Sauf que près de la moitié des ouvriers sont favorables à Marine LePen selon ce sondage récent.
Ne faudrait-il pas revoir sa copie à ce sujet ?
La volonté d'OPA du FN sur les catégories modestes
Populaire chez les sympathisants UMP, Marine Le Pen cible de plus en plus l'électorat de gauche.
Marine Le Pen va conclure en septembre ce qu'elle a baptisé son « tour de France des oubliés » : ouvriers, « petits fonctionnaires », « retraités modestes », employés, commerçants, agriculteurs... Tous ceux que la présidente du FN considère comme des victimes de ce qu'elle appelle le « mondialisme », et dont elle a voulu, depuis sa campagne présidentielle, se faire le porte-voix. Mais la présidente du parti d'extrême droite ne va pas pour autant abandonner les thématiques qu'elle a développées à leur intention. Bien au contraire. La campagne des municipales et celle des européennes vont être pour elle l'occasion d'enfoncer le clou. Consolider le travail du parti en direction de l'électorat populaire et modeste, souvent abstentionniste. Et auprès duquel Marine Le Pen a réussi à réaliser une percée importante.
Celle qui met en avant depuis son arrivée à la tête du FN le concept d'un Etat stratège, de la défense des services publics, de la réindustrialisation via un « protectionnisme intelligent aux frontières du pays », d'une hausse des bas salaires, de la retraite à 60 ans, celle qui a fustigé l'accord sur l'emploi - « une déclaration de guerre aux salariés, qui les précarise comme jamais » -, a vu sa cote de bonnes opinions grimper chez les ouvriers, selon le baromètre Ifop-« Paris Match ». Passant de 37 % après les européennes de 2009, à 49 % en mai-juin 2013. Chez les employés, le bond est plus spectaculaire. Elle a progressé chez eux de 31 points à 43 % en mai-juin 2013 contre 12 % en 2009.
Un discours qui porte
Le saut s'est produit en 2011, à son arrivée à la tête du parti, avec 32 % de bonnes opinions en février-mars 2011. « Il n'y a quasiment plus d'écart entre les ouvriers et les employés, c'est un phénomène nouveau. Avant, son discours parlait surtout aux ouvriers. Il se diffuse dans l'ensemble des classes populaires », analyse Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'Ifop. Et la part des femmes dans les employés a participé à ce bond. Une « dynamique sociologique », souligne Jérôme Fourquet. S'agissant des étiquettes partisanes, elle progresse plus vite dans l'électorat UMP qu'ailleurs. Là, la popularité de Marine Le Pen a doublé entre 2009 et mai-juin 2013 (de 23 % à 47 %), quand dans l'électorat de gauche, elle est passée de 12 % à 17 %.
Marine Le Pen considère l'électorat de gauche comme une terre de mission. Début septembre, elle va s'atteler au dossier des retraites, refusant toute hausse des cotisations, de durée de cotisations ou encore de recul de l'âge légal. La présidente du FN cherche aussi à attirer les enseignants via le « Collectif Racine ».
Dans la perspective des municipales, le FN multiplie l'ouverture de permanences - une quarantaine depuis septembre 2012 - pour accroître la visibilité locale du parti. Un travail que n'avait pas fait le FN de Jean-Marie Le Pen et qui inquiète le PS. Pour les européennes, le FN va amplifier son discours sur le protectionnisme et contre les politiques d'austérité. Pour essayer là, de capter l'euroscepticisme des classes populaires et moyennes, y compris de gauche, qui avaient dit « non » au référendum constitutionnel de 2005.
Isabelle Ficek
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