La laïcité est, en fait, une religion moderne: c'est en effet un concept flou derrière lequel on peut mettre beaucoup de choses, souvent contradictoires. Tout comme les religions, la laïcité a:
- ses textes sacrés : la loi de 1905 par exemple,
- ses apôtres : Jules Ferry, Ferdinand Buisson, etc.,
- son catéchisme : l'école publique,
- son clergé et sa hiérarchie verticale: les profs en bas de l'échelle (du dernier sous-sol aux premiers étages...) mais surtout le rectorat et l'inspection qui ont tous les pouvoirs sur l'école sans aucune légitimité démocratique.
- ses autorités représentatives : c'est une religion d'état.
Elle a en plus des religions une ambition universaliste que les religions ont perdu : il y a plusieurs grandes religions dans le monde et aucune n'est en position d'écraser les autres. La laïcité se place au dessus des religions, ce qui lui confère des prétentions hégémoniques.
Tout cela n'est pas secret. Plusieurs ministres de l'éducation nationale ont écrit des livres sur le caractère religieux de ce fumeux concept. Deux exemples : Luc Ferry avec La Révolution de l'amour. Pour une spiritualité laïque ou Vincent Peillon avec Une religion pour la République: la foi laïque de Ferdinand Buisson.
Bref, aujourd'hui, en France, la pire des religions, ce n'est certainement pas l'Islam, ni même l'église catholique mais c'est la laïcité.
Bien sûr, et comme tous les religieux une fois de plus, les laïcs prétendent ne prêcher que le respect et la tolérance mais alors à quoi bon inventer un nouveau concept? Le respect et la tolérance, c'est très bien!
Anarchistes, nous sommes autant contre l'église que contre l'état donc il ne me semble pas opportun de choisir un camp ou un autre.
Motion sur la laïcité
Motion d’orientation adoptée au 39e congrès de la Fédération anarchiste réuni à Toulouse les 9, 10 et 11 Juin 1984
La laïcité a toujours été au cœur du combat anarchiste. L’école privée, religieuse à plus de 90% ; est avant tout porteuse de l’idéologie cléricale, ce qui est inacceptable dans un service public visant à l’éducation. c’est aussi par excellence l’école du capitalisme. Ceci est mis en évidence par le financement à outrance des écoles techniques privées par les patrons, par le biais de la taxe d’apprentissage.
C’est donc sans ambiguïté que nous nous prononçons pour la défense des acquis, quoique insuffisants, de l’école laïque :
gratuité de l’enseignement ;
garantie statutaire pour les enseignants qui permet une certaine indépendance pédagogique.
Nous rejetons toute école privée confessionnelle. Qu’aucun financement public n’aille à l’école privée, qu’aucun enseignement religieux ne soit permis dans l’enceinte d’une école ou dans son cadre à l’extérieur de cette enceinte et ceci au nom du respect de la liberté de l’enfant.
Cependant :
le statut particulier d’Alsace-Moselle n’ a pas été remis en cause ;
pire, les lois Savary et les lois de décentralisation vont étendre la notion de « caractère propre » de l’enseignement privé (défini par la loi Guermeur-Debré) à l’enseignement public, mettant l’ensemble des enseignants à la merci des pressions de groupes extérieurs : notables locaux, patronat, organisations de parents d’élèves (si cette intervention tend à se substituer à l’indépendance pédagogique de l’enseignant). nous ne sommes pas pour autant opposés, bien au contraire, à ce que les enseignants, sur la base du volontariat, mettent en place une stratégie contre l’échec scolaire, sous la forme d’un projet pédagogique ;
le protocole Hernu-Savary offre à l’armée la possibilité d’intervenir à l’intérieur des établissements scolaires.
L’école publique ne reçoit toujours pas les moyens de remplir ses fonctions de service public (budget, formation des enseignants, auxilariat ...) alors que le financement de l’enseignement privé devient obligatoire (loi Savary aggravant la loi Guermeur).
En avançant et défendant de tels projets, la gauche s’est, comme sur les autres terrains, totalement disqualifiée dans le domaine scolaire. Ces projets (Savary, décentralisation ...) entrant dans un projet global de société que nous combattons.
Les anarchistes ne confondent pas décentralisation et fédéralisme, ni cogestion et gestion directe.
Pour autant, nous restons tout à fait lucides sur la réalité de classe de l’école publique (reproduction des classes sociales et du schéma social existant).
Ainsi, les anarchistes ont leur propre idée de la laïcité : c’est l’éducation qui tend à la disparition de toute tutelle religieuse, bourgeois et étatique ; éducation qui ne se réalisera que dans une société sans État et sans classes : une société socialiste libertaire et qui sera l’œuvre de toutes les parties concernées (enseignants, enseignés et parents).
Fédération anarchiste
Tous les exe mples que tu cites d'injustices imposées par l'église sont datés et plus tellement d'actualité. Ici, ce ne sont plus que des combats d'arrière garde
Et ceci est tout aussi cohérent avec la substance de ses textes sacrés, constitutionnels,
mais parce que je pense que, tactiquement, se tromper d'ennemi, ça ne nous aide pas à avancer.
- ses apôtres : Jules Ferry, Ferdinand Buisson, etc.
http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article81290Durant plus de vingt ans, il abandonna alors toute activité politique, se consacrant, aux côtés de Ferdinand Buisson, qu’il avait connu à Neuchâtel, aux questions pédagogiques et au développement de l’école laïque. James Guillaume fut "la cheville ouvrière" des Dictionnaires de pédagogie (1876 et 1911).
La Commune de Paris, Considérant que le premier des principes de la République française est la Liberté ; Considérant que la liberté de conscience est la première des libertés ; Considérant que le budget des cultes est contraire au principe, puisqu’il impose les citoyens contre leur propre foi ; Considérant, en fait, que le clergé a été le complice des crimes de la monarchie contre la liberté, Décrète :
Article Ier : L’Église est séparée de l’État.
Article II : Le budget des cultes est supprimé.
Article III : Les biens dits de mainmorte, appartenant aux congrégations religieuses, meubles et immeubles, sont déclarés propriétés nationales.
Article IV : Une enquête sera faite immédiatement sur ces biens, pour en constater la nature et les mettre à la disposition de la nation.
Décret du 2 avril 1871
Le mot laïcité est plus récent que son idée. Une des premières occurrences du mot, signalée par le Dictionnaire Littré, date du 11 novembre 1871 et concerne l’enseignement. Quelques mois auparavant, la Commune de Paris avait porté un projet politique de laïcité puisqu’il s’agissait à la fois de séparer l’Église et l’État, et de sauvegarder la liberté de conscience considérée comme la « première des libertés ». La Commune a, en cela, confirmé le décret de la Convention du 21 février 1795 qui prévoyait déjà que l’exercice d’aucun culte ne peut être troublé et que République ne salarie aucun culte. Mais, pas plus qu’en 1795, le projet de la Commune, écrasée lors de la « semaine sanglante » du 21-28 mai 1871, n’a pu se réaliser. Cependant, quelques semaines après l’épisode de la Commune, Benjamin Buisson, ancien élève de l’École normale supérieure et frère cadet de Ferdinand Buisson qui deviendra le grand organisateur de l’école laïque de la IIIe République, estime que les femmes et les hommes de la Commune « avaient pris à la lettre ces mots d’égalité et de fraternité. (…) Ils voyaient la fraternité dans la rue ; on s’abordait, on se parlait familièrement, on se tutoyait presque. (…) Un homme en valait un autre. On ne faisait pas de courbettes à celui-ci parce qu’il avait des gants, tandis qu’on rudoyait celui-là qui avait une blouse. (…) L’art courait dans les rues, l’instruction vous assaillait à chaque pas : il fallait apprendre bon gré, mal gré, savoir vivre, juger par soi-même, avoir son opinion, être un homme. C’était le règne de la démocratie enfin, quelque chose de mieux qu’Athènes, que New-York, que Genève, c’était Paris en république » (Benjamin Buisson, Guerre civile et guerre sociale, 1871).
4) En vous appuyant sur le témoignage de Gilbert, expliquez en 5 lignes environ pourquoi il est nécessaire et utile de voter dans une démocratie.
Quiconque est au courant de ce qui s'est fait pour l'école en France sous la Troisième République,
sera d'accord avec nous pour dire qu'une place est due, et une des plus grandes, dans l'histoire de notre
éducation nationale, une place aussi dans l'estime et la reconnaissance publiques à cet homme qui, au rebours
des autres, a mis son point d'honneur dans le silence, dans le travail et dans l'obscurité voulue, à ce grand et
modeste éducateur- des éducateurs français.
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