Le CSR est-il anti anarchiste?

Espace de débats sur l'anarchisme

Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede frigouret le Dim 31 Jan 2016 09:47

Si ti ne vise pas le centre de la cible, tu rates la cible. Sun tseu ( peut être).
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede Chevalier du Travail le Dim 31 Jan 2016 10:31

un compère "stratégophile" :wink:

Dans la stratégie militaire tu as tout et son contraire. C'est bien pour ça que tout dépend de l'analyse des contextes, des terrains et des mouvements pour avoir les meilleures conditions de victoires (état des relations politiques et diplomatiques, potentialité d'alliances et de trahisons, préparation morale et physique, plans de replis, accès aux zones de repos et de réapprovisionnement etc). Le contexte d'époque était clair: potentiel de Révolution mondiale enclenchée par les bolcheviques en Russie et enclenchement en parallèle d'une contre-révolution. Y avait pas 36 solutions. Le champs des tactiques qui pouvaient avoir un impact était réduit de fait de la situation surprenante de la victoire bolchévique et de l'expansion rapide de leur idéologie (adhésion et sympathie de masse). Se replier et s'isoler à un moment encore offensif et décisif était la pire des tactiques (militairement parlant), c'est ce qu'ont choisi les AS et l'AIT, laissant toutes les organisations de masses aux mains du léninisme. Les SR favorables à l'ISR (car tactiquement il y avait encore un intérêt) ont surestimé leur capacité à maintenir l'indépendance syndicale et ont sous-estimé la capacité d'assimilation du léninisme, ce qui a conduit à leur dérive. Mais stratégiquement, c'était la seule carte à jouer si on voulait espérer maintenir un contre-pouvoir dans l'organisation de masse qu'est la confédération syndicale.
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede Pierre-Joseph le Dim 31 Jan 2016 11:09

Comme Herclet, tu prétends que l'anarchosyndicalisme est mort et c'est sûr que si on accepte cette idée, alors la seule voie possible pour les syndicalistes devient l'ISR et finalement, à terme, la mort du mouvement révolutionnaire. C'est effectivement ce qui s'est produit en France car Besnard, qui a certainement fait beaucoup d'erreurs, et ses quelques camarades n'ont pas réussi à contrer ce processus.
Je ne pense pas que l'action de quelques hommes puisse avoir une énorme importance sur le mouvement des masses qui font bien ce qu'elles veulent. Je ne pense donc pas que ce soient les erreurs de Besnard qui aient conduit à l'échec de l'anarchosyndicalisme en France. Je pense que ceux qui ont nui à ce mouvement ont une bien plus grande responsabilité.
Par contre, l'AIT et l'anarchosyndicalisme étaient bien plus vivaces que tu le prétends, notamment en Espagne où il préparait activement la révolution au sein des masses. Il est là le problème dans ton raisonnement: rejeter l'AIT, c'est rejeter non seulement Besnard et sa bande mais aussi ces masses révolutionnaires!
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede frigouret le Dim 31 Jan 2016 13:06

A mon humble avis se démarquer de la dictature communiste allait de soit pour les anarchistes. A mon humble avis toujours l'erreur des anarcho syndicalistes a été de ne pas se démarquer radicalement, théoriquement , du marxisme . C'est pour ça que plus avant j'essayais de vous brancher sur Rocker car il me semble d'après les condensés que j'ai lu qu'il avait entrepris une critique radicale du marxisme et une ouverture sur le libéralisme.
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede Chevalier du Travail le Dim 31 Jan 2016 13:55

Pierre-Joseph: l'anarcho-syndicalisme s'est tué lui-même. L'anarcho-syndicalisme en tant que courant spécifique n'existe pas avant la scission avec l'ISR. Et comme le dis René, Besnard et ses partisans mettent du temps à s'évoquer comme tel. Preuve que "l'anarcho-syndicalisme" n'existait pas avant. Avant ça "anarcho-syndicaliste" désigne péjorativement (par les sociaux-démocrates) les militants syndicalistes révolutionnaires d'obédience anarchiste, mais dont la stratégie est bien SR, pas AS. La CNT espagnole est syndicaliste révolutionnaire jusqu'au milieu des années 20, et après c'est la tendance anarcho-syndicaliste qui s'impose (parfois violemment et de manière anti-démocratique) dans la conf (voir les brochures CSR à ce sujet).
Rien qu'affirmer "anarcho"-syndicalisme c'est se tirer une balle dans le pied. L'adhésion à l'anarcho-syndicalisme se fait sur une base idéologique (tes idées ou sympathies libertaires), non sur un base de classe. En plus de te couper des masses avec un tel épithète, tu reproduis le schémas léniniste: vouloir un contrôle idéologique sur les travailleurs et le syndicat. En voulant combattre la main-mise du parti sur le syndicat, ils ont fait exactement pareil mais à leur sauce ("le pacte des syndicalistes purs" est suffisamment significatif). Rien à voir donc avec la stratégie du syndicalisme révolutionnaire qui repose sur l'unité des travailleurs quel que soit son courant au sein du syndicat et leur autonomie organique pour pouvoir édifier le socialisme autogestionnaire et démocratique. L'écroulement de l'AS était évident. Et malgré certains développements locaux comme en Espagne, son isolement international a eu raison de lui (stratégiquement c'était aussi à prévoir). Besnard et ses partisans l'ont compris après coup puisqu'il me semble (de mémoire approximative) qu'ils sont presque tous favorables à la réunification syndicale en 1936, ou au retour dans la CGT après 1946 (et après le cours épisode de la CNT-F qui passe de plusieurs milliers d'adhérents à quelques dizaines), mais c'était trop tard, le processus d'offensive pour une révolution mondiale était fini, et le léninisme s'était répandu partout.

Pour Frigouret: Concernant Rocker je ne sais pas, je n'ai que "Nationalisme et culture" de lui. Faut voir si René a plus d'infos sur ce que tu dis :wink:
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede calamar le Dim 31 Jan 2016 16:11

Réponse à chevalier....

" L'adhésion à l'anarcho-syndicalisme se fait sur une base idéologique". Mais n'est ce pas la même chose que pour l'adhésion au CSR ou la CGT, qui ont été noyés par la bureaucratie et le réformisme?.

"Vouloir un contrôle idéologique sur les travailleurs et le syndicat" , voila ta définition de AS, sur lequel je suis en déssacord..

.Les travailleur n'ont plus cette conscience de classe et pourtant c'est quand ils ont solidaires les uns des autres qu'ils sont plus fort.
Ils ont fait confiance a leur élus syndicaliste fessant d'eux ainsi les spécialistes de la lutte...et n'ont fait que suivre leur directive....

C'est aux travailleurs de reprendre leur outils de lutte en main et ceux a quoi l' anarchosyndicalisme travaille aux quotidien me semble t-il?

, et que les syndicat doivent être aux mains des exploités et pas à ceux que l'on appelle aujourd'hui " partenaires sociaux" .Voila ce que les structures syndicales négociant avec le patronat ont fait de l'outils de lutte et ont détruit les bases du syndicalisme qui se veut avant tous être un outils pour nous défendre ou être offensif.

Le syndicat doit être dans la main de tous les travailleurs, adhérents, chomeur, retraités, et c'est à eux de déterminer vers quelle direction ils veulent aller et pas des sécrétaires, des représentants, des permanents qui ont leur bureaux payés par leur chefs et partenaire patronaux. Se dire Syndicaliste révolutionnaires et adhérer chez le partenaire social " CGT", si c'est pas être confus......
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede René le Dim 31 Jan 2016 17:14

Si Marie Guillot a été élue au bureau confédéral de la CGTU en juin 1922, c’est parce qu’il y avait eu un désistement. Elle en démissionne en juillet 1923, convaincue que le combat pour l’indépendance du syndicat est perdu. Son combat aura duré treize mois. Pourtant, elle avait âprement combattu les positions des fédéralistes — la tendance Besnard — opposés à l’adhésion à l’Internationale syndicale rouge et à la subordination du syndicat au Parti communiste.

Marie Guillot fut en quelque sorte victime des mesures de noyautage mises en œuvre par le 2e congrès de l’Internationale communiste. En effet, le parti créa dans la CGTU des « commissions syndicales » dont les membres étaient tenus à la plus stricte discipline de parti. Sous peine d’exclusion, ils devaient appliquer les directives du parti dans leurs activités syndicales.
En vain Guillot et quelques-uns de ses camarades tenteront d’obtenir de la direction confédérale la condamnation de ces pratiques. En réponse, ils organiseront dans la CGTU des « Groupements syndicalistes révolutionnaires », publieront en juin 1923 un manifeste dénonçant les dangers de la mainmise des partis sur le mouvement syndical. Cette initiative fut dénoncée comme contre-révolutionnaire par les communistes, sans que Pierre Monatte et Louis Bouët ne la soutiennent !!!
En somme, Monatte était encore plus aveugle que Marie Guillot !!!

Le Comité confédéral national des 22-23 juillet 1923 entérina l’échec des « Groupements syndicalistes révolutionnaires ». Marie Guillot démisionna alors de son mandat de secrétaire confédérale. Elle pensa pouvoir transmettre le mandat de la Commission féminine à une autre militante, Yvonne Orlianges, mais elle se heurta au barrage de la fraction des femmes communistes qui réussirent sous un prétexte futile, à écarter la candidature d’Yvonne Orlianges.
Le congrès de Bourges de la CGTU confirma l’existence des « Commissions syndicales », autrement dit des fractions communistes dans la confédération. Aussi, Marie Guillot se rapprocha-t-elle… de ceux qu’elle avait jusqu’alors âprement combattus : les fédéralistes du Comité de défense syndicaliste — Pierre Besnard, Verdier, etc. et la fédération du bâtiment —, afin de constituer une « Minorité syndicaliste révolutionnaire ».

En somme, balayée par la fraction communiste de la CGTU, elle s’allia avec les fédéralistes qu’elle avait contribué à vaincre avec l’aide des communistes !!! On est dans la confusion la plus totale !!!
Ensemble, ils formèrent une « Minorité syndicaliste révolutionnaire ». Mais cette alliance ne pouvait pas durer : les divergences devaient les séparer rapidement, en particulier à la suite des événements tragiques du 11 janvier 1924 qui conduiront peu après les syndicalistes révolutionnaires opposants à la direction confédérale à quitter la CGTU et à créer la CGT-SR. On oublie en effet de dire que la création de la CGT-SR n’est pas le résultat du caprice d’un petit groupe de militants qui tenaient absolument à avoir « leur » organisation syndicale. Elle résulte de l’emprise des communistes sur la CGTU qui ne laissait aucune place au débat, elle résulte de la violence exercée par les sbires du PC contre toute opposition, violence qui a trouvé son aboutissement dans l’assassinat de deux militants anarcho-syndicalistes lors d’un meeting rue de la Grange-aux-Belles en janvier 1924. (Voir « Le meeting de la Grange-aux-Belles raconté par May Pïcqueray » ihttp://www.monde-nouveau.net/spip.php?article594)

Le paradoxe de l’histoire est que le courant syndicaliste aurait été majoritaire s’il n’avait pas été divisé. Une partie des militants syndicalistes révolutionnaires, parmi lesquels Marie Guillot, se trouvaient dans une situation paradoxale : ils voulaient établir des liens étroits avec l’Union soviétique tout en maintenant l’indépendance du syndicat ; ils voulaient adhérer à l’Internationale syndicale rouge mais ne pas être astreints à la domination des communistes sur la CGTU.

Marie Guillot démissionna en juillet 1923 de ses responsabilités ; en novembre 1923 elle rendit les armes et décida de ne plus prendre aucune part à la direction de la CGTU.

En divisant le courant syndicaliste révolutionnaire, Marie Guillot, Pierre Monatte et les syndicalistes révolutionnaires prosoviétiques avaient rendu un grand service aux communistes et grandement contribué à la bolchevisation de la CGTU. Ils ont également contribué au suicide du courant syndicaliste révolutionnaire, qui disparaît définitivement de la circulation comme courant effectif dans la classe ouvrière. L’anarcho-syndicalisme prendra le relais et restera vivace jusqu’à la 2e Guerre mondiale, jusqu’à ce qu’il soit écrasé à la fois par les fascistes, les communistes et le capital.
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede Pierre-Joseph le Dim 31 Jan 2016 19:34

Je dis que rejeter l'AIT, rejeter l'anarcho-syndicalisme, c'est rejeter l'idée d'un syndicalisme organisé par et pour les travailleurs, c'est rejeter l'idée d'un syndicalisme où les décisions sont prises par les travailleurs eux-mêmes et non par des bureaucrates syndicaux rattachés à des partis politiques.
Je comprends très bien qu'on puisse faire ce choix, comme Herclet, mais alors je ne vois que deux évolutions possibles: ou bien, comme ce dernier, rester fidèle à ce choix jusqu'au bout ; ou bien, se rétracter, reconnaître qu'on s'est trompé et qu'on a commis une erreur. (Ca arrive!)
Je suis désolé mais je ne comprends toujours pas la position grise-entre-deux.
Toutes les critiques sur Besnard et la CNT-AIT n'éclaircissent en rien cette position, elles sont hors-sujet! Même si l'AIT n'avait pas existé du tout, je ne comprends pas en quoi l'adhésion des syndicats à l'ISR aurait pu constituer un progrès pour les travailleurs, à moins, bien sûr, de considérer l'autogestion, le fédéralisme et l'entraide comme des idées puériles ou débiles!
Je pense qu'être révolutionnaire ne consiste pas à suivre aveuglément les masses là où elle vont avec l'obsession de ne pas se couper d'elles mais plutôt à savoir se placer, parfois, à contre-courant et pointer d'autres possibles.
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede Chevalier du Travail le Dim 31 Jan 2016 20:57

Pour ma part, je m’arrête là, ça prend vraiment trop de temps un forum virtuel et j'estimes que ces questions ont déjà eu des réponses, qu'on tourne en rond et que de toute façon on est pas d'accord et on le sera sans doute jamais. Toutes les réponses et positions CSR sont disponibles via le site internet et les brochures. On est ouvert au débat et surtout pas anti-anarchistes :D, donc n'hésitez pas.
J'ai apprécié le calme du topic et les divers interventions. Surement que je réapparaîtrai sur ce forum, mais pas de sitôt (faut le temps aussi de pratiquer à côté de philosopher ;) ).

Bonne continuation.
René, au plaisir d'une prochaine discussion ;)
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede Pierre-Joseph le Lun 1 Fév 2016 09:59

C'est sûr qu'on passe toujours trop de temps sur un forum virtuel quand on se fait piéger à participer à une discussion mais bon...
C'est sûr aussi qu'on est pas d'accord mais je n'ai jamais eu la prétention du contraire non plus. J'essaie juste de comprendre.
J'aurai peut-être dû préciser que je ne suis pas anarchosyndicaliste, bien que je n'ai rien contre eux, au contraire, mais dans ma situation de précaire-chômeur l'outil syndical n'est pas accessible et, de toute façon inapproprié. Les syndicats dans ma profession sont centrés sur leur clientèle, qui paie mieux il est vrai, mais dont les soucis me concernent assez peu, en tant que précaire-chômeur. Je continue à feuilleter leur presse et leurs papiers de temps en temps mais je ne me sens absolument pas concerné par leurs problématiques de cogestion : leurs critiques en demi-teinte des dernières réformes avec des propositions concrètes, généralement du même tonneau. Merci bien!
Ce qui me gêne un peu dans l'anarchosyndicalisme, ce n'est pas le préfixe "anarcho" mais plutôt le suffixe "syndicalisme" et il me paraît aberrant de reprocher aux anarchosyndicalistes de s'être coupés des masses à cause de leur idéologie alors que la Révolution espagnole a été matée dans le sang (certains historiens parlent de génocide) et que c'est plutôt les syndicalistes qui se sont coupés des masses à cause de leur idéologie bourgeoise, de leurs pratiques cogestionnaires et clientélistes.
Je vois également un point de désaccord entre René et Chevalier du travail sur la filiation du CSR moderne au CSR des années 1920. Pour ma part, j'aurai tendance à accepter cette filiation puisqu'elle est revendiquée. Que les acteurs du csr des années 20 soient tous morts et que leur mouvement soit mort avec eux n'empêche pas cette filiation. On a vu des mouvements mourir (ou presque), généralement dans d'abominables massacres, comme la Commune ou la Révolution espagnole, sans que leurs idées ne disparaissent pour autant. On peut tuer les hommes mais on ne peut pas tuer les idées. Le problème est que je ne parviens à comprendre ni le csr d'hiers, ni celui d'aujourd'hui.
Enfin, j'ajouterai que même si je suis anarchiste, je ne me suis pas coupé des masses. Les "masses", pour reprendre ce terme, je les côtoie tous les jours, dans mon activité professionnelle et mes loisirs et je discute souvent avec elles. C'est vrai que souvent je ne suis pas d'accord avec elles car elles ont toute sorte d'idées (je pourrais faire un inventaire à la Prévert) qui ne me conviennent absolument pas mais ça ne m'empêche pas de garder des relations cordiales, voire amicales avec elles.
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede frigouret le Lun 1 Fév 2016 14:59

Et bé moi je plante des arbres, donc je remue un petit mètre cube de terre a la pelle tout en songeant a notre discussion , puis je pose mon cul dans l'herbe pour la pause et j'en profite pour lire et répondre, c'est cool ce mélange de manuel et d'intellectuel, au bout du compte je me serais, et aurais, cultivé tout en améliorant MON outil de production.
Je continu ma recherche sur Rocker et je découvre une filiation avec Chomsky , que je connais guère non plus, mais je pense que peut être ils vont rejoindrent mon panthéon anarchiste libéral avec les Orwell, Camus.......
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede René le Lun 1 Fév 2016 18:19

.
Cher camarade « Chevalier du Travail »,

Je comprends très bien que tu aies autre chose à faire que de passer ton temps sur un forum.
J’ai l’avantage sur toi d’être retraité et… de travailler en ce moment sur les questions dont nous avons débattu, en particulier sur l’Internationale syndicale rouge. Pour l’instant j’en suis à 400 pages, mais faudra peut-être que j’élague.
Donc notre débat m’a été de ce point de vue très utile.

Si je suis intervenu, c’est parce que je trouve que toi et ton groupe (car je suppose que tu en es un militant, à savoir le « Courant syndicaliste révolutionnaire »), avez une approche totalement faussée de l’histoire du mouvement syndicaliste révolutionnaire, sans parler d’une vision très émotionnelle et passionnelle de l’anarcho-syndicalisme, qui frise un peu l’obsession. La manière dont vous parlez de l’anarcho-syndicalisme m’incline à croire que vous avez des comptes à régler avec ce courant, mais ce n’est là qu’une impression — le genre d’impression qu’on ne peut évidemment pas prouver.
Dans la mesure où vous présentez une vision de la réalité que je considère faussée, et que pendant un temps personne sur ce forum ne semblait la contester, je me suis fait un devoir de présenter aux personnes qui s’intéressent à cette question une autre vision de l’histoire.
Il est significatif que très peu de personnes soient directement intervenues sur ce topic, ce qui n’empêcha pas un grand nombre de personnes de le visiter, puisque j’en suis à 2900 visites, ce qui montre que la question intéresse pas mal de monde.

Je vais moi aussi « arrêter les frais » (je l’avais déjà annoncé, mais, bon…) mais je voudrais avant cela faire quelques commentaires sur tes interventions du

Dim 31 Jan 2016 08:38
Dim 31 Jan 2016 10:31
Dim 31 Jan 2016 13:55

Ces interventions sont intéressantes parce qu’elles résument assez bien la « doctrine » du « Courant syndicaliste révolutionnaire ».

1. — Leur premier argument repose sur le fait que l’adhésion de la CGTU à l’ISR, et le soutien à l’ISR, étaient justifiés par le fait qu’à ce moment-là la révolution mondiale était en phase ascendante. Tout le discours du « Courant syndicaliste révolutionnaire » repose là-dessus. Or cet argument est faux. Depuis le 2e congrès de l’IC, la révolution reflue et toute la stratégie internationale du pouvoir en Russie sera non plus de la propager, mais de mettre en place des mesures destinées à soutenir la politique intérieure de l’union soviétique (y compris la répression féroce des syndicalistes révolutionnaires et anarcho-syndicalistes russes).

2. — Leur second argument repose sur l’idée (conséquence de la première) qu’il fallait adhérer à la stratégie de « front unique » initiée par l’Internationale communiste afin de maintenir l’unité du mouvement ouvrier. Or la stratégie de « front unique » n’était pas destinée à garantir l’unité de la classe ouvrière mais à fournir aux partis communistes faibles et sectaires un terrain syndical sur lequel faire de la propagande.

La stratégie de « Front unique » était la conséquence de trois constats faits par la direction de l’Internationale communiste :

• Le reflux du mouvement révolutionnaire en Europe. (Il suffit de lire les textes mêmes publiés par l’IC pour s’en convaincre.)
• La désaffection du prolétariat européen envers la révolution russe.
• La puissance peu entamée du mouvement réformiste dans la classe ouvrière.

En conséquence de quoi, l’IC ordonna à ses partis membres de cesser de provoquer des scissions, de militer à l’intérieur des centrales syndicales réformistes et de participer à la stratégie électorale. C’est cela, la stratégie de « front unique ». Alors qu’au début, les dirigeants bolcheviks suivaient une ligne « gauchiste », poussant les militants à scissionner des grands appareils réformistes, ils ont changé radicalement de point de vue lorsque très rapidement – dès le 2e congrès de l’Internationale communiste, ils se sont aperçus que la révolution ne s’exporterait pas en Europe.
La puissance de la social-démocratie était peu entamée malgré les accusations obsessionnelles de trahison portées contre elle par les communistes: la classe ouvrière européenne restait dans son écrasante majorité sous l’influence du mouvement socialiste réformiste. De son côté, le mouvement syndical réformiste avait vu ses effectifs grossir de manière extraordinaire – en particulier en Allemagne où ses effectifs avaient littéralement explosé. En résumé, la quasi-totalité de la classe ouvrière échappait à l’influence communiste.

Alors la direction de l’IC a dit : il faut que les communistes restent dans les centrales syndicales réformistes pour y faire de la propagande révolutionnaire. On peut dire que le « front unique » est une forme de stratégie à la Lagardère : si la classe ouvrière ne vient pas à nous, nous irons à la classe ouvrière.


3. — Leur troisième argument repose sur l’idée que l’Internationale syndicale rouge avait une certaine autonomie par rapport à l’Internationale communiste et le gouvernement soviétique, comme si une institution créée par le gouvernement russe, financée par le gouvernement russe et ayant son siège en Russie, pouvait avoir la moindre indépendance par rapport au gouvernement russe — sachant ce qu’était le pouvoir en place en Russie à ce moment-là. Le « Courant syndicaliste révolutionnaire » se retranche derrière la personnalité du bolchevik Lozovsky présenté comme « syndicaliste révolutionnaire », devenu président de l’ISR et susceptible d’influer l’orientation de cette dernière dans le « bon » sens. C’est oublier que ledit Lozovsky, porte-parole bolchevik sur les affaires syndicales internationales, avait présenté aux délégués, avant l’ouverture du 2e congrès de l’IC, un document qui soutenait la dictature du prolétariat, la conquête du pouvoir, la création de cellules communistes dans les syndicats réformistes et la subordination du tout nouveau Conseil provisoire (projet précurseur de l’ISR) à l’Internationale communiste.

4. — Leur quatrième argument repose sur l’idée qu’il était possible de mener à l’intérieur de l’Internationale syndicale rouge une politique d’opposition à la subordination du mouvement syndical aux partis communistes, alors même que cette subordination était l’objectif principal de l’Internationale communiste.

5. — Leur cinquième argument est un fantasme, celui de l’unité de la classe ouvrière, fantasme que tu exprimes très bien dans une de tes dernières interventions. Tu parles de « la stratégie du syndicalisme révolutionnaire qui repose sur l'unité des travailleurs quel que soit son courant au sein du syndicat et leur autonomie organique pour pouvoir édifier le socialisme autogestionnaire et démocratique ». Je ne sais pas trop ce que « unité des travailleurs » veut dire mais si cela signifie « les travailleurs unis dans une seule organisation », il faut arrêter de rêver, dans la mesure où les organisations de masse du prolétariat sont des enjeux pour tous les groupes politiques qui se battent entre eux pour les contrôler.

Mais par-dessus tout, la « doctrine » du « Courant syndicaliste révolutionnaire » est entièrement fondée sur le refus manifeste et catégorique de prendre en compte la nature du pouvoir en Russie à l’époque. Ce que « Chevalier du Travail » exprime parfaitement en disant : « Car c'est bien beau de trancher et de prendre position, mais Kronstadt n'a pas grand chose à voir avec l'ISR. » C’est parfaitement vrai, Kronstadt n’a pas grand-chose à voir avec l’Internationale syndicale rouge. La répression de Kronstadt date de mars 1921, la fondation de l’ISR date de juillet 1921. Mais la Tchéka a été fondée en décembre 1917.
Et Kronstadt n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres. A cette date personne ne pouvait ignorer la nature répressive du pouvoir soviétique. Nos camarades du « Courant syndicaliste révolutionnaire » ne s’étonnent-ils pas de l’absence de syndicalistes révolutionnaires russes dans l’Internationale syndicale rouge ? Ou pensent-ils que d’aussi éminents « syndicalistes » que Zinoviev ou Boukharine étaient les légitimes représentants du syndicalisme révolutionnaire russe ?

Toute la doctrine du « Courant syndicaliste révolutionnaire » est fondée sur le rejet catégorique de tout examen de la nature du régime communiste et sur l’illusion qu’un régime répressif à l’intérieur peut avoir une politique révolutionnaire à l’extérieur.
Il est difficile d’être plus à côté de ses pompes que ça !!!


P.S. J’ai également apprécié le ton de ces échanges. Personnellement je n’ai aucun problème à débattre calmement avec des gens avec qui je ne suis pas d’accord.
Mis à part évidemment la peau de banane (le régime de bananes, plutôt) sur les « collaborationnistes notoires, membres de la Gestapo et de la LVF».

P.P.S.
Pour ne pas trop allonger la sauce, je posterai ultérieurement un autre texte traitant du fameux « pacte » signé entre autres par Pierre Besnard, et qui suscite tant d’indignation chez nos amis du « Courant syndicaliste révolutionnaire ».
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede frigouret le Lun 1 Fév 2016 20:21

Ça serait dommage que tu fasses quatre cent pages sans expliquer pourquoi le communisme devrait être l'horizon indépassable du syndicalisme, sans expliquer en quoi la socialisation des moyens de production et d'échange diffère de l'étatisation , sans avoir tiré les leçons. de l'échec de toutes les expériences d'économie planifiée, sans évoquer le sort que vous réservez aux gens qui comme moi refuseront d'abandonner leur libertés économiques.

J'ai un peu envie d'ouvrir le débat sur la critique du mouvement des bonnets rouge, parce que quoi qu'on en pense ça faisant longtemps qu'un mouvement de protestation n'avait pas fermé la gueule du moloch.
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede Lehning le Mer 3 Fév 2016 17:07

Bonjour !

J'aime bien ce topic car j'y ait appris des choses sur les CSRs, Monatte, Pierre Besnard, Marie Guillot, etc.
Je suis assez intéressé aussi par l'histoire de la CGT-U. Peut-être un nouveau topic en prévision.
Je suis en général intéressé par l'histoire des anars durant les années 20 et 30. (entre autres).

Salutations Anarchistes !
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede René le Jeu 4 Fév 2016 13:06

Le « Pacte » des syndicalistes révolutionnaires

J’ai dit lors de mon précédent message que je posterai un commentaire traitant du fameux « pacte » signé par dix-huit syndicalistes révolutionnaires, dont Pierre Besnard, qui suscite tant d’indignation chez nos amis du « Courant syndicaliste révolutionnaire », et qui le ressortent régulièrement, pensant nous couvrir de honte (« nous » : les anarcho-syndicalistes). Mais ce pacte, je le revendique. Besnard et ses camarades ont fait exactement ce qu’il fallait faire !!! Je regrette simplement qu’ils aient échoué.

Ce fameux pacte date de février 1921. Il provoqua une réponse indignée de Pierre Monatte. (L’Humanité du 22 juin 1922 : « Leur “Pacte”, c’est la négation et la destruction du syndicalisme ». Voir http://monde-nouveau.net/spip.php?article595)

Le passage qui semble avoir choqué le plus « Chevalier du Travail » est celui où les signataires s’engagent à « œuvrer par tous les moyens en notre pouvoir pour qu’à la tête et dans tous les rouages essentiels du C.S.R., principalement à la tête de la C.G.T. quand elle sera en notre pouvoir et sous notre contrôle, nous assurions l’élection, aux postes les plus en vue et responsables, tant au point de vue des conceptions théoriques qu’à celui de l’action pratique, des camarades purement syndicalistes révolutionnaires, autonomistes et fédéralistes. » (Souligné par « Chevalier du Travail »)

Ces dispositions peuvent certes choquer, parce qu’elles rompent avec une vision Bisounours du syndicalisme, mais à cette époque-là, la vision Bisounours, illustrée par la charte d’Amiens, n’avait plus cours. Elle avait d’autant moins cours que les communistes français de l’époque, leurs conseillers soviétiques et Lozovsky lui-même (président de l’Internationale syndicale rouge) s’évertuaient à dire que la charte d’Amiens et l’indépendance syndicale étaient des notions dépassées.

En effet la charte d’Amiens présuppose le principe d’unité de la classe ouvrière (une classe ouvrière = un syndicat), ce qui est très bien en principe mais reste illusoire dans la pratique : la charte d’Amiens dit que le syndicat doit être indépendant des sectes et des partis, et que ceux qui veulent faire autre chose que du syndicalisme doivent le faire ailleurs. C’est très bien aussi, à condition que tout le monde joue le jeu.
Le problème est que tout le monde ne jouait pas le jeu !!!

A partir du moment où un groupe organisé, discipliné, cohérent mais extérieur au syndicat (le Parti communiste par exemple), décide de ne pas jouer le jeu et de pénétrer dans l’organisation syndicale pour en prendre le contrôle, personne, dans les faits, ne peut l’en empêcher.
On cite cette fameuse phrase de Pierre Sémard: «Nous avons pénétré dans la CGT comme une pointe d'acier dans une motte de beurre.»
Le rêve de l’unité s’effondre, et on a beau dire : « M’dame, y joue pas le jeu ! », ça ne change rien.
Or c’est ce qui s’est passé.

Lors du 2e congrès de l’Internationale communiste, une décision a été prise : tous les partis communistes membres de l’IC ont l’obligation d’appliquer 21 conditions impératives, sous peine d’exclusion.
Ils doivent ainsi « se conformer au programme et aux décisions de la IIIe Internationale » ; la presse et les éditions doivent être « entièrement soumis au Comité Central du Parti ». Il faut également « écarter des postes impliquant tant soit peu de responsabilité dans le mouvement ouvrier (organisations de Parti, rédactions, syndicats, fractions parlementaires, coopératives, municipalités) » tous ceux qui ne sont pas conformes. Il est même proposé de « les remplacer par des communistes éprouvés — sans craindre d’avoir à remplacer, surtout au début, des militants expérimentés, par des travailleurs sortis du rang » ce qui, à terme, va poser de réels problèmes.

La 7e condition invite à créer une « rupture complète et définitive », dans « les plus brefs délais » avec le réformisme et le « centre », ce qui laisse interrogateur sur le désir affiché de ne pas créer de scissions dans le mouvement syndical.
Les partis communistes ont pour devoir « d’exiger de tout député communiste la subordination de toute son activité aux intérêts véritables de la propagande révolutionnaire et de l’agitation ». Ils doivent en outre instaurer « une discipline de fer confinant à la discipline militaire » et procéder à des « épurations périodiques ». Les décisions des congrès de l’Internationale communiste sont « obligatoires pour tous les Partis ».

Mais la cerise sur le gâteau, c’est la la 9e condition :

« Tout Parti désireux d’appartenir à l’Internationale Communiste doit poursuivre une propagande persévérante et systématique au sein des syndicats, coopératives et autres organisations des masses ouvrières. Des noyaux communistes doivent être formés, dont le travail opiniâtre et constant conquerra les syndicats au communisme. Leur devoir sera de révéler à tout instant la trahison des social-patriotes et les hésitations du “centre”. Ces noyaux communistes doivent être complètement subordonnés à l’ensemble du Parti. »


Est donc mise en place une stratégie de pénétration dans toutes les structures de la classe ouvrière en vue d’en prendre le contrôle. Aucun militant syndicaliste révolutionnaire de l’époque ne pouvait ignorer l’existence de cette politique. Tous ceux qui prirent la décision de soutenir la politique du gouvernement soviétique et de ses institutions internationales, aussi bien l’Internationale communiste que l’Internationale syndicale rouge, savaient nécessairement.
Aussi lorsque Monatte d’indigne que le « Pacte » des syndicalistes révolutionnaires va à l’encontre de la charte d’Amiens, il sait très bien ce qu’il en est.

Le « Pacte » de Besnard n’est rien d’autre que la réplique à cette attaque généralisée du communisme contre le mouvement syndical. Une réplique très maladroite. En outre, ils ont fait une ânerie pas croyable : ils ont rédigé un texte expliquant ce qu’ils allaient faire, et en plus, ils l’ont signé ! C’est confondant de maladresse parce que c’est le genre de chose qu’on fait, mais qu’on ne crie pas sur les toits. En outre, les signataires de ce « pacte » se sont montrés d’une naïveté invraisemblable en s’imaginant que l’information n’allait pas circuler. Et naturellement, leur « pacte » a été publié au moment même où ça arrangeait le plus ses adversaires : à la veille du congrès de la CGTU… Un hasard ???

Voici le texte de ce « Pacte » :

En acceptant ce pacte, les membres des C.S.R. soussignés, prenons l’engagement d’observer à la lettre l’esprit de ce qui suit:
1° – Ne révéler à personne l’existence de notre comité.
2° – Être présents à toutes les réunions du comité à moins de cas imprévus et sérieux. Fournir des explications justifiées aux camarades.
3° – Pratiquer entre nous une solidarité effective, matérielle et morale sans limite. Se défendre mutuellement contre toute attaque et répondre l’un de l’autre comme de soi-même. Se prêter aide et protection réciproque en se réclamant solidaire l’un de l’autre.
4° – S’astreindre à une discipline très sévère en vue de coordonner tous nos efforts dans la même direction.
5° – Notre seule direction et notre constante préoccupation doit être de faire éclore la Révolution, pour cette cause nous nous engageons à donner nos biens et notre vie.
6° – Représentant individuellement et collectivement le syndicalisme révolutionnaire, nous nous engageons en notre âme et conscience à défendre le fédéralisme et l’autonomie du mouvement syndicaliste.
7° – Nous nous engageons à œuvrer par tous les moyens en notre pouvoir pour qu’à la tête et dans tous les rouages essentiels du C.S.R., principalement à la tête de la C.G.T. quand elle sera en notre pouvoir et sous notre contrôle, nous assurions l’élection, aux postes les plus en vue et responsables, tant au point de vue des conceptions théoriques qu’à celui de l’action pratique, des camarades purement syndicalistes révolutionnaires, autonomistes et fédéralistes.
8° – Nous nous engageons à ne poursuivre la lutte quotidienne générale que sur le terrain du syndicalisme révolutionnaire, à ne nous inspirer que de ses conceptions propres et à ne subir aucune influence extérieure.
9° – Producteurs, notre action et notre espoir se placent dans la vie économique et dans le changement économique de la société. Le syndicat étant la base de la société future, le syndicalisme doit être son couronnement.
10° – Toute critique qui pourrait surgir des personnes ou des idées du Comité doit être formulée au sein du Comité et rien n’en doit transpirer.
11° – Pour l’admission des nouveaux membres, les candidats doivent être présentés par l’un de nous sans qu’il s’en doute, et, en cas d’admission, en principe, les candidats doivent être préparés et travaillés d’avance avant la rentrée, afin d’obtenir leur consentement pour le Pacte et pour toutes ses conséquences et ensuite être amenés au Comité.
Verdier, Besnard, Marie, Bische, M. Relenque, Churin, Macheboeuf, Scheiber, Pothion, Jouve, Ferrand, Daguerre, Maison, Gaudeaux, Sirolle, Varlot, Totti, Fourcade.


Maintenant que dit ce pacte ?
1) que son existence ne doit pas êtré révélée, 2) qu’il faut assister aux réunions, 3) il faut que ses membres soient solidaires, 4) être discipliné, 5) militer pour la révolution, 6) défendre le fédéralisme et l’autonomie dans le mouvement syndical, 8) rester sur le terrain du syndicalisme révolutionnaire, 9) militer sur le terrain de classe (économique), 10) ne pas dégoiser à l’extérieur, 11) fonctionner par cooptation.
Tout ça n’est pas bien méchant, à part le point 1) qui fait plutôt boy-scout.
C’est surtout le point 7 qui indigne les bonnes âmes. Au fond, ce point-là évoque un peu la 9e condition d’admission à l’Internationale communiste, mais il reste selon moi très en dessous d’elle.

Il y a quand même une différence : alors que la 9e condition de l’IC vise à assurer le contrôle des communistes sur le mouvement syndical, la 7e condition du « Pacte » vise à en assurer l’indépendance en faisant élire, au sein de la CGTU, des « camarades purement syndicalistes révolutionnaires, autonomistes et fédéralistes ».
Ce fameux « Pacte » a été mis en place par des militants maladroits, dont ce genre de magouille n’était manifestement pas la tasse de thé et qui ne disposaient pas des conseillers techniques soviétiques qui pilotaient alors les dirigeants de la CGTU.

Monatte est bien mal venu de reprocher au « Pacte » des syndicalistes révolutionnaires d’être « la destruction du syndicalisme », lui qui est resté si discret sur les mesures mises en place par l’Internationale communiste pour détruire le mouvement syndical, et sur son propre rôle dans cette affaire.
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede René le Mer 23 Mar 2016 09:52

Préface d’Alexandre Shapiro au rapport de Pierre Besnard au Congrès Anarchiste International de 1937
(30 mai 1937)


Quand, il y a un demi-siècle environ, les anarchistes russes avaient, les premiers, levé l’étendard de l’anarcho-syndicalisme, ce mot fut reçu assez fraîchement par le mouvement anarchiste. Et en 1917, au lendemain de la chute du tsarisme, qui fut aussi la veille de la Révolution d’Octobre, les anarchistes communistes furent excessivement réservés, voire hostiles, à cette nouvelle formation anarchiste.
L’anarcho-syndicalisme n’est pas une doctrine. C’est la conjonction d’une doctrine déterminée et d’une tactique syndicale également déterminée.

Le syndicalisme révolutionnaire, tel que nous le connaissons en France, avant la guerre, fut créé, pour ainsi dire, et développé par des militants anarchistes, par Pelloutier, par Griffueles, par Pouget. Mais, dès son avènement, ses créateurs et propagandistes, ses militants voulurent entourer ce mouvment d’une muraille de neutralisme absolu à l’égard de toute idéologie politique ou philosophique. Rappelons-nous les termes de la Charte d’Amiens...

Mais la lutte de classes ne peut avoir de valeur positive que si elle est constructive dans ses aspirations. Il fallait donc donner à cette lutte un programme minimum de revendications partielles du présent.
L’anarcho-syndicalisme est précisément né de cette nécessité, que les anarchistes ont fini par comprendre, d’ajouter au programme du jour un programme social qui engloberait toute la vie économique et sociale d’un peuple.
La Grande Guerre balaya la Charte du neutralisme syndical. Et la scission au sein de la Première Internationale entre Marx et Bakounine eut son écho — à la distance de presque un demi-siècle — dans la scission historiquement inévitable au sein du mouvement ouvrier international d’après-guerre.

Contre la politique de l’asservissement du mouvement ouvrier aux exigences de partis politiques dénommés « ouvriers », un nouveau mouvement, basé sur l’action directe des masses, en dehors et contre tous les partis politiques, surgissait des cendres encore fumantes de la guerre de 1914-1918. L’anarcho-syndicalisme réalisait la seule conjonction de forces et d’éléments capables de garantir à la classe ouvrière et paysanne sa complète indépendance et son droit inéluctable à l’initiative révutionnaire dans toutes les manifestations d’une lutte sans merci contre le Capital et l’État, et d’une réédification, sur les ruines des régimes déchus, d’une vie sociale libertaire.

L’anarcho-syndicalisme complète donc l’anarchisme communiste. Ce dernier souffrait d’une lacune considérable qui paralysait toute sa propagande : son détachement des masses ouvrières. Pour y infiltrer les principes libertaires, et pour donner à ceux-ci des possibilités de réalisation, il avait fallu organiser des syndicats et y étayer le syndicalisme sur des bases libertaires et antiétatiques.
C’est ce qu’a fait, c’est ce que continue à faire l’anarcho-syndicalisme.

Maintenant que l’anarcho-syndicalisme existe comme force organisatrice de la révolution sociale sur des bases communistes libertaires, les anarchistes se doivent d’être, pour l’organisation de la révolution, des anarcho-syndicalistes, et chaque anarchiste syndicable doit être membre de la Confédération du Travail anarcho-syndicaliste.

Organisés, en dehors des syndicats, dans leurs fédérations idéologiques (ou « spécifiques », si l’on s’en tient à la terminologie de nos camarades espagnols), les anarchistes restent le ferment toujours en éveil permettant à l’anarcho-syndicalisme de bâtir, mais ne lui permettant pas des compromissions dangereuses.

Mais il ne faut pas que la direction idéologique, qui implique que les « réalisateurs » sont imprégnés de l’idéal des « propagandistes », se mue en direction effective. Jusqu’ici, et surtout après la guerre, les mouvements syndicaux, nationalement ou internationalement, s’étaient toujours trouvés à la remorque d’un quelconque parti « ouvrier » ou d’une Internationale « ouvrière ».
Il ne faut pas que l’anarcho-syndicalisme, qui représente aujourd’hui le mouvement syndicaliste révolutionnaire d’action directe et de reconstruction libertaire, vienne, en imitant le reste du mouvement ouvrier, à se trouver, lui aussi, à la remorque d’une organisation « spécifique » quelconque — nationalement ou internationalement. L’erreur serait aussi irrévocablement fatale qu’elle l’a été pour le mouvement syndical tendance réformiste ou dictatoriale.

La Fédération Anarchiste appuie la Confédération Anarcho-Syndicaliste dans son oeuvre de lutte de classe et de reconstruction révolutionnaire. Elle ne doit en prendre ni l’initiative ni la direction.
Une Internationale Anarchiste ne peut, sur le terrain international qu’être le miroir des Fédérations Anarchistes nationales. Elle sera le rempart de l’AIT, mais ne devra pas devenir son commandant-en-chef.

Tels sont les problèmes que l’anarcho-syndicalisme place devant le mouvement anarchiste et que Pierre Besnard traite dans son Rapport. Leur solution logique ne dépendra que de la juste compréhension du passé, du présent et de l’avenir du mouvement anarchiste, de ses erreurs d’hier et des risques que le lendemain comporte.
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede frigouret le Jeu 24 Mar 2016 09:15

Ou comment engager les " masses" sur les élucubrations économiques d'un kropotkine .
Je ne reproche pas à Kropotkine d'avoir eu des idées , comme tout un chacun, ( cependant je n' accorde que peu de crédit à ceux qui professent des théories sans les mettre personnellement en pratique , et que je sache le prince n'a jamais fait une " mise au tas") mais je reproche l'idée de vouloir en faire un projet global.
D'ailleurs contrairement à ce quˋaffirme le texte ci dessus je trouve que la prétention de vouloir imposer un modèle unique d' émancipation est absurde et réactionnaire comme le déclarait les résolutions de saint Imier et que donc celui-ci n'estpas une continuation de celles-ci.
Que l'on ne s' étonne pas si l' alignement de l' éternelle soif de liberté aux fantaisies de quelques imaginations particulières ait conduit une grande force au gouffre.
8-)
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede frigouret le Jeu 24 Mar 2016 22:25

Du coup cette discussion m'a incitée a m'intéresser à l'histoire du socialisme.
chez les "proto" socialistes j'ai retenu la figure de Colins de Ham, le premier paraît il a avoir utilisé le terme collectiviste, son idée c'était la nationalisation du sol. Il y a une continuité de penseurs qui ont travaillé sur ce thème, Thomas Paine et Henry George outre atlantique , et même proudhon dans " quˋest ce que la propriété " tire la majeure partie de sa réfutation de la propriété individuelle dans les contradictions de l' apropriation des ressources naturelles. Plus récemment le prix Nobel d'économie Elinor Ostrom a gagné ses palmes grâce à des travaux sur la gouvernance des biens communs ouvrant une troisième voies entre privatisation et étatisation , la gestion par les acteurs locaux, tout a fait en continuation avec les problématiques posées par les auteurs précédemment cités.

Bref, pour en revenir au thème de ce fil , je voulais parler de la figure d' Emile Janvion, militant anarchiste, et de son journal " terre libre" tout a fait dans la continuation de la pensée de Colin de Ham. Mais en plus Janvion était antisémite et anti francs maçon, en plus d'être syndicaliste revolutionnaire. Cette mixture entre syndicalisme revolutionnaire , collectivisme et antisémitisme est tout simplement la base historique du fascisme et du nazisme.
8-)
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede frigouret le Sam 26 Mar 2016 21:42

http://comedieus.blogspot.fr/2013/06/be ... t.html?m=1

Un texte de Tucker qui explique bien la différence entre socialisme d'État et anarchie, qui explique bien que les communistes de tous poils, même doit disant libertaire, ne sont pas anarchistes.
8-)
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Re: Le CSR est-il anti anarchiste?

Messagede René le Dim 29 Mai 2016 17:18

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http://www.federation-anarchiste.org/
relations-internationales@federation-anarchiste.org
Internationale des Fédérations anarchistes
lfa@federation-anarchiste.org

Message du groupe libertaire « Organização Popular »
de Rio de Janeiro sur le combat contre la réforme du droit du travail en France



Nos camarades de « Organização Popular » de Rio de Janeiro nous font part de leur extrême préoccupation concernant le combat qui se déroule en ce moment en France contre le démantèlement du droit du travail entrepris par le gouvernement socialiste de François Hollande et Emmanuel Vals, avec le soutien de l’organisation patronale, le Medef.

Ce combat, nous disent-ils, « est très important pour nous. La réforme du droit du travail est une attaque mondiale, qui est en train de se passer ici aussi et qui bientôt va arriver d´une manière beaucoup plus forte.
« Si les travailleurs français gagnent, même si la victoire n´est pas complète, nous aurons plus de chances ici. Par contre, si les travailleurs français perdent, nous aurons plus de difficultés.
« Le secteur de l´énergie est spécialement stratégique et nous sommes en train de subir une très grande attaque qui vise l´approfondissement très accéléré de la privatisation de Petrobras.
« Cet approfondissement très rapide de la privatisation est en marche. Et nous sommes en train de lutter contre cela, mais il faudra augmenter la lutte.
« Et l´exemple français est important pour nous. »

La Fédération anarchiste tient à faire savoir que le combat que nous menons tous contre le démantèlement de nos acquis sociaux, contre la destruction du droit du travail, mené également par les travailleurs en Belgique, est un combat qui est suivi avec inquiétude par les travailleurs du monde et qu’une victoire contre l’Etat et contre le Capital sera une victoire pour les travailleurs de tous les pays.


POUR LA SOLIDARITÉ INTERNATIONALE DES TRAVAILLEURS !



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