Le STRASS ou Syndicat du TRAvail Sexuel existe depuis 2009
en France. Il a été créé par des travailleurSEs du sexe lors des Assises européennes de la prostitution qui se tenaient alors à Paris ; y étaient rassembléEs des travailleurSEs du sexe, rejointEs par des juristes, des travailleurs sociaux, des sociologues, etc.
Parce que nous, les travailleurSEs du sexe, considérons que le respect des droits fondamentaux d’une personne est le meilleur moyen de favoriser son émancipation, nous nous battons avec le STRASS pour que touTEs les travailleurSEs du sexe aient les mêmes droits que toute personne et toutE travailleurSE. Alors, seulement, nous serons en mesure de nous défendre contre toute atteinte à nos droits.
Le STRASS pour qui ?
Le STRASS représente touTEs les travailleurSEs du sexe, quels que soient leur genre ou le type de travail sexuel concerné. Nous somme des prostituéEs (de rue ou indoor), des acteurTRICEs porno, des masseurSEs érotiques, des dominatrices profesionnelles, des opérateurTRICEs de téléphone/webcam rose, des strip-teaseurSEs, des modèles érotiques, des accompagnantEs sexuelLEs, etc.
Le STRASS accorde une attention particulière aux femmes - en adoptant une position féministe fondée sur le droit de chacune de disposer librement de son corps - et aux migrantEs - en adoptant une position critique à l’égard des politiques migratoires qui les mettent en danger.
Le STRASS pour quoi ?
Nous revendiquons l’application du droit commun à touTEs les travailleurSEs du sexe. A ce jour, la législation française est particulièrement discriminatoire à l’égard des travailleurSEs sexuelLEs que sont les prostituéEs (de rue ou indoor), en conséquence de la politique prohibitionniste menée par la France.
Nous luttons pour la reconnaissance de toute forme de travail sexuel, contre sa prohibition, car toutes les dispositions répressives qui entravent son exercice maintiennent les travailleurSEs du sexe dans l’insécurité et le non-droit. Notre statut professionnel devra nous permettre de garantir notre indépendance et de bénéficier d’une protection sociale et d’une retraite. A l’heure actuelle, même en cas de paiement de cotisations sociales et d’impôts sur le revenu, nous bénéficions de très peu de prestations sociales.Nous exigeons que les travailleurSEs du sexe, en particulier étrangères et en situation irrégulière, soient efficacement protégées contre le travail forcé, la servitude et l’esclavage ainsi que la traite à cette fin, en application du droit commun. Les enfants doivent également être effectivement protégés contre l’exploitation sexuelle.Nous nous battons pour l’abrogation du délit de racolage public. Depuis 2003, les travailleurSEs du sexe s’exposent à 2 mois d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende en cas de racolage public, qu’il soit actif ou passif. Cette infraction est non seulement appliquée de manière arbitraire par les forces de police – toute travailleurSe du sexe se trouvant sur la voie publique est considéréE comme unE délinquantE - mais elle a en outre pour effet de nous isoler (notamment des structures d’aide et de prévention), de nous précariser et de nous rendre plus vulnérables aux infections sexuellement transmissibles, au VIH, et aux abus de toute sorte.Nous réclamons la disparition du code pénal des dispositions sanctionnant spécifiquement le « proxénétisme ». Censées nous protéger des exploiteurs, elles font aussi obstacle à l’exercice de la prostitution en nous refusant la possibilité de nous organiser (en nous empêchant, par exemple, de partager un lieu de travail) ou de bénéficier d’une quelconque aide extérieure. Ces dispositions ont également pour conséquence de nous isoler toujours plus du reste de la population, en accusant de proxénétisme toute personne bénéficiant de nos revenus, y compris les membres de notre famille ou nos amis, à moins de prouver que leur train de vie correspond à leurs ressources.Enfin, nous nous opposons fermement à la pénalisation de nos clients. La loi permet déjà de sanctionner les atteintes ou agressions sexuelles ainsi que les « clients » de mineurs, de personnes particulièrement vulnérables ou de victimes de travail forcé ou de traite. Aller plus loin en sanctionnant les clients des travailleurSEs du sexe majeurEs, en l’absence de tous abus ou violence, portera non seulement une atteinte inacceptable à notre liberté sexuelle mais aura aussi pour effet d’aggraver notre situation. Nous rejetons l’idée selon laquelle nous serions, par principe, des victimes qu’il faudrait sauver, ce contre notre gré.
Le STRASS comment ?
Nous permettons aux travailleurSEs du sexe de reprendre la parole dans le débat public sur leur activité professionnelle. Nous en avons assez que notre parole soit passée sous silence, au profit d’autres intervenants présentés comme des spécialistes du sujet (médecins, catholiques et autres moralistes, abolitionnistes…). Nous luttons ainsi contre l’opprobre moral qui nous place soit dans le rôle de victimes, soit dans celui de contre-modèles pour le reste de la société.
Nous sensibilisons l’opinion publique à la réalité de la politique menée par la France contre les travailleurSEs du sexe, en particulier ses effets catastrophiques sur nos droits et sur les libertés individuelles en général.
Nous informons directement les travailleurSEs du sexe sur leurs droits et comment les faire valoir, en allant à leur rencontre et en mettant à leur disposition, en différentes langues, des fiches pratiques. Nous nous efforçons de les conseiller et de les soutenir dans leurs démarches. A l’échelle internationale, nous appartenons à différents réseaux rassemblant d’autres syndicats de travailleurSEs du sexe – en particulier l’International Committee for the Rights of Sex workers in Europe (ICRSE) et le Network of Sex Work Projetcs (NSWP) - afin de réfléchir et agir ensemble dans l’intérêt de touTEs les travailleurSEs du sexe.
http://site.strass-syndicat.org/about/