Les Associations Corporatives

Espace de débats sur l'anarchisme

Les Associations Corporatives

Messagede LibertinettE le Mar 16 Mar 2021 12:54

Vieux texte critique du syndicalisme signé par Albert Libertad sous pseudonyme. En deux parties.

LES ASSOCIATIONS CORPORATIVES

Dès les premiers numéros de l’anarchie en des articles à propos de la journée de huit heures, j’attaquais incidemment la Confédération Générale du Travail sur la prétention qu’elle a de confédérer tous les travailleurs, sur le rôle de transformation sociale qu’elle déclare pouvoir jouer. J’émettais l’opinion qu’il faut déterminer ceux qu’on appellerait des travailleurs.

De la, évidemment, naissait la théorie du travail inutile que je n’ai certes pas la prétention d’avoir mis au jour, mais pour le développement de laquelle j’ai fait tout ce que j’ai pu.

Ce n’est pas que j’ai lieu de trop m’en flatter car cela m’a valu tant de haros que je me suis demandé souvent si, comme le baudet de la fable, je n’allais pas être mangé. Mais je dois avoir la peau dure. D’autant plus que Libertad, pillard comme pas un — au fond je ne sais pas trop qui pilla l’autre — se tailla quelque succès de tribune en faisant valoir cette théorie, ce dont je le remercie, et ne tarda pas à partager le poids des malédictions. C’est lui qui présenta à Paris et dans presque toute la province le fameux Chevalier de la Pince-à-Sucre — le contrôleur type des chemins de fer, des tramways et métros pour ceux à qui le titre n’apprendrait rien —.

Je dirais en passant qu’il ne croyait pas si bien dire en les consacrant de l’Ordre de la Chevalerie. Ils ne tardèrent pas à lui montrer que si ceux de la Pince-monseigneur pouvaient travailler glorieusement à l’attaque des coffre-forts, ceux de la Pince-à-sucre sauraient travailler efficacement à leur défense. Sur la ligne du Nord, un employé échauffé lui dit, dans le dos, avec sa pince retournée une plaie double dont il se ressentit longtemps — et dans l’affaire dont nous parle Candide — et qui a valu à notre ami et à d’autres quinze jours de prison préventive, c’est encore armé de sa pince que se dresse tragédiquement le contrôleur du métro.

L’outil inutile devient vite une arme dangereuse.

Cette affaire a pu me faire songer à rouvrir le débat que je paraissais avoir abandonné et que j’avais seulement négligé, appelé par une étude de fort longue haleine, mais ce n’est pas la seule raison qui me décide. Je viens de suivre la campagne menée par les employés de l’Etat afin d’obtenir le droit de se syndiquer, le droit de se confédérer. La question syndicale prend de l’extension ; elle vaut qu’on l’examine sérieusement sans se laisser arrêter par d’autres considérations que celles de la vérité.

* * *

Qu’est ce qu’un syndicat ?

Un syndicat est une association d’individus de même métier, travaillant au compte d’autres hommes, en échange d’un salaire, réunis en vue de défendre les intérêts qui leur sont communs à l’occasion de ce dit métier. Ces individus font, en cette association, abstraction de toutes leurs autres qualités, familiales, politiques,et morales. Il est donc bien entendu qu’ils ne sont liés que pour les questions corporatives. Il y est traité de tarifs, de durée du travail, d’hygiène, de coalition, de grèves, etc., etc. Une cotisation est versée par chacun en vue de subvenir aux frais divers. Quelquefois même le syndicat est la base d’une association de secours mutuels en vue de tempérer les effets du chômage et ceux de la maladie. Un fonds dit de résistance peut servir au cas de grève à aider les plus malheureux des grévistes.

Qu’est-ce qu’une fédération ?

Une fédération est une association de syndicats de même nature réunis en vue de défendre les intérêts qui leur sont communs, à l’occasion de leur genre de travail. Soit par suite de la similitude de leurs métiers, soit par suite du rapprochement nécessité par l’exercice de ces métiers. Il est évident que les syndicats font, en vue de cette association, abstraction de toutes leurs qualités d’un ordre corporatif trop essentiel. Il est traité de la délimitation des travaux respectifs à chaque syndicat de coalition de grèves au point de vue général, ou simplement en vue de soutenir une des branches de la corporation, à charge de revanche. Une cotisation est prélevée sur l’apport précédent et affectée à cette nouvelle association.

Quelquefois la fédération n’est qu’une association de syndicats de mêmes métiers de différentes régions. Quelquefois, très souvent, elle réunit les deux formes. Il arrive que, dans ce cas — le premier surtout — c’est la fédération qui devient la base de l’association de secours mutuels et afférents.

Qu’est-ce alors que la Confédération Générale du Travail ?

Elle est une association de fédérations réunies en vue de défendre les intérêts qui sont communs à leurs membres en tant qu’individus travaillant pour un salaire. C’est dire qu’elle s’occupe de faire présenter les lois générales d’hygiène des ateliers, de faire déterminer la juridiction à suivre dans les conflits du travail, etc., etc. Elle ne peut à aucun moment s’occuper des idées sociales ou religieuses des législateurs qui sont favorables à un projet proposé par elle. Les fédérations se cotisent pour faire subsister ce nouvel organisme.

Il advient que les gouvernements, les départements, les municipalités subventionnent ces sortes de groupements (syndicats, etc., etc.) qui favorisent l’harmonie entre les différentes classes de la société, travaillent à résoudre les petits conflits en dehors des tribunaux ; permettent le placement des travailleurs ; facilitent les travaux de statistiques, établissent une sorte de balance équilibrant les forces ouvrières selon les besoins des industriels ; poussent ou arrêtent les apprentis dans telle ou telle corporation.

* * *

Avec ces définitions nous pouvons serrer la question de près.

La Confédération générale du Travail actuelle prétend former le cadre d’une société nouvelle basée sur la non-exploitation de l’homme par l’homme, c’est à dire sur la suppression du salariat.

A aucun moment, en suivant point par point le travail de son élaboration, les éléments nécessaires à une transformation sociale ne sont entrés dans l’organisation de la C. G. T. ou tout au moins pas d’une façon qui puisse assurer l’homogénéité de pareils éléments avec les éléments constitutifs de cette association. On n’additionne pas des nombres formés d’unités de valeurs différentes. On travaille à former des unités d’un ordre nouveau qu’on additionne ensuite. Alors, seulement, l’opération a de la valeur.

Etant entendu que la Confédération n’est que la somme d’une partie des qualités des fédérations ; que les fédérations ne sont que la somme d’une partie des qualités des syndicats ; que les syndicats eux-mêmes ne sont que la somme d’une partie des qualités des individus ; étant entendu que s’il est possible d’additionner les forces de même ordre, on ne saurait faire qui se trouve dans la somme autre chose que dans les nombres la formant.... il devient évident que la Confédération Générale du Travail ne peut réunir les individus qu’en tant que travaillant au compte d’autres hommes, en échange d’un salaire et ce, abstraction faite de toutes leurs autres qualités.

Elle a donc à sa base le principe de l’acceptation du salariat et qui plus est, elle ne peut s’occuper des intérêts des individus que pour des question de travail, d’un ordre très général et qui perdent en profondeur ce qu’elles gagnent en étendue.

C’est une association au troisième degré, qui, au rebours des autres, loin de subir une sélection, augmentant la netteté de ses vues et la force de ses membres, devient de plus en plus flou et imprécise comme ces vastes associations de secours-mutuels ou ces fédérations de sociétés de musique dont tout le travail consiste à nommer des présidents et des membres d’honneur.

Après être passés par les formes précédentes, les individus qui composent la C. G. T. ont laissé leurs qualités de travailleurs corporatifs et ne peuvent plus être considérés qu’en tant que salariés. Mais ils ne sont tout de même pas au même point, ils n’ont pas la même valeur qu’à leur entrée dans le syndicat puisqu’ils ont pris dans les associations précédentes des engagements respectifs qu’ils ne peuvent pas rompre sans démolir tout le système confédéral.

Association de syndicats, la C. G. T. ne peut discuter le plus ou moins de valeur, d’utilité, de nocivité pour les clients des travaux faits par tel ou tel syndicat. Tout au plus si elle peut s’intéresser à la nocivité de tel travail pour l’individu qui y participe, elle ne peut connaître l’homme qu’en tant que salarié. Elle ne peut le considérer que sous cette face, à l’exclusion de toutes autres. Ainsi l’ouvrier qui fabrique le fusil en vue d’armer le gendarme réduisant le maçon en grève, l’ouvrier qui prépare des essences meurtrières avec lesquelles seront frelatées les boissons empoisonnant le terrassier, se voient défendus au même titre et de la même façon que celui qui pétrit le pain ou qui confectionne les vêtements.

Et il ne saurait en être autrement.

Les syndicats et les associations qui en procèdent sont des organismes purement passagers — et là je parle pour ceux qui conçoivent d’autres formes que l’état économique actuel, car pour beaucoup de syndiqués, je pourrais presque dire la majorité il est l’idéal à peu de choses de prés, et le salariat semble une forme très raisonnable, — les syndicats, dis-je, sont des organismes purement passagers, approprié à l’état économique actuel de la société. Ils n’ont pas et ne peuvent avoir la prétention d’être autre chose que des palliatifs en attendant le ou les remèdes. Ils ne guérissent pas le mal : ils en empêchent certaines fois le développement, d’autres fois, ils le favorisent en empêchant de faire recourir aux moyens radicaux ou pousserait l’exacerbation de la douleur ; le plus souvent ils ne sont que des bureaux de placement.

On prend la plume pour jeter quelques idées et voilà que le sujet vous mène hors des limites qu’on s’était tracées. Tel est mon cas. Les camarades m’excuseront facilement de remettre à un prochain numéro.

L.-A. BORIEUX.

l’anarchie n°110, 16 mai 1907

——

LES ASSOCIATIONS CORPORATIVES

Après les définitions les plus précises des éléments de l’organisation syndicaliste, la démonstration que la Confédération du Travail ne pouvait réunir les ouvriers qu’en tant que salariés, je terminais l’article précédent en montrant que les syndicats et les associations qui en procèdent étant des organismes essentiellement appropriés à l’état social actuel, ne peuvent donc être les cadres d’une meilleure organisation.

Nous avons vu ce qu’était exactement un syndicat : une association d’individus qui se lèvent en face des autres hommes, afin d’obtenir par la force du groupement des conditions meilleure de vie. Le syndicat peut, en cette occasion, paraître se dresser en face du patronat — entendons-nous, du patronat de sa corporation — mais en finale, il ne se dresse qu’en face du consommateur des objets fabriqués par sa corporation. Par contre coup, sont atteints tous les consommateurs en général, mais surtout les consommateurs qui ne peuvent augmenter, par compression sur d’autres, la valeur de leurs revenus.

Le syndicat ne se lève pas contre la base même de l’exploitation. Il décide d’en réglementer les conditions. Pour un peu, il voudrait revivre l’ancienne corporation, déterminer le nombre de patrons, d’ouvriers, d’apprentis.

De même qu’il se forme des solidarités de régiment et que les traîneurs de sabre regardent avec mépris les pousse-cailloux, de même la façon d’être exploité devient la base de l’association syndicale. D’avoir travaillé à la carrosserie de l’automobile de M. Rothschild ou à celle de la Daumont de Mme Fallières vous fait devenir de la Voiture ; d’avoir composé la Gazette des Tribunaux ou la Petite République, vous place du Livre.

Il arrive alors qu’on ne lutte plus contre l’asservissement, contre l’exploitation, mais qu’on travaille à diminuer, à rendre supportable la forme spéciale de son exploitation fut-ce au détriment de l’exploitation ou de la consommation des gens qui vous entourent.

On a des intérêts différents des autres. On est de la Voiture, ou du Livre, ou du Meuble. On a sa bannière, ses médailles, son code. On a toute une phraséologie spéciale. On peut lire aux communications des journaux avancés, des phrases du genre de celles ci :

« ...A nous, travailleurs de la Voiture, notre esprit du Solidarité nous pousse assez pour nous sacrifier jusqu’au dernier.

...Les ouvriers du syndicat des Cuirs et Peaux qui ont toujours tenu ferme le drapeau des revendications sociales... »

C’est au moment où les hommes se spécialisent selon la forme de l’exploitation qui les fait souffrir, c’est alors qu’on prétend voir naître la cellule où s’élaborera la vie de l’organisme futur. N’est-ce pas une anomalie ?

Alors qu’il est nécessaire de réunir tous les hommes de bonne volonté dans un travail déterminé de rénovation sociale, les syndicats viennent les départager en mettant leur intérêt corporatif en branle. On lutte pour les trois fournées ou le quart d’heure de repos à quatre heures.

Les hommes les plus forts de chacun de ces syndicats déploient une activité considérable à ces petits résultats. L’association par affinité véritable de ces individus ont produit un mouvement considérable.

Ils parlent d’ailleurs tous de la force du groupement, de la nécessité de se solidariser, ils prennent pour devise « l’union fait la force » et ils veulent ignorer la véritable association des hommes forts. Ils s’unissent avec les médiocres, avec les faibles. Ils préfèrent devenir les chefs d’une association dont le travail sera nul ou puéril que d’être les membres d’une association dont les résultats seront incontestables.

Ils veulent former la cellule initiale du communisme, Tous pour un, un pour tous et ils travaillent à séparer les hommes, non plus par nationalités, mais par mode d’exploitation.

Kropotkine disait dans une lettre il y a quelque dix ans :

« Une fois que je travaille dans un métier quelconque il est naturel que je m’associe avec mes camarades d’usine sans leur demander de comprendre le socialisme ou l’anarchie de telle façon ou d’une autre. Cela n’a rien à y voir. »

Que n’a-t-il tenu cette attitude avec intransigeance ?

De même que l’anarchiste va, malgré qu’il soit contre l’argent et le commerce, les sous en main, acheter de la charcuterie, de même doit-il entrer dans les syndicats en tenant compte des contingences qui l’obligent à se plier à de telles concessions. Il peut dans le syndicat, comme il le fait partout, essayer de déterminer dans un sens anarchiste les individus qui l’entourent. Il fait cela à l’armée, quand il y va, se déclare t-il militariste pour cela ?

Si le syndicat permet de trouver un milieu plus favorable que d’autres, à notre propagande, — et cela je le conteste — doit-on devenir syndicaliste pour cela ? J’ai connu des camarades qui devenait alcoolique sous le prétexte que le cabaret était un merveilleux centre de propagande.

L’anarchiste entre dans le syndicat poussé par les besoins immédiats de manger et de boire. Il se sert de ces organismes comme il se sert du charcutier sans être jamais pour eux. Il consacre toutes ses forces à des groupements d’affinités, en vue d’une transformation véritable de l’état social actuel.

Un groupement dont l’homme, en tant que salarié fait la base ne lui parait pas être un groupement intéressant auquel il doive donner son énergie. Il travaille à le désorganiser pour en sortir les éléments d’un groupement où l’homme entrera en tant qu’individu voulant se vivre intégralement.

L.-A. BORIEUX.

l’anarchie n°112, 30 mai 1907
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Re: Les Associations Corporatives

Messagede Baker le Mar 16 Mar 2021 19:37

Pas mal, merci. Je ne me souviens pas avoir lu ce texte dans l'anthologie publiée par Agone, anthologie qu'il vaut mieux ne pas acheter. Ou alors il n'était pas complet ?

J'apprends en meme temps que ce bon vieux beber écrivait sous pseudonyme...

Sur un sujet pas si éloigné, de la même époque :

LE BLUFF DES COOPÉRATIVES
https://nantes.indymedia.org/zines/54849
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Re: Les Associations Corporatives

Messagede LibertinettE le Mer 17 Mar 2021 01:22

Merci pour le lien.

Pourquoi ne vaut-il pas mieux acheter l'anthologie d'Agone ?
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Re: Les Associations Corporatives

Messagede frigouret le Mer 17 Mar 2021 09:01

Moi cet article me laisse froid, et presque hostile pour tout dire. L'anarchiste ce type génial, pur comme un diamant, ce surhomme, bof, prétention et vanité ! Sans compter l'arrogance dans la considération du salarié. En fait j'imagine qu'il fallait faire du scandale pour vendre sa feuille de chou.
Après il faut peut être remettre ça dans le contexte de l'époque, torpiller une CGT et ses rêves de dictature syndicale, pourquoi pas, mais les arguments ne tiennent pas, parceque venant d'un communiste .
Chez les individualistes français je préfère Armand, qui certe prétend ne pas vouloir se mêler des conflits entre exploiteurs et exploités, mais pour mener une activité indépendante, en province de préférence , et pouvoir paufiner sa " sculpture intérieure" dans la sérénité.
8-)
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Re: Les Associations Corporatives

Messagede LibertinettE le Jeu 18 Mar 2021 14:42

frigouret a écrit:Moi cet article me laisse froid, et presque hostile pour tout dire. L'anarchiste ce type génial, pur comme un diamant, ce surhomme, bof, prétention et vanité ! Sans compter l'arrogance dans la considération du salarié. En fait j'imagine qu'il fallait faire du scandale pour vendre sa feuille de chou.
Après il faut peut être remettre ça dans le contexte de l'époque, torpiller une CGT et ses rêves de dictature syndicale, pourquoi pas, mais les arguments ne tiennent pas, parceque venant d'un communiste .
Chez les individualistes français je préfère Armand, qui certe prétend ne pas vouloir se mêler des conflits entre exploiteurs et exploités, mais pour mener une activité indépendante, en province de préférence , et pouvoir paufiner sa " sculpture intérieure" dans la sérénité.


Article un peu vieillot. Argumentation pas au top.

Libertad avait une plume incendiaire et méprisante et perso ça ne me dérange pas trop. J'aime bien quand cet enragé de la vie mordait dans les "braves gens".

Communiste ? J'ai pas compris ça en lisant ce texte. Tu vas peut-être pouvoir m'expliquer en quoi il l'était.

Armand c'est pas mal mais je ne connais pas encore assez. Tu aurais des articles essentiels à conseiller ?
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Re: Les Associations Corporatives

Messagede frigouret le Jeu 18 Mar 2021 16:53

MUTUALISME n. m.

L'école ou la tendance mutualiste ou mutuelliste qui se rattache au courant d'idées libertaires affirme que c'est Proudhon (1809­ - 1865) qui a créé le vocable Mutualisme. Pierre-Joseph Proudhon a écrit un très grand nombre d'ouvrages, où il a exposé le principe de la liberté et où il ne s'est pas fait faute d’attaquer les économistes et les réformateurs célèbres de son temps. On sait qu'il a défini la liberté comme étant la mère et non la fille de l'ordre. Son axiome « la propriété, c’est le vol » est devenu classique, mais beaucoup parmi ceux qui usent de cette phrase oublient ou ignorent qu'il s'agit, là, de la propriété-privilège et non de celle dérivant de la possession et de la mise en valeur individuelle. Ses premiers ouvrages furent surtout critiques, plus tard il s'occupa de reconstruction et fournit des plans détaillés d'organisation sociétaire, en particulier concernant le crédit mutuel et l'accession à la possession du sol.

Dans son livre La solution du problème social (1848), le mot « mutuel » revient fréquemment et dans son dernier ouvrage De la capacité des classes ouvrières publié en 1865, après sa mort, les mots mutuel, mutuellisme, mutuelliste, mutualiste se retrouvent très souvent. Il semble d'ailleurs que sous sa forme anglaise mutualism, le vocable mutualisme ait été employé pour la première fois par John Gray, en 1832. Mais nous n'entendons pas, dans cet article, exposer le proudhonisme ni faire de l'érudition ; nous entendons parler du Mutualisme ou Mutuellisme tel qu'il est décrit dans un volume publié en 1927, à New-York, et intitulé What is Mutualism? - Qu'est-ce que le Mutualisme? L'auteur de ce livre, Clarence Lee Swartz, se rattache plus ou moins à la tendance individualiste de Benjamin Tucker. Quant au volume lui-même, il a paru sous l'égide de plusieurs groupes mutualistes et libertaires des Etats-Unis, parmi lesquels l’importante association The Mutualist Associates : celle-ci avait même délégué quatre de ses membres pour revoir cet exposé du Mutualisme et assister son auteur, soit : Henry Cohen, avocat et publiciste ; John K. Freeman, éducateur et sociologue ; Virgile Espérance, industriel et économiste distingué ; Hans Rossner, écrivain libertaire. On peut donc considérer What is Mutualism? comme une sorte de charte du mouvement mutuelliste ou mutualiste, vu sous l'angle anarchiste.

Ce livre résume en ce court programme tout le Mutualisme ou Mutuellisme :

« Mutualisme : Système social basé sur la liberté égale, la réciprocité et la souveraineté de l'individu sur lui-même, ses affaires et sa production, réalisé par l’initiative individuelle, le contrat volontaire pour la défense contre l’agresseur et pour la protection de la vie, de la liberté et de la propriété du non-agresseur et du non-empiéteur ».

Nous pensons que la traduction ci-dessous d'un extrait de What is Mutualism? fera comprendre clairement les bases sur lesquelles repose ce mouvement qui ne diffère de l'individualisme anarchiste que par le côté constructif. Les mutualistes reprochent volontiers à Tucker, sa déclaration X que « l’anarchie ne possède aucun aspect affirmatif, dans le sens de constructif. Ni comme anarchistes, ni comme individus souverains - ce qui est pratiquement la même chose - nous n'avons d'œuvre constructive à accomplir, bien que, en notre qualité d'êtres progressifs, nous en ayons beaucoup à faire... »

« Le désir d'être libéré de l'oppression a inspiré l'homme dans tous les temps - écrit donc Clareuce Lee Swartz ; mais la conception de ce qui constitue la liberté a varié selon le tempérament racial, le niveau général de l'intelligence, les traditions, l’environnement physique, la nature et l'intensité de l'oppression particulière la plus patente à un moment donné. La conception de la liberté a parcouru toute la gamme qui s'étend de la faible espérance d'être soulagé, même légèrement, de fardeaux insupportables, à l’aspiration passionnée à la liberté absolue ; même de nos jours, la conception de la liberté est sujette à autant d'interprétations qu'il existe de crédos sociaux et politiques.

Poser la question : pourquoi réclame-t-on la liberté - pourquoi n'est-on pas satisfait de ce que l'on a? C'est rendre nécessaire, avant d'y répondre, la pose d'une autre question : quel est le but principal de l'existence? Les philosophes ont essayé de résoudre ce problème depuis que l'histoire est histoire - sinon auparavant. Dans son livre Statique Sociale, le grand philosophe anglais Herbert Spencer a répondu à la question d'une façon fort compréhensible. Il fait observer en substance qu’à peu près tout le monde - y compris les éducateurs religieux et les moralistes - enseigne que le bien-être de l'homme est le but de la vie. Il développe très longuement cet argument, puis démontre que pour atteindre cette fin, le seul moyen est d'accorder à chaque être humain la plus grande somme de liberté possible - c’est à dire la liberté d'autrui. De cette conclusion, il déduit sa fameuse formule de l’égale liberté : que chacun puisse revendiquer la liberté la plus complète, de faire comme il lui plait, compatible avec la possession de la même liberté par tous les autres.

La tendance de l'individu moyen vers l'autoritarisme - c'est à dire vers la coercition de l'individu par la société organisée - à sa source, naturellement, dans la crainte de l'agression ou de l'empiètement de la part du prochain. L'individu moyen sent qu'en ce qui le concerne personnellement, il n'a besoin d'aucune contrainte ; c'est le prochain - autrui - qui est à craindre.

Ce sentiment émane de deux sources : en premier lieu, le désir que nourrit tout individu de l'emporter un avantage sur son concurrent ; en second lieu, la surestimation de sa propre liberté par rapport à celle d'autrui.

Le problème sociologique évoqué par le premier point est la façon dont il faut agir pour restreindre l’impulsion à se faire valoir dans une mesure telle qu'elle ne saurait mener à des actes d'empiètement, autrement dit, à enfreindre la liberté égale d’autrui à agir pour atteindre le même objet.

Il n’y a pas d'autre solution que l'éducation. Tant que l’individu ignore la portée précise de tous ses actes et leur effet sur son semblable, il ne possède aucun moyen utile de jauger la mesure d'auto-restriction qui lui convient.

Si on a étudié le problème suffisamment pour être en situation de savoir ou comprendre à quel moment un acte particulier limite la possibilité d'autrui à agir pareillement à une moindre mesure, on est en état de déterminer qu'on a franchi les frontières de l’égale liberté.

L'homme étant un animal grégaire, il vit et s'associe avec d'autres individus appartenant à son espèce. Comme il est obligé de coopérer avec ceux-ci pour mettre en pratique tous les projets qu'enfante son cerveau, force lui est de découvrir une base pour établir ses relations avec ses semblables ; assurant un certain degré de stabilité, l'arrangement pratiqué devra, par dessus toute autre chose, être équitable.

On admet, en général, qu'on a utilisé jusqu'ici de nombreuses bases pour asseoir les relations entre les hommes ; plusieurs d'entre elles ont donné d'assez bons résultats pendant un certain temps. On admet aussi que les bases expérimentées jusqu'ici étaient assez bien adaptées au stade de développement que parcourait alors l'espèce humaine. Finalement, on ne saurait nier que le système en usage actuellement ne soit le meilleur qui ait jamais fonctionné jusqu'ici.

Mais il n'est pas équitable! C'est pourquoi il n'est pas le meilleur des systèmes concevables ou possibles.

C'est un compromis, me dira-t-on. Certes, tous les systèmes, à partir du premier en date, ont été des compromis. Même un idéal est un compromis. Mais à chaque échelon gravi, il y a - et il en sera toujours de même à l'avenir - une tentative pour introduire plus d'équité dans le compromis.

Acquérir assez de connaissances pour pratiquer pareil compromis est, pour de nombreuses personnes, à ce qu'il semble, un procédé lent et pénible. Il faut le faire, cependant.

L'aspect personnel ou purement physique de la question est extrêmement clair et simple ; un exemple parfaitement compréhensible est celui de deux personnes désirant en même temps, contempler un même objet. Si l'un des deux se place en face de l'autre, il limite, à une mesure moindre que la sienne, la possibilité de l'autre. Si, au contraire, les deux personnes dont il s'agit se tiennent côte à côte, aucun d'eux n'empiète sur la vision de l'autre ; ils jouissent, par conséquent, d'une liberté égale,

Cet état de choses est susceptible d'extension ; cet exemple peut s'appliquer, avec toutes les modifications nécessaires, à tous les changements de circonstances, à toutes les activités de la vie. La question des droits de propriété entraîne, évidemment, de plus grandes complications ; de nombreux facteurs, subtils et contrariants, compliquent le problème. Cependant, ces complications peuvent être résolues en les rapportant à la simple formule de l'égalité dans la liberté.

Si, grâce à son intelligence supérieure, à son habileté, à sa plus grande application, un individu peut produire plus qu'un autre, dans un temps donné, et, par suite peut accumuler plus de produits que cet autre, il ne limite en rien, ce faisant, (à condition qu'il agisse raisonnablement), la liberté égale de cet autre.

D'autre part, si, dans l'intérêt du producteur insuffisant, on essayait d'ôter au premier le surplus de sa production, ce serait une violation du principe de l'égale liberté.

C'est une chose naturelle, pour répéter Whitman, que chacun considère sa peau comme la plus précieuse : c'est pourquoi chacun ressent plus de vexation quand on s'en prend à sa liberté personnelle que lorsqu'ou empiète sur celle des autres. Cet égoïsme varie avec l'équation personnelle, inversement à l’éducation et à la culture individuelle.

Réaliser que le bonheur des autres leur importe autant qu'à vous vous importe le vôtre, est, par sui, le premier pas vers la liberté. Dans la mesure où l'on est inapte à réaliser la situation et les circonstances d’autrui, l'on se trouve peu ou mal disposé à accorder à cet autrui l'égalité dans la liberté.

En d’autres termes, on doit pouvoir s'arracher à son environnement personnel à un point tel qu'on soit capable de contempler impartialement et la situation d'autrui et la sienne propre.

Arriver à cette exactitude de vison n'est pas chose facile, mais il faut y parvenir si l'on veut comprendre complètement le principe de l'égalité dans la liberté.

Quelles sont les raisons qui peuvent être présentées pour faire accepter ce principe?

Chaque être humain désire le bonheur. En fait, toutes les énergies sont utilisées en vue de se procurer : d’abord, de quoi vivre ; ensuite (selon son ambition), la possibilité, la facilité, ou la puissance complète de satisfaire tous ses désirs.

La satisfaction de tous ses désirs - dans le sens le plus large - représente la somme de bonheur approximative que tout être humain peut concevoir.

L'égale liberté implique que chacun aura une égale occasion pour la recherche des choses qui procurent le bonheur et que ces choses obtenues, chacun sera protégé, afin qu'il puisse en jouir en toute sécurité.

Sans la sécurité et la tranquillité, le bonheur est inconcevable, humainement parlant. Il ne peut y avoir ni tranquillité ni sécurité tant que certaines personnes jouissent de moins de liberté que d'autres. Lorsqu'il y a garantie d'égalité d’occasion pour chacun, l'inviolabilité de la personne et la possession assurée des produits du travail ne seront menacées que par les individus à tendance criminelle et antisociale ; la protection contre ces éléments sera assurée par les mesures ordinaires que la société est toujours dans l’obligation de prendre pour la sauvegarde des vies et de la propriété de ses membres.

Quand la société aura pu obtenir une sécurité approximative du genre de celle esquissée ci-dessus (une sécurité de ce genre n'est jamais absolue) ; lorsqu'elle aura développé la conscience de ses membres à un tel point qu’ils ne trouveront plus aucun plaisir dans la coercition de leurs semblables ou dans leur possession de moins d’occasions d'exercer de leurs facultés qu’ils en possèdent eux-mêmes, nous en serons alors au seuil de l’adhésion du principe de l'égale liberté, et sa mise en pratique sera relativement facile.

La conception la plus élevée de la liberté consiste donc en la plus grande somme de liberté individuelle qui se puisse obtenir ; car vivre sa vie il l'extrême limite possible est ce que chacun désire, ouvertement ou secrètement, qui le réalise ou non. C'est la seule façon de retirer de la vie une satisfaction ; et tous les hommes sont avides de satisfaction et de bonheur.

Il y a divers ismes qui enseignent que la société, en général, peut tirer un meilleur avantage en soumettant (plus ou moins complètement) l'individu à un état central, gouvernement, commune, ou tout autre système, peu importe le nom, de pouvoir contrôlant (lequel se présente toujours comme rationnel et bienveillant). Dans tous ces systèmes, on tient très peu compte de l’individu.

La théorie mutualiste, d'autre part, affirme que les intérêts de la société, en général, sont mieux servis par les systèmes qui garantissent les intérêts de l'individu : absence de contrainte et de restriction aussi longtemps que les activités individuelles sont dépourvues de caractère agressif : élimination de tous les facteurs qui limitent artificiellement les possibilités de l’homme ; organisation volontaire de la société en associations lorsque les activités en vue dépassent la puissance d'un seul individu ; bref, création volontaire et échange mutuel de commodités dans des conditions excluant tous privilèges spéciaux et tous monopoles protégés par l’Etat.

Le Mutualisme ne pourra être mis en application que lorsque l’attitude d'esprit générale le rendra possible. Ceci n'est pas écrit dans le but de ressusciter l’antique querelle concernant le changement de circonstances : s'il vaut mieux qu'il soit intellectuel ou moral, ou encore s'il faut attendre que les hommes naissent bons avant d'espérer des circonstances meilleures.

Quant à la phase économique du Mutualisme, l'analyse peut démontrer que de grandes modifications en vue d’obtenir du mieux sont possibles ; mais il faut que les hommes sachent comment amener ces changements et qu'ils veuillent œuvrer dans cette intention. Cette croyance en une situation meilleure, en un système où les produits et les services sont échangés équitablement - c'est à dire sur une base mutuelle - au lieu de la méthode actuelle où chacun essaye de s'exploiter ou de se piller l'un l'autre ; cette croyance peut être appelée un changement d’attitude.

Le Mutualisme est applicable à toutes les relations humaines. De la naissance à la mort, dans toutes les circonstances, la mutualité, l’association volontaire, pour l'action réciproque, peut s'appliquer partout, à tout moment, et servir à résoudre tous les problèmes des rapports sociaux, tous les litiges que peuvent soulever le commerce et l'industrie. Pour pratiquer le Mutualisme ou Mutuellisme, deux seules conditions sont nécessaires: 1° que l'individu non agresseur ne soit astreint à aucune sorte de coercition ; 2° qu’aucune portion du profit du travail d'autrui ne lui soit ôtée sans son consentement. De ces deux généralisations négatives, affirmant la souveraineté de l’individu, découle ce corollaire positif et constructeur : la réciprocité, lequel corollaire implique initiative individuelle, libre contrat, association volontaire.

Pour qu'il n'y ait aucune incertitude sur la signification du terme souveraineté de l’individu, nous dirons que nous l'employons ici comme synonyme du complet contrôle de l'individu non agresseur sur lui-même, ses affaires et le produit de son travail.

En deux mots, le Mutualisme ou Mutuellisme est un système social fondé sur l'exercice de rapports réciproques et non agressifs entre individus libres.

Les principaux points du programme mutualiste ou mutuelliste sont donc :

Au point de vue individuel : liberté égale pour tous - en l'absence d'agression ou d'empiètement d'autrui ;

Au point de vue économique : réciprocité illimitée, impliquant liberté d'échange et de contrat - en l’absence de tout monopole ou privilège ;

Au point de vue social : liberté absolue d'association volontaire - en l'absence de toute organisation coercitive ».

Nous terminerons cet exposé par un court extrait d'un livre publié en 1875 par William B. Greene, un proudhonien de la première heure, qui, déjà en 1849, propageait la notion de la « banque mutuelle » -­ extrait où l'auteur décrit la différence existant entre le Communisme et le Mutualisme :

« Le premier pas bien marqué dans le progrès humain résulte de la division du travail. C'est la caractéristique de la division du travail et de la distribution économique des diverses occupations, que chaque individu tend à faire précisément ce que les autres ne font pas. Dès que le travail est divisé, le communisme cesse nécessairement et c'est alors que naît le mutualisme, négation du communisme, - le Mutualisme, c'est-à-dire la corrélation réciproque des unités humaines de chacun à autrui et d'autrui à chacun dans un but commun. La marche du progrès social va du communisme au mutualisme.

Le Communisme sacrifie l’individu pour obtenir l'unité de l'ensemble. Le Mutualisme considère l'individualisme illimité comme la condition primordiale et essentielle de son existence. Le Mutualisme coordonne les individus sans aucun sacrifice pour l’individualité en un ensemble collectif au moyen d'une confédération spontanée - ou solidarité. Le Communisme est l'idéal du passé, le Mutualisme celui de l'avenir. C'est devant nous qu'est le jardin d’Eden, comme une chose à édifier et à atteindre ; ce n'est pas une chose derrière nous, un état perdu le jour où le travail a été divisé, les activités distribuées, l’individualisme encouragé et que le Communisme (ordre social purement animal et instinctif) s'est prononcé contre lui en s'écriant : « Mortel, tu es condamné à mourir ».

L'assurance mutuelle a démontré, par l'exemple pratique, un peu de la nature, de la portée et du fonctionnement du principe mutualiste. Lorsque la monnaie aura été mutualisée grâce aux banques mutuelles, que le taux de l'argent prêté aura été réduit à zéro, il deviendra possible de généraliser l'assurance mutuelle, l'appliquant à toutes les contingences de la vie, de sorte que les hommes, au lieu d'être des ennemis les uns pour les autres - comme ils le sont actuellement- se fédèreront. Si l'un d’entre eux est victime d'une perte accidentelle, cette perte lui sera compensée par tous les autres, partagée par l'ensemble : si un gain accidentel échet à l'un d'eux, il deviendra le lot de l'ensemble, partagé entre tous.

Avec le système mutualiste, chaque individu reçoit le salaire juste et exact de son travail. Tout service qui peut s’équivaloir en coût étant échangeable pour des services s’équivalant en coût, sans bénéfice ni escompte. Tout ce que le travailleur individuel peut ensuite obtenir en surplus de ce qu'il a gagné lui est acquis comme part de la prospérité générale de la communauté dont il est membre. Le principe de la mutualité en économie sociale est identique au principe de la fédération en politique. Notez bien cela. La souveraineté individuelle est le Jean-Baptiste, sans la venue duquel l'idée mutualiste est nulle. Il n’y a pas de mutualisme sans consentement réciproque et, seuls, des individus peuvent contracter des relations mutuelles volontaires. Le Mutualisme est la synthèse de la liberté et de l'ordre » (Socialistic, Communistic, Mutua­listic and Financial Fragments).


- E. ARMAND
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Re: Les Associations Corporatives

Messagede Lehning le Ven 19 Mar 2021 18:16

Bonjour !

C'est bien beau ce texte d'Armand, frigouret, sur le mutualisme proudhonien mais tu n'as toujours pas expliqué en quoi Libertad était communiste ?
C'est bien la première fois que j'entends ce genre d'affirmation à propos de Libertad.

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Re: Les Associations Corporatives

Messagede frigouret le Sam 20 Mar 2021 04:47

Il suffit de lire l'article posté en présentation, il est contre le commerce et la monnaie = partisan d'une économie planifiée = caserne de fonctionnaire.
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Re: Les Associations Corporatives

Messagede Lehning le Sam 20 Mar 2021 21:04

Bonsoir !

Etre contre le commerce et la monnaie ne signifie pas forcément être pour une économie planifiée ou être communiste.
Il était (à mon avis) plutôt simplement anti-capitaliste (ce qui est déjà pas mal).

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Re: Les Associations Corporatives

Messagede frigouret le Dim 21 Mar 2021 10:20

Oui effectivement, il y a le nihilisme aussi, vertige du vide.
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Re: Les Associations Corporatives

Messagede Baker le Dim 21 Mar 2021 11:19

Exactement Lehning.

Le communisme est gérable à petite échelle, en communauté libertaire. Cf. les milieux libres défendus par Libertad. A grande échelle il exige une planification étatique donc pas libertaire.
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Re: Les Associations Corporatives

Messagede frigouret le Dim 21 Mar 2021 12:55

Mais alors il ne s'agit que d'un changement d'échelle, bien sûr des communautés de tailles raisonnables sont viables, mais si on part du principes qu'elles possèdent et maîtrisent leurs productions, alors elles échangent entre elles, et pourquoi pas avec un valorimetre ( la monnaie), quand même bien plus pratique que le troc direct. Et ces communautés auront des fortunes différentes, selon la chance ou l'énergie qu'elles auront. Bref pourquoi accepter cela pour une communauté et pas pour des individus ?
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Re: Les Associations Corporatives

Messagede Lehning le Dim 21 Mar 2021 16:07

Bonjour !

Perso, je n'ai jamais dit que j'étais forcément contre le commerce individuel comme l'artisanat par exemple, à partir du moment où il n'y a pas d'exploitation, de subordination, etc. (idem d'ailleurs pour le commerce communautaire)
La question de la monnaie est plus délicate car elle peut créer de l'inégalité, notamment avec l'accumulation.
Le troc peut être triangulaire et çà peut être une solution d'échange sans argent.

Dans une société anarchiste, je serais donc plutôt favorable à l'abolition de l'argent et à des formes d'échange égalitaires basées, pourquoi pas, sur le troc triangulaire.
Il y a aussi peut-être des soluces de monnaie, mais fondantes, c'est-à-dire non thésaurisables, qu'on ne peut accumuler.

Salutations Anarchistes !
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