de soli le Mar 15 Nov 2011 17:24
Je me suis inscrit sur le forum car, sympathisant anar, ça fait un moment que je cherche à en savoir un peu plus sur Longo Mai.
Mais jusque-là, après lecture des différentes interventions sur le sujet, ce serait un euphémisme de dire que je reste sur ma faim.
Les commentaires reflètent bien ce qui se dit "dans la vraie vie"...des militants anars qui connaissent certains membres ou proches de Longo Mai de plus ou moins près et les trouvent sympas...d'autres, souvent plus âgés, ayant un discours très critique et qui peut sembler légèrement parano (qui sait, c'est peut-être justifié).
Un fait certain: il existe peu de documents sur le fonctionnement et l'expérience Longo Maï, internes ou externes.
On sait aussi aujourd'hui que des dérives importantes ont eu lieu dans les années 70 ou 80, passés sous silence dans tous les documents provenant de la "collectivité" ou de gens proches.
L'article le plus dense sur le thème est celui publié dans la revue "Refractions". L'auteure (proche de LM) y évoque, entre autres choses, les "caisses communes": "La caisse commune de chaque coopérative est alimentée par trois ressources principales : la vente des produits, des subventions diverses et des dons, qui peuvent être directs ou redistribués par la caisse commune, située en Suisse (d’où proviennent la majorité des dons)"."
Vague, c'est le moins qu'on puisse dire. J'imagine qu'ils sont pas financés par Areva, mais on peut tout de même légitimement se poser certaines questions.
Sur les critiques qui sont apportées quant à la teneur révolutionnaire du projet, à ce que je sache les Longo Mai ne se considèrent pas comme étant anarchistes. On peut trouver ambigus certains aspects du projet (financements, subventions etc...), mais seulement si on sait parfaitement de quoi Longo Mai se réclame. A priori il y aurait pas mal de choses à dire à ce niveau, puisqu'il semble qu'ils aient un discours fortement teinté d'anticapitalisme et d'autogestion...qui a toutefois évolué et pris différentes directions avec le temps. Voir, toujours, l'article de C.Meijers dans Réfractions, p.4:
"Ceci n’a pas empêché Longo maï de lancer de nombreuses campagnes politiques et d’être à l’origine de nombre d’associations. Pour ne mentionner que les axes principaux de cet engagement politique, mentionnons le soutien aux réfugiés et aux immigrés, contre la construction d’une « forteresse Europe» (action « Places gratuites » pour l’accueil des réfugiés chiliens en 1973 ; création du Comité européen de défense des réfugiés et immigrés, CEDRI, en 1982), le
soutien aux médias libres (création de la Fédération européenne des radios libres, FERL, en 1987), la recherche d’une troisième voie entre système capitaliste et système post-stalinien (création du Forum civique européen, FCE, en 1989) et la promotion du multiculturalisme et des relations pacifiques entre les communautés en ex-Yougoslavie (en 1992, création, sur place, du Réseau alternatif d’information AIM, et, en Suisse, de Causes communes Suisse). Longo maï
a organisé sur ces différents thèmes des rencontres internationales qui ont réuni des centaines de personnes du monde entier."
Concernant les églises, certains villages du Chiapas en ont également. Et les zapatistes comptent des soutiens dans les milieux anars à peu près partout dans le monde. A partir du moment ou ces derniers ne se disent pas anarcho-communistes (par exemple), sans adhérer le moins du monde, je vois pas ou est la contradiction.
Et puis...qui les a construites? Longo Mai? Les habitants? pour quelles raisons? Traditions religieuses locales anciennes? Pressions d'une mission?
Il faudrait, si on veut élaborer une critique (ou défendre le projet) de Longo Mai, se référer à des éléments significatifs, et non des rumeurs, oui-dires, ou des faits vieux de plusieurs décennies.
Par exemple, leurs soutiens sont pour le moins variés (deux candidats à des présidentielles, un type comme Ziegler...)...
C'est pas un article de la revue "Rouge", qui sent franchement pas l'analyse de terrain ou la critique honnête et sérieuse, qui nous apportera un véritable éclairage. Surtout que, franchement, l'article n'est ni clair ni intelligent.
Roland Perrot, le fondateur, et personnage très contesté, est mort depuis plus de quinze ans.
Quels enseignements les membres de LM ont-ils tiré des expériences négatives du passé? Des changements ont-ils été apportés?
Existe-t-il, au sein de LM, différentes tendances quant aux directions à prendre par le mouvement?
Vous m'excuserez, mais se débarrasser de LM en disant "ils sont pas anars, c'est une secte, c'est nul", ça me parait complètement absurde. Même s'il y a surement du vécu derrière certains commentaires "acerbes". Sur un forum les commentaires sont publics, et mieux vaut essayer d'aller vers une critique constructive et articulée que de discuter comme dans un chat.
Perso je trouve que, sur le papier, Longo Maï semble être un projet de vie assez intéressant, semblant proposer une alternative à une vie complètement aliénée à travers la réappropriation de certains savoirs-faire, de certaines activités...tout en ayant des limites claires qui ont été pointées dans divers commentaires précédents. Encore qu'apparemment, certains membres semblent se bouger sur le plan militant et ne pas vouloir rester en dehors des luttes sociales....
Mais tout de même, beaucoup de zones d'ombre, qui peuvent contribuer à donner du crédit aux rumeurs les plus inquiétantes.
En fait, on a un peu le sentiment en cherchant à creuser le sujet, d'être dans le flou le plus total.