Prostitution

Prostitution

Messagede MélusineCiredutemps le Mer 15 Aoû 2012 00:07

Prostitution : liberté sexuelle ou liberté de consommer du sexe ?


Depuis des siècles, la prostitution est l’un des piliers fondamentaux de la domination masculine. A présent, même si les personnes prostituées ne sont pas toutes des femmes, elles s’identifient rarement comme appartenant à une catégorie identitaire de genre masculin. Ce qui n’est pas le cas de la clientèle. La prostitution alimente le mythe d’un « besoin sexuel » supérieur chez les hommes et celui d’une vénalité « naturelle » chez les femmes qui ne consentiraient que dans le cadre d’un échange pour obtenir autre chose qu’un rapport sexuel.

Selon les schémas du patriarcat, un homme se définit par lui-même, sa sexualité n’aura pas d’incidence majeure sur son identité, par contre une femme est définie par rapport aux hommes, et de sa sexualité découlera l’identité que la société lui attribuera. Cela se confirme, entre autre, par l’observation des habitudes langagières. Par exemple, l’usage quotidien et administratif imposant le qualificatif intrusif et infantilisant du terme « mademoiselle » aux femmes célibataires (ou supposées l’être) ainsi qu’aux petites filles induit l’idée selon laquelle l’intimité d’une humaine doit être étalée sur la place publique. De même, certaines administrations attribuent d’office à une femme mariée le nom de son époux même lorsqu’il apparaît clairement qu’elle ne l’a pas choisi, et feignent d’ignorer qu’un homme marié peut porter le nom de son épouse.

Sous l’Antiquité à Rome et en Grèce, la prostitution était encouragée pour préserver la famille patriarcale. Le système patriarcal construit, pour se pérenniser, des carcans identitaires auxquels les femmes doivent se conformer. Ils se divisent en deux grandes catégories : la femme « purifiée » qui appartient à un seul homme, est lavée de son « impureté originelle » en accédant au rôle sacralisé de « la mère qui enfante dans la douleur » (ex : la ménagère fidèle dont la sexualité est niée à l’image de la « vierge » marie), et celle qui est « impure », appartient à tous les hommes et sert de réceptacle aux « pulsions sexuelles » des dominants afin de préserver la « vertu » de l’autre femme (la prostituée qui n’existe qu’à travers une sexualité dont elle est dépossédée).

Objets sacralisé ou méprisé, on les oppose alors qu’elles sont les deux facettes de la même femme aliénable ou aliénée, jamais propriétaire d’elle même. Il existe de multiples formes de relations prostitutionnelles qui ne sont pas reconnues comme telles (ex : dépendance économique et "devoir conjugal" des "femmes au foyer"). La prostitution participe à leur maintien au travers des représentations qu’elle véhicule par sa simple existence. Elle encourage la volonté de toute puissance des individus qui préfèrent payer plutôt que prendre le risque de vivre des relations sexuelles égalitaires. « Mais ce qu’ils achètent, en un sens, c’est le pouvoir. Nous sommes censées nous conformer à leur bon plaisir. Ils nous dictent leur volonté et nous, nous devons leur plaire, obéir à leurs ordres. Même dans le cas des masochistes, qui aiment obéir, c’est encore sur leur ordre à eux que nous les commandons. La prostitution rabaisse non seulement les femmes, mais aussi le sexe... oui, elle rabaisse le sexe.[...] il y a dans la prostitution une indignité particulière, comme si le sexe était une chose sale et que les hommes ne pouvaient en jouir qu’avec quelqu’un de bas. Ça implique une espèce de mépris, de dédain, et une sorte de triomphe sur un autre être humain. » [1]

Dès le Moyen Âge, l’Eglise est favorable à la prostitution. « « Supprimez les prostituées, disait saint Augustin, vous troublerez la société par le libertinage. » Et plus tard saint Thomas [...] déclare : « Retranchez les femmes publiques du sein de la société, la débauche la troublera par des désordres de tous genre. Les prostituées sont dans une cité ce qu’est le cloaque dans un palais : supprimez le cloaque, le palais deviendra un lieu malpropre et infect. » » [2]. « Et Mandeville dans un ouvrage qui fit du bruit : « Il est évident qu’il existe une nécessité de sacrifier une partie des femmes pour conserver l’autre et pour prévenir une saleté d’une nature plus repoussante. » » [3].

« A mon avis, la conviction que les femmes sont sales, que les organes génitaux sont sales, nous colle vraiment à la peau. Si je n’aime pas qu’un type me jouisse dessus, je croie que c’est pour ça. Parce que je me trouve sale. Je n’aime pas ça parce que j’ai l’impression que je suis sale... et qu’eux ne le sont pas. Peut-être qu’eux, ça les lave. Le fait qu’on se croie sale est très important. » [4]. Il est donc clair qu’en réalité, l’idéologie puritaine rejette la liberté sexuelle et non la prostitution car cette dernière lui sert d’exutoire. Les puritain-e-s ont intérêt à entretenir la confusion entre les deux pour occulter l’existence potentielle ou vécue d’une jouissance inaliénable.

On peut constater que l’Eglise a réussi son entreprise de conditionnement mental durable et profond car la prostitution remplit toujours son rôle de force de répression contre la libération des personnes dominées en imposant l’image d’une vénalité « naturelle » et le sentiment de culpabilité dans leur sexualité. « L’une des pires choses, c’est de faire semblant. Il fallait mimer l’orgasme. Les hommes l’attendent parce que c’est la preuve de leur virilité.C’est une des pires choses. Ça, c’est vraiment se conduire en putain, cette malhonnêteté. » [5]

Au contraire, la véritable liberté sexuelle fait du désir et de la jouissance de chaque personne une fin en soi et exclut les « non-dits », la simulation ainsi que les rapports de domination. Les « travailleu-se-r-s du sexe » qui réclament la règlementarisation de la prostitution déclarent souvent ne pas vendre leur corps mais un « service sexuel ». Ce « service » se traduit quoi qu’il en soit par une mise à disposition du corps. Une sorte de location, comme si le corps d’une personne était un objet... un objet extérieur à elle-même. Et c’est à ce rapport de chosification et de division avec leur propre corps que les personnes prostituées sont contraintes de se soumettre pour satisfaire les exigences de leur clientèle. Cette vision réductrice du corps devenu objet est banalisée car profondément intégrée dans les mentalités. Ils influencent les prises de position des réglementaristes et des légitimistes qui accusent les abolitionnistes de puritanisme. Il est pourtant le fruit du conditionnement mental puritain qui consiste à vouloir séparer ce qui est supposé être « le corps » de ce qui est supposé être « l’esprit » en les plaçant dans un rapport hiérarchique. Puisque le corps est jugé « inférieur », il peut alors servir d’ustensile, d’outil de travail.

Cette division hiérarchique sert aussi de support à l’exploitation capitaliste en général, qu’elle se traduise par le salariat où par n’importe quel autre forme de rapport marchand. Cependant, dans la prostitution ce ne sont pas seulement certaines parties du corps qui sont utilisées, mais le corps tout entier selon les envies du client qui, comme dans tous commerce est « roi ». « Le pire, dans la prostitution, c’est qu’on est obligé de vendre, non seulement son sexe, mais aussi son humanité. C’est ça le pire : ce qu’on vend, c’est sa dignité humaine. » [6]

Le mot « travail » vient du latin « tripalium » qui désignait un instrument de torture. Et jusqu’à maintenant, il a gardé son sens premier : la souffrance, la pénibilité, le tourment. Il inclut un sens sacrificielle et appartient à la morale religieuse : « Tu travailleras désormais à la sueur de ton front [...] » (La Genèse). D’ailleurs, le « Qui ne travaille pas ne mange pas. » de St Paul fait écho à la morale capitaliste et à ses conséquences désastreuses. Pour vivre (ou survivre) il faudrait se soumettre à l’obligation de sacrifier son temps et son corps, gâcher une partie plus ou moins importante de sa vie et de sa santé dans la souffrance.

Avec le développement de la bourgeoisie, le sens de ce mot s’est élargi à celle d’activité marchande, l’inscrivant ainsi dans la dimension de l’échange qui induit la compétition entre les individus et leurs inégalités économiques et sociales. L’idéologie du travail s’impose et emprisonne les personnes dans cette obligation du « don – contre don » qui sert de justification « indiscutable » à la domination et à l’exploitation. Par conséquent, il n’est pas étonnant que le travail soit une valeur d’extrême droite. A l’entrée du camps de concentration d’Auschwitz il était écrit « Le travail rend libre » et la devise du Maréchal Pétain était « Travail, Famille, Patrie ».

Pour que le travail soit aboli, il faudrait que les activités utiles soient distribuées et exercées dans une dynamique de partage et de gratuité qui prenne en compte les besoins et les désirs de chaque personne, et non dans un maintien des rapports marchands qui, eux, sont basés sur une logique d’échange.

D’autre part, par le biais de la pornographie commerciale dite « professionnelle », de la publicité sexiste et des différentes formes de prostitutions, le capitalisme a intérêt à faire passer la consommation de sexe pour de la liberté sexuelle. Elene Vis, fondatrice de « l’école du sexe » au Pays-Bas déclare à ses élèves « Vous pouvez parler de techniques de vente. Vous devez vous vendre et peu importe qu’il s’agisse de votre propre corps ou d’aspirateurs. Le principe est le même ». Vouloir qu’un acte sexuel puisse être un « service » rendu dans le cadre d’un échange revient à vouloir défendre l’idée selon laquelle les personnes dominées doivent « naturellement » s’abstenir de rechercher le plaisir pour elles-mêmes. C’est vouloir que la sexualité soit un produit qui se vend plutôt qu’un plaisir qui se partage. La prostitution, c’est l’aliénation de la sexualité au capitalisme !

Vouloir la création d’un statut professionnel de "travailleu-se-r-s du sexe" c’est reconnaître une utilité sociale à la prostitution, c’est adhérer à la morale puritaine, à la marchandisation et au patriarcat. La prostitution ne représente aucun danger pour le système. Au contraire, elle est à son service et le sert avec une efficacité redoutable lorsqu’elle se revendique « librement choisie ».

La loi Sarkozy contre le « racolage passif » criminalise les personnes prostituées les plus vulnérables. L’écrasante majorité d’entre elles n’ont pas choisi de se prostituer parce qu’elles en éprouvaient le désir, mais pour survivre en espérant que cette situation sera temporaire. Pourtant ce n’est pas à elles que les médias capitalistes et machistes ont donné la parole au moment de la promulgation de cette loi, mais à des commerciales du sexe ultra minoritaires qui s’inscrivent dans une démarche règlementariste et/ou légitimiste et non pas révolutionnaire, revendiquant le titre de « travailleu-se-r-s du sexe ». Leur argument central est que la prostitution serait majoritairement un « choix professionnel », et que son existence serait une nécessité.

C’est ce que pensent également les anti-féministes (comme par exemple Eric Zémmour), dont celles et ceux qui, comme Elizabeth Badinter, affichent une étiquette de « féministe ». Le discours de Christine Boutin et Chantal Brunel (députée UMP de Seine-et-Marne) est plus hypocrite encore, car tout en admettant que la prostitution est une violence faite aux femmes, elles préconisent la réouverture des maisons closes.

On entend souvent « Si elles déclarent que c’est un choix, où est le problème ? ». D’une part elles sont ultra-minoritaires à déclarer que « c’est un choix » même si elles s’expriment au nom de toutes. D’autre part, qu’entendons-nous par « c’est un choix » ? Dans le cas d’un objet, « l’essence – c’est à dire l’ensemble des recettes et des qualités qui permettent de le produire et de le définir – précède l’existence » (J-P Sartre). Le concept « table » précède et conditionne la fabrication de tables. A l’inverse, pour les humain-e-s, l’existence précède l’essence car aucune divinité n’est à l’origine de notre « création ». « Il n’y a donc pas de nature humaine puisqu’il n’y a pas de dieu pour la concevoir » (J-P Sartre). Nous existons d’abord, nous nous définissons ensuite par l’ensemble de nos actes. Chaque personne est donc responsable de ce qu’elle est, car elle n’est pas l’oppression qu’elle subit ni l’un de ses actes isolé des autres. Elle est ce qu’elle choisi de faire et de dire dans les limites de la marge de manœuvre dont elle dispose qui dépend du contexte dans lequel elle se trouve. Elle est son propre projet, le fruit de ses choix, de ses choix uniquement, et l’injustice dont elle est la cible ne la définit absolument pas. Être conscient-e-s nous oblige en permanence à faire des choix car nous n’avons pas d’instinct pour nous dicter notre conduite.

La responsabilité que la condition humaine nous confère peut être angoissante, mais elle est aussi le signe de nos libertés potentielles. La plupart des choix sont des choix par dépit, des choix stratégiques de survie ou d’auto-destruction matérielle et/ou psychique, plus rarement, nous estimons avoir l’opportunité de choisir par désir. Tout acte humain est donc le résultat d’un choix, mais ce choix est la plupart du temps un consentement sans désir. Au sein des armées, il y a des individus qui y sont entrés volontairement, parce qu’ils adhèrent à l’idéologie militariste. Il y a aussi des personnes qui y sont entrées volontairement, mais sans désir ni conviction, parce qu’elles ne voyaient pas d’autre moyen pour survivre. Et il y en a aussi qui sont enrôlées de force, parmi elles certaines font le choix de tenter une évasion et d’autres se suicident.

On ne peut pas défendre la liberté sexuelle en se satisfaisant de la notion de consentement (qui d’ailleurs convient parfaitement à la justice étatique dans de nombreux cas de viols). Il est très fréquent qu’une personne consente à avoir une relation sexuelle, non pas parce qu’elle en éprouve le désir mais parce qu’elle pense qu’elle le doit, ou estime ne pas pouvoir s’y soustraire sans prendre de risques qu’elle ne pourrait supporter. Une passe, c’est un viol tarifé !

L’expression « liberté de choix » avancée dans les discours réglementaristes sonne creux... Au travers de son utilisation, il apparaît une confusion entre la définition de la liberté dans la doctrine libéraliste et la définition de la liberté d’un point de vue anarchiste. Pourtant, d’un côté on s’inscrit dans un système de compétitions et de performances qui répartie les possibilités d’exercer le libre arbitre de manière inégale. De l’autre côté on estime que la véritable liberté, celle pour laquelle on se bat, ne peut s’accomplir que dans l’égalité économique et sociale inconditionnelle. Il est évident que ces deux définitions s’opposent même si les « travailleu-se-r-s du sexe » déclarent choisir leur clientèle et prétendent aimer « le sexe ».

Mais il y a aussi des personnes prostituées qui choisissent de demander de l’aide aux services sociaux et aux associations abolitionnistes pour trouver la force et les moyens de quitter la prostitution. Je suppose qu’elles ont leurs raisons... leurs situations sont compliquées et elles sont très nombreuses aux regard des moyens dont disposent ces services sociaux et ces associations. En faisant l’apologie de la prostitution, les « travailleu-se-r-s de sexe » font un choix idéologique et politique ultra-libéraliste et non libertaire, de la propagande par l’acte contre la liberté sexuelle. « Une liberté qui ne s’emploie qu’à nier la liberté doit être niée », Simone de Beauvoir. Adhérer à leurs discours n’est pas compatible avec une quelconque solidarité a l’égard de l’écrasante majorité des personnes prostituées.

C’est facile de se proclamer « de gauche », voir « libertaire » comme le font certains individus favorables à la prostitution. Certains groupuscules et partis d’extrême droite se prétendent bien anti-racistes et/ou féministes, eux aussi... C’est un moyen très efficace pour brouiller les pistes que de se vautrer, avec une bonne rhétorique, dans la malhonnêteté intellectuelle avec ou sans paillettes. Pour l’auditoire, il peut apparaître plus confortable de se blottir dans le voile rassurant d’une négation bien ficelée. Il y a bon nombre de lâches et de crédules avides de clichés nourrissant leurs fantasmes de domination pour croire à des déclarations proférées par des personnes qui s’autoproclament représentatives parce qu’elles parlent beaucoup plus fort que les autres. Par contre c’est très compliqué, pour le plus grand nombre des personnes prostituées de faire entendre leur véritable point de vue. Non seulement parce que les médias ne leur donnent que très rarement la parole, mais aussi parce que dans la prostitution le mensonge et la simulation sont obligatoires, vis à vis de la clientèle avérées ou potentielles, des « collègues », et des proxénètes, c’est une question de survie.

Alors, entre l’écrasante majorité des personnes prostituées qui ne disposent pas de la marge de manœuvre nécessaire pour s’exprimer librement, et les « travailleu-se-r-s du sexe » qui utilisent les médias pour vanter les mérites de la servitude sexuelle volontaire, il y a effectivement une différence fondamentale.

Il est aberrant de croire que quiconque a la capacité de parler à la place, ou au nom de l’ensemble des personnes prostituées. Cela reviendrait à croire qu’elles ont toutes le même point de vue. C’est nier une grande part de ce qui fait leur condition humaine, à savoir leurs subjectivité. Parmi les personnes sans-papiers, il y en a qui se battent pour la régularisation de tout le monde et pour la liberté de circulation inconditionnelle. Il y a aussi des sans-papiers qui défendent la régularisation au cas par cas, et même des personnes régularisées qui exploitent des nouve-lles-aux sans-papiers. De nombreuses personnes sans-papiers sont isolées et épuisées par tout ce qu’elles supportent et estiment ne pas avoir la force de se battre dans une dimension collective. Il y a des femmes victimes de violences conjugales qui se révoltent, s’organisent et/ou vont chercher de l’aide pour échapper à leurs oppresseurs. D’autres croient avoir mérité les coups qu’elles ont reçu. Et certaines pensent que lorsque cela arrive à la voisine, cette dernière « l’a bien cherché ». Je pourrais multiplier les exemples d’exploitation, d’oppressions, d’aliénations et de stigmatisations, on retrouve partout la même diversité d’opinions.

Quand on a la chance de pouvoir s’exprimer librement, il est plus honnête d’admettre sa propre subjectivité et de l’assumer. Ma subjectivité, quant à elle est influencée par l’idéologie à laquelle j’adhère. Et elle me conduit à choisir mon « camp », du côté des personnes prostituées, et non de celui des « travailleu-se-r-s du sexe ».

L’Etat français se prétend abolitionniste alors que sa politique est un mélange de règlementation (prélèvement d’impôts sur les revenus des personnes prostituées, reconnues par le Trésor Public comme « Travailleurs indépendants », ce qui les condamne à une rentabilité accrue, participe à leurs fréquents endettements et fait de l’Etat le premier proxénète de France) et de prohibition (lois contre le « racolage passif »). La confusion entre abolitionnisme et prohibitionnisme est récurrente dans les discours des réglementaristes. Le prohibitionnisme, comme le réglementarisme découlent logiquement de tout système étatique et/ou capitaliste. Alors que l’abolitionnisme est la position la plus cohérente avec les valeurs fondamentale du communisme libertaire révolutionnaire.

Un des arguments du réglementarisme est basé sur la croyance en une amélioration de la situation sociale et sanitaire des personnes prostituées. En réalité, il leur impose un contrôle médical accompagné d’une inscription sur les registres policiers. Il fait le jeu des proxénètes qui bénéficient d’une forte complicité de la part de la police. Et les personnes prostituées préfèrent majoritairement la clandestinité à ce fichage qui scelle leur ancrage dans la prostitution.

Dans le cadre d’une réglementarisation complète de la prostitution, il serait logique que le Pôle Emploi tente d’imposer aux chomeu-se-r-s en fin de droit des postes de « travailleu-se-r-s du sexe » dans les maisons « ouvertes » de C. Brunel. Les politiques réglementaristes et prohibitionnistes sont présentées comme opposées, pourtant leurs effets se ressemblent... Une des revendications des associations de « travailleu-se-r-s du sexe » est la légitimation de la prostitution. L’association parisienne « LesPutes » par exemple, proposent la création d’écoles européennes qui formeraient des « expert-e-s », c’est-à-dire des personnes dont les compétences sexuelles seraient supérieures à celles des autres. Ceci ne pourrait que renforcer la présence, déjà envahissante, des notions de performance, de compétition et de concurrence dans la sexualité, ce qui correspond, là encore, à une conception de la liberté sexuelle ultra-libéraliste et non libertaire.

Quelques "travailleu-se-r-s du sexe" regroupé-e-s dans ces associations règlementaristes et légitimistes s’insurgent contre ce qu’elles nomment une « victimisation » de la part des abolitionnistes. Cependant, elles victimisent volontiers leur clientèle, notamment avec des slogans comme « Touche pas à mon client ». Le statut de victime n’est pas une identité dégradante mais le résultat d’une situation injuste, et sa prise de conscience est nécessaire à la révolte et au désir de libération. Se reconnaître et être reconnu-e comme victime est la première étape d’un processus qui va permettre à la personne de se reconstruire et de se libérer du sentiment de culpabilité induit par les humiliations. C’est aussi pour cela qu’il est important de s’opposer à la véritable victimisation, celle des coupables que sont les prostitueurs, clientèle et proxénètes en tête. Car en victimisant les coupables on culpabilise les victimes et on tombe dans une sorte de négationnisme. Très à la mode en ce moment, le rejet de la notion de victime résulte d’un narcissisme fondé sur l’admiration de l’image du dominant. Et de fait, ce rejet est totalement anti-subversif. En effet, s’il n’y a pas de victime, alors c’est qu’il n’y a pas d’injustice et aucune raison de combattre, ni même de critiquer ce « merveilleux » système. Les pro-prostitution, « travailleu-se-r-s du sexe » ou pas, nient la sordide réalité du vécu concret de l’écrasante majorité des personnes prostituées, de la traite de centaines de milliers d’ humain-e-s dont certain-e-s sont des enfants et des profits financiers qu’elle génère pour les proxénètes.

Lorsque le capitalisme, le puritanisme et le patriarcat auront été abolis, la prostitution sous toutes ses formes aura disparu !

Alors battons nous pour de meilleurs droits pour tou-te-s, des droits inconditionnels et non soumis au statut de « travailleu-se-r du sexe » (ni même de travailleuse-r de quelque domaine que ce soit). Pour l’égalité économique et sociale !

Pour la suppression des lois qui taxent, criminalisent et empêchent les personnes prostituées de s’échapper de la prostitution !

Pour l’annulation totale des dettes qu’elles ont contractées ! Pour une augmentation conséquente des montants de minimas sociaux, assortie de la suppression de l’obligation qui incombe aux bénéficiaires de « s’inserrer professionnellement » !

Pour une augmentation conséquente des moyens attribués aux associations et services sociaux abolitionnistes afin de pouvoir proposer à toutes les personnes prostituées un accompagnement social et un accès à des soins adaptés.

Régularisaton durable et sans condition de tou-te-s les sans-papier ! Pour une véritable liberté de circulation et d’installation et l’accès aux même droits pour tou-te-s !

Pour une éducation sexuelle fondée sur la valeur inaliénable de la sexualité de chaque personne !

Mélusine Ciredutemps


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Pour approfondir la réflexion :

. L’excellent roman autobiographique de Jeanne Cordelier "La Dérobade" (Phébus), qui raconte les quatre années de sa vie durant lesquelles elle était prostituée.

. "Anarchisme, féminisme, contre le système prostitutionnel" Hélène Hernandez et Elisabeth Claude (Editions du Monde Libertaire).

. "Femmes Libres" de Mary Nash (La pensée sauvage) qui met en lumière l’organisation féministe et anarchiste espagnole « Mujeres Libres » de 1936 à 1939.

. "Planète sexe" de Franck Michel à propos du tourisme sexuel et de ses liens avec les autres formes de prostitution (Editions Homnisphères).

. L’article de Mona Chollet " Prostitution : les pièges du pragmatisme", sur « périphérie.org » (malgré un désaccord concernant le rapport prostitutionnel dans le mariage à l’époque où Simone de Beauvoir a écrit Le Deuxième Sexe).

. Le téléfilm en deux parties du réalisateur David Yates : "Sexe trafic".


Une première version, moins approfondie, de cet article a été publiée dans le Courant Alternatif d'avril 2008 (n°179) et est en ligne sur le site internet de l'Organisation Communiste Libertaire:

http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article337
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Re: Prostitution

Messagede Hansaplast le Mer 15 Aoû 2012 00:36

Salut Mélusine ! Bienvenue !

Au fait il existe déjà 2 topics à ce sujet

Prostitution
viewtopic.php?p=25185#p25185

Assistance sexuelle ou prostitution ?
viewtopic.php?p=118196#p118196

J'exprimerai plus tard mes accords et désaccords avec ton texte :wink:
Dernière édition par Hansaplast le Mer 15 Aoû 2012 21:50, édité 1 fois.
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Re: Prostitution

Messagede MélusineCiredutemps le Mer 15 Aoû 2012 00:47

Syndicalisme et prostitution. Quelques questions embarrassantes - “Dones d’Enllaç” (association féministe de Catalogne)

Aborder la prostitution en termes syndicaux est trompeur – et faussement solidaire avec les femmes prostituées – lorsque l’on veut examiner cette réalité. Cela donne l’impression qu’il s’agit de la “défense organisée” d’un certain collectif de femmes. Mais, en fait, ce traitement de la question conduit à l’acceptation impuissante d’un phénomène de domination et de violence sexiste. Parler de l’organisation syndicale de la prostitution présuppose qu’il s’agit d’un travail, et que c’est un travail humainement acceptable. Cependant, la première hypothèse évacue tout un faisceau de questions sociales, raciales et de genre: quel type de « travail » est-ce, ce « travail » exercé au profit exclusif du plaisir masculin par des femmes ou des êtres féminisés? Et, singulièrement, par des femmes pauvres, placées dans des situations d’extrême vulnérabilité, étrangères ou appartenant à une minorité ethnique opprimée? La deuxième hypothèse n’est pas moins contestable: un «métier» qui connaît un taux de mortalité 40 fois plus élevé que la moyenne, un «travail» associé à des situations généralisées de stress, d’alcoolisme et d’addiction aux drogues devrait, au moins, susciter de vives interrogations et être mis en quarantaine à partir d’un point de vue strictement syndical. Les enfants qui extrayaient le charbon dans les mines anglaises du XIXème siècle – ou les enfants qui, de nos jours, travaillent dans les usines asiatiques pour le compte des grandes firmes de l’économie mondiale – effectuent incontestablement un travail. Le syndicalisme de classe considère, cependant, que ce travail devrait être interdit, car il a des effets dévastateurs sur ces enfants et parce qu’il ne permet pas leur développement en tant qu’êtres humains. Le syndicalisme, dont l’horizon historique est l’abolition de l’esclavage salarié, lutte quotidiennement pour réduire le taux d’exploitation du travail par le capital. Et il cherche à obtenir des conditions matérielles et morales plus favorables pour la classe ouvrière. Par conséquent, le syndicalisme classique considère qu’il y a des seuils de respect de la dignité et l’intégrité humaines en-dessous desquels ces relations contractuelles sont impossibles. Eh bien, parler de défense syndicale du «travail sexuel» implique de considérer que, dans la prostitution, ce seuil peut être établi. Et même que, à partir de là, il est tout à fait possible d’améliorer progressivement les conditions de travail pour les personnes prostituées. La réalité dément à chaque pas une telle prétention. La simple tentative d’application de certains paramètres syndicaux dans le monde de la prostitution conduit à une absurdité qui donne des frissons. Voyons quelques exemples... Quel serait l’âge légal pour l’exercice professionnel de la prostitution? Considérons-nous que, à l’âge de 18 ans, une fille est déjà prête à être possédée par tout individu disposé à payer un prix stipulé? Serions-nous prêts à admettre des “contrats d’apprentissage » à un âge plus précoce? A 16 ans, par exemple? Lorsque l’on sait que dans les pays industrialisés, l’âge moyen d’entrée dans le monde de la prostitution se situe en dessous de quinze ans, la conclusion logique serait que cette «période de formation» ne ferait que perfectionner ou professionnaliser – et, bien sûr, formaliser – une pratique avec laquelle ces filles seraient déjà «naturellement» familiarisées. Parlant de la formation... Les syndicats ne devraient-ils pas veiller à garantir son homologation à travers des diplômes accréditant cette qualification professionnelle? Soit dit en passant, cette option de «travail», enfin normalisée, devrait être proposée dans les écoles et les collèges, comme perspective d’avenir pour les jeunes, prioritairement pour les filles. Et, par la même occasion, les offres d’emploi dans l’industrie de la prostitution devraient être inclues, avec les autres offres, sur les panneaux de tous les bureaux des Agences pour l’Emploi. (On peut imaginer que le syndicalisme le plus rigoureux revendiquerait avec force que la gestion de ces demandes de «professionnelles du sexe» soit dans les mains d’un réseau public, en rejetant l’intrusion des entreprises de travail temporaire). En effet, si tel était le cas, une personne au chômage pourrait-elle refuser une offre d’emploi de prostitution correspondant au profil requis par l’employeur? Pourrait-elle continuer à bénéficier des allocations de chômage, si elle n’acceptait pas une telle proposition ? (Comment dites-vous? Que dans l’industrie du sexe existent d’autres circuits, un « marché du travail » tout à fait particulier ? Eh bien, ces circuits obscurs sont inacceptables pour le syndicalisme, qui exige sans cesse transparence et normalisation des rapports contractuels ! Il est impossible de défendre une catégorie socioprofessionnelle dans un cadre informel.)Le syndicalisme exige des contrats bien définis, reconnus et protégés par l’Etat. À ce propos, que serait un contrat de prostitution ? Seraient-ce des contrats permanents, fixes/discontinus «temporaires, saisonniers, de service» ? Sera-t-il possible d’y établir le droit de refuser certaines demandes des «clients» ? Comment définir une faute professionnelle ou fixer des barèmes de productivité ? Ces contrats, feraient-il l’objet d’une convention collective de l’industrie de la prostitution ? Les syndicats savent que pour que la défense des salariés soit effective, il est nécessaire d’élargir le champ de la négociation au maximum: l’individu isolé est faible face à l’employeur. On peut donc supposer, que le syndicalisme verrait de meilleures possibilités dans le cadre de l’industrie du sexe, négociant avec des employeurs reconnus, plutôt que sous un régime précaire de prostitution «artisanale», face à des misérables proxénètes de quartier. Nous pouvons supposer aussi que serait prévue une inspection du travail sérieuse. Quels devraient être les critères pour sanctionner un abus patronal ? Et éventuellement, comment le détecter et le prouver ? Sera-t-il possible de dénoncer le patron d’un bordel qui obligerait «ses filles», par exemple, à réaliser des «services sexuels» non désirés ? (C’est-à-dire que le syndicat reconnaîtrait le reste de ces services, comme des « actes désirés » par les femmes ?) Et ainsi de suite. Les domaines que le syndicalisme se doit d’aborder sont nombreux. Les maladies sexuellement transmissibles, seraient-elles considérées comme des maladies professionnelles? Et les troubles psychologiques et la toxicomanie directement liés à la pratique de la prostitution? Comment gérer un système d’arrêt-maladie? Et l’âge de la retraite... faudrait-il l’établir à 67 ans? Ou bien, considérions-nous que c’est un travail pénible justifiant une retraite anticipée ? Assez. Dans les conditions réelles des industries du sexe, un monde dominé par le crime organisé dans lequel sont exploitées des personnes préalablement conditionnées par tout un système proxénète, le fait d’évoquer l’action syndicale implique de décharger sur les femmes la responsabilité de leur situation et de la légitimer (au-delà de la promesse d’adoucir certains de ses aspects). Pire encore, une approche syndicale de la prostitution, comme activité professionnelle, conduit inévitablement à dynamiter les droits du travail de l’ensemble de la classe salariée, et porte directement atteinte à la liberté des travailleuses (qui, non seulement deviennent légalement susceptibles d’être prostituées, mais poussées effectivement à la prostitution). Un syndicalisme au service des intérêts des exploiteurs est un syndicalisme jaune. Et, dans ce cas, un syndicalisme ouvertement proxénète.
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Re: Prostitution

Messagede spleen le Mer 15 Aoû 2012 20:50

Salut Mélusine.

Je trouve que tu vas un peu vite :
Certes, on connaît tous ce qui se passe dans nos beaux pays puritains qui se veulent lutter contre la prostitution... On se retrouve avec des réseaux mafieux qui nous ramènent de véritables esclaves de l'est ou d’ailleurs dans des conditions que je n'oserai détailler. Et des prostituée « d'origine locale » qui « travaillent » dans des condition pas beaucoup plus détaillables... (oui je sais... ce mot n'existe pas... Toute façon on est tous d'accord là dessus inutile de s'y étendre)

Cependant : il se trouve que je vis non loin de pays ou la situation est tout autre, ce qui m'a permit de connaître des cas qui font réfléchir :
J'ai en effet rencontré plusieurs filles qui, certes, la plus part du temps ont des histoires à coucher dehors... C'est le cas de le dire, mais cependant en exerçant ce qu'elles appellent « leur boulot » se font bien plus de tunes que je ne m'en ferais jamais. Et c'en disent bien heureuse... Et si je ne puis retenir mon dégoût je ne peut non pas plus m'empêcher de les comprendre. Si l'exemple ne fait pas la règle, il fait néanmoins réfléchir.
(Je suis moi même passé d'une pensée assez radicale « objectif 0 putes » à une autre un peu plus complexe que je vais détailler ici : )

Partons d'une considération simple : Le plus vieux métier du monde mérite bien son nom... Dans toute l'histoire de l’humanité on a jamais vu quelque société que ce soit en arriver à bout.
Á partir de là on se retrouve avec le plus vieux choix du monde : interdire ou tolérer ? Et c'est là que ça se gatte : Tu ne pourras jamais arriver à 0 putes... Cette utopie est celons moi du même acabit que « 0 drogues » et n'est même pas souhaitable.
Attention à ne pas se battre contre des concepts, l'ennemie n'est pas « la prostitution » mais CETTE PROSTITUTION que nous connaissons aujourd'hui chez nous.
La prostitution choisie et « bien vécue », même si c'est totalement incompréhensible pour beaucoup (dont moi, je dois bien l'avouer...) ça existe !
L'ennemie c'est le réseaux de mac, ce sont les conditions qui amènes ces filles à croire qu'elles doivent les suivre, ou qui en amènent d'autres à être obligée d'en arrivée là, soit disant « de leurs propre volonté ».
Lutter contre le concept de prostitution, c'est une erreur.

Voilà, ceci dit, je reste moi dans le « débats de société » un peu nuageux... Et je le redit : sur ce dossier les ennemis existent bien et sont bien plus nombreux que les alliés, et je suis sûr que sur ces derniers nous pourrions tomber très facilement d'accord.
Je cherche juste à apporter une précision qui me semble essentielle et un peu oubliée : attention à ne pas se battre contre des concepts, ça n'est jamais bon, ça ne marche jamais. Dans nos actions, restons terre-à-terre. Les prostituées que nous ne voulons plus voir ne sont pas les coupables, elles sont les victimes.


Autre-chose : (et à mon avis, là on va moins être d'accord...)
La suite logique de mon raisonnement nous pousse à considérée l’impossibilité totale de condamner le client. Même si il profite d'abus. Car celui-ci aussi, existera toujours. Cela n'est point une question de principe, mais d'efficacité.

Et pour rester dans le débats de société un peu nuageux : la prostitution n'est pas du tout, en elle-même, le pilier de la domination masculine.
À l’appuie : la prostitution masculine à existe bien longtemps, aussi développée que son homologue féminine, ça n'est que récemment que la commercialisation du corps de la femmes, sous des formes pseudo-culturelle, main dans la main avec la mentalité religieuse à quasiment (mais pas totalement) bannie cette prostitution masculine.

La prostitution n'est QUE le fait de payer pour un acte sexuel, j'ai étais forcé de constaté, par l'exemple, que cela peut être fait relativement « sainement »... Je pense en particulier à une fille et un de ces « habitué », un homme plus vieux qu'elle, la relation entre ces deux là m'avait l'aire des plus complexe, aussi j’aurai du mal à m’étendre là dessus pour le moment... Toujours est il qu'il me fut impossible, mal-grès tout mes préjuger, de voir quoi que se soit de mal là dedans...
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et puis ça mange pas les autres humains... normalement.
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Re: Prostitution

Messagede 0123456789 le Jeu 16 Aoû 2012 22:51

tu crois que les filles que tu payes, si elles n'avaient pas besoin de ta thune, seraient bien contentes de te vider les couilles ? :grimaces:
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Re: Prostitution

Messagede MélusineCiredutemps le Sam 18 Aoû 2012 01:19

Quelques observations concernant les fachos (auto revendiqué-e-s ou non) qui crient au scandale, victimisent les prostitueurs et qualifient le projet de lois visant à les sanctionner de liberticide (parce qu'il menace la liberté de traiter des êtres comme s'il s'agissait de choses... ). Plus que jamais la citation de Beauvoir est d'actualité : "Une liberté qui s'emploie à nier la liberté doit être niée" !!!!!
Voici donc quelques infos et réflexions sur le rapport que certains courants de l'extrême droite occidentaliste a avec la prostitution :

1) Le Front National :

http://archives-lepost.huffingtonpost.f ... -girl.html

http://archives-lepost.huffingtonpost.f ... tor=AL-235

2) La rhétorique pro-prostitution, façon identitaire par patrick gofman :

ça fait quelques mois que j'observe l'inclinaison de plus en plus à droite de l'émission "ce soir ou jamais". Depuis le début c'est une émission mondaine, typique de l'univers bobo parisien-ne-s, mais avant il y avait parfois des invité-e-s intéressant-e-s par leurs valeurs et leurs argumentations. Maintenant, le chois des invité-e-s (il y a eu souvent des gens comme soral, dieudonné ou ramadan par exemples, ces derniers temps) et la façon dont le présentateur, taddeï, réparti la parole ainsi que ses commentaires favorisent de plus en plus des positions identitaires, capitalistes, anti-féministe (en prétendant parfois être féministe, comme dans le cas de despentes par exemple, ce qui rend la propagande encore plus toxique). Dans cette émission-là, taddeï a choisi d'inviter face, notamment à gofman, une féministe qui a l'aire très sincère, certes, mais qui n'est pas du tout forte en rhétorique, et qui a, en plus, un tique de langage qui rend sa voix désagréable... le choix serait-il anodin ? On peut critiquer le projet de loi visant à pénaliser les prostitueurs, parce qu'il n'est pas assez efficace pour abolir la prostitution et la repousse juste dans des pays voisins. On peut remarquer qu'il faudrait commencer par supprimer la reconnaissance de "travailleur indépendant" que les services fiscaux attribuent aux personnes prostituées, et qui du coup les assignent à l'obligation de payer des impôts, supprimer également la lois sur le racolage passif (qui n'a fait que légiférer sur une pratique policière en place depuis des décennies avant la loi) et annuler toutes les amendes et toutes les dettes contractées par les personnes prostituées, etc... On peut critiquer ce projet de loi pour dire qu'il y a aussi d'autres choses à faire en faveur des victimes de la prostitution, des moyens à attribuer aux associations abolitionnistes et des titres de séjours qui ouvrent les droits aux allocations et au travail, par exemples, que rien ne semble envisager dans ce sens là... Alors qu'un autre projet de loi est en train d'être mijoté par le même parti, visant à déguiser une passe en "séance thérapeutique" pour les personnes reconnues handicapées... Ah le bon vieux misérabilisme à l'égard des personnes handicapées ! Et la misère (du handicap) donne le droit d'être un connard! Les médias n'en parlent pas beaucoup de ce projet de loi là. Les derniers courriers de la Marche Mondiale des Femmes en parlent, eux, et ils sont en ligne sur le site du CLAS dans la rubrique "actualité". Bref, on peut critiquer le projet de loi visant à pénaliser les prostitueurs d'un point de vue réellement abolitionniste, parce qu'il semble volontairement incomplet, mais certainement pas parce que la supposée "misère" des prostitueurs nous donnerait envie de chialer pour eux. Si une passe était reconnue légalement comme un viol tarifé, et que les victimes de la prostitutions pouvaient avoir le choix de porter plainte comme c'est le cas des autres victimes de viols en tout genre, ce serait une excellente chose, mais insuffisante à elle seule.


L'extrait de l'émission sur le site de novopress (dont fait parti gofman):

http://archives-fr.novopress.info/82982 ... ostituees/

Plus d'infos sur ce facho:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Patrick_Gofman
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MélusineCiredutemps
 
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Re: Prostitution

Messagede MélusineCiredutemps le Sam 18 Aoû 2012 01:21

Congrès international Mondes des femmes 2011 - Compte-rendu des échanges sur l’abolition de la prostitution à l’exposition "Les draps parlent" - Sisyphe, le 11 juillet 2011

Le récent congrès international Mondes des femmes 2011, du 3 au 7 juillet 2011, a fait l’objet d’échanges intenses entre féministes venues à Ottawa de 92 pays, qui ont notamment parlé de l’industrie de la prostitution et du projet de donner aux femmes les moyens de créer des solutions de rechange à cette forme de violence et d’y mettre fin. Le congrès a ainsi exposé en détail le modèle nordique de soutien des femmes en prostitution et de dissuasion/pénalisation de leurs exploiteurs, appliqué en Norvège et ailleurs. Réunies autour de l’exposition très innovatrice « Les draps parlent », créée à Vancouver puis à Montréal l’an dernier, les participantes au congrès – animées par des féministes des organisations Vancouver Rape Relief and Women’s Shelter et La Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle - ont discuté durant quatre jours, entourées des draps de l’exposition, de ce qu’elles vivaient chacune dans leur pays. Voici, en exclusivité sur Sisyphe, la version française de ces échanges, rédigée à partir de leur compte-rendu au jour le jour par Fazeela Jiwa. Premier jour, le 4 juillet - Liens entre racisme, pauvreté, prostitution et traite : Hier, environ 2100 féministes du monde entier ont convergé vers Ottawa pour le onzième congrès international Mondes des femmes. MdF 2011 sera l’hôte d’une variété d’ateliers, présentations, conversations, installations artistiques, actions et plus encore au cours de cette semaine du 3 au 7 juillet. Un élément quotidien en vedette au congrès est l’exposition mondiale multilingue et multimédia Fleshmapping / « Les draps parlent » / La Resistencia de las Mujeres : La prostitution dans un monde globalisé. Elle intègre des vidéos interactives, des jeux et 70 draps récupérés, transformés en tableaux sur lesquels des femmes de partout au pays ont exprimé leur résistance à la prostitution et à la traite à des fins sexuelles. Chaque jour de la conférence, 16 femmes du monde entier se réuniront pour partager des échanges spontanés et publics de prise de conscience et de discussion au sujet des liens entre la traite mondiale et l’exploitation sexuelle des femmes dans leurs propres régions. Ce groupe comprend des femmes qui ont quitté la prostitution, des travailleuses de première ligne, des universitaires, des organisatrices communautaires et d’autres personnes. Aujourd’hui, coup d’envoi des quatre jours d’élaboration de stratégies féministes durant l’exposition “Les draps parlent”, quelque 90 participantes ont entendu des femmes autochtones du Canada et de Norvège, ainsi que des femmes des pays suivants venues à Mondes des femmes : Haïti, Maroc, Mexique, Australie, Corée du Sud, d’Okinawa, Bangladesh, Italie et Nigeria. Les femmes autochtones qui ont guidé le travail des féministes canadiennes ont été unanimes dans leurs audacieuses revendications pour la reconnaissance de la prostitution comme une forme de violence coloniale perpétuée contre les femmes autochtones, qui sont surreprésentées dans la prostitution de rue. Jeannette Lavell, présidente de l’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC), a parlé de la récente décision de son organisation : « Le risque de voir légalisée l’industrie de la prostitution nous a rassemblées et unies, à l’AFAC, nous amenant à adopter très fortement la position que cela serait inacceptable, et contraire à ce que nous voulons en tant que femmes autochtones. » Fay Blaney et Cherry Smiley, du Réseau d’action des femmes autochtones (AWAN), et Michelle Audette, de l’Association des femmes autochtones du Québec, ont rappelé aux participantes que les peuples autochtones font face à la violence systémique et à la pauvreté, et que la dislocation continue et le déplacement des femmes ont perturbé la transmission d’enseignements et de traditions. Les participantes ont mis en évidence la corrélation entre le racisme, la pauvreté et la prostitution et la traite. Alors que Clorinde Zéphir, d’Haïti, a parlé de l’augmentation de la prostitution en Haïti depuis la catastrophe de 2010, Esohe Agathise a désigné la normalisation de la vente des femmes et des filles au Nigeria et le mythe de la libération sexuelle en Italie. Beaucoup de femmes ont fait le lien entre la hausse de prostitution et l’installation de bases militaires nord-américaines, y compris Suzuyo Takazato, d’Okinawa, et Teresa Ulloa Ziaurriz, originaire du Mexique. Cette dernière a expliqué que son pays est un « cimetière clandestin » de femmes à cause du tourisme sexuel américain et canadien, les cartels de la drogue, la police et les militaires locaux. Rajaa Berrada. du Maroc, a relié le trafic à la prostitution en décrivant les femmes visitant le pays en transit ou en tant que domestiques ou travailleuses agricoles et qui se retrouvent piégées dans des réseaux de prostitution. Young Sook Cho a dit interpréter la prostitution comme une violation des droits humains, sur la base de son expérience de travail auprès des femmes des bordels de Corée du Sud, car « encore et encore, les femmes meurent, peu importe l’endroit où se trouvent les bordels ». La description faite par Sigma Huda des lois au Bangladesh a semblé familière à beaucoup de femmes canadiennes dans la salle : même si la prostitution y est illégale, les lois sont suffisamment opaques pour faciliter dans ce pays un débat similaire au nôtre sur les façons de créer des conditions juridiques qui permettraient de mieux protéger les femmes. Une décision prise par la juge Susan Himel, l’année dernière, a invalidé certaines lois touchant la prostitution en Ontario, et l’appel qui a été entendu le mois dernier a permis, jusqu’à présent, un sursis à l’abrogation de ces lois. Le pays attend maintenant la longue bataille qui va sans doute aboutir en Cour suprême dans les années à venir. Sheila Jeffreys, de l’Université de Melbourne et de la Coalition internationale contre la traite des femmes – Australie, a partagé certaines de ses expériences dans un pays où la prostitution est légalisée (dans certaines provinces). Elle a décrit une augmentation de la criminalité organisée et de la corruption de la police locale, ainsi que peu d’entraves dans l’exploitation des bordels illégaux. En contrepartie, Marit Smuk, de Norvège, a rappelé son expérience d’une protestation réussie contre l’installation de maisons closes dans sa communauté. Elle a décrit la lutte pour ce qui est maintenant connu comme le modèle nordique, qui reconnaît la prostitution comme une forme de violence contre les femmes en dépénalisant les personnes prostituées et en criminalisant la demande – les clients-prostitueurs, les proxénètes et les propriétaires de bordels. Ce modèle inclut une aide sociale accrue, comme un revenu de subsistance garanti afin que la pauvreté ne contraigne pas les femmes à la prostitution, ainsi que des services pour celles qui veulent en sortir. Les femmes venues à la table d’aujourd’hui croient que ce modèle crée les conditions juridiques nécessaires pour établir une véritable égalité entre les sexes.

Deuxième jour, le 5 juillet - Solidarité avec Soeurs d’esprit et stratégies à développer : Ce matin, des centaines de participantes du 11e congrès international Mondes des femmes ont défilé jusqu’au Parlement en solidarité avec l’initiative Soeurs d’esprit pour dénoncer le nombre inacceptable de femmes autochtones disparues et assassinées au Canada. Cette Marche des femmes a bien amorcé les sujets de discussion abordés à l’exposition « Les draps parlent » aujourd’hui. Dans le contexte d’un système d’État raciste et capitaliste que les femmes, et particulièrement les femmes autochtones,vivent comme oppressif, comment les personnes qui militent pour l’abolition de la prostitution peuvent-elles utiliser la structure du gouvernement ? Quelles stratégies réformistes, appelant des féministes à travailler dans le cadre de l’État patriarcal, en valent le temps et l’effort ? Quelles sont les stratégies véritablement transformatrices et conformes aux normes féministes révolutionnaires ? Cherry Smiley, de l’Aboriginal Women’s Action Network (Réseau d’action des femmes autochtones - AWAN), a dit au groupe qu’AWAN était bien conscient de la contradiction d’attendre quoi que ce soit de l’État quand il a été un oppresseur des femmes autochtones sous la forme des pensionnats, de la criminalisation et de l’incarcération, et du placement familial, entre autres politiques génocidaires. « Toutefois, a-t-elle poursuivi, ce que l’on perd souvent de vue quand les gens réclament le retrait de toutes les lois, c’est que cela nous laisse encore aux prises avec le capitalisme non réglementé et la destruction qui l’accompagne. » Considérant que beaucoup des participantes à la discussion lient la prostitution à la marchandisation sexiste du corps des femmes en régime capitaliste, elles conviennent avec Teresa Ulloa Ziaurriz, du Mexique, que la prostitution doit être traitée comme « la plus ancienne expression du patriarcat ». Elle préconise le modèle juridique nordique, qui voit effectivement la prostitution de cette façon et donc dépénalise les personnes prostituées, tout en criminalisant la demande de corps de femmes par les prostitueurs, proxénètes et propriétaires de bordels. Kim Pate, de l’Association canadienne des Sociétés Elizabeth Fry, rappelle aux participantes que ce changement juridique ne serait pas suffisant. De son expérience de travail avec les femmes criminalisées, elle craint qu’un agenda strictement juridique puisse être coopté par les fonctionnaires de police afin de promouvoir la criminalisation rigoureuse de certaines personnes. Elle exhorte les participantes à se montrer très claires sur le fait que la position abolitionniste ne se contente pas d’exiger des changements juridiques. Elle doit également être « clairement liée à des stratégies anticapitalistes comme un revenu garanti décent ». Une perspective antiraciste doit faire le lien entre la prostitution et la traite des femmes de couleur, aussi bien domestique que transnationale, vers des situations de prostitution à l’intérieur. Enfin, une analyse de classe doit faire comprendre que « les bordels n’élimineront absolument pas la prostitution de rue », puisque les femmes les plus marginalisées demeureront sur les rues dangereuses.

Son organisation a récemment remplacé son soutien de longue date à une décriminalisation totale de la prostitution par une perspective qui dénonce comme criminelles les actions de ceux et celles qui font la promotion de la prostitution et en tirent profit. D’autres participantes ont souligné la nécessité de stratégies de transformation, comme les actions directes et l’éducation publique. Par exemple, Suzanne Jay, de l’Asian Women’s Coalition Ending Prostitution (Coalition des femmes asiatiques pour éradiquer la prostitution – AWCEP), a parlé de la stratégie de cet organisme de dénoncer les salons de massage de Vancouver auprès des femmes asiatiques pour les sensibiliser au racisme opérant dans ce type de prostitution intérieure. En assemblant une carte de ces salons de massage, le groupe a constaté que « des 81 salons de massage de la ville, 50 annoncent des femmes asiatiques ». Le groupe vise à changer le conditionnement social qui raconte à la communauté que le massage asiatique est « un phénomène culturel » et à faire comprendre qu’il s’agit plutôt de l’exploitation des femmes asiatiques. De même, beaucoup de femmes ont invoqué des mythes que des actions directes et d’éducation populaire pourraient exposer en tant que tels. Nous avons trouvé particulièrement puissantes les paroles et les stratégies des femmes qui avaient quitté l’industrie du sexe après des années d’exploitation. Vednita Carter, du groupe américain Breaking Free, s’est inquiétée de la distinction faite entre la prostitution des enfants et la prostitution adulte, parce que « quand la jeune fille grandit et qu’elle demeure impliquée dans la prostitution, nous disons alors que c’est de sa faute, alors qu’il ne s’agit pas d’un choix. Lorsque vous faites un choix, vous savez ce qui est impliqué dans ce choix. » Trisha Baptie, de l’organisme Formerly Exploited Voices Now Educating (Voix jadis exploitées et faisant maintenant de l’éducation – EVE) a parlé de l’idéologie de la réduction des méfaits : « À un certain niveau, je veux que mes copines soient plus en sécurité ce soir en disposant de condoms, mais nous devons voir plus grand ... l’abolition, c’est voir plus grand que la réduction des risques, parce qu’on vise l’élimination des méfaits. » De nos discussions d’aujourd’hui à l’événement « Les draps parlent », il ressort clairement que les féministes considèrent l’État comme une institution patriarcale. Cependant, il semble que la plupart des femmes à la table aujourd’hui ne considèrent pas la réforme et la transformation comme s’excluant mutuellement ; la promulgation de changements juridiques et sociaux peut être utilisée conjointement avec d’autres stratégies pour accélérer la possibilité d’un monde exempt de violence contre les femmes.

Troisième jour, le 6 juillet - Écouter la voix des femmes dans la prostitution : C’était l’avant-dernier jour du congrès des femmes Mondes des femmes, qui s’est tenu cette semaine à Ottawa avec la participation de milliers de féministes du monde entier. Les échanges d’hier lors de l’événement « Les draps parlent » ont commencé par reconnaître le leadership que les femmes ex-prostituées et autochtones ont donné au mouvement abolitionniste au Canada. Des participantes de divers endroits et pays – tels Haïti, le Maroc, le Bangladesh, le Danemark, la Corée du Sud, les États-Unis, le Mexique, le Japon et l’Italie – se sont fait poser la question suivante : considérant que les femmes qui sont actives dans ce mouvement ont différents niveaux et types de privilège, quelles sont les meilleures façons pour le mouvement abolitionniste de travailler en alliance avec des femmes qui ont quitté la prostitution ou y sont actuellement, ainsi qu’avec des femmes de couleur et autochtones ? Comment les femmes peuvent-elles faire preuve de solidarité d’une manière qui ne soit pas purement théorique, condescendante ou exploitante ? Les femmes ont offert beaucoup de réponses, mais ce qui est apparu le plus clairement est l’importance de l’écoute et du respect du leadership des femmes qui sont les plus touchées par la prostitution. Trisha Baptie et Véronique Bourgeois ont toutes deux commencé en opinant que même si elles, en tant que survivantes, ont une voix très spécifique dans la conversation, toutes les femmes sont touchées par la prostitution dans la mesure où celle-ci encourage la commercialisation des femmes en tant qu’objets. Cela dit, elles ont toutes deux souligné la nécessité pour les féministes d’avoir des opinions objectives et exemptes de jugement envers les femmes dans la prostitution, afin de faire alliance avec elles. Corroborant ce sentiment, Teresa Ulloa Ziaurriz a informé le groupe que les femmes dans la prostitution au sein du mouvement abolitionniste latino-américain exigent d’être traitées comme des égales absolues : « Elles ne sont pas des objets d’études, elles ne sont pas des objets à classer. » Les participantes d’AWAN ont dit aux participantes que les femmes autochtones sont souvent ignorées par les chercheurEs, les universitaires et les femmes non autochtones, qui se permettent parfois de parler à leur place, d’où l’importance d’avoir leurs propres voix. Fay Blaney, du même groupe, a rappelé aux participantes que, bien que certaines d’entre elles parlent de la prostitution à la deuxième et à la troisième personne, « nous discutons de ces questions à la première personne... Il n’y a pas de lutte pour combler un fossé entre nous ». Cherry Smiley a cité une autre membre de AWAN : « Nous n’avons pas besoin de vous pour nous accorder de l’espace - nous l’avons, et vous êtes dedans. Nous n’avons pas besoin que vous nous donniez la parole – nous avons une voix, et vous avez besoin d’écouter. » Cette déclaration a rappelé les paroles de Jeannette Lavell, présidente de l’Association des femmes autochtones du Canada, quand elle a dit plus tôt cette semaine : « Nous, les femmes autochtones, avons eu beaucoup de difficulté à faire entendre nos voix et nous avons besoin des femmes non autochtones pour nous aider à arrêter la légalisation de la prostitution, dans l’intérêt des femmes autochtones et dans votre propre intérêt aussi. » Beaucoup de femmes présentes à la table ont exigé un espace permettant aux femmes de s’organiser, plutôt que des offres condescendantes de « sandwichs, de conseils ou de plaidoyers », comme l’a formulé la travailleuse de première ligne Erin Graham. Parmi les autres sujets mentionnés par les participantes, j’ai noté la nécessité de garder la discussion sur la prostitution axée sur la demande émanant des proxénètes, des prostitueurs et des propriétaires de maisons closes, ainsi que l’importance des mots utilisés dans le discours des positions pro-et anti-prostitution. Par exemple, si « la pauvreté est souvent ce qui amène les femmes à se prostituer », comme l’a dit Bourgeois en se basant sur son expérience antérieure dans la prostitution, le fait d’appeler cette coercition du « travail du sexe » légitime implicitement sa situation comme une solution viable à la pauvreté des femmes, qui découle en fait d’une inégalité systémique. Parmi l’ensemble des sujets abordés, il a semblé que les participantes estimaient unanimement que s’allier avec les femmes les plus marginalisées équivalait à souligner la nécessité de programmes sociaux pour quiconque en a besoin. Vednita Carter, fondatrice du groupe Breaking Free et survivante de la prostitution, a déclaré qu’avant toute chose, les femmes ont besoin de choses tangibles pour être en mesure de quitter la prostitution, comme un endroit pour vivre et de quoi manger. Mais Esohe Agathise, du Nigeria et de l’Italie, a noté que « si ces ressources ne sont simplement pas là, c’est que les problèmes des femmes ne sont pas à l’ordre du jour ». En réponse à la même réalité dans sa région, Clorinde Zéphir, d’Haïti, a fait un appel énergique à du soutien : « Il nous faut demander aux gens de soutenir les changements nécessaires à apporter à notre société ... La lutte abolitionniste prend racine dans des exigences de base qui sont incontournables ... Nous devons oser rêver de ce monde ; faire appel à des gens, des écrivains et des médias, pour nous aider à développer cette vision et à aller contre le courant des siècles passés, où la prostitution semble être, pour la plupart des gens, une réalité naturelle. »

Quatrième jour, le 7 juillet - La prostitution, une forme de violence patriarcale : Les organisatrices ont commencé la dernière session de la rencontre internationale « Les draps parlent » en déposant une déclaration écrite et signée par quelques-unes des femmes autochtones présentes à Mondes des femmes. Cette déclaration condamne la prostitution comme une forme de violence patriarcale imposée de manière coloniale aux femmes autochtones. Répondant à une invitation, lancée à toutes les femmes indigènes, à lire et à envisager de signer cette déclaration, les femmes de la région Saami dans le nord de la Norvège, de l’île d’Okinawa qui a été annexée par le Japon, ainsi que d’autres femmes de diverses nations du pays sont venues à la table pour y apposer leur nom. Jeannette Lavell a pris un moment pour expliquer qu’elle signait ce texte pour s’opposer à la légalisation de la prostitution au nom de toutes les organisations qui forment l’Association des femmes autochtones du Canada, parce que « en tant que femmes autochtones, des Premières nations, inuites et métisses, nous savons grâce à nos traditions et nos enseignements que nous ne sommes pas cela ». Pour la dernière rencontre de « Les draps parlent », les organisatrices ont axé l’échange sur la façon de maintenir et de développer la solidarité internationale qui avait été construite au cours de l’organisation de cette exposition multicouches.

Beaucoup de femmes ont parlé de stratégies, comme la rédaction et la publication de déclarations telles que celle des femmes autochtones, en particulier, Young Sook Cho, de Corée du Sud, qui a parlé au groupe d’une vaste rencontre des survivantes de la prostitution dans la région Asie-Pacifique qui avait publié de concert une déclaration semblable. D’autres ont souligné la nécessité de comprendre dans leur propre contexte culturel la prostitution et les autres formes de violence contre les femmes dans les différentes régions du monde. Par exemple, Esohe Agathise a expliqué la « situation désespérée » en Afrique sub-saharienne, où elle est harcelée pour avoir parlé de la traite des femmes, parce que le féminisme est considéré par certaines personnes comme imposé par l’Occident, ou parce que certains considèrent que la traite est due à ce que « les femmes ne donnent pas à leurs filles une formation morale suffisante ». Parmi les autres sujets de préoccupation, beaucoup de femmes ont attiré l’attention sur le lien entre le militarisme et la prostitution. Suzuyo Takazato, d’Okinawa, a dit que l’augmentation de la prostitution est due à la base militaire américaine qui est restée sur son île depuis la guerre du Vietnam, en suggérant que « le militarisme est l’élément au coeur du maintien de la prostitution ». Clorinde Zéphir, d’Haïti, a confirmé le sentiment de Madame Takazato en parlant aux participantes de la destruction causée à Haïti par la milice internationale et le commerce des armes : « Nous savons comment le viol et la prostitution sont liés au militarisme. Partout où il y a eu des troupes, des bordels sont apparus. Et puis, quand l’armée quitte, la prostitution est naturalisée. » Les deux femmes ont proposé que le mouvement abolitionniste jette les bases d’une solidarité avec des organisations antimilitaristes, et que « ses efforts de mobilisation devraient être particulièrement dynamiques dans les pays pauvres où la militarisation est un problème », comme a dit Zéphir. Sigma Huda, du Bangladesh, a nuancé cette analyse en se référant à l’exemple des femmes autochtones du Bangladesh qui souffrent de « viols commis au hasard et avec impunité par l’armée » dans la région. Elle voulait ainsi rappeler aux participantes que « la militarisation ne se limite pas à des forces externes, mais aussi internes ». Trisha Baptie, d’EVE, a corroboré ces voix internationales avec son expérience sur la côte ouest de la Colombie-Britannique, où les militaires « jouent un rôle énorme dans l’économie et dans des violences correspondant à leur présence dans le port ». Il est clairement ressorti de cette rencontre mondiale au cours de la semaine, comme l’a dit l’organisatrice Lee Lakeman, que l’abolition de la prostitution « ne peut être l’objet d’une campagne menée isolément », étant donnés ses liens étroits avec les systèmes du militarisme, du capitalisme et du colonialisme. Comme autre exemple, Alice Lee, de l’AWCEP, a demandé aux participantes de s’intéresser aux politiques d’immigration dans leur propre pays. Elle était préoccupée par l’effet de division de la politique canadienne d’immigration actuelle qui légitime les immigrants légaux et emprisonne les migrants illégaux : « Cela crée un fossé entre ces deux groupes, qui s’avère difficile à combler », a-t-elle expliqué. Cet enjeu était particulièrement pertinent dans le contexte de Mondes des femmes puisque le gouvernement canadien n’avait pas traité à temps les visas de plusieurs femmes originaires de pays africains qui devaient donner des présentations au congrès. Des participantes ont suggéré que les femmes canadiennes auraient pu exercer plus de pressions sur leur gouvernement à ce sujet, ce qui a rappelé le thème connexe de notre plus récent échange « Les draps parlent », à savoir que les féministes disposant de plus de privilèges du fait de la géographie, de la race ou de la classe ont pour obligation d’utiliser ce privilège à l’avantage de leurs soeurs. Pour bâtir une solidarité internationale, les abolitionnistes doivent se soutenir mutuellement dans des campagnes mondiales pour mettre fin à la prostitution par tous les moyens dont elles disposent. Les participantes ont unanimement souligné la nécessité de poursuivre les échanges amorcés cette semaine. Cependant, toutes ont approuvé l’impression des animatrices, Diane Matte et Lee Lakeman, que la situation des femmes ne changera pas sans un mouvement féministe autonome qui n’est pas endetté envers le gouvernement, la grande entreprise, ou toutes autres institutions, que ce soit au plan économique ou idéologique. Pour réaliser un monde de femmes, le genre de monde que le nom de cette conférence invoque, les féministes doivent construire un mouvement des femmes global et autonome, dont l’objectif central est d’appeler les femmes du monde entier à participer à la libération de toutes les femmes.

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MélusineCiredutemps
 
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Re: Prostitution

Messagede MélusineCiredutemps le Sam 18 Aoû 2012 01:22

COMMUNIQUÉ DE PRESSE de la Marche Mondiale des Femmes

Pôle Emploi proxénète ?

Pôle Emploi, Service public de l’État, diffuse sur son site internet une offre de Strip-teaseuse Topless dans l’Hérault. Des chômeuses de l’Hérault ont reçu cette proposition d’offre par courrier.
Parce que les femmes sont les plus touchées par le chômage, parce que les femmes sont les plus discriminées dans le monde du travail, elles se disent prêtes a accepter « toute offre de quelque nature que ce soit », Mais s’attendaient-elles à une telle proposition ?! Sûrement pas !
« On obéit à la loi… nous n’avons pas un rôle de moralisateurs… » dit le porte-parole de Pôle Emploi. Mais est-ce la mission du service public de proposer de tels emplois ?
A Pôle Emploi, on peut aussi trouver des offres de « travail » dans des " films érotiques" , pornographiques, "la danse, le téléphone rose, animatrices" de chat porno sur internet", "massage"… , offres d’emploi qui sont très largement, voire exclusivement proposés à des femmes.
A l’heure de l’offre raisonnable d’emploi, le Service public de l’emploi, et donc l’État, va-t-il obliger les femmes à commercialiser leur corps et leur sexe sinon sous peine d’être radiées !!!
Nous, Marche Mondiale des Femmes exigeons de Pôle Emploi qu’il retire ces offres qui légitimisent le commerce du sexe et la prostitution alors que la position abolitionniste de la France vient d’être réaffirmée.
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MélusineCiredutemps
 
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Re: Prostitution

Messagede MélusineCiredutemps le Sam 18 Aoû 2012 01:26

Il faut rappeler sans cesse que la position "abolitionniste" de l’État français n'en est pas réellement une, puisque le FISC attribue déjà, et ce depuis longtemps, le fameux statut de "travailleurs indépendants" aux personnes prostituées.
Dans sa propagande, le Strass instrumentalise le fait que les professions entrant dans cette catégorie ne cotisent pas (et n'ont d'ailleurs jamais cotiser) au Régime Général de la Sécurité Sociale ainsi qu'à l'Assurance chômage et n'ont, par conséquent et de façon tout à fait logique, pas droits aux indemnités que versent ces organismes aux retraité-e-s, salarié-e-s malades et privé-e-s d'emploi qui elleux, cotisent d'office par des prélèvements systématiques sur leur salaires brut.

Le Strass sème la confusion en mélangeant des choses qui sont réelles, mais n'ont pas de rapport entre elles, avec des choses qui ne le sont pas, le tout interprété à leur sauce afin de servir les intérêts corporatistes de quelques collabos de l’oppression sexuelle marchandisée :

- 1ère étape : faire comme si les personnes prostituées n'étaient pas déjà officiellement affublées de ce statut pourri (dans lequel entrent tou-te-s les travailleuseurs qui ne sont pas des salarié-e-s).
- 2ème étape : réclamer la "reconnaissance" de ce statut en faisant semblant de croire, et en faisant croire, qu'il produirait, de fait, une ouverture de droits.
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Re: Prostitution

Messagede MélusineCiredutemps le Sam 18 Aoû 2012 01:27

Extrait du dernier courrier de la Marche Mondiale des Femmes :

Ukraine: la prostitution ou l’envers du décor de l’Euro 2012 de football - Laurent Geslin -RFI
A Kiev, comme dans les autres villes qui accueilleront l'Euro 2012 de football en Ukraine, lesréseaux de prostitution se préparent à recevoir beaucoup de clients étrangers durant la compétition. Ce phénomène n'est pas nouveau. Il se répète à l'occasion de tous les évènements sportifs de grande ampleur. L'Ukraine, déjà malade du tourisme sexuel, ne devrait pas échapper à la règle.
Fin d'après-midi pluvieuse sur Kiev. Dans la cave d'un club de strip-tease du quartier de Podol, deux femmes s'enroulent autour d'une barre de métal. Spots de lumière rouge qui zèbrent la pièce, variété russe comme musique d'ambiance, les premiers clients ne sont pas encore arrivés, mais les filles sont déjà au travail. « Nous les testons une quinzaine de jours durant, nous devons être prêts pour l'Euro », glisse Sacha, l'administratrice du club. La jeune femme a gardé des yeux qui pétillent et un rire d'enfant. Mais elle connaît trop le monde de la nuit pour se bercer d'illusions. « Travailler durant l'euro sera très difficile, les gens seront ivres, les supporters déçus ou tout excités. Ce sera la débauche et le chaos ». Longtemps prostituée, Sacha sert aujourd'hui d’intermédiaire si le client le demande, si la fille accepte, 200 euros pour deux heures, dans des appartements ou des hôtels. « Nous allons légèrement augmenter nos prix. On va garder les filles qui présentent bien et virer celles qui ne passent pas le ‘face control’ . Il faut recruter des filles plus jeunes, plus belles ». « Des femmes vont venir de la campagne pour vendre leur corps » Déjà gangrénée par le tourisme sexuel, l'Ukraine devrait accueillir des centaines de milliers de visiteurs durant le Championnat d'Europe de football en juin prochain. Une aubaine pour les réseaux de prostitution. « Des femmes vont venir de la campagne pour vendre leur corps dans les quatre villes qui accueilleront la compétition », explique Nataliya Kanarskaya, une militante de l'organisation Offensive féministe. Selon les statistiques de l'ONG Aids alliance, le pays compterait plus de 100 000 prostituées, dont 50% de moins de 20 ans. Mais toutes les estimations restent approximatives tant le phénomène est protéiforme. « La prostitution occasionnelle peut toucher tout le monde, des enseignantes, des fonctionnaires qui n'arrivent pas à boucler les fins de mois, des mères qui cherchent un peu d'argent avant la rentrée scolaire », continue Nataliya Kanarskaya. Dans un pays où le salaire moyen ne dépasse pas 200 euros, et où le coût de la vie est relativement élevé, l'argument économique est souvent la raison principale qui pousse les femmes à se prostituer. L'argent, c'est ce qui a décidé Alyona à faire le pas. La jeune femme n'a pas encore vingt ans, c'est une nouvelle venue dans le milieu. « J'ai commencé en octobre dernier », précise-t-elle en tirant de longues bouffées sur sa cigarette. Une annonce dans un journal, quelques coups de téléphone, une première nuit à l'essai. « J'ai vu que je pouvais gagner beaucoup d'argent ». Alyona travaille dans un appartement qu'elle partage avec cinq autres filles, elle gagne 60 euros de l'heure, dont 30 euros reviennent à sa maquerelle. A raison d'un ou deux clients par nuit, elle peut espérer 1 000 euros à la fin du mois. « Je fais cela pour pouvoir m'acheter un appartement » explique-t-elle. « J'entrerai peut-être un jour ou l'autre à l'université, j'ai toujours voulu devenir juriste. Mais depuis quelques temps, j'étudie aussi la possibilité d'ouvrir un établissement similaire à celui où je travaille. Pour cela, il me faut des contacts, beaucoup de contacts... ». La police, partie intégrante du système La prostitution est officiellement interdite en Ukraine, les clients et les prostitués sont passibles d'amendes et les souteneurs risquent jusqu'à sept ans de prison. Mais dans les faits, bien peu d'affaires arrivent devant les tribunaux tant la police fait partie intégrante du système. « Autour de ce café, dans le centre de Kiev, je connais trois bordels qui fonctionnent depuis 5 ans. La police le sait, tout le monde le sait, mais personne ne fait rien », explique Ina Shevchenko, membre de l'organisation féministe Femen. Dans l'appartement où travaille Alyona, les négociations avec les forces de l'ordre sont assurées par la souteneuse. « Nous donnons 20 ou 30 euros par mois pour le 'service du toit', pour payer la police », explique Alyona, « de cette façon, ils nous protègent et nous n'avons plus à coucher gratuitement avec les policiers le samedi, comme c'était autrefois le cas ». Oksana, Natalia et Marina ont eu moins de chance. Venus de province pour vendre leurs corps dans la capitale ukrainienne, les trois femmes n'étaient arrivées que depuis quelques jours quand l'appartement où elles travaillaient à été investi par les forces de l'ordre. « Les policiers nous ont séparé et nous ont tabassé, ils ont menacé de mettre de la drogue dans mon sac, ils voulaient me faire avouer que j'étais une maquerelle », raconte Natalia, « notre souteneur devait avoir des problèmes avec eux ». Soutenues par l'organisation Aids alliance, elles se disent désormais prêtes à témoigner de ces violences policières devant les tribunaux, un fait rare en Ukraine. Mais par peur de représailles, elles ne se présentent que masquées devant la presse. Des proies faciles pour des fonctionnaires zélés « A l'approche de l'euro, les policiers deviennent nerveux, ils ont reçu la consigne de faire du chiffre », souligne Pavlo Ckala, chargé de plaidoyer au sein de Aids alliance, « toutes les informations que nous obtenons confirment une augmentation des violences policières dans les quatre villes qui accueilleront des matchs ». A l'époque soviétique, les autorités prenaient soin, à l'approche des grandes compétitions sportives, de déporter les prostituées dans un rayon de 100 kilomètres autour des villes hôtes. La méthode n'a plus cours aujourd'hui, mais les femmes qui se prostituent restent des proies faciles pour les fonctionnaires trop zélés. « Les prostituées viennent souvent de milieux défavorisées, elles n'ont pas fait d'étude et ne connaissent pas leurs droits, ni comment se défendre après des agressions », continue Nataliya Kanarskaya, « elles sont soumises au bon vouloir des souteneurs et des policiers ». Les ONG qui luttent pour le droit des femmes se sentent bien seules en Ukraine. Elles ont cependant prévu de lancer de vastes campagnes d'information en direction des touristes qui visiteront le pays durant le mois de juin.
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Re: Prostitution

Messagede MélusineCiredutemps le Sam 18 Aoû 2012 01:30

Quelques citations abolitionnistes de Louise Michel :

«Est-ce qu’il n’y a pas des marchés où l’on vend, dans la rue, aux étalages des trottoirs, les belles filles du peuple, tandis que les filles des riches sont vendues pour leur dot ? L’une, la prend qui veut ; l’autre, on la donne à qui on veut. La prostitution est la même».
« La prostitution est la même, et chez nous largement est pratiquée la morale océanienne Hi chère ! pas lélé les tayos (les hommes) qui comptent les nemos (les femmes) pour quelque chose !. Esclave est le prolétaire, esclave entre tous est la femme du prolétaire. Et le salaire des femmes ? Parlons-en un peu ; c'est tout simplement un leurre, puisque, étant illusoire, il est pire que de ne pas exister. Pourquoi tant de femmes ne travaillent-elles pas ? Il y a deux raisons : les unes ne trouvent pas de travail ; les autres aiment mieux crever de faim, dans un trou ou où elles peuvent, au coin d'une borne ou d'une route si elles n'ont plus d'abri, que de faire un travail qui leur rapporte tout juste le fil qu'elles y mettent, mais reporte beaucoup à l'entrepreneur. Il y en a qui tiennent à la vie. Alors, poussées par la faim, le froid, la misère, attirées par les drôles ou drôlesses qui vivent de ça, — il y a des vers dans toutes les pourritures, — les malheureuses se laissent enrégimenter dans l'armée lugubre qui traîne de Saint-Lazare à la Morgue. Tenez, quand une misérable qui barbote dans la fange prend dans la poche d'un pante, comme elles disent, plus qu'il ne lui donne, tant mieux ! Pourquoi y allait-il ? S'il n'y avait pas tant d'acheteurs on ne trafiquerait pas sur cette marchandise. »

Trouvé sur : http://www.prostitutionetsociete.fr/cul ... e-de-paris

Louise Michel (29 mai 1830 – 10 janvier 1905)

Le 21 janvier 1905, une foule immense accompagnait la dépouille de Louise Michel au cimetière de Levallois. En guise de commémoration, nous vous proposons quelques citations de ses Mémoires à propos de la prostitution, ainsi que le rappel d’une initiative méconnue de la Commune de Paris visant à juguler cette exploitation commerciale de créatures humaines par d’autres créatures humaines...
Institutrice, elle s’installe à Paris en 1856, où elle rencontre Jules Vallès, Eugène Varlin... et correspond avec Victor Hugo. Elle collabore au journal Le cri du peuple. Lors de la Commune de Paris (mars – mai 1871), elle participe de toutes ses forces à l’insurrection. Après la « semaine sanglante » (22 – 28 mai 1871), Louise Michel est déportée en Nouvelle-Calédonie avec de nombreux communards. De retour en France, sept ans plus tard, elle écrit, donne des conférences, et participe à diverses actions révolutionnaires qui lui valent de nouvelles condamnations. Elle meurt le 10 janvier 1905 à Marseille lors d’une tournée de conférences. Ses funérailles, le 21 janvier 1905, sont suivies à Paris par des milliers de personnes.
L’émancipation des femmes est au nombre de ses combats : Si l’égalité entre les deux sexes était reconnue, ce serait une fameuse brèche dans la bêtise humaine, remarque t-elle dans ses Mémoires [1]. Emprisonnée à maintes reprises, elle rencontre à cette occasion les malheureuses qu’on abreuve de honte parce qu’on en a fait des prostituées, comme si la honte était pour les victimes et non pour les assassins.
Nous reproduisons quelques extraits de ses Mémoires, qui nous frappent par leur lucidité et leur mordant.
Le négoce des proxénètes et des "clients"
Si les grands négociants des marchés de femmes qui parcourent l’Europe pour leur négoce, étaient chacun au bout d’une corde, ce n’est pas moi qui irais la couper.
Il y a entre les propriétaires des maisons de prostitution échange de femmes, comme il y a échange de chevaux ou de bœufs entre agriculteurs ; ce sont des troupeaux, le bétail humain est celui qui rapporte le plus.
Quand les michets [les « clients »] (...) trouvent une femelle trop surmenée ou qu’ils en sont las, le propriétaire s’arrange pour que la fille doive à la maison une somme dont elle ne pourra jamais s’acquitter ; cela la fait esclave, alors on la troque dans tous les maquignonnages possibles. Il faut que le bétail aille dans l’étable où il sera plus profitable aux traficants.
Les prisons, un lieu de recrutement pour les proxénètes
De vieilles misérables trouvent moyen de se faire emprisonner pendant quelques mois, et elles recrutent, elles racolent toutes les jolies filles qui y sont échouées : il n’y a plus besoin qu’elles craignent d’avoir faim en sortant elles feront la noce.
Oui, elles la feront, la noce, à en crever ! (…) C’est la noce, la noce des bourgeois en appétit.
La femme elle-même doit être l’artisan de son émancipation...
Et si, quand une pauvre fille (…) s’aperçoit où elle est, et se trouve dans l’impossibilité d’en sortir, elle étranglait de ses mains vengeresses un des misérables qui l’y retiennent ; si elle mettait le feu à ce lieu maudit, cela vaudrait mieux que d’attendre le résultat des plaidoiries à ce sujet...
La prostitution, une facette de l’appropriation du corps des femmes par les hommes
Est-ce qu’il n’y a pas des marchés où l’on vend, dans la rue, aux étalages des trottoirs, les belles filles du peuple, tandis que les filles des riches sont vendues pour leur dot ? L’une, la prend qui veut ; l’autre, on la donne à qui on veut. La prostitution est la même.
La Commune de Paris et la prostitution
Les paragraphes suivants sont extraits de "La prostitution à Paris pendant la commune. La politique ambigüe du gouvernement révolutionnaire", par Claudine Legardinier, Prostitution et Société numéro 119, octobre - décembre 1997.
Sensible au problème de la prostitution, le gouvernement révolutionnaire de la Commune de Paris, en 1871, a mené en la matière une politique contradictoire, partagée entre une vision nouvelle et audacieuse et le réflexe réactionnaire.
Ainsi, les maisons de tolérance sont fermées dans tout le XIème arrondissement dès mai 1871. Les motivations de l’arrêté promulgué à cet effet font valoir, en s’appuyant sur une comparaison avec la traite des Noirs, la nécessité d’aboutir à la suppression du trafic odieux des marchands d’hommes, et l’impossibilité d’admettre l’exploitation commerciale de créatures humaines par d’autres créatures humaines.
La délégation communale du XIème va plus loin en affirmant que la société est responsable et solidaire des désordres engendrés par la prostitution, que la cause générale du phénomène est à chercher dans le manque d’instruction et de travail et que le seul remède doit être l’organisation intelligente du travail des femmes.
On proclame également la suppression du Bureau des Mœurs au nom de la liberté de la femme. C’est la fin - hélas provisoire - des deux piliers de la politique réglementariste : l’inscription des femmes prostituées et l’obligation qui leur est faite de se soumettre à une surveillance médicale.
Mais cette démarche progressiste est gâtée par les réflexes du temps. Un arrêté interdit bientôt dans le XIème arrondissement la circulation sur la voie publique des femmes livrées à la prostitution, sous peine d’arrestation immédiate.
Ces éléments sont rapportés dans l’ouvrage La prostitution à Paris et à Londres, 1789-1871, seconde édition (1872), par Charles Jérôme Lecour, chef de la première division à la Préfecture de Police et versaillais réfugié auprès d’Adolphe Thiers pendant la Commune de Paris. Chantre enthousiaste du réglementarisme, Lecour voue bien entendu cette politique originale aux gémonies. Il ironise sur les décisions révolutionnaires, qu’il ramène à d’emphatiques déclarations. Selon Lecour, le nouveau pouvoir encourage plutôt l’anarchie ; à l’en croire, beaucoup de filles publiques ou insoumises auraient été relaxées de façon injustifiée, d’hôpitaux-prisons tels que Saint-Lazare.
Mais l’exaspération de l’homme de confiance de la Préfecture de Police est à son comble lorsqu’il constate que les révolutionnaires et les personnes prostituées font cause commune : On comptait des prostituées en armes dans les rangs des insurgés. Il y en eut qui prirent part aux barricades...
Nul ne sait ce qu’il serait advenu de la balbutiante politique menée par les Révolutionnaires. L’épisode, en effet, fut de très courte durée. Après l’écrasement sanglant de la Commune, le gouvernement de Thiers procède énergiquement dans la bataille contre la prostitution clandestine dont les scandales s’étalaient partout. Enfin rassuré, Lecour estime que la répression s’exerce alors d’une manière proportionnée à l’importance des désordres...
En huit mois (de juin 1871 à janvier 1872), la police procède ainsi à plus de six mille arrestations pour faits de prostitution ! La parenthèse communarde refermée, l’État revient avec soulagement à la case départ. Premier symbole, la réouverture des "maisons de tolérance" : si dix-neuf d’entre elles avaient été fermées sous le siège et la Commune, quinze sont bientôt rouvertes, ce qui porte leur nombre à cent quarante-deux en 1872. Cette timide tentative de la Commune n’aura plus de suite ample et officielle qu’en 1946 avec l’adoption de la loi Marthe Richard ...
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Re: Prostitution

Messagede MélusineCiredutemps le Sam 18 Aoû 2012 23:47

Prostitution : Pourquoi nous sommes abolitionnistes

Le commerce du sexe, base de l'esclavage sexuel des femmes et des jeunes filles

Du nord ou sud, de l'est à l'ouest, les femmes vivent dans un contexte politique dominé par le patriarcat et le capitalisme. Ce sont des systèmes d’organisation sociale où les femmes sont considérées comme des objets disponibles, une marchandise à l’usage des hommes. Les médias, et en particulier la publicité et l'industrie pornographique, présentent des images de femmes accessibles sexuellement pour assouvir les besoins soi-disant incontrôlables des hommes.

Cette conception patriarcale de la sexualité masculine est une des bases de la banalisation et de la pérennité du système prostitutionnel :

• La hiérarchisation des genres valorise le sexe masculin, les hommes présentés comme forts, dominateurs, virils, guerriers, conquérants, consommateurs de sexe.
Dans le même temps on dévalorise, humilie, s’approprie le corps des femmes.
• Le besoin sexuel masculin serait si irrépressible qu’il serait nécessaire de satisfaire immédiatement ses pulsions auprès des prostituées afin de protéger les autres femmes (femme prostituée = femme sacrifiée à l'ordre social).

Cette vision relève d’une construction sociale et culturelle qui crée un homme dominant et une femme et des enfants dominés. La virilité à laquelle sont assignés les hommes n'est pas questionnée. Le mutisme et la négation de l'être, assortis d'une disponibilité totale et d'une soumission intériorisée, sont reconduits pour les femmes. Pour l'homme, c'est le couronnement du désir mâle, base de la domination masculine sur toutes les femmes. Le petit garçon apprend qu'il appartient au clan des mâles, des dominateurs.

Aujourd'hui, l'idéologie libérale vise à normaliser la prostitution, la faisant passer pour un "plus" pour les femmes en la nommant "travail du sexe". L’exploitation sexuelle des êtres les plus vulnérables, les femmes et les enfants, est réduite à l'exploitation qu'exerce le capital dans le cadre du travail. Tout est supposé pareil, caissière au supermarché, femme de ménage, secrétaire ou serveuse du moment qu'en échange d'un salaire, on accepte de se contraindre à des horaires, des règlements ou autres hiérarchies. Les tenants de la légalisation de la prostitution (les réglementaristes) amalgament toutes ces situations.

L'économie marchande construit de toutes pièces et contrôle la sexualité, les lieux de la sexualité, les conditions d'exercice de cette sexualité, dans des formes dites archaïques : prostitution de rue… - ou dites modernes : nébuleuse des bars, lieux de divertissements, salons de massage, hôtels, sex-shops, cyber-sex, production et tournage de films pornographiques, minitel rose ...

Complices de cet état de fait, les médias (espaces publicitaires, télévision, presse, Internet...) véhiculent des images pornographiques où les femmes aiment être violées et prostituées. Ils participent ainsi de la construction de l’imaginaire des jeunes garçons qui filment ou visionnent des scènes de viols collectifs pour les diffuser à leurs copains comme des trophées ou comme des rites initiatiques à leurs premiers rapports sexuels.

Le commerce des corps est une violation flagrante de l'intégrité des femmes, de leur droit à l'autonomie et à la dignité. Le marché construit et transmet des images et des imaginaires patriarcaux pour contrer la liberté des individu-e-s, canaliser leurs énergies, les rendre vaines et s'opposer à une réelle libération des rapports humains.
Le corps des femmes est un terrain et un enjeu majeur pour le patriarcat dont le capitalisme diffuse les modèles sexuels


2 - Légaliser la prostitution, c'est légitimer les violences faites aux femmes

Dans la prostitution, les femmes doivent, contre de l'argent, accepter une situation intolérable. De sujets, elles deviennent objets, acceptent une hiérarchisation des positions qui entérine un rapport inégalitaire, source de violences.

Elles sont utilisées sexuellement par de nombreux hommes : clients (prostitueurs) et proxénètes. Dans ce contexte, les femmes risquent d'être agressées, violées, battues. Elles peuvent subir des actes sadiques, du harcèlement sexuel, des injures verbales. A force de vivre dans un climat de peur, de violences physiques et psychiques, elles sont nombreuses à recourir à la drogue, à l'alcool ou au suicide pour oublier les traumatismes de leur vie quotidienne.

L’imaginaire qui se construit à partir de la marchandisation des corps nous rend toutes et tous vulnérables. Tant qu’un individu pense qu’il peut s’approprier (même de manière imaginaire) contre de l'argent le corps d’une personne, chacun, chacune de nous est, sera prostituable. Considérer les femmes comme des objets que l’on achète, l’argent remplaçant toute capacité relationnelle, tout respect, c’est construire une société déshumanisée, violente où l’argent domine toutes les sphères de notre vie, y compris les plus intimes.

L’argent permet aux prostitueurs de se dédouaner de toute responsabilité (risque de grossesse non désirée, de transmission de maladies vénériennes, du sida...) vis-à-vis des êtres dont ils disposent

Ce qui est grave c'est que dans un cadre réglementariste, les violences auxquelles sont soumises les femmes et les jeunes filles, dans le cas de la prostitution sont banalisées et considérées comme des dommages collatéraux de la "pratique du sexe".

Les violences à l’égard des femmes sont aggravées par la pauvreté. La mondialisation néolibérale aggrave les inégalités économiques, exploite le travail des femmes et leur enlève le contrôle sur les ressources qu’elles produisent. Cette inégalité est accrue, dans les pays du Sud, par la non-scolarisation massive des petites filles et le non-accès des femmes à la santé.

Le commerce des corps est une violation flagrante de l’intégrité des femmes, de leur droit à l’autonomie et à la dignité.

La réglementation de la prostitution amplifie l’existence du trafic : c'est un moyen de s’assurer que la demande en corps de femmes afin d'approvisionner l’industrie du sexe est pourvue sans aucun frein.
Les femmes et les fillettes étant disponibles contre de l’argent, elles ne peuvent plus se soustraire au viol et aux violences qui leur sont faites. Elles sont réduites à un véritable esclavage sexuel.

Le récent Accord général sur le commerce des services de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) libéralise le tourisme. Dès lors, des investissements sans mesure dans le secteur de la prostitution sont faits pour rendre disponibles les femmes et les enfants pauvres considéré-e-s comme des "ressources" vendues aux touristes. Ces politiques mises en place par les gouvernements nationaux et encouragées par le FMI et la Banque mondiale prétendent sortir ces pays du mal-développement.

La mondialisation appauvrit des millions de femmes ; elle accélère leur licenciement, l’augmentation du nombre de contrats de travail de courte durée, les bas salaires. Elle provoque aussi l’expropriation des terres que les femmes ont transformées en surfaces agricoles.

Corollaire de l’appauvrissement massif des femmes, le système prostitutionnel s’est propagé. Il est devenu une "industrie" mondiale accumulant des profits colossaux sur la misère et le trafic des êtres humains.


3 - Pénaliser le "client-prostitueur" ce serait une atteinte à la liberté. La liberté de qui ?

Nous sommes pour l’abrogation du délit de racolage que les personnes prostituées subissent car elle est complètement injuste et elle fait peser sur les victimes une double peine : la violence que constitue l’acte prostitutionnel, pour la majorité d’entre elles, et le harcèlement financièr que l’Etat leur fait subir. Cette loi est aussi hypocrite car elle transfère la responsabilité de la prostitution sur les personnes que la subissent. L’Etat joue ainsi un rôle de proxénète puisqu’il tire profit de la commercialisation du corps des femmes.

Par contre, pénaliser le « client-prostitueur » c’est rendre visible la responsabilité de ceux qui ont besoin d’un rapport marchand pour assouvir leur volonté de domination par le sexe où la communication et la relation humaine disparaît, la personne face à eux n’existe plus, elle est à leur service, elle n’est que l’instrument ou le jouet qui va leur permettre de se sentir virils et supérieurs. Pour eux, le corps des femmes est un territoire où ils peuvent vivre et assouvir leurs fantasmes. Le fait de payer pour l’accès au corps des personnes prostituées favorise le passage à l’acte de la spirale : humiliation, mépris, violences.

Ceux et celles qui disent non à la pénalisation des «clients» confortent et légitiment l’idée que les hommes sont incapables de contrôler et de changer leur sexualité, leurs images mentales, leurs fantasmes. Ils et elles veulent pérenniser le vieux monde où les hommes et les femmes ne sont ni libres ni égaux, ils et elles adhérent au modèle marchand du libéralisme mondialisé dans lequel l’argent permet que TOUT soit acheté ou vendu, ils développent le patriarcat, système de domination des hommes sur les femmes.


4 - Peut-il y avoir une prostitution "libre" ?
C'est ce que postulent les tenants du réglementarisme et que nous dénonçons.

Lorsqu’on n’a pas d’autre choix, que la misère économique affame les hommes, les femmes et les enfants, que l’imaginaire des peuples du Nord et du Sud est violé, lorsque la domination économique, culturelle et un certain modèle social du Nord sont les seules références reconnues, alors la prostitution se développe. C'est parfois la seule issue pour survivre. Appeler cela un choix est une aberration du système libéral.

La force de ce système d'exploitation est de faire croire aux possibilités de libération par un marché prétendument neutre et d'induire le consentement des personnes marchandisées pour entériner le plus archaïque des rapports de forces.

Faire adhérer l'individu-e à ce système permet d'anesthésier toute velléité de révolte et de résistance. L'individu est isolé de son milieu affectif et social. Le nec plus ultra de la libération par le marché semble atteint. "Mon corps, ma petite entreprise", disent-ils.
La prostitution (sans argent, pas de sexe) dissimule donc le rapport de domination. L'argent rend invisible ce rapport, il le banalise.

Tout s'achète : Le plus fort achète le plus faible, l'affame et le domine.

L'économie libérale mondialisée détruit au plus profond des sociétés les liens sociaux, les liens de solidarités, vidant de sens les luttes politiques et substituant la soif d'argent et de consommation à toute utopie du vivre ensemble...

Au nom de la liberté individuelle, les individu-e-s atomisés, séparés de tout, libérés de toute appartenance sont renvoyés à la solitude pour mieux servir des intérêts particuliers travestis en intérêts globaux. L'individualisme serait le dernier recours pour se protéger d'un monde en débâcle.

Au delà des contraintes économiques, réfuter l'idée qu'il s'agit là de choix, c'est prendre en compte des facteurs autres, plus insidieux, parfois moins conscientisés. L’entrée des femmes dans la prostitution est souvent liée à une expérience personnelle antérieure d’inceste et/ou de viol, au rejet cynique de leur famille et/ou de leur communauté, quand elles parlent de cette situation ; aux pressions culturelles qui leur imposent d’être vierges au moment du mariage, de subir un mariage forcé...

Elle peut aussi être conditionnée par la place et le rôle des femmes dans leurs relations avec les hommes, le mythe de la femme séductrice, de la disponibilité sexuelle dont les femmes doivent faire la preuve.
Le fait que les femmes soient souvent engagées émotionnellement avec ceux qui les violentent a des
conséquences importantes : des actes qui seraient punis s'ils étaient pratiqués par un patron, un employé, un voisin ou une connaissance, restent souvent impunis quand ils sont commis par des hommes au sein de la famille ou dans le cadre du système prostitutionnel.

Face à des choix individuels marginaux, plus ou moins libres en réalité, il y a toujours une multitude de situations de contraintes et, dans le cas de la prostitution, il s'agit de la contrainte la plus violente qui soit, celle qui marque la condition d'objet sexuel qu'est potentiellement toute femme pour tout homme. Se prostituer n'est pas le plus vieux métier du monde.

La revendication d'un choix, même si elle est sincère, ne peut qu'aboutir à une impasse dans laquelle la femme prostituée est enfermée.

Le système prostitutionnel perpétue la plus vieille marque de soumission d'un sexe à l'autre. Notre libération ne peut passer que par son abolition.


5 - La prostitution n’est pas ce à quoi rêvent les petites filles pour leur futur

Les petites filles ont besoin d'aller à l'école, de vivre leur enfance, de développer leur personnalité, de découvrir et de rêver le monde, protégées et respectées par les adultes qui les entourent.
Peut-on accepter et trouver normal qu'un enfant pauvre né à Bamako, à Calcutta ou dans une banlieue pauvre du Nord commence sa vie d'adulte en se prostituant sur un trottoir à Toulouse, à Hambourg ou dans une grande métropole du Sud ou du Nord ? Est-ce un rêve d'enfant ? Est-ce un rêve de parent ? Est-ce une aspiration d'individu-e-s libre-s ?

Les violences, les abus sexuels dont souffrent les femmes et les filles victimes du système prostitutionnel ont des conséquences néfastes pour leur santé physique et psychique. Elles sont du même ordre que pour les femmes et les filles battues et violées.
Ces femmes prostituées témoignent que si d'autres options étaient possibles, si le monde était différent, si la prostitution n’était pas un piège pour des filles blessées et appauvries, elles ne supporteraient pas d'y être.


NOUS REFUSONS LES POLITIQUES REGLEMENTARISTES :

Elles confortent le système du mâle dominant et de l'argent roi.
Elles assignent les femmes prostituées à leur place.
Elles ne remettent pas en cause les rôles traditionnels dévolus aux femmes et aux hommes.
Elles légitiment et banalisent l’usage des femmes comme marchandises sexuelles.

Les politiques réglementaristes pérennisent le système prostitutionnel.


QUE VOULONS-NOUS ?

• Nous voulons un monde où aucune femme, aucun être humain, ne soit prostituable ni considéré comme un être inférieur.

Que tout enfant (fille ou garçon) ait droit, dès son plus jeune âge, à une éducation sexuelle et au respect de sa propre individualité.

Agissons pour un monde libre de toute forme de violence.

• Dénonçons le marché prostitutionnel, ses flux et ses trafics qui offrent en pâture le corps des femmes.
Visons, non à frapper les victimes, mais à responsabiliser et à pénaliser les prostitueurs.
Attaquons-nous aux racines du trafic sexuel et de la prostitution : n’acceptons pas que la traite et la prostitution soient présentées comme un travail pour celles et ceux qui n’ont pas d’autre choix pour survivre économiquement.
Combattons les politiques de l'OMC lorsqu'elles exacerbent la vulnérabilité des jeunes filles et des femmes.

• Exigeons la mise en place, d’urgence, de solutions de premiers secours : structures d’accueil, lieux de parole et d’écoute, logements accessibles...
Organisons-nous avec les femmes prostituées, luttons en nous attaquant aux structures de pouvoir, favorisons l'insertion sociale et professionnelle par la mise en place et le développement de formations appropriées.
Abolissons les structures d’inégalité pour les remplacer par des alternatives sociales et féministes.

Luttons pour l'abolition du système prostitutionnel, la mise en place d'un monde où les valeurs de la Marche mondiale des femmes : liberté-égalité-justice-paix-solidarité soient les valeurs qui régissent les rapports entre les individu-e-s en élaborant des mesures concrètes politiques, économiques, sociales et culturelles. Elles doivent être prises et appliquées au niveau des Etats et au niveau mondial dans le cadre de l'ONU.
Cette lutte n'est pas la lutte de quelques-unes, elle nous concerne toutes et tous.


Marche Mondiale des Femmes – France
Texte réactualisé, par l’ajout du chapitre n° 3, lors de la réunion nationale du 15 avril 2012
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MélusineCiredutemps
 
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Re: Prostitution

Messagede MélusineCiredutemps le Dim 19 Aoû 2012 22:17

edit de vroum pour la compréhension : protestà (avec un à et non un a pour usurper le pseudo de protesta) a posté ci dessus un message sexiste. Son compte a été supprimé et le message avec

Alors là, "Protestà (avec un accent sur le à, une inscription datant d'aujourd'hui et un seul message à ton actif) tu me prends vraiment pour une idiote. Et je me demande sincèrement si tu ne serais pas aussi "Vroum avec un point"... ça devient pathétique... J'espère sincèrement que tu n'es pas l'un des membres du FAR pour qui j'ai/j'avais de l'estime et que je considère/considérais comme un camarade, parce que si c'est le cas et que je le découvre, je serai vraiment déçue. Ce genre de méthode me donne la nausée. Se prétendre féministe tout en diffusant lâchement des messages et des images machistes à des fins strictement stratégiques dans le cadre d'une guerre de clocher... Clairement, c'est instrumentaliser le féminisme, et prendre les féministes pour des pintades !
T'as vraiment rien d'autre à faire que d'essayer de pourrir les topics que j'ai ouvert ?
Quant au message de Spleen, il est tellement vide de sens et bourré d'énormités révélatrices de son absence de conscience politique que j'ai tout simplement jugé inutile de lui répondre. De plus, malgré son intention d'avancer des arguments qui contrediraient les miens, il n'y parvient absolument pas au point de donner l'impression de ne pas avoir lu les textes qu'il a la prétention de critiquer.
En tant qu'anarchistes nous sommes censé-e-s défendre nos valeurs dignement et dans la transparence. Ce que tu fais là c'est tout le contraire...
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Re: Prostitution

Messagede Béatrice le Dim 19 Aoû 2012 23:12

MélusineCiredutemps a écrit:J'espère sincèrement que tu n'es pas l'un des membres du FAR pour qui j'ai/j'avais de l'estime et que je considère/considérais comme un camarade, parce que si c'est le cas et que je le découvre, je serai vraiment déçue. Ce genre de méthode me donne la nausée. Se prétendre féministe tout en diffusant lâchement des messages et des images machistes à des fins strictement stratégiques dans le cadre d'une guerre de clocher... Clairement, c'est instrumentaliser le féminisme, et prendre les féministes pour des pintades !


MélusineCiredutemps :

Ne tombe pas dans le piège de ce qui se trame sur ce forum : une véritable saloperie ( digne des politicards de la pire espèce ) !
Tout est bon dans les stratégies manipulatrices sur ce forum à des fins plus que douteuses pour se débarrasser définitivement de celles et ceux qui politiquement sont considéré(e)s comme des
ennemis , de la part d'un clan composé de membres d'un groupuscule isolé ( la CNT AIT et un membre de la FA controversé depuis longtemps sur ce forum ) . Le musèlement de la parole , à défaut du ban
permet donc toutes les saloperies les plus sordides !
Il est parfaitement éclairant que derrière un clavier , toute latitude dans ce domaine est d'une facilité déconcertante !
Par contre , lorsque tu rencontres certains des protagonistes activistes sur ce forum au-delà de leur clavier , il est clair qu'il en va tout autrement : ils "rasent" les murs !
Béatrice
 

Re: Prostitution

Messagede Lehning le Dim 19 Aoû 2012 23:22

Bonsoir !

La manipulatrice, c'est bien toi Béatrice. Enfin t'essayes...

Il est devenu évident que certaines personnes du FAR ici ne viennent que flooder en imitant les pseudos de membres éminents de ce forum.

C'est à la fois pathétique et grotesque !

Sinon, pour en revenir au thème véritable de ce topic, il est tout aussi clair que la brochure d'Hélène HERNANDEZ et d'Elisabeth CLAUDE intitulée "Contre le système prostitutionnel" est une excellente base de lecture pour comprendre l'abjection qu'est la prostitution en système capitalo et qu'elle ne pourra exister dans une société libertaire.

Helène HERNANDEZ et Elisabeth CLAUDE sont depuis des décennies membres de la Commission Femmes de la FA et elles ont rédigées une brochure formidable contre la prostitution.

Salutations Anarchistes !
Dernière édition par Lehning le Dim 19 Aoû 2012 23:38, édité 1 fois.
"Le forum anarchiste est ce que ses membres en font."
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Re: Prostitution

Messagede Béatrice le Dim 19 Aoû 2012 23:35

Lehning a écrit:C'est à la fois pathétique et grotesque !


Le pathétique et grotesque c'est bien toi , et pour rappel :

viewtopic.php?f=19&t=7665
Béatrice
 

Re: Prostitution

Messagede robindébois le Lun 20 Aoû 2012 00:00

Il y aurait des envahisseurs qui viendraient d'une autre planète ? Les forums seraient des pré carré organisationnels et il serait impossible ici d'être inscrit sur d'autres forum ? S'il est clair qu'un courant de l'anarchisme semble être ici poussé vers la porte de sortie par ceux qui y ont pris le pouvoir et que beaucoup de membres sont censurés, le truc de l'envahisseur fait en effet grotesque, en même temps que çà montre certaines intentions. D'ailleurs Lehning ne s'est jamais géné, et auparavant en Alayn pour dire qu'il fallait "vaporiser" les "coco-libs". Et bien, à vue de nez ce troll là est bien unique et propre à ce forum, il revient et repousse ici par moment, mais il ne vient pas d'ailleurs. Cette manière de faire est très situationniste au passage. Je partage ce qu'en dit MélusineCiredutemps, qui par contre semble tomber dans le piège de l'amalgame qui sert la mauvaise soupe à Lehning, et qui se rendra vite compte que le sexisme et l'antiféminisme se rencontre malheureusement bien souvent ici.
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