frigouret a écrit: C'est en réaction aux propos de Willo qui oppose les deux notions que je me decide à ouvrir ce topic.
J'aime bien partir d'exemples, et je vous propose celui-ci :
Il n'y a qu'une source pour les habitants de la vallée. Ceux ci n'ont pas forcément choisis de vivre ensemble , ils sont là c'est tout. Certains voudraient un golf, d'autres jugent que faire du maïs serait plus judicieux et même certains s'inquiète des animaux sauvages qui s'abreuvent à la source.
Alors démocratie ou anarchie ?
Je trouve, non seulement, que ton exemple est un mauvais exemple, mais, surtout, qu'il est mal posé.
Une société libertaire, ce n'est pas le retour au moyen-âge. Ce n'est pas un retour à l'autarcie, ou tout le monde est artisan, fermier, ou berger. Si, gouverner, gérer, et administrer les hommes n'y est plus de mise, il s'agit, cependant, d'administrer les choses. Il s'agit, d'abord, de déterminer les besoins. Alimentation, habillement, habitation, déplacements, ensuite la coordination des besoins et des moyens pouvant les satisfaire, etc ... Il faut aussi distinguer le besoin, et l'envie. Les deux ne peuvent pas être logés à la même enseigne.
Certains voudraient un golf ? Faux problème. Certains veulent pouvoir jouer au golf, ça, oui. Dans ce cas, ils peuvent se déplacer pour ça, dans la mesure du raisonnable, évidemment. Il n'est pas question d'installer un golf, ou une plantation de maïs, dans le salon de tous ceux qui veulent jouer au golf, ou cultiver du maïs.
Certains jugeraient que faire du maïs serait plus judicieux ? Question d'organisation. Est-il question de faire du maïs, ou de satisfaire une consommation en maïs. La coordination, à une échelle plus grande que la localité, de la production de maïs, ou autres denrées de 1° nécessité, doit pouvoir répondre aux besoins de la population dans son ensemble sans que celle-ci soit obligée de tout faire elle-même, sinon quelle utilité de la collectivité et de la vie en société ? Celui qui, dans un cas extrême, veut cultiver lui-même du maïs doit pouvoir trouver une solution sans devoir obliger qui que ce soit à subir son étrange passion pour ce légume.
Et, ce qui caractérise une société libertaire, c'est l'organisation débarrassée de toute notion d'autorité, d'abstraction, de profit, de "privilège", de propriété, de dogme ... etc ... Il n'y a plus de place pour la volonté de pouvoir, de contrôle, d'exclusivité ...
Et, donc, les besoins doivent être exprimés en assemblées, puis en coordinations ou confédération d'assemblées, si besoin est, etc ... La décision, par exemple, de créer un golf ne fait aucun doute possible, car si des personnes ont envie (et, dans ce cas précis, ce n'est pas un besoin) de jouer au golf, la collectivité doit faire en sorte de satisfaire ce voeu.
Ensuite, mettre en oeuvre un projet, ça ne répond pas, seulement, au vouloir, mais c'est subordonné à des contraintes techniques de faisabilité.
Une société libertaire, ça doit permettre à tous, d'avoir accès à tout. Cela ne signifie pas que chacun aura tout à sa porte. Les choses sont, d'abord, pensées pour tous, pour la collectivité, et, non, pour des intérêts particuliers locaux. Cela n'empêche pas que localement des projets peuvent éclore, aussi. Mais, ces projets seront consensuels et originaux puisque la collectivité veille, à travers l'implication de tous, à tout.
De quelle manière prend-on les décisions ? "Une demande" est une décision prise. Toutes les demandes doivent se voir réalisées. La collectivité, à l'échelle la plus adéquate, doit mettre en oeuvre la réalisation de ces demandes chaque fois que son concours est nécessaire.
Les choix doivent être fait avec bon sens. Le bon sens est de satisfaire la collectivité pour tout Un Chacun. Je me répète, si plusieurs besoins sont émis, il va de soi que tous ces besoins doivent être satisfaits. Le reste est affaire d'aménagement rationnel, fonction du besoin, et pas du "caprice".
Les gens, une fois, "dans le bain" sauront faire la part des choses. Si, je suis Anarchiste, c'est parce que j'ai confiance en tout être humain de sa capacité à réfléchir sainement, et à agir en accord avec l'intérêt de toute la collectivité. C'est affaire de conditions, et on ne peut pas transposer des rapports humains made in capitalism dans une société libertaire, car une Révolution a pour vocation de faire voler en éclat ces dits rapports.
Donc, il est possible de dire que la décision est prise "dès que quelqu'un émet un désidérata". Le reste est de savoir comment le mettre en oeuvre, si ça ne pose pas de problèmes, et comment résoudre les problèmes, le cas échéant. Mais, pas de conflit sur savoir ce que l'on va mettre à tel endroit puisque l'important est la liberté d'accès, avec un minimum de contraintes. C'est bien l'un des buts de la Liberté, ... de l'Anarchisme, ... le libre accès à tout.
Pour moi, le problème n'est pas de prendre des décisions pour tous. Sinon, c'est en revenir à une vision centralisatrice de la décision où certains décident et imposent aux autres.
En outre, je ne comprends pas trop qu'on oppose démocratie et Anarchisme, puisque l'Anarchisme suppose le pouvoir de tout Un Chacun sans rien imposer à personne, et, donc, ça dépasse la démocratie dans ce que celle-ci a de centralisateur, d'impérieux, et d'assujettissant pour l'individu.