Roro a écrit:Le fait d'attaquer et de piller des commerces (je suis pour ce genre d'actions perso, à la condition qu'elles s'attaquent à des chaînes, le "vrai" petit commerçant, galère souvent bien plus que les premiers, car il doit se battre contre eux, ce qui est loin d'être aisé) permet de rentrer en opposition directe au capitalisme. .
kuhing a écrit:
-Sur la question de l'affrontement avec les forces armées que Roro soutient et que Croquemitaine justifie dans une perspective d'apprendre à se battre contre eux, je crois qu'apprendre à se battre ne se fait pas qu'en prennant des coups sans pouvoir en donner et c'est ce qui se passe quand tu affrontes des CRS sur-entrainés, sur-équipés, qu'on sort d'un car surchauffé et qui n'ont qu'une seule envie c'est se défouler sur toi.
Et ensuite si te te fait chopper, comme ça arrive assez souvent, c'est la garde à vue, et le tribunal.
Plutôt inégal comme combat si tu l'engages de façon isolée.
Et je ne suis pas sur que l'impact auprés de la population soit vraiment favorable...
par contre quand l'affrontement vient des personnes directement et massivement en lutte, pas de problèmes.
donc, si vous voulez apprendre à vous battre, je vous suggère de choisir comme moi l'option sport de combat. Tu t'entraines pas juste quand il y a une manif et t'as le temps d'assimiler la technique.
kuhing a écrit:-Concernant le septicisme sur un évventuel déferlement massif, je ne serai pas aussi pessimiste que Léo.
Nous avions un camarade chilien lors de notre dernière réunion du CAam qui a vécu la période Allende et a du s'exiler ici aprés et, de sa vision extérieure et fort de son expérience, il nous a expliqué que la France lui semblait pour lui la plus grosse poudrière sociale qu'on pouvait trouver sur toute la planète...
Si je m'abstiens de faire référence à la société future, c'est que je pense qu'elle naitra progressivement en fonction des luttes menées. Je vois plus l'Anarchie comme "l'inaccessible étoile" ( Jacques Brel, "La Quête") pour laquelle il faut se battre, un idéal dont ont doit se servir chaque jour pour orienter sa réflexion et ses actions, que comme "la société de demain".
Berckman a écrit:kuhing a écrit:-Concernant le septicisme sur un évventuel déferlement massif, je ne serai pas aussi pessimiste que Léo.
Nous avions un camarade chilien lors de notre dernière réunion du CAam qui a vécu la période Allende et a du s'exiler ici aprés et, de sa vision extérieure et fort de son expérience, il nous a expliqué que la France lui semblait pour lui la plus grosse poudrière sociale qu'on pouvait trouver sur toute la planète...
eh ben ça sent pas bon pour le reste de la planète alors...qd on voit l'état des consciences en France.
Pour briser l'Etat et le capitalisme, il faut un mouvement massif
Léo a écrit:Kuhing tu t'es trompé dans ton quote, ce n'est pas Berckman qui disait cela mais moi...
EXTRAIT DU CAHIER DE L’ANARCHOSYNDICALISME N°38
AUTONOMIE POPULAIRE ET DESOBEISSANCE CIVILE :
LES AUTOREDUCTIONS EN ITALIE
VIII. RVI (RENAULT VEHICULE INDUSTRIE), GREVE DE 1979 :
J’ai été amené, au cours de mes recherches, à feuilleter le mémoire d’histoire de Cédric Leroy, consacré à la décennie des grèves ouvrières : 1968-79. Je me suis arrêté sur le passage d’une grève à RVI-Caen, menée en mai-juin 1979, durant laquelle avaient flotté des drapeaux rouges et noirs. J’ai eu la chance de croiser un ancien militant du comité des travailleurs révolutionnaires, cité dans son mémoire. Cet individu m’a accordé un entretien, en juin 2005, pour témoigner de cette persistance à l’expression de la radicalité et de l’autonomie dans le mouvement ouvrier.
Paul Anton : En quelle année as-tu intégré RVI ?
M.B : 1974, au mois de juin, en tant qu’ouvrier spécialisé .
Paul Anton : Pourquoi as-tu entrepris cette démarche ?
M.B : J’ai décidé de quitter Moulinex pour rentrer à RVI, devenue une citadelle rouge depuis les événements de Mai 68. D’importantes luttes revendicatives se développaient.
Paul Anton : Est-ce qu’il y a eu une autre raison essentielle ?
M.B : La grande majorité des jeunes salariés de cette usine de camions ont été radicalisés par les événements de Mai 1968.
Paul Anton : Tu as constaté le résultat de la mixtion de la décentralisation, du baby-boum et du modèle fordiste.
M.B : Exact !
Paul Anton : Avais-tu une expérience de lutte ouvrière ?
M.B : J’en avais une puisque j’avais déjà travaillé à Moulinex où j’ai participé à plusieurs luttes très dures. Je tenais à préciser que j’avais été, dans un premier temps, un jeune lycéen imprégné par les événements de Mai 1968 : les manifestations impressionnantes, les occupations d’usines, les affrontements violents…
Paul Anton : As-tu rejoint un syndicat pendant cette époque ?
M.B : Oui, j’ai adhéré à la CFDT peu de temps après mon entrée à RVI.
Paul Anton : Ta prise de carte à la CFDT paraîtrait étonnante aujourd’hui.
M.B : Sûrement ! Mais, la CFDT était très combative à cette période. Un courant autogestionnaire existait même en son sein !
Paul Anton : Si nous revenions à RVI, que tu m’expliques la mise en place du comité des travailleurs révolutionnaires !
M.B : Volontiers. On observait que les syndicats n’incitaient pas à la lutte et qu’ils entendaient faire exprimer le mécontentement vers un jeu de soutien au programme commun de la gauche. Leur principal objectif était de le réorienter dans le mécanisme électoral et parlementaire pour mieux limiter, annihiler complètement, le recours à l’utilisation de la grève, qui s’accompagnait parfois d’autres actions des salariés contre les patrons et les petits chefs.
Paul Anton : Et l’impact ?
M.B : Nous l’aurons dès l’enclenchement du processus de lutte, en touchant un certain nombre de camarades syndiqués CGT, CFDT et non syndiqués.
Paul Anton : A propos de l’étiquetage politique ?
M.B : Il a été hétérogène : des trotskystes, des maoïstes, des libertaires et beaucoup de camarades qui ne se reconnaissaient dans aucun parti. Ce point commun nous a conduit à éditer des tracts, réalisés sur notre appréciation de la lutte en cours. Ceux-ci ont reçu un écho favorable chez les travailleurs combatifs.
Paul Anton : Quelle méthode d’intervention utilisiez-vous ?
M.B : Défiants vis-à-vis des appareils syndicaux, les membres du comité des travailleurs révolutionnaires privilégiaient la discrétion, en diffusant les tracts subrepticement, à l’intérieur des ateliers par exemple. Nous intervenions de manière individuelle mais coordonnée lors des assemblées générales, des meetings et des débrayages d’ateliers. Nous insistions sur le fait de promouvoir un mode de fonctionnement qui privilégie la constitution d’un comité ou d’un collectif de lutte, pour stimuler une hausse des revendications. Nous exprimions aussi les idées d’autogestion, de contrôle ouvrier, du refus de produire de l'équipement militaire et le rejet de l’idéologie du travail salarié…
Paul Anton : Bref, l’idée des soviets !
M.B : Vraisemblablement !
Paul Anton : Combien étiez-vous à cet instant ?
M.B : Environ une centaine de membres actifs, mais il m’aurait été difficile d’évaluer le nombre des sympathisants. Je pense qu’il a pu se chiffrer à quelques centaines. Notre impact s’amplifiera pendant la phase dure du conflit. Le comité des travailleurs révolutionnaires, via les piquets de grève, deviendra ouvertement la structure organisatrice et référenciée parmi les travailleurs combatifs. Aucune décision ne pouvait se prendre en dehors du cadre des assemblées générales. Le comité des travailleurs révolutionnaires a été, à ce moment, en adéquation totale avec la lutte. La propagande anarchiste s’est manifestée. Certains grévistes ont découvert qu’ils partageaient une large sympathie pour cette idéologie. C’est pour cela qu’apparaît le drapeau noir à coté du drapeau rouge pendant toute la durée des piquets de grève ! Ils seront hissés en haut du mât tandis que plusieurs milliers de grévistes entonneront l’Internationale ! La CGT, outrée, a tenté d’imposer la présence du drapeau tricolore. Les grévistes l’ont brûlé car ils n’admettaient que ces deux couleurs : le rouge (le mouvement ouvrier) et le noir (l’anarchisme) !
Paul Anton : les syndicats ont-ils eu une posture unanime ?
M.B : La CGT et FO ont été très embarrassées et la CFDT a soutenu le conflit tout en étant divisée. Le vrai problème était que celui-ci concernait les OS. Ce conflit n’arrivait pas à s’étendre aux autres salariés, dont une majorité inactive avait tergiversé sur le fait de soutenir ou de s’opposer au conflit, le bénéfice profitant à chacun en cas de victoire. Soucieux des élections syndicales, les syndicats se sont retrouvé écartelés entre une majorité inactive et une minorité offensive qui maintenait la tradition historique de lutte ouvrière à RVI. Les syndicats n’ont pas souhaité courir le risque de se mettre à dos l’une ou l’autre. Leur existence s’en trouvait liée.
Paul Anton : Le comité des travailleurs révolutionnaires dominait, si j’ai bien compris !
M.B : Oui, l’AG des piquets de grève menait la lutte et les syndicats se voyaient obligés de négocier indirectement avec le comité des travailleurs révolutionnaires. Je rajouterai que la démarche visant à la création du comité des travailleurs révolutionnaires ne s’est pas arrêtée qu’à RVI. Elle s’est mise en marche sur d’autres lieux : SMN, PTT, CHU, Moulinex. Une réelle dynamique d’auto-organisation s’est ébauchée vis-à-vis des syndicats et des partis politiques de gauche, qui posaient, à terme, leur légitimité à encadrer et représenter les exploités.
Paul Anton : Quelle a été l’analyse des grévistes ?
M.B : Ces derniers se sont posé le dilemme suivant : arrêter ou continuer ! Nous n’entraînions pas la totalité des salariés de notre côté. La direction avait joué sur le pourrissement et les syndicats s’étaient trouvés dans l’expectative. Les grévistes ont décidé de monter l’action d’un cran en proposant l’occupation de l’usine et ont envisagé d’étendre le conflit au niveau de l’agglomération. C’est à partir de ce moment là que la situation a changé très rapidement. La direction a essayé de mobiliser les non grévistes avec l’appui des cadres et de certains petits chefs. Lors d’une marche vers l’entrée principale de l’usine, ils ont tenté d’enfoncer le piquet de grève, qui tenait bon malgré les heurts violents.
Paul Anton : Que s’est-il passé ensuite ?
M.B : Les forces de l’ordre ont accompli leur besogne quelques temps plus tard, pour rétablir le libre accès à l’entreprise, en dégageant les camions qui obstruaient les entrées.
Paul Anton : Cédric Leroy a mentionné, dans son mémoire, l’intervention les forces de l’ordre à la demande effective des syndicats.
M.B : Il était tout à fait possible que les syndicats souhaitaient, d’une façon active ou passive, le concours de la police pour liquider ce conflit qu’ils ne maîtrisaient pas. Les relations entretenues par les deux camps ont d’ailleurs été de plus en plus inquiétantes, risquant d’instituer un climat très nuisible dans les conditions de travail. Il ne faut pas oublier que RVI était l’entreprise phare de la région. Je n’ai pas su si la CGT et FO sont intervenues directement. Mais si c’était la réalité : rien n’a filtré ! Au sujet de la CFDT, la polémique entre Guy Robert et Norbert A était connue. Guy Robert indiquait que Norbert A avait agi afin de favoriser l’intervention des forces de l’ordre.
Paul Anton : Qu’est-ce que vous avez décidé ?
M.B : Le comité des travailleurs révolutionnaires s’est fondu dans une structure dénommée "Débordement", en utilisant le même mode d’intervention. Son audience s’avérera importante pour continuer d’inquiéter les syndicats et la direction.
Paul Anton : Et la gauche est arrivée au bord du pouvoir ? Alors ? J’imagine que tu n’as pas fait la fête le 10 mai 1981 !
M.B : Avant cet événement, les syndicats, les partis de gauche, en y incluant l’extrême gauche trotskyste, ont placé leurs espoirs dans la réalisation du programme commun, contribuant largement à la démobilisation des travailleurs. Nous assistions à une décrue des luttes dures (ou directes). Cela a été le point mort ! "Débordement" a tenté de briser le mirage social-démocrate. Nous devions atteindre quelques années pour que celui-ci cesse.
Paul Anton : La réaction des patrons ne s’est pas fait attendre !
M.B : Ils ont profité de la nouvelle période, avec l’appui tacite de la gauche politico-syndicale, afin de nettoyer les entreprises des éléments radicalisés et révolutionnaires, qui étaient mutés continuellement d’un poste à l’autre à RVI. La hiérarchie appliquait une logique de plus en plus disciplinaire, usant de techniques connues d’isolement, pour affaiblir psychologiquement les travailleurs combatifs. L’amoindrissement du rapport de force a permis à la direction de liquider le noyau révolutionnaire. Personnellement, comme d’autres, soumis à ce genre de traitement, j’ai choisi de quitter RVI en empochant l’indemnité de licenciement plutôt que d’attendre la faute grave.
Paul Anton : Ce qui explique en partie la faiblesse des luttes actuelles.
M.B : En effet, la réaction patronale s’est exercée minutieusement envers les éléments radicaux sur l’ensemble du territoire, surtout dans les établissements dits sensibles : les entreprises, les administrations, la fonction publique, etc. Tout cela a montré nettement qu’en dernier recours, la social-démocratie était l’allié du capital, n’hésitant pas à anéantir les forces révolutionnaires, pour que ce dernier continue de renforcer l’extraction de la plus-value garante du taux de profit.
kuhing a écrit:Roro a écrit:Le fait d'attaquer et de piller des commerces (je suis pour ce genre d'actions perso, à la condition qu'elles s'attaquent à des chaînes, le "vrai" petit commerçant, galère souvent bien plus que les premiers, car il doit se battre contre eux, ce qui est loin d'être aisé) permet de rentrer en opposition directe au capitalisme. .
Plusieurs remarques sur ce qui a été écrit précédemment.
-Sur celle de Roro au dessus, le problème c'est qu'il n'y a pas trop de magasins "Carrefour" ou "Auchan" sur les parcours habituels des manifestations et que ceux qui trinquent sont 99 fois sur 100 des petits commerçants qui galèrent pour la plupart et sont, en plus, proches des habitants des quartiers.
Quant à piquer dans les grands magasins je l'ai moi-même fait quand j'avais pas 1 thune et je me suis fait chopper au bout d'un moment. C'est vrai que ça dépanne au debut et ensuite tu y trouves un certain plaisir voire une certaine "puissance" quand ça marche. Par contre je ne vois pas grand chose de révolutionnaire là dedans.
-Sur la question de l'affrontement avec les forces armées que Roro soutient et que Croquemitaine justifie dans une perspective d'apprendre à se battre contre eux, je crois qu'apprendre à se battre ne se fait pas qu'en prennant des coups sans pouvoir en donner et c'est ce qui se passe quand tu affrontes des CRS sur-entrainés, sur-équipés, qu'on sort d'un car surchauffé et qui n'ont qu'une seule envie c'est se défouler sur toi.
Et ensuite si te te fait chopper, comme ça arrive assez souvent, c'est la garde à vue, et le tribunal.
Plutôt inégal comme combat si tu l'engages de façon isolée.
Et je ne suis pas sur que l'impact auprés de la population soit vraiment favorable...
par contre quand l'affrontement vient des personnes directement et massivement en lutte, pas de problèmes.
donc, si vous voulez apprendre à vous battre, je vous suggère de choisir comme moi l'option sport de combat. Tu t'entraines pas juste quand il y a une manif et t'as le temps d'assimiler la technique.
-Concernant le septicisme sur un évventuel déferlement massif, je ne serai pas aussi pessimiste que Léo.
Nous avions un camarade chilien lors de notre dernière réunion du CAam qui a vécu la période Allende et a du s'exiler ici aprés et, de sa vision extérieure et fort de son expérience, il nous a expliqué que la France lui semblait pour lui la plus grosse poudrière sociale qu'on pouvait trouver sur toute la planète...
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