Bonjour,
Il y en a pour des heures de débat ontologique...
Quelques réponses, en vrac
1) Ma mère me disait récemment avoir lu une étude qui portait sur "l'humanité" des croyants et des autres... et 90% des croyants seraient "moins humains" que la moyenne (moins curieux, moins ouverts, moins altruistes), tandis que 10% le seraient plus que la moyenne
Donc, déjà, il peut s'envisager que ce n'est pas un système de pensée qui correspond à tout le monde, mais il me semble important de respecter les formes de pensées. Pourquoi proscrire certains modes de pensée?
2) Si Dieu n'a pas d'utilité, nier Dieu n'en a pas plus... L'anarchisme peut se définir indépendamment de la question des croyances individuelles, sans se faire un devoir de mettre à mort Dieu...
Si tu veux voyager loin, ménages ta monture. Il y a suffisamment de combats à mener. Pourquoi s'embarquer dans une croisade contre un "ennemi" aussi insaisissable?
3) "Dieu" a d'abord été conçu dans un environnement "forestier", par des gens qui vivaient à poil, sans titres et sans argent.
"Dieu" dans ce contexte était l’inexplicable... et il me semble que c'est en admettant qu'il est des choses inexpliquées que l'on peut finir par les expliquer. Le tout est de ne pas poser de tabou...
"Dieu" a ensuite toujours été une façon de poser quelque chose au-dessus du dirigeant et il est très clair que les prophètes de partout ont généralement plutôt eu des problèmes avec l'autorité que des affinités.
Mais lui, se retournant et regardant ses disciples, reprit Pierre, disant: Va arriere de moi, Satan, car tes pensees ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes.Je trouve cette phrase fascinante : il a dit à celui qui partit prêcher à Rome, celui qui entraîna le Christianisme a se répandre partout, de dégager...
4) on conçoit souvent mal l'évolution de la conception divine.
Avant Dieu, à mon sens, il y avait la Mère Universelle, quand les êtres humains ne comprenaient pas encore le lien entre sexualité et reproduction
(donc, comme dit le Coran par exemple, avant que : "l'homme fut fait d'une goutte de sperme et devint un querelleur déclaré")
Puis, c'est devenu plus abstrait : "Dieu" / le Grand Esprit / "Atoum"
"Atoum" (Ré / Khépri) signifie "Tout et Rien". C'est une bonne définition de Dieu : "Tout et Rien"
Rien n'était connu à propos de "Dieu" et tout en était connu, peut se lire, par exemple
La découverte du rôle du père entraîna la notion d'espèce, notamment, et fit que tout ce qui avait été dit à propos des termes "homme", "femme" et "enfant" devint abscons. Tout avait été dit de ces notions, d'une façon erronée, et rien n'en avait été dit à l'aulne de la compréhension basée sur l'union de deux êtres dans la même chair.
Des millénaires plus tard, les dieux s'étaient multipliés... car un des effets de l'effondrement du Matriarcat fut que certains comprirent qu'il est possible de leurrer les gens durablement au moyen de récits... et aussi parce que chacun lui fit un visage relatif à ses activités (le dieu des guerriers, le dieu des sages, la déesse des contrats,...)
La solution de l'époque était le compromis : les systèmes de pensée étaient des monothéismes inclusifs. Un Dieu trônait sur le panthéon, "Dieu", et le reste en étaient les visages qui lui avaient été donnés. Les gens, durant l'antiquité, comprenaient à mon sens les choses ainsi, comme les Hindouistes aujourd'hui. Dans le "pays des 33 millions de dieux", ils disent qu'il n'y a qu'un "Dieu" : Vishnu/Brahma/Shiva
Ainsi, chez les Héllènes, un devoir citoyen était de servir le temple si l'on était désigné, quelles que soient les croyances nourries à propos de la divinité... Je doute qu'ils faisaient ça pour imposer des croyances. Je dirais plutôt qu'ils imposaient le respect des croyances.
Ce qui a pourri l'affaire, c'est surtout le monothéisme exclusif :
"Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face"
Ce "commandement" met en avant "plusieurs dieux", mais invite à un rejet, une exclusion, une exclusivité. C'est cela qu'Akhenaton a lancé, un monothéisme exclusif
C'est là que le bât blesse... car on continue de nommer "religion" ce qui est une secte... et que l'état d'esprit de cette secte a corrompu les religions nées par la suite...
5) ceci écrit, l'important pour moi est surtout de comprendre qu'il y a des enseignements à tirer des livres et que se braquer sur ces livres juste parce qu'il y a le mot "Dieu" ou parce que certains l'ont lu de travers est absurde.
La Genèse, par exemple, si l'on parvient à oublier tout ce qu'on a entendu, porte plusieurs discours tout à fait intéressants :
"Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. La terre avait été informe et vide. L'obscurité couvrait les abysses et l'Esprit de Dieu planait sur les Eaux. Et Dieu cria : que la lumière soit!"
=> Au commencement, l'Auteur créa les paroles et le texte. Le texte avait été informe et vide : une page vierge. L'obscurité couvrait les abysses et l'Esprit de l'Auteur planait sur les Eaux : les gens et leurs récits. Et l'auteur cria : que la lumière soit!"
Bref, ça raconte déjà l'histoire d'un livre au travers de la société... point de vue d'auteur qui s'est marré la première fois qu'il a ouvert la Bible et a tout de suite percuté sur ce sens caché...
=> Dans la chaleur du ventre, Maman créa la respiration et la chair. La chair avait été informe et vide. L'obscurité couvrait les abysses amniotiques et le Souffle de Maman planait sur les Eaux... qui furent perdues quand l'enfant jaillit à la lumière pour pousser son premier cri
C'est pas digne d'être enseigné dans les écoles, ça non plus? L'âge adulte est un "Septième Jour", le Jour du re-pos, le Jour du re-positionnement : quand on devient un potentiel éducateur et un potentiel parent.
Si on se braque sur "dieu" en tant que "le super emmerdeur de service", on peut difficilement découvrir ce dont parlaient les anciens