de qierrot le Mer 15 Oct 2008 11:58
un témoignage intéressant, même s'il ne vient pas de nos rangs (çà vient du PRCF),
qu'on aura du mal à trouver dans la presse...
sur la manifestation des salariés de l'automobile ce 10 Octobre à Paris et l'envahissement du salon automobile.
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A l'appel de leurs syndicats CGT, les salariés de très nombreuses usines de la filière automobile en France s’étaient donnés rendez-vous pour manifester au salon de l'auto "tous ensemble" contre la casse industrielle, les suppressions d'emplois les bas-salaires et la flexibilité.
Ce sont environ environ 4.000 salariés de Renault (Flins, Sandouville...), Valéo, Goodyear Amiens, Peugeot PSA, Ford (Blanquefort), Autolav, Automotiv, Bosch etc... qui se sont rassemblés Pont du Garigliano pour le départ d’une manifestation très déterminée.
Les slogans, repris par 4.000 voix combatives d’employés, d’ouvriers et même de cadres, sont très offensifs : « Ils ferment nos usines, ils ferment nos écoles, on en a marre de ces guignols !» dénonce une centaine de militants de Peugeot. Certains camarades font aussi part de leur désarroi face à la direction confédérale CGT : « Thibault, t’es foutu, les Goodyear sont dans la rue » scandent les Goodyear. « Ça fait 18 mois qu’on est en grève, explique un camarade, et on a perdu presque 5 mois de salaire... On n’a toujours pas reçu le soutien de Bernard Thibault... ». Mais les slogans du jour sont définitivement « Carlos (Ghosn) enc... », à égalité avec « Sarko démission ! ».
Les propos sont tout aussi clairs : « On n’a pas fait des centaines de bornes en bus ou en train pour enfiler des perles. » prévient une salariée. « On veut rentrer au Salon et on va rentrer au Salon ! » confirme Gérard, du Nord, l'œil pétillant. Maryline, du Mans, rappelle : « Les gens se rendent pas encore compte mais aujourd’hui c’est nous, demain ce sera peut être eux ! C’est la crise, il paraît, et Sarkozy veut tout casser. ».
Arrivé devant les portes du salon, une quinzaine de gendarmes sont là, casqués et bottés. Trop peu nombreux pour empêcher les manifestants d'entrer. les portes du salon s’ouvrent, les officiels demandent de poser drapeaux et banderoles pour entrer. Une quinzaine d’ouvriers entraîne les autres derrière eux : « C’est ça ouais, tu rêves ! On rentre avec nos drapeaux et avec nos banderoles. ». Dépassés, les services d’ordre laissent filer, bien obligés.
Une marée humaine, rouge, gueulante, envahit littéralement les allées du Parc des Expositions de Versailles : « on casse pas les gars mais on fout le bordel ».Le stand Renault est immédiatement envahi « Ici on est chez nous ! Licencions les licencieurs ! Dehors les exploiteurs ! Carlos t’es foutu !».
Ce sera ensuite le tour du stand Peugeot, qui connaîtra le même traitement. Les autocollants et les drapeaux de la CGT ornent les derniers modèles d’exposition, de petits groupes se répandent sur le stand : « sans nous, pas de bagnoles » et interpellent les quidam : « Elle vous plaît cette voiture Madame ? Regardez la bien, elle est faite avec la santé des ouvriers. ».
Les visiteurs du Salon regardent, stupéfaits, amusés, apeurés pour certains, ce cortège de syndicalistes déterminés et unis, venus défendre leurs vies et celles de leurs famille. Les salariés en ont ras le bol de demander "poliment" et sont décidés à prendre de force ce que les négociations leur refusent. De nombreux visiteurs applaudissent sur le chemin et témoignent leur solidarité, parfois même en levant le poing.
Une bande de jeunes s’approche : « M’dame, M’dame, hé, la vérité... quand est-ce qu’on l’vire, l’aut’ là ...Sarko !? ».
Retour dans les bus et départ de Paris pour de nombreux salariés venus de province. L'ambiance, malgré la gravité de la situation, est joyeuse et combative. On recommencera, on n'a pas le choix. « Tous ensemble et en même temps ».