Décès de Pierre Valentin Berthier
Posté: Mer 9 Mai 2012 21:51
Pierre Valentin Berthier est décédé le 6 mai 2012 à l'âge de 100 ans.
Pierre-Valentin Berthier n'est plus
http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre/communes/Issoudun/n/Contenus/Articles/2012/05/09/Pierre-Valentin-Berthier-n-est-plus#
L'écrivain, journaliste et poète, Pierre-Valentin Berthier, est décédé au cours de la nuit de samedi à dimanche, à la clinique de La Dhuys, à Bagnolet, des suites d'une embolie pulmonaire survenue à son domicile dans la soirée du 25 avril. Il a pu, malgré ses graves difficultés respiratoires, communiquer avec sa famille et quelques amis, dont l'Issoldunois Bertrand Ledoux, dictant par bribes de mots et signes ses instructions concernant ses travaux et dossiers.
Pierre-Valentin Berthier aurait eu 101 ans en septembre prochain. Pour ses 100 ans, il nous avait accordé une longue interview (NR du 19 septembre 2011) marquée par une grande lucidité, une mémoire fabuleuse et une expression parfaite.
Né à Issoudun, il fut d'abord ouvrier mégissier dans l'entreprise de son père avant, de 1936 à 1951, d'être journaliste localier, à Issoudun, pour le journal Le Département de l'Indre. Puis il mena sa vie à Paris. Auteur de romans, de mémoires, de récits, de traités sur la langue française, avec son ami Jean-Pierre Colignon, il a aussi travaillé au journal Le Monde jusqu'en 1973, et fut correcteur à l'Onu à Genève, durant quelques mois en 1956. Pierre-Valentin Berthier a exprimé sa pensée personnelle, bénévolement, au travers de centaines d'articles, dans des revues libertaires, comme La Défense de l'Homme. Et bien qu'il nous ait avoué que ses recueils de poésie ne lui ont rien rapporté, il se sentait avant tout poète.
Conformément à sa volonté, il sera incinéré à Paris et ses cendres seront déposées par sa famille dans le caveau familial d'Issoudun.
BERTHIER, Pierre-Valentin
http://raforum.info/spip.php?article1957&lang=en
Pierre-Valentin Berthier est né le 18 septembre 1911 à Issoudun. Il obtient son certificat d’études puis passe deux ans et demi à l’ « école primaire supérieure », annexée au collège, avant d’en être chassé pour indiscipline. Pendant une décennie, il exerce le métier d’artisan mégissier, coupeur en cuirs et peaux, dans l’atelier de ses parents. En 1932, il est arrêté pour insoumission. Malade, il est relâché peu après. Le pacifisme est alors et restera toute sa vie son principal cheval de bataille. D’abord antimilitariste et ensuite anarchiste, quoiqu’il apprécie très peu les étiquettes, quelles qu’elles soient. Et déjà, il participe à un certain nombre de feuilles pacifistes et libertaires : La Patrie Humaine, journal dirigé par Victor Méric, La Clameur, « organe mensuel de l’Union des Intellectuels pacifistes » [1], Le Contre Poison, « organe mensuel d’éducation sociale. Pour la Paix » ou La Conquête du Pain, dirigée par Bidault.
En 1936 c’est une autre presse qui lui permet de gagner sa vie : il devient le correspondant local du Journal du département de l’Indre qui deviendra Le Département sous l’Occupation puis La Marseillaise du Berry à la Libération.
Après avoir été 15 ans journaliste à Issoudun, P.-V. Berthier perd sa place lorsque le journal accentue son obédience communiste. En 1951, il rejoint alors la capitale où il sera correcteur dans des imprimeries, des maisons d’édition, comme Amiot-Dumont et des journaux, comme le Monde, où il prend sa retraite en 1976. En parallèle, il continue à apporter sa contribution à la presse anarchiste.
Avec Charles-Auguste Bontemps, il est l’un des plus proches collaborateurs de Louis Lecoin avec Défense de l’Homme. Puis il écrira dans Liberté. Il écrit également au Monde Libertaire dès 1954, et ce tant qu’il sera mensuel. Il réalise de longues chroniques pour L’Union pacifiste qui prône le désarmement unilatéral à titre exemplaire. On peut aussi noter ses participations au Libertaire qui parait au Havre. Et des articles pour L’Unique d’E.Armand, CQFD, Contre-Courant (deux journaux dirigés par Louis Louvet entre 1944 et 1968), Espoir qui devient Espoir CNT, Le Réfractaire, La Rue, et cette liste est sans doute très incomplète…
Outre celui de la presse, Berthier appartient au monde de la littérature, dans lequel il est entré par le biais de la poésie. « La littérature n’a pas intrinsèquement de vocation sociale, mais il y a des œuvres littéraires qui influent sur la société »[Thierry Maricourt, Histoire de la littérature libertaire en France, Paris, Albin Michel, 1990, pp. 305-309.]]. Après quelques nouvelles, ses premiers romans paraissent dans les années 1950.
En 1957, L’Enfant des ombres est, selon Thierry Maricourt, le roman « dans lequel se révèle le talent de son auteur ». Dans ce plaidoyer contre la guerre, on voit apparaître un personnage par lequel va se faire l’introduction d’idées libertaires : Planchette, évocation de Fernand Planche, à qui Pierre-Valentin Berthier a emprunté quelques souvenirs et événements. Deux ans plus tard, l’auteur expose ses conceptions économiques dans un roman intitulé On a tué M. Système.
Outre les romans, il s’intéresse à la langue française, à laquelle il consacrera une dizaine d’ouvrages, en majeure partie réalisés avec Jean-Pierre Colignon, correcteur au Monde, qui voit en lui « un ouvrier du verbe instruit sur le « tas », pour qui le langage est un matériau noble, comme le bois, le fer ou l’or » [2]. Pierre-Valentin Berthier est également l’auteur de quelques essais : une biographie de Gaston Couté, parue en 1958 et rééditée en 1980, un essai sur la famille et un sur la « laïcité égarée » parus tous deux en 1995.
Né le 11 septembre 1911 à Issoudun (Indre)
BERTHIER, Pierre-Valentin
Journaliste puis correcteur - CGT - Issoudun (Indre) - Paris
http://militants-anarchistes.info/spip.php?article2126
Fils d’un mégissier, Pierre-Valentin Berthier, avant d’avoir passé son Brevet, quitta le collège pour ne pas affronter le conseil de discipline qui s’apprétait à l’exclure. Il fut, de 1926 à 1936, ouvrier mégissier dans l’entreprise familiale à Issoudun : son père, artisan, travaillait seul ou, parfois, employait un compagnon. En 1932, il fonda à Issoudun une section des Combattants de la Paix, et en 1934, passant par Paris, prit part au " lancement " du journal de Fernand Planche la Conquête du Pain (Boulogne Billancourt, 45 numéros du 13 octobre 1934 au 13 décembre 1935). En 1932 il fut poursuivit suite à un article paru dans Le Semeur de Normandie et « en 1932-33 eut des démêlés avec l’autorité militaire » en tant qu’objecteur de conscience.
En 1936, P.-V. Berthier devint journaliste, détaché à Issoudun pour le quotidien de Châteauroux, le Département de l’Indre. Ce journal où Berthier n’avait qu’une fonction de localier, fut libéral avant la guerre, vichyssois sous l’Occupation (il s’appelait alors le Département), et communiste après la Libération (il prit à cette époque pour nom la Marseillaise du Berry). En septembre 1951, Berthier fut licencié et remplacé par un militant du Parti communiste.
Pendant la guerre d’Espagne il organisa à Issoudun un meeting de soutien à la CNT-FAI avec comme orateur Aristide Lapeyre.
Sur la période de la guerre et de l’occupation, P. V. Berthier a laissé le témoignage suivant : « …La guerre suspendut mon activité de militant et de publiciste libertaire, mais je conservai des rapports épistolaires avec des camarades comme Fernand Planche, Gérard de Lacaze-Duthiers et un correspondant américain…J’ai maintenu aussi des contacts permanents avec les amis de la région tels que Marius Jacob et Louis Briselance. J’ai correspondu avec Fernand Planche tout le temps qu’il fut incarcéré à la Santé puis interné au camp de Maisons-Laffitte. A la débâcle, lorsque le 10 mai 1940 le camp fut évacué en colonne par la route, Planche s’échappa et se réfugia chez moi ; il s’y trouvait à l’arrivée des Allemands et put regagner Paris avant la fermeture de la ligne de démarcation(Issoudun était en zone dite libre)…Durant les hostilités je n’ai cédé à aucune pression ; j’ai même refusé aux agents de Vichy d’utiliser la vitrine de mon bureau pour y présenter des objets de propagande…Mes collègues…m’apprirent aussi, la guerre finie, que j’avais failli être arrêté par les Allemands à cause d’un article où j’avais laissé entendre le peu d’empressement de la jeunesse à déférer au STO ; la censure l’avait par inadvertance laisser passer…Sur le moment je ne me suis pas douté du péril. Mais enfin tout cela n’est que bagatelle, mon itinéraire 1939-1945 n’a absolument rien d’héroique ; il est simplement conforme à ma vision des choses, qui stipule que, lorsque les hommes sont fous, la seule sagesse consiste à rester vigilant et à passer inaperçu. »
Grâce à Louis Louvet et après son licenciement, il put, dès décembre 1951, travailler comme correcteur à l’imprimerie Lang. Au bout de trois mois, il entra chez Amiot-Dumont, maison d’édition aujourd’hui disparue. Membre du syndicat des journalistes (autonome) après la guerre, il fut admis au syndicat des correcteurs de Paris le 1er mars 1953. En 1956, il fut correcteur (du 2 août au 30 novembre) à l’ONU-Genève et, en janvier 1947, entra au Monde où il travaillait encore en 1973.
A l’automne 1952 il fut aux cotés de Ch. Auste Bontemps, Louis Chauvet, Robert François, Georges Glazer, René Guillot, Maurice Joyeux, Gérard de Lacaze Duthiers, Pierre Lentente, Louis Louvet, André Prudhommeaux et Georges Vincey, membre du comité d’initiative fondant le groupe anarchiste de libre discussion Centre de recherches philosociales qui allaient chaque samedi organiser des débats à la salle des sociétés savantes de Paris.
Depuis 1956, P.-V. Berthier assure la rédaction d’un billet hebdomadaire dans la République du Centre, à Orléans. Il écrivait également dans le journal hebdomadaire de la CNT en exil Espoir (Toulouse, n°1, 7 janvier 1962), et fournissait des reportages à divers autres journaux (voyage en Laponie, voyage au Canada, etc.).
Écrivain, il a publié plusieurs plaquettes de vers, de nombreux romans – dont Sitting Bull (1952), Mademoiselle Dictateur (1956), La citadelle de Kouang-Si, etc..— et s’est vu décerner des prix, citons celui des Coopérateurs, en 1958, pour On a tué M. Système (1957). Il est également l’auteur avec J. P. Colignon de très nombreux ouvrages sur les particularités de la langue française.
Il collabora, comme militant, outre les titres cités à un grand nombre de journaux et revues : Almanach de la Paix pour 1934, Ce Qu’il faut Dire (1944-1948) de Louis Louvet, La Conquête du Pain (Boulogne Billancourt, 1934-1935) de Fernand Planche, Contre Courant (Paris, 1950-1968), Contre Poison (Saint Céré, 1932-1933), C.P.C.A. (Villeneuve St Georges, 1978-1983), Défense de l’Homme (1948-1976) de L. Lecoin et L. Dorlet, l’En-Dehors (avant 1939), L’Homme et la Vie (Paris, 1946), Le Libertaire (1944-1953) organe de la FA, Le Libertaire (Le Havre, 1978-199 ?), Liberté (Paris, 1958-1971) de Lecoin, Le Monde Libertaire organe de la FA à partir de 1954, la Patrie Humaine (Paris, 1931-1939), Pensée et Action (Bruxelles, 1945-1952) de Hem Day, Le réfractaire (Paris, 1974-1983) de May Picqueray, La Rue (Paris) revue du groupe Louise Michel, le Semeur de Normandie (Caen, entre 1932 et 1939), Sources Libres (Nantes, 1953), Terre Libre (1936-1939), L’Union Pacifiste (à partir de 1966, L’Unique (Orléans, 1945-1956), La Voix Libertaire (Limoges, 1929-1939).), la Voie de la Paix . P.V. Berthier s’était marié à Issoudun en 1945 et était père d’un enfant.
Œuvres : Outre les ouvrages cités, P .V. Berthier est également l’auteur de plusieurs biographies de libertaires : - Gaston Couté, la vérité et la légende (Brochure mensuelle, 1936) ; - Vie et portrait d’un anarchiste : Fernand Planche (publié dans « Espoir » du 9 mars au 6 juillet 1975) ; - Mauricius et la calomnie (publié dans « Espoir », du 11 juin au 29 juillet 1979). Il a collaboré à l’édition de "E. Armand. Sa vie, sa pensée, son oeuvre" (Paris, 1964, 498 p.)
Archives du syndicat des correcteurs. — Lettre de P.-V. Berthier, 30 mai 1973. — Y. Blondeau, Le Syndicat des correcteurs, op. cit = Notice de J. Maitron in "Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier...", op. cit. // Bulletin du CIRA, Marseille, n°23/25, 1985, op. cit. (Témoignage de P. V. Berthier) // R. Bianco « Un siècle de presse… », op. cit. // Contre Courant, année 1952 //