Attentats à Paris .

Re: Attentats à Paris .

Messagede Candide le Mer 18 Nov 2015 12:04

Groucho Marx a écrit:http://www.non-fides.fr/?Comme-tombes-du-ciel

Comme tombés du ciel
Ces mecs, ces chiens de garde du sacré dont la responsabilité est souvent silencieusement diminuée par des analystes froids, ont joué leur part aussi – tout comme leurs imams, leurs mosquées et leur « communauté » des croyants. Avant de crier pour ne pas qu’il y ait d’amalgame entre les « modérés » et les « radicaux », posons nous les questions suivantes : combien d’entre ces « modérés » se sont inclinés lorsqu’on leur disait qu’aller boire un coup dans un bar de Paris est une abomination ? Combien étaient d’accord qu’écouter de la musique dans une salle de concert est une perversion ? Que l’homosexualité est le pire des péchés ? Combien d’entre eux ont osé protester à voix haute pour affirmer que ce n’est pas le cas ?
Le 17 novembre 2015, Des anarchistes d’ici et d’ailleurs. Non fides


Les celles et ceux qui ont écrit ce texte ont tout à fait raison : il y a un continuum ininterrompu entre le "simple croyant gentil et modéré" et l'assassin islamofasciste. C'est une réalité dure à avaler par les islamobarratineurs, mais c'est indispensable à intégrer si l'on veut comprendre la dynamique de ce qui se passe. Vous pouvez-aller à ce sujet le fil "amalgame nouveau terme à la mode" dans "débats de société" ou ce thème est déjà abordé, par exemple : Comme toujours dans la sphère politique, religieuse… c’est d’un continuum qu’il s’agit. Un continuum qui va de la personne qui se déclare musulmane mais n’est pas du tout pratiquante jusqu’au au djihadiste le plus meurtrier [11]. Entre les deux extrêmes du continuum, il existe toutes les nuances possibles et imaginables ; les uns puisant leur force chez les autres. Les pourfendeurs de « l’islamophobie » ne s’y trompent pas : quand ils s’insurgent contre le fait que les musulmans seraient « sommés » de se désolidariser des assassins, et qu’ils refusent cette désolidarisation, ils montrent bien qu’ils ont conscience du continuum qui existe entre les uns et les autres et de leur volonté de le préserver. (Texte CNT-AIT). De tels textes font s'étrangler de rage les islamobarratineurs. Et pour cause : ils n'ont aucun argument à y opposer.

Il y a encore des compagnons anarchistes qui reprennent le slogan « non à l’amalgame » (un des piliers du prêt à penser militant), il serait temps tout de même qu’ils réfléchissent et comprennent la dynamique des choses.
Bon courage à tous
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Re: Attentats à Paris .

Messagede Groucho Marx le Mer 18 Nov 2015 21:10

J'ai pu lire la plupart des communiqués des organisation d'extrême gauche et soit-disant anarchistes.
Outre le fait qu'il n'y a quasiment aucune compassion à l'égard des victimes, et des nombreuses personnes traumatisées par ces événements, ils nous servent leur vieille idéologie surgelée picard qui fait de l'anti impérialisme l'alpha et l'oméga de leur diarrhée politique. Aucun ne reviens, bien évidemment, sur leur complicité (largement documentée sur ce forum) avec l'islamisme et autres racistes de gauche.
Ils méritent des baffes, ils n'ont heureusement pour eux droit qu'au mépris profond de la population vis-à-vis de leurs délires politicards. Espérons que c'est un premier pas pour eux vers les poubelles de l'histoire.
Mes salutations vont à tous ces groupes qui eux, comprennent quand ils sont face à la barbarie, et sont humains, tout simplement.
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Re: Attentats à Paris .

Messagede bajotierra le Jeu 19 Nov 2015 09:51

Un professeur d'une école juive du XIIIe arrondissement de Marseille a été poignardé hier soir par trois individus qui ont exhibé un symbole de l'Etat islamique.




«Ce professeur a été accosté dans la rue par trois individus montés sur deux scooters vers 19h50. L'un d'entre eux a exhibé un tee-shirt de Daech et un autre a montré une photo de Mohamed Merah sur un téléphone portable», a déclaré le procureur de Marseille, Brice Robin. «Les trois individus ont insulté, menacé puis poignardé leur victime au bras et à la jambe. Ils ont été dérangés par l'arrivée d'une voiture et ont pris la fuite», a-t-il ajouté.

Le pronostic vital de la victime de l'agression à Marseille n'est pas engagé. La sûreté départementale des Bouches-du-Rhône a été saisie de l'enquête.

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Re: Attentats à Paris .

Messagede rastanar le Jeu 19 Nov 2015 17:36

Tout ce que cherche Daech,c'est nous diviser et nous faire peur,déclencher un clash entre les musulmans et le reste
de la population,une guerre civile,mais ça on laissera pas faire,hors de question que cela se produise,mettre un ter-
-me à leurs agissements.

http://www.ladepeche.fr/article/2015/11/19/2220587-daech-est-faible-le-message-d-un-presentateur-australien.html

Ni nationalismes ni religions,dehors !. Pas question que le communautarisme et le repli identitaire s'installent dans nos
foyers...

Quant au délire de l'extrême gauche tel que le NPA entre autre,qui ne sont que pour moi que des islamos-gauchistes
fascisants bien pourris,eux aussi font partis des ennemis de la liberté et qu'il faudra foutre dehors à grand coup de
pompes dans le fion.Collabos !.
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Re: Attentats à Paris .

Messagede bajotierra le Ven 20 Nov 2015 11:24

Comment les services marocains ont sauvé Paris d’un autre attentat
Karim Douichi

Après les attentats meurtriers du vendredi 13 novembre, Paris allait être la cible d’une autre tuerie aveugle. Les services de renseignement marocains ont livré de précieuses informations à leurs homologues français pour débusquer le commando terroriste de Saint Denis.

Le Lundi 16 novembre au matin dans les locaux de la Direction Générale des Etudes et de Documentation à Rabat, c’est la stupeur. Les responsables de l’espionnage marocain n’en reviennent pas. Les informations qui tombent depuis le weekend sont alarmantes. Elles proviennent de Belgique, de Hollande et d’Espagne et semblent toutes indiquer que le carnage du vendredi 13 n’était que le début d’une série d’attentats sans précédent qui devraient encore frapper l’Europe, et principalement Paris. L’heure est grave. Toute erreur pourrait se payer cash. Tout retard également. Des dizaines de morts, voire plus. Le scénario catastrophe tant redouté par la communauté internationale du renseignement est en train de se réaliser. Et il aura pour terrain Paris.

Le Maroc aux avant-postes

En effet, selon les informations en possession des Marocains, le tête pensante des attentats de vendredi le belge Abdelhamid Abaoud est toujours dans la capitale française et se prépare à lancer de nouveaux commandos contre des cibles « commerciales ». C’est une véritable course contre la montre qui s’engage. Tous les réseaux sont sollicités… les « indicateurs belges » de la DGED sont particulièrement actifs. Cela fait une décennie que Rabat surveille étroitement les réseaux jihadistes dans le Benelux. Cela a même causé à maintes occasions des coups de froids entre le royaume et le couple Pays Bas-Belgique. Amsterdam et Bruxelles regardaient d’un mauvais œil l’activisme des services marocains sur leur territoire, quand Rabat se plaignait du laxisme sécuritaire de ces deux pays.

Mais en ces moments cruciaux, les reproches sont rangés aux placards. La Belgique confirme la « piste Abaoud » que les Marocains tiennent depuis le début. A Paris, les téléphones trouvés après la tuerie de vendredi et les écoutes livrent quelques secrets et confortent les informations transmis par le Maroc. Selon plusieurs sources, certains prêcheurs radicaux d’origine marocaine, très actifs dans les quartiers de Bruxelles et qui sont « marqués à la culotte » par le royaume chérifien, livrent à leurs insu des informations capitales.

Le mardi 17 novembre dans la journée, les choses se précisent. Les Marocains transmettent à leurs amis français une information capitale. Le commando qui s’apprête à entrer en action est décidé et lourdement armé. Il a élu domicile à Saint Denis, non loin de l’un des funestes théâtres des attentats qui ont fait 132 morts. De leurs côté, les Français ont également énormément avancé. Il n’est plus question d’attendre. Une intervention doit être menée le plus rapidement. Il n’est pas question de le faire en pleine journée. Cela risque de mettre en péril plusieurs vies et ôterait l’effet de surprise aux forces de police. Peu de gens sont mis dans la confidence. Même le président n’est mis au courant qu’à l’heure H. L’opération est une réussite. Elle a permis de déjouer un « méga-attentats » qui aurait fait selon des sources bien informées plus de morts que ceux du vendredi dernier.

http://www.mondafrique.com/services-mar ... -attentat/
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Re: Attentats à Paris .

Messagede rastanar le Ven 20 Nov 2015 13:47

Six jours après les attentats et cinq après la révélation du nom d'Ismael Omar MostefaÏ,l'un des terroristes du Bataclan,Le Grand Journal a rencontré la famille de ce dernier.Le témoignage est très fort.Non Stop Zapping vous en dit plus.

Moins d'une semaine après les attentats qui ont touché la France,l'enquête progresse et les témoignages se multiplient
sur cette nuit d'horreur.Après celui des victimes,Le Grand Journal a rencontré la famille d'un des kamikazes du Bata-
-clan: Ismael Omar MostefaÏ.Ce dernier a été le premier terroriste identifié par les enquêteurs grâce à ses empreintes digitales.Placés en garde à vue pendant trois jours afin d'être interrogés,ils ont été relâchés sans qu'aucune charges ne soit retenue contre ce couple qui a préféré conserver l'anonymat pour raison évidente de sécurité.

Ils étaient au spectacle de Dieudonné.

Dans l'incompréhension la plus totale,l'homme explique qu'au moment des faits,ils étaient très proches des restaurants
et bars visés par les terroristes.Ils assistés en effet au théâtre de la Main d'Or au spectacle de...Dieudonné.Le mois der-
-nier,Elie Semoun et Baptiste Lecaplain avaient regretté les propos et positions récentes de l'humoriste.Ca va être cli-
-ché de dire ça...J'aimerais bien que Dieudonné refasse des sketchs comme il faisait il y a 10 ans parce que c'était un
très,très bon humoriste,expliquait le second.Là,c'est dommage ce qu'il fait à côté.Voilà,c'est le grand regret.On a perdu
un grand humoriste".

Interrogé par le journaliste du Grand Journal,le frère D'Ismael Omar MostefaÏ explique qu'il n'avait pas vu son frère de-
-puis "deux ou trois ans"."C'est devenu un monstre,je vous jure que ce n'était pas lui,ce n'est pas mon frère",poursuit-il"."C'est horrible,inexcusable,monstrueux et impardonnable ce qu'il a fait",clame le couple en larmes.


http://www.canalplus.fr/c-emissions/c-le-grand-journal/pid5411-le-grand-journal.html?vid=1332123

Et qu'on ne vienne pas nous dire qu'il n'a pas de lien,honteux,une grande part de responsabilité.La religion formate bel
et bien à la haine,au racisme,bref à l'affrontement.Dieudonné comme tous ses prêcheurs fascistes rendra des comptes.
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Re: Attentats à Paris .

Messagede rastanar le Ven 20 Nov 2015 18:50

François Morel : Ne renoncer à rien !.

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Re: Attentats à Paris .

Messagede Groucho Marx le Sam 21 Nov 2015 10:37

http://mondialisme.org/spip.php?article2383

Vernissage d’une antiquité : le défaitisme révolutionnaire (Temps critiques)
samedi 21 novembre 2015, par Yves
Temps critiques

VERNISSAGE D’UNE ANTIQUITÉ :

LE « DÉFAITISME RÉVOLUTIONNAIRE »

À propos des attaques islamistes de Paris, nous avons reçu un tract qui passe une couche de vernis sur une ancienne position de la gauche communiste devenue aujourd’hui une antiquité : le défaitisme révolutionnaire.

Premièrement, le tract est marqué par son incapacité à reconnaître ce qui est nouveau

D’après lui, nous serions dans un système capitaliste mondialisé. On peut donc supposer, sans pour cela perdre du temps à s’interroger sur la validité de la notion (kautskienne je crois) de "super-impérialisme", que les souverainetés nationales ont aujourd’hui peu de poids face à l’imbrication des différentes fractions du capital dans ce que nous appelons, à Temps critiques, le "capitalisme du sommet" (cf. n° 15). Ce tract devrait donc en tirer toutes les conclusions possibles. Au lieu de cela, le texte nous dit qu’en fait la situation de guerre est engendrée par des puissances visant à la défense de leur pré carré ! Cela suppose de maintenir une vision traditionnelle des luttes anti-impérialistes comme si on en était encore à l’époque coloniale ou même post-coloniale des années 1960-1980. Or le mouvement mondial de globalisation a déplacé la question ancienne de la possession coloniale ou de la domination néocoloniale avec maîtrise des territoires vers celle du contrôle des flux par le biais de politiques financières et de mises en réseaux clientélistes. Pour ne prendre qu’un exemple, il ne s’agit pas tant de s’approprier le gaz ou le pétrole moyen oriental que de garder les robinets de distribution ouverts afin qu’il n’y ait pas de risque de rupture d’approvisionnement pour l’ensemble des pays consommateurs de la communauté internationale. Seuls les quelques pays soumis à embargo sont tenus à l’écart de ce consensus.

Cet objectif internationalisé même si il est chapeauté par la puissance dominante, c’est-à-dire les États-Unis, change tout du point de vue stratégique. La stabilité d’un ordre mondial est primordiale pour garantir cette fluidité du capital et la circulation des ressources énergétiques ou des matières premières. Les stratégies ne sont donc plus dictées essentiellement par des efforts de déstabilisation de "l’autre camp" comme dans les soubresauts de l’après-guerre froide ; ou pour s’approprier des parts de gâteau dans une situation de guerre économique sauvage. Si on ne tient pas compte de ce nouvel ordre mondial, forcément instable dans certaines zones, alors pourquoi parler en termes de mondialisation comme le fait le tract ? Il n’y aurait rien de nouveau alors depuis 1945 !? C’est faire fi de toutes les réunions internationales incessantes, qu’elles soient de type commerciales, climatiques ou politiques.

Qui peut penser, comme le soutient par exemple le tract, qu’El Assad veut développer son "capital national" ? que Daesh dont les antennes s’étendent paraît-il dans trente pays viserait à développer son capital national ? Et les talibans aussi, c’était ça aussi leur objectif en transformant Kaboul en un village du Moyen Age ?

Cette incohérence ne permet pas de comprendre une double contradiction du capital. L’une au niveau stratégique de l’hyper-capitalisme du sommet entre d’un côté la tendance dominante à la mondialisation et donc à la crise des États sous leur forme d’État-nation et de l’autre la résurgence de politiques de puissance aussi diverses que celles menées récemment par le Japon, la Russie et l’Iran. L’autre au niveau de la gestion encore en grande partie nationale d’une situation où coexistent de façon conflictuelle, d’un côté une croissance de flux humains (migrants et réfugiés) parallèle à celle des flux financiers ou de marchandises et de l’autre une tendance protectionniste et souverainiste-identitaire.

Deuxièmement, la guerre est conçue dans des termes anciens

Cela découle de ce qui précède. Pour l’auteur du tract, la guerre ne peut être qu’une guerre entre États dans laquelle les gros mangeront les petits puisque les luttes de libération nationale qui avaient semblé inverser cette tendance ne sont plus vraiment d’actualité laissant place à une désagrégation des différents blocs issus de la Seconde Guerre mondiale puis de la Guerre froide. Pourtant ce qui caractérise les actions militaires depuis 2001, pour nous donc des opérations de police (cf. note 1) c’est ce qui a été théorisé par les experts en stratégie militaire, comme des guerres asymétriques ou dissymétriques, ce qui change la donne et pour tout le monde. Du côté des puissances et du pouvoir la désignation des ennemis n’est plus claire ; l’ennemi est-il encore extérieur ou en partie intérieur ? Le politique retrouve ici sa dimension incontournable par rapport à la dimension militaire et au rapport de force brut. C’est aussi pour cela que la position de facilité à court terme, pour l’État apparaît comme celle du tout sécuritaire.

Mais de « notre côté » les choses ne sont pas plus claires. S’opposer directement à la guerre comme ce fut le cas encore pour le Vietnam alors que la conscription existait toujours n’était déjà plus qu’une possibilité indirecte au moment de l’intervention en Irak de forces opérationnelles spéciales. Cette possibilité est maintenant devenue très problématique dans une configuration où s’affrontent professionnels technologisés et dronés d’une part, combattants fanatisés (et bien armés aussi), d’autre part. Les « lois de la guerre » ne sont d’ailleurs plus respectées ni par les uns ni par les autres. En conséquence, pratiquer le « défaitisme révolutionnaire » s’avère sans objet ; et se réfugier dans un refus de l’unité nationale comme si c’était l’objet du problème et par ailleurs comme si cela pouvait avoir un quelconque effet pratique, relève du slogan qui devient grandiloquent et même ridicule quand il nous promet, dans le cas contraire une mort programmée (le catastrophisme encore et toujours).

Troisièmement, il est marqué par sa confusion entre capital et capitalisme

Pour l’auteur tout est capitaliste et donc les États et même le "proto-État" Daesh sont des États capitalistes. Il s’ensuit, entre autres, qu’aucune analyse fine des particularités de Daesh ou d’Al Qaida n’est possible puisque le tract néglige complètement le fait que ces organisations prospèrent sur le tribalisme et non pas sur le capitalisme (ça n’empêche certes pas la valeur de circuler) et qui plus est sur un tribalisme religieux, le tribalisme sunnite en conflit ouvert avec un chiisme plus centralisé et institutionnalisé sur le modèle iranien. Le même phénomène se retrouve en Libye où la mort de Kadhafi a libéré la lutte clanique. Cet éclatement des guérillas peut même être l’objet d’une véritable stratégie comme celle des « franchises » d’Al Qaida, réplique militaire des franchisés commerciaux occidentaux. Cette organisation à l’horizontale se rapprochant aussi de certaines organisations mafieuses comme à Naples, ce qui rend « la traque » plus difficile..

Si elle revêt parfois des formes anticapitalistes ou anti-impérialistes, cette guerre de guérilla est avant tout appuyée sur trois axes, le premier religieux qui oppose révélation à raison est très éloigné des formes religieuses de l’islam intégré des pays occidentaux, le second familial et patriarcal en concordance plus étroite avec les piliers de l’Islam et enfin le troisième de type mafieux reposant sur l’accaparement de la rente, le pillage et le commerce illégal y compris l’esclavage. Il est donc inapproprié de traiter de capitalistes des organisations comme Daesh et Al Qaida alors que leur organisation et leurs perspectives sont tout autres. Il est aussi erroné de les traiter de fascistes comme le font souvent les libertaires et les gauchistes parce que le fascisme est un sous-produit du socialisme et du nationalisme alors que ces organisations n’ont justement pas de visées nationales ; elles sont même directement mondiales et s’adressent à une communauté des croyants potentiellement sans limite. Ce sont donc bien ces organisations et pas celles de la gauche radicale qui ont dépassé en pratique le cadre de référence de la nation même si ce n’est pas dans la perspective de la communauté humaine, mais dans celle aliénée de la communauté religieuse. C’est particulièrement vrai pour Al Qaida et si Daesh présente au départ une option plus territorialisée avec le projet de Califat, il semble que son orientation récente rejoigne celle de l’organisation concurrente. Au rebours de ce que prétend le tract, on peut même dire que ces organisations sont le fruit de la défaite des pouvoirs nationaux-socialistes nassériens, baasistes et kadhafistes dans la région.

Quatrièmement, sa perspective est d’origine historique décadentiste (mais drapeau dans la poche en quelque sorte).

Une phrase en est emblématique : « la guerre rode partout sur l’ensemble de cette planète vivant une véritable agonie ». À la limite, on peut dire que les djihadistes sont plus clairvoyants qui s’attaquent au capitalisme et particulièrement à une société capitaliste pourvoyeuse de plaisirs et fonctionnant sur un modèle hédoniste adopté par toutes les couches de la population y compris les plus défavorisées. En effet, les lieux choisis ne tiennent pas du hasard. Les lieux de divertissement sportifs, musicaux, bars ou restaurants à la mode ont été taxés de lieux « d’abominations et de perversion » par le communiqué de revendication des attentats par l’EI du le 14/11/2015. La crise avec un grand C n’est donc pas encore là quoiqu’en pense ou souhaite le tract. Les difficultés actuelles à reproduire les rapports sociaux dans leur ensemble n’empêchent pas la poursuite d’une dynamique de capitalisation dont l’un des axes est constitué par le consumérisme, festif de préférence.

C’est malheureusement une tradition, dans l’ultragauche, que de réactiver cette tendance décadentiste qui voit du mortifère et de la misère partout, mais aujourd’hui cela s’effectue sous une forme radicalisée catastrophiste bien rendue par la phrase : « ces attentats dont ceux de Paris ne sont qu’un hors d’œuvre ». Qui écrit cela frôle le cynisme et surtout pratique la politique du pire parce qu’il n’a pas de solution de rechange. Noircir le tableau est le signe d’une désespérance du courant communiste radical.

Cinquièmement, le spectre du prolétariat remplace la lutte des classes

Tout d’abord la classe ouvrière est définie comme la classe « antinationale par définition ». On se demande bien qui a pu établir cette définition. Le Larousse ? Non. Marx ? Oui, mais avec plusieurs bémols. Tout d’abord Marx n’est qu’un théoricien-militant à l’épreuve de la pratique et on connaît aujourd’hui la pratique qui a mis à mal ce qui devait être l’internationalisme prolétarien resté toujours très minoritaire au sein de la classe ouvrière. Ensuite la phrase du Manifeste adorée comme une Bible pour croyant est une phrase tronquée dont le contenu complet est moins clair ou univoque. Je cite : « Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut leur ôter ce qu’ils n’ont pas … Comme le prolétariat de chaque pays doit d’abord conquérir le pouvoir politique, s’ériger en classe dirigeante de la nation, devenir lui-même la nation [c’est nous qui soulignons], il est encore par là national ; mais ce n’est pas au sens bourgeois du mot ». Certes, Marx est encore à l’époque, imprégné de démocratisme révolutionnaire (deuxième partie de la citation) et sa perspective communiste reste lointaine même si elle est affirmée en tête de citation. C’est bien pour cela qu’il ne s’avance pas trop sur le caractère « antinational » du prolétariat. Il se laissera même parfois aller à un certain pangermanisme comme par exemple dans son opposition au slavisme de Bakounine ou dans ses prises de position au début de la guerre franco-allemande avant de comprendre l’importance de la Commune de Paris. En tout cas, s’il cède parfois à un essentialisme du prolétariat parce qu’il le pense dépositaire final de l’universalisme bourgeois (c’est sa position dans les œuvres de jeunesse), il sait aussi combien la classe ouvrière est une classe déterminée par ses conditions (c’est sa position à partir des Grundrisse). Alors pourquoi reprendre cela dans un tract répondant à un événement actuel ? La situation serait-elle plus favorable à l’expression de ce côté universel qu’au côté particulariste ? On aimerait bien mais on en doute. Le tract lui-même en doute quand il espère « le réveil du prolétariat international » sans se poser la question du pourquoi de son grand sommeil et sans se demander comment les tirs de kalachnikovs au Bataclan sonneraient ce réveil.

Ce qui est patent mais bien évidemment dur à reconnaître pour les courants communistes radicaux, c’est que ce genre d’événements nous met tout simplement hors jeu et on peut dire celui de novembre bien plus encore que ceux de janvier. Dans cette situation que nous subissons au plus haut point, toute position « programmatique », sous condition même qu’elle puisse être fondée en principe, s’avère artificielle et velléitaire. Pour éviter qu’elle apparaisse trop décalée il faut alors se replier sur une position du type de celle prise par Erri de Luca.

Cette intervention d’Erri de Luca est en effet cohérente avec son actuelle position démocrate et « antifa ». Il propose l’organisation d’une défense citoyenne sur le modèle de ce qui se faisait dans les quartiers de l’Italie des années 1970 pour neutraliser les fascistes même s’il s’agit cette fois de neutraliser les terroristes et ainsi d’éviter ce qu’il nomme un risque de « militarisation » excessive de l’État et donc sa droitisation extrême. Les dispositifs stratégiques imaginés par l’ancien dirigeant du service d’ordre de Lotta continua refont surface mais convertis pour un usage citoyen dans l’État de Droit de façon à nous sauver de l’État d’exception expérimenté un temps par l’État italien au cours des « années de plomb ». Sans partager ce propos, le réduire à un appel à la délation auprès de la police comme le font déjà certains, est un réflexe révolutionariste qui pense que la dénonciation est bien supérieure à la délation mais sans rien proposer d’autre qu’un mot d’ordre abstrait qui présuppose une guerre (de classe ?) entre deux ennemis, d’une part un État-policier et d’autre part des « révolutionnaires » qui le combattent. Où trouverait-on un collégien, même intoxiqué par le NPA, pour croire à cette fiction ?

Pour conclure et répondre indirectement à une intervention d’un camarade à propos de Jaurès et du patriotisme, nous joignons ci-dessous des extraits d’une lettre adressée à quelques camarades dans le cadre des discussions préparant notre texte sur les événements de janvier.

La phrase de Renan (« L’oubli, et je dirai même l’erreur historique, sont un facteur essentiel de la création de la nation ») date d’une conférence de 1882 et ton énoncé n’est d’ailleurs pas complet. Il convient pourtant de lire toute la phrase puisque Renan ajoute à l’oubli, l’erreur historique (c’est-à-dire finalement la nécessité d’une réécriture qui fasse une « histoire »). Une citation donc très Troisième République et une définition fort éloignée de celle de Sieyès (« la nation c’est l’association ») et autres révolutionnaires de 1789. Une définition qui s’explique par la volonté de fonder en théorie une conception de la nation qui puisse être reconnue par tous, du bourgeois jusqu’à l’ouvrier, du républicain jusqu’au royaliste. Le patriotisme originel, par exemple de « l’armée révolutionnaire » se transformera alors progressivement en religion de la patrie.

Les propos a-historiques que profèrent les « anti-nation » de principe et particulièrement ceux venus de l’ultra-gauche ou de l’anarchie, méconnaissent et c’est un peu étonnant, le fait qu’au moins jusqu’à la Commune de Paris, nation et patrie étaient des notions révolutionnaires puis internationalistes jusque dans la Première Internationale et que l’Église, la noblesse, les franges conservatrices de la bourgeoisie ne s’en revendiquaient pas, bien au contraire. On sait que la révolution française a combattu « le parti de l’étranger », mais qu’elle a accueilli comme français tous les volontaires étrangers dans ses légions, ancêtres des brigades internationales de 1936, les staliniens en moins.

Plutôt que de résumer ici des positions historiques de marxistes sur la nation pour en montrer les limites ou les ambiguïtés (Marx et sa citation tronquée du Manifeste, Bauer et la nation comme communauté de destin que le socialisme ne "dépassera" pas plus d’un claquement de doigt qu’il ne "dépassera" la religion, Strasser, Pannekoek et leur déterminisme mécaniste, etc.) nous renvoyons aux 100 premières pages du n°33-34-35 de la revue Ni patrie ni frontières d’Yves Coleman sur « Les pièges de l’identité nationale ». On doit pouvoir le commander ou le lire directement sur le site de NPNF et "mondialisme.org".

Temps critiques, le 19 novembre 2015.
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Re: Attentats à Paris .

Messagede rastanar le Sam 21 Nov 2015 16:38

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On se demande ce que les AL pseudos-libertaires ont compris :" Le terrorisme n'a ni religion ni couleur".

C'est quoi le terrorisme si ce n'est un mode opératoire militaire qui consiste à faire peur,à diviser,taper dans des
endroits bien précis,là où il y a le plus de monde(bars,concerts,stades,cabarets,etc...)planifier des attaques,de la stratégie,qu'on le veuille ou non,s'en prendre à un mode de vie qui ne correspond pas à une vision religieuse de la société.Qui fait ça ?,ça ne serai pas des musulmans peut-être ?,vous pensez quoi qu'ils ont une vision biaisée de
leurs croyances ?. C'est l'Islam qui persécute,qui avilie,lisez le coran ou des passages et vous verrez si il n'y a pas
d'appelle aux massacres,soyez honnêtes !.

Le religieux ça à toujours été la guerre,la répression,la dictature,on impose une manière de pensée ou plutôt de
croire,c'est un fondamentalisme,on persécute d'autres croyants(des musulmans,des chrétiens,des juifs,etc...)mais
aussi des athées,des antithéistes,des agnostiques,des sans religions,etc...qui se soumettrons jamais d'où effecti-
-vement une fuite des populations vers des pays qui ne connaissent plus la guerre depuis longtemps.l'Europe ça fait
70 ans que cela passe bien avec ses défauts,évidemment qu'il y a des discriminations mais vous pensez vraiment
qu'on laisse faire ou on incite les individus à s'organiser en syndicats ou en anarchosyndicats,en association diverses
mais le plus laÏque qu'ils soient,parce que nous acceptons tout types de personnes qu'elles que soit sa couleur de
peau,ses orientations sexuelles,qu'elles soient croyantes,agnostiques,athées,etc...

Le patronat profite d'une main d'oeuvre bon marché,ça on le sait,merci beaucoup,il est vrai qu'on ne les entends pas
trop en ce moment,trop occupé à faire des affaires,si ils peuvent exploiter et virer à tout va ils le font et vous pen-
-sez vraiment qu'on laisse faire comme ça comme si de rien n'était ?,le religieux récupère la misère ou essaye le plus
possible,le glissement est dangereux vers une radicalité et vous pensez vraiment qu'on laisse faire aussi ?.

Pour finir à l'attention des imbéciles d'AL et de l'extrême-gauche,arrêtez de manifester avec le PIR(Parti des Indigènes
de la République),qui n'est tout simplement qu'un virage à 180° dangereux vers le communautarisme et le refus de vi-
-vre ensemble,sinon vous disparaîtrez de la vie politique,d'ailleurs c'est exactement ce qu'il vous attend,mettez la clé
sous la porte,il y a urgence de vous barrez et de vous faire oublier,ça serai la moindre des choses.
Le soulèvement aura lieu...tu aura beau prier ton dieu---La Canaille

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Re: Attentats à Paris .

Messagede bajotierra le Sam 21 Nov 2015 17:37

Salut ,

le texte de temps critiques renvoie étonnement a un ancien article de janvier 2010 que j'ai mis en ligne

viewtopic.php?f=12&t=9866

où l'on voit bien que la construction du nationalisme , c'est a dire d'un concept définissant la nation comme un organisme vivant , procéde comme la religion d'une mythologie mensongère , destinée a la soumission des individus au profit d'un grand corps national ou d'un Dieu . A tel point que Rudolf Rocker a pu décrire le nationalisme comme la religion de l'Etat moderne , et rastanar a parfaitement raison d'écrire que le terrorisme est consubstantiel d' un Etat ( religieux ou non ) dés lors qu'il agit pour consolider et défendre son Pouvoir sur les individus

c'est pour moi sans aucune surprise que j'observe l'extreme gauche passer avec armes bagages dans le camp du fascisme et de la collaboration , si tant est qu'un jour elle en soit sortie ...Contrairement aux libertaires elle n' a jamais produit de critique structurelle de la religion , du nationalisme et du Pouvoir ,étatique ou religieux , sur les individus , au contraire a la suite de Rousseau puis Marx , elle a constemment nié les droits de l'individu au profit d'idéologies diverses , avant hier cétait la "volonté générale " , hier "la dictature du prolétariat " voilà aujourd'hui la " religion des opprimés ".
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Re: Attentats à Paris .

Messagede Candide le Dim 22 Nov 2015 14:52

[b]Effectivement, comme le souligne Bajotierra, il y a de grosses similitudes de fond entre le texte de « Temps critiques » et celui d’« Anarchosyndicalisme ! ». Par exemple, quand « Temps critiques » écrit :
Groucho Marx a écrit:http://mondialisme.org/spip.php?article2383
Vernissage d’une antiquité : le défaitisme révolutionnaire (Temps critiques)»

La phrase de Renan (« L’oubli, et je dirai même l’erreur historique, sont un facteur essentiel de la création de la nation ») date d’une conférence de 1882 et ton énoncé n’est d’ailleurs pas complet. Il convient pourtant de lire toute la phrase puisque Renan ajoute à l’oubli, l’erreur historique (c’est-à-dire finalement la nécessité d’une réécriture qui fasse une « histoire »). Une citation donc très Troisième République et une définition fort éloignée de celle de Sieyès (« la nation c’est l’association ») et autres révolutionnaires de 1789. Une définition qui s’explique par la volonté de fonder en théorie une conception de la nation qui puisse être reconnue par tous, du bourgeois jusqu’à l’ouvrier, du républicain jusqu’au royaliste. Le patriotisme originel, par exemple de « l’armée révolutionnaire » se transformera alors progressivement en religion de la patrie.

Les propos a-historiques que profèrent les « anti-nation » de principe et particulièrement ceux venus de l’ultra-gauche ou de l’anarchie, méconnaissent et c’est un peu étonnant, le fait qu’au moins jusqu’à la Commune de Paris, nation et patrie étaient des notions révolutionnaires puis internationalistes jusque dans la Première Internationale et que l’Église, la noblesse, les franges conservatrices de la bourgeoisie ne s’en revendiquaient pas, bien au contraire. On sait que la révolution française a combattu « le parti de l’étranger », mais qu’elle a accueilli comme français tous les volontaires étrangers dans ses légions, ancêtres des brigades internationales de 1936, les staliniens en moins.
Temps critiques, le 19 novembre 2015.


C’est un écho tout à fait précis au texte publié voici 5 ans :

bajotierra a écrit:La vérité historique, première victime du nationalisme - Ernest Renan, le grand mystificateur

L’essentiel de la falsification historique voulue par Renan et ses successeurs porte sur la Révolution française. Tout leur travail consiste à masquer la « rupture épistémologique » que représente cette période et à la présenter comme un simple prolongement du cours antérieur de l’histoire. Ainsi en est-il de l’idée de Nation, qui apparue dès le début de la Révolution, va être vidée de son sens par nos historiens et politiciens révisionnistes et déformée jusqu’à signifier le contraire de son sens premier. En effet, quand le terme Nation fait irruption dans le débat politique en 1789, il désigne clairement la collectivité formée par tous les individus, égaux entre eux, et de ce fait, la seule instance politique légitime dans un pays. L’idée de Nation se construit en opposition totale au pouvoir d’un seul (ou d’une petite caste), en opposition donc à la tyrannie qu’ont précisément défendu les Jeanne d’Arc, les Charles Martel et autres « personnages du passé » lors des siècles d’oppression féodale et monarchique, en opposition totale à cette idéologie qui permettait à n’importe quel crétin (pourvu qu’il fusse couronné) d’affirmer : « L’État, c’est moi  ! ».


Ainsi, pendant la Révolution Française, on pouvait fort bien être étranger, être né loin du territoire français, et être immédiatement intégré dans la Nation. C’est pourquoi des hommes et des femmes de tous les pays se retrouvèrent en France, dés 1789, à délibérer, à décider et à agir pour les idéaux révolutionnaires. A partir de 1792, il y eut même des bataillons entiers formés par les nombreux étrangers désireux de combattre sous les drapeaux de la Nation. On ne parlait pas alors de « brigades internationales » mais de « Légions » : Légions Belges, Légion Franche Étrangère Batave (Hollandais), Légion des Allobroges, Légion Germanique, Légion des Américains (Antillais et habitants métis ou blanc des colonies), etc.


Ces faits sont aussi remarquables qu’il sont peu connus. Et pour cause : ils gênent les historiographes nationalistes, préoccupés d’élaborer leur mystification xénophobe. Ils gênent tout autant l’école historique marxiste qui, les oeillères du matérialisme dialectique bien rivées, n’a jamais voulu voir dans la Révolution française que son expression bourgeoise. Il est vrai que l’existence des Légions belges, germaniques ou américaines prouve que la conscience internationaliste n’a pas attendu la théorie de Marx et la pratique de Lénine pour se manifester de façon concrète !

Tiré de Anarchosyndicalisme ! numéro 115



Concluons-en simplement que, comme on dit, « Les grands esprits se rencontrent » !

Il est d’ailleurs heureux qu’il existe de telles rencontres de points de vue entre des publications aussi diverses que « Temps Nouveaux » et « Anarchosyndicalisme » (CNT-AIT).

J’ai souligné un peu plus haut, dans ce même fil, une autre rencontre sur le fond entre « Non Fides » et toujours la CNT-AIT (sur la question du continuum entre les musulmans modérés et les extrémistes, en citant un texte du dossier d’« Anarchosyndicalisme ! » sur l’attentat contre Charlie-Hebdo et l’épicerie casher), ce qui m’apparaît tout aussi heureux.

Quand des militants révolutionnaires réfléchissent (ce qui s’appelle réfléchir, et pas réciter un catéchisme !), il est logique qu’ils aboutissent à des propos similaires sur le fond, avec, bien sûr, le mode d’expression, les nuances qui caractérisent chacun. Il est tout aussi logique qu’il y ait des oppositions. Elles doivent faire débat, et ce débat seul peut aboutir à de véritables convergences.

Ce qui peut apparaître un peu plus curieux, pour en revenir au texte de « Temps nouveaux », c’est de retrouver la même citation que dans le texte antérieur d’ « Anarchosynsdicalisme ! ».


Groucho Marx a écrit:http://mondialisme.org/spip.php?article2383
Vernissage d’une antiquité : le défaitisme révolutionnaire (Temps critiques)

La phrase de Renan (« L’oubli, et je dirai même l’erreur historique, sont un facteur essentiel de la création de la nation ») date d’une conférence de 1882 et ton énoncé n’est d’ailleurs pas complet. Il convient pourtant de lire toute la phrase puisque Renan ajoute à l’oubli, l’erreur historique (c’est-à-dire finalement la nécessité d’une réécriture qui fasse une « histoire »).
bajotierra a écrit:La vérité historique, première victime du nationalisme
Ernest Renan, le grand mystificateur

Renan, … a au moins un avantage : son cynisme est tel qu’il n’y va pas par quatre chemins pour « lâcher le morceau ». Dans « Qu’est-ce qu’une nation  ? », conférence prononcée en 1882, il ne se gène pas pour écrire : « L’oubli, et je dirai même l’erreur historique, sont un facteur essentiel de la création d’une nation, et c’est ainsi que le progrès des études historiques est souvent pour la nationalité un danger ». On ne saurait être plus clair...
Tiré de Anarchosyndicalisme ! numéro 115


Concluons-en tout aussi simplement que les rédacteurs des deux articles sont tous des lecteurs de Renan (que je pensais pourtant peu lu actuellement…).

Amicalement à tous.
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Re: Attentats à Paris .

Messagede Groucho Marx le Lun 23 Nov 2015 19:25

LEURS GUERRES, NOS MORTS

Dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 novembre, une série d’attentats ont ensanglanté Paris et Saint-Denis faisant 130 morts. Nous condamnons ces attaques meurtrières et nos pensées vont tout d’abord aux blessé.es et aux proches des victimes, auxquel.les nous adressons tout notre soutien.

Ces attentats ont été commandités par Daech, une organisation politique et militaire réactionnaire d’inspiration salafiste, née dans le chaos de la répression du peuple syrien par Bachar al-Assad et des interventions militaires occidentales au Moyen-Orient. À la guerre menée depuis des années par les États-Unis et leurs alliés – dont la France – en Irak et en Syrie répondent aujourd’hui des actes terroristes, dont les exécutants sont aussi recrutés, en Europe même, dans une frange stigmatisée et souvent reléguée de la population. Et ce sont les populations civiles, ici comme là-bas, qui font les frais de cette mécanique guerrière. Leurs guerres, nos morts.

Dans ce contexte, l’État français prétend mener une guerre contre le terrorisme mais les bombardements en Syrie et en Irak, avec les dommages collatéraux qu’ils provoquent, viennent avant tout entretenir la spirale de la guerre et nourrir le mythe du « choc des civilisations ». D’autant que, dans le même temps, le gouvernement maintient des relations cordiales avec l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie, premiers soutiens logistiques de Daech, et ne lève pas le petit doigt pour retirer le PKK (Parti des travailleurs kurdes) de la liste des organisations terroristes, alors que les révolutionnaires kurdes luttent en première ligne face à la sauvagerie organisée par Daech.

Les conséquences politiques de ces attentats apparaissent aujourd’hui clairement : tandis que les réactionnaires de tous poils vomissent leur haine raciste et se déchaînent contre les musulman-es, le gouvernement cherche à installer un climat d’union nationale pour légitimer une intensification des opérations militaires au Moyen-Orient et pour justifier la mise en place de nouvelles mesures sécuritaires.

Or non seulement ces mesures mettent en danger les libertés publiques mais en plus les restrictions des libertés n’ont jamais permis d’assurer la sécurité des populations. Elles ont par contre toujours été utilisées pour étouffer les contestations et les mobilisations sociales. En prolongeant l’état d’urgence, qui permet la suspension de nombreux droits démocratiques et la légalisation de mesures répressives de grande ampleur, mais aussi en proposant de modifier la Constitution pour y inscrire la possibilité de recourir à un « régime civil d’état de crise », le chef de l’État a clairement montré qu’il faisait le choix de renforcer les dispositifs liberticides. Et que dire du coût de ces mesures, à l’heure où les droits sociaux (éducation, santé, logement…) sont rognés sous prétexte de crise économique ?

Face à cela, nous pensons qu’il faut au contraire enrayer la surenchère va-t-en-guerre en mettant un terme aux interventions militaires tous azimuts qui n’ont jamais permis d’endiguer le djihadisme. Les politiques militaristes et impérialistes sont en partie responsables de la situation actuelle et poursuivre dans ce sens ne mènera qu’à une surenchère incontrôlable et dramatique, dont les premières victimes seront les populations civiles.

Sur le plan intérieur, nous opposons à la logique de l’escalade guerrière celle de la solidarité et nous appelons à ce que les mobilisations sociales se poursuivent. Nous nous opposons aux annulations de manifestations décrétées par les pouvoirs publics et nous appelons les organisations du mouvement social à maintenir leur calendrier de mobilisation.

L’ « union nationale » qu’on cherche à nous imposer est une manière de faire taire la lutte sociale, ce que nous refusons et dénonçons. L’extrémisme religieux doit être combattu, quelles qu’en soient les formes, mais cela ne peut se faire ni en rognant les libertés de toutes et tous, ni en stigmatisant une partie de la population en raison de ses origines ou de sa religion.

À ce titre, nous maintenons notre pleine solidarité avec les revendications des migrantes et migrants, qui vont continuer de subir les stigmatisations et la répression voire être confondus avec les tueurs de Daech alors qu’ils en sont pour certains les premières victimes : notre lutte sociale est internationaliste et antiraciste, ce ne sont pas les mesures liberticides qui l’étoufferont.

Cosignataires : Alternative libertaire, Coordination des groupes anarchistes, CNT-F, Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP), Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), OCML-Voie prolétarienne, Parti communiste des ouvriers de France.
. Lutte ouvrière ne cosigne pas, mais souhaite s’associer à la démarche.


Ce communiqué dégueulasse est cosigné par le PCOF, parti de traîtres à la classe ouvrière pro albanais (oui, ça existe!) et par le FUIQP, organisation microscopique dont est membre Saïd Bouamama, triste individu qui fait actuellement une tournée avec Michel Collon, rouge brun notoire qui soutien Bachar Al-Assad et qui comine avec la galaxie Soral-Dieudonné. Bientôt la signature d'égalité et réconciliation sur cette bouse?
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Re: Attentats à Paris .

Messagede rubion le Lun 23 Nov 2015 19:34

Prise de position du CCI sur les attentats du 13 novembre sur Paris.

https://fr.internationalism.org/icconli ... apitalisme

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Re: Attentats à Paris .

Messagede clateuf le Jeu 26 Nov 2015 20:25

Communiqué du Collectif Libertaire Anti-Sexiste suite aux attentats du 13 novembre

http://clas.olympe.in/spip.php?article225

Vendredi 13 novembre, des terroristes de l’État Islamique ont assassiné 129 personnes à Paris et blessé 352 autres parce qu’elles avaient commis le "péché" d’écouter de la musique, de faire la fête, d’être vivantes. Après la sidération et la nausée, c’est de la révolte que nous éprouvons contre les individus qui ont détruit ces nombreuses vies.

Nous souhaitons aux rescapé-e-s et aux proches des victimes décédées de trouver du courage et de l’énergie pour reconstruire leurs existences.

Comme tous les intégristes religieux, les islamistes haïssent les femmes. Il ne s’agit pas d’une manifestation parmi d’autres de la haine morbide qu’ils éprouvent contre les personnes, les émotions, les expressions et toutes les manifestations de vie qui contredisent leur vision du monde, mais de son fondement même. Car de cette haine découle la volonté de réduire au statut d’objet, de détruire, d’annihiler tout ce qui pourrait exister hors d’un principe divin de domination masculine exclusive.

Daesh, dont la fortune est estimée à 2 200 milliards de dollars, a publiquement institutionnalisé les viols en série commis par ses membres contre des femmes et des petites filles Yazidies depuis août 2014, les réduisant à l’état d’esclaves sexuelles pour attirer de nouveaux candidats au djihad : le proxénétisme assumé comme outil de recrutement.

Les islamo-fascistes qui ont commis les attentats du 13 novembre ont entre autre pour objectif d’attaquer les quelques droits fondamentaux, souvent mal appliqués, que l’État français a cédé aux femmes au prix de longues luttes, vitales et existentielles. Ces luttes ne sont pas terminées, car si nos conditions de vie sont sans commune mesure avec celles des femmes qui survivent dans les territoires contrôlés par les milices et les armées islamistes, les violences et les discriminations faites aux femmes actuellement en France, avec la complicité de l’État et de ses institutions, sont encore massives. Mais ce n’est pas assez pour les terroristes de Daesh...

Cependant, tomber dans une haine et une violence en retour fondées sur la confusion et des amalgames entre les musulman-e-s modéré-e-s qui se positionnent en faveur de la laïcité et les prêcheurs obscurantistes dont le but est de convertir le monde entier, (par la manipulation, la force ou la terreur), serait nous abaisser à leur niveau.

Tant qu’elles ne commettent aucune violence, les personnes aliénées à la religion nous inspirent davantage de respect que les dieux auxquels elles se soumettent. L’islam n’a pas à être considéré ni traité comme une religion « à part » que ce soit pour alimenter une rhétorique raciste ou pour interdire le blasphème. Comme toutes les religions, l’islam doit être critiqué. Il faut également combattre l’amalgame qui empêche beaucoup de gens d’envisager qu’on puisse être d’origine, de culture ou de nationalité Africaine ou Orientale tout en étant athé-e, voir anti-théiste et ne pas avoir envie d’être qualifié-e de « musulman-e ».

L’extrême-droite occidentaliste (Front National, Bloc identitaire, Riposte « laïque », etc...) se nourrit de ces confusions qu’elle cultive pour répandre sa propagande raciste et antisémite. Pudiquement rebaptisé « anti-sioniste », voici une haine bien partagée avec l’extrême-droite orientaliste dont les organisations terroristes islamistes sont la branche armée.

Mais le point commun fondamental entre toutes les extrêmes-droites quelles que soient leurs inspirations culturelles et/ou religieuses est la défense de la suprématie masculine qui sert à justifier les violences extrêmes commises contre les femmes, les enfants et les homosexuel-le-s : mariages forcés, exécutions punitives, viols, crimes d’honneur, grossesses imposées, mutilations génitales, prostitution...

En dépit des prétentions affichées, l’État français participe lui aussi à la reproduction de ces violences patriarcales, en particulier envers les femmes, les enfants et les homosexuel-le-s demandeuses d’asile et sans-papiers qui fuient les persécutions et les lois patriarcales en vigueur dans leur pays d’origine (tels la charia ou le code de la famille de l’État algérien). Le fait est que les hommes bénéficient d’une plus grande marge de manœuvre, ne serait-ce que pour envisager l’exil.

Car ces personnes, femmes et enfants victimes de violences au sein de leur famille, de leur communauté, de leur pays, ne peuvent souvent même pas sérieusement envisager de s’échapper de leur village, voire du domicile du « chef de famille » où elles sont recluses.

Lorsqu’elles parviennent à s’enfuir, à leur arrivée en France au terme d’un chemin où elles meurent plus nombreuses que les hommes, risquant davantage le viol, ou la capture par des réseaux esclavagistes, les persécutions spécifiques subies par elles ne sont pas officiellement reconnues comme des raisons valables pour obtenir l’asile politique : elles sont criminalisées, soumises à des tests osseux, condamnées à des amendes, enfermées dans des camps de rétention, renvoyées à leurs bourreaux... Celles dont le titre de séjour dépend de leur situation maritale et qui subissent des violences conjugales sont piégées, condamnées à espérer qu’elles seront toujours en vie le jour où elles trouveront éventuellement une issue dans un système où tout est fait pour qu’elles rencontrent davantage d’obstacles et de portes closes que de mains tendues.

Les nations et leurs frontières servent à délimiter les territoires appartenant aux hommes, pour les hommes et par les hommes. La France ne fait pas exception à l’accord tacite et ancestral qui constitue l’un des piliers sur lesquels s’est construit le patriarcat.

L’escalade sécuritaire, avec sa multitude de dispositifs liberticides, ne nous protégera pas contre le terrorisme. Au contraire, elle vise en réalité, à donner les moyens à l’État de nous ficher et de nous surveiller davantage pour pouvoir nous interdire de manifester, de nous rassembler et d’organiser notre combat contre toutes les dominations.

Elle relève toujours du même virilisme cynique qui menace gravement nos libertés fondamentales, ces mêmes libertés que les islamistes rêvent d’anéantir.

Seule la constance des luttes, et particulièrement des luttes féministes, libertaires et émancipatrices, saura faire obstacle à cette escalade mortifère.
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Re: Attentats à Paris .

Messagede Groucho Marx le Sam 28 Nov 2015 13:00

Un texte écrit par des responsables du NPA et de la 4ème internationale. C'est assez surprenant quand on connait les positions habituelle de cette orga, mais il y a des éléments de réflexion intéressants.

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36454

Les attentats du 13 novembre à Paris : la terreur de l’Etat islamique, l’état d’urgence en France, nos responsabilités

dimanche 22 novembre 2015, par ROUSSET Pierre, SABADO François

Solidarité avec les victimes !

Les 13 novembre constitue un changement dans la situation politique nationale et internationale. L’Etat islamique (EI, Daesh) a encore frappé ; et plus fort encore. En janvier, les cibles étaient les journalistes de Charlie Hebdo, la police et les juifs. Cette fois-ci, c’est la jeunesse du pays qui est visée. Ils n’ont pas tué n’importe où et n’importe qui : ils se sont attaqué aux jeunes, à la jeunesse sous toutes ses couleurs, quelque soient ses origines, ses religions (ou absence de religion), ses opinions politiques. Au moins 130 morts, plus de 350 blessés – un millier au bas mot de témoins directs du carnage. Beaucoup d’entre nous ont des proches parmi les victimes et, sinon, nous avons des amis qui en ont. L’onde de choc, l’émotion, est profonde.

L’objectif poursuivi par les commandos de l’Etat islamique ne fait pas mystère : fracturer par la terreur la société. Créer une situation où la guerre des uns contre les autres s’impose ; où la peur dresse d’infranchissables barrières entre les citoyennes et citoyens selon leurs origines, leurs religions, leurs modes de vie, leurs identités – creuser un fossé de sang au sein même de la religion musulmane, forcer les croyants à choisir un camp. Qui n’est pas avec nous jusqu’à l’inhumain est contre nous, et devient une cible « légitime ».

Les attentats de Paris ont été parmi les plus sanglants perpétrés dans le monde par l’État islamique et autre mouvement similaire, qui répondent à la même logique destructrice. Notre solidarité est internationale, elle se tourne en particulier vers celles et ceux qui, en d’autres pays, la combattent au péril de leurs vies : en Syrie et en Irak, au Liban et à Bamako, au Pakistan et en Turquie.... Nous devons avant tout affirmer notre compassion, notre identification, notre fraternisation avec les victimes, avec leurs proches.

En un tel moment, nous continuons bien entendu poursuivre la lutte de classes, à soutenir le combat de toutes et tous les opprimés ; mais au-delà, nous défendons l’humanité contre la barbarie. La dimension humaniste de l’engagement révolutionnaire reste pour nous une boussole. Toute politique progressiste commence par l’indignation, l’émotion. Elle ne se réduit pas, bien entendu, à celles-ci, mais tel est son point de départ. N’opposons pas réfléchir à pleurer ! Ne parlons pas d’une langue de bois, n’écrivons pas d’une plume glacée ! Ici et maintenant, aidons les victimes et leurs proches, participons aux moments de deuil, aux minutes de silence, aux manifestations de solidarité. Nous sommes dans ce mouvement – et c’est de là que nous pouvons expliquer nos positions.

Quel que soit le rôle de l’impérialisme, l’Etat islamique est responsable de ses actes

Les révolutionnaires se doivent de rejeter clairement et nettement la barbarie fondamentaliste. Elle doit être combattue – par nos méthodes, selon notre orientation et non celle de nos gouvernants –, mais elle doit être activement défaite.

Sous le choc des événements, des organisations de gauche, associations et syndicats ont plié devant l’appel à l’union nationale ; d’autres comme en réaction ont tellement souligné les très réelles responsabilités politiques et historiques de l’impérialisme occidental que la dénonciation de l’Etat islamique en est devenue inaudible. Au fil des jours, les prises de position se sont souvent clarifiées. Tant mieux. Mais on lit encore bien des articles jugeant que si les attentats « n’avaient aucune excuse », il fallait avant tout prendre en compte « le contexte » – l’analyse dudit contexte se réduisant pour l’essentiel à l’énumération des méfaits impérialistes, on pourrait en conclure que les mouvements fondamentalistes ne font que réagir à l’action des grandes puissances et que nous devrions en quelque sorte leur accorder des circonstances atténuantes. Il est nécessaire de lever toute ambigüité à ce sujet.

Etrangement, bien des plumes de gauche dénoncent vigoureusement les attentats fondamentalistes, mais se refusent à condamner nommément, explicitement, les mouvements qui les commettent. Plus étrange encore, bien des organisations qui n’hésitent pas à le faire (nommer les coupables, expliciter leur caractère réactionnaire) n’en tirent aucune conséquence pratique. Quand on en arrive aux tâches, le combat contre le terrorisme et contre ces fondamentalismes n’est plus mentionné ; ce qui, soit dit en passant, laisse à nos gouvernants le monopole des réponses spécifiques. Nous sommes généralement d’accord pour nous attaquer aux impérialismes et à leurs guerres, à une mondialisation capitaliste destructrice, aux inégalités et aux discriminations, à l’idéologie du choc des civilisations, aux racismes – dont l’islamophobie –, aux héritages du passé colonial, aux politiques sécuritaires et états d’exception, aux appels à l’union nationale et à la paix sociale… A certaines causes donc et aux conséquences des drames que nous vivons. Mais nous devons aussi combattre l’influence de Daesh (entre autres) dans nos propres sociétés et nous solidariser concrètement avec les résistances populaires dans les pays du Sud déchirés par le fanatisme religieux – un devoir internationaliste s’il en est ! Il y a là un « point aveugle » dans une bonne part de la gauche radicale, même celle qui ne sombre pas dans un « campisme » délétère. C’est pourquoi nous donnons de l’importance à cette question dans notre contribution.

L’Etat islamique et autre mouvement similaire ne se contentent pas de réagir ; ils agissent selon un agenda qui leur est propre. Ce sont des acteurs politiques qui poursuivent des objectifs déterminés. Il fait peu de doute que Daesh soit effectivement responsable des attentats de Paris. Cette organisation a construit un protoÉtat sur un territoire équivalent à celui de la Grande-Bretagne. Elle gère une administration, accumule d’immenses richesses (évaluées à près d’1,8 milliards de dollars), organise la contrebande de pétrole ou de coton. Elle mène des opérations de guerre sur de multiples théâtres d’opérations, a recruté des informaticiens du plus haut niveau… Elle n’est pas une marionnette ! Elle est responsable de ces actes – totalement responsable des attentats qu’elle commet en tant de lieux.

Cette responsabilité propre ne s’efface pas du fait des responsabilités de l’impérialisme, aussi écrasantes soient ces dernières – et depuis longtemps : des accords Sykes-Picot du début du XXe siècle aux interventions actuelles des grandes puissances. On entend souvent dire que sans l’intervention US de 2003 en Irak (qui a déstabilisé la région, disloqué des Etats), Daesh n’existerait pas. Ce n’est vrai qu’en ce qui concerne un enchaînement spécifique qui a conduit à la fondation de l’Etat islamique tel qu’on le connaît. Autrement, c’est faux. L’émergence des forces djihadistes ne découle pas mécaniquement de la seule domination impérialiste, elle est le produit combiné de nombreux facteurs qui vont de la faillite des gauches arabes (et européennes) jusqu’à la volonté des bourgeoisies dans la région d’avoir de nouvelles forces contre-révolutionnaires pour appuyer leurs ambitions régionales ou combattre la montée révolutionnaire au sein du monde arabe. C’est aussi vrai concernant la montée des fondamentalismes religieux en d’autres parties du monde, y compris dans des pays qui n’ont rien connu de comparable à la guerre de 2003, comme l’Inde (extrême droite hindouiste), la Birmanie (extrême droite bouddhiste) ou les Etats-Unis (extrême droite chrétienne – puissante bien avant le 11 septembre, 2001 et fort proche de Bush).

Retour sur le « choc des barbaries »

Il y a une responsabilité impérialiste occidentale, comme au lendemain de la guerre 14-18 (le traité de Versailles) dans la montée du nazisme en Allemagne. Les antifascistes de l’époque n’ont pas manqué de le rappeler systématiquement. Cependant, une fois qu’il a pris son envol, le parti nazi a été dénoncé et combattu en tant que tel. Daesh a pris son envol…

Nous devons continuer à expliquer le contexte, mais l’Etat islamique doit être appréhendé pour ce qu’il est, pas comme la simple ombre portée de l’Occident. L’impérialisme contemporain, les politiques néolibérales, la mondialisation capitaliste, les entreprises de recolonisation, les guerres sans fin déchirent le tissu social d’un nombre croissant de pays, libérant toutes les barbaries. Mais les fondamentalismes religieux sont eux aussi de redoutables agents de la désintégration de sociétés entières. Il n’y a pas en l’occurrence une « barbarie principale » (de l’Occident) qu’il faudrait combattre aujourd’hui et une « barbarie secondaire » (Daesh et consort) dont on ne devrait se préoccuper que dans un avenir indéfini. L’inverse est tout aussi vrai : on ne doit pas fermer les yeux sur la barbarie impérialiste et celle des dictatures « alliées » sous prétexte de combattre la barbarie fondamentaliste. Il n’y a pas de hiérarchie dans l’horreur. On doit défendre activement et sans attendre toutes les victimes de ces barbaries jumelles, qui se nourrissent l’une l’autre, sous peine de faillir à nos devoirs politiques et humanitaires.

Les fondamentalismes religieux ont souvent été initialement soutenus par Washington au nom de la lutte contre l’URSS (en Afghanistan, au Pakistan…) avant d’affirmer leur autonomie, voire de se retourner contre leur parrain. Profondément réactionnaires, ces mouvements n’ont rien de progressiste. Il n’y a pas « d’anti-impérialisme réactionnaire » ! Ils veulent imposer un modèle de société à la fois capitaliste et passéiste, totalitaire au sens fort du terme. Bien entendu, la France est frappée en raison de sa politique moyen-orientale ou de son histoire coloniale et post colonial. Mais lorsque Daesh massacre les Yezidis parce qu’ils sont Yezidis, réduit des populations à l’esclavage, vend des femmes, déstabilise le Liban, pousse aux extrêmes les violences interconfessionnelles (notamment à l’encontre des chiites), quel est le rapport avec un supposé anti-impérialisme ?

Tous les mouvements fondamentalistes n’ont pas les mêmes bases, la même stratégie. Certains, comme l’Etat islamique, sont-ils fascistes ? Ils n’entretiennent pas les mêmes rapports (complexes) avec des secteurs des bourgeoisies impérialistes comme en Europe dans les années 30, mais les reproduisent avec des secteurs des bourgeoisies de « puissances régionales » comme au Moyen-Orient l’Iran, l’Arabie saoudite, le Qatar, la Turquie… Ils attirent la « poussière d’humanité » de sociétés en déliquescence aussi bien que des éléments des « classes moyennes », d’une « petite bourgeoisie » d’un salariat éduqué. Ils usent de la terreur « par en bas » pour imposer leur ordre. Ils déshumanisent l’Autre et en font des boucs émissaires comme hier les nazis des Juifs, Tziganes ou homosexuels. Ils éradiquent toutes formes de démocratie et d’organisations populaires progressistes. L’exaltation religieuse occupe la même fonction que l’exaltation nationale dans l’entre-deux-guerres et leur permet, en sus, de se déployer internationalement. Il serait étrange que les convulsions provoquées par la mondialisation capitaliste ne donnent pas naissance à de nouveaux fascismes, comme il serait étonnant que ces derniers ressemblent trait pour trait à ceux du siècle précédent. Il y a une différence avec les fascismes européens, c’est l’imbrication de cette réaction intégriste totalitaire, de la crise de dislocation d’Etats, et des rapports de domination impérialistes-économiques et militaires qui encadrent la région. La lutte antiterroriste doit être menée par les peuples de la région, et non par une coalition de puissances occidentales. Une nouvelle intervention militaire des puissances impérialistes et de la Russie, appuyée sur chacun de ses flancs, par les pays du golfe et par la dictature syrienne, peut affaiblir Daesh sur le plan militaire, mais elle ne peut que provoquer une réaction de rejet de tous les peuples sunnites de la région.

La crise de société en France

Les attentats du 13 novembre ont été avant tout commis par des Français ou Franco-Belges – la France étant avec la Belgique deux des pays d’où les départs pour la Syrie ont été les plus fournis. Il n’y a pas un profil unique des personnes qui se rallient à l’Etat islamique. Elles peuvent être de familles croyantes, musulmanes laïques ou non musulmanes : les convertis récents, non arabes, sont assez nombreux. De même, elles peuvent être issues de milieux très précarisés ou stables, avoir un passé de délinquant ou pas. Dans certains cas, la « radicalisation » d’un individu est l’aboutissement d’un long processus ; pour d’autres, il s’agit d’un basculement brutal. Comme on pouvait s’y attendre, la plupart des hommes qui ont commis des attentats en France proviennent de milieux particulièrement défavorisés, ont connu la prison et ont été membres de gangs, mais pas tous. Confrontés à cette pluralité des profils, nous ne pouvons nous contenter d’explications simples, uniquement sociologiques (précarisation, racialisation des rapports sociaux…) ou historiques (l’empreinte postcoloniale).

A la différence de radicalisations antérieures de la jeunesse, celle-ci est très minoritaire et ne porte pas les mêmes aspirations humanistes. L’Etat islamique se met lui-même en scène sous son jour le plus cru : « venez couper des têtes avec nous ». L’armée française a massivement torturé, notamment durant la bataille d’Alger, mais le gouvernement et l’état-major niaient farouchement leurs crimes : pas d’appels proclamant « Rejoignez, votre Grande Armée, venez torturer avec nous » ! Daesh affiche explicitement un discours de haine et d’exclusion de l’Autre (à l’instar des plus extrêmes des extrêmes droites). Il n’y a pas d’analogie possible entre les départs actuels en Syrie et la constitution des brigades internationales lors de la guerre civile espagnole – ou la radicalisation des années 60.

Rien de banal dans tout cela ni dans le recours à la terreur de masse. Prétendre que le terrorisme serait l’arme « naturelle » des opprimés dans des guerres « asymétriques », c’est ignorer les leçons des grands combats de libération du siècle passé, des guerres révolutionnaires. Dans les luttes pour leur indépendance ou contre l’impérialisme, en Indochine ou en Amérique latine, les attentats terroristes ont été à l’époque rares et les mouvements concernés ont généralement rapidement compris que le coût politique de telles opérations était trop élevé – et posait bien des problèmes éthiques. En Algérie, le FLN, qui s’était aventuré sur ce terrain a vite fait marche arrière, sous la pression de certains de ses secteurs ou des mouvements de solidarité avec l’indépendance algérienne.

Nous subissons les conséquences ultimes de la « crise du politique », de la désocialisation inhérente à nos sociétés néolibérales et de leur injustice croissante, de la défaite subie par nos générations (les radicaux des années 60-70), de l’incapacité des gauches dans nos pays à offrir une quelconque perspective radicale et à agir au sein des populations précarisées. Nous touchons de ce fait à des domaines que la plupart d’entre nous ne maitrisons pas : la psychosociologie, le rapport entre fragilités identitaires individuelles et déliquescence du tissu social, les quêtes adolescentes. L’Etat islamique offre une armure identitaire et du pouvoir : pouvoir de la représentation, pouvoir des armes, pouvoir sur les femmes, pouvoir de vie et de mort… Bien plus qu’un supposé anti-impérialisme, c’est ce qui fait son attrait.

Ce sont des questions que nous devons intégrer plus que nous ne l’avons fait jusqu’à maintenant ; et dont nous pouvons déjà tirer quelques implications. Le combat antiraciste, aussi important soit-il, ne suffit pas. A l’encontre de l’individualisme néolibéral et son anonymat (qui connaît ses voisins ?) il faut favoriser, reconstituer, les lieux de socialisation, du « vivre ensemble », de la mixité – et réintroduire une réflexion de fond sur l’éthique de l’engagement et de la lutte.

Dans une telle situation, tous les racismes constituent un danger mortel, dont le racisme d’Etat bien entendu, mais pas seulement. Luttons contre ce qui peut alimenter les tensions intercommunautaires, opposer les opprimés les uns aux autres que ce soient le racisme anti-arabe ou la négrophobie, l’antisémitisme ou l’islamophobie, la discrimination des Roms… – et pour cela, nourrissons une culture du vivre ensemble, du respect des droits de toutes et tous.

Nos tâches internationalistes

Les derniers événements (13 novembre, attentats au Sinaï contre l’avion de ligne russe…), ont précipité une évolution des alliances que l’on percevait déjà avant, avec la formation d’une grande coalition : intégration de la Russie, abandon des prétentions à l’autonomie de la France, inquiétudes manifestées jusqu’en Arabie saoudite sur le déploiement de l’Etat islamique… En contrepartie, le régime Assad est conforté alors qu’il est à l’origine de la crise syrienne et coupable des crimes que l’on connaît. Cela suffira-t-il à favoriser un accord temporaire entre puissances régionales appartenant aux dits « blocs » sunnite et chiite ?

Il est encore bien tôt pour mesurer toutes les implications de ce tournant dans la situation internationale. Soulignons pour l’heure les points suivants :

Les compromis entre Occidentaux et la Turquie ou le régime Assad se feront au détriment des forces qui sur le terrain méritent le plus notre soutien : Kurdes, Yezidis, composantes progressistes et non confessionnalistes [1] de la résistance au régime. Il faut leur apporter notre solidarité politique et matérielle et exiger qu’ils reçoivent notamment un armement adéquat – ce dont les composantes progressistes de l’ASL n’ont jamais bénéficié (et pourtant, elles résistent !) et ce dont les Kurdes pourraient être privés, en particulier sur le front syrien. Force est de reconnaître que nous n’avons jamais fait en France, en ce domaine, ce que nous aurions dû.

L’intensification des bombardements de la coalition, avec le prix exorbitant payé par les civils, risque de renforcer l’audience de Daesh auprès d’autres composantes islamistes opérant en Syrie. Le résultat net de cette politique serait alors de conforter à la fois le régime Assad et les organisations fondamentalistes (à commencer par l’Etat islamique) ! Pour éviter ce piège, il faut rompre avec la logique des grandes puissances : aidons les forces populaires en Syrie, en Irak à poursuivre leur combat au lieu de vouloir se substituer à elles, voire à les marginaliser plus encore.

Luttons donc contre la politique de guerre de nos gouvernants, mais comprenons aussi la spécificité de ce conflit, bien différent des guerres d’Indochine ou d’Algérie : le retrait des troupes françaises ou américaines signifiait alors la fin des principales ingérences étrangères et créait les conditions d’une victoire. Ce n’est pas le cas aujourd’hui au Moyen-Orient : il resterait la Turquie, l’Iran (et le Hezbollah), l’Arabie saoudite, le Qatar, l’Algérie, l’Egypte… Dans une géopolitique aussi complexe, il nous faut écouter les mouvements que nous soutenons pour tenir compte de ce dont ils ont besoin matériellement et politiquement. C’est aux peuples de décider pas aux coalitions impérialistes. Mais, et c’est une dimension particulière de cette guerre, les Kurdes comme les démocrates syriens ont demandé et demande une aide sanitaire et militaire, y compris aux gouvernements occidentaux. Il faut la leur donner. Pas de substitution à la décision et à l’autodétermination des forces démocratiques syriennes et kurdes, mais aucune hésitation à les aider et à faire pression sur nos gouvernements pour qu’ils répondent aux appels qu’ils lancent.

Sur le plan international, l’hypocrisie des forces occidentales doit être dénoncée : d’un côté, elles prétendent combattre le terrorisme et de l’autre elles appuient des régimes comme ceux du Qatar, de l’Arabie saoudite ou de la Turquie.

La coalition qui se constitue n’est en rien une alliance « démocratique » contre une menace totalitaire. Outre nos impérialismes « classiques », elle comprend la Russie de Poutine, l’Arabie saoudite dont le régime est très proche du modèle de société prôné par Daesh, le Qatar, la théocratie iranienne, la Turquie d’Erdogan… Quelle que soit la nature de l’Etat islamique, toute analogie avec un « front démocratique antifasciste » est invalide. Nous ne sommes ni avec la coalition, ni avec Daesh, ni avec Assad. Nous sommes pour le droit à l’autodétermination des peuples – dont le peuple palestinien –, contre toutes les barbaries.

Un tournant de la situation nationale

Comme en janvier dernier après le massacre des journalistes de Charlie, la mort du personnel de police, l’attaque de l’Hypercacher [2], l’émotion a submergé le pays – ce qui est évidemment parfaitement normal. Les actes islamophobes se sont multipliés, mais ils sont le fait d’une frange seulement de la population. Les actes de solidarité et de convivialité se sont aussi multipliés : grand sourire dans le métro quand on croise un Magrébin, galanterie ostentatoire (même si désuète) quand on s’efface pour laisser passer une femme voilée, réoccupation des lieux de fêtes et de mixité, rejet des amalgames… Malheureusement, tous ces gestes-là ne sont pas recensés et n’entrent pas dans les statistiques.

Comme en janvier, aussi, les politiques sécuritaires sont plébiscitées, les forces de l’ordre applaudies. Or, plus encore qu’en janvier, le gouvernement saisit l’occasion pour prendre des mesures liberticides. Ce fut hier le cas de la loi sur le renseignement qui donne des pouvoirs exorbitants aux services secrets. C’est maintenant le cas avec l’instauration de l’état d’urgence, son durcissement par le Parlement, l’appel du gouvernement français à ce que l’Union européenne suive avec, notamment, le fichage des passagers prenant l’avion, et l’annonce par François Hollande d’une réforme constitutionnelle.

La France est déjà dotée de deux régimes d’exception, forgés notamment à l’occasion de la guerre d’Algérie : l’état d’urgence (une demi-loi martiale qui libère les forces de l’ordre du contrôle judiciaire et limite les libertés) et l’état de siège (une loi martiale intégrale donnant les pleins pouvoirs à l’armée). Pourquoi cela ne suffit-il pas à nos gouvernants ? Parce que le recours à l’état d’urgence, par exemple, est limité dans le temps et demande un vote parlementaire – qui en l’occurrence fut presque unanimement favorable : elle a été soutenue par la grande majorité des socialistes, des Verts et des députés communistes. La réforme constitutionnelle permettrait au gouvernement (ou au président ?) de prendre plus librement des mesures d’exception – et de faire finalement de l’exception la règle : intervention de l’armée en matière de police, perquisitions arbitraires, détentions « préventives », interdiction des manifestations ou grèves, censure de la presse, etc. Le texte de loi que rédigera Hollande n’est pas encore connue, mais ses intentions sont claires. Le régime deviendra de plus en plus autoritaire, la militarisation de société fera un bond en avant.

Bon nombre de personnes s’inquiètent de ce qui se passerait si Marine Le Pen et le Front national emportaient les élections (un scénario qui ne relève pas de la politique fiction), mais ne se demandent pas ce que les Hollande, Valls, Sarkozy ou autres en feront. Il est donc très important de rappeler ce que les gouvernements « républicains » ont fait par le passé – dont la torture en Algérie et l’adoption d’une loi d’amnistie qui interdit de mettre en accusation ses auteurs (on ne peut que les accuser d’apologie de la torture si, après-coup, il en défendent l’usage), l’oubli médiatique du massacre des Algériens de Paris le 17 octobre 1961 (terrorisme d’Etat s’il en est), le putsch des généraux à Alger, de multiples coups fourrés des services secrets, l’attentat contre le Rainbow Warrior de Greenpeace (un mort, terrorisme d’Etat à nouveau), l’assassinat de dirigeants kanaks, etc. En fait, l’ensemble des lois sécuritaires adoptées ces dernières années et les dispositifs de surveillance mis en place permettront au pouvoir quel qu’il soit de mener une guerre civile rampante quand il le désirera. Enfin, au-delà de la marche au tout sécuritaire, il y a un calcul politique. Hollande et Valls comptent sur l’état d’exception pour utiliser une nouvelle fois l’arsenal bonapartiste et se hisser d’une certaine façon, au-dessus des partis et des institutions. Opération qui vise à neutraliser le bilan catastrophique des gouvernements depuis 2012 et à promettre au Parti socialiste de meilleurs résultats électoraux. Pari des plus hasardeux. Hollande et Valls peuvent jouer la carte sécuritaire, appuyée sur les institutions de la Ve République, mais dans la situation politique actuelle où les vents mauvais vont à droite et à l’extrême droite, ce sont ces forces qui risquent de profiter de cette manœuvre.

Les résistances à la prolongation de l’état d’urgence ont été très faibles dans la gauche parlementaire, mais plus importante à la base (au sein du PCF par exemple, contre le vote de ses représentants) ou dans le mouvement social et syndical : Solidaires, mais aussi la CGT.

Le moment politique présent est lourd de très grands dangers. La démocratie politique a déjà été vidée de son contenu, les assemblées élues n’ayant plus prise sur les principales décisions (qui relève de l’Union, de l’OMC, des traités intergouvernementaux…). Ce sont maintenant les libertés civiques, déjà sous contraintes, qui risquent de devenir une coque vide. Le gouvernement veut pouvoir assigner la société à résidence. Or la population n’en a pas conscience.

L’important est de lier entre eux les terrains de résistance, de manifester notre solidarité avec les victimes du terrorisme, donner les moyens matériels, politiques et militaires de survivre et de vaincre aux peuples qui luttent pour leur liberté, d’aider les forces progressistes et non confessionnalistes qui luttent sur le terrain tout à la fois contre l’obscurantisme sanguinaire, terroriste, de Daesh et celui du régime d’Assad qui l’a tant favorisé. C’est arrêter d’engager des guerres et des bombardements, arrêter de soutenir des régimes absolutistes et de promouvoir les injustices sociales et politiques au Moyen-Orient comme ailleurs.

L’état des forces progressistes en France est assez désastreux, mais, en ce moment clé, des points d’appui pour résister existent : dans les sentiments de solidarité partagés au sein de la population, dans la réaction de la jeunesse, dans le refus par bon nombre d’associations et syndicats d’accepter des mesures liberticides, un régime permanent d’exception. De quoi construire un front uni en défense des libertés ici et ailleurs, du vivre ensemble, de la solidarité.

Pierre Rousset, François Sabado

P.-S.

* Article écrit pour le site Viento Sur :
http://www.vientosur.info/spip.php?article10721

Notes

[1] A savoir prônant le confessionalisme, la représentation de la société par lesdites « communautés religieuses », comme dans le cas du régime politique libanais (système de représentation que combat la gauche). Cela ne signifie pas « à référence religieuses ». Les mouvements de la théologie de la libération, par exemple, s’inscrivaient dans les conflits sociaux, la lutte de classe. Le confessionalisme fait l’inverse.

[2] Nous renvoyons à l’article que nous avions alors écrit : ESSF (article 34100), [-art34100] :
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34100
Groucho Marx
 
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Re: Attentats à Paris .

Messagede Groucho Marx le Mar 16 Fév 2016 21:32

http://contrecapital.blogspot.fr/2016/0 ... tante.html

L'idéologie bureaucratique militante


On renforce le capitalisme lorsqu'on ne critique pas ses manifestations négatives comme le produit de son essence même. La violence publicitaire intrinsèque à la multinationale "Etat islamique" a déjà été analysée sous ses différents aspects ici même. La prétendue exportation [1] du conflit dans les quartiers parisiens aura eu comme effet d'inonder les espaces d'expressions journalistiques ou militants d'une flopée de textes au mieux insipides au pire indigestes. Ce n'est pas notre objectif ici de débattre des événements paramilitaires de l' "Etat islamique", ce qui nous intéresse c'est la façon dont les sphères militantes ont abordé le sujet dans un état d'hystérie ou chacun "tenait" le coupable selon la marotte de sa sainte-chapelle, pour les néo-léninistes fatigués l' "impérialisme", et pour les anarchisants asthmatiques on nous a refait le coup du "fanatisme religieux" ... Devant tant de lucidité la critique marxiste n'a plus qu'à rendre les armes, ou à mourir de rire.
La palme revient bien entendu aux bureaucrates de la principale organisation d'extrême gauche française qui sont les auteurs du texte le plus abject jamais écrit sur la question. On y reviendra.
Les vieilles lunes dogmatiques des chapelles révolutionnaires sont de retour. Mais à travers toutes les interprétations que nous avons épluchées il en ressort ceci principalement : racisme sous-jacent, idéalisme inavoué, mais surtout, à travers tous ces textes emprunts des tics nauséabonds de la science bourgeoise qu'est la géopolitique, il s'agit d'un rationalisme morbide qui prend la place d'un "matérialisme dialectique".
Il peut paraître au premier abord étonnant que les textes les plus lisibles sur le sujet ne proviennent pas des sphères marxistes pourtant chacune persuadée d'être armée de la redoutable dialectique mais qu'ils proviennent des milieux anarchistes. En effet ces derniers, plus habitués à s'intéresser aux questions éthiques fondamentales n'ont pas versé dans le mécanisme rationnel froid, malheureusement pour mieux tomber dans l'interprétation idéaliste du "fanatisme religieux" par la suite.
Disons-le tout de suite, les salopards qui trouvent à s'employer pour les massacres aveugles de la multinationale daech sont véritablement les premiers coupables de leurs actes. Tout le reste, sur l'impérialisme qui les détermine ou le fanatisme qui les habite n'est qu'un baratin qui sert à masquer le vide théorique de la radicalité en carton-pâte.
Le communiqué, évoqué ci-dessus, d'une organisation d'extrême gauche, titre fièrement sur sa petite trouvaille : "Leurs guerres, nos morts : la barbarie impérialiste engendre celle du terrorisme". Sur le moment on reste interdit : comment une organisation de la gauche radicale, aux ramifications internationales, peut-elle concentrer autant de bêtise en un seul titre ? L'ignorance crasse de ces froids bureaucrates idéologues se cache alors tout au long du communiqué sous un rationalisme morbide tentant de s'habiller des guenilles de l'analyse matérialiste dialectique.
Non, daech, militarisme multinational, n'a pas attendu l'impérialisme occidental pour exister, ses miliciens n'ont pas attendu les "bombardements alliés" pour massacrer les Kurdes, les Yézidis des Mont Sinjar et pour raser Kobane. Daech, son militarisme et son capital transnational, est d'abord d'essence impérialiste. Parce que daech, c'est avant tout du capital, un capital qui s'accroît, qui se valorise et qui utilise pour cela le militarisme. Et les salopards sociopathes qui le servent.
On reste également interdit devant la mécanique d'extériorisation du conflit : le "terrorisme" n'est pas engendré par les terroristes ... mais par les impérialismes. Il faudrait alors nous expliquer pourquoi la quasi-totalité des luttes anti-impérialistes ont toujours refusé les massacres aveugles de civils. L'analyse a-dialectique du communiqué ne peut donc pas saisir la modernité de daech dans ses pratiques militaro-publicitaires, et son utilisation de la violence comme capital, en cela le spectacle-monde intègre la publicité de ce militarisme avec une coopération exemplaire.
Et ce communiqué de continuer en nous expliquant que "cette barbarie [sic] abjecte en plein Paris répond à la violence tout aussi aveugle et encore plus meurtrière des bombardements perpétrés par l'aviation française en Syrie". On atteint là carrément un sommet de pathologie mentale idéologique en nous apprenant que daech répondrait-là à des bombardements meurtriers. Deux choses. Soit les auteurs de ce pauvre communiqué font allusion aux bombardements des bases de daech par l'aviation française auquel cas je ne vois ce qu'il y a d'aveugle et meurtrier (nous n'avons pas à émettre de jugements de valeurs lorsqu'un militarisme en affronte un autre). Soit, ce que je pense le plus possible, ces bureaucrates évoquent les victimes civils des bombardements impérialistes français, et là on ne peut qu'être navré de constater que ces militants pensent réellement que daech puisse vouloir venger des civils vivant dans leur zones contrôlées alors que la politique de daech est de tuer et terroriser ces mêmes populations. L'impérialisme, dans sa version daech ou française, se moque bien des victimes civiles arabes dans ce conflit. Prêter à daech un intérêt pour "ses" civils est proprement hallucinant, entre ces jihadistes et (par exemple) les khmers rouges c'est le même mépris pathologique de la vie humaine, affirmer le contrainte c'est déjà commencer l'apologie de ces mouvances.
Voir daech comme un mouvement contre-impérialiste c'est d'abord l'expression d'un vide théorique d'une clique de bureaucrates qui, encore un fois, ne nous aura pas épargné l'inévitable "communiqué d'actualité" creux et redondant de la logorrhée post-gauchiste.
Le mécanicisme froid qui nous soutient qu' "une nouvelle fois, les principaux responsables de ce déferlement de violence barbare appellent à l'union nationale" est le même qui a produit des textes comme "Auschwitz ou le Grand alibi" en son temps [2]. Les "principaux responsables" ? Cette barbarie commence donc seulement au Bataclan ? Les massacres du Rojava, Kobane, les monts Sinjar ? Comme nous l'avons déjà dit les sociopathes de daech n"ont pas attendu l'intervention de l'impérialisme français d'une part, et d'autre part "nos morts", en tant qu'internationalistes ce sont également les Kurdes, les Arabes et les Yézidis victimes bien avant le Bataclan des crapules fascisantes des milices daech et de leurs leaders bourgeois du Moyen-Orient. Non la saloperie de daech n'a pas commencé ici en réaction à l'intervention française là-bas, et faire peu de cas des victimes là-bas relèverait plutôt d'un racisme, produit d'un eurocentrisme typique de la gauche française. Dans les confins du monde blanc industriel la vie des populations là-bas a-t-elle si peu de valeur pour ces bureaucrates pour ne pas mériter d'être comptés parmi nos morts (et donc par le même coup invalider la théorie de la responsabilité impérialiste) ? Les compter ferait de leur thèse à la fois une uchronie et une utopie pour une grille de lecture sous-gauchiste à bout de souffle.
Une éthique révolutionnaire existe, ce qui pour des manipulateurs maladifs d'assemblées générales de grèves peut paraître surprenant. Mais c'est un fait, un projet autogestionnaire ne pourra naître sans l'éthique révolutionnaire. Affirmer que les responsables des actes sanguinaires contre des civils ne sont pas responsables de leurs actes revient à tirer la réalité vers une pré-construction idéologique, donc à instrumentaliser les faits pour les coller aux dogmes anti-impérialistes mécaniques et plus largement à un anticapitalisme structuraliste qui ira alimenter la littérature bureaucratique militante auto-satisfaite.
Le mécanicisme adialectique qui infuse dans l'idéologie bureaucratique militante n'est pas seulement le prétexte à une manipulation, il est également là où réside la froideur calculatrice d'un monde-comptable avec lequel nous devons rompre.

[1] Il n'y a pas d'exportation du conflit, ce conflit est latent depuis un certain temps et surtout il est interne à ce pays -la "France"- qui a produit en grande partie ses propres tueurs, il s'agit d'une de premières manifestations spectaculaires de l'implosion sociale par une minorité des exclus du précariat local, qui en d'autres temps auraient pu trouver à s'employer comme briseurs de grève, salopards employés aujourd'hui par la multinationale "Etat islamique".
[2] A vouloir jouer les apprentis matérialistes les déchets ultra-léninistes sont passés à côté de l'analyse de la subjectivité, ce n'est pas la révolution sociale qui changera du jour au lendemain les subjectivités, penser le contraire c'est désarmer le prolétariat face à ses ennemis, "fascistes", "jihadistes", "nazis", "identitaires" ou autres. Penser que la Shoah n'est que le produit du Capital contemporain c'est oublier qu'il y avait des salopards pour participer à la machine exterminatrice, en dehors de la mécanique économique. Ici les bureaucrates que nous incriminons nous refont le même coup de la mécanique historique, le sujet de l'histoire c'est l'économie capitaliste seule. Jamais le marxisme d'origine n'a affirmé une telle énormité.
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Re: Attentats à Paris .

Messagede rastanar le Mer 17 Fév 2016 18:11

Les Eagles of Death Metal sont remonter sur scène à l'Olympia de Paris,la musique n'est pas morte,Daech
n'a pas réussi son coup,tant mieux,la vie continue...il le faut !.

:arrow:
http://www.huffingtonpost.fr/2016/02/16/eagles-of-death-metal-olympia_paris-concert-musique_n_9246284.html


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Re: Attentats à Paris .

Messagede rastanar le Ven 11 Nov 2016 18:18

Allez,le Bataclan rouvre ses portes officiellement le 12 novembre 2016 donc demain avec un concert de Sting...une bonne chose,tourner la page...rendre hommage aux victimes des attentats.
(Je ne m'étendrai pas sur le leader Des Eagles of Death Métal...conspirationniste,pro NRA et pro Trump :roll: ).

:arrow:http://www.lemonde.fr/culture/article/2016/11/04/le-bataclan-rouvrira-ses-portes-le-12-novembre-avec-un-concert-de-sting_5025184_3246.html

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