Un copain de Sarkozy à la tête de Dexia
Communiqué de Dexia, ce matin:
"le conseil d'administration a décidé de coopter Monsieur Jean-Luc Dehaene, ancien Premier ministre belge, et Monsieur Pierre Mariani, membre du comité exécutif de BNP Paribas, comme membres du conseil d'administration.
Monsieur Jean-Luc Dehaene a été élu président du conseil d'administration en remplacement de Monsieur Pierre Richard. Monsieur Pierre Mariani a été désigné administrateur délégué et président du comité de direction, en remplacement de Monsieur Axel Miller.
Les fonctions de Monsieur Dehaene et de Monsieur Mariani prennent effet immédiatement."
La décision a été prise lundi après midi, lors de la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Yves Leterme, Premier ministre belge (photo).
Jean-Luc Dehaene, 68 ans, ancien Premier ministre belge (de 1992 à 1999), a ensuite été bourgmestre de Vilvorde de 2000 à 2007. Il n'a aucune expérience de la banque. Ce n'est pas une injure de dire que son rôle sera essentiellement d'inaugurer les chrysanthèmes.
Le prochain homme fort de Dexia sera donc Pierre Mariani. A 52 ans, ce dernier a une carrière de fonctionnaire, puis de banquier. Depuis 1998, il fait partie du groupe BNP (devenu BNP Paribas à partir de 1999). D'abord chez Banexi, la banque d'affaires du groupe, puis à la direction de la division services financiers et banque de détail à l’international. Auparavant, il était dirigeant de la Société Française d’investissements immobiliers et de gestion (SEFIMEG), de 1995 à 1997. Mais sa nomination comme CEO de Dexia doit surtout à une ligne précédente de son CV. De 1993 à 1995, il a été directeur de cabinet du ministre du Budget, à savoir Nicolas Sarkozy. Auparavant, il travaillait à la direction du Budget.
Et c'est toujours un proche du chef de l'Etat, comme l'écrivait il y a un an l'Express:
"Avec Pierre Mariani, son directeur de cabinet du Budget, la relation professionnelle est devenue affective. Et l'est restée. Aujourd'hui banquier (chez BNP Paribas), Mariani, souvent absent de France, se disait peu impliqué dans la campagne et se définit comme «sarkozyste, tendance canal historique». Mais, à quelques jours du second tour, il tremblait pour celui dont il admire le parcours, «parti de très loin» et «prêt pour une fonction dont il a investi tous les aspects»".
Bref, on se croirait revenu aux pires moments du capitalisme d'Etat, quand il fallait avoir sa carte du parti (du RPR ou du PS) pour prétendre diriger une entreprise publique. Au moment où on critique le capitalisme financier dérégulé, il faut aussi se souvenir que ce type de capitalisme avec ses intrigues de couloirs au Palais de l'Elysée n'est pas non plus la panacée. Cela a donné le Crédit Lyonnais, au début des années 1990.
Pour le coup, le modèle de Sarkozy, ce n'est plus Georges Bush, c'est François Mitterrand...