Un parfum de fin de règne (A!111)

Un parfum de fin de règne (A!111)

Messagede AnarSonore le Jeu 5 Mar 2009 14:08

Un parfum de fin de règne

Cinq mois après la très médiatique chute de la banque Lhemann Brothers et la vaste escroquerie qui s’en est suivie, c’est-à-dire le racket organisé contre les populations pour renflouer les caisses des financiers à coups de milliers de milliards ; cinq mois après les premières vagues de destructions massives d’emploi consécutives à ces escroqueries boursières majeures ; cinq mois après que les gouvernements de tous les pays aient commencé à nous seriner à demi-mot que, pour nous, les perspectives ne sont que "de la sueur et des larmes" ; cinq mois donc après tout ça, les directions syndicales ont appellé - enfin, auront pensé certains - à faire quelque chose : une "journée de mobilisation" le 29 janvier 2009. Elles ont annoncé une autre "grande journée" pour le 19 mars...

On pourrait épiloguer longuement sur le fond de l’appel unitaire pondu par les chefs syndicaux. En écrivant que les "seules lois du marché ne peuvent régler tous les problèmes" ils font comme si ce n’étaient pas ces lois qui les créent, justement, les problèmes ! Mais s’appesantir sur ces gesticulations bureaucratiques aussi tardives qu’ineptes est inutile, cela, même si nous savons qu’il reste encore des personnes sensibles à leurs discours (même s’il y en a de moins en moins) et que beacoup n’auront retenu qu’une seule chose : "Le 29 janvier (ou le 19 mars), c’est important" et cela parce qu’on est "tous ensemble"...

Nous, nous affirmons que quels que soient les "résultats" de ces journées, de ces "mobilisations" (dont les mobilisateurs espèrent bien qu’elles ne meneront à rien d’essentiel), il est indispensable, surtout et avant tout, que les luttes apparues depuis quelques mois de façon autonome (débrayages sauvages à Airbus, mouvements de lycéens, autoréductions ici ou là, résistances de salariés...) s’amplifient. Face à l’unité politico-syndicale qui englobe jusqu’aux patrons (comme à Albi ou en Guyane) et pour laquelle l’objectif réel est de préparer le terrain électoral, ce qu’il nous faut construire, c’est la solidarité des luttes autonomes de classe.

Dans une ambiance qui commence à sentir la "fin de règne", les privilèges éhontés des puissants, leurs escroqueries boursières tout comme leurs spéculations sur les aliments de base (riz, maïs,…) entraînent des conséquences effroyables pour la planète et pour les populations. Les pollutions, disparitions d’espèces, famines, épidémies... qu’ils provoquent constituent autant de véritables crimes contre l’humanité.

Quand un système est aussi criminel, c’est à la population de s’organiser pour reprendre en main les moyens nécessaires à la construction d’une société nouvelle.

Il est temps de balayer l’exploitation capitaliste, l’oppression étatique et leur insupportable discours.

Editorial d’Anarchosyndicalisme ! n°111, mars-avril 2009

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Disponible à la permanence du samedi (7, rue St Rémésy, métro Carmes, Toulouse) à partir de 17h30 et sur la table de presse de la CNT-AIT, dimanche 8 mars au marché St Aubin à Toulouse, à partir de 10h30. Et prochainement en kiosque.


Mercredi 11 mars, 2 rue St Jean, 20 h 30, à Toulouse

QUELLES PERSPECTIVES ?

Dans le contexte actuel de faillite du système et de développement des luttes, révoltes, colllectifs de base mais aussi alors que l’on voit se mettre en place les stratégies de canalisation politico-syndicales, la question des perspectives se pose à tout le mouvement social.

A partir de quelques exemples concrets, la CNT-AIT développera le point de vue de l’anarchosyndicalisme.
AnarSonore
 
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Comment finissent les tyrannies ?

Messagede AnarSonore le Ven 6 Mar 2009 23:01

Comment finissent les tyrannies ?

Ce que nous apprend l’histoire c’est que s’il ne choisit jamais de vivre dans un contexte de bouleversement sociétal, l’individu choisit toujours ce qu’il va y faire ou ne pas faire. Par le passé, l’humanité a déjà du faire face à des épisodes de crise majeure. Chaque fois, ils ont permis l’émergence d’institutions nouvelles et parfois totalement inattendues. Dans un moment fondamentalement ouvert qui est celui que crée la mort des anciennes institutions (n’oublions pas que le monde a surgi du chaos...), tout est possible, le meilleur comme le pire ; et au final, tout cela résulte largement de notre action… ou de notre inaction. N’oublions pas, nous qui souhaitons une action collective dans une finalité émancipatrice, que cette émancipation n’est jamais que la somme des actes de liberté posés par chacun, alors qu’à l’inverse, le totalitarisme n’est que l’addition de nos lâchetés.

Or, l’individu n’est libre que s’il a pris conscience des ses responsabilités, et pour cela, il doit d’abord faire “le deuil du pouvoir”, c’est-à-dire le deuil d’une forme de domination dont la force de coercition serait légitimée par des capacités (le plus souvent supposées) de protection.

Le propre de la crise financière, économique et sociale qui se déroule sous nos yeux est qu’elle révèle à un nombre de plus en plus important de gens l’incapacité croissante des institutions à faire face aux besoins des populations. Les raisons objectives de cette incapacité sont connues : il s’agit de l’accroissement de l’endettement des Etats qui pourrait entériner leur insolvabilité. Mais la faillite du système n’est accomplie que si on parvient à signifier massivement, dans les mots et dans les actes, que toute confiance en lui est perdue. C’est un travail à rebours de celui qu’a produit antérieurement l’imaginaire collectif pour justifier le fonctionnement de la société jusqu’à présent qui doit désormais se produire, c’est un véritable "travail de deuil", dont l’aboutissement doit être la signification de la mort du pouvoir actuel. Ce processus peut couvrir une longue période, si c’est nécessaire à la maturation des esprits. Maturation qui n’est autre que le résultat de l’affrontement entre deux sentiments : celui de rester en demande et celui de passer à l’action. Cet affrontement entre le désir de repos et la nécessité de l’activité politique nous explique l’ambivalence du comportement social qui peut, à ce titre, dérouter ou décourager les plus impatients. Ainsi, ce 18 février, il y avait 17 millions d’auditeurs pour le discours présidentiel, lors même que le chef de l’Etat baisse dans les sondages et que ses apparitions en public deviennent pratiquement impossibles. Le 19 mars prochain sera la journée de syndicats c’est-à-dire des institutions qui participent à l’infantilisation de ceux qui ne sont encore que des sujets… Pourtant la première de ces deux dates a eu un effet inverse à celui escompté, car elle a largement contribué à déconsidérer le discours politicien et la deuxième date risque de constituer pour les dirigeants syndicaux une victoire aussi embarrassante que celle du 29 janvier.

C’est le constat massif de la dissonance entre la morale affichée du pouvoir et les affaires de vols, escroqueries, corruptions, forfaitures, trahisons et crimes perpétrés dans les cercles dirigeants qui fera certainement la différence : Le capitalisme est comme le vent pour le navigateur, il en entend d’autant mieux la critique qu’il lui devient défavorable. Ce n’est pas pour rien que les directions syndicales jouent la montre à raison d’une journée de grève alternant avec une journée de négociation, ce n’est pas pour rien que les politiciens tentent de gagner du temps : il s’agit pour eux d’estomper les dispositions d’esprits devenus défavorables au pouvoir. Ce gain de temps est censé entretenir l’illusion pour que les individus ne prennent pas la parole, restent en demande, restent des enfants [1].

Réappropriation de l’imaginaire collectif

Ce n’est que quand une fraction conséquente de la population non seulement aura fait le deuil du pouvoir mais lui aura clairement signifié son acte de décès que démarrera pleinement la phase constructive. Dans les révolutions anglaise et française, en 1649 et en 1793, ce dénouement a été symbolisé par le procès du roi. C’est principalement une démarche quasi-psychanalytique où il s’agit de "tuer le père" devenu un tyran que l’on jette, à l’instar des romains qui situaient leur roche Tarpéienne prés du Capitole. Cette mort, symbolique ou non, notifie pour l’individu le passage de l’enfance à la responsabilité et lui permet d’envisager sa liberté. Pour les populations le temps de la demande cède alors le pas a celui du faire.

Bien sûr cette liberté n’a de concrétisation que si on a les moyens de la vivre. Mais contrairement aux écoles marxistes et économistes qui subordonnent la révolution à la réappropriation des moyens matériels, les anarchistes subordonnent cette réappropriation matérielle à la révolution, c’est-à-dire à une représentation collective et autonome de la société : l’individu ne peut vivre libre que dans une société qui s’organise librement et une société ne peut s’organiser librement qu’avec des individus libres.

Cette organisation d’individus affranchis, on en trouve déjà l’ébauche dans l’émergence de multiples comités et collectifs, dans lesquels la parole se libère et les actes se posent. Dans tous les pays cette auto-organisation doit fleurir et libérer des capacités aussi diverses que surprenantes. Bien sûr les médias n’en parleront pas ou en parleront mal. Mais peu importe que la chose demeure plus ou moins cachée, l’essentiel c’est la satisfaction intérieure que chacun éprouve en participant à ces mouvements et où il puise sa force morale.

Cette multitude de forums qui se coordonneront peu à peu, libérés des influences infantilisantes des politiciens et syndicalistes, remplira sa fonction de creuset commun. Alors, le simulacre de convergence qui nous est proposé jusqu’ici et qui n’est en réalité qu’une juxtaposition absurde de revendications corporatistes portées par des organisations dont l’objectif est d’empêcher toute union sur l’essentiel, ce catalogue à la Prévert que constitue une manifestation interprofessionnelle, laissera la place à la véritable convergence : Celle qui consiste à refonder de nouvelles bases pour une nouvelle société. Cette crise n’est pas la nôtre, non, mais ce monde est à tous !

ARTICLE D’ANARCHOSYNDICALISME ! N°111, MARS-AVRIL 2009


Notes
[1] Dans la Rome antique, le mot "infans" désignait l’enfant qui ne savait pas encore parler (pour ceux qui voudraient réviser leur latin, l’enfant qui parlait, c’était “puer”).
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Re: Un parfum de fin de règne (A!111)

Messagede AnarSonore le Jeu 12 Mar 2009 14:19

Mercredi 11 mars, 2 rue St Jean, 20 h 30, à Toulouse

QUELLES PERSPECTIVES ?

Dans le contexte actuel de faillite du système et de développement des luttes, révoltes, colllectifs de base mais aussi alors que l’on voit se mettre en place les stratégies de canalisation politico-syndicales, la question des perspectives se pose à tout le mouvement social.

A partir de quelques exemples concrets, la CNT-AIT développera le point de vue de l’anarchosyndicalisme.


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Re: Un parfum de fin de règne (A!111)

Messagede AnarSonore le Ven 13 Mar 2009 15:23

2ème partie
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Re: Un parfum de fin de règne (A!111)

Messagede AnarSonore le Sam 14 Mar 2009 14:45

3ème et dernière partie
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