Proudhon, le Retour...

Espace de débats sur l'anarchisme

Proudhon, le Retour...

Messagede vroum le Dim 20 Déc 2009 12:21

Voici pour le père Proudhon, la liste des mp3 mis à disposition...

à votre bon coeur !

pour le plaisir des esgourdes dégourdies et des zotres...

Image

=> Proudhon - portrait
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Être gouverné, c'est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n'ont ni le titre, ni la science, ni la vertu...

Être gouverné, c'est être à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé. C'est, sous prétexte d'utilité publique, et au nom de l'intérêt général, être mis à contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, concussionné. pressuré, mystifié, volé ; puis, à la moindre résistance, au premier mot de plainte, réprimé, amendé, vilipendé, vexé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé, mitraillé, jugé, condamné, déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé, déshonoré.

Voilà le gouvernement, voilà sa justice, voilà sa morale !

P-j Proudhon extrait de "idée générale de la Révolution au XIXe siècle"



Voici une nouvelle pierre pour approcher la richesse de la pensée de Proudhon...

Remarquable émission avec Hervé Trinquier, Alain Pessin, Daniel Colson ainsi que Max (Publico), David, Roger, Benjamin et Mohamed (cnt) !

Une belle mise en jambe pour rentrer dans cette œuvre dense, trop méconnue et d'une criante actualité...

cette émission du vendredi 12 avril 2002 est restaurée et boostée par nos soins,

=> C'est dispo, là :

http://www.mediafire.com/?jez4mjuzomj

Ou

http://tinyurl.com/ck94z7


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=> Hommage à pierre-joseph Proudhon
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"Tous les partis, sans exception, en tant qu'ils affectent le pouvoir, sont des variétés de l'absolutisme..."

p-j Proudhon

extrait de "Les confessions d'un révolutionnaire"


S'il fallait rappeler l'importance de la pensée de Proudhon, les lectures choisies par Michel Bouquet suffiraient amplement !
Ce document formant hommage à Proudhon a été diffusé le 15 janvier 1965...
Outre les lectures variées évoquées, la présence de Maitron contrebalance quelque-peu le marxien de service...
Quelques années avant les branquignolleries soixant8tardes !

Voici ce valeureux Proudhon porté par la voix de Bouquet dans cette émission restaurée par nos soins,

pour l'écouter pénard à pied, à cheval, au grand air...

=> C'est dispo au chargement pour écoute en mp3, là :

http://www.mediafire.com/?dye5zmgy3zz

Ou

http://tinyurl.com/d5nvus


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=> Proudhon - itinéraire d'un antithéiste
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- vous êtes républicain ?
- républicain, oui mais ce mot ne précise rien
- eh bien, vous êtes démocrates ?
- non.
- quoi ! vous seriez monarchiste ?
- non.
- constitutionnel ?
- dieu m'en garde !
- vous êtes donc aristocrate ?
- point du tout.
- vous voulez un gouvernement mixte ?
- encore moins.
- qu'êtes-vous donc ?
- je suis anarchiste.

P-j Proudhon
Extrait de "Qu'est-ce que la propriété ?"


Une belle occasion pour (re)visiter la richesse de la pensée de Proudhon...
Après avoir proposé une vue générale (le 03/03/09), voici une série de vues particulières.

La première retrace l'itinéraire d'un antithéisme avec Gaston Bordet, cette émission du lundi 10 janvier 1994 est restaurée par nos soins,

pour l'écouter pénard à pied, à cheval, au grand air...

=> C'est dispo au chargement pour écoute en mp3, là :

http://www.mediafire.com/?1tykz5njyyn

Ou

http://tinyurl.com/aqu6qx


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=> Proudhon - la politique et le reste
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Lyon, le 17 mai 1846.

à M. Marx

Mon cher monsieur Marx, je consens volontiers à devenir l'un des aboutissants de votre correspondance, dont le but et l'organisation me semblent devoir être très utiles. Je ne vous promets pas pourtant de vous écrire ni beaucoup ni souvent : mes occupations de toute nature, jointes à une paresse naturelle, ne me permettent pas ces efforts épistolaires. Je prendrai aussi la liberté de faire quelques réserves, qui me sont suggérées par divers passages de votre lettre. D'abord, quoique mes idées en fait
d'organisation et de réalisation soient en ce moment tout à fait arrêtées, au moins pour ce qui regarde les principes, je crois qu'il est de mon devoir, qu'il est du devoir de tout socialiste, de conserver pour quelque temps encore le forme critique ou dubitative; en un mot, je fais profession avec le public, d'un anti-dogmatisme économique, presque absolu.

Cherchons ensemble, si vous voulez, les lois de la société, le mode dont ces lois se réalisent, le progrès suivant lequel nous parvenons à les découvrir; mais, pour Dieu ! après avoir démoli tous les dogmatismes a priori ne songeons point à notre tour, à endoctriner le peuple; ne tombons pas dans le contradiction de votre compatriote Martin Luther, qui après avoir renversé la théologie catholique, se mit aussitôt, à grand renfort d'excommunications et d'anathèmes, à fonder une théologie protestante. Depuis trois siècles, l'Allemagne n'est occupée que de détruire le replâtrage de M. Luther; ne taillons pas au genre humain une nouvelle besogne par de nouveaux gâchis.
J'applaudis de tout mon cœur à votre pensée de produire au jour toutes les opinions; faisons-nous une bonne et loyale polémique; donnons au monde l'exemple d'une tolérance savante et prévoyante, mais, parce que nous sommes à la tête d'un mouvement, ne nous faisons pas les chefs d'une nouvelle intolérance, ne nous posons pas en apôtres d'une nouvelle religion; cette religion fût-elle la religion de la logique, la religion de la raison.
Accueillons, encourageons toutes les protestations; flétrissons toutes les exclusions, tous les mysticismes; ne regardons jamais une question comme épuisée, et quand nous aurons usé jusqu'à notre dernier argument, recommençons s'il le faut avec éloquence et ironie. A cette condition, j'entrerai avec plaisir dans votre association, sinon, non ! (..)

P-jProudhon

Extrait de "Les confessions d'un révolutionnaire"



Une belle occasion pour (re)visiter la richesse de la pensée de Proudhon...
Après vous avoir proposez une vue générale (le 03/03/09), voici une série de vues particulières.

La deuxième aborde le versant politique avec Gaston Bordet et Gaetano Manfredonia, cette émission du mardi 11 janvier 1994 est restaurée par nos soins,

pour l'écouter pénard à pied, à cheval, au grand air...

=> C'est dispo au chargement pour écoute en mp3, là :

http://www.mediafire.com/?gctygqwwmdz

Ou

http://tinyurl.com/a9jvdg


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=> Proudhon - le pouvoir de l'homme sur l'homme
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Jusqu'à douze ans, ma vie s'est passée presque toute aux champs, occupée tantôt de petits travaux rustiques, tantôt à garder les vaches. J'ai été cinq ans bouvier. Je ne connais pas d'existence à la fois plus contemplative et plus réaliste, plus opposée à cet absurde spiritualisme qui fait le fond de l'éducation et de la vie chrétienne, que celle de l'homme des champs.
(..)
P-j Proudhon
Extrait de "De la justice dans le révolution et dans l'église"



Une belle occasion pour (re)visiter la richesse de la pensée de Proudhon...
Après vous avoir proposez une vue générale (le 03/03/09), voici une série de vues particulières.

La troisième évoque la question du pouvoir avec Bernard Voyenne, cette émission du mercredi 12 janvier 1994 est restaurée par nos soins,

pour l'écouter pénard à pied, à cheval, au grand air...

=> C'est dispo au chargement pour écoute en mp3, là :

http://www.mediafire.com/?j3mwnjzmzmw

Ou

http://tinyurl.com/c6tbpf


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=> Proudhon - fédéralisme et anarchisme
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Ce mot de contradiction ne doit pas se prendre au sens vulgaire d'un homme qui se dit et se dédit. Il s'agit au contraire d'une opposition inhérente à tous les éléments, à toutes les forces qui constituent la société, et qui fait que ces éléments et ces forces se combattent et se détruisent si l'homme, par sa raison, ne trouve le moyen de les comprendre, de les gouverner et de les tenir en équilibre (..)

P-j Proudhon

Extrait de la lettre à Charpentier du 24 août 1856 "Correspondance - tome VII - p.116-117"



Une belle occasion pour (re)visiter la richesse de la pensée de Proudhon...
Après vous avoir proposez une vue générale (le 03/03/09), voici une série de vues particulières.

La quatrième expose le principe fédératif et son articulation avec l'organisation anarchiste avec Bernard Voyenne et Gaetano Manfredonia, cette émission du jeudi 13 janvier 1994 est restaurée par nos soins,

pour l'écouter pénard à pied, à cheval, au grand air...

=> C'est dispo au chargement pour écoute en mp3, là :

http://www.mediafire.com/?d54zcndk5jn

Ou

http://tinyurl.com/cs7gpa


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=> Proudhon - le retour
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Religion, philosophie, science : la foi, le sophisme et la méthode; tels sont les trois moments de la connaissance, les trois époques de l'éducation du genre humain.

P-j Proudhon

Extrait de "De la création de l'ordre dans l'humanité"



Une belle occasion pour (re)visiter la richesse de la pensée de Proudhon...
Après vous avoir proposez une vue générale (le 03/03/09), voici une série de vues particulières.

La cinquième et dernière, survole le retour de certaines idées proudhoniennes avec Patrice Rolland, cette émission du vendredi 14 janvier 1994 est restaurée par nos soins,

pour l'écouter pénard à pied, à cheval, au grand air...

=> C'est dispo au chargement pour écoute en mp3, là :

http://www.mediafire.com/?zxfuvwzkjzi

Ou

http://tinyurl.com/bnk282


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=> Proudhon -> actualité
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Jean-Noël Jeanneney lui a con/sacré son émission du samedi 13 juin 2009 :

=> Actualité de Proudhon : la gauche, le crédit et l’Europe

Débutant par une chanson de Maurice Frot et Paul Castanier !
Néanmoins, il a fallu revigorer et polir par nos soins attentionnés ce document pour lui restituer sa bourre de première...

pour l'écouter pénard à pied, à cheval, au grand air...

=> C'est dispo au chargement pour écoute en mp3, là :

http://www.mediafire.com/?z2ytebzjkoy

Ou

http://tinyurl.com/nw9nzd



-> l'invité :
*************
Philippe Régnier, directeur de recherche au CNRS, spécialiste de la littérature française du XIXè siècle et du saint-simonisme, il s’est aussi intéressé aux premiers socialismes et notamment à Proudhon sur lequel il a publié : « Les contradictions littéraires d’un révolutionnaire : Proudhon », Littérature, n° 24, décembre 1976, et « Proudhon et les matérialistes du XVIIIe siècle », in O. Bloch dir., Images au XIXe siècle du matérialisme du XVIIIe siècle, Cahiers de l’Institut de recherche universitaire d’histoire de la connaissance des idées et des mentalités, n° 1, Desclée, 1979. Il a d’autre part travaillé sur la représentation de la Commune de Paris dans les
mémoires, récits et œuvres littéraires de 1871 à 1930 et codirigé avec Roger Bellet "Ecrire la Commune Témoignages, récits et romans (1871-1931)", aux éditions Du Lérot (1994).


-> les intermèdes :
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* Alain Meilland. Prouhon story. Azergues Chanson de Maurice Frot, composée par Paul Castanier en 1975

* Françoise Giroud. Portrait de Proudhon par Victor Hugo. Archive INA Lecture de F.Giroud dans l'émission "Leurs bibliothèques" du 27 aôut 1992

* Edgar Faure. Tradition du socialisme utopique en Franche-Comté. Archive INA Propos extraits de l'émission "Dialogues français" du 13 aôut 1968

* Michel Bouquet. "Je suis anarchiste". Archive INA En 1965, lecture par M.Bouquet d'un extrait de "Qu'est-ce que la propriété?"(1840)

* Marc Ogeret. Le triomphe de l'anarchie. Vogue Cette chanson, écrite en 1901 par Charles d'Avray, figure sur l'album "Chansons contre" édité en 1989

* Louis Arbessier. Le socialisme selon Proudhon. Archive INA Lecture en 1957 d'un extrait des "Confessions d'un révolutionnaire" (1849)

* Georges Gurvitch. L'influence de Proudhon en URSS. Archive INA Extrait de "La Tribune des critiques" du 27 juin 1965

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Re: Proudhon, le Retour...

Messagede vroum le Mer 20 Jan 2010 10:53

Quand Proudhon critiquait la spéculation
par Angelo Riva


La critique de la spéculation boursière et de ses excès était déjà très forte sous le Second Empire. La réédition bienvenue du Manuel du spéculateur, rédigé par Proudhon à l’époque du premier essor du capitalisme financier, est l’occasion de réfléchir aux possibilités de moralisation et de régulation des pratiques boursières.
Recensé : Pierre-Joseph Proudhon, Manuel du spéculateur à la bourse. Une anthologie, introduction de Vincent Bourdeau, Edward Castleton, Georges Ribeill, postface de Paul Jorion, Alfortville, è®e Éditions, coll. « Chercheurs d’è®e. Documents », 2009, 15 €.

Il faut remercier Vincent Bourdeau, Edward Castleton et Georges Ribeill d’avoir exhumé cette référence classique : la lecture de Proudhon donne à réfléchir sur la situation critique de la finance contemporaine. Le Manuel du spéculateur témoigne d’une époque cruciale de l’histoire financière, en France comme à l’étranger : les années 1850. Les volumes négociés à la bourse officielle de Paris sont alors multipliés par 2,5, et les témoignages confirment l’explosion tumultueuse de l’activité de gré à gré (Hautcoeur-Riva, 2009). Les années 1850 ne sont donc pas sans rapport avec l’exubérance des années 2000, même si une comparaison terme à terme serait forcée : les années 1850 sont celles de l’émergence de la bourse parisienne, alors que la bulle des années 2000 est caractéristique d’une bourse mature.

À la lecture du Manuel du spéculateur, on saisit quelques aspects de la pensée de Pierre-Joseph Proudhon, que les éditeurs mettent en perspective dans une introduction restituant le Zeitgeist du temps : « la curée » du Second Empire. L’introduction à l’ouvrage permet de rebâtir les rythmes du devenir de la pensée de Proudhon et, au moins en partie, de la société qui l’entoure [1]. Le Manuel est une « commande » des frères Garnier, les éditeurs de Proudhon depuis 1848. Fraîchement sorti de prison, celui-ci accepte ce travail « alimentaire », une « brochure de pacotille » qu’il rédige avec son acolyte, le journaliste financier Georges Duchêne [2]. Les deux premières éditions de 1853 et 1854 sont anonymes, mais Proudhon se décide à signer la troisième édition, parue en 1857. L’ampleur des transactions boursières et la violente crise qui agite la bourse en 1856-1857 l’incitent à rendre le livre « cent fois plus féroce » et, cette fois-ci, à l’endosser.

Dans l’édition de 1857 (dont on aurait aimé trouver un plan commenté dans l’édition d’è®e qui l’utilise pour composer l’anthologie aujourd’hui disponible), l’œuvre comprend 533 pages. Elle se compose d’une préface, d’une introduction (41 pages), de deux parties (respectivement de 130 et 279 pages) et de considérations finales (51 pages). Dans la préface, Proudhon revendique avec force la paternité de l’œuvre, pour ensuite poser les termes du problème en insistant sur l’évolution rapide des institutions économiques françaises au cours de la première moitié du XIXe siècle. Dans sa vision, la société française serait passée, par la force motrice de la concentration des capitaux, de l’anarchie à la féodalité industrielle qui s’est transformée, sous Napoléon III, en Empire industriel, apogée et stade ultime d’une société fondée sur l’exploitation du travail par le capital. L’introduction reprend et développe ces thèmes en précisant d’abord les déterminants de la production : travail, capital, échange et spéculation. Proudhon expose dans un second temps les abus considérables de la spéculation pour conclure sur la nécessité d’une moralisation de la bourse.

Dans la première partie intitulée « Formes de la spéculation », Proudhon – en réalité, c’est Duchêne qui écrit cette partie – décrit les institutions boursières de l’époque en sept chapitres. L’auteur expose essentiellement les lois, les règlements et les pratiques qui régissent les opérateurs boursiers – officiels et officieux – ainsi que les opérations qu’ils accomplissent. Dans deux chapitres qui manquent un peu d’articulation, il explique l’importance de la bourse dans la mobilisation du capital ainsi que les effets bénéfiques de cette mobilisation (chap. IV) qui, par ailleurs, précipiterait le système économique à sa perte (chap. VII). La deuxième partie – « Matière de la spéculation » – est une compilation de notices qui reprennent les principales caractéristiques, chiffrées ou qualitatives, des titres cotés et de leurs émetteurs. Dans les considérations finales, Proudhon explicite enfin les fondements de sa théorie sociale et économique, et esquisse ce que serait le monde rénové de la République industrielle. Pour mettre au point la réédition aujourd’hui proposée par è®e, les codirecteurs ont décidé de publier des extraits de la préface, de l’introduction, des considérations finales ainsi que du chapitre VII de la première partie, soit 73 pages que Proudhon déclare avoir rédigé lui-même.

De ces passages ressort la position parfois ambiguë de Proudhon vis-à-vis de la spéculation. D’une part, il l’estime être « le génie de la découverte », « la faculté essentielle de l’économie » (p. 69 éd. è®e) : « C’est elle qui recherche et découvre pour ainsi dire les gisements de la richesse, qui invente les moyens les plus économiques de se la procurer, qui la multiplie soit par des façons nouvelles, soit par des combinaisons de crédit, de transport, de circulation, d’échange ; soit par la création de nouveaux besoins, soit même par la dissémination et le déplacement incessant des fortunes » (p. 68 éd. è®e). De l’autre, la même spéculation mène à sa ruine le système qui est en train de se mettre en place. Laconique, Proudhon constate que « l’abus est indissolublement lié au principe ».

Le capitalisme financier et la spéculation

Dans le Manuel, Proudhon perçoit en fait le changement qui s’amorce dans la nature du capitalisme pendant les années 1850 : le passage d’un capitalisme foncier à un capitalisme financier. Cette transition, qui s’accomplira dans les vingt années qui suivent la publication du Manuel, se fonde sur la réforme d’institutions du droit commercial ainsi que sur l’évolution des pratiques, qui accompagnent la diffusion de nouvelles formes dans la production et dans le crédit. Ces transformations, qui touchent aux opérations à terme, aux sociétés anonymes, au fonds de commerce ou au droit des faillites, précipitent les mutations sociales qui mettent à mal la France des notables [Stanziani-Levratto, 2010, à paraître]. Si Proudhon a conscience de ces mutations, il peine à les analyser. Comme le souligne Paul Jorion dans la postface du volume, Proudhon n’est pas un fin analyste (p. 144) et il a du mal, à ce stade, à forger les instruments pour interpréter cette nouvelle réalité socio-économique qui se met en place – comme toujours – dans le désordre : d’où cette sorte de « schizophrénie » vis-à-vis de la spéculation.

Qu’est-ce donc que l’agio, ce côté obscur de la spéculation ? Selon Proudhon, l’agio peut prendre différentes formes. L’auteur met en exergue ce qu’aujourd’hui on appellerait la manipulation des cours, les délits d’initiés ou les risques qui découlent de l’asymétrie d’information et des rapports de force disproportionnés entre participants inégaux. Sans doute, à l’époque, les pratiques des « corsaires boursiers [3] » ne sont pas considérées comme des délits par les lois en vigueur [4]. Mais, au-delà de ces comportements, ce sont surtout les opérations à terme, et plus particulièrement celles faites à découvert, que Proudhon pointe du doigt (p. 90 éd. è®e). La critique de Proudhon vis-à-vis de ces opérations nous replonge dans les plus vifs débats contemporains. Les opérations qu’aujourd’hui nous appelons « dérivées » sont l’équivalent structural, à quelques sophistications mathématiques près, des opérations à terme du XIXe siècle. Hier comme aujourd’hui, elles sont les instruments privilégiés de la spéculation financière et elles représentent la plus grande partie des transactions sur les marchés financiers internationaux.

On appelle opération à terme celle par laquelle un vendeur et un acheteur s’engagent réciproquement, l’un à livrer les titres objets du contrat, l’autre à les payer à une date ultérieure, à un prix fixé le jour de la négociation. Les opérations à terme peuvent se faire les « mains garnies » ou à découvert. Dans le premier cas, celui des opérations « sérieuses », le vendeur dispose lors de la conclusion du contrat des titres (couramment déposés auprès d’un intermédiaire), tandis que dans le second cas, celui du « jeu », le vendeur n’a pas les titres au moment de la négociation. Les opérations « mains garnies » se soldent normalement par l’échange effectif des titres négociés, alors que les opérations à découvert se soldent par le règlement des « différences ». Si les parties ne souhaitent pas livrer ou recevoir les titres, elles peuvent en effet effectuer une opération en sens contraire à la première et, à échéance, ne décaisser ou encaisser que la différence entre le prix d’achat et celui de vente. Dès lors, ces opérations « différentielles » n’ont plus pour objet l’échange de titres, mais la transaction elle-même.

Ces opérations différentielles font courir aux parties un risque de défaut, qui naît du délai que les deux parties s’accordent entre la conclusion du contrat et le dénouement de l’opération. Entre temps, il peut intervenir une variation inattendue de la richesse nette de l’une de ces deux parties, qui affecte sa capacité à remplir ses obligations. Plus le dénouement du contrat est éloigné de la négociation, plus l’exposition à ce risque est élevée car la probabilité de chocs imprévus cumulés s’accroît. Néanmoins, les opérations de bourse donnent naissance à des rapports bilatéraux entre quatre sujets : les deux donneurs d’ordres et leurs intermédiaires commissionnaires respectifs. Cette configuration reporte légalement sur l’intermédiaire de la partie défaillante le risque de défaut qui, sinon, aurait pesé sur l’autre partie au contrat. Pourtant, si le nombre des clients qui se dérobent est suffisant, alors l’actif de l’intermédiaire peut ne pas suffire à désintéresser entièrement les créanciers qui subissent par conséquent des pertes. De plus, les intermédiaires boursiers sont soumis à un autre risque, celui de contrepartie. La défaillance de l’un d’entre eux peut provoquer des pertes chez ceux avec lesquels il a noué des opérations. Les pertes peuvent être telles qu’elles déclenchent des défaillances en chaîne, faisant ainsi advenir une crise systémique qui peut provoquer la faillite de tous les intermédiaires et donc de la bourse.

Or les opérations à terme sans le dépôt préalable des titres et du prix auprès de l’intermédiaire chargé de la transaction en vigueur sont restées illégales jusqu’en 1885. Le dépôt préalable empêche à la transaction de devenir l’objet de la transaction et transforme de facto l’opération à terme en une opération à comptant avec exécution différée, ce qui lui fait perdre tout intérêt. C’est pourquoi les transactions sans dépôt représentent en pratique la totalité des opérations à terme tandis que les différentielles, à cette époque, sont environ dix fois celles qui se concluent par la livraison et le payement des titres. En outre, l’illégalité des opérations à découvert ajoute un aléa juridique au risque lié à la fluctuation des cours. À échéance, la partie débitrice peut se dérober, et si l’intermédiaire recourt aux tribunaux pour l’obliger à payer, ces derniers peuvent accepter « l’exception de jeu » (art. 1965 du Code civil) que le débiteur mauvais payeur invoque. Puisque le code ne reconnaît pas l’incertitude comme cause « sérieuse » d’une convention, alors le tribunal peut considérer l’opération à découvert comme un jeu et ne pas obliger le débiteur à payer s’il considère que l’opération n’est pas sérieuse. Pour les clients des intermédiaires boursiers, c’est la possibilité d’une spéculation sans risque : si elles gagnent, elles encaissent ; si elles perdent, elles ne payent pas.

Proudhon essaie, à l’instar des juges, de distinguer les opérations sérieuses de celles qui ne le sont pas. Encore aujourd’hui, on recherche trop souvent semblable critère essentiel quand il s’agit de distinguer la « bonne » innovation financière de la « mauvaise » spéculation, ou de suspendre la vente à découvert. Selon Proudhon, l’aléa inscrit dans la nature même de la spéculation est nécessairement porteur d’un risque dont la rémunération est toujours un « agio », et c’est bien cet agio qui ouvre la porte à l’abus. S’il compense uniquement le risque que toute combinaison spéculative liée à la production génère, alors « l’agio est légitime » (p. 71 éd. è®e). A contrario, lorsqu’il est recherché pour soi – « l’agio pour l’agio », comme dans les opérations différentielles où l’objet de la transaction devient la transaction en elle-même et non plus les titres sous-jacents –, il entre dans la catégorie du pari et du jeu. Il serait alors non seulement sans aucune valeur sociale, mais il détournerait surtout les capitaux de leur emploi productif. D’après Proudhon, la possibilité d’un agio légitime, consubstantielle à la production dans un régime capitaliste intrinsèquement aléatoire, porte en soi, nécessairement, les opportunités d’agio illégitime. En conséquence, nous dit Proudhon, le seul moyen d’éliminer l’agio serait la suppression de la bourse et l’éradication du système capitaliste [5].

Si l’on envisage de changer de système, alors plusieurs mondes sont pensables, et parmi eux se trouve le mutuellisme que Proudhon préconise. Si l’on considère que les conditions de possibilité pour un tel changement ne sont pas d’actualité, faut-il pourtant renoncer à la moindre réforme ? N’est-il pas alors possible de distinguer les opérations à terme qui ont une valeur économique de celles qui sont strictement chrématistique ?

Réformes et régulations

La théorie économique – que Duchêne semble davantage maîtriser que Proudhon (voir le chapitre IV de la première partie, éd. Garnier 1857) – montre la valeur des opérations différentielles : elles procurent de la liquidité [6]. Si l’on raisonne à système inchangé, une bourse liquide fait baisser le coût du capital pour les émetteurs car les investisseurs sont à même, à n’importe quel moment, de liquider leur investissement « avec le simple ministère d’un agent de change » (p. 74, éd. Garnier 1857). Duchêne semble comprendre le rôle primordial de la liquidité dans la mobilisation du capital : sans cette garantie de sortie, les investisseurs ne seraient pas disposés à acheter des titres ou sinon ils demanderaient une prime de risque d’illiquidité qui augmenterait d’autant le coût du capital pour l’émetteur. En fait, toutes les opérations différentielles contribuent à la liquidité des marchés. « L’agio pour l’agio » a une fonction économique : il permet la mobilisation du capital qui, à son tour, permet l’accomplissement d’œuvres dont Duchêne ne manque pas de faire l’éloge (voir le chapitre IV de la 1ère partie, p. 70 et suiv. éd. Garnier, 1857).

Cela revient-il pourtant à dire qu’il faut laisser la bride au cou des « pirates » et que la spéculation doit pouvoir s’exercer sans contrainte aucune ? Certainement pas. Pourtant, hier comme aujourd’hui, la critique fondée sur le type d’opérations ne nous semble pas opérationnelle puisque il est difficile de se rapporter à la nature du contrat pour distinguer la « bonne » de la « mauvaise » spéculation. On devrait davantage porter l’attention sur le marché où l’opération est réalisée et sur les intermédiaires qui l’exécutent : les risques liés aux opérations ne sont pas indépendants du marché où ces opérations sont exécutées. La négociation sur un marché réglementé et transparent n’implique pas les mêmes risques que la négociation sur un marché de gré à gré, opaque et anonyme. Les marchés réglementés ne correspondent pas à l’image d’Épinal, mais hier comme aujourd’hui les excès, d’échange et autres, trouvent dans les marchés peu ou pas réglementés un terrain fertile où se former.

En France, au XIXe siècle, la construction sociale et institutionnelle de la Compagnie des Agents de change de Paris, les intermédiaires boursiers officiels, est indissociable de la volonté de se prémunir contre les risques qui dérivent de ces opérations différentielles et des coups de bourse dont elles sont souvent les instruments. L’organisation de la bourse officielle de Paris est en effet façonnée pour créer un marché transparent, relativement stable et sûr. La transparence permet de réduire (sans jamais les éliminer tout à fait) les problèmes d’asymétrie d’information, de rendre plus difficiles les délits d’initié (ou au moins d’augmenter la probabilité que ces délits soient portés à la connaissance du public) et de faciliter la confrontation de l’offre et de la demande. Ensuite, des règles strictes de l’échange ont pour but de réduire les risques de marché en contenant l’auri sacra fames des clients. Enfin, la garantie de bonne fin des opérations à la bourse officielle assure à ses clients qu’ils ne perdront pas un centime en cas de défaut d’un agent de change. Cette organisation a permis aux agents de change de légitimer les opérations qu’ils exécutaient en démontrant la fiabilité de leur organisation [Hautcoeur-Riva 2009, Lagneau 2009, Lagneau-Riva 2010, Riva-White 2010, Verley 2007].

Le paradoxe d’une stabilisation de la bourse par la légalisation des opérations spéculatives n’est qu’apparent. Quelles étaient en fait les conséquences de l’agencement des responsabilités juridiques entre parties contractantes et intermédiaires qui découlait de l’illégalité des opérations à terme et de l’incertitude de la jurisprudence des tribunaux ? L’instabilité du marché par la spéculation sans risque accroissait l’instabilité des intermédiaires [Riva-White, 2010]. En revanche, la légalisation des opérations à terme trois ans après le krach de 1882 a diminué la volatilité des cours [Hautcoeur-Riva, 2009] et réduit le nombre de faillites d’intermédiaires [Lagneau-Riva 2010 et Riva-White 2010], sans que la liquidité du système soit compromise [Hautcoeur-Rezaee-Riva 2010]. Plutôt que de vouloir séparer le bon grain de l’ivraie, l’histoire boursière nous enseigne que le plus important consiste à bien séparer les marchés réglementés des marchés de gré à gré et à bien veiller à ce que les intermédiaires des premiers et les banques ne s’aventurent pas sur les seconds.

Si l’on peut faire un reproche aux auteurs de l’introduction du volume, c’est bien celui-ci : ils ont résumé l’histoire de la bourse de Paris des années 1850, sans insister sur son organisation socio-institutionnelle. Rares sont en fait les références concrètes aux marchés boursiers et à leurs intermédiaires (comme les agents de change et les coulissiers, ces opérateurs officieux mais tolérés dans les années 1850 de la Coulisse). Les éditeurs ont fait le choix de travailler davantage sur les représentations sociales de la bourse et, comme Proudhon (mais non pas Duchêne) l’a fait, de souligner excessivement les scandales qui ont rythmé l’époque. La bourse de Paris et ses opérateurs n’étaient ni parfaits ni sans reproches. Pourtant, ils n’ont pas démérité dans leur fonction d’auxiliaires du financement de l’économie et de fournisseurs de liquidité [Gallais-Hamonno-Hautcoeur 2007]. Surtout, l’organisation corporative des intermédiaires boursiers officiels nous rappelle que l’autorégulation ne peut être que la contrepartie d’une discipline non seulement admise mais bien incorporée par les opérateurs de bourse, et cela ne peut être le fait que d’un renouveau moral et éthique : un système structuré d’incitations institutionnelles doit en guider les actions. Si le temps des officiers ministériels à la bourse est révolu, l’autorégulation strictement conditionnelle à une discipline exemplaire sur la longue période constitue, encore aujourd’hui, une puissante idée régulatrice.
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Re: Proudhon, le Retour...

Messagede miclav le Mar 7 Fév 2012 01:20

Guénial!
Merci!
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Re: Proudhon, le Retour...

Messagede joe dalton le Dim 11 Mar 2012 23:12

miclav a écrit:Guénial!
Merci!

guenial effectivement !
vroum a écrit:Proudhon expose dans un second temps les abus considérables de la spéculation pour conclure sur la nécessité d’une moralisation de la bourse.

c'est guéant même je dirais(claude bien sure) !
croyez toujours vroum, ce n'est pas un trotskiste !.
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Re: Proudhon, le Retour...

Messagede Cheïtanov le Lun 12 Mar 2012 00:29

:lol:
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Fuck Proudhon,

Messagede herope le Lun 12 Mar 2012 02:10

Proudhon n'est pas anarchiste !!!

Lisez sa bio !!!!
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Re: Proudhon, le Retour...

Messagede vroum le Dim 29 Déc 2013 13:25

Proudhon -> rapidos

Tous les partis, sans exception, en tant qu'ils affectent le pouvoir, sont des variétés de l'absolutisme.

-> pierre joseph Proudhon



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Re: Proudhon, le Retour...

Messagede vroum le Dim 29 Déc 2013 14:47

Proudhon -> une histoire

Être gouverné, c'est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré,réglementé, parqué, endoctriné, contrôlé, estimé, apprécié, censuré,commandé, par des êtres qui n'ont ni le titre, ni la science, ni la vertu...

Être gouverné, c'est être à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté, cotisé,patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé,

redressé, corrigé. C'est, sous prétexte d'utilité publique, et au nom de l'intérêt général, être mis à contribution, exercé, rançonné, exploité,monopolisé, concussionné. pressuré, mystifié, volé ; puis, à la moindre résistance, au premier mot de plainte, réprimé, amendé, vilipendé, vexé,traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé,mitraillé, jugé, condamné, déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble,joué, berné, outragé, déshonoré.

Voilà le gouvernement, voilà sa justice, voilà sa morale !

-> pierre joseph Proudhon



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Re: Proudhon, le Retour...

Messagede bajotierra le Dim 29 Déc 2013 15:50

qu l on fait la pub de Proudhon sans dire en quoi les fachots peuvent le revendiquer


je suis d'accord avec ça et ce serait mieux de développer l' affirmation plutôt que de la repeter ...
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Re: Proudhon, le Retour...

Messagede vroum le Dim 29 Déc 2013 15:53

Bien moi je pense que la meilleure façon de prouver que Proudhon n'a rien à voir avec les fachos (et vice et versa) c'est faire connaître sa véritable pensée et ses écrits, ce topic y contribue
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Re: Proudhon, le Retour...

Messagede Lehning le Dim 29 Déc 2013 20:50

Bonsoir !

Bien entendu que Pierre-Joseph PROUDHON n'a rien à voir avec les fafs (et les propos outranciers récurrents de jeannetperz démontrent son ignorance à ce propos ou sa couardise haineuse déplacée)

Celles et ceux qui parfois le revendiquent sont les libertariens(nnes) [dans une démarche anti-étatiste douteuse de leur part] et l'autre fait (très connu) c'est que Pierre-Joseph PROUDHON avait des aspects misogynes. Certes. Mais... (tout les penseurs du XIX°, ou presque étaient ainsi). Ca n'excuse pas évidemment.
Et l'autre fait (allons jusqu'au bout !) ce serait l'antisémitisme de Pierre-Joseph PROUDHON (pourtant jamais publié de son vivant ; quelques bribes retrouvés dans des Carnets posthumes) Là, idem, tout le XIX° siècle était gangrené par ça, hormis quelques rares exceptions (St-Simon notamment, voire Fourier (?)).
Elisée RECLUS a revu son jugement à propos de ça qu'à partir des années 1880 quand il a eu pour secrétaire Léon METCHNINKOFF, juif d'origine !

Maintenant, je pense qu'il faut surtout s'attacher à relire Pierre-Joseph PROUDHON dans ses aspects politiques, économiques et sociaux, clairement anarchistes (n'en déplaise...) et laisser les vieilles polémiques au vestiaire: "Qu'est-ce que la propriété ?", etc.

Il existe également un excellent documentaire biographique sur Pierre-Joseph PROUDHON, expliquant surtout les théories économiques de celui-ci (Banque du Peuple, mutuellisme, etc.), réalisé par mon ami Hugues PEYRET et Anne Argouse "Où est passé Proudhon ?"...

Salutations Anarchistes !
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Re: Proudhon, le Retour...

Messagede leNouveau le Lun 30 Déc 2013 09:22

Bonjour

je pense que jeannetperz fait allusion aux "Cahiers du Cercle Proudhon", revue éditée au début du XXe siècle,
réunissant des syndicalistes révolutionnaires et des monarchistes de l'Action Française, c'est une revue
qui est utilisée par l'extrème droite anti-capitaliste et considérée comme influence théorique du parti fasciste
de Mussolini;
je pense comme Vroum qu'il est important de faire connaitre les idées de Proudhon, pour ne pas qu'elles soient
récupérées par l'extreme droite
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Re: Proudhon, le Retour...

Messagede jeannetperz le Lun 30 Déc 2013 10:04

frigouret a d une certaine manière planté la contradiction j ai répondu. Le Proudhon a soutenu le césarisme politiquement il fut pas claire. En fait l ex droite le récupère pas mais fait une interprétation car on peut lire Proudhon de plusieurs manières. faut que la fafa la vroum et le Leh soient largués pour sortir des trucs dépassés et inadaptés : les vieilleries et ripolinage du capitalisme. Mais quant on confond anarchisme et trotskisme démocratie et stalinisme que peux t ont faire ?
de toute façon quant on comprend ce qui présentement ce passe et on a aucune idée d éco socialiste on ressort les vieux truc pour jouer l historien des idées politiques.
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Re: Proudhon, le Retour...

Messagede vroum le Mer 1 Jan 2014 12:02

Proudhon -> moment proudhonien

! nouveau mouillage

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Re: Proudhon, le Retour...

Messagede René le Ven 31 Jan 2014 11:30

Des tas de courants qui n'ont rien à voir avec l'anarchisme ont pu se revendiquer de Proudhon parce que sa lecture n'est pas toujours facile.
Un exemple: en 1840 il dit: la propriété c'est le vol.
En 1860 il dit: la propriété c'est la liberté.
Contradiction, donc ?
Mais il dit également: sur la question de la propriété je n'ai jamais changé d'avis.
Alors soit on se dit: Proudhon déconne.
Soit on se dit: qu'est-ce qu'il y a de vrai dans cette contradiction.

En fait, il dit: le vol se situe dans l'appropriation indéfinie de la plus-value par le propriétaire.
A tel point qu'il donne l'exemple du grand manufacturier qui n'en a rien à foutre s'il n'est pas propriétaire du terrain sur lequel se trouve son usine, des machines qui sont dans l'usine, etc. du moment qu'il peut s'approprier la plus-value produite par les ouvriers.
La fixette sur la question de la propriété est un fantasme de petit bourgeois terrorisé à l'idée de tomber dans le prolétariat.
Il y a des gens qui sont tellement pétés de thunes qu'ils vivent dans des suites à l'année dans des hôtels de luxe. Ils en ont rien à foutre d'être propriétaires.

Je n'ai pas connaissance que Proudhon ait pu être revendiqué par les fascistes, mais par certains libéraux, oui.
Il faut savoir cependant que le mot "libéral" en 1850 n'avait pas le même sens qu'aujourd'hui.
Evidemment, si on ne sait pas ça on risque de dire des conneries.

Il y a un texte qui essaie d'expliquer tout ça:

«Proudhon libéral ?»

http://monde-nouveau.net/spip.php?article177
René
 
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Re: Proudhon, le Retour...

Messagede vroum le Ven 18 Avr 2014 20:49

la propriété c'est le vol -> reloaded

Pour être un membre irréprochable parmi une communauté de moutons,

il faut avant toute chose être soi-même un mouton…

-> albert Einstein



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