Décès de Pierre Valentin Berthier

Décès de Pierre Valentin Berthier

Messagede vroum le Mer 9 Mai 2012 21:51

Pierre Valentin Berthier est décédé le 6 mai 2012 à l'âge de 100 ans.

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Pierre-Valentin Berthier n'est plus

http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre/communes/Issoudun/n/Contenus/Articles/2012/05/09/Pierre-Valentin-Berthier-n-est-plus#

L'écrivain, journaliste et poète, Pierre-Valentin Berthier, est décédé au cours de la nuit de samedi à dimanche, à la clinique de La Dhuys, à Bagnolet, des suites d'une embolie pulmonaire survenue à son domicile dans la soirée du 25 avril. Il a pu, malgré ses graves difficultés respiratoires, communiquer avec sa famille et quelques amis, dont l'Issoldunois Bertrand Ledoux, dictant par bribes de mots et signes ses instructions concernant ses travaux et dossiers.

Pierre-Valentin Berthier aurait eu 101 ans en septembre prochain. Pour ses 100 ans, il nous avait accordé une longue interview (NR du 19 septembre 2011) marquée par une grande lucidité, une mémoire fabuleuse et une expression parfaite.
Né à Issoudun, il fut d'abord ouvrier mégissier dans l'entreprise de son père avant, de 1936 à 1951, d'être journaliste localier, à Issoudun, pour le journal Le Département de l'Indre. Puis il mena sa vie à Paris. Auteur de romans, de mémoires, de récits, de traités sur la langue française, avec son ami Jean-Pierre Colignon, il a aussi travaillé au journal Le Monde jusqu'en 1973, et fut correcteur à l'Onu à Genève, durant quelques mois en 1956. Pierre-Valentin Berthier a exprimé sa pensée personnelle, bénévolement, au travers de centaines d'articles, dans des revues libertaires, comme La Défense de l'Homme. Et bien qu'il nous ait avoué que ses recueils de poésie ne lui ont rien rapporté, il se sentait avant tout poète.
Conformément à sa volonté, il sera incinéré à Paris et ses cendres seront déposées par sa famille dans le caveau familial d'Issoudun.


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BERTHIER, Pierre-Valentin

http://raforum.info/spip.php?article1957&lang=en

Pierre-Valentin Berthier est né le 18 septembre 1911 à Issoudun. Il obtient son certificat d’études puis passe deux ans et demi à l’ « école primaire supérieure », annexée au collège, avant d’en être chassé pour indiscipline. Pendant une décennie, il exerce le métier d’artisan mégissier, coupeur en cuirs et peaux, dans l’atelier de ses parents. En 1932, il est arrêté pour insoumission. Malade, il est relâché peu après. Le pacifisme est alors et restera toute sa vie son principal cheval de bataille. D’abord antimilitariste et ensuite anarchiste, quoiqu’il apprécie très peu les étiquettes, quelles qu’elles soient. Et déjà, il participe à un certain nombre de feuilles pacifistes et libertaires : La Patrie Humaine, journal dirigé par Victor Méric, La Clameur, « organe mensuel de l’Union des Intellectuels pacifistes » [1], Le Contre Poison, « organe mensuel d’éducation sociale. Pour la Paix » ou La Conquête du Pain, dirigée par Bidault.

En 1936 c’est une autre presse qui lui permet de gagner sa vie : il devient le correspondant local du Journal du département de l’Indre qui deviendra Le Département sous l’Occupation puis La Marseillaise du Berry à la Libération.

Après avoir été 15 ans journaliste à Issoudun, P.-V. Berthier perd sa place lorsque le journal accentue son obédience communiste. En 1951, il rejoint alors la capitale où il sera correcteur dans des imprimeries, des maisons d’édition, comme Amiot-Dumont et des journaux, comme le Monde, où il prend sa retraite en 1976. En parallèle, il continue à apporter sa contribution à la presse anarchiste.

Avec Charles-Auguste Bontemps, il est l’un des plus proches collaborateurs de Louis Lecoin avec Défense de l’Homme. Puis il écrira dans Liberté. Il écrit également au Monde Libertaire dès 1954, et ce tant qu’il sera mensuel. Il réalise de longues chroniques pour L’Union pacifiste qui prône le désarmement unilatéral à titre exemplaire. On peut aussi noter ses participations au Libertaire qui parait au Havre. Et des articles pour L’Unique d’E.Armand, CQFD, Contre-Courant (deux journaux dirigés par Louis Louvet entre 1944 et 1968), Espoir qui devient Espoir CNT, Le Réfractaire, La Rue, et cette liste est sans doute très incomplète…

Outre celui de la presse, Berthier appartient au monde de la littérature, dans lequel il est entré par le biais de la poésie. « La littérature n’a pas intrinsèquement de vocation sociale, mais il y a des œuvres littéraires qui influent sur la société »[Thierry Maricourt, Histoire de la littérature libertaire en France, Paris, Albin Michel, 1990, pp. 305-309.]]. Après quelques nouvelles, ses premiers romans paraissent dans les années 1950.

En 1957, L’Enfant des ombres est, selon Thierry Maricourt, le roman « dans lequel se révèle le talent de son auteur ». Dans ce plaidoyer contre la guerre, on voit apparaître un personnage par lequel va se faire l’introduction d’idées libertaires : Planchette, évocation de Fernand Planche, à qui Pierre-Valentin Berthier a emprunté quelques souvenirs et événements. Deux ans plus tard, l’auteur expose ses conceptions économiques dans un roman intitulé On a tué M. Système.

Outre les romans, il s’intéresse à la langue française, à laquelle il consacrera une dizaine d’ouvrages, en majeure partie réalisés avec Jean-Pierre Colignon, correcteur au Monde, qui voit en lui « un ouvrier du verbe instruit sur le « tas », pour qui le langage est un matériau noble, comme le bois, le fer ou l’or » [2]. Pierre-Valentin Berthier est également l’auteur de quelques essais : une biographie de Gaston Couté, parue en 1958 et rééditée en 1980, un essai sur la famille et un sur la « laïcité égarée » parus tous deux en 1995.


Né le 11 septembre 1911 à Issoudun (Indre)
BERTHIER, Pierre-Valentin
Journaliste puis correcteur - CGT - Issoudun (Indre) - Paris

http://militants-anarchistes.info/spip.php?article2126

Fils d’un mégissier, Pierre-Valentin Berthier, avant d’avoir passé son Brevet, quitta le collège pour ne pas affronter le conseil de discipline qui s’apprétait à l’exclure. Il fut, de 1926 à 1936, ouvrier mégissier dans l’entreprise familiale à Issoudun : son père, artisan, travaillait seul ou, parfois, employait un compagnon. En 1932, il fonda à Issoudun une section des Combattants de la Paix, et en 1934, passant par Paris, prit part au " lancement " du journal de Fernand Planche la Conquête du Pain (Boulogne Billancourt, 45 numéros du 13 octobre 1934 au 13 décembre 1935). En 1932 il fut poursuivit suite à un article paru dans Le Semeur de Normandie et « en 1932-33 eut des démêlés avec l’autorité militaire » en tant qu’objecteur de conscience.

En 1936, P.-V. Berthier devint journaliste, détaché à Issoudun pour le quotidien de Châteauroux, le Département de l’Indre. Ce journal où Berthier n’avait qu’une fonction de localier, fut libéral avant la guerre, vichyssois sous l’Occupation (il s’appelait alors le Département), et communiste après la Libération (il prit à cette époque pour nom la Marseillaise du Berry). En septembre 1951, Berthier fut licencié et remplacé par un militant du Parti communiste.

Pendant la guerre d’Espagne il organisa à Issoudun un meeting de soutien à la CNT-FAI avec comme orateur Aristide Lapeyre.

Sur la période de la guerre et de l’occupation, P. V. Berthier a laissé le témoignage suivant : « …La guerre suspendut mon activité de militant et de publiciste libertaire, mais je conservai des rapports épistolaires avec des camarades comme Fernand Planche, Gérard de Lacaze-Duthiers et un correspondant américain…J’ai maintenu aussi des contacts permanents avec les amis de la région tels que Marius Jacob et Louis Briselance. J’ai correspondu avec Fernand Planche tout le temps qu’il fut incarcéré à la Santé puis interné au camp de Maisons-Laffitte. A la débâcle, lorsque le 10 mai 1940 le camp fut évacué en colonne par la route, Planche s’échappa et se réfugia chez moi ; il s’y trouvait à l’arrivée des Allemands et put regagner Paris avant la fermeture de la ligne de démarcation(Issoudun était en zone dite libre)…Durant les hostilités je n’ai cédé à aucune pression ; j’ai même refusé aux agents de Vichy d’utiliser la vitrine de mon bureau pour y présenter des objets de propagande…Mes collègues…m’apprirent aussi, la guerre finie, que j’avais failli être arrêté par les Allemands à cause d’un article où j’avais laissé entendre le peu d’empressement de la jeunesse à déférer au STO ; la censure l’avait par inadvertance laisser passer…Sur le moment je ne me suis pas douté du péril. Mais enfin tout cela n’est que bagatelle, mon itinéraire 1939-1945 n’a absolument rien d’héroique ; il est simplement conforme à ma vision des choses, qui stipule que, lorsque les hommes sont fous, la seule sagesse consiste à rester vigilant et à passer inaperçu. »

Grâce à Louis Louvet et après son licenciement, il put, dès décembre 1951, travailler comme correcteur à l’imprimerie Lang. Au bout de trois mois, il entra chez Amiot-Dumont, maison d’édition aujourd’hui disparue. Membre du syndicat des journalistes (autonome) après la guerre, il fut admis au syndicat des correcteurs de Paris le 1er mars 1953. En 1956, il fut correcteur (du 2 août au 30 novembre) à l’ONU-Genève et, en janvier 1947, entra au Monde où il travaillait encore en 1973.

A l’automne 1952 il fut aux cotés de Ch. Auste Bontemps, Louis Chauvet, Robert François, Georges Glazer, René Guillot, Maurice Joyeux, Gérard de Lacaze Duthiers, Pierre Lentente, Louis Louvet, André Prudhommeaux et Georges Vincey, membre du comité d’initiative fondant le groupe anarchiste de libre discussion Centre de recherches philosociales qui allaient chaque samedi organiser des débats à la salle des sociétés savantes de Paris.

Depuis 1956, P.-V. Berthier assure la rédaction d’un billet hebdomadaire dans la République du Centre, à Orléans. Il écrivait également dans le journal hebdomadaire de la CNT en exil Espoir (Toulouse, n°1, 7 janvier 1962), et fournissait des reportages à divers autres journaux (voyage en Laponie, voyage au Canada, etc.).

Écrivain, il a publié plusieurs plaquettes de vers, de nombreux romans – dont Sitting Bull (1952), Mademoiselle Dictateur (1956), La citadelle de Kouang-Si, etc..— et s’est vu décerner des prix, citons celui des Coopérateurs, en 1958, pour On a tué M. Système (1957). Il est également l’auteur avec J. P. Colignon de très nombreux ouvrages sur les particularités de la langue française.

Il collabora, comme militant, outre les titres cités à un grand nombre de journaux et revues : Almanach de la Paix pour 1934, Ce Qu’il faut Dire (1944-1948) de Louis Louvet, La Conquête du Pain (Boulogne Billancourt, 1934-1935) de Fernand Planche, Contre Courant (Paris, 1950-1968), Contre Poison (Saint Céré, 1932-1933), C.P.C.A. (Villeneuve St Georges, 1978-1983), Défense de l’Homme (1948-1976) de L. Lecoin et L. Dorlet, l’En-Dehors (avant 1939), L’Homme et la Vie (Paris, 1946), Le Libertaire (1944-1953) organe de la FA, Le Libertaire (Le Havre, 1978-199 ?), Liberté (Paris, 1958-1971) de Lecoin, Le Monde Libertaire organe de la FA à partir de 1954, la Patrie Humaine (Paris, 1931-1939), Pensée et Action (Bruxelles, 1945-1952) de Hem Day, Le réfractaire (Paris, 1974-1983) de May Picqueray, La Rue (Paris) revue du groupe Louise Michel, le Semeur de Normandie (Caen, entre 1932 et 1939), Sources Libres (Nantes, 1953), Terre Libre (1936-1939), L’Union Pacifiste (à partir de 1966, L’Unique (Orléans, 1945-1956), La Voix Libertaire (Limoges, 1929-1939).), la Voie de la Paix . P.V. Berthier s’était marié à Issoudun en 1945 et était père d’un enfant.

Œuvres : Outre les ouvrages cités, P .V. Berthier est également l’auteur de plusieurs biographies de libertaires : - Gaston Couté, la vérité et la légende (Brochure mensuelle, 1936) ; - Vie et portrait d’un anarchiste : Fernand Planche (publié dans « Espoir » du 9 mars au 6 juillet 1975) ; - Mauricius et la calomnie (publié dans « Espoir », du 11 juin au 29 juillet 1979). Il a collaboré à l’édition de "E. Armand. Sa vie, sa pensée, son oeuvre" (Paris, 1964, 498 p.)

Archives du syndicat des correcteurs. — Lettre de P.-V. Berthier, 30 mai 1973. — Y. Blondeau, Le Syndicat des correcteurs, op. cit = Notice de J. Maitron in "Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier...", op. cit. // Bulletin du CIRA, Marseille, n°23/25, 1985, op. cit. (Témoignage de P. V. Berthier) // R. Bianco « Un siècle de presse… », op. cit. // Contre Courant, année 1952 //
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Re: Décès de Pierre Valentin Berthier

Messagede vroum le Mer 9 Mai 2012 21:54

INTERVIEW DE PIERRE VALENTIN BERTHIER

http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob/2008/04/interview-de-pierre-valentin-berthier/

Paris, le 14 février 2001

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Berthier : Vous savez comment les choses ont commencé pour faire connaître la vie de Jacob ? Moi, j’avais donc avant la guerre… Non ce n’est pas pendant la guerre. Pendant la guerre, nous étions complètement coupés de Paris et puis, pendant la guerre, vous pensez bien, il n’était pas question de faire un livre sur Jacob. En outre, toute la correspondance entre la zone libre et la zone occupée n’a été rétablie qu’après l’entrée des Allemands dans la zone libre après 1942. Il y avait à Paris, forcément entre 1944 et 1951 (puisque nous avions quitté Issoudun en 1951), Fernand Planche, un personnage du mouvement anarchiste qui avait été secrétaire d’un mouvement intitulé “La Synthèse Anarchiste“, dont le but était de concilier, tout au moins de rapprocher les doctrines et les militants de l’anarchisme pacifiste et de l’anarchisme individualiste. Fernand Planche, que je voyais chaque fois que nous allions à Paris, m’avait écrit pour me dire : “Je suis en rapport avec un écrivain nommé Alain Sergent qui, en collaboration avec un autre, a publié une histoire de l’anarchisme dont le tome premier a paru. Avant de se mettre au travail pour faire le tome deux, cet écrivain, qui se fait appeler Alain Sergent et qui s’appelle en réalité André Mahé, voudrait pour se délasser un peu se mettre à un livre moins contraignant. Il voudrait connaître un militant de l’ancien temps de l’anarchisme qui pourrait lui donner la matière d’un livre“. Et je lui ai indiqué qu’il existait un ancien activiste de l’anarchisme qui s’appelait Jacob et qui habitait dans le Berry. Alain Sergent m’a demandé de le mettre en rapport. Sergent est venu à la maison, auparavant j’avais prévenu Jacob qui était d’accord. Sergent est allé passer quelques jours chez Jacob et il en a tiré le livre publié aux éditions du Seuil. Voilà comment les choses se sont faîtes. J’ai revu Sergent assez souvent à l’époque où nous nous sommes installés à Paris. C’est même lui qui m’a mis en rapport avec les éditions Amiot Dumont, aujourd’hui disparues et pour lesquelles j’ai travaillé comme correcteur pendant plusieurs années.

Pierre Valentin BerthierJMD : Jacob a-t-il gardé une activité anarchiste après son installation à Reuilly ?

Berthier : Non ou alors discrète. Jacob était un homme qui cherchait non pas à se faire ou-blier mais à ne pas faire connaître autour de lui ce qu’il avait été. Sinon il reniait pour lui toute possibilité de redresser la situation.

JMD : Cela n’empêche pas une activité intellectuelle et je pense ici à ses relations avec le docteur Rousseau ou bien encore Sergent.

Berthier : C’est certain, non seulement une activité mais aussi une fidélité à ses idées premières.

JMD : Ce qui confirme l’idée d’un homme qui a développé autour de lui toute une série de réseaux pour vivre. Avant son arrestation, c’est la bande d’Abbeville, après son retour du bagne il a un réseau d’amis politiques et il s’installe comme forain dans le Berry.

Berthier : L’anarchisme était développé chez les forains mais lui-même ne pouvait se livrer à aucune activité qui aurait éveillé l’attention des autorités. Sauf quand il est parti en Espagne et dans le Midi. Mais il l’a fait là aussi avec une discrétion telle que nous n’en avons su quelque chose qu’après son retour. Dans la dernière page du livre de Michel Ragon “La mémoire des vaincus“, il y a tout à fait dans les dernières lignes le nom de Jacob qu’il aperçoit en Espagne. Ragon ne l’a peut-être pas su, il n’est pas fait mention de son équipée dans le midi pour aller voir Basile Zaaroff. Il y avait à Issoudun beaucoup de réfugiés espagnols. Jacob était à Reuil-ly. Mais si Jacob a eu des contacts avec les réfugiés espagnols, ça je ne le sais pas. Vous savez, les réfugiés espagnols étaient de différentes sortes aussi. Il y a eu à certains moments des Basques et cela n’a rien avoir avec les Catalans. Nous avons eu les Basques avant les Catalans, ils étaient des plus ardents contre le franquisme mais continuellement fourrés avec les curés.

JMD : inventaire d’une série de photographies pour tenter de mettre un nom sur des visages inconnus.

Berthier : Nous n’avons pas connu sa mère, elle est morte là bas dans l’Yonne. Je ne crois pas qu’il l’ait amenée à Reuilly. A la fin de sa vie, Jacob a eu une liaison avec une femme qui a vécu chez lui. A ce moment-là, elle a du emporter tout cela [les photographies] car il avait donné le mobilier à Briselance et l’immobilier à nous. Nous étions à Issoudun et lui à Reuilly. Quand il est mort, les choses s’étaient déplacées. Nous n’étions plus à Issoudun, on était à Paris. Alors le mobilier qu’il y avait à Reuilly, à la rigueur s’il nous avait intéressés, je pouvais le faire prendre par mon beau-frère ou n’importe mais on a pris juste la vaisselle et les pots à tabac. Mais à ce moment là madame Passas avait déjà regagné ses pénates. Elle n’était même plus avec Jacob depuis un bon moment puisque Jacob, dans l’intervalle, a habité chez Denizeau pendant un moment. Il ne s’y est pas plu et il est revenu à Reuilly où il s’est suicidé. Alors madame Passas, le temps qu’elle est restée avec Jacob, elle a pris ce qu’elle a voulu; nous on ne s’en occupait pas.

JMD : Je fais maintenant volontairement l’allusion à Arsène Lupin par rapport à ce que vous avez écrit dans les deux volumes parus aux éditions L’Insomniaque sur les écrits de Jacob.

Berthier : : L’idée première peut bien sûr avoir jailli chez Maurice Leblanc de là mais pour le développement c’est autre chose. Lupin est un redresseur de tort mais souvent il le fait au profit de gens chez qui Jacob aurait cambriolé.

Pierre Valentin BerthierJMD : Jacob n’est donc pas resté un activiste à son retour du bagne ?

Berthier : En tout cas, ce dont je me souviens, c’est d’avoir connu Jacob au moment des foires. Ensuite, je ne sais pas pour quelle raison il a choisi de s’installer à Reuilly. A ce moment là, il venait à Issoudun le samedi, c’est à dire le jour du marché. Je le voyais alors chaque samedi. Pendant la guerre je me suis marié et installé au centre d’Issoudun où j’avais mon bureau. Alors là, non seulement j’allais le voir mais lui aussi venait me voir. Il avait une activité politique ? Non ! Il devait se savoir surveillé de très près je suppose. Son activité se bornait à la fréquentation des camarades, à être abonné à la presse anarcho-pacifiste et à suivre des colloques entre nous mais c’était tout. Jamais il n’a rien fait de public. De notre coté, nous ne cherchions pas à mettre Jacob pour ce qu’il avait été. En effet, voilà un homme qui avait choisi un commerce pour refaire sa vie et un commerce vous savez ce que c’est. Pour avoir une clientèle, il faut avoir une réputation. Si votre réputation est mauvaise, vous perdez votre clientèle. Et comment voulez-vous avoir une bonne réputation si vous criez sur tous les toits que vous avez été au bagne pendant vingt cinq ans ! Nous n’allions pas risquer de couler l’af-faire à notre ami en faisant savoir partout qu’il avait été forçat.

JMD : Pourtant il est parti en Espagne en 1936 !

Berthier : Il y a eu des événements d’ordre tout à fait capital. Il est allé là bas très discrète-ment. Les camarades l’ont su mais il n’a pas été très longtemps absent. Il est allé, à ce moment là, moi je l’ai su après (c’est lui qui me l’a dit du reste), voir le marchand de canon Basile Zaa-roff qui était en villégiature ou qui résidait (je ne sais pas) dans le Midi de la France. Il est mort d’ailleurs peu de temps après. Jacob devait essayer en accord avec les camarades espagnols de les fournir en armes à travers la Méditerranée. J’en ai parlé brièvement avec lui et il m’a dit : “Oh non ! Ils ne savent pas ce qu’ils veulent !“. Il ne m’a pas parlé de Zaaroff lui-même mais des camarades espagnols avec lesquels il n’avait pas réussi à s’entendre.

JMD : Y a-t-il eu un lien Jacob-Durutti comme a pu l’affirmer William Caruchet dans son ouvrage ?

Berthier : Je ne sais pas ce qu’ont été ses accointances avec les anarchistes espagnols. Je ne sais pas avec qui il a pris contact là bas. Dans la mesure où ma mémoire reste fidèle, j’en ai parlé avec Jacob. Il m’a dit : “je n’ai rien pu faire avec eux, ce sont des fadas !“. C’était le mot qu’il employait même pour moi lorsqu’il a dit plus tard qu’il n’avait pas pu se procurer du poison pour se suicider. J’étais devenu libraire à Paris dans l’intervalle et il m’écrivait des lettres pour que je lui envoie des livres sur les poisons. Comme il m’avait fait part verbalement de son intention de se suicider dès qu’il sentirait venir les approches de la vieillesse, j’avais interprété ses lettres entre les lignes et je ne tenais pas à être le complice de son suicide. Moi, j’aimais bien Jacob et je n’étais pas du tout apte à le voir se suicider. A l’époque, nous n’avions pour ainsi dire de contact avec lui si ce n’est quelques lettres que nous échangions. Il est venu une fois nous voir à la librairie. Ma femme était là, j’étais parti travailler à l’extérieur comme correcteur pour une maison d’édition. Ma femme l’a promené dans le quartier.

JMD : Quels furent les rapports entre Jacob et Lecoin, que vous avez tous deux biens connus ?

Berthier : Je ne sais pas s’il a eu des rapports directs avec Louis Lecoin. Moi, j’ai bien connu Louis Lecoin que je voyais tous les mois quand j’allais lui porter mon article pour son journal, tout au moins à l’époque où nous étions-nous à Paris et lui également. Parce que j’ai commencé à travailler avec Louis Lecoin avant par voie épistolaire quand il m’a demandé une collabo-ration à “Défense de L’Homme“, A ce moment là, Lecoin sans doute était déjà connu , au moins de nom, de Jacob par le fait de “Défense de l’Homme“. Il lisait “Défense de l’Homme“. Jacob était abonné à “Défense de l’Homme“. Je ne sais si Jacob était lié à Lecoin. Je ne le voyais qu’une fois par semaine quand il venait à Issoudun pour les marchés. Il en fait d’autres, le marché d’Issoudun n’était pas suffisant pour vivre. Que voulez-vous ? C’était un homme qui travaillait à son banc, puisque c’est le nom que l’on donne à un étalage forain dans la campagne berrichonne. On se réunissait quelques fois entre nous, avec les quelques camarades que nous étions, c’est à dire Louis Briselance qui était forain et Bouquereau, forain également mais habitant Issoudun. J’ai connu successivement les deux femmes de Jacob. Il a d’abord vécu avec une femme Berthelot qui avait été mariée et qui avait eu deux filles de son mariage, mais qu’il n’a pas épousée. Après il s’est marié avec une femme Charron avec qui il venait également nous voir. La première n’est jamais venue à la maison alors que la vraie madame Jacob, elle, venait. et nous a invités à venir quelques fois à aller à Reuilly à déjeuner chez lui. On y est allé bien deux fois. Pas Souvent.

Pierre Valentin BerthierJMD : L’épisode du procès pendant la guerre m’interpelle sur le fait qu’un homme, au passé aussi chargé, ait pu passer cette période aussi facilement.

Berthier : Il n’y a eu tracasserie que vers la fin. D’abord avec les résistants puisqu’ils sont ve-nus chez lui pour prélever du tissu. Ils en avaient besoin pour se faire des vêtements. Jacob m’a raconté la chose. Ils l’avaient mis à la porte de chez lui avec un gars en faction et le fac-tionnaire, un peu gêné en face de ce vieil homme qui fumait sa pipe, lui dit : “Oh ! Je sais bien ce que vous pensez ! Vous nous prenez pour des bandits“. Et Jacob qui lui répond : “Non, je ne vous prends pas pour des bandits, je sais ce que c’est !“. Il a eu des ennuis également avec la justice. Je ne sais pas si c’est avant la guerre ou après. Je ne me souviens pas de la date de son procès. Ces choses là, je ne les ai pas notées au jour le jour. Là, je me fie à ma mémoire. J’ai assisté en revanche au procès ! Là, comme journaliste. J’ai été journaliste sous Vichy. J’étais au palais de justice qui depuis a été rasé et remplacé par un supermarché. Jacob a donc comparu, ou plus exactement si je me souviens bien était représenté par une personne. Par son avocat, lequel je connaissais bien. Il s’agissait de Me Boudrand qui n’était pas avocat mais avoué. En cette qualité, il avait le droit de plaider et il plaidait souvent au tribunal d’Issoudun. Je crois avoir entendu Me Boudrand plaider pour Jacob en faisant ressortir que c’était un délinquant primaire mais que par conséquent il demandait l’indulgence du tribunal, étant donné que la première fois qu’une personne passe en justice correctionnelle on lui applique généralement le sursis. Alors j’ai vu à ce moment là un sourire sur les lèvres du procureur ou du substitut.

JMD : Vous voulez dire que le procureur savait le passé de Jacob ?

Berthier : Oui, c’est à dire que le procureur, ayant accès au différents niveaux du casier judiciaire, connaissait et le tribunal aussi.

JMD : Justement, cette anecdote est intéressante parce qu’elle pose les rapports de Jacob avec l’administration de Vichy d’une manière surprenante.

Berthier : Jacob s’était refait une vie sans accroc, il ne commettait pas de délit. Le délit, qu’on lui reprochait, c’était qu’on avait retrouvé chez lui du tissu pour lequel il n’avait pu fournir de facture. Alors il a dit une chose : “J’ai reçu la marchandise et le commerçant ne m’a pas envoyé de facture. Que voulez-vous que je fasse ? Je ne peux pas demander au commerçant de m’envoyer la facture s’il ne veut pas me l’envoyer !“. Alors il a été condamné pour ça. Parce qu’il avait fait un achat sans facture. Je ne peux pas vous dire si Jacob était de bonne foi ou non. Est-ce que Jacob avait vraiment acheté ses tissus au noir et fournissait de faux arguments à la justice ? Je n’en sais rien. Toujours est-il que sa défense était absolument vraisemblable. Vous me commandez un objet, je vous l’envoie et je ne vous le facture pas. Rien ne peut m’obliger à vous le facturer ! A ce moment là, est-ce que le commerçant en question n’était pas un juif qui, entre temps, avait été arrêté ? Malgré cela, je trouve que la justice a été sévère avec lui car elle lui a collé je ne sais plus si c’est quinze jours ou un mois de prison. Et qui l’ont fort affecté puisque nous avions été les premiers à avoir sa visite à sa sortie de prison, il nous a dit que ce séjour en prison lui a été plus pénible que le temps qu’il a passé au bagne. Je trouve qu’ils ont été sévères mais c’est vrai qu’ils n’ont sévi qu’une fois. Et moi alors qui, avant la guerre, ait fait de la propagande pacifiste et anarchiste à Issoudun, qui a fondé une section qui à un moment avait jusqu’à soixante dix membres, pourquoi ne m’a-t-on pas arrêté ? On ne pouvait pas arrêter tout le monde, vous savez. Le maire d’Issoudun lui-même qui fut maire pendant toute la durée de la guerre était un ancien communiste. On ne l’avait pas arrêté. Evidemment, il s’était converti. Moi, je ne me suis pas converti au vichysme, je me suis mis sous le tunnel et j’ai fait mon travail sans prendre jamais aucunement parti pour le régime. D’ailleurs en 1944, un journal communiste ne m’aurait pas gardé pendant sept ans comme rédacteur ensuite si j’avais été compromis par Vichy. Donc, comme vous voyez, des gens qui s’étaient lancés dans une action révolutionnaire voire subversive avant la guerre pouvaient fort bien, sous Vichy dont le régime cherchait à avoir une aile gauche (il ne faut pas l’oublier), ne pas être inquiétés. Je n’ai pas été persécuté, je me suis tenu tranquille en attendant que ça passe. J’ai joué l’attentisme comme d’ailleurs la majorité. Je ne suis pas un héros. Je défends mes opinions avec ardeur je pense. Mais de là à prendre les armes, non! J’ai été insoumis militaire et je n’ai jamais voulu me lancer dans une défense armée et je ne vois pas pourquoi je l’aurais fait à l’époque.

JMD : Vous avez fait de la prison pour votre insoumission ?

Berthier : J’ai été arrêté.

JMD : Vous êtes anarchiste ?

Berthier : L’anarcho-communisme est une doctrine parfaite si la psychologie humaine accep-tait un jour de s’y convertir mais, comme chaque jour je vois qu’il n’en est pas ainsi, je suis anarchiste individualiste. J’ai été façonné d’abord par Sébastien Faure, je l’ai été ensuite par Armand.

JMD : D’où votre amitié avec Jacob ?

Berthier : Oui, avec Jacob nous étions très amis. J’avais une absolue confiance et c’était réciproque. Confiance qui n’a pas été jusqu’à lui dire que nous cachions un réfractaire chez nous. Ce n’était pas par méfiance. Je sais très bien que, s’il l’avait su, il se serait fait hacher plutôt que de le dire. Nous ne l’avons dit à personne, même pas à nos parents. Il n’y en avait qu’un qui le savait, c’était le père du réfractaire mais il fallait bien qu’il le sache. C’est dire avec quelle discrétion nous avions agi. On ne l’a même pas dit à Jacob. Ce n’était absolument pas de notre part une attitude de défiance. J’ai été très ami avec lui, je ne lui en veux pas d’avoir dit et écrit que j’étais un “fada”. Il est venu un jour où j’interviewais Fernandel chez moi. Lors des spectacles qui étaient organisés à Issoudun, l’impresario à Fernandel, dont je ne sais le nom, et Fernandel étaient encore dans le bureau de l’appartement quand Jacob est entré tout d’un coup. En rentrant, il s’est trouvé nez à nez avec Fernandel et a dit “Tiens ! Eung païs!” avec son accent méridional. Ils se sont parlés.

JMD : Dans l’ouvrage de Sergent, puis dans celui de Caruchet, On aperçoit Jacob faisant la lecture à son amie secrétaire du manuscrit de Louis Ferdinand Céline “Voyage au bout de la nuit“.

Berthier : Je vous avoue n’avoir que parcouru l’ouvrage de Caruchet, lu en diagonal comme on dit dans l’édition mais je ne l’ai pas lu de la première à la dernière page. Alors que j’ai lu le bouquin de Thomas. J’ai lu le bouquin de Sergent qui est très probe. C’est vrai, il ne contient pas la conclusion, Jacob était encore vivant quand l’ouvrage a paru. Je ne peux rien vous dire au sujet du manuscrit de Céline. Il est possible que Jacob m’ait parlé de Céline mais ces choses là sont si anciennes ! Ma mémoire a rejeté grand nombre du passé.

Pierre Valentin BerthierJMD : Vous évoquez Jacob comme quelqu’un qui n’est pas sorti brisé du bagne, qui s’est construit une autre vie.

Berthier : Il était surtout adopté par les forains. Dans le milieux des forains, il y avait un grand nombre d’anarchistes, soit militants soit simplement adeptes ou sympathisants. Et tous les forains connaissaient Jacob et il était chez lui avec eux. C’était l’essentiel de ses fréquentations et de ses amitiés. C’est certain. J’étais peut-être à Issoudun une exception. A part moi, tous les autres qu’il fréquentait étaient des forains.

JMD : Donc, il a retrouvé dans le Berry un milieu libertaire sinon une culture libertaire.

Berthier : C’est beaucoup dire. Mais il a retrouvé surtout une ambiance favorable à vivre libre.

JMD : Quand on lit les lettres de Jacob, publiées aux éditions “l’Insomniaque“, on ressent un style particulier, assez féroce d’ailleurs.

Berthier : Ca, il aimait plaisanter. Il ne voyait pas la vie sous les couleurs sombres sous lesquelles il aurait fort bien pu la voir après ce qu’il avait passé. Je ne sais pas si Monsieur Nerrand l’a connu. A Reuilly, ils ont monté un petit musée, une petite exposition, je leur avais communiqué quelques objets et des photocopies de lettres dont je ne me dessaisis pas.

JMD : Etiez-vous en contact avec le R.P.Riquet?

Berthier : Moi, je ne communiquais pas avec le père Riquet. Il doit y avoir une correspondance mais, d’après ce que j’ai lu, elle est introuvable. Ca, je le savais du vivant de Jacob., il me parlait de ses échanges avec Riquet.

JMD : Jacob vous parlait-il de sa vie au bagne et de la bande d’Abbeville ?

Berthier : Non, il l’aurait fait si nous l’avions provoqué mais, encore une fois, on a toujours été discret pour la raison que je vous ai exposée et, évidemment, on aurait pu en parler entre nous. Ca nous est sûrement arrivé. Je ne m’en souviens pas. Vous me comprenez, a à cause de toutes les conversations que j’ai eues avec lui.

JMD : Beaucoup comme Ferrand ou Baudy sont morts à Cayenne, Sautarel s’installe en pays catalan, la page de l’illégalisme est tournée au retour de Jacob.

Berthier : C’est certain, voyez-vous l’illégalisme anarchiste est une expérience qui s’est conclue par un sentiment de défaite.

JMD : Mais Jacob peut historiographiquement faire peur puisque l’illégalisme organisé par lui fonctionne pendant trois ans ?

Berthier : Evidemment, il n’est pas comparable à l’illégalisme à la Bonnot et aux bandits tragiques. Mais si on considère le peu d’impact que finalement cela a eu dans la société, il faut se dire que tout ce mouvement révolutionnaire, non seulement celui des anarchistes mais celui des autres partis politiques y compris les parlementaristes, a donné l’illusion d’un mouvement révolutionnaire en France qui allait réellement changer la société. La guerre de 1914 éclate là dessus. Tout le monde part. Y compris ceux qui avaient lancé des proclamations dans les congrès socialistes. Il y a en même qui vont devenir ministres dans les gouvernements de l’Union. C’est dire que les congrès socialistes et pacifistes sont restés sans impact et que toute la saga sanguinaire du terrorisme anarchiste s’est conclue aussi par un même échec. Les grands changements ne sont pas faits par les mouvements révolutionnaires ni même politiques. Ils sont le fait maintenant surtout des changements scientifiques et industriels.
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Re: Décès de Pierre Valentin Berthier

Messagede vroum le Mer 9 Mai 2012 21:56

BERTHIER, Pierre-Valentin

http://epheman.perso.neuf.fr/septembre18.html

Le 18 septembre 1911, naissance de Pierre -Valentin BERTHIER à Issoudun (Indre)
Militant pacifiste et anarchiste individualiste, poète, journaliste et écrivain.
Il passe deux ans et demi à "l'École primaire supérieure" mais est contraint de la quitter pour raison disciplinaire, avant d'avoir obtenu son Brevet. De 1926 à 1936, il travaille comme artisan mégissier (apprêteur de cuirs et peaux), dans l'atelier familial. Pacifiste et antimilitariste, il fonde en 1932 à Issoudun une section des "Combattants de la Paix". Il est poursuivi par la justice pour un article publié dans "Le Semeur de Normandie". Peu après, il est arrêté pour insoumission mais, malade, il est relâché. Il collaborera à un certain nombre de journaux pacifistes et libertaires: "La Patrie Humaine", journal dirigé par Victor Méric, "La Clameur", organe mensuel de l'Union des intellectuels pacifistes , "Le Contre Poison", organe mensuel d'éducation sociale, "Pour la Paix" ou encore "La Conquête du Pain", lancé en 1934 par Fernand Planche et dirigé par Bidault.
A partir de 1936 et jusqu'en 1951, il travaille comme journaliste localier pour le quotidien de Châteauroux (Indre). Pendant la guerre d'Espagne, il organise à Issoudun un meeting de soutien à la CNT - FAI avec Aristide Lapeyre comme orateur. Durant la guerre et l'occupation allemande, il suspend son militantisme, mais reste en contact avec certains compagnons comme Fernand Planche, Gérard de Lacaze-Duthiers, Alexandre Marius Jacob et Louis Briselance. Licencié en septembre 1951, par les communistes, du journal dans lequel il travaillait, il retrouve dès décembre 1951, grâce à Louis Louvet, un emploi de correcteur dans une imprimerie. Membre du syndicat des journalistes (autonomes) après la guerre, il sera admis au syndicat des correcteurs de Paris en 1953. En 1956 il sera durant 4 mois correcteur à l'ONU à Genève, puis deviendra correcteur pour "Le Monde" avant de prendre sa retraite en 1976.
A l'automne 1952, il fut, avec d'autres compagnons, membre fondateur du groupe anarchiste de libre discussion "Le Centre de recherches philosociales" qui organisait chaque samedi à Paris des débats à la salle des Sociétés savantes. Après guerre, il collabore à un nombre important de journaux et revues libertaires ou pacifistes, comme "CQFD" et "Contre-Courant" de Louis Louvet. Avec Charles-Auguste Bontemps, et devient l'un des plus proches collaborateurs de Louis Lecoin, participant à la revue "Défense de l'Homme" puis à "Liberté". Il écrit également dans "Le Monde Libertaire" dès 1954, dans "L'Unique" d'E. Armand, dans le journal "Espoir" de la CNT en exil, dans "L'Union Pacifiste" où il prône le désarmement unilatéral, dans "Le Réfractaire" de May Piqueray, dans "Le Libertaire" du Havre, etc.
Après avoir publié quelques plaquettes de poésie et de nouvelles, ses premiers romans paraissent dans les années 1950 : "Sitting Bull" (1952), "Mademoiselle Dictateur" (1956), "L'enfant des ombres"(1957), "On a tué M. Système"(1957), "La cité dans le tunnel" (2003).
Pierre-Valentin Berthier est également l'auteur de plusieurs biographies : Gaston Couté, Fernand Planche, Mauricius, et d'essais avec J. P. Colignon sur les particularités de la langue française, sur la laïcité égarée, etc.
"Pour le désarmement comme pour l'abolition de l'esclavage, il faut selon nous qu'un grand pays commence, qu'il donne l'exemple unilatéralement. Telle est l'idée directrice du pacifisme intégral et libertaire." extrait de la brochure de "La Question Sociale" publiée par les éditions de l'En Dehors en 2006.



Un recueillement aura lieu autour de Pierre-Valentin
le Vendredi 11 Mai 2012 à 10 heures
au Funérarium de Ménilmontant
7 Boulevard de Ménilmontant 75011 Paris

Selon sa volonté,
Une cérémonie de recueillement sera organisée
au crématorium du Père Lachaise
le Vendredi 11 Mai 2012 à 11 heures 30

L’inhumation de l’urne aura lieu dans sa sépulture de famille
Le Mardi 15 Mai 2012 à 14 heures
Au cimetière d’Issoudun
Chemin du Postillon 36100 ISSOUDUN
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