Le 33 rue des Vignoles

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Le 33 rue des Vignoles

Messagede indigné révolté le Ven 31 Aoû 2012 20:55

Le 33 rue des Vignoles
Le jeudi 30 août 2012

C’est un patrimoine vivant. Hérité de l’anarchisme espagnol, de la mémoire ouvrière et de la culture alternative. Une mémoire ancrée dans la vie de ce quartier du 20e arrondissement, aujourd’hui menacée de fermeture. Les travaux de rénovation coûtent chers et les négociations financières restent pour l’heure au point mort. Ce qui est en jeu ? Le maintien à Paris d’un espace autogéré des luttes, encore et toujours ouvert aux conditions du combat social de ce troisième millénaire.

Un reportage d’Antoine Chao

Dites "33" et souscrivez sur le site du CNT.
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Programmation musicale :
"Hijos del pueblo", de Violeta Ferrer.
"A las barricadas", de Thomas Jimenez.
"Guernica", "Garcia Lorca", extraits de "Mirada. Regard sur la guerre civile d’Espagne".
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Plus sur le sujet :
"La Nueve, 24 août 1944 - ces républicains espagnols qui ont libéré Paris", (Le Cherche Midi, 2011)


http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2514

http://l-indigne.skyrock.com/3111766371 ... noles.html
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Re: Le 33 rue des Vignoles

Messagede frigouret le Ven 31 Aoû 2012 21:26

Souvenirs.
Trente ans peut être déjà, alors que j'étais jeune ouvrier du bâtiment à paris, et suite à un appel lancé sur la toute récente radio libertaire, nous étions aller avec quelques amis participer bénévolement à des rénovations au 33 rue des vignolles. J'avais "rebecqueté" au plâtre un plafond écroulé sous le regard approbateur de quelques vieux espagnols qui avaient sûrement fait carrière dans le bâtiment aussi. Je serai curieux de savoir l'état actuel de ce plafond.
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Re: Le 33 rue des Vignoles

Messagede acratack le Dim 2 Sep 2012 08:45

bon débarras !!! si enfin cette orga pouvait s'autodétruire ca ferais du bien a l'anarchisme francais.
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Re: Le 33 rue des Vignoles

Messagede frigouret le Dim 2 Sep 2012 09:00

Et quelles sont les causes de ta colère ?
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Re: Le 33 rue des Vignoles

Messagede tatave le Dim 2 Sep 2012 09:12

frigouret a écrit:Et quelles sont les causes de ta colère ?

Son ignorance, il ne sait même pas que toute l'originalité de la CNT c'est d'être à la fois AS et SR.
Et que les vrais anarchistes de la CNT ont toujours combattu pour que le courant SR puisse s'exprimer.
Normal comme ce n'est qu'un anti-syndicaliste.
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Re: Le 33 rue des Vignoles

Messagede frigouret le Dim 2 Sep 2012 09:26

AS ? SR ?
Pour SR je devine syndicaliste révolutionnaire.
Pour AS je devine rien ( peut être anti syndicaliste ? Mais alors je comprend plus rien ! )
Dernière édition par frigouret le Dim 2 Sep 2012 09:27, édité 1 fois.
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Re: Le 33 rue des Vignoles

Messagede tatave le Dim 2 Sep 2012 09:27

anarcho-syndicaliste
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Re: Le 33 rue des Vignoles

Messagede frigouret le Dim 2 Sep 2012 09:29

Vite fait tu peux préciser les concepts ?
Dernière édition par frigouret le Dim 2 Sep 2012 09:40, édité 1 fois.
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Re: Le 33 rue des Vignoles

Messagede acratack le Dim 2 Sep 2012 09:35

la cnt vignolles n'est pas anarchosyndicaliste.
quand a l'interet du syndicalisme révolutionnaire il est nul. il descend de la charte d'Amiens qui a voulu extraire le politique du syndicalisme; ce fut la porte ouverte a toute les compromisson sous pretexte de neutralité ideologique. on voit ce que ca a donné dans les syndicats institutionels aujourd'hui, plus que jamais largement financés par l'etat et le capitalisme. mais on ne fait pas de politique nous dira t-on.

pour répondre a Frigournet. la cnt Vignolles est une orga qui s'est crée sur le vol et le mensonge. vol des moyens techniques et des signles. récupération d'une histoire afin de servir des interets completements opposés a cette histoire. et de plus elle a attiré nombre d'anars qui pensaient entrer dans une orga anarchosyndicaliste. Partout les vignolles se sont compromis avec les orga les plus pourries de l'hexagone. Ils ont meme presenté des candidats a des elections, recus des subventions en tout genre etc. mais hereusement aujourd'hui la vignolle n'existe casiment plus au niveau militant et il semble que ses jours sont comptés (sans subventions de l'etat qui n'en a plus besoin elle ne peux se suffire a elle meme). de toute facon les vignolles n'etaient meme pas syndicalistes revolutionnaires.
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Re: Le 33 rue des Vignoles

Messagede frigouret le Dim 2 Sep 2012 09:43

Après une rapide recherche je comprend au contraire que le syndicalisme révolutionnaire est idéologique, et que l'anarcho syndicalisme est une conception organisationnelle , bref je nage.
Dernière édition par frigouret le Dim 2 Sep 2012 09:44, édité 1 fois.
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Re: Le 33 rue des Vignoles

Messagede acratack le Dim 2 Sep 2012 09:44

Frigournet. je met ces articles pour une meilleure comprehension de l'anarchosyndicalisme.
http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article88 ici c'est plus complet.

http://www.cntaittoulouse.lautre.net/sp ... rubrique39
Réflexion sur l’Anarchosyndicalisme

Dernier ajout : 14 mars.

L’anarchosyndicalisme est un mouvement révolutionnaire globaliste. Constatant que tous les problèmes (économiques, politiques, sociaux) sont intimement liés, constatant que l’étatisme et le capitalisme génèrent inévitablement oppression sociale, crises économiques périodiques et destruction de la planète, il défend la perspective d’un changement radical de mode de vie et préconise une société égalitaire, dont les décisions sont prises et assumées collectivement et dans laquelle la liberté de conscience de chacun est respectée.

L’expérience acquise (en particulier avec la société autogestionnaire et libertaire de la Révolution espagnole) montre que c’est possible !

Dans l’immédiat, groupement de résistance, l’anarchosyndicalisme appelle les exploités et opprimés à prendre directement leurs affaires en main, à agir par eux-mêmes (sans se "reposer" sur des structures, des médiateurs qui les trahiront) et à se situer dans la perspective d’une solidarité de classe.


Quelques mots sur l’anarchosyndicalisme

Mercredi 14 mars 2012, par cnt // Réflexion sur l’Anarchosyndicalisme

La théorie renforce la pratique et la pratique nourrit la théorie. C’est dans cette lignée que s’inscrit l’anarchosyndicalisme. L’anarchosyndicalisme est le vecteur d’un projet de société, de la société libertaire. Il se propose de penser l’ensemble dans la confrontation avec les problèmes concrets. De ce fait il va s’opposer d’une part aux théoriciens élitistes enfermés dans leur tour d’ivoire et coupés des réalités du monde et d’autre part aux activistes et réformistes (syndicalistes, politiciens, associatifs…) dont le manque de perspectives ne fait que renforcer le système inégalitaire et injuste.

Un projet de société - et c’est parce que la société est composée d’Etres humains - que l’anarchosyndicalisme œuvre pour l’émancipation de chaque Personne. Il ne peut exister de société juste sans Individus libre et réciproquement. Nous cherchons donc à sortir des rapports de domination entre les individus, qu’ils soient économiques, sociaux, éducatifs, politiques ou autres. L’anarchosyndicalisme travaille ainsi pour l’émancipation du peuple (c’est-à-dire l’ensemble des individus) et non celle des « peuples » (entités composées à partir de supposées origines raciales, de localisations géographiques… qui caractériseraient leurs différences avec les autres). Pour nous, il n’existe et il n’existera toujours qu’un seul peuple : l’Humanité.

La société libertaire ne saurait être sans une réappropriation de la part des individus de leur vie, de leur activité, de leur liberté.

Une société libertaire se conçoit donc sans État ni Nation, car la chose publique est l’affaire de tous et non d’une élite plus ou moins représentative. Le pouvoir se doit d’être au Peuple et ne doit souffrir d’aucun représentant. La Femme et l’Homme libres étant les seuls à pouvoir « se représenter » et pouvoir parler en leur nom.

Humanistes, nous cherchons à encourager la capacité des individus à s’autodéterminer. L’anarchosyndicalisme reconnaît la classe des exploités et s’oppose à la rémunération du capital, donc au capitalisme. L’État n’est qu’un mode de coordination des individus parmi tant d’autre. C’est un système d’oppression.

L’anarchosyndicalisme lui, vise à une coordination de la vie sociale à la base, en réseau fédéral.

Pour nous, les moyens et les fins sont indissociables. Le monde nouveau ne saurait apparaître sans lutte, et c’est de cette lutte, celle des exploités, que viendra l’émancipation.

Contre l’infantilisation des exploités qu’ils pratiquent, nous nous opposons au syndicalisme, aux partis politiques ainsi qu’à toute forme de délégation. Nous nous reconnaissons dans la pratique de l’action directe (c’est-à-dire l’action collective, sans l’intervention de médiateurs ou d’autres intermédiaires) et n’admettons pas de compromission ni de co-signature avec les diverses organisations réformistes (quelle que soit leur forme : partis, syndicats, associations) car elles sont partie prenante du système qui les entretien et qu’elles feignent de combattre quand elles se réclament de « l’opposition »..

Nous sommes révolutionnaires car il est illusoire de croire que ce système peut se réformer lui-même en faisant disparaître les inégalités.

La lutte peut et doit se mener sur tous les lieux de l’exploitation, et c’est en développant la solidarité entre les exploités que nous la gagnerons.

Guillaume


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Re: Le 33 rue des Vignoles

Messagede acratack le Dim 2 Sep 2012 09:53

pour le syndicalisme révolutionnaire il faut bien distinguer les differentes formes qu'il a pris dans le temps.
il fut tout d'abord l'ancetre de l'anarchosyndicalisme, il était egalitariste et reelement revolutionnaire.
ensuite il a évolué grace a lenine et a sa clique vers un outil de domination. aujourd'hui il sert a masquer la compromition de certains. il a perdu tout sens.
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Re: Le 33 rue des Vignoles

Messagede frigouret le Dim 2 Sep 2012 10:05

Bon mais saint imier 1872 par exemple, on voit bien que ce sont les peuples , organisés en fédérations, autonomes qui s'allient pour un pacte de solidarité et de défense. Alors SR ou AS ?
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Re: Le 33 rue des Vignoles

Messagede acratack le Dim 2 Sep 2012 10:26

a l'époque l'anarchosyndicalisme n'existait pas en tant qu'expression. il s'agissait en effet de syndicalisme révolutionnaire. mais comme je l'ai dit avant, les mots et les pratiques evoluent dans le temps. le syndicalisme révolutionnaire de l'époque n'a rien a voir avec celui de maintenant. de meme les borses du travail de l'époque n'ont rien a voir avec celles de maintenant, et pourtant elles portent le meme nom. de meme si la CNT vignolles porte le sigle CNT, elle n'a rien a voir avec la CNt originelle ni avec l'anarchosyndicalisme.
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Re: Le 33 rue des Vignoles

Messagede acratack le Dim 2 Sep 2012 10:32

de meme la CGt a elle aussi beaucoup évolué. elle a été traversée par beaucoup de courants plus ou moins contradictoires. des libertaires aux staliniens. elle a connu nombre de cissions, il y a meme eu plusieurs cgt differentes en meme temps. la CGT-SR a donné naissance ensuite a la CNT-AIT. mais il ne faut pas se méprendre, la CGt actuelle est un outil de l'Etat et du capitalisme pour garantir l'exploitation des travailleurs (et meme des chomeurs).
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Re: Le 33 rue des Vignoles

Messagede frigouret le Dim 2 Sep 2012 10:39

Ouaips, un chat y perdrait s'est petits. Dans l'état actuel de ma perplexité chérie, je serai partisan d'une organisation de classe plutôt basée sur des exigences organisationnelles, autonomie des fédérations, et réunies autour d'un concept general de souveraineté populaire.
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Re: Le 33 rue des Vignoles

Messagede acratack le Dim 2 Sep 2012 10:53

frigouret a écrit:Ouaips, un chat y perdrait s'est petits. Dans l'état actuel de ma perplexité chérie, je serai partisan d'une organisation de classe plutôt basée sur des exigences organisationnelles, autonomie des fédérations, et réunies autour d'un concept general de souveraineté populaire.

ce que tu décrit est a peu près la CNT aIT francaise.
l'autonomie des fédéraition c'est le fédéralisme. recemment a été introduit la notion de fédéralisme en réseau qui permet en gros de lutter contre les prises de pouvoir qui sont le défaut possible du fédéralisme hérité du passé et qui a un peu vieilli.
quant a la souveraineté populaire, ce n'est pas exprimé comme ça mais "résistance populaire autonome". autonomie est préféré a souveraineté qui est trop emprtunt de marxisme leninisme.
Ouaips, un chat y perdrait s'est petits

oui. et c'est sur ca que jouent les escrocs des mouvements sociaux comme par exemple la cnt VIGNOLLES.
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Re: Le 33 rue des Vignoles

Messagede frigouret le Dim 2 Sep 2012 11:03

Je ne confond pas souveraineté populaire et >>democratie<< populaire ( qui est un système représentatif de parti unique, une dictature quoi ).

http://www.toupie.org/Dictionnaire/Souv ... ulaire.htm

Je poste cette définition partout en ce moment.
8-)
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Re: Le 33 rue des Vignoles

Messagede acratack le Dim 2 Sep 2012 11:18

je trouve ce concept trop vague. il ne me correspond pas en tout cas.
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Re: Le 33 rue des Vignoles

Messagede acratack le Dim 2 Sep 2012 11:26

sinon voila a quoi les vignoles participent.

j'adore ce passage qui résume bien ce qu'est la vignolle

C’est Marie qui m’a remis les pendules à l’heure : "Et alors, tu croyais trouver Durutti ? On savait que c’était ça la mouvance en ce moment, fric et frime, cliques en toc et look rouge-noir. Et on sait ce qu’on vient y faire. On vient rencontrer des gens attirés par cette fausse lumière. On vient militer, discuter, dire qui ont est, et ce que l’on n’est pas. Au moment où certains expliquent à qui veut l’entendre que l’anarchosyndicalisme n’a rien à voir avec l’anarchisme, c’est plutôt nécessaire non ?"

cliques en toc et look rouge et noir. ^^

Forum Social Libertaire
Sale coup de gueule

lundi 12 janvier 2004

Le voyage Toulouse-Paris avait été super. Départ vendredi 17 heures, arrivée à Paname, une heure du mat. Zique à fond dans la voiture, Chansons de révolte, rap de JL, Ferré, Desjardins, ça chantonnait souvent, ça braillait parfois, ça déconnait toujours. On était de bonne humeur, Julot et moi. On avait un Jeune Libertaire mélomane qui pionçait à l’arrière, et nous les vieux, on chantait Léo.

En montant au FSL, on était sûrs -indécrottables optimistes- que ça allait être intéressant, enrichissant, gai et drôle comme une bande d’anars en dérive. Julot lui, c’est le champion de la dérive. On rêvait fraternité et audace, ce fut marchandise et spectacle.

Le samedi matin, en entrant dans la grande salle du FSL, j’ai tout de suite pigé que ça allait être pénible. C’était aussi le salon du livre anarchiste ! J’avais oublié ! Le salon du livre anarchiste, c’est comme un vrai salon du livre sauf que les prix ne sont pas affichés. Il faut le demander au vendeur, en général un type ou une meuf plus tout jeune, placide et l’air habité par la sagesse. Il y a des stands avec des piles de livres, des CD, des vidéos, des tee-shirts (avec ou sans capuche, la tendance "chien noir sur fond rouge" fait fureur) des pin’s, des affiches. En anarchie comme ailleurs, tout est à vendre bien sûr. Même la révolte et le désespoir s’achètent, en pack, en promo, en "soutien", en leasing, à crédit. Les maisons d’édition parmi les plus prestigieuses du microcosme anar sont là : la FA, le Gallimard de la révolte, l’OCL, bien fourni dans le style fémino-écolo branché, AL ou l’Anarchie Liquéfiée, les zéditions Agone, rien que du beau papier et des textes truffés de phrases en français imbitables, et des zindépendants mi-bouquinistes - mi-militants.

Dans les autres salles, c’était un peu le désert. Salles de débats sans débatteurs, crèches sans gosses, salle "organisation" tout maigre d’organisation, mais la salle à bière fonctionnait à petit régime. Qu’est-ce qu’on foutait là ? Avec Julot, on est ressorti aussi sec de ce cirque, com-me pour s’enfuir. Le tôlier d’un bistrot d’à coté nous a ouvert. On a bu un café, discuté avec le patron et sa mère de l’Algérie, de Toulouse, du prix des clopes, de la connerie du monde et du nombre possible d’anars qui viendraient boire un coup chez lui s’il restait ouvert.

C’est Marie qui m’a remis les pendules à l’heure : "Et alors, tu croyais trouver Durutti ? On savait que c’était ça la mouvance en ce moment, fric et frime, cliques en toc et look rouge-noir. Et on sait ce qu’on vient y faire. On vient rencontrer des gens attirés par cette fausse lumière. On vient militer, discuter, dire qui ont est, et ce que l’on n’est pas. Au moment où certains expliquent à qui veut l’entendre que l’anarchosyndicalisme n’a rien à voir avec l’anarchisme, c’est plutôt nécessaire non ?". Elle avait raison Marie. Au fond les vrai-faux-non-anarchistes, on s’en foutait, on était là pour tchatcher avec les autres, encartés ou pas, ceux qui voulaient savoir, qui cherchaient, qui tiquaient du dé-cor. On voulait prendre contact, savoir ce qu’ils faisaient, ce qu’ils pensaient, savoir si on pouvait faire des trucs ensemble. Julot m’a botté le cul et on y est retourné. Et au fil des couloirs, devant notre table ou dans la cour en filant notre qua-tre pages, on s’est mis à discuter avec un tas de gens. Des djeune’s lookés destroy avec un appétit de savoir comme des ogres, des Vignoles de province tout étonnés d’apprendre qu’ils n’étaient plus anarchistes, des Allemands, des Anglais, des Tchèques, ... et un chien en bandana qui aimait bien la bière. De temps à autre, on croisait le regard sombre d’un apparatchik parisien, on entendait murmurer à notre encontre "dogmatique", "violent", "sectaire", ..., rien de grave. La seule embrouille, c’est que devant la furie d’acheter de certains visiteurs, un copain a vendu plusieurs brochures. Comme on avait décidé en AG à Toulouse de ne rien vendre, on a corrigé le tir : bien qu’on soit fauché, on ne vend rien ici ! On ne peut pas gueuler contre ces foires marchandes et venir y faire du business.

Vers 13 heures, on a laissé deux ou trois copains aux tables de presse, et on est parti en bande rejoindre la manif. Dans le métro, c’était gamin, c’était ludique, en troupe on sautait les barrières, on coinçait les portes en offrant la gratuité aux parisiens pressés, on tractait. Des Pieds Nickelés à la capitale quoi ! Puis vint la manif ! Ça aussi, on en avait débattu à Toulouse. On va à la kermesse ou pas ? Finalement, on avait décidé d’y aller pour tracter sur les bords, vers le public. Et même en rejoignant la super production FSE, on ne suivrait pas le cortège officiel, mais on tracterait les jeunes et les énervés. Et on l’a fait ! Ce fut à la fois triste et drôle. Fallait voir le tableau, un vrai mirage. Je gueulais les slogans comme on boit pour oublier, pour fuir le merdier. Un millier d’humains, de tous âges, mais blancs pour la plupart, déguisés en rouge et noir ou en noir, braillaient la révolution internationale en descendant, encadrés par quelques flics débonnaires, une rue étroite où d’autres humains, la plupart de couleur, sans habit rouge ni noir, les regardaient passer en silence, sans l’ombre d’un sourire, sans l’ombre d’un espoir. Je me sentais merdeux, j’ai pris mes tracts et j’ai tracté, tracté sans regarder. Au loin, au bout de la rue, place de la République, comme une cible, comme un appât, comme un appelant pour le tir au pigeon, flottait un immense ballon blanc aux couleurs du PS.

Arrivée à quelques pas de la place, la troupe de théâtre ambulant s’arrête. Un petit gars en keffieh armé d’un drapeau noir escalade une camionnette à musique où somnole Reynaud, l’auteur du fameux appel intersidéral au réformisme libertaire ("Appel à l’unité du mouvement libertaire"). Le genou posé sur le toit, le drapeau tendu comme en Espagne ou en Palestine, le gars prend la pose. Un écran de fumée s’élève en arrière plan tandis que les appareils photo et les caméscopes se mettent à mitrailler la scène. Julot reprend une gorgée de bière, rote et me lance : "Regarde, c’est la Star’Ac chez les bobos !". Ça se bouscule, des autonomes passent à l’avant en trottant, rigolards, suivis à la trace par les musclors à oreillettes. Et là, comme en apothéose, comme le point culminant du spectaculaire absolu, comme une dernière et définitive négation de ce que le mot anarchosyndicalisme veut dire, le Service d’Ordre de la CNT Vignoles claque un gars qui canardait les socialos à coup de canette, et se pose, air de chapons couillus et bras de gonflette, en rang serré entre les figurants socialistes et la manif libertaire. Des syndicalistes révolutionnaires qui assurent le SO des socialistes ! Qui peut accepter ça et se prétendre libertaire, anti-autoritaire, révolutionnaire ? Marie, Julot et moi, écœurés, on s’est barré tracter le FSE. Avec leur banderole demandant des crayons et leur tube de Manu Tchao, les étudiants des facs de Rennes nous auraient presque paru militants !

Le soir, des copains et copines ont dormi à droite à gauche, chez des potes à Paris ou en banlieue. On s’est retrouvé une dizaine chez Lulu, une militante des JL de Paris.

On a beaucoup parlé de la kermesse et de la foire aux livres, des idées, des espoirs et on a beaucoup bu et fumé aussi, et chanté jusque tard dans la nuit. Quand j’ai raconté ma vision de cette journée vide de sens, les copains m’ont trouvé sombre, nihiliste, méprisant. Et merde alors, même le mépris et la rage ont été vendus ? Il ne nous reste plus rien d’autre que le silence ou la révolte politiquement correcte ? Moi, je les emmerde tous, ces réformards rouge et noir, ces cheffaillons de bataillons de clowns, ces penseurs sans idées, ces anarchistes sans révolte. Je veux parler aux autres, à ceux qui se foutent du décor, à ceux qui ont mal au bide, à ceux qui ont définitivement tourné le dos à la combine, à l’apparence, à ceux que le mot Révolution libertaire ne fait ni rire, ni fuir. On dit de nous, militants de Toulouse, que nous sommes dogmatiques, puristes, sectaires et violents. A voir la guignolade parisienne, ce vide, cette absence sidérante de discours politique rupturiste, on mesure effectivement la distance ! Mais pour ce qui est de la violence, on n’en est pas au bord ! Où ont-ils trouvé ces mecs assez cons pour se croire anar en faisant partie du Service d’Ordre Socialiste ?

Le dimanche, on s’est tiré avec Julot, en voiture, sous la flotte, direction Toulouse. Julot la dérive a trouvé encore le moyen de se gourer de route. On s’en foutait, on parlait encore et encore, de ce monde de mort, de la lutte, de demain, de la Sociale.

# Paulo le cracheux


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