Le divertissement en situation anarchiste ?

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Le divertissement en situation anarchiste ?

Messagede Divertissement le Sam 5 Sep 2020 03:20

Bonjour à tous.

Je me suis inscrit ici dans l'espoir qu'un fin connaisseur de la littérature anarchiste puisse répondre à ma question.

Je fais partie de ceux qui pensent que même dans le cas où nous serions parvenus à supprimer l'argent, les états et les structures (industrielles, corporatistes etc,...), même dans ce cas là aucune inégalité ne disparaîtrait. Peut-être même que les inégalités deviendraient plus fortes encore car, paradoxalement, l'argent ou certaines stratégies structurelles ne permettraient plus de passer par la bande pour contrer certaines inégalités de la société anarchiste.

Pour moi le cœur de l'inégalité repose non pas sur l'argent, les possessions matérielles ou les structures en particulier, mais plus fondamentalement sur l'influence. Or l'influence peut se nourrir de l'argent, des possessions ou des structures, mais elle peut également tout à fait s'en passer: en société anarchiste le divertissement existe toujours, même s'il n'est plus produit de manière industrielle et qu'il repose sur la libre association d'individus intéressés par le projet.
Or, en société anarchiste, les faiseurs d'un divertissement à succès assoient, qu'il en aient conscience ou non, une influence considérable sur l'esprit et la mentalité des gens qui vont s'y trouver massivement exposés. En société anarchiste, un film qui rencontre un large succès public, ou une musique qui plait et que tout le monde se met à écouter offrent un pouvoir et une influence absolument considérables à celui ou ceux qui ont fabriqué ce divertissement.

C'est le cas depuis la nuit des temps, mais depuis quelques décennies, le divertissement, qu'il soit culturel ou contre-culturel, est véritablement devenu le nouveau temple, un temple beaucoup plus puissant encore que les religions ne l'ont jamais été:
C'est le divertissement qui dicte aux gens comment se vêtir, comment parler, comment se comporter, comment bouger, quelle morale est bonne ou non à suivre, c'est le divertissement qui véhicule les modèles et profils qu'il nous suggère de désirer, c'est le divertissement, et notamment la musique, qui nous dicte les mœurs amoureuses et les codes à suivre en la matière. Celui qui fabrique le divertissement, même en société anarchiste, même de manière artisanale et collégiale, même sans argent et structures, possède un pouvoir invraisemblable: il est capable de nous commander, par la suggestion et la séduction, qui nous devons aimer ou ce que nous devons aimer, il est capable de nous commander la morale. Et la morale est le principe moteur de l'action qui s'en suit.


Hors les faiseurs de divertissements il existe également un autre profil qui continuera de posséder beaucoup d'influence et donc de pouvoir en société anarchiste: l'individu éloquent. Plus un être fait preuve d'éloquence et de charisme, plus il est capable de suggérer aux autres quoi penser et comment le penser.

Tout ça est vecteur d'innombrables inégalités qui se poursuivront et prospéreront même en situation anarchique: les modèles humains et les modèles moraux promus par la voix de l'éloquence et du divertissement, culturel ou contre-culturel, feront une situation hautement désirable aux individus qui correspondent aux critères véhiculés par ces modèles, ils trouveront facilement des compagnes et compagnons, des amis, ils fédéreront plus aisément autour de leurs projets de libre association, leur vie sera hautement facilitée.
Sans même parler des faiseurs de divertissement eux-mêmes, ou des éloquents, qui seront auréolés du prestige de leurs productions et de leurs discours à succès et deviendront des individus désirables voir des modèles, des archétypes eux-même.

Tandis que les individus non-conformes, les gens les plus éloignés de ces modèles promus, risquent très fort, comme c'est déjà le cas aujourd'hui, de pâtir de leur condition.

On le voit bien, les inégalités de condition demeurent inébranlables même en situation anarchiste, même lorsque l'argent, les possessions et les structures ont été abattus.

Or, et c'est le fondement philosophique du mouvement anarchiste: l'inégalité produit le ressentiment et s'en suivent des conflits inévitables.


Ma question est donc la suivante: existe-t-il dans la littérature anarchiste canonique mais surtout dans la littérature anarchiste moderne des théories solides proposant un antidote potentiel ou des solutions crédibles à cette question capitale de l'influence, notamment véhiculée par le moyen du divertissement ?
Et je précise que je parle là du problème du divertissement en situation anarchiste: le cas de l'industrie du divertissement en situation capitaliste ou communiste ne m'intéresse pas, car j'imagine que la littérature portant sur ce sujet se contente de dire qu'il suffit de supprimer l'argent et l'industrie derrière le divertissement pour que le problème soit réglé or on voit bien que ce ne sera pas le cas.

J'ajoute que je souhaiterais qu'on me renseigne si possible sur des solutions crédibles à apporter au problème, car je sais que certains proposent de supprimer la culture, ce qui est une chimère: il existera toujours des langages et des codes pour communiquer et il existera toujours des divertissements, culturels ou contre-culturels, susceptibles de remporter de larges succès, qu'ils soient de bonne ou de mauvaise qualité, ce qui n'est d'ailleurs pas la question. Il existera toujours des récits et des esthétiques que l'on se communique. Il existera toujours des expériences communes à certains. Donc il existera toujours de la culture.

La question étant alors comment composer avec la question du divertissement en situation anarchiste, ainsi que de toutes les autres formes d'influences, donc de pouvoir, qui continueront à prospérer et proliférer massivement ?
Car le divertissement est le cœur nucléaire du pouvoir moderne et ce pouvoir là survivra parfaitement intact à la disparition de l'argent, des possessions et des structures.


Je vous remercie d'avance pour d'éventuelles réponses et surtout d'éventuels conseils de lecture avisés.
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Re: Le divertissement en situation anarchiste ?

Messagede Lehning le Sam 5 Sep 2020 15:27

Bonjour !

Très intéressante analyse !
Pour ma part, je pense, qu'effectivement, même dans une société anarchiste, il y aura toujours des artistes (et heureusement !), etc. et qui auront toujours plus ou moins une certaine influence mais le sens critique des gens sera plus "affûté" et il n'y aura plus (ou moins) ce que l'on connaît aujourd'hui: c'est-à-dire des fans, du merchandising autour de biens culturels et des stars.
Mais peut-être, suis-je trop optimiste sur cette question.
(D'ailleurs, on le voyait déjà avec notamment quelques artistes comme par ex. François Béranger refusant le vedettariat).

Après, je ne connais pas vraiment d'ouvrage anar traitant spécifiquement de cette question, désolé !

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Re: Le divertissement en situation anarchiste ?

Messagede plutot_non le Sam 5 Sep 2020 19:10

Bonjour,
Je ne suis aucunement un « fin connaisseur de la littérature anarchiste » et à vrai dire je viens de m’inscrire sur ce forum (en partie pour vous répondre). Je n’ai malheureusement pas la réponse que vous cherchez ; il me semble que plusieurs points de votre message sont en réalité des obstacles à la construction de cette réponse, et c’est pourquoi je me permet de vous répondre tout de même.

Tout d'abord, je ne sais pas du tout si l’influence est le vrai "cœur de l’inégalité" ; à vrai dire je ne le crois pas, mais je préfère ne pas aborder la question.

Vous dites qu'« en société anarchiste le divertissement existe toujours, même s'il n'est plus produit de manière industrielle et qu'il repose sur la libre association d'individus intéressés par le projet. »
Or, en utilisant ici le terme « divertissement »; il me semble que s’opère une confusion. Sans doute, dans une société anarchiste les gens se divertissent (ils font des jeux, se promènent, plaisantent) - votre affirmation en cela est vraie. Mais vous semblez employer également ici le terme « divertissement » dans un sens plus spécifique, qui serait la forme qu’a pris, dans les sociétés occidentales modernes, une partie des productions culturelles et des usages de ces objets : cinéma, littérature, etc. Or, le divertissement en ce sens là n’existe pas dans toutes les sociétés ni à toutes les époques, et je crois que vous acceptez comme un absolu une forme culturelle spécifique à notre société. Vous reprenez par exemple la notion de « projet » qui est assez caractéristique du monde de la culture depuis quelques années (et du monde économique) ; il me semble qu’une pensée sur la culture et l’art en société anarchiste gagnerait à questionner cet héritage conceptuel.

Le fait d’utiliser le terme « divertissement » me semble en fait déjà être un choix à interroger : parler pour un film d’art ou de culture laisse la place (et même une place de choix) à la critique et à l’analyse. Considérer un film comme « divertissement », c’est déjà opter pour une certaine vision de la culture et du cinéma, vision qui exclut tout un tas de production (p.ex. des films expérimentaux pas du tout divertissants), vision qui s’est (à ma connaissance) progressivement imposé entre le 19ème siècle et le 20ème siècle (en même temps que la culture dite « de masse »), vision qui est bien pratique pour l’industrie (p.ex. du cinéma), et à laquelle s’accommode bien une société de consommation, mais que conteste vigoureusement certains milieux (artistiques, littéraire, etc. - voir p.ex. l'art conceptuel).

Dans votre message, il apparait également clairement que vous accepter une conception de la culture qu’on peut résumer comme reposant sur une distinction entre (1) l’auteur et (2) le récepteur (spectateur, lecteur) ; dans une société de consommation, ce « récepteur » peut même être qualifier de « consommateur ». Or, il me semble, encore une fois, que ce modèle (auteur=>consommateur) est un modèle spécifique, et qu’une large expérimentation peut être menée (et l’est par ailleurs) pour sortir de ce modèle, notamment en refusant l’idée d’un auteur qui crée une œuvre qui n’existe pas versus un consommateur qui reçoit une œuvre qui existe déjà. On peut par exemple chercher du côté de ceux qui se demande si le lecteur ne coproduit pas l’œuvre en même temps qu’il l’a lit ; si même tout le travail n’est pas en réalité dans la pratique de lecture (ou de visionnage), plutôt que dans la création.

Un modèle différent du notre peut également se lire là où vous dites que les auteurs d’un « divertissement à succès assoient, qu'il en aient conscience ou non, une influence considérable sur l'esprit et la mentalité des gens qui vont s'y trouver massivement exposés. » On peut en effet imaginer des formes culturelles dans lesquelles les œuvres n’existent que de façon très spécifique (in situ, etc.), et ne peuvent aucunement accéder à un grand « succès » car trop rattachées à un contexte spécifique de production-réception (p.ex. un film qui n’a de sens que pour les habitants d’un quartier, qui auraient seuls produits le films, et en seraient les seuls spectateurs, quiconque n'habitant pas dans le quartier ne pouvant comprendre les références ou en apprécier le sens). On peut imaginer une société anarchiste dans laquelle les œuvres ne tendent pas à être « massivement » diffusées.

Cela pourra par être abstrait, et j'avoue avoir une certain appréhension : il se pourrait que je sois qualifié d'élitiste, ou qu'on me dise que ces productions n'intéressent personnes et que les “vrais gens” veulent voir des gros blockbusters hollywoodiens et pas des daubes conceptuelles incompréhensibles. Je répondrais, a priori, deux choses. D'une part, je crois qu'une société radicalement différente de la nôtre appelle des formes culturelles radicalement différentes également ; d'autre part que si les gens ne veulent voir que des blockbusters, c'est (hypothèse de ma part) surtout qu'on les a habituer à cela. Les lecteurs et non-lecteurs du moyen-âge étaient par exemple beaucoup plus critiques que les lecteurs d'aujourd'hui : la lecture orale, collective (on ne possédait qu'un exemplaire de livre pour plusieurs dizaines de personnes, on le lisait donc en groupe), impliquaient des pauses et des discussions qui faisaient de l'expérience littéraire une expérience radicalement différente de celle que nous faisons aujourd'hui.

Voilà, j'espère que mon message ne semble pas polémique ou oppositionnel, ce n'était pas son but. Je peux évidemment, si il y a un intérêt, essayer de présenter quelques exemples qui pourraient permettre de rendre plus concret mon propos.

Bien cordialement.

PS: j'ajoute quand même une référence, que je n'ai pas lu, mais qui peut-être peut vous intéresser (je suppose que le texte se développe dans un sens totalement différent de ma réponse):
André Reszler, L'esthétique anarchiste, Paris, PUF, 1973.
disponible en ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... texteImage
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Re: Le divertissement en situation anarchiste ?

Messagede Lehning le Sam 5 Sep 2020 21:04

Bonsoir !

Très intéressante réponse de plutôt_non également !

A la réflexion, il y a un bouquin qui s'appelle "Art et Anarchie ; actes du colloque", Editions Via Valeriano/La vache folle, datant de 93, constitué d'articles sur les rapports entre l'art et l'anarchie et écrits notamment par Roger Dadoun, Michel Ragon, Gaetano Manfredonia, etc.

Ca pourrait peut-être éventuellement vous intéresser...

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Re: Le divertissement en situation anarchiste ?

Messagede Divertissement le Sam 5 Sep 2020 23:32

Je vous remercie tous deux pour vos contributions. J'irais consulter les ouvrages que vous référencez afin de constater si les auteurs proposent des réflexions sur le sujet.

Pour rebondir sur l'intervention de plutot_non, je vous rassure, par le terme générique du divertissement je n'envisageais pas désigner les arts en particulier, mais plus généralement toutes les propositions de spectacle ou d'activités que la société fait au gens et qui sont vectrices de suggestions puissantes en matière de morale, de modèles comportementaux, et de représentations d'archétypes: sports, musique, fêtes, séries, cinéma, boites de nuits, littérature etc,...
Je suis moi même un grand amateur de musique de patrimoine, de cinéma de patrimoine ou de littérature médiévale (et vous avez raison sur le sujet des "lectures collectives", elles étaient même souvent chantées par les trouvères et troubadours): je n'irais pas spontanément qualifier le poème de l'extase de Scriabine, ou L'Inhumaine de Marcel L'Herbier de "divertissements", même si le terme divertissement recouvre in fine tous les spectacles que la société propose au public, que cette musique et ce film comptent parmi ces spectacles, et qu'aussi raffinés et ouvragés soient-ils, ils sont comme toute proposition esthétique ou intellectuelle, vecteurs de suggestions puissantes en matière de morale et de représentations aliénantes.


Pour répondre à Lehning, j'ai bien peur que l'esprit critique ne puisse absolument rien à l'affaire, puisque lui-même se construit moralement sur la base des souvenirs et des signaux que la société bombarde dans nos mémoires, notamment à travers le divertissement, mais aussi par le biais de nos fréquentations eux-mêmes biberonés aux divertissements.
Or les signaux de la société (même anarchiste), notamment en matière de moralité, sont incapables d'engendrer un esprit critique propre à désamorcer ces mêmes signaux puisqu'il en procède directement, ce serait comme penser qu'un venin parvient lui-même à annuler sa propre toxine.
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Re: Le divertissement en situation anarchiste ?

Messagede Lehning le Dim 6 Sep 2020 12:29

Bonjour !

Ok... Le postulat de départ de Divertissement était de dire (corrigez-moi si j'ai mal compris) que, en gros, la culture (appelée "divertissement") -surtout celle de masse- a une influence plutôt nocive.
Et que l'on est influencé-e-s, de toutes façons, par tout un tas de matraquages médiatiques, culturels, etc.

Je suis bien d'accord. Mais je nuancerais ce propos car je pense que même en société non anarchiste et même si c'est pas forcément facile tant le matraquage est puissant qu'on peut avoir/garder un esprit critique par rapport à ce matraquage tous azimuts, faire ses propres choix, etc.
Rien que le fait déjà de se rendre compte de ce décervelage ultra-médiatisé, de le soumettre à la critique, voire de le refuser, de s'engager dans d'autres chemins, me semble être une forme de non-gobage systématique de tout ce qui est proposé/matraqué par le System dominant.

Il est aussi question beaucoup des influences: voui, certes, on est toutes et tous influencé-es par les choses qui nous entourent. Mais on peut les accepter ou les refuser.
On est actuellement dans une société où sont mis sur des piédestaux le moindre chanteur, le moindre écrivaillon. La notoriété rime trop souvent avec médiocrité.
Un nouveau métier a même été inventé: celui d'influenceurs ! Dans les grands medias, sur Internet, dans le monde politique, dans les entreprises, etc.

Je pense justement que depuis toujours, le mouvement anarchiste a remis en cause cette notion d'influence qui passe par le Pouvoir, le décervelage bien trop souvent et la culture de masse vendue comme des savonnettes.

L'important, à mon avis, c'est d'avoir toujours (et à propos de tout) un esprit critique. Savoir également, quand quelque chose est bien, le reconnaître et l'admettre.
D'être influencé par certaines choses n'est pas forcément mauvais ; ce qui l'est, c'est d'être dominé.

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Re: Le divertissement en situation anarchiste ?

Messagede revoluzionne le Mar 27 Oct 2020 16:59

Bonjour ! bien sûr qu'on est matraqué au niveau des infos, le but étant de nous faire peur et de faire régner le flou, pour donner une illusion de désordre, un peu de fin du monde. C'est dommage, je suis sûre qu'il y a des gens au dessus de nous qui nous manipulent bon gré mal gré pour nous faire aller quelque part. En attendant, on diversifie les informations, on demande aux journalistes de répéter et d'amplifier, moi ça me rend folle !
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Re: Le divertissement en situation anarchiste ?

Messagede Lehning le Mer 28 Oct 2020 18:20

Bonjour !

Oui, il faut savoir tourner le bouton, changer de chaîne ou balancer sa télé, sa radio, etc. !

Tout ce qui tourne en boucle, avec toujours les mêmes sempiternel-les chroniqueurs-seuses, journaleux-ses, etc. est toxique. C'est du matraquage orienté.

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