de dragan le Jeu 22 Juil 2021 13:42
Je comprends ta démarche Lehning, mais je prends le problème par un autre bout (c'est pour ça que j'ai mis l'exemple du monopoly plus haut). Ce que je souligne, c'est que c'est les règles du jeu qui sont mauvaises, alors qu'on a tendance à se focaliser sur les joueurs. Pour moi, il est évident que le riche va chercher à protéger son patrimoine et que, quand il a le pouvoir, il fera tout pour le garder. Ça fait partie des règles qui ont été mises en place qu'il faut faut remplacer par autre chose.
Alors 2 questions (au moins) se posent:
1/ quelles règles nouvelles mettre en place
2/ comment y arriver
Pour le 2/, c'est le militantisme des anarchistes qui vise à y répondre, bien qu'on soit le pot de terre contre le pot de fer...
Quant à la réponse à la première question... on est d'accord sur le fait qu'il faille partager le pouvoir ("sans pouvoir" veut bien dire, partager le pouvoir, non?) et mieux partager les richesses. Mais pour moi, ça ne peut pas se faire comme ça, de par la bonne volonté de tous. Ce qu'il faut, c'est une construction-cadre qui nous maintient dans le "non-capitalisme". Or, qu'est c'est qui nous empêche de nous maintenir ainsi ?
Ben, c'est l'argent. Ou plutôt, la façon dont on s'en sert. Ce sont les règles du jeu économique qui ont conduit inéluctablement toutes les civilisations au capitalisme, puis au néo-libéralisme (qui est un capitalisme hardcore, libéré des contraintes que posent, en principe, les Etats pour empêcher trop de débordements).
Selon moi, il faut donc impérativement trouver de nouvelles façons de commercer, d'échanger les marchandises (sans en revenir au troc qui ne peut pas marcher à grande échelle).
Il y a bien longtemps, j'ai entendu parler d'un mouvement qui se disait humaniste et qui prônait l'éco-sociétalisme. Sans être complètement d'accord avec leur philosophie, j'ai trouver que l'idée de base qu'ils proposaient était simplement géniale. Ils parlaient de brûler l'argent de la vente.
Oui, moi aussi, j'ai tiqué en entendant ça, puis, après réflexion, j'ai trouvé que c'était un bon début. En fait, ça signifie que, quand tu fais tes courses, l'argent sort de ton compte en banque, mais qu'il ne va pas dans la poche du vendeur (c'est ça "brûler l'argent de la vente").
Après, il faut trouver un moyen de mettre de l'argent sur ton compte. Et c'est là que je n'étais pas d'accord avec eux. Ils proposaient (ce qui était louable), qu'on rémunère les gens selon leurs actions sociétales (autrement dit: t'es mieux payé quand tu fais quelque chose de bien pour la société et moins bien payé sinon). Pourquoi, je ne suis pas d'accord? Parce que, ce n'est pas "anarchiste". S'il y a une entité au-dessus de ta tête qui juge si ce que tu fais est bien ou mal, tu n'es plus dans un régime anarchiste, mais pyramidal.
Et là, j'ai pensé qu'il fallait quelque chose de plus juste. L'argent ne devrait pas être donné par A à B (ce qui impliquerait, de facto, que A ait du pouvoir sur B). Alors, mon idée, c'est que l'argent doit simplement apparaître sur ton compte, en accord avec un contrat que tu auras obtenu (contrat de travail ou certificat d'invalidité ou pension, etc.). Ainsi, de l'argent apparaît, ex-nihilo, et il disparaît quand tu le dépenses, ad-nihilo.
Après, il faut savoir combien. Combien gagne le boulanger ? et combien coûte son pain ? Ben, c'est là que ça devient anarchique : c'est nous tous qui décidons par des votes (alors, évidemment, il faut que ce soit organisé pour qu'il n'y ait pas de pagaille, mais c'est l'idée... et puis, il faut que ce soit sensé; par exemple, si le boulanger est à 100km de chez moi, ça ne fait pas de sens que je me prononce sur son salaire ni sur le prix de sa baguette). Mais on voit là qu'on réussit, avec ce principe, à découpler le prix des choses de celles et ceux qui les fabriquent. De cette façon, l'avidité qui consiste à vendre toujours plus pour amasser plus disparaît. Le boulanger, s'il veut bien être payé, il doit faire du bon boulot; son salaire ne dépendra pas du nombre de baguettes vendues. Et le prix du pain n'est absolument pas son affaire.
Par contre, nous tous, on a le pouvoir de faire monter le prix des trucs qu'on estime dangereux ou inutiles.
Bon. J'arrête là pour l'instant.