Je pense que tout combat pour la décentralisation ou pour la limitation des pouvoirs de l'État est antifasciste,
Je pense que tout combat pour la décentralisation ou pour la limitation des pouvoirs de l'État est antifasciste,
Cheïtanov a écrit:
Historiquement, la bourgeoisie impose par la force un régime fasciste dans un contexte de guerre civile ou de période insurrectionnel. Bien évidemment, les mouvements fascistes peuvent se faire passer pour révolutionnaires avant la prise de pouvoir.
Mais le fascismes'appuie le plus souvent sur un mouvement populaire.
C'est ce qui s'est passé notamment avec la montée du nazisme qui se présentait comme opposé à la bourgeoisie et favorable au peuple.
C'est le discours actuel de Marine Le Pen et de nombreux groupe d'extrême-droite radicale qui se pose clairement comme anti-libéral voire anti-capitaliste.
Cheïtanov a écrit:D'ailleurs si on parlait de stratégie antifasciste ?
Motion antifasciste
Motion d’orientation du 47e Congrès de la Fédération anarchiste réuni à Villeurbane les 2, 3 et 4 Juin 1990
http://www.federation-anarchiste.org/sp ... article772
La Fédération anarchiste ne s’y trompera pas : les discours consensuels actuels ne servent guère qu’à dédouaner une classe politique largement responsable de la montée du racisme et de la poussée de l’extrême-droite.
En effet, comment oublier les bulldozers de Vitry envoyés par le PCF contre les foyers Sonacotra ? Comment oublier les alliances électorales toujours actuelles de la droite avec le Front national ? Comment oublier surtout, cette stratégie criminelle du PS qui consista à favoriser le développement d’un pôle d’extrême-droite afin d’accélérer l’éclatement de la droite parlementaire : introduction politicienne de la proportionnelle, développement des camps de rétention, arrêt du regroupement familial, mansuétude à l’égard des auteurs de violences racistes, couverture des bavures policières. Aujourd’hui Mitterrand va jusqu’à parler du seuil de tolérance, et Rocard multiplie les mesures de traque à l’encontre des immigrés, clandestins ou non. C’est le fonctionnement du jeu politique institutionnel, relayé médiatiquement, qui s’avère très largement responsable de l’audience de Le Pen.
Mais il faut bien reconnaître aussi que la pénétration des thèses du Front national tient soit à la désertion des associations et organisations sociales sur le terrain, en particulier dans les quartiers les plus défavorisés, soit à leur institutionnalisation qui, en les fossilisant, les empêche de prendre en compte les problèmes réels des populations concernées. Dans le même temps, le FN investit ces terrains.
D’autre part, la politique économique des années Mitterrand n’a cessé d’accroître la précarisation et la paupérisation de larges fractions de la population, qui trouvèrent alors dans les thèses du FN la possibilité d’exprimer leurs frustrations, alors que les thèses du FN en matière économique sont ultra-libérales. D’autant, que depuis dix ans, les stratégies capitalistes et gouvernementales visant à l’éclatement du monde du travail (par diverses lois de flexibilité) ont rendu très difficile la compréhension par les salariés de leurs intérêts communs.
Depuis longtemps, les thèses de l’exclusion n’avaient rencontré une telle audience, et joui d’une telle prétendue légitimité. Ce racisme est désormais général, il ne s’attaque pas seulement aux immigrés, mais aussi aux femmes (sur le marché du travail notamment), aux personnes touchées par les virus du Sida ou encore aux homosexuels. De même l’antisémitisme retrouve une seconde jeunesse, notamment grâce au révisionnisme. La Fédération anarchiste ne peut que condamner ce confusionnisme historique qui en traversant l’Histoire, tend à justifier toutes les pratiques racistes et antisémites.
Face à ces dangers, la FA réaffirme la nécessité d’un antifascisme radical, qui va au-delà d’un antiracisme consensuel. Et, dans cette perspective, la FA se fixe plusieurs axes de luttes. Tout d’abord une campagne fédérale mobilisant tous nos instruments d’information et de propagande : elle visera à faire comprendre à tous que l’exclusion ne sert qu’à diviser pour mieux exploiter. Elle réaffirmera aussi la liberté pour chacun d’exprimer sa différence, et ce principe essentiel de l’égalité des droits qu’ils soient sociaux ou politiques.
Mais les mots ne vaudraient rien sans un réinvestissement concret des terrains de lutte (monde du travail, quartiers, vie associative et vie culturelle, réseaux d’entr’aide, lutte pour un logement décent, etc .), c’est la recomposition du tissu social qu’il faut travailler autour de pratiques alternatives.
La Fédération anarchiste décide de la création d’une commission permanente chargée de répertorier toutes les techniques de lutte qui peuvent constituer des ressources efficaces contre l’extrême-droite. Cette commission coordonnera et animera les luttes antifascistes des groupes et des individus, elle mettra en relation les expériences de résistance concrète au fascisme.
La Fédération anarchiste réaffirme que ce n’est pas à l’Etat d’interdire les meetings du FN, ou même le Front national, mais à nous de nous organiser pour nous opposer à la banalisation de l’expression du parti de Jean-Marie Le Pen, ainsi qu’à toute mesure discriminatoire d’où qu’elle vienne.
Fédération anarchiste
Stratégie anarchiste de lutte contre le fascisme
Motion du 54e Congrés (Rennes 17, 18, 19 mai 1997)
http://www.federation-anarchiste.org/spip.php?article753
Notre antifascisme
Notre organisation doit, dans les circonstances actuelles, offrir le cadre d’une perspective antifasciste rupturiste :
- A l’éruption " civique " et populaire qui se développe,
- Au retour vers le " politique " paradoxalement méfiant à l’égard des " politiques "...
La stratégie de notre organisation en matière d’antifascisme doit, en tout état de cause :
- 1. Ne pas limiter l’affrontement au seul Front national. Ce parti s’appuie en effet sur des valeurs identitaires, de fierté d’appartenance nationale, sur des valeurs d’ordre et de sécurité, sur des valeurs de hiérarchie et de méritocratie, sur des idées inscrites dans la " culture nationale ". Or, ces valeurs sont assez largement partagées par des individus, groupes et partis au-delà du Front national.
- 2. Ne pas tomber dans la politique de l’amalgame - théorique et idéologique - qui tend à ranger sur un même plan par exemple, le FN et le PS. Le FN n’est ni le jouet, ni la " création " du Parti socialiste (de l’ère mitterrandienne) pas plus que l’épouvantail agité par une droite revancharde... Aussi devons-nous dénoncer simultanément et de matière différenciée :
- le programme xénophobe et antisocial du parti de l’extrême- droite,
- la politique économique et sociale du gouvernement actuel,
- les perspectives - ou plutôt l’absence de perspectives - du changement sociétaire réel, dans les divers programmes et propositions de la social-démocratie, humaniste ou dite " révolutionnaire ".
- 3. Eviter de réduire la lutte antifasciste à la seule lutte anti- capitaliste. Le fascisme recouvre des réalités diverses, des types de société qui peuvent être différents, même si, fondamentalement, ils reproduisent des fonctionnements similaires au quotidien : notamment l’absence de libertés individuelles et l’absence de respect de la personne humaine...
Nous devons :
- Combattre le fascisme sur le terrain de l’idéologie et du programme,
- Affirmer d’autres valeurs,
- Reconstituer autour de ces valeurs un courant d’opinion large,
- Mettre en place des pratiques alternatives...
Il ne faut pas reconstituer un Front uni des démocrates contre Le Pen, récurrence dans l’histoire d’une tradition antifasciste qui n’a réussi au mieux qu’à faire reculer les échéances de prises du pouvoir, mais jamais n’a opéré un réel barrage à ce même fascisme, pas même à sa légitimation populaire... Nous devons proposer la fédération du niveau local jusqu’au niveau européen d’une force antifasciste
- 1. Autour d’une plate-forme définissant des objectifs concrets évitant ainsi l’écueil des collectifs " unitaires " dans lesquels la largesse des idées vaut surtout pour absence d’idées et le flou idéologique gomme toute idée sérieuse de changement...
- 2. Autour de l’affirmation de l’identité libertaire, de nos analyses, de nos pratiques permettant ainsi de développer et renforcer le courant antifasciste libertaire en même temps que de nouveaux lieux et espaces d’intervention,
- 3. Capable de fournir à tout un ensemble de personnes qui rejettent consciemment ou inconsciemment le fascisme, un cadre concret et militant favorisant ce rejet tout en renouant avec le " politique " et l’idée d’action collective, autour de valeurs d’égalité, de solidarité, d’entraide...
- 4. Oeuvrant pour des conquêtes sociales et culturelles qui investissent divers lieux de vie : associations, concerts, circuits indépendants, quartiers, villages, entreprises... Cette reconquête doit passer par un travail à l’intérieur des structures syndicales existantes afin d’y mener le débat et la confrontation des points de vue...
- 5. Susceptible d’éviter la compromission politicienne favorisée par les autres opérations antifascistes déjà existantes ou qui vont se créer à l’approche des échéances électorales à venir...
- En ne leur prêtant pas plus d’importance qu’à de simples opérations à caractère ou à but politicien,
- En ne s’associant que de manière conjoncturelle avec ces autres composantes de " l’antifascisme " - ou plutôt anti-lepénisme - afin de sauvegarder à l’intérieur de la lutte sociale des espaces d’intervention, d’information et de lutte radicaux
Ni fascisme ni post-fascisme
Motion du 55e Congrès de la Fédération anarchiste (30, 31 mai et 1er juin 1998)
http://www.federation-anarchiste.org/sp ... article755
Le changement proposé par le Front national n’apporte pas une voie politique et sociétaire nouvelle mais vise à mettre en pratique de vieilles idées déjà éprouvées douloureusement, en particulier en France.
- 10 Juillet 1940 : l’assemblée nationale vote les pleins pouvoirs à Pétain (y compris une majorité d’entre les socialistes). C’est le début de la " révolution nationale ", puis " la voie de la collaboration " ;
- avril 1998, les élus du centre et de droite pactisent avec le Front national lors des élections régionales.
Le FN a désormais enraciné son électorat et profite du jeu politicien pour s’ancrer dans les institutions. On peut s’attendre à ce qu’il s’affirme à nouveau à l’occasion des prochaines élections, les européennes, puisque le thème de l’Europe divise la droite comme la gauche.
Aucun parti politique ne peut passer pour un rempart crédible contre la progression du FN. Pas le PS qui est pour beaucoup dans sa médiatisation, se conduisant en pompier pyromane. La préférence nationale ne s’exprime pas seulement à Vitrolles mais aussi dans les lois Chevènement. Pas le PC dont les thèmes nationalistes et autoritaires ont permis le transfert de nombre de ses électeurs vers le parti qui se prétend faussement être aujourd’hui " premier parti ouvrier de France ". Pas non plus les politiciens de droite qui en sont venus à composer puis à pactiser plus ou moins secrètement avec les néo fascistes et n’ont pas rendu ceux-ci plus respectables mais se sont simplement révélés plus malhonnêtes que ne le croyaient les électeurs. Les partis de droite comme de gauche souhaitent en vérité maintenir l’ordre établi.
Lutter contre le FN ne suffit pas. Il faut surtout lutter contre ses idées, ses valeurs et ses pratiques. Celles-ci se diffusent à tous les niveaux de la société, par les discriminations de toutes ordres (chômeurs, immigrés femmes, homosexuels....) ; la banalisation de la xénophobie et de l’antisémitisme, l’exploitation de la délinquance et du chômage dans un discours terrorisant sur " l’insécurité ", liant presque toujours délinquance et immigration. Tout parti politique a maintenant inscrit un chapitre " sécurité " dans son programme.
La fédération anarchiste entend donc s’inscrire non pas dans un " Front républicain " électoraliste mais dans un front des luttes. Les anarchistes appellent à investir toutes les luttes qui sont non seulement sociales mais visent à repousser toute expression de xénophobie, à déconstruire les slogans simplistes, à dénoncer le double langage qui vise à faire passer pour respectable un parti dont les fondements idéologiques sont parmi les pires que l’ont ait connus dans le monde et à déjouer ses tactiques opportunistes.
Fédération anarchiste
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