SOS eskualdunak ?

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Re: SOS eskualdunak ?

Messagede leo le Mer 6 Jan 2010 13:16

Pour en revenir au Pays basque.

En attendant, le mouvement basque (du sud) se solidarise avec Asel Luzarraga, écrivain anarchiste basque, résident au Chili et depuis le 31/12 dernier, incarcéré et poursuivi pour tentative d’attentat contre le siège gouvernemental de Temuco (capitale de la province du pays mapuche).

Bel exemple d'internationalisme !

http://www.alasbarricadas.org/noticias/?q=node/12561
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Re: SOS eskualdunak ?

Messagede Malval le Mer 6 Jan 2010 13:50

bajotierra a écrit:Suite a la la lecture des post ci dessus , il me semble que vous admettez trop facilement que le capitalisme et la colonisation ne font qu'un . ........

Si effectivement le capitalisme a pu a un moment donné utiliser la colonisation , ce phénoméne lui est largement antérieur, et le paradoxe est que parmi les populations qui ont subi le plus cruellement le fardeau occidental il y avait des nations "impérialistes" comme les zoulous ou les aztéques

Oui c'est totalement vrai...

Ca me rapelle un des premiers chapitres de Nationalisme et Culture où Rocker critique le matérialisme historique en disant que toutes les conquêtes ne peuvent être réduites au matérialisme et que la Volonté de Puissance, dans l'histoire des conquêtes, comptait plus.

J'étais resté bloqué sur les colonisations typiquement XIXième (mais je crois que leo aussi d'ailleurs).

leo a écrit:Autrement dit, la centralité de la classe ouvrière dans le combat anti-capitaliste.
Cette perte progressive de centralité est pour moi ce qui caractérise le plus ces 3 ou 4 dernières décennies du système.

C'est ce que le nouvel Esprit du Capitalisme veut nous faire croire avec l'éclatement du prolétariat et la dispersion des emplois "à pouvoir" (style management).

Effectivement les ouvrier-es ne représentent plus la part majoritaire du prolétariat, mais ce dernier est toujours majoritaire, mais comme il est moins unifié, venant d'horizons différents, que ses membres sont parfois dans des situations très différentes, que les propriétaires des moyens de production se sont dé-territorialisés, l'idéologie et la conscience (et donc l'action) de classe est moins présente.

La centralité est toujours là. Juste que les orgas qui étaient censées représenter les prolétaires sont restées sur les mêmes discours (quand elles n'ont pas suivie l'idéologie dominante), les mêmes méthodes, les mêmes buts, etc.
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Re: SOS eskualdunak ?

Messagede JPD le Mer 6 Jan 2010 16:55

Suite a la la lecture des post ci dessus , il me semble que vous admettez trop facilement que le capitalisme et la colonisation ne font qu'un . ........

(Bajotierra)

Non, en effet, le capitalisme et la colonisation ne font pas UN, pas plus avec le patriarcat. Ces derniers lui sont certainement antérieurs si on considère que le capitalisme est une forme particulière, historique et définie, en voie d’achèvement, de gestion des activités humaines. Un mode de production qui s’est mis en place au cours des siècles, qui a certes des racines dans la nuit de l’humanité, mais qui trouve sa pleine mesure à partir du milieu du XIXe siècle en Europe et en Amérique du Nord.
Ce qu’on peut dire c’est que le mode de production et d’exploitation capitaliste a rencontré avec bonheur des formes de domination plus anciennes dont la colonisation et le patriarcat font partie. Ces formes plus anciennes ont sans doute favorisé son expansion, mais il en aussi modifié l’expression et les champs d’application, il les a modernisé.
La conséquence première c’est que s’attaquer au colonialisme et au patriarcat c’est à la fois s’attaquer au capitalisme dont ils sont un des souteneurs, mais aussi à des formes plus anciennes de la domination.
La seconde, c’est de ne pas s’illusionner sur le fait que la fin du capitalisme signifierait la fin des mécanismes coloniaux et patriarcaux. Cette façon de renvoyer aux calendes grecques la résolution de problèmes qui gênent et dont la solution s’avère difficile à trouver a été souvent un moyen d’évitement : « tout ça sera résolu de lui-même lorsque le communisme ou l’anarchie auront triomphé… Tous ces maux étant considérés comme les fruits du système actuel, il suffirait de système pour que les maux disparaissent… ainsi de la violence, de la “criminalité”, des “perversions” ». Cette façon de voir fut très répandue dans les mouvements « marxistes » mais aussi, souvent, dans le mouvement anar.
Mais cette constatation ne doit pas aboutir à une autre impasse qui consiste à penser que l’on peut s’attaquer à ces éléments de la domination sans s’attaquer au mode de gestion qui les structure actuellement, le capitalisme. Autrement dit il est impossible de construire des îlots de liberté, désaliénés, « en dehors » de la société. C’est une pure illusion. Le colonialisme, le patriarcat, ne sont pas des « en-soi » invariables de toutes circonstances, ils revêtent des particularité structurante liées au mode de production. On ne peut donc les combattre efficacement comme des « en soi » (même si on y fait référence) mais en s’attaquant, en même tant, à ce qui les structure dans le moment.
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Re: SOS eskualdunak ?

Messagede leo le Mer 6 Jan 2010 21:07

Effectivement les ouvrier-es ne représentent plus la part majoritaire du prolétariat, mais ce dernier est toujours majoritaire, mais comme il est moins unifié, venant d'horizons différents, que ses membres sont parfois dans des situations très différentes, que les propriétaires des moyens de production se sont dé-territorialisés, l'idéologie et la conscience (et donc l'action) de classe est moins présente.

La centralité est toujours là. Juste que les orgas qui étaient censées représenter les prolétaires sont restées sur les mêmes discours (quand elles n'ont pas suivie l'idéologie dominante), les mêmes méthodes, les mêmes buts, etc.


Je crois que la prolétariat est toujours venu « d'horizons différents », qu’il y a toujours eu des « des situations très différentes » en son sein.
Et si « l’idéologie et la conscience (et donc l'action) de classe est moins présente », c’est bien ce que je dis : que la centralité, l’importance de la place « politique » de la classe ouvrière, de ce qui se faisait ou se disait en son nom, etc… est bien moins important. Le capitalisme s'est transformé, en a finit ici, en Europe,avec les grandes usines, les grandes concentrations ouvrières, théâtre de grands conflits qui tant ont marqué l'imaginaire social.

Et si les orgas dites ouvrières ont perdu de l’influence, ce n’est pas à cause d’une mauvaise direction trop ceci ou pas assez cela mais précisément parce que la grammaire politique, socialiste, ouvrière, syndicaliste, etc. qui a prévalu longtemps, a perdu sa capacité “hégémonique” à représenter, à signifier politiquement quelque chose de central, que ce soit dans un sens réformiste ou révolutionnaire d’ailleurs.

Après, que numériquement il y ait toujours des « prolétaires », des travailleurs exploités en grande quantité ; oui, c’est vrai.
Et c’est là qu’est la contradiction. Comment et pourquoi des majorités sociales assez larges ne se reconnaissent plus dans un discours « ouvrier », dans des propositions politiques visant à défendre explicitement des intérêts supposés communs à ces couches sociales restées numériquement nombreuses ? La seule explication est à mon sens à rechercher dans la montée en puissance d’autres facteurs de préoccupation, d’inquiétude, de révolte, d’autres manières de se penser soi-même, de voir le monde et la place que l’on y occupe que la simple position sociale du travailleur face à son patron au sein du rapport salarial. On peut ajouter à cela plein d'autres raisons, dans la subjectivité sociale diffuse, qui s'ajoutent à celle-ci et accentuent le phénomène.

La lutte des classes continue. Elle continue à traverser d’autres luttes. Mais elle prend d’autres formes, se déplace sur d’autres terrains que le lieu de travail. Elle est moins centrale. Elle existe mais à côté (et parfois en contradiction avec) d’autres sujets sur lesquels se construisent de nouvelles formes de l’antagonisme et de la revendication égalitaire et libertaire, je pense en particulier à la dimension productiviste du capitalisme, à son économisme consubstantiel et sans limite qui, en détruisant irréversiblement les conditions matérielles de la vie sur cette planète, nous conduit toutes et tous dans le mur.
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Re: SOS eskualdunak ?

Messagede Malval le Mer 6 Jan 2010 22:02

La seule explication est à mon sens à rechercher dans la montée en puissance d’autres facteurs de préoccupation, d’inquiétude, de révolte, d’autres manières de se penser soi-même, de voir le monde et la place que l’on y occupe que la simple position sociale du travailleur face à son patron au sein du rapport salarial.

Oui ça tout le monde est d'accord, mais d'où vient cette "montée en puissance d'autres facteurs de préoccupation, d'inquiétude, de révolte,etc." ? Pourquoi la conscience de classe est moins palpable malgré, comme tu dis, le fait que le prolétariat à toujours recouvert des situations très variables ?

Si je te comprends bien, tu dis, que le travail n'est plus central dans la vie des prolétaires ? Dans les années 90, beaucoup de discours parlaient de la fin du travail, qu'en est-il réellement ?

Est ce que, ce qui induit cette modification, n'est pas la modification de la nature même des actes de travail en Occident ? Le fait de passer, dans la classe prolétarienne, à un travail de production matérielle (ouvrier-es majoritaires et grande part de paysan-nes) à un travail de production cognitif (services, cadres, managers, profs, etc. en gros le tertiaire extrêmement majoritaire) a sûrement un rapport dans la façon de voir les rapports de pouvoir. L'augmentation des services personnalisés, l'information en continu parfois contradictoire, le fait de ne plus identifier qui est son "boss", l'impression que notre confort de vie à augmenté (grâce aux crédits) etc. en gros l'individualisation des sociétés tend à éclater les classes.
Mais dans la matérialité de la société, l'accumulation d'un capital pour l'accumulation reste centrale dans la plupart des rapports de force et d'interactions inter-individuelles.

Le fait que les orgas révolutionnaires mettent sur le même plan les contradictions du capital/travail, les méfaits de l'oganisation moderne du politique et celles qui trouvent leur origine dans la société post-moderne est un réel signe d'inquiétude... d'où ma réponse à cette question :

leo a écrit:Et c’est là qu’est la contradiction. Comment et pourquoi des majorités sociales assez larges ne se reconnaissent plus dans un discours « ouvrier », dans des propositions politiques visant à défendre explicitement des intérêts supposés communs à ces couches sociales restées numériquement nombreuses ?

Soit elles sont restées sur un vieux schéma type capitalisme industriel (genre Lutte Ouvrière) soit elles ont suivi le Nouvel Esprit du Capitalisme (genre NPA, Onfray, hédonisme et distinction individuelle) soit participent de la reproduction en trouvant des places dans l'organisation des flux nécéssaires à la bonne marche des choses (genre les syndicats légaux).
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Re: SOS eskualdunak ?

Messagede leo le Jeu 7 Jan 2010 11:49

Je pense effectivement que les modifications dans la structure productive du capitalisme a fortement impacté et transformé la « composition » sociale des travailleurs/prolétaires/salariés. Par composition, j'entends subjectivité. La place grandissante du travail immatériel rend aussi plus abstrait, moins tangible la nature de la production. La dispersion dans de petites unités productives aussi.

La baisse du temps moyen de travail aussi.
En un siècle, la place du travail dans la vie (dans le temps de la vie) a été pratiquement divisé par deux. On ne commence plus à bosser à 12 ou 14 ans, pas mal de salariés ont quelques années de retraite (alors qu’à une époque, dans les milieux ouvriers, on mourrait au travail, en activité, vers la cinquantaine), et au quotidien 35 ou 40 heures + 5 semaines de congés, c’est pas pareil que 60 ou 70 h sans congés…

Et puis les « travailleurs » ne sont pas que ça, ne sont plus les prolétaires qui n’avaient que leurs chaînes à perdre : il sont locataires ou petits propriétaires, consommateurs, parents d’élèves, maris et femmes avec des problèmes liés à cette cellule familiale, aux rôles et places dans ce quotidien selon que l'on est hommes ou femmes, ou plus simplement avec des problèmes de désamour, sont dans des histoires de divorces parfois compliquées, passent du temps pour aller bosser et faire leur courses, ont des crédits sur le dos pour leur bagnole et éventuellement leur pavillon et ont donc des problèmes avec « leur » banquier, sont éventuellement patients affectés d’une maladie, prennent en charge un parent, poussent leurs enfants dans des études qui coûtent cher, sont voisins d’une centrale nucléaire inquiétante, habitants d’une région où l’on veut leur imposer une ligne de TGV inutile, un projet touristique haut de gamme qui va privatiser et détruire des espaces communs de balade, de glanage, de reproduction des espèces, et faire monter les prix, etc.

Les inquiétudes, les soucis, les raisons de se révolter, ou de ne pas le faire, se sont multipliées et diversifiées, elles ne se réduisent pas à la feuille de paie, à la simple position sociale, professionnelle.

Et comme on parlait de centralité, je voudrais ajouter que pour moi, ce n’est pas le nombre qui importe. La question paysanne, celle de l’agriculture me semble au moins aussi “centrale” que les autres biens fabriqués par les hommes et les femmes. Et pourtant, les paysans sont une espèce sociale en voie de disparition à l’échelle mondiale, remplacés par l’agrobusiness.
Il est pour moi inimaginable d’envisager une société libertaire, ou même simplement humaine, sans paysans.
Par contre, je l’envisage parfaitement sans banques, sans établissements financiers, sans téléphones portables, sans Airbus, sans supertankers, sans TGV, sans centrales nucléaires, sans publicité, sans… et j’en passe…
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Re: SOS eskualdunak ?

Messagede Malval le Jeu 7 Jan 2010 14:53

leo a écrit:La baisse du temps moyen de travail aussi.
En un siècle, la place du travail dans la vie (dans le temps de la vie) a été pratiquement divisé par deux. On ne commence plus à bosser à 12 ou 14 ans, pas mal de salariés ont quelques années de retraite (alors qu’à une époque, dans les milieux ouvriers, on mourrait au travail, en activité, vers la cinquantaine), et au quotidien 35 ou 40 heures + 5 semaines de congés, c’est pas pareil que 60 ou 70 h sans congés…

Non mais dit comme ça on dirait qu'on a pas à se plaindre. C'est pas la durée horaire qu'il faut vraiment regarder, c'est la productivité horaire et ses gains. J'ose même pas dire en quelle proportion ils ont doublé alors que la durée horaire a baissé. L'augmentation continue et voulue des gains de productivité ça implique plus le même mode de régulation de la production que sous le Capitalisme Industriel, d'autant plus que sous ce dernier, la concentration des travailleurs et la similarité des conditions de travail au sein d'un même atelier favorisent la solidarité qui atténue énormément les dommages psychologiques.
Ce n'est plus la mobilité physique qui est souhaité dans la plupart des emplois post-modernes (et encore les caissières kiffent pas trop leurs articulations), mais la mobilité psychique, les dégats que ça engendre sont moins visibles (même si on en parle de plus en plus). Je dis que c'est pire que sous le Capitalisme Industriel parce que la douleur physique on peut diagnostiquer facilement d'où elle vient, on peut l'identifier et la soigner plus ou moins rapidement, pas la douleur psychique. Pour avoir un membre de ma famille qui a été victime d'un burn-out je peux dire que la douleur et le désespoir sont beaucoup plus profonds. Les exemples les plus flagrants sont les suicides de France Tel. où les employés subissent des injonctions paradoxales (Paul Watzlawick en a parlé), les objectifs qu'ont leur donne sont incompatibles avec l'éthique professionnelle qu'ils se sont donnés.
Les conséquences personnelles de la flexibilité exigent mobilité, disponibilité, acceptation de l'incertitude, implication dans le travail, goût de la complexité, mobilisation mentale et psychique, adaptabilité, capacité à la reconversion. Des qualité qui obligent à être constamment en mouvement et à accepter sans réserve les exigences de l'entreprise (favoriser par la diffusion et l'adoption massive par les agents des moyens de communication instantanés). Moins de mobilisations collectives sont en baisses à cause d'un encouragement à la négociation individuelle des situations. Sans oublier la peur des gens de se retrouver sans leur emploi (qui le détruit) et donc à la rue. Sans oublier que l'âge de la retraire est sans cesse repousser avec l'augmentation des cotisations.
On ne meurt plus au travail, on meurt à petit feu à cause du travail !
(je ne peux que conseiller les films de Pierre Carles et le dernier bouquin de Vincent de Gaulejac sur le sujet de l'évolution de forme qu'a adopté l'exploitation du capital et ce, dans la plupart des organisations, même celles à but non-lucratif)

Et puis les « travailleurs » ne sont pas que ça, ne sont plus les prolétaires qui n’avaient que leurs chaînes à perdre : il sont locataires ou petits propriétaires, consommateurs, parents d’élèves, maris et femmes avec des problèmes liés à cette cellule familiale, aux rôles et places dans ce quotidien selon que l'on est hommes ou femmes, ou plus simplement avec des problèmes de désamour, sont dans des histoires de divorces parfois compliquées, passent du temps pour aller bosser et faire leur courses, ont des crédits sur le dos pour leur bagnole et éventuellement leur pavillon et ont donc des problèmes avec « leur » banquier, sont éventuellement patients affectés d’une maladie, prennent en charge un parent, poussent leurs enfants dans des études qui coûtent cher, sont voisins d’une centrale nucléaire inquiétante, habitants d’une région où l’on veut leur imposer une ligne de TGV inutile, un projet touristique haut de gamme qui va privatiser et détruire des espaces communs de balade, de glanage, de reproduction des espèces, et faire monter les prix, etc.

Tous ces problèmes sont liés à l'organisation de la production, de la maximisation du taux de profit et de l'intégration hégémonique de la sphère marchande dans la sphère non-marchande (et ce que ça implique de protection militarisée, d'où les flics en fac et/ou dans les écoles pour traquer celles et ceux qui n'empruntent pas le chemin légal de production, la recherche de drogue par exemple, d'où les flics dans les écoles primaires).
La volonté de taux de profit maximum entraine une individualisation des contacts renforcé par la structure socio-spatiale (urbanité), ce qui implique plus de problèmes inter-personnels ("problèmes de désamour, histoires de divorces compliquées"), les crédits sont voulus et nécéssaires pour l'accroissement du capital financier, les maladies psychiques augmentent à cause de l'angoisse souvent lié à la sécurité sociale de soi et de ceux qu'on aime, si les parents poussent leurs enfants dans de longues études c'est peut-être pour les voir exercer une activité qui leur apportera du bonheur (contrairement à la leur), les lignes de TGV sont construites pour amener plus facilement les travailleur-es sur les lieux de travail pour éviter d'aller installer l'entreprise dans des coins où il y a peu de demande, la privatisation des espaces cherche le rendement économique, etc. bref tous les problèmes contemporains tournent autour de la contradiction Capital/Travail. Le but de toute cette entreprise est le même qu'au XIXième, seulement les formes qu'il a adopté et les nouveaux problèmes que ça a engendré, qui sont multiples nous font croire que les causes sont multiples. C'est un trompe l'oeil, c'est l'Idéologie.

Les orga révolutionnaires n'ont selon moi, pas fait une bonne analyse des évolutions. Je dirais que les seules orgas qui réféfléchissent en conséquence sur ces évolutions en France sont les CNT-AIT et dans une certaine mesure les CNT-f.
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Re: SOS eskualdunak ?

Messagede leo le Jeu 7 Jan 2010 16:35

tous les problèmes contemporains tournent autour de la contradiction Capital/Travail


Beaucoup de problèmes (et pas tous !) tiennent au système capitaliste.
Je n’est pas dit non plus que la recherche de profits ne structurait pas en grande partie l’ensemble du fonctionnement social. Je dis que la lutte de classe classique, d’usine, sur les lieux de travail, n’a plus la place centrale qu’elle pouvait avoir jusque dans les années 70.
Et que cette lutte de classe continuait, mais sur d’autres formes, d’autres terrains : les fermetures d’hôpitaux, le logement, les services publics, l'école, les batailles pour une égalité des droits que l’on soit « français » ou non, né ici ou pas, etc. Et que, d'autre part, des enjeux de classe peuvent apparaître dans des luttes plus « interclassistes ».

Mais le rapport salarial n’est plus au centre du jeu, quoi que les syndicalistes ou les ouvriéristes de tradition culturelle socialiste classique (genre LO mais d’autres aussi bien) veulent encore le faire croire, perpétuant la mythologie du sujet historique, la fameuse « classe » destiné à accomplir son destin : se libérer et à libérer tout le monde en même temps.

Tout ne se joue pas sur le fait d’être salarié.
Sinon, cela se verrait : on aurait des grands syndicats « ouvriers » de masse et des grands partis « socialistes » de masse qui imprimeraient leurs marques dans la société toute entière, y compris de manière mythique : si la réalité subjective de la centralité ouvrière existait, cela se traduirait forcément dans des formes de visibilité, dans des expressions manifestes et évidentes, dans des références fortes sur lesquelles s’articuleraient d’autres combats. Ce n’est pas le cas.
Pour plein de raisons déjà évoquées : cela fait 30 ans que le compromis fordiste a volé en éclat et que la classe ouvrière a enregistré plus de défaites que de victoires. Il faut bien que cet éclatement ait provoqué des modifications substantielles et durables dans le rapport de force entres les classes. Et si des gens maintenant se flinguent au travail plus qu'avant, s'ils sont malades du travail, c'est bien une conséquence de cela : la dégradation des rapports de forces, la perte du sentiment collectif, le fait que de plus en plus d'ouvriers, de salariés sont "seuls" face à la pression du "Marche ou crève" de la hiérarchie et des jeunes diplômés des écoles supérieures de management.

Et le capitalisme, ce n’est pas seulement l’exploitation économique des travailleurs. Il faut sortir d’un marxisme un peu étroit et terriblement daté. Sinon, il suffit d’un programme politique qui défende la socialisation des moyens de production, en renvoyant à plus tard (c’est-à-dire jamais) la question de leur usage et le tour est joué. C’est peut-être le projet de LO et de quelques autres attardés, ce n’est pas le projet dans lequel je souhaite m’inscrire.

Si l’on veut donner un caractère global au combat pour la libération sociale, il faut prendre les formes de domination et d’exploitation dans leur globalité.

Les modes de domination et de dépendances que le capitalisme provoque, les formes d’aliénation (même si j’aime pas ce mot) autour des rêves de consommation, la destruction des ressources naturelles, les questions énergétiques (dont le nucléaire mais pas seulement), le développement d’un individualisme à grande échelle (qui est une machine de guerre contre les résistances collectives, les formes de solidarités, où peuvent s’élaborer la définition des intérêts communs). Et aussi la question de la domination politique : qui décide de produire des choses inutiles en quantité industrielle ? en fonction de quels intérêts ? discutés par qui et comment ? avec quelles implications, quels « coûts » sociaux, environnementaux, etc. ? Qui décide d’en finir avec l’agriculture paysanne, de proximité et de définir un modèle « gastronomique » et alimentaire avec d’un côté la cuisine fine des grands restaus et des grands chefs pour les plus riches et les plats cuisinés de grandes surfaces pour les pauvres ?
Etc.

La question du profit capitaliste reste bien sûr centrale. Mais les luttes anti-capitalistes sont devenues transversales, multidimensionnelles car elles sont d'abord des résistances aux diverses facettes sur lesquelles le capitalisme veut se déployer et imposer sa marque.
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