Un regard noir

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Re: Un regard noir

Messagede Lehning le Sam 1 Oct 2016 19:17

Dans la région de Rouen, nous devons rappeler l'action de Roger Paon qui apporta son aide aux réfractaires, prit contact avec la Résistance et des militants anarchistes comme en particulier Alfred Thébault qui jouèrent ensuite un rôle dans la reconstruction de la F.A.
[Roger, André Paon, né à Mont-Saint-Aignan (Seine-Inférieure) en 1919, comptable dans la marine marchande, d'abord membre des jeunesses socialistes fin 1935, il contesta les positions prisent par le bureau national de la SFIO. Il devient pacifiste et fréquenta alors la Ligue internationale des combattants de la paix de Victor Méric, puis il prit contact avec les anarchistes et devint, en 1937, secrétaire du groupe de Rouen de l'UA. A la Libération, il participera à la reconstruction de la FA et collaborera à Ce qu'il faut dire et au Libertaire. Il devint l'animateur du groupe Elisée Reclus de Nice et s'impliquera dans la défense du droit à l'objection de conscience dans les années 1960 auprès de Louis Lecoin. Voir le Maitron, notice de René Bianco.]
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Messagede Lehning le Mar 11 Oct 2016 20:08

Dans le Nord, Hoche Meurant hébergea de nombreux militants anarchistes espagnols, aida la Résistance en jouant le rôle de boîte à lettre, en lui fournissant du matériel d'imprimerie et ensuite il sera à l'origine de la reconstruction du mouvement anarchiste dans sa région.
[Hoche, Arthur, Meurant, né à Roubaix en 1883, mort à Croix (Nord) en 1950, ouvrier peigneur, puis dans le bâtiment et la photographie, il se dota d'une solide culture d'autodidacte. Il s'intégra aux milieux anarchistes de la région lilloise. Contraint de partir au service militaire en 1903, il refusa d'accomplir les exercices journaliers et fut condamné à trois ans de prison au pénitencier de Daya-Bossuet (Algérie). Pour s'être livré à des voies de fait envers un surveillant, sa peine de mort de 1906 fut commuée en dix ans de travaux publics à Doya-Bossuet. Evadé en 1907, repris, il fut finalement gracié en 1910, puis réformé après l'intervention du docteur Dupré. Ouvrier mineur, il devint secrétaire de la section syndicale de Librecourt. Resté dans un premier temps à la CGT, il adhéra par la suite à la CGT-U des mineurs, mais exclu par les militants communistes, il milita ensuite à la CGT-SR et collabora au Combat syndicaliste de 1926 à 1939. Il se consacra aussi au mouvement libertaire dont il fut incontestablement le leader dans la région du Nord pendant l'entre-deux-guerres et il assista à tous les congrès anarchistes. Secrétaire de l'UA d'Ostricourt jusqu'en 1926, il fonda ensuite, le groupe "l'Entraide" de Croix et anima plusieurs groupes de la région lilloise, "Amis de Germinal", "Amis des libertaires", "Ligue antireligieuse de la raison". Ces actions lui attireront de nombreux problèmes avec la justice et il fut condamné à des amendes ou des peines de prison. Entretenant d'étroites relations avec la fédération anarchiste internationale d'Amsterdam, il effectua plusieurs voyages à l'étranger pour assister comme observateur à des congrès nationaux. Il fut administrateur de Germinal de 1925 à 1933, il collabora au Libertaire et en 1933 administra le Flambeau jusqu'en 1934 et enfin fut responsable de Terre Libre pour l'édition du Nord.
Pendant la guerre d'Espagne, il anima la section locale de la SIA fondée par Lecoin. Après la défaite des Républicains, il hébergea de nombreux anarchistes espagnols. A la Libération, il s'efforça de reconstruire la FA dans le Nord et fut secrétaire du groupe de Croix de la FA et milita à la CNT. Voir le Maitron, notice de J. Maitron et Le Maner.]
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Messagede Lehning le Jeu 13 Oct 2016 15:35

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Messagede Lehning le Mar 18 Oct 2016 19:52

Raymond Beaulaton, né le 12 octobre 1912 à Argence dans le Calvados, est un cas un peu particulier. Ce jeune ouvrier ajusteur, fils et petit-fils de militants socialistes, milita à partir de 1937 à la CGT et était proche des Amis de la Patrie humaine et des jeunesses socialistes, il participa au soutien de la Révolution espagnole. Pendant l'occupation nazie, il constitua le 20 juillet 1940, avec des camarades socialistes un groupe de résistance au Mans dans la Sarthe qui se spécialisa dans la filière d'évasion pour les prisonniers de guerre et politiques, ainsi qu'à l'édition de tracts antifascistes. Ce fut pendant cette période qu'au contact de camarades espagnols réfugiés dans la clandestinité il découvrit l'anarchie et le mouvement anarchiste.
En 1941, son groupe prendra contact avec Libération Nord puis, ensuite en 1942 avec le Réseau CND Castille. Il fut membre de la FA du Quai de Valmy dès la réunion d'Agen en 1944 et participa à la reconstruction du mouvement à Château-du-Loir.
[Dès la Libération, Raymond Beaulaton milita dans la minorité anarcho-syndicaliste de la CGT. En février 1945, il devient cheminot et en 1946, il fut exclu de la CGT pour "indiscipline" juste avant la création de la CNT en 1947 dont il fut un fondateur et à laquelle il participera jusqu'en 1950. A la même époque, il constituera avec ses camarades Jean Boyer et Henri Bagatokoff le groupe anarchiste de Château-du-Loir qui faisait partie de la FA. En juillet 1947, il fut muté à la SNCF sur Paris, puis dans l'année 1950 au Mans et en 1953, il retourna sur Paris. Il sera le créateur de l'Entente anarchiste (EA) en 1952, puis de l'Alliance ouvrière anarchiste (AOA) en 1956 dont il restera l'animateur jusqu'à sa mort en 1994. Voir le Maitron ou Beaulan dans Les anarchistes dans la Résistance, vol. 2, op. cit.]

Photo: Raymond Beaulaton:
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Messagede Lehning le Mer 26 Oct 2016 19:35

Dante Sauveur Armand Gatti, le futur auteur et metteur en scène de théâtre, rejoindra la Résistance en 1942 en Corrèze.
Arrêté par un soldat vichyste, il est livré à la Gestapo, puis déporté dans un camp près de Hambourg. Il s'évade pour rejoindre l'Angleterre et prend part à la bataille de France et de Hollande au sein des parachutistes anglais, les "Spécial Air Services" (SAS).
[Dante Sauveur Armand Gatti est né à Monaco en 1924. Son père Auguste Gatti, balayeur, anarchiste, fut le compagnon de Cafiero en Italie et participa aux luttes libertaires en Patagonie (Argentine). Après son arrestation, c'est dans un camp de concentration près de la Baltique, qu'Armand Gatti eut la révélation du théâtre. Ce jour où il vit le courage de trois rabbins lituaniens jouer une pièce rudimentaire sur le passé des juifs, les pogroms, la diaspora et la réalité présente du camp. Devant ces hommes qui mimaient l'errance éternelle des juifs, il vit l'incroyable sourire des prisonniers: "J'ai compris que le théâtre était plus fort que le camp, que c'est un espace de vie." Après la Libération, il travailla comme journaliste, puis il se consacrera à la création théâtrale. Un théâtre pour "répondre à la situation" qui fait l'éloge de la révolte et de l'Anarchie. Voir Mona Chollet, les Racines du ciel, Périphérique, 1998, Philippe Lafosse "L'Internationale d'Armand Gatti", Eloge de la révolution, le Monde diplomatique, 2001, p. 26, et, sur le net, L'éphéméride anarchiste.]

Photo: Armand Gatti:
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Messagede Lehning le Mer 26 Oct 2016 20:18

Lucien Haussart, avait monté une filière pour faire évader les suspects en Espagne. [Lettre de Louis Dorlet dans Archive J. Maitron, fond anarchisme, carton 6, Forces et action de l'AIT de 1939 à 1950.] Malgré la surveillance policière, Jules Vignes l'animateur du journal La Feuille apporta dans la région lyonnaise son aide au réseau de résistance de Francisco Ponzan Vidal.
[Jules Vignes, né à Toulouse le 13 avril 1884 et mort le 28 mars 1970. D'origine plébéienne, il fut l'animateur du journal idiste La Feuille et un proche du milieu anarchiste lyonnais. Voir Claire Auzias, Mémoires Libertaires: Lyon 1919-1939, éd. L'Harmattan, 1993 ou sa notice dans le Maitron, par J. Maitron et R. Bianco.]

Photo: journal "Libération" de Jules Vignes en 1927:
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Messagede Lehning le Jeu 27 Oct 2016 01:28

D'autres militants s'engageront plus modestement dans l'aide des réfractaires au STO comme Pierre-Valentin Berthier [Pierre, Valentin Berthier, né à Issoudun (Indre) en 1911 ; en 1932, il fonda une section des combattants de la Paix à Issoudun en 1932 puis, à Paris, il prit part à la revue libertaire La Conquête du pain. Il sera journaliste à Issoudun de 1936 à 1951, à cette date, il devient, grâce à Louis Louvet, correcteur d'imprimerie. Il est au syndicat des correcteurs de Paris depuis 1953 ; proche du milieu pacifiste et anarchiste individualiste, il fut militant à la FA de 1953 et collabora à un grand nombre de revues ou journaux anarchistes et pacifistes. Lire son témoignage en temps d'occupation dans Les Anarchistes dans la Résistance, vol. 2, p. 15, voir le Maitron. Pour Henri Ville et Pierre Darrot, Les Anarchistes dans la Résistance, vol. 2, pp. 32 et 175.], Henri Ville, Pierre Darrot en leur procurant des faux papiers, ou Régis Messac qui entra dans la Résistance pour organiser leur fuite et leur ravitaillement.
[Régis, Gilbert, Antoine Messac né à Champagnac (Charente) en 1893, mort en 1945 en déportation en Allemagne, il fut professeur agrégé, écrivain, poète, militant syndicaliste révolutionnaire, libertaire et pacifiste. Après ses études supérieures, sa mobilisation en 1914 où il fut grièvement blessé, il enseignera en 1922 en Angleterre, puis en 1924 à l'université de Montréal et en 1929, il reviendra en France enseigner à Montpellier pendant sept ans. Syndicaliste de tendance Révolution prolétarienne et Ecole émancipée, il attaquait ouvertement la pédagogie officielle, ce qui lui valut de ne jamais être nommé professeur de faculté, malgré son cursus universitaire. Il fut désigné, en 1936, comme secrétaire de la fédération générale de l'enseignement. Il collaborait à des périodiques comme ceux déjà cités ou Au primaire, les Humbles, Nouvel âge. A partir de 1935, il publia des romans d'anticipation et des essais. Son œuvre entière compte une trentaine d'ouvrages. Il fut mobilisé en 1939. Mais pacifiste, l'armistice et les évènements qui suivirent lui donnèrent l'idée d'un pamphlet Pot pourri fantôme, suivi d'un autre en 1940, Smith Conendrum, envoyé au pilon par les Allemands. Ensuite, il entra dans la Résistance, fut arrêté le 10 mai 1943, déporté en Allemagne d'où il ne reviendra pas. Voir le Maitron, notice de J. Prugnot et l'Ephéméride anarchiste.]

Photos: Pierre Valentin Berthier ; Régis Messac:
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Messagede Lehning le Jeu 27 Oct 2016 03:37

Le mouvement "L'Insurgé" de Lyon

Des militants syndicalistes révolutionnaires ou anarcho-syndicalistes de l'enseignement tendance Ecole émancipée et de la CGT-SR, des membres de la Révolution prolétarienne ainsi que des syndicalistes de la majorité CGT de l'enseignement, de Syndicats, des centristes de la CGT, vont dès 1942 entrer dans les réseaux de la Résistance ouvrière et particulièrement dans le mouvement de "L'Insurgé" de Lyon appuyé par un journal clandestin du même titre, organisé par Gabriel Fugère, dit Sauvaget [Marie-Gabriel Fugère, né à Toulon-sur-Artoux (Saône-et-Loire) en 1900, mort à Lyon en 1963, chef monteur en électromécanique, militant syndicaliste socialiste il fut secrétaire fédéral du PSOP de Rhône-et-Loire en 1938, membre de la gauche prolétarienne et l'organisateur du mouvement de résistance "L'Insurgé". Après son arrestation à Montpellier, il fut déporté à Buchenwald pendant un an et quatre mois. A son retour, il fonda "les amis de L'Insurgé" dans l'union fraternelle de la Résistance. Voir Maitron.], avec l'aide de nombreux camarades du Parti socialiste ouvrier et paysan (PSOP). A leur propre activité propagandiste, l'imprimeur du mouvement s'occupait de faire paraître Libération-Sud, ainsi que quelques exemplaires du Populaire clandestins. Sur le terrain, L'Insurgé prôna l'articulation entre lutte des usines et celle des maquis. Mais en dehors de la parution de journaux, l'activité de ce mouvement resta modeste. Ses modes d'intervention combinaient des habitudes héritées du mouvement ouvrier et des pratiques directement issues de la guerre. Il diffusa des tracts appelant à la grève générale ou contre le départ des ouvriers en Allemagne, incendia le fichier de l'inspection du travail, se spécialisa dans les faux papiers grâce à un graveur "psopiste" de Clermont-Ferrand et organisa des sabotages à l'usine LMT sur le matériel radio ou aux établissements Zénith sur des carburateurs. Il mettra sur pied un centre à Annecy en liaison avec les maquis de Haute-Savoie. Les relations étaient bonnes avec les autres mouvements de Résistance et en particulier Combat. [Au sujet de L'Insurgé, voir Jacques Kergoat, Marceau Pivert, socialiste de gauche, "Les liaisons avec l'Insurgé," pp. 192-195, dans le Maitron, les notices de M. Moissonier sur Fugère, de J. Lorcin, et J. Maitron sur Duperray, de R. Lemarquis sur Valière.] Des contacts précaires existaient avec la "résistance libertaire" parisienne. Le groupe initiateur ne tarda pas à s'étoffer et à rayonner. Plusieurs noyaux furent implantés, à l'aide de militants "psopistes" à Trévoux, Bourg et Miribel dans l'Ain, ainsi qu'à Annecy, Avignon, Grenoble et Clermont-Ferrand où il existait une liaison avec le groupe du Bulletin Ouvrier de Gilles Martinet. Deux de ces groupes nous intéressent plus particulièrement, celui de Saint-Etienne et de la Loire, qui étaient composés de syndicalistes révolutionnaires (SR) comme Jean Duperray [Jean Duperray né à Coutouvre (Loire) en 1910, instituteur, militant syndicaliste révolutionnaire de la Loire tendance Révolution prolétarienne et Voix syndicaliste de la Loire, il milita à l'UL et l'UD CGT de la Loire en 1933-34. Compagnon de route de la philosophe Simone Weil, il fut délégué suppléant au congrès de Paris et actif sympathisant de la CNT-FAI pendant la guerre d'Espagne, il fut membre de la S.I.A. et du comité de défense Garnier-David en 1938.
Il milita en tant que syndicaliste minoritaire oppositionnel et défendit ses positions lors du 3° Congrès départemental CGT. Il fut membre du conseil syndical du SNI. Jusqu'à la déclaration de la guerre en 1939, il participa aux actions de toutes les tendances syndicales, anarcho-syndicalistes, libertaires et socialistes de gauche qui, tentaient de concilier le pacifisme révolutionnaire ouvrier, le soutien à l'Espagne révolutionnaire et la lutte antifasciste et antinazie. A la Libération, il jouera un rôle capital dans la reconstitution des sections SNI qu'il a contribué à maintenir clandestinement et ensuite celles de la FEN de la Loire. Il appartiendra au bureau de l'UD CGT jusqu'à la scission.
Après sa retraite, prise en 1965, il se consacra à partir de 1970 à l'écriture de façon éclectique: études sociales, romans populaires, films, chansons... Voir Maitron.], René Garand [René, Simon Gatand, né à Rive-de-Gier (Loire) en 1912 et mort à Lyon en 1944, fut rédacteur au Peuple syndicaliste, membre du SNI et à la tendance syndicaliste révolutionnaire de La Voix syndicaliste de la Loire où il milite avec Duperray. Voir Maitron.], Joseph Bogoni [Joseph Bogoni fut un militant antifasciste du Parti maximaliste italien. Il publia avec Gilles Martinet, ancien membre du PC, et Pierre Bernard du PSOP, le Bulletin ouvrier qui fusionnera avec L'Insurgé. Voir Kergoat, Marceau Pivert, socialiste de gauche.], de syndicalistes révolutionnaires de l'Ecole émancipée comme Julien Godard, Jean Giry et d'anarchistes comme Antoine Salis, un ancien de l'UA, militant de la fédération des aveugles civils ou Auguste Rivollier (dit Philibert), un anarcho-syndicaliste, membre de l'Union anarchiste-communiste (UAC) stéphanoise [Julien Godard, instituteur fut militant syndicaliste révolutionnaire de la Loire, Jean Giry né à la Fouillouse (Loire) en 1912, mort en 1969, instituteur il milita à la Bourse du travail, participa aux occupations d'usines en 1936, aux cercles d'études et collèges de Firminy, Saint-Etienne, Saint-Chamond, Rive-de-Gier. Militant pacifiste et syndicaliste révolutionnaire, il collabora à La Voix syndicaliste et fut militant actif du mouvement L'Insurgé où il collabora à la presse clandestine, participa à des parachutages d'armes.

Après la Libération, il fut l'un des reconstructeurs du SNI de la Loire.
Il milita ensuite à la FEN, à la MGEN, au comité d'actions laïques et participa au MSUD (Mouvement pour un syndicalisme uni et démocratique). Antoine Salis fut le secrétaire du groupe anarchiste-communiste de Saint-Etienne à sa création en 1925 et délégué en 1924, 1925, 1926, aux congrès de l'UA devenue, en 1926, l'UAC et Auguste Rivollier (dit Philibert), ouvrier verrier, militant anarcho-syndicaliste de la Loire, membre du groupe anarchiste-communiste arrêté pour avoir appartenu à la Résistance stéphanoise, mourra en déportation à Neuengamme en 1945. Voir le Maitron (source L'Insurgé et U. Thévenon).] et celui de Montpellier autour de Marcel Valière [Marcel, Henri Valière, né à Sète (Hérault) en 1915 et mort à Montpellier en 1973, instituteur ; il fut secrétaire général de la Fédération unitaire de l'enseignement en 1935, puis responsable de la tendance Ecole émancipée. Pendant la guerre d'Espagne, il soutient l'action de la CNT-FAI et du POUM et s'élèvera contre l'assassinat d'Andres Nin par le NKVD. Au moment de Munich, Valiére se trouvera avec les "Pacifistes révolutionnaires" organisés dès le 5 juin 1938 avec d'autres "syndicalistes lutte de classe" et qui marquaient leurs divergences avec les "Pacifistes intégraux" partisans de la politique de paix de Daladier au sein du CSAG. A la suite de son action dans la Résistance, après la Libération, il jouera un rôle essentiel comme secrétaire du SNI de l'Hérault et fut signataire avec Bonissel de la motion d'orientation du S.N.I. en 1948. Lors de la scission de la CGT-FO, sa position et ses options allaient avoir un rôle déterminant dans la naissance de la FEN. Il aura aussi une action importante au sein de l'Ecole émancipée et fut également responsable mutualiste à la MGEN. Voir Maitron et Olivier Vanhée, "Une redéfinition de la tendance historique du syndicalisme révolutionnaire dans l'enseignement et pratique et orientation de l'Ecole émancipée à l'épreuve de l'éclatement du champ syndical enseignant: 1991-2001" (travail dans le cadre de l'IEP, 2001).], un syndicaliste révolutionnaire pacifiste, responsable de l'Ecole émancipée et de Louis Trégano du PSOP, tous deux membres du Comité régional Languedoc-Roussillon. En outre, L'Insurgé put s'appuyer sur une filière d'évasion par l'Espagne vers le Portugal, le Maroc, Gibraltar ou Londres, et formée par des militants espagnols du Parti ouvrier d'unification marxiste (POUM), le groupe Martin dirigé par Josep Rovira.
[Josep Rovira fut le représentant du POUM au comité des milices, chargé de calmer les rivalités et divergences des miliciens au Front, puis il fut le chef de l'état-major des unités du POUM à Siétamo et enfin commandant de la 29° division qui comprenait les 128° et 129° Brigades. Après la persécution du POUM par le NKVD, et la victoire de Franco, il fut interné dans les camps français. Le POUM se divisera en deux groupes l'un s'appela le Mouvement socialiste de Catalogne (MSC) et l'autre, dont fait partie Rovira, restera fidèle à son nom. En 1939, il est domicilié à Lyon où il rencontra Fugére. Pendant l'Occupation, il fut donc le responsable du groupe Martin, formé de poumistes et filière d'évasion vers Londres par l'Espagne, en liaison avec L'Insurgé et le service d'espionnage anglais, français et polonais.
Voir le Maitron, notice Fugère, Victor Alba, Histoire du POUM, éd. Ivrea, pp. 236, 238-239, René Grando, Jacques Queralt, Xavier Febrés, Camps du mépris, des chemins de l'exil à ceux de la Résistance, 1939-1945, éd. El trabucaire, p. 155.]

Photo: Marie-Gabriel Fugère:
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Messagede Lehning le Jeu 27 Oct 2016 04:33

Photo: Jean Duperray:
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Messagede Lehning le Jeu 27 Oct 2016 04:59

Photos: Antoine Salis ; Josep Rovira:
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Messagede Lehning le Jeu 27 Oct 2016 16:01

On retrouvera aussi des militants syndicalistes révolutionnaires ou anarcho-syndicalistes au sein du réseau de résistance "Libérer et Fédérer" de la région toulousaine, autour d'un militant comme Jean Monier qui organisera sous son pseudonyme de "Commandant Robert" le puissant maquis de Sainte-Croix Volvestre, l'un de ceux qui libérera Toulouse.
Gabriel Fugère fut arrêté le 10 septembre 1943. Le responsable de L'Insurgé sera alors Barboyon, alias Lacroix, militant de la SFIO, syndiqué CGT et membre du groupe socialiste d'entreprise.
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Messagede Lehning le Jeu 27 Oct 2016 19:15

A la suite du Congrès de Villeurbanne en octobre 1943, L'Insurgé changera d'orientation et se rapprocha de la tendance SFIO. Les délégués de la Loire, autour de Duperray, adoptèrent alors "la thèse du socialisme technicien à base syndicaliste ouvrière et paysanne", inspirée par des éléments du POUM.
Les militants se retrouvèrent dans différents réseaux de la Résistance, au hasard de leur ancrage local.

Photo: Jean Duperray:
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Messagede Lehning le Mer 9 Nov 2016 14:58

En mars 1944, les contacts pris entre les responsables du mouvement de L'Insurgé et le mouvement "Libérer et Fédérer" de Toulouse de Jean Cassou et Pierre Bertaux, aboutiront à la naissance du Mouvement révolutionnaire socialiste et d'un journal clandestin commun: L'Insurgé-Libérer-Fédérer.
[Jean, Raphaël, Léopold Cassou, né à Deusto (Espagne) en 1897, mort à Paris en 1986. Ecrivain, critique d'art, il fut rédacteur en chef d' Europe et professeur à l'Ecole pratique des hautes études ; lors de l'Occupation, il fut chargé du comité directeur des MUR, puis fut l'un des responsables du mouvement "Libérer-Fédérer" de Toulouse avec Pierre Bertaux, l'ancien secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères du gouvernement Blum de 1936. En 1944, il fut Commissaire de la république pour la région de Toulouse et remplacé à ce poste par Bertaux ; après la guerre, il fut conservateur en chef du Musée national d'art moderne de 1946 à 1965 et président du Comité national des écrivains en 1946-47. Voir la notice de Nicole Racine dans le Maitron.]

Photos: Jean Cassou ; Pierre Bertaux:
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Messagede Lehning le Mer 9 Nov 2016 15:56

La Résistance anarchiste espagnole en France

Dans les maquis, dans les réseaux, à Londres, dans la 2° DB du général Leclerc, on ne peut pas passer sous silence le rôle important joué par les anarchistes espagnols pour la libération de la France et la chute du nazisme en Allemagne. Les militants espagnols de la CNT en exil ont commencé à se réorganiser très tôt dès la période d'internement dans les camps pour certains.
Au début de l'année 1942, des groupes affinitaires sont déjà formés. D'une manière générale les anarcho-syndicalistes ont participé, pratiquement, à la vingtaine de réseaux de passeurs des Pyrénées. Ils étaient présents dans les maquis du sud de la France, dans les groupes FFI, FTP, MUR et AS ou dans des groupes autonomes où ils ont poursuivi, sur le sol français, la lutte qu'ils avaient commencée contre le fascisme espagnol. Ils sont particulièrement bien représentés dans le maquis de Dordogne, de la Montagne Noire, de Querigut dans l'Aude, de Kouffra dans l'Hérault, les maquis de l'Aveyron, du Pic Violent, de Savoie, les maquis du Lot, de Loches, de Belves, de l'Isère, de la Gouzette à Saint-Girons, de Privas, des Cévennes, les maquis du Cantal et de Corrèze, de Maleterne, de Bagnères, des Landes, du Rouergue, des Glières, du Limousin, le maquis Bidon 5 en Ariège et le maquis du Vercors et n'oublions pas le maquis du COFRA à moitié cénétistes, et du Barrage de l'Aigle en Corrèze où les anarchistes sont hégémoniques. La présence d'anarchistes est connue dans d'autres maquis, mais il s'agit souvent d'individus essaimés de-ci de-là sans lien entre eux.
Notons aussi leur présence dans le réseau Robul Alfred, la Compagnie Gabriel Peri et leur présence massive dans le Bataillon de la mort. Certains se retrouvent avec des responsabilités comme La Rey, membre de la CNT, et responsable de la Résistance à Montluçon ou Emilio Castro Ballesta qui, avec sa compagne, vont diriger le maquis du Limousin, après l'arrestation de Tavet dont elle est l'épouse.
Dans le Gers, la moitié des résistants de l'UNE sont confédéraux, ce qui n'est pas un cas isolé. Bien que très présents, les anarchistes espagnols, faute d'organisation nationale de Résistance, apparaissent peu nombreux. Pourtant, le maquis du Barrage de l'Aigle, haut lieu de la reconstruction de la CNT en exil, dirigé par le militant de la CNT José German Gonzalez, est l'un des maquis les plus actifs de la Résistance. Il est pratiquement à 100% confédéral, tout comme celui de Bort-les-Orgues en Corrèze. D'une manière générale, les maquis du Massif Central sont en forte proportion composés d'anarchistes espagnols tout comme ceux issus des chantiers de barrages sur la Dordogne, qui ponctuent son cours supérieur, notamment ceux de Bort-les-Orgues, de Marèges, de l'Aigle et de Chastang, en Corrèze. Parmi les nombreux militants anarchistes anonymes qui ont combattu pendant la guerre civile espagnole, certains resteront à jamais inscrits dans les pages de la Résistance française.

Photos: chars espagnols de la 2ième DB ; maquisards du barrage de l'Aigle:
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Re: Un regard noir

Messagede Lehning le Mer 9 Nov 2016 20:35

Ramon Villa Capdevilla avait lui aussi montré son courage durant la guerre civile. Il s'enfuit du camp d'Argelès et devient, en 1940, un des tous premiers résistants de la région. Il est plus connu sous le surnom de "commandant Raymond".
Spécialiste en explosif, son aide est précieuse pour le déraillement des trains, il commande deux cents résistants espagnols. Ce sont eux qui anéantissent la garnison qui avait massacré les habitants d'Oradour. Lui et ses compagnons rejoignent ensuite le bataillon Libertad. Ramon Villa Capdevilla est mort en 1963, dans une rixe avec des franquistes, alors qu'il était un des meilleurs passeurs d'hommes de la CNT et que depuis 1945, il faisait partie des groupes d'action qui n'ont cessé de harceler le régime franquiste.

Photos: Ramon Villa Capdevilla ; Oradour-sur-Glane:
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Re: Un regard noir

Messagede Lehning le Mar 22 Nov 2016 19:40

Il nous faut aussi évoquer le parcours d'une figure exemplaire, qui fut la pierre angulaire du plus grand réseau de passeurs de la Résistance, le réseau Pat O'Leary. Il s'agit du militant cénétiste, Francisco Ponzan Vidal, plus connu sous le nom de François Vidal. Il fut responsable d'une comarcal, fédération locale de la CNT en Aragon, durant la guerre civile.
Puis, il fit partie du groupe Libertador de la CNT, spécialisé dans la recherche d'informations militaires et dans les actions de sabotage derrière les lignes franquistes qui fut par la suite, intégré aux services secrets de la République espagnole. A partir de mai 1939, Vidal organise un réseau de passeurs d'hommes dans les Pyrénées pour faire sortir d'Espagne les militants en danger. Dès le début de la guerre, ce groupe de cénétistes se met au service de la Résistance et travaille activement avec l' Intelligence service et le Bureau central de renseignement et d'action (BCRA) de Gaulle, mais aussi avec le réseau Sabot et le groupe Combat. Ce réseau permet l'évasion de 1500 personnes dont plus de 700 aviateurs alliés et le passage de nombreux documents en particulier tout ce qui sert la CNT et à la lutte anti-franquiste. Le réseau couvre une zone qui va de Bruxelles à Lisbonne. Fait prisonnier en 1944 par la police française, Francisco Ponzan Vidal est livré aux Allemands et exécuté le 17 août 1944 par les nazis qui gardent la prison où il est enfermé à Toulouse. Bon nombre de ces maquisards se retrouveront ensuite dans le bataillon Libertad sous la responsabilité de l'anarchiste Santos. Ce bataillon atteint par la suite la pointe de Grave et libère le Lot et Cahors. La présence d'anarchistes est particulièrement remarquable dans la 2° DB du général Leclerc, qui a plus de 60% d'Espagnols, compte bon nombre d'anarcho-syndicalistes tant et si bien que la 9° compagnie du 3° Régiment de marche du Tchad, uniquement composée d'Espagnols à l'exception du capitaine Dronne qui la commande, est appelée familièrement la Nueve.
C'est cette Compagnie qui rentre la première dans Paris et ses véhicules blindés portent des noms qui rappellent l'Espagne, les deux premiers se nomment Ascaso et Durruti rappelant les illustres Solidarios de la CNT, un autre s'appelle Casas Viejas pour ne pas oublier la répression anti-cénétiste de 1931 et d'autres avaient les noms éloquents d'Ebro, Guadalajara, Madrid, Teruel, en souvenir des batailles de la guerre civile d'Espagne. Certains d'entre eux, dans les bataillons de la France Libre, vont donc libérer Paris et de grandes villes de France et poussèrent même jusqu'en Allemagne. Ainsi Antonio Ortiz s'engage dans les Corps francs d'Afrique, blessé il est hospitalisé, avant de repartir dans les "commandos d'Afrique" du général Leclerc, puis dans le premier bataillon de choc comme instructeur du premier commando lourd. Il débarque à Saint-Tropez, participe à la bataille de Belfort et fait la campagne d'Allemagne où il est grièvement blessé. Ortiz n'est pas un inconnu de l'histoire de l'Espagne, le 24 juillet 1936, juste après la colonne Durruti, il avait pris la tête de la colonne de la CNT-FAI qui a porté son nom. C'était la deuxième colonne qui s'est levée contre Franco. Ces deux colonnes reprirent, sur le front d'Aragon, durablement du terrain sur les factieux. L'action nécessaire pour reformer le Mouvement libertaire espagnol est venue de la base. En octobre 1941 les ouvriers du chantier du barrage de l'Aigle, dans le Massif Central, décident de lancer une dynamique de reconstruction.
En juin 1943, c'est donc près de Mauriac dans le Cantal que les anarchistes espagnols, membres des groupes clandestins de Résistance assistèrent au premier plénum confédéral de la CNT en France.
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Re: Un regard noir

Messagede Lehning le Mer 23 Nov 2016 02:33

Photo: Antonio Ortiz:
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Re: Un regard noir

Messagede Lehning le Mer 23 Nov 2016 02:46

4000 militants sont désormais coordonnés mais, malheureusement, il n'existe pas réellement de lien avec les réseaux de la Résistance ouvrière française. A cela s'ajoute une absence de programme politique, ces militants aident avant tout les maquis du sud de la France mais sans véritablement peser sur les évènements. A ce sujet, Pepito Rosell a écrit:

"Je pense que le mouvement libertaire, à l'époque, a loupé le coche de l'histoire, en faisant entrer dans la Résistance de nombreux compagnons à titre individuel et non comme représentants du mouvement libertaire organisé. Ce fut une mauvaise analyse de la situation. [...] Le poids de ces militants aurait pu peser lourd dans la balance, et nous aurions pu, en tant que mouvement syndical (la majorité des militants libertaires espagnols étaient adhérents à la CNT, anarcho-syndicaliste), imposer notre place au sein du conseil national de la Résistance, sous quelque nom que ce fût, et créer un pôle libertaire face aux communistes au sortir de la guerre."
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Re: Un regard noir

Messagede Lehning le Dim 11 Déc 2016 19:10

Prise dans ses luttes intestines, la direction de la CNT est inactive et, lorsqu'elle se réveille c'est pour proposer une nouvelle stratégie de collaboration de classe. Le 10 octobre 1944, le Mouvement libertaire espagnol se réunit à Toulouse où il adopte une politique de collaboration de tous les secteurs antifascistes sur la base d'un gouvernement républicain. Les libertaires espagnols escomptaient jouer sur la contradiction entre les blocs pour assurer la victoire d'une force non inféodée à l'un et à l'autre. Cette croyance reposait sur le fait que l'unité politique réalisée contre le franquisme n'avait pas été rompue par la défaite. Les anarchistes continuaient à siéger au "Gouvernement républicain espagnol en exil", protégé par le gouvernement mexicain. Très rapidement les illusions tombèrent. Le gouvernement provisoire de De Gaulle assura, dès leur libération, le verrouillage des territoires français frontaliers avec l'Espagne. Le calcul des révolutionnaires espagnols se révélait faux. Les Alliés ne les aideront pas à libérer l'Espagne. Franco avait définitivement gagné la partie.
Certains de ces militants du MLE participeront à la création de la FA et de la CNT-F. Pendant cette période, des organisations clandestines liées au PC évolueront vers des formes d'autonomie ouvrière proches des sensibilités syndicalistes révolutionnaires et libertaires. Certains de ces militants ont malheureusement fait partie des "cent mille fusillés" revendiqués par le parti communiste et parfois même ces révolutionnaires anarchistes qui faisaient passablement de l'ombre, furent éliminés, victimes de purges stalinienne, par les militants communistes (en particulier l'UNE) en compagnie de quelques socialistes et trotskistes.
[Voir J.-F., "Les anarchistes espagnols et la Résistance, la présence des anarchistes", l'Affranchie, n° 14, 1997. Henri Michel, sur le réseau Pat O'Leary, La guerre de l'ombre, Paris, Grasset, 1970. Le journal de marche d'Antonio Vilanova, Los Olvidados, Paris, Ruedo Iberico, 1969, pp. 371-450. R. Grando, J. Queralt, X. Febrés, Camps du mépris, des chemins de l'exil à ceux de la Résistance, 1939-1945, Edward Sarboni, Résistance libertaire, Libération, les dessous d'une "histoire" agencée, Increvables anarchistes, n° 7, p. 18, René Dazy, Fusillez ces chiens enragés, éd. Orban, Paris, 1981 ou Les dossiers noirs d'une certaine Résistance, Trajectoire du fascisme rouge, CES, Perpignan, 1984. Antonio Tellez Solà, Sabaté, guérilla urbaine en Espagne (1945-1960).]
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Re: Un regard noir

Messagede Lehning le Dim 11 Déc 2016 21:06

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