rudolf Rocker -> michel Bakounine par max Nettlau
J’ai eu entre les mains à la fin de années 1880, presque en même temps, « Dieu et l’Etat » (1882), « L’Alliance » (1873) et « Mémoire de la Fédération Jurassienne » (1873). Je voulus connaître mieux la vie de ce personnage qui me fascinait car il avait participé aux événements de Prague et de Dresde – je m’intéressais beaucoup à la période 1848-49 – et d’autant plus que j’avais réussi à me procurer en 1883 dans un kiosque zurichois plusieurs exemplaires de « Freiheit » qui publiait son « Catéchisme révolutionnaire ».
J’ai pris le temps en 1890, je lisais un peu le russe, Kropotkine m’avait prêté un livre en suédois qui traitait des années 1863-64, le « Jura-Bulletin », etc. J’écrivis de manière un peu précipitée des articles sur la biographie de Michel Bakounine publiés dans « Freiheit » entre janvier et avril 1891. Elisée Reclus me permit le premier d’entrer en contact avec des personnes bien informées et grâce à Vladimir Burzew, du Bristish Museum, je maîtrisais de mieux en mieux la langue russe.
Je séjournai en Suisse en décembre 1892 et en 1893 avec entre les mains une lettre de Kroptokine qui me recommandait aux vieux Jurassiens. Malatesta m’introduisit en 1899 auprès d’anciens compagnons en Italie. Je lus, en divers endroits, les manuscrits de Bakounine, les papiers de N. Joukovski, les documents de Genève et du Jura, les papiers de Celso Cerretti, les lettres de Bakounine. Je rencontrai des hommes encore jeunes ou déjà vieux, ayant participé aux révolutions des années 1840, comme Adolf Reichel ou Adolf Vogt, etc…
Au cours des années 1890 parurent des articles plus documentés, voire plus intimes comme la correspondance inépuisable avec Herzen et Ogarjew, les souvenirs de Leo Metschnikof, de Zamfir C. Arbure (Ralli) etc … Je rassemblais donc les éléments de la première biographie à partir de tous ces documents, plongeant dans les journaux et revues russes des années quarante, épluchant Pypin Belinski, utilisant la correspondance encore plus ancienne. Je rédigeai cette biographie forte de 1281 feuilles volantes entre 1896 et 1900 : des textes d’une écriture très serrée, des annotations longues de quelques 60 à 70 lignes. Une quarantaine d’exemplaires furent distribués…
Je me consacrai ensuite à d’autres recherches (en terminant par Buonarroti) mais je trouvais sans cesse des documents nouveaux sur Bakounine, notamment au cours d’un second voyage en Italie. Je me contentai dans un premier temps de prendre des notes. Grâce aux carnets de Bakounine de 1871, 1872 et quelques mois de 1874, des événements de l’époque reposent sur des fondements historiques solides.
J’ai également publié quelques passages des manuscrits, en particulier dans « Œuvres » (Paris, 1895), dans « Société Nouvelle », dans des éditions à Berlin (3 volumes), et à Buenos Aires (5 volumes). L’étude polygraphiée de 1896 à 1900 ainsi que les contributions manuscrites ultérieures ne furent pas complètement perdues puisqu’elles fournirent une base solide aux traductions des petits travaux de Victor Dave « Michel Bakounine et Karl Marx » (Paris, 1900), aux quatre volumes de James Guillaume « L’Internationale », à « Documents et Souvenirs », « 1864-1878 » (Paris, 1905-1910). Guillaume me fit part de ses remarques, de souvenirs plus intimes que ceux évoqués dans son ouvrage. Plus tard Saschin en fit de même. (…)
J’étudiai les relations de Bakounine avec l’Italie, l’Espagne, la Russie pour le compte du centre d’archives du Professeur Grunberg (1912, 1913, 1915)
Entre temps, grâce à la contribution brillante du professeur Korniloff on connut mieux la jeunesse de Bakounine (1909), puis les « années de jeunesse » (1915), auxquelles vinrent s’adjoindre les « années de voyages » jusqu’à l’exil en Sibérie, ainsi que des documents nombreux et variés de V. Polonski, N. Rjasanoff et une kyrielle d’autres, parmi lesquels je trouvai des choses intéressantes mais qui pour autant ne me comblaient pas totalement. (…)
Toujours est-il que je m’efforçai d’inclure dans la biographie écrite en quatre volumes entre 1923 et 1925 tous les documents disponibles, limitant par là même les notes manuscrites et autres documentations déjà mentionnées dans les éditions précédentes. J’espère pouvoir ajouter à chacun de ces volumes à paraître entre 1925 et 1930 un chapitre nouveau avec des documents inédits car le matériel à notre disposition est de plus en plus riche. (…)
-> max Nettlau
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