Le CSR est-il anti anarchiste?

Espace de débats sur l'anarchisme

Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede frigouret le Jeu 10 Déc 2015 12:21

Pan sur le bec dirait le canard :lol:

Mais sur le fond disons que je suis plutôt d'accord avec Bellegarrigue ou Armand sur le sujet.

La propriété est la plus grande force révolutionnaire qui se puisse concevoir.
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede Lehning le Ven 11 Déc 2015 22:15

Bonsoir !

Si les CSRs actuels ont pris ce nom, je pense que c'est en référence, peu ou prou, aux CSRs des années 20: sinon, pourquoi avoir repris ce sigle ? (qu'ensuite, les CSRs d'aujourd'hui ne ressemblent pas aux CSRs des années 20, certainement mais...^^).

Frigouret me semble véritablement être de + en + un libertarien pour qui la propriété privée (surtout la sienne) est gage de liberté. Idée qui n'est ni celle de Bellegarrigue et ni d'Armand. Conséquence du fait que les anarcaps essayent de récupérer des pans du courant individualiste anarchiste (et même Proudhon !) ou des penseurs individualistes anars américains comme Spooner, Tucker, etc. Et bien sûr, qu'également, les anarcaps jouent sur une tromperie oxymorienne. Les libertariens (ou anarcaps pour les intimes) ont le soutien des capitalos et des rentiers et des libéraux les + débridés, alors que les libertaires, c'est tout autre chose. D'ailleurs, le mouvement anar quasi dans son ensemble rejette à juste titre les libertariens, lucidement.

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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede Chevalier du Travail le Sam 12 Déc 2015 08:24

Oui, évidemment que c'est en référence aux CSR des années 20, mais ce n'est pas que ça. Avant qu'on ne (re)parle des CSR dans les années 2000, c'était tout bonnement une organisation oubliée voir volontairement occultée. On s’aperçoit petit à petit que ce fut sans doute l'organisation la plus apte (qualitativement et quantitativement) à mener la révolution en France en 1919-1920 (ce que Lénine et l'IC affirment d'ailleurs). Notre existence s'imposant petit à petit dans le paysage syndical, notamment CGT, aujourd'hui, oblige d'ailleurs cette dernière à évoquer les CSR dans l'histoire de la confédération des années 20 (chose qu'il y a encore 5-6 ans était impensable), voir par exemple le dernier livre sorti "Histoire de la CGT" co-édité par l'Atelier et l'IHS. Contrairement à ce que prétend René, nous assumons TOUT l'héritage des CSR avec toutes ses dérives (des anarcho-syndicalistes aux pro-bolchéviques), si bien que nous avons analysé et appris des erreurs passées et tiré les conclusions qui s'imposaient. C'est bien parce que nous assumons TOUT l'héritage que nous avons affiné notre stratégie et notre identité afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs stratégiques passées. En ça oui les CSR d'aujourd'hui ne peuvent être les CSR des années 19-20. Notre critique de l'anarcho-syndicalisme autant que du syndicalisme "pro-adhésion bolchévik" n'est rien d'autre que notre propre auto-critique. L'anarcho-syndicalisme dans sa forme et théorie telle que Besnard l'a fait aboutir n'est rien d'autre qu'un fruit sorti des entrailles des CSR (même constat en Espagne). La dérive bureaucratique et stalinienne du PC et CGT fin des années 30 est aussi un fruit sorti des entrailles des CSR. On l'assume. Et tu auras beau dire tout ce que tu veux René, je ne connais pas d'autres organisations ayant fait cette auto-critique et reconnaître ses responsabilités historiques comme nous on l'a fait. C'est pourquoi aujourd'hui on critique stratégiquement l'AS et tout autre repli: c'est notre histoire, notre auto-critique, c'est ce pourquoi nous avons une ligne bien définie aujourd'hui sur ces questions et cette époque. C'est cette auto-critique que tu n'arrives pas à cerner René, car tu ne la prend pas comme telle, alors que nous oui.

Résumé de l'histoire des CSR à notre stade actuel de recherches (un écrit plus poussé, plus détaillé et argumenté est en projet):
http://syndicaliste.phpnet.org/spip.php?article501
http://syndicaliste.phpnet.org/spip.php?article511
Dernière édition par Chevalier du Travail le Sam 12 Déc 2015 10:29, édité 3 fois.
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede frigouret le Sam 12 Déc 2015 10:08

Comment considérer comme compatible avec l'anarchie une organisation qui prétend << avoir l'exclusivité des moyens de production et d'échange en s'appuyant sur les pouvoirs publics pour réaliser ses dessins>>( Guillot)
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede Chevalier du Travail le Sam 12 Déc 2015 10:38

Ah ca frigouret c'est le débat éternel entre le courant socialiste/collectiviste de l'anarchisme et le courant individualiste :wink:
On a pas la même vision tactique de l'anarchisme. Tu pars de l'individu pour libérer et émanciper le collectif, moi je pars du collectif pour libérer et émanciper l'individu.
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede René le Sam 12 Déc 2015 19:53

Personnellement, je ne considère pas qu’il y a un « débat » entre l’anarchisme dit « social » (comme si l’anarchisme pouvait être autre chose que social) et l’individualisme. Je considère que l’anarchisme dit individualiste est une contradiction dans les termes. L’existence d’un tel courant peut s’expliquer théoriquement, en tant que déviation de l’anarchisme, mais n’a aucune justification. Autrement dit je ne reconnais pas la légitimité d’un courant anarchiste « individualiste ».

Je ne me reconnais pas d’affinité avec des gens comme Paraf-Javal qui écrivit qu’un syndicat est

« un groupement où les abrutis se classent par métiers, pour essayer de rendre moins intolérables les rapports entre patrons et ouvriers. De deux choses l'une : ou ils ne réussissent pas, alors la besogne syndicale est inutile ; ou ils réussissent, alors la besogne syndicale est nuisible car un groupe d'hommes aura rendu sa situation moins intolérable et aura, par suite, fait durer la société actuelle...» (Le Libertaire n° 22, 2-9 avril 1904.)


Pour l’anecdote, Paraf-Javal était un inspecteur de navigation et professeur de sciences naturelles, ce qui, autour des années 1900, le rendait peu sensible aux fins de mois difficiles.

A partir d’avril 1905, les individualistes eurent leur propre journal, L’Anarchie, avec l’élite des individualistes de l’époque : Libertad, Mauricius, Lorulot, Armand, qui développeront chacun leur propre argumentaire anti-syndicaliste. Il était courant dans la littérature individualiste de qualifier les ouvriers d’abrutis ou de crétins. Il y a une gravure tirée de l’En-Dehors, une publication individualiste, montrant un homme assis en haut d’une colline et observant trois longues files humaines se rendant à l’usine, à la caserne et à l’Église.
L’homme sur la colline est un individualiste qui méprise ces foules moutonnières.

On se souvient de cet individualiste néerlandais, H. Croiset qui, lors de la 5e séance du congrès international anarchiste d’Amsterdam de 1907, résuma son programme en proclamant :

« Ma devise, c’est : Moi, moi, moi… et les autres ensuite ! »


J’invite par ailleurs les camarades à lire l’individualiste André Lorulot qui, au moment même où se déroulait l’insurrection de Kronstadt, et alors que commençait la grande offensive bolchevique contre l’armée makhnoviste, tint une conférence dont le sujet était : « Notre ennemie : La femme », et dont le sous-titre est en lui-même un poème : « La femme contre l’individualité, contre la propagande, contre la vie logique – Les “exceptions” : le vrai Féminisme. » (Voir : http://monde-nouveau.net/spip.php?article140)
Le texte fut tiré en brochure et connut un vif succès. Les conférences que fit Lorulot sur ce thème rassemblait une foule considérable avec des gens massés à l'extérieur de la salle.

Je ne doute pas que les copines qui lisent ce blog sont impatientes de connaître de quoi est fait le « vrai féminisme » selon Lorulot. Un vieux camarade qui avait connu cette époque me raconta il y a longtemps maintenant que May Picqueray avait assisté à la conférence et qu’elle avait flanqué une grande baffe au conférencier. A l'époque, les camarades avaient moins de scrupules "anti-autoritaires" qu'aujourd'hui...

Luigi Fabbri, anarchiste parfaitement « honorable » et « orthodoxe », pensait qu’aucun accord n’était possible entre partisans de l’organisation et individualistes, ce dernier étant incompatible avec l’« idée-mère » de l’anarchisme :

« la division qui existe sur ce point chez les anarchistes est beaucoup plus profonde qu’on ne le croit et suppose aussi une inconciliable discordance théorique ». (Luigi Fabbri, « L’Organisation anarchiste », http://monde-nouveau.net/spip.php?article578)


Fabbri pense que « sous le vernis apparent de la communauté de trois ou quatre idées […] il y a une différence énorme dans la conception de chacune de ces affirmations théoriques » (Ibid.).

Cette prise de distance avec l’individualisme sera faite avec la même fermeté lors du congrès des anarchistes français d’août 1913, tenu à Paris, et qui avait pour objectif d’unifier le mouvement anarchiste (il était temps). Tenu peu après l’affaire Bonnot et complètement occulté par son procès dans la presse, le congrès fut marqué par une vigoureuse prise de distance avec l’individualisme.
Mauricius se vit privé de parole (après avoir tout de même longuement monopolisé la tribune) ; Jean Grave annonça au nom des Temps nouveaux qu'il se retirerait du congrès si les individualistes y siégeaient. Pierre Martin, du Libertaire, déclara à leur adresse : « Entre vous et nous, il n'y a pas d'entente possible. » Sébastien Faure souligna l’« abîme infranchissable » qui séparait les conceptions communistes et individualistes.

Ce qui n’empêcha pas le même Sébastien Faure, après avoir viré l’individualisme par la porte en 1913, de le réintroduire par la fenêtre en 1928 avec la « synthèse anarchiste ».

Le plus marrant dans l’histoire est que les deux seuls individualistes anarchistes que j’ai connus — dans les années 70 — étaient dans le même syndicat que moi, ils payaient leurs cotisations, assistaient aux AG et votaient pour renouveler le comité syndical. Des syndiqués irréprochables, en somme…
C’étaient de vieux messieurs charmants, tout rabougris, extrêmement cultivés et dont la conversation était captivante.
C’est l’un d’entre eux qui m’a raconté, avec une délectation évidente, l’histoire de la baffe de May Picqueray à Lorulot.
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede Lehning le Sam 12 Déc 2015 21:26

Bonsoir !

Je ne suis, là, pas tout à fait d'accord avec toi René:

-D'abord, l'histoire du courant individualiste anarchiste n'est pas le sujet de ce topic.

-Ensuite, le courant individualiste anarchiste a apporter des choses pas que négatives au sein du mouvement anar, notamment du temps des "milieux libres", à la Belle Epoque: communautés, autogestion, amour libre, etc.

Je pense qu'également qu'il y a dans la "philosophie" individuelle anarchiste des questions posées intéressantes sur la place de l'individu-e dans la société (et pas seulement dans le sens de Stirner: "Moi je...").

Pour moi, c'est un courant de l'anarchisme aussi intéressant que les autres: l'anarcho-syndicalisme, etc.

Je ne me suis jamais revendiqué pour autant de ce courant (simplement comme anar tout court), en essayant de synthétiser les grands courants de l'anarchisme.
De +, mon premier groupe anar s'appelait "May-Picqueray". Comme quoi^^

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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede René le Dim 13 Déc 2015 01:58

Je suis bien d’accord, le sujet de ce topic n’est pas l’anarchisme individualiste ; mais comme Frigounet a abordé le sujet, je voulais faire une petite mise au point.
Comme ce n’est pas le sujet, donc, je vais résumer, quitte à aborder la question ailleurs.

1. Les militants et militantes individualistes ont abordé des sujets importants, c’est vrai, tu aurais pu citer aussi la lutte pour la contraception, l’IVG, l’éducation.
Mais ces questions-là n’ont pas été abordées que par les individualistes. Et même s’il ne faut pas négliger leur rôle, il ne faut pas le surévaluer. Les autres tendances de l’anarchisme ont aussi lutté sur ces questions.
2. Toutes les questions que les anarchistes individualistes ont traités au niveau de la « philosophie » ont aussi été traitées par d’autres, notamment Proudhon et Bakounine. Chez ces deux auteurs, il y a une « philosophie de l’individu », à part entière, mais intégrée à leur pensée globale.
3. La pensée de Stirner n’a rien à voir avec « Moi je », comme tu dis. C’est vraiment lui faire injure que de dire cela. C’est une pensée extrêmement élaborée, d’un très grand intérêt, mais qui n’a rien à voir avec l’anarchisme. Ce qui préoccupe Stirner, ce n’est pas l’individu, mais l’individualité.

Pour conclure, je maintiens que la notion d’anarchisme individualiste est un contresens, que si on est préoccupé par la question de l’individu, on trouve des réponses tout à fait satisfaisantes chez Proudhon, Bakounine, et les autres anarchistes dits « sociaux », et que le bilan de ce courant a été pour le mouvement anarchiste tout à fait catastrophique.
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede Chevalier du Travail le Dim 13 Déc 2015 10:29

Bien que je sois d'accord avec René sur le contre-sens, je nuancerai comme Lehning. C'est bien parce que nous sommes anarchistes "sociaux" que nous avançons le fait de dire que l'individualisme est un contre-sens. Ça a toujours été un point d'affrontement interne historique. Mais nier l'individualisme de l'anarchisme est aussi absurde que de prétendre que l'anarchisme ne peut être qu'individualiste et libertarien (comme le sous-entend Frigouret). Toi-même René, tu apportes les preuves matérielles et les sources qui montrent que ce fut (et est toujours) un courant bien spécifique, anarchiste, qui a eu une influence certaine (en dehors du monde ouvrier, certes) à un moment donné. On en revient au début de la conversation où je dis qu'il y a presque autant d'anarchismes qu'il y a d'anarchistes.
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede René le Dim 13 Déc 2015 12:47

L’anarchisme est une doctrine politique « compréhensive » dans le sens anglo-saxon du terme, c’est-à-dire qu’elle englobe un certain nombre de principes qui forment un tout cohérent, dont les différents éléments sont liés entre eux. La doctrine anarchiste inclut donc, de manière indissociable, une théorie de l’individu. Quand on lit Proudhon et Bakounine, cela apparaît très clairement. Il y a peu d’auteurs qui se soient autant préoccupés de l’individu, de la préservation de ses droits et de son autonomie.
Sur la question des rapports de l’individu et de la société, il y a deux positions :

1. L’individu ne peut se développer que dans la société. La société est le garant du développement de l’individu. Ce principe étant établi, l’individu a ensuite la possibilité de se révolter (seul ou associé avec d’autres) contre les déterminismes que la société lui a imposés. Ça, c’est la position de Proudhon et de Bakounine.
2. L’individu ne peut pas se développer dans la société, la société est une entrave au développement de l’individu, celui-ci ne peut se développer que contre la société.
Ça, c’est la position des anarchistes individualistes.

Pour être « opérationnelle » et un minimum « crédible », une doctrine politique ne peut pas contenir dans ses principes fondateurs des concepts en opposition totale les uns avec les autres.
Si le petit Jésus avait dit un lundi matin « Aimez-vous les uns les autres » et un mardi après-midi « Haïssez-vous les uns les autres », il y aurait dans le christianisme une contradiction fondamentale.
C’est la même chose dans la doctrine anarchiste. Elle ne peut pas se fonder sur deux principes totalement antagoniques.

Quand le Chevalier du travail dit qu’il est absurde de « nier l'individualisme de l'anarchisme », son propos n’a pas de sens, selon moi, parce qu’il n’a jamais été question de nier le fait que la doctrine anarchiste contient, parmi les différents principes qui la constituent, un principe individualiste indissociable aux autres principes. Mais cela ne justifie pas qu’on constitue l’individualisme en principe unique d’une doctrine particulière qu’on nommerait, je ne sais pas pourquoi, « anarchisme individualiste ».
A partir du moment où on accole un adjectif à « anarchisme », on considère que c’est le principe désigné par cet adjectif qui est l’élément principal qui permettra d’émanciper l’humanité.
Ainsi, l’humanité ne pourra s’émanciper que lorsqu’elle sera individualiste, communiste, amour-libriste, espérantiste, insurrectionaliste, ou que sais-je. Je n’ai pas mentionné le syndicalisme, parce que le terme « anarcho-syndicaliste » n’a pas été choisi par le courant qu’on a ainsi désigné : c’était à l’origine un terme péjoratif utilisé par les communistes et les syndicalistes révolutionnaires prosoviétiques pour désigner les syndicalistes révolutionnaires opposés à l’adhésion à l’Internationale syndicale rouge.
Mais c’est là une autre histoire…

Revenons donc à notre topic.
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede René le Dim 13 Déc 2015 13:01

Extraits d’un débat sur le syndicalisme révolutionnaire et l'anarchisme

Voici quelques extraits d’un débat en cours entre un copain brésilien (F.C.) et moi-même sur différents sujets. J’ai extrait quelques passages concernant les rapports entre anarchisme, syndicalisme révolutionnaire et anarcho-syndicalisme. Je précise que le camarade est plutôt «plateformiste». Il est partisan des thèses de Schmidt & van der Walt, les auteurs de Black Flame avec lesquelles je suis globalement en désaccord, en particulier l’approche que je qualifie d’« idéologique » qu’ils font du mouvement anarchiste (par opposition à une approche historique).
Les militants brésiliens sont conditionnés par leur propre histoire dans leur vision du mouvement ouvrier. Il y a eu au Brésil un mouvement anarchiste important mais constitué sur le modèle mi-kropotkinien, mi-malatestien. Comme en France, une partie de ce mouvement a été anti-syndicaliste, l’autre a adhéré au syndicalisme révolutionnaire qui a eu une grande influence. Comme en France, le mouvement syndicaliste révolutionnaire a été vaincu, après la révolution russe, par les manœuvres fractionnistes de l’Internationale syndicale rouge et de l’Internationale communiste.
C’est à mon avis ce qui explique leur insistance sur ce qu’ils appellent l’« especifismo », c’est-à-dire la nécessité de construire une organisation anarchiste « spécifique » (ou, si on veut, « spécifiquement anarchiste »), parce qu’ils ont conscience c’est l’absence d’une organisation structurée, en particulier dans le mouvement syndical, qui a été la cause de leur défaite historique face au communisme et de la perte de leur influence dans le mouvement ouvrier (la perte du « vecteur social », comme ils disent). Précisions que le « especifismo » ne coïncide pas nécessairement avec le «plateformisme».


F.C.
Parmi les anarchistes qui prônent l’organisation, nous pouvons faire certaines distinctions. Il y a ceux qui disent que les anarchistes doivent être organisés au sein des organisations de masse. Ici, je dois faire une parenthèse pour faire une distinction avec laquelle nous travaillons ici, entre l’anarcho-syndicalisme et le syndicalisme révolutionnaire. Si tu veux approfondir cela, j’ai étudié le sujet dans un texte intitulé “Anarquismo e Sindicalismo Revolucionário” (Anarchisme et syndicalisme révolutionnaire), publié dans Anarkismo.net. Mais je joins ici quelques passages qui clarifient cette distinction et je pense que cela rendra le débat sur la Plateforme plus clair.


R.B.
Je suis d’accord avec toi quand tu dis qu’il y a les anarchistes qui disent que « les anarchistes doivent être organisés au sein des organisations de masse ». Mais je pense que l’une des spécificités des anarchistes latino-américains est qu’ils ont fait le bilan des carences historiques du mouvement libertaire qui s’est investi exclusivement dans le mouvement syndical en négligeant de s’y organiser de manière spécifique à l’intérieur aussi bien qu’à l’extérieur des organisations de masse. Cette carence – au Brésil comme en France – a été en grande partie responsable de leur élimination de la scène après la révolution russe et l’application des consignes de l’Internationale communiste d’investir le mouvement syndical.
D’où l’insistance sur la notion de « especifismo » qui n’est selon moi, pas précisément une nouveauté puisqu’elle signifie tout simplement que les anarchistes doivent s’organiser dans des organisations spécifiquement anarchistes.

J’ai lu attentivement ton étude, Anarquismo e Sindicalismo Revolucionário, qui reprend le titre du livre d’Edilene Toledo (1). J’ai commencé à en faire une analyse critique mais j’en parlerai plus tard de manière détaillée. En effet, il m’a semblé nécessaire de lire également le livre d’Edilene Toledo, que tu mentionnes, et de faire également d’autres lectures. J’en parlerai donc plus longuement plus tard. Je dois dire que je suis très souvent en accord avec Toledo, sur des points que tu ne partages pas avec elle. Il est vrai qu’on ne pouvait pas parler d’anarcho-syndicalisme au Brésil en 1900 ou même en 1905 parce qu’il n’existait pas – ni en France d’ailleurs. C’est donc faire un anachronisme que de désigner comme anarcho-syndicalistes des anarchistes qui militaient dans le mouvement syndical. Mais je pense que Toledo a raison de dissocier anarchisme et syndicalisme révolutionnaire, ce qui ne retire rien au fait que l’investissement des anarchistes dans ce courant ait été important.

F.C.
Anarcho-syndicalisme et syndicalisme révolutionnaire
Extrait de Corrêa : Ideologia e estratégia :

« Comme nous l’avons vu, à l’intérieur du camp anarchiste il y avait deux stratégies : l’une qui défendait les syndicats (majoritaire) et une autre qui était contre eux (minoritaire). Cependant, comme l’ont déclaré Schmidt, van der Walt et Samis, parmi ceux qui défendaient les syndicats, il y avait une discussion sur le type de relation qui devait exister entre le syndicalisme et l’anarchisme. Et nous croyons que c’est cette différence – le niveau de lien explicite et conscient du syndicalisme à l’anarchisme – qui donne la différence entre le syndicalisme révolutionnaire et l’anarcho-syndicalisme. »

Regardons les définitions que nous donnent Schmidt et van der Walt sur ces deux façons de concevoir l’organisation syndicale :

« Anarcho-syndicalisme est un terme plus réservé au type révolutionnaire de syndicalisme qui est ouvertement et consciemment anarchiste dans ses origines, orientations et objectifs. L’exemple classique serait la CNT espagnole, qui a ses racines dans la section espagnole anarchiste de la Première Internationale [la FRE] et dans les idées de Bakounine. [...] Le syndicalisme révolutionnaire, d’autre part, est un terme plus réservé à la variante syndicaliste qui, pour diverses raisons, ne se référait pas explicitement à la tradition anarchiste, et ne percevait pas, ignorait, minimisait son origine anarchiste. [Il y avait aussi ceux qui refusaient explicitement cette filiation.] Il est typique des courants syndicalistes révolutionnaires actuels de nier leur alignement à quelque philosophie que ce soit ou groupements politiques spécifiques – se revendiquant « apolitiques », malgré la politique radicale qui les réunit.. La CGT française après 1895 est un exemple classique d’un syndicat révolutionnaire qui minimisa ses liens avec l’anarchisme. » [Schmidt et van der Walt, p. 142]

Comme nous tentons de le montrer, le syndicalisme qui soutient la neutralité, l’indépendance et l’autonomie des syndicats, en d’autres termes son absence de liens à quelque courant politique que ce soit, constitue le syndicalisme révolutionnaire. Le syndicalisme révolutionnaire ne s’est jamais défini, explicitement et consciemment, comme véhicule de l’anarchisme.

Et cela n’invalide pas la déclaration que nous avons faite précédemment : le syndicalisme révolutionnaire est, pour nous, une stratégie de l’anarchisme – un vecteur social – qui a été impulsé de manière décisive par les anarchistes, même s’il a pris forme autour d’un important contingent populaire d’anarchistes et de non-anarchistes, contingent qui constituait sa véritable base, et qui fit de telle sorte qu’il n’était pas possible d’attribuer complètement le phénomène syndicaliste révolutionnaire aux anarchistes. Ce qui distingue ce syndicalisme révolutionnaire de l’anarcho-syndicalisme est que le premier ne se lia jamais explicitement et consciemment à l’anarchisme, contrairement au second. Compte tenu de cette différence, les deux plus grands exemples de l’anarcho-syndicalisme dans l’histoire se rencontrèrent en Argentine et en Espagne.
(…)
Ayant établi ce qu’est l’anarcho-syndicalisme, nous pouvons dire que ce qui existait au Brésil était le syndicalisme révolutionnaire, puisque le mouvement syndical brésilien n’a jamais été explicitement et consciemment lié à l’anarchisme. Et en cela nous sommes d’accord avec Edilene Toledo (2). Pour nous, le terme anarcho-syndicaliste s’applique plus aux anarchistes qui ont défendu ce lien explicite et conscient du syndicalisme à l’anarchisme que les anarchistes qui ont défendu l’action dans les syndicats. Comme nous le savons, il y eut des anarchistes qui défendaient l’action dans les syndicats, mais qui étaient contre cette liaison, comme ce fut le cas, par exemple, de Neno Vasco.

Donc, pour nous aussi, définir comme anarcho-syndicalisme ce qui exista au Brésil, et désigner tous les anarchistes qui ont travaillé au sein des syndicats comme anarcho-syndicalistes est certainement une erreur, qui a été très souvent commise en traitant de l’histoire du mouvement ouvrier brésilien. Toutefois, cela ne signifie pas, en aucun cas, que le syndicalisme révolutionnaire doit être enlevé ou séparé de l’anarchisme, comme voudrait nous faire croire Edilene.



R.B.
Je pense que tu te trompes en disant qu’il y avait à l’intérieur du camp anarchiste « deux stratégies : l’une qui défendait les syndicats (majoritaire) et une autre qui était contre eux (minoritaire). » Il est difficile d’avoir des données chiffrées, mais je suis loin d’être convaincu que les anarchistes partisans des syndicats aient été majoritaires à la fin du 19e siècle et au début du 20e – en France comme au Brésil, d’après les lectures que j’ai pu faire. Le mouvement anarchiste en France a tout d’abord été globalement antisyndicaliste et ce n’est que progressivement qu’une partie du mouvement a adhéré au syndicalisme, pour ensuite s’y rallier massivement, pour ensuite s’en détacher. Il y a eu un mouvement de flux et de reflux. Une minorité d’anarchistes se sont investis d’emblée dans le mouvement syndical – d’abord dans les bourses du travail, créées en 1892. Ces militants-là ne se posaient pas de questions métaphysiques, du genre ; « Est-ce que ça sert à quelque chose de revendiquer ? » Je pense en particulier à Émile Pouget, qui militait dans le mouvement syndical dès 1879. Mais ceux-là étaient une minorité.

Et puis il serait intéressant de définir la composition sociologique des anarchistes qui critiquaient l’action revendicative. Il n’est pas indifférent de savoir que celui qui écrivait qu’il n’y a « aucune différence entre syndicalistes réformistes et syndicalistes révolutionnaires », parce que « les uns et les autres ne réclament que des réformes », était médecin (3).
De même, Paraf-Javal, qui écrivit dans Le Libertaire qu’un syndicat était « un groupement où les abrutis se classent par métiers, pour essayer de rendre moins intolérables les rapports entre patrons et ouvriers » (4) était inspecteur de navigation, professeur de sciences naturelles, artiste graveur – ce qui le rendait peu sensible à la nécessité d’améliorer ses conditions d’existence quotidiennes. Notons que « les abrutis » était le terme couramment utilisé dans les milieux anarchistes individualistes pour désigner les prolétaires

Votre approche (toi et Schmidt-van der Walt) du rapport entre syndicalisme révolutionnaire et anarcho-syndicalisme est a-historique. Si le syndicalisme révolutionnaire répugne à revendiquer ses origines anarchistes, c’est parce que ses origines ne sont pas seulement anarchistes. Le courant syndicaliste révolutionnaire de la CGT française fut constitué par de nombreux militants anarchistes, c’est vrai, mais aussi par des militants allemanistes, blanquistes, socialistes, et même positivistes. Victor Griffuelhes, secrétaire de la CGT de 1901 à 1909, en pleine période syndicaliste révolutionnaire, était d’origine blanquiste et n’avait pas de sympathie envers les anarchistes. Heureusement, son adjoint était Émile Pouget.

Parmi les auteurs anarchistes qui écrivaient dans les revues du mouvement, beaucoup se sont émerveillés du syndicalisme révolutionnaire, pendant un temps. James Guillaume avait édité ou réédité des textes de Bakounine et ils retrouvaient dans le syndicalisme révolutionnaire les thèmes qui avaient été développés par la Fédération jurassienne et par Bakounine. L’enthousiasme se maintint chez quelques-uns, mais il déclina rapidement chez beaucoup d’autres, parce qu’ils finirent par voir dans le syndicalisme révolutionnaire un mouvement concurrent à l’anarchisme. Ils n’avaient d’ailleurs pas tort. Maurizio Antonioli décrit très bien ce phénomène dans son étude, Bakounine entre syndicalisme révolutionnaire et anarchisme (éditions Noir et Rouge).

L’anarcho-syndicalisme, en tant que courant « politique », est apparu lorsque le mouvement syndicaliste révolutionnaire s’est coupé en deux après la révolution russe : une partie avec Pierre Monatte a soutenu les communistes russes et préconisé l’adhésion à l’Internationale syndicale rouge, l’autre partie avec Pierre Besnard a condamné le régime soviétique et refusé l’adhésion. Et même à ce moment-là, on ne parlait pas encore d’anarcho-syndicalisme. L’anarcho-syndicalisme est cette partie du mouvement syndicaliste révolutionnaire qui a fini, au début des années 20, par réfuter la charte d’Amiens et la notion de « neutralité » syndicale envers les partis pour affirmer son opposition aux partis. Mais pendant environ dix ans, l’anarcho-syndicalisme était là dans les faits, mais il n’était pas encore désigné comme tel. L’expression « anarcho-syndicalisme » est restée longtemps un terme péjoratif pour désigner ces syndicalistes révolutionnaires qui refusaient l’adhésion de la CGTU à l’Internationale syndicale rouge. Le discours de Lozovski au congrès de fondation de la CGTU est extrêmement explicite (5).

La déclaration de principe de l’AIT fondée à Berlin en 1922, qui concrétisait cette rupture avec le courant SR prosoviétique, et qui constitue l’acte de naissance de l’anarcho-syndicalisme, se réfère encore au syndicalisme révolutionnaire : le terme revient dix fois dans le texte. C’est normal, ils se considéraient comme les vrais syndicalistes révolutionnaires, en opposition avec ceux qui, comme Pierre Monatte, avaient rejoint les rangs des communistes russes. Mais si le terme mettra encore des années à s’imposer, l’idée est bien là : l’AIT de Berlin ne se déclare plus neutre par rapport aux partis politiques mais en opposition à eux ; elle se déclare opposée à l’activité parlementaire, au nationalisme, au militarisme, à l’Etat ; toutes choses qui avaient été écartées de la charte d’Amiens par compromis avec les réformistes.

C’est surtout ça qui définit l’anarcho-syndicalisme par rapport au syndicalisme révolutionnaire. Si on prend la charte d’Amiens comme fondement doctrinal, on peut dire, avec toi, que « le syndicalisme révolutionnaire est une forme révolutionnaire de syndicalisme auquel les anarchistes ont apporté une contribution déterminante mais pas exclusive, et qui abandonna certains thèmes essentiels de l’anarchisme (lutte contre l’Etat, le parlement, l’armée, la religion…) par compromis avec les réformistes, afin de préserver l’unité de la classe ouvrière de l’époque. »
Les arguties de Schmidt-van der Walt sur la différence entre syndicalisme révolutionnaire et anarcho-syndicalisme me paraissent extrêmement caricaturales.
Je pense que tu te trompes en qualifiant la FORA d’organisation anarcho-syndicaliste. Elle se revendiquait du communisme libertaire, mais ne se disait pas anarcho-syndicalisme.


F.C.
Critère de distinction entre l’anarcho-syndicalisme et le syndicalisme révolutionnaire
Le critère qui différencie l’anarcho-syndicalisme du syndicalisme révolutionnaire est le niveau de lien explicite et conscient du syndicalisme à l’anarchisme. A ce que je comprends, la position de Bakounine par rapport à l’AIT, alors, est syndicaliste révolutionnaire et non pas anarcho-syndicaliste, car il a cherché à organiser l’AIT à partir des besoins économiques des travailleurs, sans la lier à une doctrine spécifique ou à une position antireligieuse. La FORA et la CNT étaient organiquement liées à l’anarchisme et c’est cela que nous appelons l’anarcho-syndicalisme.
Si nous analysons le XXe siècle, à partir de cette distinction, le syndicalisme révolutionnaire était beaucoup plus étendu que l’anarcho-syndicalisme, bien que l’un et l’autre constituaient des stratégies anarchistes de masse.


R.B.
Le « niveau de lien explicite et conscient du syndicalisme à l’anarchisme » ne peut suffire comme critère de distinction entre syndicalisme révolutionnaire et anarcho-syndicalisme. Cette distinction, que tu fais, est subjective, et ne tient pas compte de la genèse historique de l’anarcho-syndicalisme. Mais je pense en même temps que l’anarchisme et le syndicalisme révolutionnaire (en tout cas les formes embryonnaires de ces deux mouvements) se sont constitués en opposition l’un à l’autre, vers la fin de l’Internationale anti-autoritaire, et que c’est cette opposition qui est en partie responsable de sa disparition. Naturellement, cette thèse est totalement contradictoire avec celle de Schmidt & van der Walt qui fait du syndicalisme révolutionnaire pratiquement une production de l’anarchisme.

Si je pense que les positions de Bakounine par rapport à l’AIT se rapprochaient tout à fait de celles du syndicalisme révolutionnaire, il y avait dans la stratégie de Bakounine une chose qui n’a pas existé chez les syndicalistes révolutionnaires du début du 20e siècle : l’existence d’un groupe organisé et cohérent de militants à l’intérieur de l’organisation de masse destiné à la protéger des tentatives d’infiltration.
On pourra appeler cela une « fraction », si on veut, par analogie avec les fractions communistes. Il y a cependant une différence de taille. L’Internationale communiste avait ordonné aux partis communistes de constituer, dans les organisations syndicales, des fractions c’est-à-dire des groupes organisés et disciplinés de militants chargés de prendre le contrôle de ces organisations afin de les mettre au service de la politique internationale de l’Union soviétique.

Le syndicalisme révolutionnaire a bien eu l’idée de proclamer son « indépendance » par rapport aux partis, mais il a négligé de considérer que les partis, eux, n’étaient pas indifférents au syndicalisme. La fonction de l’Alliance bakouninienne était de veiller à ce que l’organisation de masse conserve son autonomie et ne soit pas instrumentalisée par une force extérieure.


NOTES
1. Anarquismo e sindicalismo revolucionario, Editora Perseu Abramo.
2. Auteur de Anarquismo e sindicalismo revolucionario, Editora Perseu Abramo.
3. Marc Pierrot, « La conférence de Bertoni », Les Temps Nouveaux,11 juin 1910.
4. Paraf-Javal, Le Libertaire n° 22, 2-9 avril 1904. (Cité par Maitron, t. 1.)
5. Cf. Discours de Lozovsky :
http://monde-nouveau.net/ecrire/?exec=a ... rticle=353.
A. Lozovsky était le président de l’Internationale syndicale rouge, l’antenne syndicale de l’Internationale communiste. Il fit un discours au congrès de fondation de la CGTU. A cette époque, nous sommes dans une période de réorientation de la politique du pouvoir bolchevik. Ce dernier a fait le constat que la révolution commencée en Russie ne s’étendra pas à l’Europe et que la révolution allemande s’enlise. Quelques « partis communistes » se sont formés, mais ils restent confidentiels, à l’écart de la masse du prolétariat. La politique de l’Internationale communiste va donc consister à attirer à elle les militants révolutionnaires les plus expérimentés et aguerris, ceux qui se trouvent dans le mouvement syndicaliste révolutionnaire, et à promouvoir l’unité syndicale afin de maintenir des organisations aux effectifs importants dans lesquels l’Internationale communiste pourra faire de la propagande et développer son point de vue : c’est la politique de « front unique ».
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede Lehning le Dim 13 Déc 2015 18:57

René a écrit:Je suis bien d’accord, le sujet de ce topic n’est pas l’anarchisme individualiste ; mais comme Frigounet a abordé le sujet, je voulais faire une petite mise au point.
Comme ce n’est pas le sujet, donc, je vais résumer, quitte à aborder la question ailleurs.

1. Les militants et militantes individualistes ont abordé des sujets importants, c’est vrai, tu aurais pu citer aussi la lutte pour la contraception, l’IVG, l’éducation.
Mais ces questions-là n’ont pas été abordées que par les individualistes. Et même s’il ne faut pas négliger leur rôle, il ne faut pas le surévaluer. Les autres tendances de l’anarchisme ont aussi lutté sur ces questions.
2. Toutes les questions que les anarchistes individualistes ont traités au niveau de la « philosophie » ont aussi été traitées par d’autres, notamment Proudhon et Bakounine. Chez ces deux auteurs, il y a une « philosophie de l’individu », à part entière, mais intégrée à leur pensée globale.
3. La pensée de Stirner n’a rien à voir avec « Moi je », comme tu dis. C’est vraiment lui faire injure que de dire cela. C’est une pensée extrêmement élaborée, d’un très grand intérêt, mais qui n’a rien à voir avec l’anarchisme. Ce qui préoccupe Stirner, ce n’est pas l’individu, mais l’individualité.

Pour conclure, je maintiens que la notion d’anarchisme individualiste est un contresens, que si on est préoccupé par la question de l’individu, on trouve des réponses tout à fait satisfaisantes chez Proudhon, Bakounine, et les autres anarchistes dits « sociaux », et que le bilan de ce courant a été pour le mouvement anarchiste tout à fait catastrophique.


Bonsoir !

Je caricaturais un peu sur Stirner: c'est vrai qu'il n'y a pas que "moi je..." dans son œuvre, un point de vue égoïste, etc.

Je suis bien d'accord qu'il y a des points de convergence et des dissensions entre les différents courants anars: les anarcho-syndicalistes ont toujours eu tendance, me semble-t-il, à critiquer vertement les individualistes anarchistes. (et vice-versa).
Ce qui m'a toujours un peu frappé, c'est par exemple l'argument de dire de la part des anarcho-syndicalistes que le courant individualiste anarchiste ne servait à rien, qu'en se mettant en dehors de la société, on ne réglait pas les problèmes sociétaux. Certes... (c'est vrai quelque part) mais en appliquant immédiatement une autre forme de société, on change la société tout de suite (certes seulement peut-être pour soi et quelques autres et non pas toute la société) mais c'est toujours ça si ça va dans le bon sens.
Le communisme libertaire ou l'anarcho-syndicalisme n'ont jamais changer, à ce jour non +, toute la société.

Je veux dire par là que toutes les tactiques révolutionnaires de l'anarchisme devraient plutôt s'additionner.

Les CSRs, à ma connaissance, n'ont jamais été considérés comme des organisations anarchistes bien qu'apparemment, il y a/eu quelques anars dans leur rang. Mais peut-être juste comme à la CGT-U ensuite ?

Salutations Anarchistes !
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede René le Mer 16 Déc 2015 01:48

Voici une partie de la présentation d'un ouvrage de longue haleine que j'ai commencé il y a des années mais que j'ai dû
interrompre parce que j'ai dû faire face à tout un tas d'urgences militantes.




L’Internationale syndicale rouge et l’opposition syndicale au bolchevisme

Le mouvement libertaire connaît peu l’Internationale syndicale rouge qui s’est constituée en juillet 1921,
dans la foulée du 3e congrès de la IIIe Internationale (juin 1921) et qui fut, sur le plan syndical, une « annexe »
de cette dernière, une annexe qui devait jouer un rôle déterminant dans la stratégie internationale des
communistes russes.

L’occultation du rôle de l’Internationale syndicale rouge dans les histoires du mouvement ouvrier est
due sans doute au fait qu’elle fut dès le départ conçue par les dirigeants bolcheviks comme un simple
auxiliaire syndical de la politique extérieure du communisme russe, et que pour comprendre cette
politique extérieure, il suffisait de s’en tenir à l’examen de l’activité de l’Internationale politique, le
Komintern. La social-démocratie, et en particulier sa forme russe la plus extrême — le bolchevisme — n’a
jamais reconnu la moindre autonomie au mouvement syndical, affirmant sans relâche sa subordination
au parti. Il aurait été étonnant qu’il en fût autrement dans les relations entre l’Internationale
politique et l’Internationale syndicale, entre le Komintern et l’Internationale syndicale rouge
(le « Profintern » dans le jargon communiste).

Il ne faut cependant pas évacuer le fait ces deux instances, créées à l’initiative du pouvoir soviétique,
poursuivant les objectifs définis par celui-ci, avaient des bases sociales totalement différentes et ne
peuvent donc être abordées avec des critères d’analyse identiques. En effet, après la fondation de
l’Internationale communiste en mars 1919, les dirigeants bolcheviks avaient très rapidement fait
quatre constats :

1. Peu de monde ralliait l’Internationale communiste ; les partis communistes fondés à la suite de la
Révolution russe étaient très minoritaires.
2. L’extension de la révolution à l’Europe avait échoué.
3. L’écrasante majorité des travailleurs avaient rejoint les centrales syndicales réformistes, après la
guerre, et n’avaient pas « sanctionné » celles-ci, en tout cas pas autant qu’on aurait pu le croire, malgré
leur « trahison » en soutenant leurs gouvernement respectifs.
4. Les dirigeants communistes russes se rendirent compte que le syndicalisme révolutionnaire constituait
la principale force prolétarienne en Europe et dans le monde et qu’il était impératif de s’appuyer sur lui
pour garantir un soutien massif à la Révolution russe. Mais pour réaliser cet objectif, il fallait diviser le
mouvement syndicaliste révolutionnaire en le coupant de tout ce qui pouvait le rattacher à l‘anarchisme.

Les autorités soviétiques parvinrent très rapidement à la conclusion que la priorité absolue devait être
d’assurer la préservation du régime mis en place par le coup d’État d’octobre 1917 ; elles comprirent
également que les éléments hétéroclites, dissidents ou exclus des partis socialistes qui se ralliaient à la
Révolution russe, souvent constitués de petits bourgeois, d’intellectuels, d’opportunistes, ne suffiraient pas
pour constituer une force prolétarienne, et qu’il faudrait rallier le noyau militant du mouvement ouvrier
international, constitué dans presque tous les pays par les organisations syndicalistes révolutionnaires, ou
par les minorités syndicalistes révolutionnaires qui militaient dans les centrales syndicales réformistes. Cela
n’empêchait d’ailleurs pas les bolcheviks de réprimer férocement en Russie même ces courants révolutionnaires
dont ils réclamaient le soutien en dehors du pays.

Le constat de la faiblesse des partis communistes constituant l’IC et de la puissance du courant syndicaliste
révolutionnaire international aboutit à la conclusion que pour assurer un soutien international au pouvoir
soviétique, il fallait mettre en place une structure susceptible de rassembler des organisations qui
refuseraient d’adhérer à une Internationale politique, ou plus précisément à une Internationale des partis.
Il fallait donc créer une organisation internationale de type syndical dont la fonction serait de relayer la
politique internationale de l’union soviétique dans le mouvement ouvrier et de constituer les noyaux
ouvriers susceptibles de fonder des partis communistes réellement prolétariens dans tous les pays.

C’est ainsi que l’Internationale syndicale rouge, bien qu’apparemment en retrait, fut en fait l’outil le plus
efficace de la politique internationale de l’Union soviétique, un outil dont personne ne peut raisonnablement
douter qu’il fût totalement sous le contrôle des communistes russes. Pour résumer, l’Internationale
communiste servait pour les proclamations de façade et pour donner des ordres : l’Internationale syndicale
rouge faisait le vrai travail d’infiltration et de prise de contrôle des organisation de la classe ouvrière.

Bien entendu, il nous faudra fournir des arguments pour étayer cette thèse.
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede frigouret le Mer 16 Déc 2015 18:19

L'anarcho syndicalisme se réclame du communisme aussi, et il partage avec le marxisme une part importante de ses présupposés. On peut se demander si un tel parti pris idéologique est convenable a un syndicalisme anarchiste.

Autre chose j'ai lu que par mis les courants fondateurs du SR il y avait des " industrialistes", vous en savez plus?
8-)
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede René le Jeu 17 Déc 2015 01:40

L'industrialisme, un terme surtout utilisé par les Anglosaxons, désigne la doctrine syndicale des Industrial Workers of the World — travailleurs industriels du monde — qui préconisaient la formation de syndicats d'industrie. Voir IWW.

Sinon, je ne comprends pas ta remarque, à savoir:

L'anarcho syndicalisme se réclame du communisme aussi, et il partage avec le marxisme une part importante de ses présupposés. On peut se demander si un tel parti pris idéologique est convenable a un syndicalisme anarchiste.


Que l'anarcho-syndicalisme et le marxisme partagent des "présupposés", on peut dire les choses comme ça.
Mais que veut dire : « On peut se demander si un tel parti pris idéologique est convenable a un syndicalisme anarchiste » ?
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede bajotierra le Ven 18 Déc 2015 19:40

frigouret a écrit:L'anarcho syndicalisme se réclame du communisme aussi, et il partage avec le marxisme une part importante de ses présupposés.


Je pense que c'est tout le contraire (du moins si on prend en compte l'histoire et le corpus théorique de l'anarchosyndicalisme )
L'anarchosyndicalisme peut certes se réclamer d'un communisme ..........Mais d'un communisme qui serait aux antipodes de celui du marxisme , précisément a cause de la place centrale de la Liberté de l' Individu en son sein .

Ainsi un des principaux théoriciens de l'anarchosyndicalisme Rudolf Rocker expose dans son ouvrage monumental " Nationalisme et Culture" une critique en règle du déterminisme et du matérialisme historique écrivant que

"Alors que le socialisme libertaire ou anarchisme s’est rattaché à la doctrine libérale des traditions humanistes et a approfondi la question de la liberté jusqu’au bout, le socialisme autoritaire rappela à la vie des philosophies absolutistes auxquelles les révolutions des XVIIe et XVIIIe siècles avaient tordu le cou ». L’autoritarisme socialiste porte la lourde responsabilité d’avoir ouvert la voie « à la réaction nouvelle pour aboutir à l’État totalitaire "
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede René le Sam 19 Déc 2015 13:23

Extrait de l’introduction d’un travail en cours de rédaction sur les relations
entre anarchisme et syndicalisme révolutionnaire



Mon travail se fonde sur une périodisation qui diverge peut-être de celle qui est généralement admise.

Première période. — Une petite partie du mouvement anarchiste s’engage dans le mouvement syndical après la Commune — Pouget en en est un exemple. La plus grande partie du mouvement, influencée par l’individualisme, est dans un premier temps hostile à l’action syndicale. De nombreux militants libertaires s’investiront cependant dans le mouvement syndical, motivé par la conscience de la nécessité de l’action au sein de la classe ouvrière, mais aussi par la volonté de ne pas laisser le terrain libre aux socialistes. Lorsque le syndicalisme révolutionnaire se constituera en doctrine autonome — en grande partie sous l’influence de militants anarchistes, mais pas seulement —, développant l’idée que « le syndicat suffit à tout », de nombreux anarchistes condamneront cette orientation.
Pourtant, la proximité du syndicalisme révolutionnaire avec l’anarchisme n’a échappé à personne à l’époque. Dans un premier temps, les militants anarchistes affirmèrent que le syndicalisme révolutionnaire était « le socialisme anarchiste en action » (1).

Sous le pseudonyme de Isidine, Marie Goldsmith résume parfaitement la question dans un article, « Le syndicalisme révolutionnaire et les Partis politiques en Russie » (2), publié par Les Temps Nouveaux en juillet 1907. Elle souligne « la ressemblance, et même, sous beaucoup de rapports, (…) l’identité des idées syndicalistes avec les idées anarchistes ». Et elle ajoute : « Bakounine, dans son article “La Politique de l’Internationale”, expose la ligne de conduite qu’il voudrait voir suivre au mouvement ouvrier dans les termes tels que le mouvement syndicaliste actuel semble être la réalisation exacte de son programme. » Notons que ni Fabbri, ni Isidine, ni aucun autre militant anarchiste ne prétend que le syndicalisme révolutionnaire est une production de l’anarchisme ; ils se contentent de souligner l’extrême proximité des deux courants.
Certains chercheront une légitimation dans des textes de Bakounine qui étaient pratiquement tombés dans l’oubli, mais que James Guillaume réédita. On chercha un précédent dans la Fédération jurassienne. La presse anarchiste se fit l’écho de ces réflexions. Amédée Dunois, par exemple, affirme en juillet 1907 que le syndicalisme révolutionnaire « ressemblait comme un fils au collectivisme de l’Internationale » et qu’il « provenait en ligne directe de Bakounine » (3).

Mais peu à peu, le mouvement anarchiste modifia son attitude et commença a remettre en cause l’absorption des énergies militantes du mouvement anarchiste par le mouvement syndical, qui en était venu à considérer que « le syndicalisme se suffit à lui-même », ce qui signifiait que, hors de l’organisation syndicale, de la CGT, rien d’autre n’avait droit de cité. Et que l’anarchisme, par conséquent, comme idéal et comme mouvement spécifique, n’avait plus de raison d’exister. Les anarchistes accusèrent le syndicalisme d’avoir des tentations « impérialistes », selon l’expression de Marc Pierrot (4), ils reprochèrent au syndicalisme révolutionnaire de ne laisser aucune place à l’organisation fondée sur un « idéal », c’est-à-dire à l’organisation politique.

Une partie du mouvement anarchiste se mit donc à s’opposer à cette logique d’absorption de la CGT : il fallait « rester complètement anarchiste, dans les syndicats comme ailleurs » (5). Le problème est que l’idée de « rester complètement anarchiste dans les syndicats » s’accompagnait de la remise en cause de toute revendication immédiate et partielle. Ainsi, dans le compte rendu fait par Marc Pierrot d’une conférence de Bertoni, organisée en 1910 par Les Temps Nouveaux, on peut lire : « Nous ne pouvons rien attendre que de l’expropriation » (6). C’est la politique éminemment gauchiste du « Tout ou rien ». Il va de soi que dans ces conditions, l’action revendicative au jour le jour n’avait pas sa place et les travailleurs eurent vite fait de comprendre qu’il ne fallait pas compter sur ceux des anarchistes communistes qui développaient cette thèse. Malatesta fit le constat que cette situation « a induit beaucoup de camarades à se retirer du mouvement syndical et même à le combattre comme quelque chose de réactionnaire et de nuisible ».

La conséquence, reprend Malatesta, en a été que « notre influence parmi ces ouvriers a diminué et que le champ a été laissé libre à ceux qui désiraient exploiter le mouvement dans un intérêt personnel ou dans un intérêt de parti » (7). La fin de l’article de Malatesta a quelque chose d’irréel. Le militant italien reconnaît que « la faute d’avoir abandonné le mouvement ouvrier a fait beaucoup de mal à l’anarchie », mais il ajoute, à titre de consolation, qu’au moins, cela « l’a laissée pure avec son caractère distinctif » ! On ne doit donc pas s’étonner que Rosmer ait pu déclarer en septembre 1912 que « la plus grande partie d’entre eux [les anarchistes] ne sont pas dans la CGT. Ils sont en dehors de la CGT parce qu’ils ne sont pas ou ne peuvent pas être syndicalistes (8). » (Je souligne.)

Si le débat anarchisme/syndicalisme révolutionnaire a pu prendre une tournure parfois vigoureuse, il convient de préciser que du côté anarchiste il n’était pas mené par les nombreux anarchistes qui se trouvaient, souvent depuis longtemps, dans la CGT : il était essentiellement le fait des anarchistes « spécifiques » qui n’étaient pas à la CGT et qui la plupart n’auraient pas pu y adhérer, n’étant pas salariés : Marc Pierrot, cité plus haut, était médecin et devait être peu sensible à une augmentation, même minime, dus salaires ouvriers, ou à une diminution, même minime, du temps de travail. La plupart des « ténors » du mouvement anarchiste de l’époque – ceux qui écrivaient dans les nombreuses revues anarchistes – n’étaient pas salariés.

Deuxième période. — A partir de 1890-1892 jusqu’en 1902, on peut établir qu’il y a une période proprement « anarchiste » du mouvement ouvrier, en particulier dans les Bourses du travail, qui n’ont pas été fondées par des anarchistes mais dans lesquelles ces derniers ont rapidement joué un rôle prépondérant.

En fait, les bourses du travail, des structures géographiques implantées sur la localité, ont joué le rôle de groupes anarchistes au sein du prolétariat. Les anarchistes ne sont pour rien dans leur fondation : elles résultent d’une scission au sein de la Fédération nationale des syndicats d’orientation guesdiste. Des tensions étaient apparues entre les partisans de la grève générale et les guesdistes, qui y étaient opposés. Les anti-guesdistes créèrent donc la Fédération des bourses du travail. Mais au sein de cette nouvelle organisation des conflits éclatèrent entre les différents courants qui y cohabitaient. Les anarchistes apparurent comme ceux qui étaient en mesure de modérer les conflits.

La date de 1902 marque la fin de cette période avec la constitution définitive de la CGT par l’intégration en son sein des Bourses du travail. Précisons que les militants des bourses étaient très réticents à cette intégration et qu’ils y ont mis une mauvaise volonté manifeste. Le congrès de Montpellier en 1902 est en fait la véritable fondation de la CGT car sont alors fusionnées la structure verticale (syndicats d’industrie et de métiers) et la structure horizontale, géographique (les bourses du travail. J’ajoute que cette double structure, qui définit précisément le syndicalisme révolutionnaire et plus tard l’anarcho-syndicalisme, correspond tout à fait au schéma développé par Bakounine (9).

Je ne veux pas dire que le mouvement ouvrier était « anarchiste » à strictement parler : il y avait d’autres courants d’idées, mais incontestablement les anarchistes étaient l’élément moteur. Les attaques lancées contre eux par les réformistes lors du congrès d’Amiens (1906) attestent cette thèse. C’est (à ma connaissance) au congrès de Montpellier en 1902 qu’on trouve pour la première fois l’expression « syndicalisme révolutionnaire » (10). On la retrouve utilisée une fois au congrès de Bourges (1904) et une fois au congrès d’Amiens (1906) mais l’expression n’est pas employée de manière à qualifier une doctrine.

(À SUIVRE)


NOTES
1. Luigi Fabbri, « Il sindacalismo », Il Pensiero, 1er juin 1905.
2. M. Isidine, « Le syndicalisme révolutionnaire et les partis politiques en Russie », in Les Temps Nouveaux, 6 juillet 1907. Isidine était un pseudonyme de Marie Goldsmith, qui, avec Pierrot avait fait partie du groupe des ESRI.
3. « Congrès anarchiste tenu à Amsterdam, Août 1907 », La Publication sociale, Paris 1908, p. 65.
4. M. Pierrot, Les syndicats et l’anarchie, in « Les Temps Nouveaux », 19 mars 1910.
5. J. Mesnil, l’Esprit révolutionnaire, in « Les Temps Nouveaux », 13 mars 1909.
Ce débat est décrit avec précision par Maurizio Antonioli dans Bakounine entre syndicalisme révolutionnaire et anarchisme, Organismes spécifiques et organismes de masse : le débat au début du siècle (1907-1914), éditions Noir & Rouge.
6. M. Pierrot, « La Conférence de Bertoni », Les Temps Nouveaux, 11 juin 1910.
7. Malatesta, « Anarchisme et syndicalisme », Les Temps Nouveaux 28 décembre 1907.
8. A. Rosmer, Il sindacalismo francese e le mensogne di Cesare Alessandri, in « L’Internationale », 27 septembre 1912. Cité par Maurizio Antonioli, op. cit.
9. Voir : René Berthier, « Bakounine : une théorie de l’organisation », http://monde-nouveau.net/spip.php?article378
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Remarques en vrac

Messagede trefix le Sam 19 Déc 2015 17:04

[HS]
Bonjour.
Pour ma part je suis à l'anarchisme, à bientôt 46 ans, ce que Monsieur Jourdain est à la prose ;)
@frigouret : as-tu une BX 16s et une Golf 7 ?...
@René, Bajotierra, Lehning & Chevalier du travail : vous tenez là l'une des plus intéressantes conversations qu'il m'ait été donné de lire depuis que je fréquente les pages libertaires (ouhèbe ET bon vieux papier).
@tous : j'ai beau être novice, il me semble toutefois que l'ensemble de vos réflexion restent "prolétaro-centrées" : "spécialiste" moi-même (musicien-pédagogue) mais prolétaire par mon éducation et mes revenus, l'idée anarchiste me paraît éminemment désirable MAIS je ne vois pas comment une société humaine pourrait se passer totalement de "spécialistes" : je peux faire tout autre chose que l'enseignement musical mais ne pourrais jamais être ni chirurgien, ni chercheur, ni même "seulement" architecte ;) !
C'est -selon moi- le seul écueil de la théorie... et je peux vous assurer que j'aurais hâte de la voir appliquée, la théorie anar !!!
[fin du HS]
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede René le Sam 19 Déc 2015 21:33

Tu soulèves là une question extrêmement intéressante, que je me pose moi-même très souvent.
Je pense que si tu as eu l’impression que j’étais (que nous étions) « prolétaro-centré(s) » c’est tout simplement parce que nous parlions de l’histoire du mouvement ouvrier du début du 20e siècle. Cela ne veut pas dire que nos préoccupations se limitent à cela (les miennes en tout cas).
Je pense que si on veut un peu réfléchir sur la société future, il faut partir des gens d’aujourd’hui, tels qu’ils sont aujourd’hui, pas tels qu’ils seront dans une société idéale dans mille ans. Dans la société d’aujourd’hui, les gens sont conditionnés pour considérer qu’un chirurgien vaut plus qu’un ouvrier, et que par conséquent ses revenus doivent être supérieurs parce qu’il a fait des années d’études que l’ouvrier n’a pas faites. Mais Bakounine avait parfaitement vu le problème :

« Il arrive très souvent qu'un ouvrier fort intelligent est forcé de se taire devant un sot savant qui le bat, non par l'esprit qu'il n'a pas, mais par l'instruction, dont l'ouvrier est privé, et qu'il a pu recevoir, lui, parce que, pendant que sa sottise se développait scientifiquement dans les écoles, le travail de l'ouvrier l'habillait, le logeait, le nourrissait et lui fournissaient toutes les choses, maîtres et livres, nécessaires à son instruction. » (Bakounine, « L’instruction intégrale ».)


Je pense que c’est admirablement bien vu : l’idée de Bakounine est que plus tu as fait d’études, plus tu es redevable à la société qui t’a assuré le contexte nécessaire à tes études. Bon, mais si j’avais expliqué ça au chirurgien qui m’a récemment opéré des yeux, et qui m’a demandé 300 euros de dépassement d’honoraires, il n’aurait sans doute pas compris. Mais en même temps, on se rend difficilement compte à quel point le fait d’étudier 4,5,6 ans ou plus à l’université demande un travail absolument acharné (en médecine, en tout cas, peut-être pas en sciences de l’éducation), et on peut aussi comprendre que la personne qui se tape ça ait envie de trouver une forme de récompense pour ce travail acharné.
En tout cas on ne peut pas écarter une sérieuse réflexion sur ces questions si on veut réfléchir à une voie vers la société libertaire.

Je joins ci-dessous le texte d’une de mes contributions à un débat informel qui a ri lieu entre camarades de la FA :

Je pense depuis longtemps que le mouvement révolutionnaire d’une façon générale pêche par une absence d’analyse sur les couches moyennes de la population (alors même que ses effectifs sont essentiellement constitués de ces dites «couches moyennes»). La difficulté de définir la classe moyenne vient simplement de ce que ce n’est pas une classe, et que c’est un faux problème. Cependant, cela ne prouve pas que ce quelque chose qui correspond à l’expression « classe moyenne » n’existe pas.

Le terme « classe moyenne » ne me semble pas du tout adéquat. On a affaire à des couches sociales hétéroclites, dont une bonne partie ont des revenus modestes voire très modestes, parfois même moins élevés que ceux de certains ouvriers. Ce n’est pas une question de salaire mais de statut social. Il y a des petits patrons, des artisans, qui dégagent à peine de quoi se payer un salaire : mais expliquer à ces gens que ce sont des «prolétaires» ne mènerait à rien.

Les gens appartenant à ces couches moyennes ont une hantise : tomber dans le prolétariat. L’une des raisons pour lesquelles les petits bourgeois, les petits propriétaires, les petits paysans sont si férocement attachés à leur propriété est précisément cette crainte de sombrer dans la classe ouvrière. C’est quelque chose que Proudhon avait parfaitement compris. Inversement, quiconque connaît la classe ouvrière sait très bien que le prolo moyen n’a qu’une envie pour ses enfants : qu’ils ne deviennent pas ouvriers. Sauf dans un cas : ce que j’appelle les « ouvriers à statut » c’est-à-dire les ouvriers très organisés syndicalement, ayant négocié des conventions collectives en béton. Les dockers, les ouvriers de la presse, qui gagnent 4 fois le salaire minimum ou plus, ne voient pas d’inconvénient à ce que leurs enfants suivent les traces de leur père. C’était en tout cas ainsi lorsque j’étais encore actif. Mais le béton est peut-être devenu friable.

On voit d’ailleurs dans ces catégories de vraies dynasties d’ouvriers. On est souvent docker, rotativiste ou typographe de père en fils. Les patrons transmettent leur usine à leurs enfants, les dockers et les ouvriers de presse transmettent (transmettaient, serait plus exact) leur métier.
La question de la représentation sociale était particulièrement claire en presse (je parle de ce que je connais), du moins à mon époque. Les ouvriers des ateliers gagnaient plus que les journalistes, ils avaient des avantages que les journalistes n’avaient pas, une capacité à faire pression sur les patrons que les journalistes n’avaient pas, mais pour rien au monde un type qui avait le statut de journaliste n’aurait songé à se considérer comme ouvrier du Livre, parce qu’il y avait marqué « journaliste » sur sa feuille de paie et sur la carte de journaliste. Or très peu de personnes ayant le statut de « journaliste » écrivaient des articles. L’écrasante majorité d’entre eux faisaient des tâches qui n’avaient rien à voir avec l’écriture. Si: certains d’entre eux, tout contents, écrivaient les titres. Journaliste n’est pas un métier, c’est un statut.

Cette absence d’analyse sur les « couches moyennes » est à mon avis une des causes de la faiblesse du mouvement libertaire.
Ma compagne et moi avons fait, au début des années 90 je crois, sur Radio libertaire une émission sur « La femme de 40 ans ». (Si, si…) C’était en fait une réplique à une émission scandaleuse parue à la télé sous ce même titre, où on voyait des femmes de la bourgeoisie et des intellectuelles raconter leur vie. La seule « prolétaire » interviewée était une caricature, une pauvre femme qu’ils sont allés chercher dans les corons du Nord, inculte, abrutie par l’alcool et à peine capable de s’exprimer.

Parmi mes invitées sur RL il y avait une femme de commerçant qui nous a raconté sa vie et nous a fait plonger dans l’horreur. J’ai découvert que les épouses de commerçants et d’artisans travaillaient avec (et pour) leurs maris sans salaire, sans droit à la retraite, qu’elles étaient totalement dépendantes de leurs mecs et qu’elles n’avaient aucun droit (depuis, les choses ont un peu changé). Dans les interstices de la bourgeoisie il y a des situations affreuses auxquelles le mouvement révolutionnaire pourrait très bien s’intéresser. Mais dans l’ensemble, nous ne sommes plus dans une configuration où une écrasante majorité de prolétaires faméliques se trouve face à une minorité de privilégiés protégés par l’Etat. La minorité de privilégiés est certes toujours protégée par l’Etat ; il y a beaucoup de misère, mais nous ne sommes plus au milieu du 19e siècle tel que le décrit Proudhon :

« Ce sont des scènes auxquelles l’imagination refuse de croire, malgré les certificats et les procès-verbaux. Des époux tout nus, cachés au fond d’une alcôve dégarnie, avec leurs enfants nus ; des populations entières qui ne vont plus le dimanche à l’église, parce qu’elles sont nues ; des cadavres gardés huit jours sans sépulture, parce qu’il ne reste du défunt ni linceul pour l’ensevelir, ni de quoi payer la bière et le croque-mort – et l’évêque jouit de 4 à 500 000 livres de rente – ; des familles entassées sur des égouts, vivant de chambrée avec les porcs, et saisies toutes vives par la pourriture, ou habitant dans des trous, comme les albinos ; des octogénaires couchés nus sur des planches nues ; et la vierge et la prostituée expirant dans la même nudité : partout le désespoir, la consomption, la faim, la faim ! ... et ce peuple, qui expie les crimes de ses maîtres, ne se révolte pas ! Non, par les flammes de Némésis ! Quand le peuple n’a plus de vengeances, il n’y a plus de providence. Les exterminations en masse du monopole n’ont pas encore trouvé de poëtes. Nos rimeurs, étrangers aux affaires de ce monde, sans entrailles pour le prolétaire, continuent de soupirer à la lune leurs mélancoliques voluptés. » (Proudhon, Système des contradictions économiques)


Je ne pense pas qu’il n’y a que deux classes. C’est la vision simpliste des cours élémentaires de formation marxiste, une vision qui ne correspond même pas à la pensée de Marx, un peu plus complexe que ça tout de même. Dans le Capital, Marx part de l’hypothèse qu’il y a deux classes, mais c’est une hypothèse qui sert pour sa démonstration. C’est comme quand Rousseau parle de « contrat social » : personne ne s’est jamais réuni autour d’une table pour signer un contrat social : c’est une hypothèse de travail. Dans les ouvrages historiques de Marx, il n’y a jamais seulement deux classes.

On peut aborder cette question des couches moyennes de plusieurs manières.

♦ Celle de la CGT-SR me semble un bon départ, lorsqu’elle définit le prolétaire comme

« …l’ouvrier de l’industrie ou de la terre, l’artisan de la ville ou des champs – qu’il travaille ou non avec sa famille – l’employé, le fonctionnaire, le contremaître, le technicien, le professeur, le savant, l’écrivain, l’artiste, qui vivent exclusivement du produit de leur travail appartiennent à la même classe : le prolétariat. »


Cette définition situait à l’époque 75 ou 80% de la population dans la catégorie « prolétaire ».

Le problème est alors une question de représentation, c’est-à-dire l’image que les gens ainsi désignés se font de leur rôle et de leur place dans la société. Il n’est pas certain que le petit artisan, le contremaître, le savant soient prêts à se considérer comme des « prolétaires », même s’ils ne vivent que du produit de leur travail. Ce serait donc maladroit de s’adresser à eux en leur disant que ce sont des « prolétaires », même si, objectivement, ils ont autant intérêt que les « ouvriers » à transformer la société.
Il y a donc un discours à découvrir pour s’adresser à eux.

Notons que la CGT-SR ne confondait pas le prolétaire et l’ouvrier.
Il est évident que la société a évolué depuis 1930, et qu’aujourd’hui les choses sont sans doute plus complexes, mais la base de travail me semble bonne.

♦ Ensuite il y a un constat à faire concernant la structure socioprofessionnelle de la population. En France les ouvriers toutes catégories confondues ne représentaient en 2013 que 12,3% de la population active (dont 0,6% d’ouvriers agricoles) (Insee). Si on veut réaliser le socialisme, fût-il libertaire, le soutien hypothétique de ces 12,3% de la population (on peut rêver) serait loin de fournir une base sociale suffisante sur laquelle s’appuyer, à moins d’envisager que les « ouvriers » exercent sur tout le reste de la population une dictature sanglante. Là, il faut arrêter de rêver.
Donc il faut convaincre une grande partie de toutes les autres catégories, du moins celles qui ne vivent que de leur salaire ou de leur travail.

Les « artisans-commerçants-chefs d’entreprises » représentent 3,3% de la population active, mais les artisans tout court seulement 1,6%, et parmi eux combien sont des petits patrons ayant des salariés ?

Chez les « cadres-professions intellectuelles supérieures » (9,3%) 1,6% sont des professeurs.
Les « Ingénieurs-cadres-techniciens » représentent 2,6%.
Le gros morceau ce sont ceux qu’on désigne maintenant sous le qualificatif de « professions intermédiaires » (13,5%) (les « couches moyennes » ?), c’est-à-dire les instits, les personnels de la santé (non médecins) et du social, les employés de la fonction publique et du commerce, les techniciens, les agents de maîtrise et… le clergé.
L’autre gros morceau, ce sont les employés (16%), parmi lesquels on compte 1,1% de policiers et de militaires.
Quant aux agriculteurs, ils représentent 1%, dont 0,4% de gros agriculteurs.
A cela il faut ajouter les retraités (« Inactifs ayant déjà travaillé ») : 31,9% ; et les « autres sans activité professionnelle » (12,6%) parmi lesquels les « élèves ou étudiants » représentent 8,1% des actifs.

Regardons le tableau de l’INSEE que je joins et demandons-nous
1. A qui s’adresse (hypothétiquement) le discours de la FA, et :
2. Quelles sont les catégories sociales qui feront la révolution avec nous ?
3. Et que se passera-t-il pour celles qui ne seront pas avec nous ?
Ces trois questions me conduisent au constat qu’il est urgent pour nous de reconsidérer la notion même de « révolution ».

En résumé, si on veut mener une activité révolutionnaire, faire de la propagande anarchiste, il ne faut pas se contenter d’essayer d’appliquer nos principes indépendamment des gens à qui on s’adresse, il faudrait peut-être examiner qui sont tous ces gens-là et trouver un discours qu’ils sont capables de comprendre – peut-être pas tous, mais une grande partie d’entre eux. Ce qui vaut pour notre activité concrète vaut aussi pour notre presse.
Bref, il faut faire une sorte de marketing révolutionnaire.
On ne peut pas parler à ces couches intermédiaires comme parlait Bakounine aux ouvriers de 1870 quand ils travaillaient 14 par jours tous les jours de la semaine, emmenant au travail leurs enfants de 7 ans endormis sur leurs épaules. (Avant 7 ans les patrons ne les prenaient pas parce qu’ils auraient été contraints de leur accorder du temps libre pour aller au catéchisme.)

♦ Autre chose à considérer : l’accès à la propriété. Un peu plus de la moitié des Français sont propriétaires de leur logement. L’écrasante majorité d’entre eux sont convaincus qu’on va les exproprier. Là encore, il y a un discours à tenir, afin d’expliquer qu’on s’en fout qu’ils soient propriétaires de leur pavillon ou de leur appartement, et qu’on n’a pas non plus envie de collectiviser leurs brosses à dents.

Je pense que le mouvement libertaire devrait réaliser la nécessité de prendre en compte les données sociologiques sur la population française pour élaborer une stratégie qui ne soit pas une triste copie de ce qu’il faisait il y a un siècle.

Bon, désolé d'être aussi long...
René
 
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede trefix le Sam 19 Déc 2015 22:56

Grr..., t'es ch... ! Il faut prendre le temps de te lire ;)
Blague à part, je m'y replonge après avoir coupé cette s...rie de télé, mais je n'évoquais nullement la question de la "reconnaissance", plus simplement celle de la "vocation".
À ce titre, la place faite à l'art dans les écrits libertaires, par exemple, ne laisse pas de m'interroger et me renvoie à l'absence de l'évocation des spécialités pourtant utiles, comme celles relatives à la santé, entre autres.
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