Chevalier du Travail a écrit:Et voici la réponse des CSR:
Article dans la rubrique Correspondance de "Syndicaliste!" N°41/juillet 2012.
" Nous publions ici une réponse faite au camarade René Berthier à sa lettre ouverte mettant en cause les CSR qualifiés d'"anti-anarchistes".
Cher René Berthier
Des camarades de la Fédération Anarchiste nous ont fait parvenir un texte, écrit par tes soins et qui commence à circuler bien au-delà des groupes de la FA.
Nous nous permettons de répondre à ton texte car beaucoup de nos adhérents appartiennent à la même confédération syndicale que toi et, plus largement, il nous apparait nécessaire de mener les débats au sein du « Mouvement révolutionnaire » sur une base sereine et d’assumer publiquement nos écrits.
Ton long texte consacre de nombreuses critiques à deux brochures rédigées par notre organisation. Ces documents sont en cours de réécriture, c’est pourquoi nous analyserons avec intérêt les passages que tu critiques.
Tu t’appuies sur la lecture de ces deux textes, ainsi que notre dossier consacré à l’anarcho-syndicalisme pour en conclure « le CSR est clairement anti-anarchiste et anti-anarcho-syndicaliste ». Nous te rappelons que le titre de ton texte est « le CSR est-il anti anarchiste primaire ? ». Tu réponds à cette question de façon très affirmative à la fin de ce texte.
Et tu demandes d’ailleurs « ce qui motive l’auteur » par rapport à « son préjugé anti-anarchiste».
Ces textes publiés par les CSR ne sont pas le produit d’un « auteur » qui aurait des comptes à régler avec l’anarchisme. Ces écrits ont été débattus et sont assumés publiquement par les militants qui les diffusent. Certains d’entre eux sont d’ailleurs anarchistes.
Les documents que tu cites ne sont pas consacrés au mouvement anarchiste mais aux tendances syndicales et à aucun moment le mouvement libertaire ne nous semble pris à parti.
En ce qui concerne les relations qu’entretiennent les CSR avec l’anarchisme, il n’y a pas grand-chose d’original si l’on se réfère à nos principes fondateurs : la Charte d’Amiens.
Les adhérents des CSR ont le droit d’appartenir aux groupes affinitaires de leur choix si en retour ces militants respectent l’indépendance politique des CSR. Jamais aucun camarade des CSR n’a été critiqué en raison de son adhésion aux thèses anarchistes. Aucun de nos adhérents n’a quitté les CSR en se plaignant d’un tel comportement.
Alors revenons en aux écrits.
Tu établis un lien direct entre l’anarchisme et l’anarcho-syndicalisme. Notre dossier sur l’anarcho-syndicalisme, que tu cites, visait justement à démontrer que l’anarcho-syndicalisme ne peut être confondu avec l’anarchisme. Il semblerait que nous n’ayons pas été assez convaincants mais, en tout cas, on ne peut pas nous reprocher de critiquer l’anarcho-syndicalisme pour immédiatement tirer la conclusion que nous sommes « anti-anarchistes ». Car nous avons justement écrit l’inverse.
Il apparaîtrait totalement grotesque que les CSR soient « anti-anarchistes ». Le SR partage avec l’anarchisme sa volonté d’abattre l’état capitaliste et de combattre toute forme de pouvoir individuel ou de classe. Nous partageons avec l’anarchisme notre projet de société, le communisme (on peut mettre l’adjectif « libertaire », « libre »,… mais cela ne change rien à la forme matérielle de ce système désiré). Cette proximité explique pourquoi, parmi les 5 rédacteurs de la Charte d’Amiens, 3 appartenaient au mouvement libertaire.
Nous avançons donc dans la même direction et il apparaît alors indispensable que nos efforts soient mis en commun. Si nous consacrions de l’énergie à combattre nos camarades, nous serions totalement suicidaires. Débattre avec les courants amis ne peut donc être assimilé à une opposition mais à une volonté de résoudre des désaccords, comme cela se fait d’ailleurs dans toute organisation en interne.
Ainsi on ne peut pas reprocher à Monatte d’avoir été « anti-anarchiste » pour avoir porté la contradiction au congrès anarchiste d’Amsterdam en 1907 !
L’anarchisme est il soluble dans l’anarcho-syndicalisme ?
Ces désaccords ne peuvent ensuite être généralisés à toutes les composantes anarchistes. Nous te rappelons que le mouvement anarchiste ne repose sur aucune texte ou aucune stratégie de référence. Plus encore que le marxisme, il est traversé de nombreuses sensibilités qui n’ont jamais pu réaliser une unité durable.
Alors comment-il possible d’affirmer que les CSR seraient « anti-anarchistes ». Il suffit seulement de comprendre que les CSR portent forcément un regard différent sur le positionnement syndical des différentes composantes de ce mouvement anarchiste. Nous pouvons rapidement délimiter 4 sensibilités :
1) l’ultra gauche libertaire et les individualistes, hostiles à l’organisation syndicale.
2) certaines tendances plate-formistes qui interviennent dans le mouvement syndical sous forme de fractions.
3) les anarcho-syndicalistes, si tu fais le choix d’intégrer cette composante aux anarchistes. Cette composante est favorable à la création d’organisations syndicales affinitaires.
4) les libertaires qui interviennent dans le mouvement syndical selon les principes de la Charte d’Amiens.
A partir d’un tel constat, il apparaît évident que les CSR ne peuvent avoir un regard identique sur chacune de ces composantes. Nous pouvons même affirmer que tous les libertaires qui veulent faire vivre la Charte d’Amiens ont leur place dans les CSR.
Et pour les mêmes raisons, que nos militants soient libertaires ou non, nous sommes en désaccord avec les anarcho-syndicalistes. Nous pensons que la création de syndicats affinitaires est un obstacle sur le chemin de la révolution. Non seulement ils divisent les travailleurs-euses dans l’action quotidienne mais ce type de syndicat rend impossible la socialisation des moyens de production. On ne peut socialiser en fractionnant !
Au tournant du XXème siècle, certains libertaires ont perçu le développement du syndicalisme révolutionnaire comme une menace pour leur propre mouvement. Il est vrai que l’émergence du SR a retiré des forces militantes au mouvement libertaire. Mais, de la même façon, on peut ajouter que le mouvement libertaire n’a jamais été aussi influent et crédible que lorsque nombre de ses militants assumaient des responsabilités dans la CGT, en avançant, grâce à l’organisation syndicale, vers la Révolution. L’anarchisme n’est pas une fin en soi. C’est une analyse et il lui faut des outils pour mener à bien son projet. Ces outils ne peuvent être forgés uniquement par une composante affinitaire. C’est un maximum de travailleurs, au-delà des références affinitaires, qui doivent s’emparer de l’outil syndical en l’orientant dans un sens révolutionnaire (grâce à une tendance interne aux confédérations).
Lors de la création du Parti Communiste, beaucoup de militants anarchistes se sont éloignés de leurs références libertaires. Parmi ceux qui sont demeurés libertaires, la tentation a alors été grande de reprendre le schéma de la fraction (calqué sur le modèle bolchevique) ou de se replier dans de petites organisations syndicales affinitaires. Cette tentation est restée assez vivace depuis cette date mais n’a pas permis au mouvement libertaire de regagner en influence durable.
Aujourd’hui, le développement des CSR et leur influence grandissante dans la CGT, pourraient apparaître pour certains libertaires comme une menace, comme un nouveau traumatisme. A l’inverse, la résurgence du syndicalisme révolutionnaire ne pourrait il pas représenter pour le mouvement libertaire une occasion d’inscrire son idéologique anti-capitaliste et autogestionnaire dans un cadre social et dans une dynamique de masse ?
Nous t’invitons, ainsi que tous nos camarades libertaires, à y réfléchir.
Nous restons disponibles pour discuter et pour lever toute inquiétude en ce qui concerne notre démarche « anti-anarchiste », par l’observation de nos pratiques sur le terrain. Ces contacts sont d’autant plus faciles à établir pour les militants de la CGT qui peuvent nous rencontrer dans les UL et dans les syndicats d’industrie où nous militons. Les CSR viennent d’ailleurs de lancer une initiative pour redonner vie au syndicalisme d’industrie. Tous les militants syndicaux, et entre autre les libertaires, qui désirent sortir des limites du syndicalisme de métier ou d’entreprise, peuvent s’y joindre.
C’est ce que nous t’invitons à faire.
Reçois nos sincères salutations syndicalistes fraternelles"
« Le CSR est-il toujours sur la ligne du début de sa création (les années 20) sur la question notamment du refus des guerres (le CSR étant une scission de la CGT de Jouhaux après la guerre de 14 ; Jouhaux ayant été, entre autres, pour l'Union sacrée)… »
« les membres de la CGT ont montré à Amiens que leur conception s'accordait avec la nôtre beaucoup plus que nous ne le croyions et le congrès d'Amiens a abouti à une conclusion que personne de nous n'eût pu espérer. C'est tout ce que nous pouvions attendre et la décision d'Amiens nous donne entièrement satisfaction. »
« prépare l'émancipation intégrale, qui ne peut se réaliser que par l'expropriation capitaliste, et d'autre part, il préconise comme moyen d'action la grève générale et il considère que le syndicat, aujourd'hui groupement de résistance, sera, dans l'avenir, le groupe de production et de répartition, base de réorganisation sociale. »
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