire référence aux "positions" d'esprit, et à l'humanisme anarchiste. Bien évidemment la majorité des militant-e-s à la FA est soit communiste libertaire, soit anarchosyndicaliste, soit anarchiste "sociale", les individualistes y étant une minorité. Mais le communisme libertaire comme finalité économique n'est pas une base politique qui fasse consensus.


Certes, et on trouve aussi des individualistes à la CGA, dont les statuts disent :
En ce sens nous ne rejetons aucunement la dimension individualiste de l'anarchisme mais nous pensons que l'organisation nécessite une dimension collective.


Mais nous ne disons pas autre chose à la FA. C'est néanmoins ignorer que l'individualisme se double toujours d'une réflexion sur la libre association. Du reste, tu dis que le communisme libertaire ne fait pas consensus à la FA... et pourtant tous ses éléments de fonctionnement et tous ses principes sont décrits très clairement dans les principes de base. Car l'anarchisme inclut le communisme... sans en être dépendant. Le communisme c'est le fonctionnement collectif. L'anarchisme c'est prôner la liberté et l'autogestion. Or les deux ne font ménage ensemble qu'à la condition expresse que le collectif ne puisse contraindre l'individu. C'est ce que garantissent les principes de base de la FA.

Conan, tu racontes n'importe quoi. Je ne vois pas en quoi le communisme libertaire auquel nous faisons référence à la CGA contraint qui que ce soit. Nous sommes contre le marché, qui contraint de facto les individus à la différence de la logique communiste anarchiste.


Pour ma part, la différence essentielle que j'observe entre FA et CGA, c'est d'obliger ou non les individus à adhérer à ces finalités de fonctionnement collectif. La FA ne veut contraindre personne et souhaite laisser libres les individus ne souhaitant pas s'organiser collectivement de gérer leur propre vie, si elles le souhaitent - et le peuvent. A la condition de n'exploiter personne. Comptant convaincre par l'exemple et non par l'obligation d'appliquer un fonctionnement collectif global (fût-il "démocratique").

A l'inverse, la CGA dit : "L'organisation sociale future s'articulera tout naturellement autour de la propriété commune des moyens de production et l'utilisation commune des produits du travail collectif."

Quant aux valeurs prônées par la CGA dans les mêmes statuts, "humanisme" et "société", je t'invite à relire Stirner : ce sont des mots-pièges, des fantômes. Pour ma part j'y vois un germe de contrainte de l'individu par le collectif.

Idem décision majoritaire ne signifie pas nécessairement imposition dès lors qu'existe la libre association.


On va être plus clair : la CGA défend que soient adoptées les décisions par un vote des mandatés (et non des individus de la CGA) ce qui implique une délégation d'une part. D'autre part, le vote se fait aux 3/4. Comment un individu peut-il à la fois voter contre à défaut d'un consensus (ce qui implique qu'il n'est vraiment pas d'accord avec la décision prise) et accepter une décision contraire à ce qu'il éprouve juste pour lui ? C'est une énigme que je ne résous pas. Je conçois (et respecte profondément) que cela puisse un temps aller à des gens, qui pensent y voir davantage d'efficacité. Tant qu'ils décident de demeurer dans une orga qui vote contre ce qu'ils pensent juste, en effet tout va bien, ça reste de la libre association.

Pour ma part, j'accepterais mal que cela se reproduise souvent et je préfère d'ores et déjà aller dans une orga qui ne m'imposera aucun fonctionnement qui ne me convienne pas. Si l'ensemble des gens n'y est pas d'accord, rien ne m'y empêche d'agir quand même, en libre association avec les intéressés. Sans imposer à quiconque mon action.

Pour conclure, je trouve la CGA très intéressante et un tentative sympa d'échapper au plateformisme en vue d'une plus grande cohésion (qui fait souvent défaut à la FA) ; mais j'y vois çà et là des éléments qui me font craindre que prédomine, ponctuellement, une décision collective allant contre ce que pourraient penser juste ses individus. Or c'est là le germe fondamental de l'autorité, son argument radical. je préfère une orga pas super efficace où je suis libre d'améliorer les choses avec celles et ceux qui le souhaitent, que passer par un fonctionnement collectif qui risque de m'aliéner ou aliéner autrui à ses modes de décision.
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Re: La genèse de la CGA

Messagede Berckman le Mar 29 Sep 2009 15:03

Certes, et on trouve aussi des individualistes à la CGA,

Non.

dont les statuts disent :
En ce sens nous ne rejetons aucunement la dimension individualiste de l'anarchisme mais nous pensons que l'organisation nécessite une dimension collective.


Cela signifie que nous nous organisons avec des individualistes (se référant à la tendance individualiste anarchiste), mais que notre conception économique communiste s'articule avec la reconnaissance des individus, dont l'intérêt n'est pas considéré comme antagonique avec la collectivité des autres individus, mais au contraire convergent.
Nous ne sommes pas pour la propriété individuelle, en ce sens nous rejetons l'indiviualisme économique, comme nous nous refusons la vision libérale qui consiste à opposer l'individu à la dimension collective.
Pour adhérer à la CGA, il faut être en accord avec les principes, dont l'annexe qui affirme que notre finalité est le communisme libertaire.


Mais nous ne disons pas autre chose à la FA. C'est néanmoins ignorer que l'individualisme se double toujours d'une réflexion sur la libre association. Du reste, tu dis que le communisme libertaire ne fait pas consensus à la FA... et pourtant tous ses éléments de fonctionnement et tous ses principes sont décrits très clairement dans les principes de base.

Non, il y a une conception fédéraliste qui d'ailleurs n'est pas identique selon les groupes, cela a d'ailleurs fait l'objet d'un long débat il y a quelques années sur le statut des UL et UR...
A mon sens la conception du "fédralisme" majoritaire à la FA est plus proche de celle du réseau que du fédéralisme organique conçu au sein du mouvement anarchiste ouvrier, mais c'est un autre débat.


Car l'anarchisme inclut le communisme... sans en être dépendant. Le communisme c'est le fonctionnement collectif.

Non, le communisme c'est la propriété commune des moyens de production et de distribution.


L'anarchisme c'est prôner la liberté et l'autogestion. Or les deux ne font ménage ensemble qu'à la condition expresse que le collectif ne puisse contraindre l'individu. C'est ce que garantissent les principes de base de la FA.

Conan, tu racontes n'importe quoi. Je ne vois pas en quoi le communisme libertaire auquel nous faisons référence à la CGA contraint qui que ce soit. Nous sommes contre le marché, qui contraint de facto les individus à la différence de la logique communiste anarchiste.


Pour ma part, la différence essentielle que j'observe entre FA et CGA, c'est d'obliger ou non les individus à adhérer à ces finalités de fonctionnement collectif. La FA ne veut contraindre personne et souhaite laisser libres les individus ne souhaitant pas s'organiser collectivement de gérer leur propre vie, si elles le souhaitent - et le peuvent. A la condition de n'exploiter personne. Comptant convaincre par l'exemple et non par l'obligation d'appliquer un fonctionnement collectif global (fût-il "démocratique").

C'est à mon avis un argument spécieux : la CGA ne veut contraindre personne, elle défend une option économique qu'elle considère plus à même de prévenir la restauration du capitalisme. Ce que je voit dans la conception individualiste, c'est une absence de réflexion sur le lien entre marché (qu'implique inévitablement la conception économique individualiste de la "propriété individuelle) et exploitation.


A l'inverse, la CGA dit : "L'organisation sociale future s'articulera tout naturellement autour de la propriété commune des moyens de production et l'utilisation commune des produits du travail collectif."
Quant aux valeurs prônées par la CGA dans les mêmes statuts, "humanisme" et "société", je t'invite à relire Stirner : ce sont des mots-pièges, des fantômes. Pour ma part j'y vois un germe de contrainte de l'individu par le collectif.

Le fait que le signifiant revète une catégorie virtuelle ne signifie pas que le signifié n'existe pas. Lorsque nous parlons de société, nous parlons de l'ensemble des individus en relations et des relations qu'ils ont, et cela est une réalité matérielle, pas un "spectre". Le problème de Stirner étant justement qu'il parle de lui comme s'il était sortie d'un coup de la cuisse de Jupiter alors précisémment qu'il est le produit de son rapport aux autres, comme individus.


On va être plus clair : la CGA défend que soient adoptées les décisions par un vote des mandatés (et non des individus de la CGA) ce qui implique une délégation d'une part.
Mandat = délégation.... ??? Intéressant comme concept. Les mandatés reprennent la position des groupes dans leur diversité, pas leur siennes propres.

D'autre part, le vote se fait aux 3/4. Comment un individu peut-il à la fois voter contre à défaut d'un consensus (ce qui implique qu'il n'est vraiment pas d'accord avec la décision prise) et accepter une décision contraire à ce qu'il éprouve juste pour lui ? C'est une énigme que je ne résous pas. Je conçois (et respecte profondément) que cela puisse un temps aller à des gens, qui pensent y voir davantage d'efficacité. Tant qu'ils décident de demeurer dans une orga qui vote contre ce qu'ils pensent juste, en effet tout va bien, ça reste de la libre association.

C'est justement ça la libre association, c'est aussi être capable d'accepter d'être minoritaire sur un point sans nécessairement en faire un scandale, parce qu'on voit bien que globalement s'associer sert plus nos intérêts que l'inverse.

Pour ma part, j'accepterais mal que cela se reproduise souvent et je préfère d'ores et déjà aller dans une orga qui ne m'imposera aucun fonctionnement qui ne me convienne pas. Si l'ensemble des gens n'y est pas d'accord, rien ne m'y empêche d'agir quand même, en libre association avec les intéressés. Sans imposer à quiconque mon action.

Actuellement, aucune orga n'impose un fonctionnement qui ne convient pas puisqu'on peut toujours la quitter dès lors que nos limites sont franchies. Il n'y a pas de moyens de coercition.
Par contre, il existe bien d'autre manières que le vote qui peuvent être détournées pour imposer un point de vue : en harcèlant par exemple les personnes qui ne sont pas dans la ligne pour les faire partir.
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Re: La genèse de la CGA

Messagede conan le Mer 30 Sep 2009 15:12

Nous sommes ok sur la nécessaire recherche de convergence entre les intérêts des individus. Mais pas sur le lien entre individu et "collectif", le collectif ce sont des individus. Il y a toujours rapport entre des individus, non entre des individus et une abstraction collective. D'ailleurs, si je suis d'accord sur ta critique de Stirner (je pense comme toi que l'individu est grandement constitué des relations qu'il entretient avec son environnement -y compris les autres individus), si tu parles de la société comme de l'ensemble des relations entre les gens, je crois que tu te trompes en parlant d'une réalité : en effet les relations sont infiniment complexes, évolutives et les généraliser en "une société" (ou gnéraliser les valeurs de chacun en "un humanisme"), cela reste, pour moi, de l'ordre du fantôme stirnerien.

Sur la propriété individuelle : assez d'accord mais pas tout à fait !
Je suis comme toi pour la propriété collective d'un simple point de vue pratique (je la crois beaucoup plus pratique, car la jonction des forces respectives individuelles n'additionne pas mais démultiplie la production, ce qui peut soulager d'autant chaque individu) mais je crois qu'elle doit demeurer libre ; d'autre part, je crois que tu saisis mal le sens de propriété individuelle chez les indivs ; il s'agit surtout d'une assurance dans la liberté de production (ex : assurance que sur le lopin alloué tu pourras faire pousser des carottes si tu le souhaites, et non des navets ) et d'usage (assurance de pouvoir bouffer le contenu de son assiette). Au passage, je peux me tromper mais il me semble que des anarchistes "historiques" puisque tu parles d'anarchisme historique (Ukraine libertaire, Kronstadt) ont prôné, contrairement aux marxistes-léninistes, que chaque paysan ait son lopin de terre et c'est précisément ce qui a rendu ces communes populaires... et pourtant il s'agissait d'anarcho-communisme. Le communisme (en tant cas le communisme anarchiste) n'est pas tant la propriété collective des moyens de production que la libre organisation commune (à mon sens nécessaire) entre les individus de façon à assurer que chacun-e dispose librement des ressources communes, tout en ayant une liberté de choix, d'usage, et la capacité de décider au même titre que les autres, sans avoir à subir de contrainte.
Par ailleurs à la FA il st bien précisé que la condition expresse est l'abolition de l'exploitation économique du travail d'autrui, ce qui interdit de fait le salariat. Enfin la propriété individuelle n'implique pas forcément le marché ; il peut y avoir libre association d'individus pour une production commune dans certains domaines. Il peut y avoir gratuité, échanges dénués d'étalon marchand. La propriété individuelle n'implique pas plus le marché que la propriété collective, qui peut impliquer versement d'une pension égale, et donc un marché puisqu'il suppose nivellment des besoins (qui ne peuvent pourtant être les mêmes d'un individu à l'autre).

Non le vrai problème, c'est bien ce fantôme du "collectif". Ce fantôme implique décision globale, processus global, production globale, dépossédant en réalité les individus à qui cette globalité ne correspond pas de leur pouvoir de décision, de protestation, de droit à la différence. Et c'est cette globalité à laquelle vous ne vous attaquez à mon sens pas assez à la CGA, qu'il s'agisse de la pensée économique ou des modes de décision.

Par ailleurs, je pense que tu te trompes en disant que l'opposition de l'individu au collectif est une pensée libérale. La pensée libérale s'appuie, bien au contraire, sur des processus globaux brimant l'individu : la Nation, le scrutin majoritaire, le collectif, le droit, les droits de l'Homme avec un grand H, et ne conçoit la liberté de l'individu que comme une entrave aux intérêts des autres individus, et étant pétrie de la conviction qu'il faut réprimer les libertés des uns et des autres au profit d'une régulation globale. Même le néo ou ultra-libéralisme prône l'armée et des moyens coercitifs forts. Et ce que défend le libéralisme n'est pas le fait que chaque individu ait réellement une propriété individuelle réelle dont il puisse réellement user (sinon ça se saurait), mais que le collectif et ses moyens répressifs protège la liberté pour les plus forts d'accaparer la propriété, y compris dans des proportions hallucinantes. Le collectif qu'implique la pensée libérale est au contraire l'assurance donnée aux accapareurs que ne puisse se faire l'appropriation légitime des richesses par ceux qui n'ont rien.

A ce sujet du collectif, quelle distinction fais-tu entre "réseau" et "fédéralisme" ?

Sinon je soutiens qu'il s'agit de délégation de pouvoir à la CGA puisque les votants (puisque vous pratiquez le vote) sont au final non les adhérents, mais des mandatés... ce qui implique un échelon de délégation, de dépossession du pouvoir individuel, ce qui implique que ces mandatés puissent, par-delà l'impérativité de la "ligne" qu'ils rapportent des assemblées qui les ont élus, discuter, faire bouger des positions (recherche de consensus préalable). Et donc trahir leur "base" électrice. Tu me diras qu'ils peuvent être révocables ? certes. Mais la décision, applicable à tous les adhérents CGA, sera passée entre temps.

Tu dis que les minorités ne doivent pas faire "scandale" si des décisions vont à l'encontre de ce que leurs individus pensent. Et bien je pense qu'il est scandaleux, d'imposer à une personne de faire ce qu'elle ne sent pas juste.

Si pour toi quitter une orga est la seule façon de ne pas se faire imposer une ligne, et bien en effet, je suis content de n'être pas à la CGA pour n'avoir pas à la quitter un jour en cas de désaccord avec une majorité qui voudrait m'imposer un fonctionnement ou une campagne avec laquelle je serais en désaccord.

Tout cela dit (cela va sans dire) en toute camaraderie de réflexion ; car je trouve les productions et le travail de la CGA super intéressants.
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Re: La genèse de la CGA

Messagede Neill le Mer 30 Sep 2009 15:31

conan a écrit:Sinon je soutiens qu'il s'agit de délégation de pouvoir à la CGA puisque les votants (puisque vous pratiquez le vote) sont au final non les adhérents, mais des mandatés... ce qui implique un échelon de délégation, de dépossession du pouvoir individuel, ce qui implique que ces mandatés puissent, par-delà l'impérativité de la "ligne" qu'ils rapportent des assemblées qui les ont élus, discuter, faire bouger des positions (recherche de consensus préalable). Et donc trahir leur "base" électrice. Tu me diras qu'ils peuvent être révocables ? certes. Mais la décision, applicable à tous les adhérents CGA, sera passée entre temps.

Tu dis que les minorités ne doivent pas faire "scandale" si des décisions vont à l'encontre de ce que leurs individus pensent. Et bien je pense qu'il est scandaleux, d'imposer à une personne de faire ce qu'elle ne sent pas juste.

Si pour toi quitter une orga est la seule façon de ne pas se faire imposer une ligne, et bien en effet, je suis content de n'être pas à la CGA pour n'avoir pas à la quitter un jour en cas de désaccord avec une majorité qui voudrait m'imposer un fonctionnement ou une campagne avec laquelle je serais en désaccord.


Sur ce passage en particulier, je pense que tu t'avances un peu vite et qu'a priori tu parles de ce que tu ne connais pas empiriquement. Mais je laisse Berckman te répondre pour ne pas "polluer" votre échange.
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Re: La genèse de la CGA

Messagede conan le Mer 30 Sep 2009 15:40

Tu n'as pas tort, ce n'est qu'un débat théorique et l'immense majorité des idées nous rapproche.
Mais parfois, la théorie a son importance lorsqu'il faut aller loin dans les pratiques ; et l'on réalise alors combien le diable se niche dans les détails ! :wink:
Pour ma part, je n'ai accepté d'entrer dans une orga qu'après avoir pesé et discuté toutes les virgules et tous les points de ses principes de fonctionnement ; et j'ai lu attentivement les statuts de la CGA, qui m'ont bien intéressés mais que je ne juge pas encore assez adaptés à ma vision des choses pour les partager entièrement. Je leur ai préféré une organisation préservant radicalement de l'individu de l'autorité d'une ligne collective, tout en laissant toute liberté à l'association libre des individus (pour ma part l'anarcho-communisme étant la plus préférable).
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Re: La genèse de la CGA

Messagede abel chemoul le Ven 2 Oct 2009 19:54

conan a écrit:Sinon je soutiens qu'il s'agit de délégation de pouvoir à la CGA puisque les votants (puisque vous pratiquez le vote) sont au final non les adhérents, mais des mandatés... ce qui implique un échelon de délégation, de dépossession du pouvoir individuel, ce qui implique que ces mandatés puissent, par-delà l'impérativité de la "ligne" qu'ils rapportent des assemblées qui les ont élus, discuter, faire bouger des positions (recherche de consensus préalable). Et donc trahir leur "base" électrice. Tu me diras qu'ils peuvent être révocables ? certes. Mais la décision, applicable à tous les adhérents CGA, sera passée entre temps.


Les mandats sont impératifs, les mandatés sont là pour porter la parole de leur groupe sur un sujet X ou Y préalablement défini et débattu dans les groupes, ils ne se saisissent pas de débats en tranchant en leur nom propre. Par exemple, si une question surgit en réunion de coordination (RéCo) et qu'il n'y a pas eu le temps d'en débattre dans les groupes, toute décision sur cette question est renvoyée à la prochaine réco pour que les groupes en débattent en interne. Les circulaires et bulletins intérieurs édités avant les récos proposent un pré-ordre du jour avec les sujets qui seront débattus, sauf rajout de la part d'un groupe le jour de la réco, quand les groupes fonctionnent bien, les sujets sont donc débattu bien avant la réco et les mandatés ne sont que des porte-parole de leur groupe.
il faut faire la distinction entre le mandatement libre qui est un chèque en blanc, ce qui est le cas en démocratie parlementaire et le mandat impératif où le mandaté n'est que la représentation physique d'une décision déjà prise ailleurs par démocratie directe.
Tu as 3 secondes, tu m'entends?! 3 secondes pour jeter ce putain de drapeau noir à la con, ou je te fais gicler les yeux des orbites, et je t'empaffe le crâne!
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Re: La genèse de la CGA

Messagede vroum le Jeu 19 Mar 2015 12:13

Lu ici : http://www.c-g-a.org/content/communique-des-relations-exterieures-de-la-coordination-des-groupes-anarchistes

ou en .pdf ici : http://www.c-g-a.org/sites/default/files/communique-re-crise-interne.pdf

A noter que le communiqué fédéral au format .pdf s'intitule "crise interne".

Les groupes, liaisons et militant-e-s démissionnaires (qui seraient : groupe Puig Antich de Perpignan, Groupe Albert Camus de Toulouse, groupe de Carcassonne, groupe Nosotros (31), liaison d'Auch (Gers), liaison Lucy Parsons (Vaucluse) et liaison d'Orléans...) représenteraient environ la moitié des effectifs de la CGA et garderaient le trimestriel fédéral Infos et analyses libertaires

Communiqué des Relations Extérieures de la Coordination des Groupes Anarchistes

La Coordination des Groupes anarchistes a subi récemment plusieurs défédérations. Ces défédérations font suite à des divergences portant notamment sur l'analyse de la situation sociale et politique, les méthodes d'action pour la transformation sociale, la conception de l'organisation. Les attentats de janvier ont mis à jour la profondeur de ces divergences.

Une des conséquences est que Infos et Analyses Libertaires ne sera plus l'organe de presse de notre organisation. Nous vous informerons dès que nous aurons décidé d'un nouvel outil de communication pour la CGA.

Nos objectifs restent le développement du combat de classe contre l'exploitation capitaliste, contre la domination étatique, le système patriarcal et le système raciste, ainsi que toutes les idéologies qui les justifient, y compris l'idéologie religieuse.

Pour cela, en partant de la réalité sociale, nous continuerons à initier, développer, promouvoir des organisations populaires et des luttes qui s'opposent à l'exploitation capitaliste, à la domination étatique et à l'oppression patriarcale. Nous continuerons aussi à militer pour que nous, aujourd'hui opprimé-e-s, puissions organiser la société de manière égalitaire par la démocratie directe et gérer collectivement la production de manière équitable. En un mot, nous continuerons à combattre pour que l'anarchie soit notre avenir.

Pour concrétiser cette volonté forte, nous allons lors de notre prochain congrès poursuivre notre travail d'actualisation de notre projet politique face aux enjeux de notre temps, et définir des stratégies pour élever le rapport de force des opprimé-e-s en faveur du progrès social et de l'extension des libertés collectives et individuelles, premier pas vers le communisme libertaire.

Le 16/03/2015

Le Secrétariat aux Relations Extérieures de la Coordination des Groupes Anarchistes


Lu ici : http://anarlivres.free.fr/pages/nouveau.html

ou en .pdf là : http://anarlivres.free.fr/pages/documents/TexteGrPuigAntich.pdf

Le groupe Puig-Antich s’est récemment dé-fédéraliser de la Coordination des groupes anarchistes (CGA) à la suite d’un certains nombres de divergences qu’il analyse dans un texte où il dénonce pratiques sectaires et autoritaires, dérives idéologiques (références à des « minorités nationales », principes d’unité stratégique et d’unité tactique…) et différences d’analyses sur des sujets tels que l’antipatriarcat, l’islamophobie et l’anticléricalisme


Groupe Anarchiste Puig Antich
C/o Cercle d'Etudes Sociales - B.P. 40233 66002 PERPIGNAN CEDEX Librairie Infos

- 2, rue Théodore Guiter - 66000 PERPIGNAN

contact(a)groupe-puig-antich.info

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A propos de notre dé-fédération...

Notre dé-fédération de la Coordination des Groupes Anarchistes puise ses racines à diverses sources. Il s'agit de questions de formes, de fonctionnements, de fonds politiques et idéologiques. Mais avant de les aborder et de tenter d'analyser les raisons qui ont conduit à ces dérives ayant motivé notre dé-fédération et aux dégâts qu'elles ont pu causer, nous nous devons d'insister sur deux points importants : la nécessité de s'organiser et la forme que prend une organisation. Par ailleurs, nous précisons que l'outil CGA nous convenait, même si certains aspects restent perfectibles, comme dans toute organisation.

En premier lieu, notre groupe Anarchiste a conscience qu'il ne s'agit pas d'une quelconque faillite du mode organisationnel militant. En effet, nous nous revendiquons du courant de l'anarchisme social et nous pensons nécessaire et incontournable d'envisager l'Organisation comme un moyen, un outil, un type de regroupement et un lieu expérimental de ce que devra être la société communiste libertaire du futur. L'organisation est donc conçue comme un nécessaire regroupement de militant-e-s qui coordonnent leurs activités afin d'atteindre certains objectifs. En ce sens, l'organisation représente une première réponse à la question de l'action collective, de sa nécessaire coordination ainsi que sa stabilisation. En second lieu, l'action de s'organiser, s'inscrit au sein d'un processus idéologique qui prévoit de se regrouper pour ne pas rester isolés. La nécessité de l'organisation dans la vie sociale est pour nous chose évidente. Elle est à la fois principe et condition de vie sociale dans sa résistance à l'Etat et au Capitalisme. L'organisation de la «résistance» anarchiste est et reste aujourd'hui la voie de recours. Rappelons que le mouvement anarchiste s'est établi à l'origine en réaction à l'esprit d'autorité dominant dans la société civile, dans tous les partis et toutes les organisations ouvrières et contre leurs tendances centralisatrices. Le remède n'est pas la non organisation mais plutôt la prise de conscience de l'inutilité des «chefs». Dans une organisation anarchiste, tous les membres doivent se soucier de penser, de vouloir comprendre, de se faire expliquer ce qu'ils ne saisissent pas, d'exercer sur tout et sur tous leurs facultés critiques... L'Organisation est nécessaire pour mettre en réseau, rompre avec le localisme et renforcer l'impact des pratiques libertaires. Elle permet de faire exister politiquement un courant libertaire dans les villes, dans le pays et y compris au niveau international. L'Organisation telle que nous la concevons n'est pas une avant-garde de révolutionnaires professionnels appelés à diriger les luttes et les gens. C'est plutôt une « minorité » agissante de militants communistes libertaires, de compagnes et compagnons sur la même longueur d'ondes qui coordonnent leurs activités politiques. En second lieu, il ne s'agit pas plus pour nous de critiquer la forme organisée que la CGA connait, forme que nous avons contribué à faire naître et qui a pu nous donner satisfaction tout au long de près de13 années de militance en son sein (depuis juin 2002). Les textes originaux et l'essentiel des fonctionnements des origines avaient été conçus dans le sens de l'effort libertaire à mener au sein d'une organisation, effort permettant aux majorités ainsi qu'aux minorités de pouvoir exprimer leur point de vue en toute autonomie... L'adoption de nos décisions à 75%, la latitude décisionnelle attribuée aux réunions de coordination et le mandatement collectif (opposé au mandatement individuel) furent autant de choix pour lesquels nous avons opté en 2002 et qui restent aujourd'hui encore des modes de décision que nous jugeons corrects... Par ailleurs, le mode de calcul que nous avons adopté pour le portage des mandats (lors des décisions à prendre) permettait de ne pas écraser les liaisons ou les «petits» groupes et aussi «obligeait» les mandaté-e-s à être présent-e-s à hauteur du nombre de leurs mandats. 1

Même si ces modalités nous ont garanti un temps une militance libertaire efficace et sereine, cela n'a pas été suffisant pour nous permettre de poursuivre notre route au sein d'une organisation aujourd'hui empêtrée dans des dérives «sectaires» et des attitudes de plus en plus «autoritaires». L'adhésion à la Coordination des Groupes Anarchistes suppose l'acceptation sans réserves de ce qui suit. Ces « principes » ne seront révisables qu'à l'unanimité.

Ce qui fonde notre engagement anarchiste et révolutionnaire, c'est la dénonciation constante de toutes les inégalités sociétaires et des injustices de tous ordres: exploitation capitaliste, aliénation étatique, système de domination masculine, racisme. Ces inégalités et injustices ne sont pas le fruit du hasard et encore moins les « conséquences naturelles » de la vie en société. Elles sont en réalité le fruit de volontés politiques clairement définies et sont mises en place pour le plus grand profit d'un petit nombre de privilégiés et de privilégiées, au détriment de l'écrasante majorité des populations du globe. A partir de ce simple constat et de l'évidente réalité que les politiques d'exploitation et d'aliénation sont menées malgré les conséquences terribles dans lesquelles elles placent des centaines de millions d'individus - misère, déclassement, famine, racisme, aliénation, déficit culturel, etc. - nous nous sentons fondés à nous organiser et à organiser la lutte contre les conséquences de ces politiques et contre ceux qui les mènent, à savoir les Etats, les gouvernements, le patronat et les institutions d'aliénation et de coercition : Armées, Polices, Justice, Religions , etc. La CGA ne se propose pas de participer au Pouvoir. Elle lutte pour l'abolition de toutes les formes de pouvoir et d'autorité. Antiétatique, elle ne tient pas à développer, ni en son sein ni dans la société future, des relations de dominant-e-s / dominé-e-s. Seules des relations égalitaires sont susceptibles d'engendrer une organisation harmonieuse et égalitaire de nos vies. La CGA rejette, ce faisant, le recours à l'électoralisme qui favorise la distinction politicienne dominant-e/dominé-e, qui offre à une catégorie de « citoyens » et de « citoyennes » la possibilité de décider pour les autres et qui pérennise la domination et l'aliénation de l’État sur l'ensemble des individus. Ce rejet concerne toutes les consultations bourgeoises : municipales, cantonales, régionales, nationales et européennes. La CGA se revendique de la lutte des classes et favorise autant que faire se peut les luttes sociales, les luttes à caractère syndical et les luttes de citoyens et de citoyennes qui s'auto-organisent dans le but de faire reculer l'exploitation et la domination ! Nous favorisons l'action directe des individus et des masses afin de réaliser, dès à présent leur nécessaire auto-organisation, alternative réelle à la politique politicienne et à la délégation de pouvoir. La CGA prône un mode organisationnel, le fédéralisme libertaire, qui a pour objet d'assurer les rapports des individus entre eux, de l'individu avec le groupe et des groupes entre eux. Il a pour base l'autonomie des individus et des groupes et repose pour l'essentiel sur la Solidarité et l'Entraide. La CGA a l'ambition d'aboutir à une société basée sur le communisme libertaire d'où les aspects de l'exploitation et de l'aliénation auront disparu.


Ces éclaircissements étant posés, nous pouvons aborder certaines des causes qui ont fini par avoir raison de notre attachement militant à la CGA.

Le post modernisme et le post anarchisme...

La motion sur l'anti-patriarcat de la CGA, outre le fait qu'elle a mis en lumière des désaccords sur le fond et sur la forme, allait ouvrir sur une overdose de textes, parmi lesquels un certai n nombre d'affirmations ou de prises de position à tendance sectaire, ostracisant toutes celles et tous ceux qui n'y adhéraient pas totalement. Nous avons fini par sombrer dans un «baragouinage» d'où émergeaient des inepties du genre «chaque homme est un violeur potentiel» ou bien «les questions féministes ne peuvent pas être comprises par les mecs...». Tout ça avec, en toile de fond, une insistance à faire de l'«Homme» le sujet de la Domination masculine et ce, quel que soit son engagement personnel et militant, y compris dans une organisation libertaire et...y compris à la CGA... Objectivement, la cible venait de changer, l'Homme remplaçant en la circonstance le véritable ennemi : le seul sujet de la Domination elle-même. L'homme devenant l'ennemi irréductible aux yeux d'une frange militante plus prompte à développer un féminisme radical qu'un anarchisme opposé aux divers Systèmes de Domination, parmi lesquels le système patriarcal. Des problématiques et/ou des pratiques de «tribus» ont ainsi peu à peu remplacé l'affrontement global aux Systèmes de Domination, à savoir : Etat, Capitalisme, Religions, Racismes, Sexisme etc.

Nous avons été convié-e-s peu à peu à une série de situations conflictuelles, une spécialisation, en quelque sorte un remake de la dialectique du «charcutier»1 tant décriée dans les années 70. Nous avons considéré que ces attitudes instillaient au sein des organisations révolutionnaires en général, libertaires et anarchistes en particulier, le poison de la division, favorisant ainsi l'adversaire de classe, l'entité qui détient l'Autorité, celui-là même qui génère la Domination ! Il en est allé de même concernant le concept d'«islamophobie», apparu peu à peu aux détours d'une phrase, d'un texte, d'une motion, pour devenir parole d'évangile, alors que le concept à combattre existait déjà : le racisme anti-arabe ou anti-maghrébin. Sur le plan de la doctrine, nous aurons l'opportunité d'en parler plus loin. Aussi, l'islamophobie, terme suffisamment flou pour pouvoir couvrir une réalité et son contraire, est devenue du jour au lendemain, la seule acception qui pouvait avoir cours dans nos écrits ou déclarations de la CGA. Tout passait par ce filtre, au point qu'une édition de groupe, «le libertaire 66» N°19 de septembre 2013, fut dénoncée en interne par des groupes de la CGA, certains allant même jusqu'à demander qu'elle soit retirée du site fédéral. Ne pas risquer une critique de l'islam en tant que religion pour ne pas faire le jeu du «fascisme» malgré nous ! Il n'est donc pas étonnant alors de trouver pêle-mêle lors de la manifestation du 18 janvier 2015 (contre l'islamophobie) des prosélytes religieux très "visibles" : slogans "Allah est grand", banderole "touche pas à mon Prophète", des drapeaux nationaux algériens, palestiniens (nationalistes ?) et des militants anarchistes, ceux de la CGA par exemple. Sans pour autant que ces derniers ne trouvent là une occasion de se remettre en cause ... Là, encore une fois, notre groupe ne peut accepter, au nom d'une organisation anarchiste quelle qu'elle soit, de telles compromissions. Notre démarche anarchiste, sur ce point-là, à toujours été celle de combattre toutes les religions et tous les États. A force de jongler avec des concepts bien éloignés de nos fondamentaux révolutionnaires, communistes libertaires et anarchistes, ceux-ci finissent par retomber sur la tronche de celles et ceux qui les emploient à mauvais escient. Les dérives «fondamentalistes, extrémistes, terroristes etc.» repérées historiquement au sein des diverses religions trouvent leur origines et puisent leur légitimité dans le corpus idéologique même de ces diverses religions. Une idéologie autoritaire, dogmatique et sectaire, quelle qu'elle soit, contient dans son ADN toutes les dérives possibles, tous les dénis possibles et imaginables de la liberté individuelle, toutes les remises en cause de la dignité humaine et la totale négation des choix que les individus opèrent, quand ils décident de lutter pour l'avènement d'une société débarrassée de toutes les dominations... Pour nous il ne peut y avoir de place pour une appréciation intermédiaire, voire consensuelle d'une idéologie autoritaire, au seul prétexte que cette idéologie serait l'apanage d'une «minorité nationale». Le fait que des individus représentent une «minorité» à partir d'un choix qu'elles et ils font en conscience, ne suffit pas, pour ce qui nous concerne, à en faire des allié-e-s ni du reste des adversaires. La question des «minorités» et des «majorités» reste liée à un essentiel : la place attribuée à la prise de conscience individuelle et collective de la nécessité de renverser le vieux monde. La place de chacune et chacun, confronté-e à l'impérieuse nécessité de la lutte contre tous les systèmes de domination. Ainsi, pour nous, nombre des «minorités» se trouvent fort éloignées de nos principes anarchistes. Pour autant nous avons toujours conscience de la nécessité de la lutte antiraciste et de la lutte antifasciste. Nous pourrons à l'avenir poursuivre et amplifier ces luttes, sans les rattacher à des concepts flous et dangereux qui font malgré eux le jeu des «fascismes de tous bords»... Pour finir, nous insistons sur une réalité connue de beaucoup, sinon de toutes et tous, la Religion, les religions « s'avance[nt depuis le fond des temps] sur trois colonnes : celle des ambitieux, celle des hypocrites et celle des imbéciles ». Il est dommageable que dans le sein d'organisations révolutionnaires et libertaires, la troisième colonne fasse des adeptes ! Des «idiots utiles» en quelque sorte.

L'éloignement de l'idéal «pédagogique»...

«On ne naît pas femme on le devient 2» A partir de cet axiome on pourrait laisser croire que seule la «Femme» subirait un conditionnement de genre, conditionnement qui la confine à un statut subalterne, secondaire et inopérant. Dans ce sens, tous les Hommes, tout en étant conscients de cette situation, s'en contenteraient, comme d'affreux «machos», bien heureux de profiter du Pouvoir qu'ils en tireraient! En fait le système de domination masculine spolie les femmes, toutes les femmes, mais en même temps il spolie aussi les hommes, et une partie d'entre eux en a pris conscience. Même si, dans le système actuel de domination masculine, un homme, dès sa naissance se voit attribuer le rôle et les moyens de la «domination» parce que né homme, on peut reprendre la formule initiale de Simone de Beauvoir et en l'inversant, «on ne nait pas homme, on le devient» on laisse objectivement à l'individu le choix d'accepter ou non, en conscience, le statut de dominant que seul le système de domination lui confère vis-à-vis de la femme, des femmes ! Nier le fait que des hommes, nombreux, se retrouvent objets de spoliations, d'exploitations, d'aliénations, lesquelles sont directement issues des divers systèmes de domination (dont le système patriarcal lui-même) relève d'une attitude improductive, sectaire et autoritaire, et ce dès lors qu'elle rejette une fois pour toutes le statut d'êtres aliénés, ostracisés des hommes «parce que nés hommes» ! Notre groupe ne s'accommodait plus du corsetage de l'organisation via de très longs textes, appelés «motions», improprement à notre sens, textes qui peu à peu sont devenus parole révélée, table de la loi et plus précisément ligne de parti. Le dogme a peu à peu envahi l'organisation, au point de mettre à l'index toutes celles et tous ceux qui ne s'y conformaient pas. En réalité l'organisation se définissait par rapport à certaines positions établies au préalable, à certains textes qui avaient vocation à donner le «La» à l'ensemble des adhérent-e-s... La rhétorique pseudo savante a remplacé la recherche en profondeur des réponses à apporter lorsque nous étions confronté-e-s à des questionnements somme toute bien légitimes. D'où très certainement, la production de textes très (trop) longs destinés à être publiés, parsemés de mots incompréhensibles pour les militant-e-s eux mêmes et donc nous éloignant encore plus des hommes et des femmes avec lesquel-le-s nous étions censé-e-s communiquer ! Ainsi, l'organe de la CGA, «Infos & Analyses Libertaires» outre le fait qu'il perdait de sa pertinence, ne s'adressait plus qu'à un petit microcosme militant, nombriliste et muni d'un bagage universitaire. Loi n de nous l'idée que les textes ne doivent pas êtres fouillés, documentés et qu'ils ne doivent pas inviter à la réflexion... Mais ce n'est pas en proposant un verbiage ésotérique que l'on parvient à cet objectif.

Le révisionnisme anarchiste...

Nous revenons ici sur le concept d'Islamophobie en le reliant directement à son substrat, à savoir «le fait religieux». Notre groupe a manifesté son ancrage anarchiste, antifasciste et antiraciste, sans discontinuer depuis 19813 sur Perpignan... C'est un fait, sur la route du progrès social, les religions multiplient les embuscades et les obstacles. Du haut des chaires innombrables dont disposent les clercs de toutes les religions, la parole de résignation et d'obéissance retentit et s'adresse à des auditoires considérables. Les homélies qui, des lèvres des curés, des missionnaires, des pasteurs, des rabbins et des imams, tombent en pluie de soumission sur les foules que le culte rassemble dans les lieux où l'on prie, ces homélies entretiennent dans les masses les préjugés et les erreurs, sur lesquels reposent et perdurent les sociétés autoritaires et capitalistes que la propagande et l'action anarchistes ont pour but d'éradiquer. Le fait de procéder au rangement des pratiquant-e-s à une religion ou à une autre dans le tiroir des «minorités nationales», sans prendre la précaution préalable de définir exactement ce qui détermine le fait «minoritaire» nous semble être une réelle remise en cause de nos fondamentaux anarchistes et/ou communistes libertaires.

En fait, nous nous attachons toujours à ce qui fait le statut minoritaire au regard des systèmes de domination. Ainsi, dans toutes les sociétés inégalitaires, sous toutes les latitudes, la petite minorité des nantis spolie la grande majorité des femmes et des hommes qu'elle côtoie. Cette réalité est indiscutable et nous renvoie à cet axiome : la majorité d'individus est minoritaire, socialement, économiquement, culturellement, dès lors qu'elle subit un système oppressif d'exploitation et de domination de la part d'une minorité qui détient de manière exclusive les rennes du pouvoir et les capitaux. Concernant les minorités «visibles», minorités dont les membres sont reconnaissables en fonction de différences visibles (couleur de peau...), nous nous attachons à considérer que le statut qui leur est réservé relève le plus souvent d'attitudes et de postures racistes et xénophobes, toutes choses que nous combattons en tant qu'anarchistes dès lors que nous n'envisageons qu'une seule race humaine sans autre type de distinction. La référence à des «minorités nationales» ne fait pas partie de notre corpus idéologique. En revanche, on la retrouve dans des textes en vigueur au niveau européen comme par exemple la recommandation N°1201 adoptée le 1er février 1993 par l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe qui demandait d'adopter un protocole additionnel à la Convention européenne des Droits de l'homme, sur les droits des minorités nationales.

L'expression «minorité nationale» désigne un groupe de personnes dans un État qui :
1. résident sur le territoire de cet État et en sont citoyens ;
2. entretiennent des liens anciens, solides et durables avec cet État ;
3. présentent des caractéristiques ethniques, culturelles, religieuses ou linguistiques spécifiques ;
4. sont suffisamment représentatives, tout en étant moins nombreuses que le reste de la population de cet État ou d'une région de cet État ;
5. sont animées de la volonté de préserver ensemble ce qui fait leur identité commune , notamment leur culture, leurs traditions, leur religion ou leur langue.


Ainsi, réviser son vocabulaire et réviser ses sources idéologiques, au point de préférer enfourcher les bruyantes «trompettes de Jéricho [croyant]» plutôt que de se nourrir de nos propres sources anarchistes et de nos références athées, c'est l'écueil dans lequel nous ne voulions pas tomber. Du fourvoiement, il n'y a qu'un pas avant de sombrer dans le révisionnisme idéologique.

Les fonctionnements «autoritaires»...

Une organisation libertaire digne de ce nom accepte le débat sans rechigner. Un point de vue peut être minoritaire un temps et devenir majoritaire plus tard. Mais durant la période où il est minoritaire, il doit lui être possible de le faire valoir sans se voir constamment rabroué, discrédité, insulté etc. Nous déplorons que ceux-là mêmes qui défendent la notion de «minorités», en les qualifiant de «nationales», puissent refuser à un point de vue minoritaire de s'exprimer au sein de leur organisation, dès lors que ce dernier se questionne sur la validité des arguments justifiant cette notion de «minorités nationales», arguments fort éloignés de la doctrine anarchiste... L'organisation a glissé, au fur et à mesure, vers des attitudes de «donneurs de leçons», notamment à l'intérieur du champ libertaire, adoptant des positionnements fort peu fraternels vis -à-vis des autres organisations se réclamant de nos idées communes (l'AIT à une époque, la FA assez souvent, plus récemment la Horde et de manière circonstancielle les autres ont eu à essuyer des critiques...) Dernièrement, lors du Salon du livre libertaire à Lyon, sous le prétexte qu'un intervenant invité pour animer un débat autour de la PMA proposait une vision non conforme pour certaines personnes, dont certain-e-s adhérent-e-s de la CGA du cru, une action «viriliste» et violente a mis un terme au débat prévu avant même qu'il ne s'engage. Nous considérons que ce type de comportements n'a pas sa place à l'intérieur du champ libertaire. La pétition qui a suivi et qui a regroupé la quasi unanimité des maisons d'éditions présentes au salon, des entités présentes et des militant-e-s libertaires, contenait des accusations que nous aurions pu faire nôtres. Certains dans la CGA ont alors considéré le texte pétitionnaire comme étant «pourri» et d'autres ont affublé les signataires du vocable de «vieux réacs libertaires». Nous avons eu en cette occasion l'intime conviction que certain-e-s dans l'organisation voyageaient dans nos milieux avec en poches des passeports «staliniens». Déni de débats, violences, irresponsabilité, manipulations... la coupe était pleine. 5

En ce qui concerne nos relations au-delà de nos frontières hexagonales, nous avons eu la désagréable impression d'être les dindons de la farce. Depuis 2009 et jusqu'à novembre 2012, notre groupe a porté le mandat du Secrétariat aux relations internationales pour la CGA. Au cours de cette période, nous avons favorisé le maximum de contacts sans privilégier une organisation plutôt qu'une autre dans le champ des organisations libertaires, anarchistes, anarchosyndicalistes. En établissant un contact minimum limité aux échanges avec le réseau Anarkismo, nous ne faisions en cela que respecter un mandatement ancien qui formulait une certaine méfiance vis-à-vis d'un site considéré (plutôt à juste titre) comme plate-formiste. En novembre 2012 (5ème congrès de l'organisation à Toulouges dans les PO), il a été décidé que la CGA demande son intégration à un «réseau» mais non à une éventuelle internationale en gestation. L'intégration à Anarkismo devait s'accompagner de nos précisions (à figurer sur le site) concernant L'unité théorique ; L'unité tactique ; L'action et la discipline collective... Cela n'est jamais apparu sur le site d'Anarkismo. Par la suite, certaines déclarations dans la CGA commencèrent même à donner un écho favorable au courant especifista ... Des glissements qui conduisent tout naturellement vers l'alignement sur la déclaration de principe d'Anarkismo. Les principes d'unité stratégique et d'unité tactique, érigées en principes indiscutables, n'ont jamais trouvé auprès de notre groupe un écho favorable. Nous savons les dégâts que de telles affirmations ont pu produire au cours de l'Histoire de notre mouvement. La dérive autoritaire a couronné ces errements idéologiques et politiques et a favorisé la critique marxiste toujours prompte à dénigrer notre mouvement. C'est la rhétorique marxiste qui a organisé le recours obsessionnel à la « théorie » éloignant ainsi le mouvement révolutionnaire de son objectif, la révolution dans le réel. Quant à la discipline et la responsabilité collective, elles ne peuvent se satisfaire du seul recours aux «tables de la loi» en interdisant à la minorité de donner son avis et de faire valoir les raisons qui l'ont conduite à cet avis. L'échec patent des organisations «révolutionnaires» se réclamant du marxisme -léninisme nous renseigne sur l'erreur que peuvent commettre des organisations anarchistes et communistes -libertaires qui se référeraient par dessus tout à cette notion d'efficacité. Tout en restant convaincus de la nécessité de nous organiser, nous avons donc décidé de quitter la CGA. L'organisation a progressivement dérivé vers un sectarisme totalement incompatible avec l'esprit, les idées et nos positions anarchistes. Elle a glissé vers des positions que nous qualifions de "post-anarchistes"...Elle nous est apparue de plus en plus clairement, sur des questions particulièrement importantes comme une entreprise "révisionniste", mettant en cause nos idéaux et tournant le dos aux réalités sociales. Elle s'est éloignée du monde extérieur, celui où la lutte de classe fait encore sens. Quand à tout cela se sont ajoutés des comportements «autoritaires» et l'instillation d' une «ligne de parti», les dérives repérées jusqu'alors ont fait que notre maintien au sein de la CGA aurait signifié un reniement de nos engagements libertaires.

Salutations anarchistes à toutes et tous.

Perpignan le 1er mars 2015

Le Groupe Anarchiste Puig Antich



Notes :

1 Ce dernier coupant le saucisson en rondelles

2 Simone De Beauvoir le deuxième sexe

3 Année de naissance du Cercle d'Etudes Sociales et de son organe de presse «Infos & Analyses Libertaires »



L'article du Libertaire 66 dont il est question est disponible ici : http://www.c-g-a.org/sites/default/files/libertaire_ndeg19.pdf
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Re: La genèse de la CGA

Messagede vroum le Mer 25 Mar 2015 10:20

A propos de l'adhésion de la CGA à Anarkismo, j'avais déjà tiqué à l'époque en lisant la Déclaration de principe d'Anarkismo :

http://www.anarkismo.net/about_us

Nous nous définissons comme anarchistes de tendance «plateformiste», anarchiste-communiste ou de ce que les latinos-américains appellent la tendance «especifista» de l'anarchisme. Nous nous identifions largement aux acquis théoriques et à la pratique organisationnelle prônée par cette tradition sans nécessairement adhérer à tous les propos et gestes de cette tradition. C'est-à-dire que c'est le point de départ de nos politiques, pas le point d'arrivée.

L'essence de cette tradition à laquelle nous nous identifions est la nécessité d'organisations politiques anarchistes qui tentent de développer :

L'unité théorique
L'unité tactique
L'action et la discipline collective
Le fédéralisme.


Ensuite dans les buts d'Anarkismo il est rappelé que l'objectif est de :

Convaincre les personnes qui veulent le changement social que le type d'approche exposé dans la Déclaration Anarkismo est le meilleur


Connaissant quand même des groupes et militants de la CGA, je n'ai pas compris comment ils pouvaient accepter de se définir plateformiste aujourd'hui et accepter l'unité tactique et théorique ce qui aboutit à un mouvement dogmatique, qui nie le pluralisme des tendances et sensibilités et qui rejette la diversité des tactiques dans l'organisation anarchiste et par conséquence dans les luttes (d'ailleurs quand on voit l'agression et la censure commises au salon du livre libertaire de Lyon par des militant-e-s de la CGA, on voit bien qu'ils et elles ne tolèrent aucun autre point de vue que le leur).

La plateforme est une caricature de l'anarchisme sous l'influence du léninisme qui n'a jamais été pertinente même si elle a eu quelques périodes d'influence (années 20 avec le groupe des russes en exil en France, années 50 avec l'OPB-FCL, années 70 avec l'ORA...). toutes les organisations qui ont tenté le plateformisme ont disparues plus ou moins rapidement ou on rejoint les rangs des orgas gauchistes, maoistes ou troskystes.

Sur la plateforme je vous conseille le texte de Malatesta qui démonte un à un les grands principes plateformistes : Anarchie et organisation (1927) :arrow: http://kropot.free.fr/Malatesta-orga1927.htm
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Re: La genèse de la CGA

Messagede vroum le Lun 30 Mar 2015 10:10

Ca ne s'arrange pas à la CGA, voici un extrait d'un communiqué du groupe parisien :

http://paris-luttes.info/du-colonialisme-d-hier-au-racisme-2886

Nous devons permettre l’alliance entre toutes les minorités opprimées, qu’elles soient religieuses, nationales ou sexuelles, de manière autonome et sans hiérarchie.
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Re: La genèse de la CGA

Messagede bajotierra le Lun 30 Mar 2015 10:27

oui ,

et les concepts employés dérivent de plus en plus du campisme

ainsi celui de la bourgeoisie "compradore", qui dans les luttes de libération nationale les "anti impérialiste" opposent a une bonne bourgeoisie celle qui est dite "nationale"

lu su wikirouge
"La bourgeoisie comprador désigne la classe bourgeoise qui, dans les pays dominés, tire sa richesse de sa position d'intermédiaire dans le commerce avec les impérialismes étrangers, par opposition aux bourgeois ayants des intérêts dans le développement de l'économie nationale. "
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Re: La genèse de la CGA

Messagede vroum le Lun 30 Mar 2015 12:25

A ce rythme, moi je dis à quand l'alliance avec les minorités politiques :mrgreen:

S'il faut aller sur wikirouge (sic) pour décrypter les communiqués de la CGA, ça la fout mal, ça sent trop la rhétorique marxiste tout ça

la bourgeoisie comprador :arrow: http://www.wikirouge.net/Bourgeoisie_comprador

le campisme :arrow: http://wikirouge.net/Campisme
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Re: La genèse de la CGA

Messagede vroum le Mer 1 Avr 2015 21:21

Lu sur le blog de Claude Guillon :

https://lignesdeforce.wordpress.com/2015/04/01/lalliance-des-minorites-est-elle-le-nouveau-sujet-de-lhistoire/

L’«ALLIANCE DES MINORITÉS» EST-ELLE LE NOUVEAU SUJET DE L’HISTOIRE?

C’est en lisant sur le site Paris-luttes.info (voir lien dans la liste, à droite de votre écran) un texte de la Coordination des groupes anarchistes (CGA) que m’est venu l’idée de prendre quelques notes sur la question soulevée en titre de ce billet.

Pour celles et ceux qui ne sont pas à l’écoute sur Twitter, je rappelle que quelques piques visant ce texte ont donné lieu à un non-débat ubuesque sur… la « pédophilie » et mes tentatives supposées de la « légitimer[1] ». La manœuvre a réussi en ce que la polémique, à coup de gentillesses de 140 caractères (la règle des messages sur Twitter), a complètement détourné l’attention du texte de la CGA.

Je précise que je n’ai aucun contentieux — je devrais peut-être écrire « n’avais » ! — particulier avec cette organisation. On m’a fait remarquer qu’un groupe parisien ne représentait pas nécessairement l’ensemble d’une coordination, ce qui me semble tomber sous le sens. Je crois que mes contradicteurs/trices ont du mal à comprendre que lorsque je critique un texte de M. Tartempion ou de tel groupe politique, sur un point précis, il ne s’agit pas pour moi de discréditer Tartempion ou le groupe, mais d’attirer l’attention sur le point précis qui me paraît litigieux, dangereux, ou simplement concerner tout le monde et mériter un débat critique. La manœuvre ridiculement diffamatoire qui me visait était exactement de nature inverse : ne prêtez pas attention à ce qu’écrit Guillon, c’est un … [remplir le blanc, ici avec « ami des violeurs d’enfants », voire « violeur d’enfants lui-même », excusez du peu !].

On a également avancé l’argument selon lequel le passage du texte que je vise ne poserait qu’un « problème de formulation ». S’il s’agit de disculper les auteur(e)s du texte de je ne sais quelle « faute morale », que je ne songe nullement à leur reprocher, pourquoi pas ? Cependant, il faut observer que toute expression, orale ou écrite, toute discussion, tout échange, étant entièrement constitué(e) de « formulations », je vois mal comment l’on pourrait se dispenser de leur analyse.

J’en viens à la conclusion du texte, intitulé « Du colonialisme d’hier au racisme d’État aujourd’hui[2] », qui m’a fait d’abord tiquer (c’est moi qui souligne en gras).

Nous devons permettre l’alliance entre toutes les minorités opprimées, qu’elles soient religieuses, nationales ou sexuelles, de manière autonome et sans hiérarchie. Nous avons besoin de nous unir autour de nos intérêts communs, sur des bases de classe, pour développer des luttes populaires capables de faire plier nos ennemis : États et bourgeoisies, quelles que soient les étiquettes dont ils se parent («républicain», «islamiste»…).


« L’alliance entre toutes les minorités opprimées, qu’elles soient religieuses, nationales ou sexuelles » ?

Passons, pour le moment, sur la stratégie d’ « alliance des minorités », fort problématique à mon sens et sur laquelle je reviendrai.

Essayons de comprendre qui sont ces « minorités ».

Minorités « religieuses » d’abord. La lecture du texte permet de confirmer la première hypothèse qui vient à l’esprit du lecteur et de la lectrice de 2015 : il s’agit des musulmans. Ne chicanons pas trop sur les mots, pour le coup. On comprend bien que les auteur(e)s visent le racisme « anti-arabe » qui se dissimule sous une détestation de la seule religion musulmane. Parfaite illustration : l’agression, en pleine rue, d’une jeune femme, accessoirement enceinte, au seul motif qu’elle porte un voile (ou un foulard, ce qui en l’espèce ne change rien).

Il se trouve que l’islam est aujourd’hui en France la religion la plus apparemment vivace. Ne connaissant pas les chiffres de fréquentation des lieux de culte, par exemple, j’ignore si cette impression est fondée. Mais la visibilité dans l’espace public est évidente, et non pas seulement du fait de femmes portant un foulard ou un voile ou d’hommes portant la barbe et un long vêtement ample (dont le nom précis m’échappe). Les seules fois où j’ai entendu parler de religion dans la rue ou les transports ces quinze dernières années, il s’agissait de jeunes adolescent(e)s enfants d’immigrés ; ils et elles parlaient du ramadan. Il eut été très surprenant que le renouveau d’une religion incarnée par des Français(e)s originaires du Maghreb ou né(e)s de parents originaires de cette partie du monde, n’entraînât pas un surcroît de racisme. Ce racisme, comme le rappelle à juste titre le groupe de Paris de la CGA, est d’origine directement coloniale.

Minorités « nationales » maintenant. J’avoue avoir fait d’abord, dans une lecture rapide, un contresens : pour moi « minorités nationales » évoque en effet les discours indépendantistes, basque, corse, breton. D’où un commentaire ironique qui a été bien mal compris : « Gros succès à prévoir chez les trans satanistes bretons ». Contrairement à ce qu’ont cru lire quelques crétins des deux sexes, cette formule ne vise à discriminer ou moquer ni les transsexuel(le)s ni les satanistes, ni les bretons. Elle moque celles et ceux qui pensent réaliser un nouveau « sujet de l’histoire » en « alliant » les minorités que ces catégories incarnent.

Revenons aux « minorité nationales ». Les militant(e)s de la CGA ne songeaient pas du tout aux basques, etc. Dans le corps du texte l’expression désigne notamment les Roms et semble-t-il les immigrés sans-papiers. D’un point de vue juridique, considérer un immigré sans-papiers comme faisant partie d’une « minorité nationale » est une contradiction dans les termes. On pourrait éventuellement, de manière polémique et en argumentant, considérer toutes les personnes vivant en France comme faisant partie de la Nation, mais alors à quoi rimerait de renvoyer les sans-papiers au statut de minorité « nationale », puisque cela reviendrait justement à récuser toute idée de « nationalité » ?

Tout cela est bien confus. Et le pire est à venir. Dans cette phrase :

Nous dénonçons de même un antisémitisme où la minorité nationale juive est rendue responsable de l’oppression des autres minorités, dans un contexte de multiplication des actes antisémites, dont la prise d’otage début janvier.


La « minorité nationale juive » !

J’admets que la question de l’ « identité juive » est assez complexe, si j’en crois les personnes elles-mêmes qui s’en revendiquent. Mais je ne vois pas comment on pourrait considérer d’aucune manière l’existence d’une « minorité nationale juive ». Il existe des personnes qui observent des préceptes de la religion juive ; on peut à bon droit les qualifier, en France, de « minorité religieuse ». Il existe des personnes de culture juive et/ou renvoyées à une identité culturelle juive du fait de leurs origines ou de la consonance de leur nom de famille. Ces personnes peuvent être racisées en tant que juifs ou juives, y compris sans s’éprouver ou se revendiquer comme juifs ou juives elles-mêmes. Mais ni les unes ni les autres ne constituent une « minorité nationale », opprimée de surcroît ! Je ne sache pas que les « juifs », dans n’importe laquelle des acceptions précédemment envisagées, soient discriminés ou stigmatisés par les lois républicaines.

En passant : il me semble que ce discours, même si cela n’entre évidemment pas dans les intentions des militant(e)s de la CGA Paris, rejoint dangereusement celui du Likoud israélien appelant les juifs français à rejoindre leur « patrie naturelle ».

Cette confusion explique, si l’on peut dire, ce qui m’était apparu comme une incongruité sur l’affiche appelant à une conférence-débat le 27 mars dernier[3] : la mention que la conférence serait animée « par un militant libertaire juif de la CGA-Lyon ».

On peut supposer (?) que l’adjectif « juif » ne renvoie pas ici à la pratique d’une religion monothéiste, même si l’on a connu des « anarchistes chrétiens ». C’est donc probablement en tant que membre de la supposée « minorité nationale juive » que ce militant a souhaité se présenter. Comme si « libertaire » ne suffisait pas en fait de « minorité » !

Venons en à la dernière partie du triptyque, la moins détaillée dans le texte : les « minorités sexuelles ». Elles ne sont évoquées qu’une fois, sous l’acronyme classique LGBTI : lesbiennes, gays, bisexuel(le)s, transgenre et intersexe.

Nous voilà au complet !

Cette « stratégie » d’alliance, qui ressemble davantage à un alignement de tribune, n’est pas complètement nouvelle. Elle rappelle vaguement le gauchisme des années 1970, cherchant à fédérer des « contestations » : femmes en luttes + immigrés + comités de soldats, etc. Cependant, l’apparition de « minorités religieuses » dans une stratégie révolutionnaire anarchiste me semble inédite. Et non-viable.

Que l’on partage, non sans problèmes parfois, une lutte avec des personnes très diverses, dont certaines ont des croyances et des pratiques religieuses contraignantes, c’est une nécessité de toute lutte de classe (la CNT syndiquant des travailleurs du métro, musulmans pratiquants, en a fait l’expérience). Que l’on combatte le racisme dont sont victimes, sous prétexte de leur religion, des personnes immigré(e)s ou enfants d’immigré(e)s doit aller de soi. Mais envisager d’intégrer en tant que telle une « minorité religieuse » à une espèce de front de lutte, revient à renoncer à la critique de la religion elle-même, de la croyance en un « dieu » créateur, omniscient et devant régir les comportements quotidiens des êtres humains. Puisque c’est en tant que croyant(e) discriminé(e) que le sujet est considéré comme partenaire naturel, il serait paradoxal de se permettre de remettre en cause la rationalité de ses choix, et ses conséquences, ce qui constituerait une discrimination supplémentaire[4].

Ce qui me frappe dans le passage du texte ci-dessus reproduit, c’est le téléscopage entre ladite stratégie d’alliance des minorités et une position « classiste »… classique : « Nous avons besoin de nous unir autour de nos intérêts communs, sur des bases de classe, pour développer des luttes populaires capables de faire plier nos ennemis. »

Je serais curieux de savoir par quelle opération magique des populations choisies sur la base de leur appartenance, réelle ou fantasmée, à des « minorités » pourraient s’allier « sur des bases de classe ».

Si au contraire, c’est dans une lutte, dans un quartier ou sur un lieu de travail, que des personnes appartenant par ailleurs à telle ou telle minorité, se retrouvent au coude à coude, alors on peut espérer que leurs appartenances « identitaires » ne feront pas obstacle à la lutte commune.

Partir des « identités », et plus encore quand elles sont définies de manière fantasmatique, est une démarche vouée à l’échec. Pire, elle risque de contribuer au contraire de son objectif : renforcer des regroupements « identitaires » ou « communautaires ».

Je ne demande à personne d’oublier d’où il ou elle vient ou de feindre une uniformité taisant les goûts et les aspirations de chacun(e), mais la démarche révolutionnaire me semble par nature nécessiter — et permettre — le dépassement des identités culturelles, philosophiques, érotiques et autres.



[1] Pour mémoire : je ne cherche nullement à « débattre de la pédophilie », encore moins pour la « légitimer », mais à comprendre ce que la réaction sociale à la dite « pédophilie » (sans définition ni légale ni scientifique, d’où les guillemets) peut nous apprendre des rapports sociaux de sexe et des rapports entre adultes et enfants. Le déferlement de sottise haineuse qu’a suscité la première citation (pas faite par moi) de l’un de mes textes sur ces questions montre que le potentiel émotionnel du sujet est intact. Émotionnel, pas critique, hélas, puisqu’au contraire « questionner » est ressenti comme un moyen — sournois ! — de « justifier ».

[2] Il s’agit si j’ai bien compris d’un communiqué, du groupe CGA région parisienne, distribué sous forme de tract à la manifestation du 21 mars « contre le racisme et fascisme ».

[3] Visible en illustration du communiqué sur Paris-luttes.info.

[4] Quid, par exemple, des mutilations génitales pratiquées sur les enfants ?
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Re: La genèse de la CGA

Messagede vroum le Mar 7 Avr 2015 19:21

la CGA a tenu son congrès ce week-end
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Re: La genèse de la CGA

Messagede Lehning le Mar 7 Avr 2015 20:06

Bonsoir !

Ok...

Qu'est-ce qu'il en ressort ? D'avance merci pour les infos !

A +
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Re: La genèse de la CGA

Messagede vroum le Mer 8 Avr 2015 09:20

La CGA n' a pas encore communiqué à ce sujet, en revanche elle a sorti hier 7 avril sur son site un numéro 103 d'Infos et analyses libertaires alors que leur communiqué du 16 mars disait que ce journal n'était plus l'organe de presse de la CGA. Je vois aussi que la liste des groupes et liaisons n'est pas à jour et comprend les groupes défédérés.

De plus le directeur de Publication est toujours un membre du groupe Puig antich de Perpignan, groupe défédéré de la CGA et l'adresse de la rédaction-administration n'est plus à Toulouse mais à Lyon désormais.

Va comprendre...

L'edito du journal dit suite aux tueries de janvier :

Jusque dans nos milieux, libertaires et/ou militants, des individus ou des groupes se permettent maintenant de cracher à la gueule des opprimé·e·s sous prétexte de liberté et d'impertinence. Les lignes de fracture se font et se défont au gré des évènements, comme si nous n'avions pas de principes communs, de base politique qui nous unissaient auparavant.
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Re: La genèse de la CGA

Messagede Lehning le Mer 8 Avr 2015 19:51

Bonsoir !

Ok, Ok^^ Il sera intéressant de suivre ce que vont devenir les groupes défédérés de la CGA et de ce que va devenir également la CGA.

A +
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