MANIFESTE ABSTENTIONNISTE
A l'occasion du second tour de l'élection présidentielle,
A tous ceux qui nous méprisent et nous accusent de faire le jeu du FN,
A ceux qui s'apprêtent à voter FN,D'abord, rappelons une évidence : lorsque deux candidats s'opposent à une élection, l'abstention ne fait, a priori, pas plus le jeu de l'un que de l'autre. Le dogme, répété en boucle, ces derniers temps, par les partisans de Macron, n'est qu'une mauvaise rhétorique de campagne, qui ne repose sur aucun argument sérieux, pire, qui est systématiquement contredit par les chiffres : Que l'on regarde l'élection présidentielle de 2002, ou l'élection régionale en PACA de 2015, où tous les autres partis sauf un se sont unis contre le FN, dans un cas, comme dans l'autre, l'abstention a reculé entre le premier et le deuxième tour, quand, dans le même temps, le nombre de voix pour le FN a augmenté. C'est particulièrement sensible pour l'élection régionale de 2015, où tout s'est passé comme si la quasi totalité des abstentionnistes du premier tour, qui ont voté au second tour, avaient voté FN.
Les fans de Macron considèrent que l'abstention leur prend des voix et refusent de voir qu'elle prend aussi des voix au FN. Hors, les électeurs du FN ne peuvent pas se tourner vers Macron, sauf un reniement complet très improbable, nous sommes donc, abstentionnistes, les mieux placés pour faire reculer le vote FN, nous pouvons convaincre son électorat que rien dans son projet n'améliorera leur vie quotidienne et faire progresser l'abstention. En nous accusant de faire le jeu du FN, en nous méprisant, en nous insultant, vous aggravez la tension qui nous oppose, et vous conduisez des abstentionnistes à voter FN. En bref, vous vous tirez une balle dans le pied.
Du haut de votre ignorance, vous comparez Marine à Hitler, ce qui est un très mauvais procédé rhétorique (le point Godwin), ce qui est confondre l'histoire de la France et de l'Allemagne, ou pire prétendre que leur histoire est interchangeable. Soyons un peu sérieux et conséquent : L'extrême-droite au pouvoir en France n'a pas d'autre visage que celui de Napoléon. Et c'est bien cette France-là qui est au porte du pouvoir aujourd'hui, cette France qui se veut grande, plus grande que les autres, plus grande que l'Allemagne, cette France va-t-en-guerre qui s'est faite écrasée à Waterloo comme à Sedan.
Méfiez-vous de cette France-là ! Elle promet la victoire mais n'a que les moyens de la défaite et de la ruine, la même ruine que nous réserve les banquiers de la France de Macron. La première fomente la guerre entre les peuples, la seconde la guerre entre les classes. Face à un tel choix, le peuple n'a pas à choisir, sa seule issue est de dire non et de s'abstenir.
A l'issue du premier tour, nous étions dix millions à nous abstenir, quatre millions non inscrits et un million à voter blanc ou nul. Nous étions donc quinze millions à refuser de participer à cette élection, largement en tête du scrutin, presque autant que les dix-sept millions d'électeurs de Le Pen ou Macron réunis. Nous pouvons donc espérer sortir en tête une seconde fois de ce second scrutin et c'est le seul objectif qui nous importe.
La démocratie, cela est particulièrement clair quand nous voyons le « choix » de ce second tour, n'est autre chose que la tyrannie : c'est la tyrannie de la majorité, c'est à dire la tyrannie de la masse informe, ignorante et naïve, manipulée par les élites les plus riches, les plus cyniques, les plus avides de pouvoir. Si la monarchie était l'enclume qui écrasait le peuple, la démocratie est la hache qui le saigne, qui le divise, qui tranche les idées et les têtes, qui oppose chacun contre chacun. C'est le règne du dogme dominant et l'élimination systématique des idées nouvelles, parce qu'elles sont minoritaires. C'est l'élimination, aussi, de ceux qui les portent avec conviction, parce qu'ils sont exclus du débat. C'est le règne, au contraire des opportunistes, qui retournent leur veste toujours du bon côté, parce qu'ils ne croient en rien, si ce n'est à leurs intérêts personnels.
C'est donc la démocratie qu'il nous faut détruire, comme nous avons détruit la monarchie. Cette étape sera la dernière avant l'avènement de la République, la République du peuple, par le peuple et pour le peuple, dont la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » , allègrement piétinée par tous les gouvernements successifs, ne peut prendre sens qu'à la condition de la souveraineté du peuple, débarrassé de toute la classe politique, qui doit dégager.
Vive l'abstention, vive la République et vive la France !