Arthur LEHNING

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Arthur LEHNING

Messagede Lehning le Mar 8 Jan 2013 04:28

Bonsoir !

Vient juste d'être publié aux Editions du Monde libertaire.
5€. 70 pages. Préface d'Alayn DROPSY. Biographie de Martine REMON, etc.
Retranscription d'une interview inédite (par Alayn DROPSY) d'Arthur LEHNING datant de 1997, 3 ans avant sa mort.

Un document exceptionnel, cela va sans dire !

Arthur LEHNING fut, entre autres, tout au long du XX° siècle, co-fondateur de l'Institut d'Histoire Sociale d'Amsterdam, fondateur de I 10, publicateur des Archives de Michel BAKOUNINE, antimilitariste et anarcho-syndicaliste dès les années 20, historien anarchiste hors-pair, etc.

Salutations Anarchistes !
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Re: Arthur LEHNING

Messagede vroum le Mar 8 Jan 2013 09:49

je met la couv en grand format :

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Re: Arthur LEHNING

Messagede Lehning le Sam 12 Jan 2013 01:25

Bonsoir !

Un article à paraître prochainement dans le ML gratuit de la Fédération Anarchiste ou à prix libre et dans Creuse-Citron, le journal de la Creuse libertaire. (à prix libre itou)à propos de cette brochure.

Une tournée de confs-débats se met également en place dans les mois à venir à propos de la sortie de ce document (A Aubusson dans la Creuse, à Limoges, à Lys-St-Georges dans l'Indre où a vécu Arthur LEHNING, etc...) et dans tous les endroits où je serais sollicité.
Une émission sur Radio-Libertaire, la radio de la Fédération Anarchiste, est aussi en prévision, etc.

Je suis aussi en relation avec mon ami anarchiste Thom HOLTERMAN qui a connu Arthur LEHNING et qui doit publier prochainement aux Editions Libertaires un ouvrage très intéressant sur les anarchistes hollandais. (Je suis passé dernièrement chez lui corrigé quelques pages)

Je suis en outre en contact avec la compagne d'Arthur LEHNING, qui est toujours vivante: Toke.

Comme le souligne Martine REMON (liaison Bas-Rhin de la FA) dans la biographie qu'elle a écrite dans le ML en 2000 à la disparition d'Arthur LEHNING (bio qui est aussi dans la brochure), Arthur LEHNING a traversé le 20ième siècle (né en 1900 et mort en 2000) en y apportant moults choses au mouvement anarchiste.
C'est de cela qu'il est question dans cet ouvrage et ceci raconté par Arthur lui-même.
(Certains passages sont très émouvants comme notamment le déménagement en Angleterre lors de la Seconde Guerre mondiale de la bibliothèque d'Amsterdam constitué au départ de l'immense bibliothèque de Max NETTLAU ; ou bien encore de la création de la revue d'art d'avant-garde "I 10" avec des collaborateurs comme Kandisky (le peintre abstrait), Ernst Bloch (l'écrivain), le Bauhaus, etc. ; les conditions de vie à Paris des exilé-e-s juifs-ves et russes anarchistes dans les années 20 ; la sauvegarde de la bibliothèque de Max NETTLAU (qui était à l'époque la + importante bibliothèque sur le mouvement anarchiste du monde) ; l'édification de l'Institut d'Histoire Sociale d'Amsterdam où se trouve (aussi ! arf !) notamment les archives de Marx, mais aussi d'innombrables documents et ouvrages sur la classe ouvrière, révolutionnaire et anarchiste. Une mine quoi !... comme le sont les CIRAs (Centres Internationaux de Recherche sur l'Anarchisme). Les CIRAs les + proches géographiquement de nous étant le CIRA-Limousin, celui de Marseille et celui de Lausanne en Suisse.

Sans bien entendu oublier qu'Arthur LEHNING a publié les archives de Michel BAKOUNINE ! Excusez du peu !

Salutations Anarchistes !
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Re: Arthur LEHNING

Messagede René le Sam 26 Jan 2013 18:42

ARTHUR LEHNING : Du syndicalisme révolutionnaire à l’anarchosyndicalisme. La naissance de l’Association internationale des travailleurs de Berlin (1)


EXTRAITS

Texte intégral :
http://monde-nouveau.net/spip.php?article464



On m’excusera de ne pas retracer ici en détail l’activité des différentes organisations syndicalistes pendant la Première Guerre mondiale et la période révolutionnaire qui en découla, bien que cela eût apporté maintes précisions à mon rapport ; je dois me limiter au développement des relations internationales de ces organisations syndicalistes. Jetons toutefois un coup d’œil sur la situation à laquelle étaient confrontés les syndicalistes révolutionnaires au début de 1920. La révolution était tenue en échec dans plusieurs pays d’Europe, mais rien ne paraissait encore tranché. En Russie, le nouveau pouvoir restait debout depuis plus de deux ans. Les organisations syndicales avaient connu un afflux considérable d’adhérents et formaient dans certains pays des organisations de masse qui englobaient une grande partie du prolétariat révolutionnaire. D’autre part, un regroupement des forces s’annonçait en France, l’ancienne CGT était sur le point d’éclater ; ailleurs, une dissemblance très nette entre communistes et syndicalistes se dessinait, parfois même au sein des syndicats révolutionnaires.
Ce processus, né d’une approche divergente des problèmes concrets soulevés par les conditions particulières de chaque pays, fut accéléré, dès mars 1919, par la fondation de l’Internationale communiste. Dans sa Plate-forme, celle-ci déclarait vouloir :
réaliser un bloc avec ces éléments du mouvement ouvrier révolutionnaire qui, bien qu’ils n’aient pas appartenu auparavant au parti socialiste, se placent maintenant en tout et pour tout sur le terrain de la dictature prolétarienne sous sa forme soviétiste, c’est-à-dire avec les éléments du syndicalisme. (11)

Ce désir fut encore accentué lorsque, en juillet, les syndicats réformistes fondèrent la Fédération syndicale internationale, dite l’Internationale d’Amsterdam ou bien l’Internationale jaune.
À ce moment, les syndicalistes n’étaient pas opposés, en principe, aux propositions de Moscou. La Russie révolutionnaire avait toutes leurs sympathies. Qu’on se représente ce qu’était en 1919 1a situation en Russie. Bien que le parti bolchevique fût au pouvoir, la phase révolutionnaire n’avait pas atteint son terme. Menacé au nord par l’intervention des Alliés, à l’est par Koltchak, dans le sud par Denikine et Wrangel, le gouvernement soviétique laissait une certaine liberté aux organisations révolutionnaires non bolcheviques, aux socialistes-révolutionnaires de gauche, aux maximalistes, aux syndicalistes, aux anarchistes. Le cordon sanitaire contre le nouveau régime faisait que la situation en Russie était mal connue, et la révolution, aux prises avec la contre-révolution, trouvait des défenseurs parmi les révolutionnaires du monde entier.
De même que la FAUD, la Confederacion Nacional del Trabajo (CNT) exprimait, en décembre 1919, au Congrès de la Comedia, son point de vue de la façon suivante :
Premièrement : Que la CNT d’Espagne se déclare le ferme défenseur des principes de la Première Internationale soutenus par Bakounine. Deuxièmement : Déclare qu’elle adhère provisoirement à l’Internationale communiste à cause de son caractère révolutionnaire, en attendant que la CNT d’Espagne organise et convoque le Congrès ouvrier universel qui discutera et fixera les principes selon lesquels devra être gouvernée la véritable Internationale des travailleurs. (12)

Donnant suite à l’invitation russe, plusieurs délégués syndicalistes assistèrent au IIe Congrès du Komintern, qui se déroula du 19 juillet au 7 août 1920. Mais pour les « gauchistes » qui se trouvaient parmi eux, le Congrès commença sous des auspices peu favorables : peu avant, Lénine avait publié son fameux pamphlet sur la « maladie infantile » ; et la veille de l’ouverture du Congrès, les délégués de la gauche communiste allemande (dont Otto Rühle) repartirent pour Berlin, complètement déçus par les entretiens qu’ils avaient eus avec les dirigeants bolcheviques. Les syndicalistes allemands avaient un observateur en la personne d’Augustin Souchy, qui faisait en Russie un voyage d’études. Des délégués espagnols, seul Angel Pestaña parvint à atteindre Moscou ; le délégué de l’USI, Armando Borghi, n’arriva qu’après la clôture (13).
Quant aux résolutions adoptées par le Congrès, on sait qu’elles étaient peu faites pour plaire aux syndicalistes révolutionnaires. Celle sur le rôle du parti communiste dans la révolution prolétarienne disait notamment :
L’Internationale communiste répudie de la façon la plus catégorique l’opinion suivant laquelle le prolétariat peut accomplir sa révolution sans avoir [un] parti politique. [...]
La propagande de certains syndicalistes révolutionnaires et des adhérents du mouvement industrialiste du monde entier (IWW) contre la nécessité d’un parti politique se suffisant à lui-même n’a aidé et n’aide, à parler objectivement, que la bourgeoisie et les « social-démocrates » contre-révolutionnaires. Dans leur propagande contre un parti communiste qu’ils voudraient remplacer par des syndicats ou par des unions ouvrières de formes peu définies et trop vastes, les syndicalistes et les industrialistes ont des points de contact avec des opportunistes avérés. [...] Le syndicalisme révolutionnaire et l’industrialisme ne marquent un pas fait en avant que par rapport à l’ancienne idéologie inerte et contre-révolutionnaire de la IIe Internationale. Par rapport au marxisme révolutionnaire (14), c’est-à-dire au communisme, le syndicalisme et l’industrialisme marquent un pas en arrière (15).

Après avoir constaté que l’apparition des soviets « ne diminue nullement le rôle dirigeant du parti communiste » et que l’opinion contraire « est profondément erronée et réactionnaire », la résolution poursuivait :
Le parti communiste n’est pas seulement nécessaire à la classe ouvrière avant et pendant la conquête du pouvoir, mais encore après celle-ci. L’histoire du parti communiste russe, qui détient depuis trois ans le pouvoir, montre que le rôle du parti communiste, loin de diminuer depuis la conquête du pouvoir, s’est considérablement accru.

Cette prise de position semblait fermer le Komintern aux organisations syndicalistes révolutionnaires, mais la porte leur était de nouveau ouverte, toutefois sous des conditions précises, par l’article 14 des statuts votés au Congrès. On y lit :
Les syndicats qui se placent sur 1e terrain du communisme et qui forment des groupes internationaux, sous le contrôle du Comité exécutif de l’Internationale communiste, constituent une section syndicale de l’Internationale communiste. Les syndicats communistes envoient leurs représentants au Congrès mondial de l’Internationale communiste par l’intermédiaire du parti communiste de leur pays. La section syndicale de l’Internationale communiste délègue un de ses membres auprès du Comité exécutif de l’Internationale communiste, où il a voix délibérative. Le Comité exécutif a le droit de déléguer, auprès de la section syndicale de l’Internationale communiste, un représentant qui a voix délibérative. (16)

Ce paragraphe mérite d’être commenté, car sa portée est double. D’une part, il marque une étape dans la lutte du Parti communiste russe pour se soumettre entièrement les syndicats qui essayaient, en Russie, de défendre ce qui restait de leur autonomie. C’est de ces syndicats qu’émana, fin 1919, la proposition de créer une Internationale syndicaliste rouge, mais pour les auteurs de cette proposition, il s’agissait d’une organisation existant à côté du Komintern. Or les dirigeants du Parti n’étaient nullement disposés à tolérer cette déviation aux principes centralistes ; et au IIIe Congrès des syndicats russes (avril 1920), où ceux-ci annoncèrent leur adhésion au Komintern, Zinoviev insista sur la subordination de la future Internationale syndicale à l’Internationale communiste.

D’autre part, l’article 14 des statuts était un défi manifeste aux organisations syndicalistes qui avaient eu, avant l’ouverture du Congrès, toute une série d’entretiens avec Alexandre Lozovsky et autres dirigeants russes, d’où sortit, le 15 juillet 1920, le Conseil provisoire de l’Internationale syndicaliste rouge. Au cours de ces entretiens, des divergences profondes s’étaient manifestées au sujet de la « dictature du prolétariat », du noyautage des syndicats réformistes préconisé par les bolcheviques, ainsi que des rapports entre le Komintern et l’ISR. Sur ce dernier point, il était clair que les délégués syndicalistes révolutionnaires avaient émis de profondes objections contre tout rôle dirigeant de l’Internationale communiste. L’adoption des statuts les mit dans l’obligation de reconsidérer leur attitude vis-à-vis d’un groupement international auquel ils étaient, en principe, favorables.
Dans ce but, la FAUD et le NAS convoquèrent une conférence syndicaliste internationale, qui eut lieu à Berlin, du 16 au 21 décembre 1920. Y prirent part des délégués des IWW, de quatre organisations argentines, du Comité syndicaliste révolutionnaire (la minorité de la CGT), de la FAUD (qui représentait aussi un groupe tchèque), des shop stewards anglais, de la SAC et du NAS. Par suite des arrestations, la CNT et l’USI ne purent se faire représenter. Quant aux fédérations norvégienne et danoise, elles envoyèrent des témoignages de sympathie. Enfin, un observateur des syndicats russes était présent ; son rôle se borna toutefois à émettre des doutes sur la raison même de la conférence, étant donné que le Congrès constituant de l’ISR, prévu pour mai 1921, devait discuter et décider de tout (17).

Les Hollandais présentèrent des thèses pour préciser le caractère qu’il fallait donner, selon eux, à la nouvelle Internationale. Ils insistaient pour que l’organisation révolutionnaire de la production et de la distribution fût prise en charge par les syndicats, et rejetaient l’ingérence des partis politiques ; c’était pour faire inclure ces points dans les statuts que la participation au Congrès de Moscou leur paraissait recommandable. De leur côté, les Français, instruits par Monatte (18) , étaient opposés à tout ce qui pouvait affaiblir, selon leur point de vue, l’unité révolutionnaire : ils demandaient donc l’adhésion des syndicalistes au Profintern.
La minorité syndicaliste révolutionnaire française – déclarent-ils –, organisée au sein de la CGT réformiste, comprend des anarchistes syndicalistes, des syndicalistes-révolutionnaires et des syndicalistes socialistes communistes. Nous estimons que ces mêmes éléments peuvent entrer dans la composition de l’Internationale syndicale de Moscou, à laquelle la minorité révolutionnaire syndicaliste française a déjà donné son adhésion [...] Il s’agit pour l’instant de constituer une internationale syndicale capable d’action révolutionnaire et d’écarter toutes les questions secondaires de doctrine, sur lesquelles nous pouvons a priori n’être pas d’accord. (19)

Les Allemands ayant rappelé la résolution londonienne de 1913, une commission fut nommée (composée du délégué des IWW et d’un membre de la FAUD et du NAS) pour rédiger un projet de déclaration finale. Après ample discussion – la délégation française n’étant plus présente – la déclaration suivante fut adoptée à l’unanimité :
1. L’Internationale révolutionnaire du Travail se place sans aucune réserve sur le point de vue de la lutte de classe révolutionnaire et du pouvoir de la classe ouvrière.
2. L’internationale révolutionnaire du Travail tend à la destruction et au rejet du régime économique, politique et spirituel du système capitaliste et de l’État. Elle tend à la fondation d’une société communiste libre.
3. La Conférence constate que la classe ouvrière est seulement en état de détruire (20) l’esclavage économique, politique et spirituel du capitalisme par l’application la plus sévère de ses moyens de pouvoir économiques qui trouvent leur expression dans l’action directe révolutionnaire de la classe ouvrière pour atteindre ce but.
4. L’Internationale révolutionnaire du Travail se place ensuite sur le point de vue que la construction et l’organisation de la production et de la distribution est la tâche de l’organisation économique dans chaque pays.
5. L’Internationale révolutionnaire du Travail est entièrement indépendante de chaque parti politique. Au cas où l’Internationale révolutionnaire du Travail se déciderait à une action, et que des partis politiques ou autres organisations se déclareraient d’accord avec celle-ci – ou en sens inverse –, alors l’exécution de cette action peut se faire en commun avec ces partis et organisations.
6. La Conférence fait appel urgent à toutes les organisations syndicalistesrévolutionnaires et industrielles pour prendre part au congrès convoqué le 1er mai 1921 à Moscou par le Conseil provisoire de l’Internationale rouge du Travail, afin de fonder une Internationale révolutionnaire du Travail unifiée de tous les travailleurs révolutionnaires du monde. (21)

Un bureau d’information syndicaliste international fut chargé de se concerter, au sujet de cette résolution, avec les organisations intéressées non représentées à la Conférence, et de se mettre en rapport avec le Conseil provisoire de l’ISR. Ce bureau comprenait Rocker, l’Anglais Jack Tanner (qui était à Moscou lors du IIe Congrès du Komintern) et B. Lansink fils, le Hollandais qui assumait les fonctions de secrétaire.
Ainsi, lorsque s’ouvrit le Ier Congrès du Profintern, presque toutes les organisations syndicalistes révolutionnaires y étaient représentées, à l’exception de la Confederaçâo Geral do Trabalho du Portugal et de la FAUD qui, toutes deux, bien que favorables à la création d’une Internationale syndicaliste, n’acceptaient pas celle qui allait être fondée à Moscou, sans garanties réelles quant à son indépendance. Le délégué de l’USI n’arriva pas à temps à Moscou pour participer au Congrès : comme en 1920, ce fut la Confederazione Generale del Lavoro qui représenta le syndicalisme italien. On sait comment celle-ci fut condamnée au Congrès constitutif de 1’ISR pour avoir gardé ses liens avec l’Internationale d’Amsterdam.
Le Congrès se tint du 3 au 19 juillet 1921. On l’avait reporté de mai en juillet pour le synchroniser avec le IIIe Congrès du Komintern, qui s’ouvrit le 22 juin. Là, devant le sensible déclin de la révolution européenne, Trotsky souligna une fois de plus la nécessité d’une direction révolutionnaire, c’est-à-dire du rôle dirigeant des partis communistes. Il fallait s’emparer des masses, comme le souligna Radek, et cela impliquait plus que jamais le noyautage des syndicats réformistes. Zinoviev, de son côté, consacra une grande partie de son rapport sur la question syndicale aux syndicalistes, chez lesquels il distinguait trois courants : le réformiste en faillite, à la Jouhaux (21) ; les syndicalistes allemands et suédois qu’il critiqua âprement ; et la tendance représentée par la minorité syndicaliste révolutionnaire française. Ces derniers éléments étaient invités à rejeter la neutralité en matière politique qui les condamnait à être, dans la lutte décisive, « objectivement un facteur contre-révolutionnaire ». Leur place était, par contre, dans l’Internationale syndicale rouge.
Quant à celle-ci, elle devrait, pour des raisons tactiques, jouir temporairement d’une certaine indépendance vis-à-vis du Komintern, lequel, en attendant que les deux organisations aient fusionné, garderait néanmoins la direction politique (23). Zinoviev prononça son discours le jour même où s’ouvrit le Congrès du Profintern. Avant de parler de ses résultats, il est bon d’ouvrir une parenthèse pour expliquer le contexte dans lequel se déroulèrent les débats.

Déjà lors du IIe Congrès de l’Internationale communiste, des anarchosyndicalistes russes avaient eu des entretiens avec quelques délégués étrangers, Souchy, Pestaña, Borghi et Lepetit notamment, pour les mettre au courant des persécutions dont étaient victimes les mouvements anarchiste et syndicaliste. La répression s’étant encore accrue après le départ des délégués, les dirigeants anarchosyndicalistes Grigorij Maximov, Efim Iarchuk et Sergei Markus essayèrent de faire parvenir, par l’intermédiaire de Rosmer, une protestation au Komintern. Pendant les pourparlers, en novembre 1920, plusieurs membres de l’organisation anarchiste Nabat furent arrêtés et emprisonnés à Moscou ; parmi eux, Voline et Marc Mratchnyi.
Quelques jours après qu’eut éclaté l’insurrection de Kronstadt, lorsque le Xe Congrès du Parti communiste russe entreprit de liquider les derniers vestiges d’opposition en son sein (8 mars 1921), ils furent rejoints en prison par Maximov et Iarchuk eux-mêmes.
Quand s’ouvrit le Congrès constituant du Profintern, les prisonniers décidèrent de faire la grève de la faim. Pour les soutenir, Alexandre Berkman, Emma Goldman (24) et Alexandre Schapiro réunirent un certain nombre de délégués syndicalistes pour que ceux-ci en fassent état aux séances du Congrès. C’est alors qu’eurent lieu, dans les coulisses, de longs entretiens, auxquels furent mêlés Dzerjinsky et Lénine, et qui aboutirent à un compromis : le 12 juillet, Trotsky signait un document qui faisait libérer et expulser les anarchistes, en échange de quoi le sort du mouvement libertaire ne serait pas soulevé dans les discussions du Congrès (25) .
Mais paradoxalement, c’est Boukharine qui, peu avant la clôture du Congrès, remit la question sur le tapis : sans doute pour atténuer les impressions des délégués syndicalistes européens. Il tenta de faire une distinction entre l’anarchisme russe, de caractère criminel, et celui des pays d’Occident. Ce n’est que difficilement que le délégué français Sirolle put faire enregistrer une réfutation de cette calomnie. L’incident rendu public mit en relief la nature curieuse d’une politique qui cherchait à s’assurer la coopération des syndicalistes à l’étranger, tout en les arrêtant chez elle.
Entre-temps, Rosmer – avec Tom Mann (26), le plus en vue des syndicalistes convertis au bolchevisme – avait essayé de convaincre les syndicalistes révolutionnaires présents que l’étroite connexion entre le Komintern et le Profintern ne saurait être interprétée dans le sens d’une soumission de celui-ci à celui-là. Il n’y réussit guère, mais une majorité du Congrès vota les statuts de l’ISR où il était dit :
Art. XI. [La liaison avec l’Internationale communiste.] Pour établir des liens solides entre l’ISR et la IIIe Internationale communiste, le Conseil central : 1. Envoie au Comité exécutif de la IIIe Internationale trois représentants avec voix délibérative. 2. Organise des séances communes avec le Comité exécutif de la IIIe Internationale pour la discussion des questions les plus importantes du mouvement ouvrier international et pour l’organisation d’actions communes. 3. Quand la situation l’exige, il lance des proclamations d’accord avec l’Internationale communiste. (27)

On notera que ce texte représentait un pas en arrière des dirigeants russes : il n’y est pas question de la direction politique ou idéologique du Komintern. Ce recul fut imposé par des syndicalistes qui, partisans du nouveau groupement, visaient à rendre possible l’adhésion de leurs organisations respectives en éliminant les doutes qui persistaient chez elles. C’était le cas, en premier lieu, de quelques Français, qui se heurtaient à des tendances opposées au sein du Comité syndicaliste révolutionnaire (28).
Les délégués hollandais – tous d’anciens anarchistes fort impressionnés par la Révolution russe – se trouvaient dans une situation semblable au sein du NAS, où des tendances procommunistes et syndicalistes commençaient à se dissocier. Les délégués espagnols (dont Andrés Nin, le futur secrétaire du Profintern) essayèrent eux aussi d’obtenir le maximum d’indépendance pour convaincre la majorité de la CNT – en vain, comme on sait, car celle-ci allait considérer leurs mandats (obtenus à une conférence non représentative) comme sans valeur et désavouer l’adhésion qu’ils avaient donnée au Profintern.
Or les concessions somme toute formelles qui sortirent des débats, ne suffirent pas à résorber l’opposition. Dans son compte rendu très critique, George Williams, le délégué des IWW, a raconté comment les syndicalistes révolutionnaires allèrent jusqu’à tenir des conférences à part, pendant les dernières séances du Congrès et dans les jours qui suivirent, afin d’envisager la formation d’une opposition cohérente dans l’ISR (29). Ce n’était là que le début d’un processus au cours duquel beaucoup de ces délégués se séparèrent du Profintern et condamnèrent sa tactique.
Nous nous sommes abstenus d’analyser ici les débats sur le programme de l’ISR. Ils n’ajoutèrent à peu près rien de nouveau aux points de vue exprimés auparavant par les protagonistes, lors du IIe Congrès du Komintern, et, d’ailleurs, l’écrasante majorité des Russes excluait toute surprise. De plus, la connexion Komintern-Profintern résumait en vérité tout le problème, car le rôle dirigeant dévolu à l’Internationale communiste impliquerait, nul n’en doutait, l’adoption de sa ligne politique. Finalement, l’adhésion au Profintern cessait d’être une question qui concernait simplement l’organisation internationale du syndicalisme : elle devenait de plus en plus une question qui déterminait l’attitude à adopter envers le régime russe.
Dès le début, les critiques anarchistes du bolchevisme n’avaient pas manqué, notamment celles de Domela Nieuwenhuis en Hollande et de Rocker en Allemagne. En juillet 1919, Malatesta écrivait :
Lénine, Trotsky et leurs camarades sont sûrement des révolutionnaires sincères, tels qu’on les voit définir la révolution, et ils ne trahiront pas, mais ils préparent les cadres gouvernementaux qui serviront à ceux qui viendront ensuite pour profiter de la révolution et pour l’assassiner. Eux, ils seront les premières victimes de leurs méthodes et je crains qu’avec eux s’écroulera aussi la révolution. L’histoire se répète ; mutatis mutandis, c’est la dictature de Robespierre qui amena Robespierre à la guillotine et prépara la voie à Napoléon. (30) et (31).

Mais c’est surtout en 1921 que les anarchistes et anarchosyndicalistes russes exilés ou réfugiés peuvent se faire entendre hors de Russie. Ce sont eux désormais qui, soutenus surtout par Rocker et la FAUD, vont contribuer d’une manière décisive à la prise de conscience des syndicalistes révolutionnaires et à la fondation de l’Internationale de Berlin (32). En octobre 1921, la FAUD tint son XIIIe Congrès, à Düsseldorf, et saisit l’occasion pour organiser une conférence avec les délégués étrangers qui étaient présents. Ceux-ci constatèrent que l’ISR ne représentait pas l’Internationale syndicaliste telle qu’ils l’envisageaient, et ils demandèrent la convocation d’un nouveau Congrès syndicaliste international, sur la base de la déclaration berlinoise de décembre 1920 (moins, naturellement, le dernier paragraphe (33). Ceux qui participaient à la conférence venaient d’organisations d’Allemagne, de Suède, de Tchécoslovaquie, de Hollande et des États-Unis. En ce qui concerne les délégués de ces deux derniers pays, il est peu probable qu’ils possédaient des mandats leur conférant le droit de prendre une telle décision. Rappelons donc brièvement ce qui se passait dans les différents mouvements.
Parmi les organisations présentes à Moscou, en été 1921, les IWW, la Federacion Regional Obrera Agentina, la Federacion Regional Obrera de Uruguay, les syndicalistes des pays scandinaves, l’USI et la CNT décideront tour à tour de ne pas adhérer à l’ISR. Comme nous l’avons déjà dit, la FAUD et la CGT portugaise avaient renoncé à se faire représenter. C’est uniquement en France et en Hollande que la situation reste complexe. Partout ailleurs, les syndicalistes révolutionnaires ont massivement rejeté le Profintern. Il s’agit maintenant de les rassembler.
Vu leur situation particulière, les Français et les Hollandais ne joueront qu’un rôle très restreint dans l’entreprise d’unification (34). En France, la scission de la CGT devient inévitable dès la fin de l’année 1921. En juin 1922, au Congrès de Saint-Étienne, se constitue la CGT-Unitaire, formée d’une majorité pro-communiste et d’une minorité syndicaliste révolutionnaire de tendance anarchosyndicaliste (35). Dès le début, l’unité de la nouvelle CGT est précaire ; pour la préserver, le IIe Congrès du Profintern se verra obligé de proclamer ouvertement son indépendance vis-à-vis du Komintern ; c’est seulement dans ces conditions que la CGTU pourra, au Congrès de Bourges, en novembre 1923, adhérer à l’ISR. Dans les années suivantes, les syndicalistes révolutionnaires vont quitter peu à peu la CGTU, mais ce n’est qu’en novembre 1926 que, sous l’égide de l’AIT de Berlin, ils décideront de fonder une organisation à part, la troisième CGT, la CGT syndicaliste révolutionnaire (36).
En Hollande, après le Congrès constituant du Profintern, le NAS est de plus en plus divisé. Un référendum parmi ses membres refuse, au milieu de 1922, l’affiliation à l’ISR, mais les décisions susmentionnées du IIe Congrès du Profintern rouvrent la question, et la majorité du Comité hollandais décide de ne participer au Congrès constituant de l’AIT que pour essayer d’empêcher la fondation de celle-ci, en faisant appel à l’unité du mouvement syndicaliste. En 1923, le Congrès du NAS et un nouveau référendum confirment cette tendance : le Profintern l’emporte, et c’est alors que la minorité se sépare pour créer, en juin, le Nederlands Syndicalistisch Vakverbond, qui adhère à l’AIT de Berlin. Le NAS, pour sa part, ne s’affilie finalement à l’ISR qu’en décembre 1925, pour la quitter de nouveau en 1927, lorsque les divergences entre ses dirigeants et le Parti communiste hollandais aboutirent à la rupture.
Le Congrès syndicaliste international, décidé en octobre 1921, ne fut tout d’abord qu’une conférence, qui se tint à Berlin, du 16 au 18 juin 1922. Des délégués de la CGTU, de la FAUD, de la SAC et des syndicalistes norvégiens, de l’USI, de la Minorité syndicaliste révolutionnaire russe (représentée par Mratchnyi et Schapiro) et de la CNT y participèrent. Les Espagnols n’arrivèrent que le dernier jour. Un observateur de l’Union des marins, du NAS, était présent, tandis que les IWW, la CGT portugaise et les syndicalistes danois avaient envoyé des messages. Un observateur des syndicats russes était également là.
Celui-ci arriva juste au moment où la conférence discutait une résolution qui condamnait sévèrement le gouvernement russe pour ses persécutions contre les anarchistes et syndicalistes révolutionnaires, et blâmait le Komintern et l’ISR de rester muets en face de cette répression. L’arrivée du délégué bolchevique arracha à Mratchnyi les paroles suivantes :
Ces messieurs qui se présentent ici à titre de délégués des syndicats rouges de Russie – et s’ils sont rouges, c’est du sang des ouvriers et paysans qu’ils continuent à répandre pour conserver leur pouvoir –, nous les considérons comme représentants du gouvernement russe, de la Tcheka – de celle qui persécute et arrête les ouvriers révolutionnaires, de ceux-mêmes qui nous ont arrêtés et expulsés. (37)

La rupture des délégués présents avec Moscou était donc aussi évidente que nette et la délégation russe s’empressa de quitter la conférence.

Les principales tâches que la conférence se donna comprenaient la discussion des principes et de la tactique du syndicalisme révolutionnaire, et la définition de l’attitude à adopter à l’égard de l’ISR. Sur le premier point, elle adopta une motion de Rocker, composée de dix paragraphes où celui-ci précisait le caractère du syndicalisme révolutionnaire. C’est ce texte qui deviendra, six mois plus tard, la déclaration des principes de l’Association Internationale des Travailleurs. Rocker y définit, en le résumant, le syndicalisme révolutionnaire :
Le syndicalisme révolutionnaire, se basant sur la lutte des classes, tend à l’union de tous les travailleurs manuels et intellectuels dans des organisations économiques de combat luttant pour leur affranchissement du joug du salariat et de l’oppression de l’État. Son but consiste en la réorganisation de la vie sociale sur la base du communisme libre, au moyen de l’action révolutionnaire de la classe ouvrière elle-même. Il considère que seules les organisations économiques du prolétariat sont capables de réaliser ce but, et s’adresse, par conséquent, aux ouvriers en leur qualité de producteurs et de créateurs des richesses sociales, en opposition aux partis politiques ouvriers modernes qui ne peuvent jamais être considérés du point de vue de la réorganisation économique.
Le syndicalisme révolutionnaire est ennemi convaincu de tout monopole économique et social et tend vers leur abolition au moyen de communes économiques et d’organes administratifs des ouvriers des champs et des usines sur la base d’un système libre de Conseils affranchis de toute subordination à tout pouvoir ou parti politique. Il érige contre la politique de l’État et des partis, l’organisation économique du travail ; contre le gouvernement des hommes, la gestion des choses. Il n’a pas, par conséquent, pour but la conquête des pouvoirs politiques, mais l’abolition de toute fonction étatiste dans la vie sociale. Il considère qu’avec le monopole de la propriété doit aussi disparaître le monopole de la domination, et que toute forme d’État, la forme de la « dictature du prolétariat » y comprise, ne peut jamais être un instrument d’affranchissement, mais sera toujours créateur de nouveaux monopoles et de nouveaux privilèges.

Enfin, la déclaration précise :
Ce n’est que dans les organisations économiques révolutionnaires de la classe ouvrière que se trouve la force capable de réaliser son affranchissement et l’énergie créatrice nécessaire pour la réorganisation de la société sur la base du communisme libre. (38)

Nous reviendrons plus loin sur l’importance de ce document qui concrétise en termes succincts, le passage du syndicalisme révolutionnaire à l’anarchosyndicalisme. Quant au Profintern, l’opinion à peu près générale de la conférence – à l’exception, toutefois, de la délégation française qui, dans l’attente des décisions du Congrès de Saint-Étienne, s’abstint de prendre la parole – fut exprimée par Alexandre Schapiro :
Ou bien – déclara-t-il – nous poserons des conditions élémentaires [à notre adhésion] que l’ISR se fera un plaisir d’accepter, et alors nous sentirons, aussitôt adhérés, que nous sommes pieds et poings liés, ou bien nous poserons des conditions tellement sévères que nous saurons d’avance qu’elles seront inacceptables par l’ISR. Dans le premier des cas, ce serait ou bien trahir le syndicalisme révolutionnaire ou bien vous préparer à quitter bientôt l’ISR comme c’est le cas avec l’Espagne et l’Italie. Dans le second cas, c’est agir à titre de démagogues, et nous ne pouvons jamais nous permettre ce luxe bolchevique. Il en résulte que nous, ici à la Conférence, devons simplement poser les bases d’une organisation internationale syndicaliste, ou au moins faire les préparatifs nécessaires pour organiser une telle Internationale, et laisser aux Russes de décider s’ils sont d’accord avec nos principes ou non. Nous croyons la représentation des syndicalistes au IIe Congrès de l’ISR illusoire et même dangereuse. Notre devoir est d’organiser notre congrès et y inviter les Russes – les seuls au sujet desquels le conflit existe.

De son côté, Rocker précisa :
Il est bien temps de se demander que représente l’ISR ? Tant qu’elle n’aura pas la possibilité d’accaparer les syndicalistes, il n’y restera, en dehors de la Russie, que Bukhara, la Palestine et peut-être encore le Kamtchatka. (39)

Conséquemment, la Conférence vota une résolution disant que le Profintern « ne représente, en [lui]-même, ni au point de vue des principes, ni à celui des statuts, une organisation internationale capable de souder le prolétariat révolutionnaire mondial en un seul organisme de lutte », et décida de nommer un bureau provisoire chargé de convoquer, à Berlin, en novembre 1922, un congrès international des syndicalistes révolutionnaires. Entrèrent dans ce bureau, Rudolf Rocker, Armando Borghi, Angel Pestaña, Albert Jensen et Alexandre Schapiro.
À partir de ce moment, tout alla très vite : le congrès, reporté de quelques semaines pour qu’on puisse connaître les résultats du IIe Congrès de l’ISR, se tint du 25 décembre 1922 au 2 janvier 1923.
Y envoyèrent des délégués (ou des adhésions écrites) les centrales syndicalistes révolutionnaires des pays suivants : Allemagne, Argentine, Chili, Danemark, Espagne, Italie, Mexique, Norvège, Portugal, Suède, Tchécoslovaquie. Les communistes conseillistes allemands de l’Allgemeine Arbeiter Union (Einheitsorganisation) y étaient représentés par Franz Pfemfert. Il y eut des observateurs français, notamment du Comité de défense syndicaliste qui s’était constitué au sein de la CGTU. Le NAS hollandais y joua le rôle dont nous avons déjà parlé. De la Russie, il n’y eut, bien entendu, que la Minorité anarchosyndicaliste.
Le congrès confirma entièrement les décisions prises à la conférence de juin 1922. La modification des statuts du Profintern, obtenue à Moscou par la CGTU, fut considérée comme une « duperie » qui n’apportait aucun argument contre la fondation de l’Association internationale des travailleurs. L’introduction aux statuts de la nouvelle Internationale, qui précédait les « Principes du syndicalisme révolutionnaire » rédigés par Rocker à l’intention de la conférence de juin, décrivait brièvement la caractéristique des Internationales d’Amsterdam et de Moscou :
L’Internationale d’Amsterdam, perdue dans le réformisme, considère que la seule solution au problème social réside dans la collaboration de classe, dans la cohabitation du Travail et du Capital et dans la révolution patiemment attendue et réalisée, sans violence ni lutte, avec le consentement et l’approbation de la bourgeoisie. L’Internationale de Moscou, de son côté, considère que le Parti communiste est l’arbitre suprême de toute révolution, et que ce n’est que sous la férule de ce parti que les révolutions à venir devront être déclenchées et consommées. Il est à regretter que dans les rangs du prolétariat révolutionnaire conscient et organisé il existe encore des tendances supportant ce qui, en théorie comme en pratique, ne pouvait plus tenir debout : l’organisation de l’État, c’est-à-dire l’organisation de l’esclavage, du salariat, de la police, de l’armée, du joug politique, en un mot, de la soi-disant dictature du prolétariat qui ne peut être autre chose qu’un frein à la force expropriatrice directe et qu’une suppression de la souveraineté réelle de la classe ouvrière et qui devient par là, la dictature de fer d’une clique politique sur le prolétariat. (40)

Le nom donné à la nouvelle organisation, l’Association Internationale des Travailleurs, se référait évidemment à celui de la Première Internationale dont l’Internationale de Berlin se considérait en effet comme la continuation, et tout particulièrement de son aile bakouniniste. Là, peut-être, il y avait quelque chose de plus juste encore que lorsque James Guillaume notait, en 1910 : « Qu’est-ce que c’est la CGT sinon la continuation de l’Internationale ? » (41)
Mais pour l’élucider, il faudrait faire un rapport à part sur Bakounine et la Première Internationale. En tout cas, on peut souscrire à cette opinion si l’on assimile la tendance bakouniniste dans l’Internationale aux grandes organisations espagnole et italienne, fondées sur les principes du collectivisme fédéraliste bakouninien (42).
La seule grande organisation dont l’absence à Berlin a pu étonner, ce sont les IWW américains. Fondés à Chicago, en 1905, les IWW étaient une véritable organisation syndicale révolutionnaire, qui rejetait l’ingérence des partis politiques et prévoyait – comme la Charte d’Amiens – que les institutions de la société future sortiraient des organisations économiques actuelles de la classe ouvrière.
À l’organisation syndicale de l’American Federation of Labor, les IWW opposaient leur organisation industrielle. S’ils ne sont pas entrés dans l’AIT, il faut, une fois de plus, en chercher la raison dans le fait qu’ils se considéraient comme étant eux-mêmes une Internationale. Bien qu’il y eût, en effet, des organisations des IWW en Angleterre, en Australie, au Mexique, en Argentine et au Chili, le caractère international de ceux-ci se fondait surtout sur le fait qu’ils englobaient des membres de toutes les nationalités des États-Unis. Mais les IWW du Chili n’ont pas vu d’inconvénient à adhérer à l’AIT. En somme, l’Internationale de Berlin avait bien réussi à contrecarrer l’activité de Moscou, dont un représentant qualifié, le secrétaire général permanent de l’ISR, Lozovski, résumait, en 1930, le sens :
Dès la fondation du Profintern – écrivit-il – toute l’activité de ses sections consiste à pousser la politique communiste dans le mouvement syndical, à conquérir les masses pour les partis communistes et le Komintern, et à élargir l’influence des idées communistes parmi des couches toujours nouvelles des ouvriers. Voila la raison de la naissance de l’ISR ; c’est cette activité que l’ISR a menée durant les 10 années de son existence. (43)

On ne saurait mieux dire.


****************************************************

(…)
11 La IIIe Internationale communiste. Thèses adoptées par le I° Congrès. Documents officiels pour l’année 1919-1920, Pétrograd, 1920, p. 28.
12 José Peirats, La CNT en la revolución española, vol. I, Paris, 1971, p. 29.
13 Ce n’est pas exact. En revanche il dut repartir précipitemment à cause du déclenchement de la grève générale en Italie. Dès son arrivée, Borghi rencontra Angel Pestaña qui le mit au courant de ses impressions. Depuis plusieurs mois, l’Union syndicale italienne avait adressé un courrier aux dirigeants bolcheviks pour leur faire savoir qu’elle souhaitait adhérer à la IIIe Internationale. Or, à sa grande surprise, Borghi se rendit compte que personne n’était apparemment au courant. Pestaña alla se renseigner et on lui déclara à chaque fois qu’on ne savait rien et que par conséquent l’USI ne pouvait pas participer aux travaux de l’Internationale ! D’où sans doute l’erreur d’Arthur Lehning. Pestaña ajoute cependant : « Plus tard j'ai su que oui ils le savaient, mais, pour les raisons que j'ignore, ils l'avaient caché. » En revanche, la CGL, la centrale réformiste italienne, était bien là, représentée par D’Aragona. Naïvement, Borghi demanda que la CGL soit exlue à cause de son « caractère réformiste et de collaboration de classes » et de « l’influence prépondérante en son sein des socialistes italiens de droite », alors que l’Union syndicale italienne « maintenait vif l’esprit de classe, ne collaborait avec aucun organe représentatif de la bourgeoisie, et pour le soutien qu’elle apporta dès le premier jour à la révolution russe » (Pestaña, Memorias.) Les militants syndicalistes révolutionnaires italiens tombaient mal, en fait : ils faisaient les frais du retournement de situation consécutif à la mise en œuvre de la stratégie de Front unique, qui prônait le rapprochement avec les organisations réformistes. (Voir : Armando Borghi, ½ secolo di anarchia, ESI, Napoli, 1954, ch. 17.) (Note de Monde-nouveau)
14 Les mots soulignés ont été omis dans la traduction du texte de Lehning. (Note de Monde-nouveau.)
15 IIe Congrès de l'I.C. Juillet 1920, Résolution sur le rôle du Parti Communiste dans la révolution prolétarienne.
16 Le Phare, La Chaux-de-Fonds, décembre 1920 (numéro spécial. Thèses, conditions et statuts de l’Internationale communiste), pp. 155-156, 159-211.
17 Pour information, voici la résolution qui fut adoptée :
« 1° L’Internationale Révolutionnaire du Travail se place, sans aucune réserve, sur le point de vue de la lutte de classe révolutionnaire et du pouvoir de la classe ouvrière.
« 2° L’Internationale Révolutionnaire du Travail tend à la destruction et à l’anéantissement du régime économique, politique et moral du système capitaliste et de l’État. Elle tend à la fondation d’une société communiste libre. « 3° La conférence constate que la classe ouvrière est seule en état de détruire l’esclavage économique, politique et moral du capitalisme par l’application la plus sévère de ses moyens de pouvoir économique qui trouvent leur expression dans l’action directe révolutionnaire de la classe ouvrière pour atteindre ce but.
« 4° L’Internationale Révolutionnaire du Travail se place ensuite sur le point de vue que la construction et que l’organisation de la production et de la distribution sont la tâche de l’organisation économique dans chaque pays.
« 5° L’Internationale Révolutionnaire du Travail est entièrement indépendante de tout parti politique. Dans le cas où l’Internationale Révolutionnaire du Travail déciderait une action et que les partis politiques ou toute autre organisation se déclareraient d’accord avec cette action ou vice-versa, alors l’exécution de cette action peut se faire en commun avec ses partis et organisations.
« 6° La conférence adresse un appel urgent à toutes les organisations syndicalistes révolutionnaires et industrielles et les invite à prendre part au Congrès convoqué le 1er mai 1921 à Moscou par le Conseil provisoire de l’Internationale Rouge du Travail (I. S. R.) afin de fonder une Internationale Révolutionnaire du Travail unifiée de tous les travailleurs du monde. » (Note de Monde-nouveau.)
18 Dans le Bulletin international des syndicalistes révolutionnaires et industrialistes (Berlin, 16 juin 7922, p. 17), on lit : « Les délégués français, Jean Ceppe et V. Godonnèche, jouèrent à cette conférence un rôle assez piteux. Ils présentèrent une déclaration écrite et quittèrent la Conférence, refusant de participer, jusqu’à la fin, à ses travaux. Plus tard, aux séances des syndicalistes minoritaires au Congrès de Lille en 1921, Monatte expliqua au représentant des syndicalistes allemands, A. Souchy, que c’est lui qui envoya Ceppe et Godonnèche à Berlin dans le but spécifique d’empêcher, par tous les moyens possibles, la création d’une Internationale syndicaliste ».
19 Communication concernant la Conférence syndicaliste internationale tenue à Berlin du 16 au 21 décembre 1920, Amsterdam [1921], p. 4.
20 La tournure de la phrase nous semble incorrecte : au lieu de « la classe ouvrière est seulement en état de détruire… » il conviendrait de lire « seule la classe ouvrière est en état de détruire… » (Note de Monde-nouveau.)
21 Ibid. pp. 7-8.
22 L’analyse de Zinoviev était totalement fausse. Alors que l’Allemagne est au centre de la stratégie révolutionnaire de l’Internationale communiste, les effectifs des syndicats réformistes passent de 3 millions en 1913 à 6,5 millions en 1919 et presque 9 millions en 1920. L’écrasante majorité des travailleurs allemands est sous l’influence des réformistes, dont les positions sont renforcées par l’attitude même des communistes allemands qui ont pratiqué une politique scissionniste, isolant l’« avant-garde » communiste de la masse. Le même processus s’est déroulé dans d’autres pays. En Grande-Bretagne, les effectifs doublent, passant de 4 millions avant la guerre à plus de 8 millions en 1920. En France, ils doublent également, passant de 1 million en 1913 à 2 millions en 1919. La Confederazione Generale del Lavoro italienne passe de 320 558 adhérents en 1914 à 1 150 062 en 1919 et 2 200 100 en 1921. L’Unione sindacale italiana, d’inspiration syndicaliste révolutionnaire, passe de 100 000 adhérents en 1913 à 500 000 en 1919. On comprend dès lors que la Fédération syndicale internationale, reconstituée à Amsterdam pendant l’été de 1919, et qui regroupe les centrales syndicales réformistes, soit perçue comme l’adversaire principal d’une Internationale communiste presque dépourvue de base ouvrière, alors même que Moscou s’est proclamée dès le printemps de 1919 comme centre de la révolution mondiale. Loin d’être « condamnée », comme l’ont cru les dirigeants russes, la FSI était au contraire florissante. (Note de Monde-nouveau.)
23 « Pensé et créé à Moscou, selon des objectifs épousant ceux de la révolution, le Profintern [Acronyme de l’Internationale syndicale rouge] adopte d’emblée un caractère centralisé, sur le modèle du Komintern. En témoignent les relations qui se nouent entre le Profintern et les instances du Parti, le pouvoir soviétique, et les syndicats russes. (…) Il s’agit d’une institution, à l’image des autres organisations de masse, intrinsèquement politique… » (Bruno Groppo, « La création du Conseil international des syndicats (Moscou, juillet 1921) » Communisme, n° 70/71, 2002.) (Note de Monde-nouveau)
24 Emma Goldman (1869-1940) Emma Goldman est née à Kovno en Lituanie. En 1882 sa famille s’installe à Saint-Pétersbourg où Emma découvre la vie d’usine dans une entreprise textile. En 1885, elle émigre aux États-Unis où elle travaille également en fabrique. Elle apprend le métier de couturière. En 1889, après un mariage raté, elle s’installe à New York. Elle y rencontre Johann Most ainsi qu’Alexandre Berkman, un jeune russe qui devient son compagnon. Après quelque mois de fréquentation des cercles anarchistes, Most l’envoie faire une tournée de conférences. Dès lors, elle se consacrera à cette forme de propagande qui la rendra célèbre. En 1892, suite à un massacre d’ouvriers grévistes, Alexandre Berkman attente à la vie du directeur de la firme concernée. Celui-ci survit, mais Berkman va passer quatorze ans en prison. Emma Goldman connaît elle aussi la prison, en 1893, pour avoir incité des chômeurs à la révolte dans un meeting. En 1895, elle fait un séjour à Vienne et apprend le métier d’infirmière sage-femme, métier qu’elle pratique dès lors aux États-Unis tout en continuant son activité militante. Féministe convaincue, elle est l’une des pionnière du combat pour le contrôle des naissances. (Ariane Miéville)
25 Voir G.P. Maximov, The Guillotine at Work. Twenty Years of Terror in Russia (Data and Documents), Chicago, 1940, pp. 475-502.
26 Mann, Tom (1856-1941) Mineur à dix ans, puis métallurgiste, Tom Mann s’est fait connaître par le rôle important qu’il a joué dans la grande grève des dockers de Londres en 1889 et ensuite comme partisan infatigable de la défense et de l’organisation des travailleurs non qualifiés. D’abord militant de la Fédération sociale démocratique (SDF), Tom Mann est l’une des personnalités marquantes de l’ILP à sa fondation. Secrétaire du parti de 1894 à 1897, il s’en sépare pour présider la Fédération internationale des dockers. Émigré en Nouvelle-Zélande, puis en Australie, entre 1901 et 1910, il adhère aux principes du syndicalisme révolutionnaire. Dès son retour, en 1910, il devient l’un des leaders les plus influents du monde ouvrier britannique, dans lequel il s’efforce de populariser les principes de la CGT française. En 1920, il sera l’un des fondateurs du parti communiste britannique. (A. Miéville.)
27 Résolutions et statuts adoptés au I° Congrès international des syndicates révolutionnaires, Moscou, 3-19 juillet 1921, Paris, 1921, p. 69.
28 Les Comités syndicalistes révolutionnaires (CSR) sont une structure syndicale née au lendemain du Comité confédéral national des 23-24 août 1920 pour structurer la minorité en vue du congrès d’Orléans. Pierre Monatte en est le président. Ces comités regroupaient des syndicalistes révolutionnaires, des anarchistes et des communistes. Ce groupement eut une une durée de vie très courte, moins de deux ans – de sa création en 1920 à la scission de la CGTU en 1921. Les minoritaires continueront d’animer un courant dans la centrale après le congrès de Lille en 1921. La rupture est consommée début 1922, quand les minoritaires créeront la CGTU. Les CSR étaient principalement implantés chez les cheminots, les travailleurs du bâtiment et marginalement dans l’industrie privée. Ils déclineront rapidement avec la montée du Parti communiste, qu’une partie des syndicalistes révolutionnaires, ceux qui étaient proches de Monatte, avait contribué à créer. (Note de Monde-nouveau)
29 Georde Williams, The first Congress of the Red Trade Union International at Moscow, 1921. A report of the proceedings, 2° éd. Revue, Chicago, s.d., pp. 27-38.
30 Lettre d’Errico Malatesta à Luigi Fabbri, Londres, 30 juillet 1919. Fabbri publiait cette lettre comme avant-propos à son livre Dittatura e rivoluzione (Ancona 1921) ; pour la traduction espagnole, voir Luis Fabbri, Ditaturia y revolucion, Buenos Aires, 1923.
31 Traduction française de ce texte essentiel : Editions du Monde libertaire, 1986. Dictature et révolution, œuvre majeure de Luigi Fabbri, est considérée comme une réponse au livre de Lénine, L'État et la révolution. C'est également l'occasion de constater qu'en 1920, on pouvait posséder toutes les informations nécessaires à la compréhension exacte de la révolution russe. (Note de Monde-nouveau.)
32 Un « Groupe des anarchistes russes exilés en Allemagne » constitué de rescapés du système policier soviétique écrivit en 1922 un livre, Répression de l’anarchisme en Russie soviétique. (Voir : http://monde-nouveau.net/spip.php?article361) C’est un avertissement au mouvement ouvrier occidental pour l’informer de la tournure contre-révolutionnaire que prenaient les événements dans la Russie soviétique. L’introduction d’André Colomer est directement adressée à ceux des militants syndicalistes révolutionnaires français qui viennent de soutenir l’adhésion de la CGTU à l’Internationale syndicale rouge : « Cet ouvrage a été dédié aux ouvriers révolutionnaires français dont l’organisation syndicale – la CGTU – vient, par son adhésion à l’Internationale syndicale rouge, de se mettre sous la tutelle du gouvernement bolcheviste. Nos camarades qui ont encore, au dire de Trotsky et de Zinoviev, tant de préjugés fédéralistes et autonomistes, verront, à la lecture de ces pages, le sort qui leur sera réservé quand ils prétendront s’occuper eux-mêmes de l’organisation du travail, au lendemain de la prise du pouvoir par les “Communistes”. » (Note de Monde-nouveau.)
33 Pour mémoire : « 6° La conférence adresse un appel urgent à toutes les organisations syndicalistes révolutionnaires et industrielles et les invite à prendre part au Congrès convoqué le 1er mai 1921 à Moscou par le Conseil provisoire de l’Internationale Rouge du Travail (I.S.R.) afin de fonder une Internationale Révolutionnaire du Travail unifiée de tous les travailleurs du monde. » (Note de Monde-nouveau.)
34 Les syndicalistes révolutionnaires français étaient en fait divisés en deux courants. L’un, avec Monatte, était favorable à l’adhésion à l’Internationale syndicale rouge en dépit des informations que personne ne pouvait plus ignorer sur la répression anti-ouvrière et anti-socialiste en Russie. L’autre, avec Pierre Besnard, refusait cette adhésion, à cause précisément du caractère répressif du régime communiste en Russie. Le premier courant jouera le rôle de cheval de Troie du communisme en France, Pierre Monatte adhérera un temps au Parti communiste et sera très rapidement exclu sans vraiment comprendre ce qui lui était arrivé. On peut dire que c’est à ce moment-là que commence la séparation entre syndicalisme révolutionnaire et anarcho-syndicalisme, séparation qui sera achevée en 1926 avec la fondation de la CGT-syndicaliste révolutionnaire. Les anarcho-syndicalistes continueront cependant à se réclamer du syndicalisme révolutionnaire, comme le montre à l’évidence le nom de la nouvelle organisation. Certains syndicalistes révolutionnaires récuseront catégoriquement toute référence à l’anarcho-syndicalisme. L’un des points de rupture entre les deux courants se trouve dans la question de l’« unité » syndicale. Les SR « tendance Monatte » s’accrocheront à cette idée, héritée de l’esprit de la charte d’Amiens, mais devenue une véritable fiction avec l’irruption des méthodes bolcheviques dans la classe ouvrière. C’est d’ailleurs là que se trouve l’origine de l’exclusion de Monatte du PCF : il s’était figuré que le parti communiste respecterait l’indépendance syndicale et fut tout étonné de constater que ce n’était pas le cas. Les SR « tendance Besnard » avaient compris que l’irruption du bolchevisme avait totalement modifié la donne, que l’unité organisationnelle du mouvement ouvrier était devenu une illusion et que le mouvement syndical devait se positionner non plus en étant indépendant des partis politiques, mais contre eux. Précisons que les tensions avec les communistes étaient devenues telles que deux militants anarchistes avaient été tués par des communistes lors d’un meeting tenu à la Grange-aux-Belles le 11 janvier 1924. (Note de Monde-nouveau.)
35 La formulation adoptée par Arthur Lehning suggère que dans la « majorité pro-communiste » sont inclus les syndicalistes révolutionnaires pro-moscovites tels Pierre Monatte. (Note de Monde-nouveau.)
36 La question de l’indépendance de l’Internationale syndicale rouge face à l’Internationale communiste avait été posée dans les débats, et devant l’importance de cette question auprès du courant syndicaliste révolutionnaire, l’ISR sera contrainte à deux concessions de forme : elle se constitua en 1920-1921 en structure séparée (sinon indépendante) de l’Internationale communiste (alors qu’il avait été envisagé qu’elle soit une section de l’Internationale communiste), et en 1922 pour des raisons stratégiques, Lénine décida de faire supprimer l’article initialement élaboré sur la liaison organique entre l’Internationale communiste et l’Internationale syndicale rouge. C’est faire un grave contre-sens que d’imaginer que la direction de l’ISR ait pu décider quoi que ce soit contre l’avis de la direction du parti bolchevik et du Komintern. « Le Profintern s’inscrit dans un large dispositif, dans le sillage du Komintern, au côté des autres organisations de masses, et participe ainsi pleinement à la vision bolchevique de l’Internationalisme et son organisation en cercles concentriques. » (Bruno Groppo, Communisme, n° 70/71, 2002.) (Note de Monde-nouveau.)
37 Bulletin international des syndicalistes révolutionnaires et industrialistes, Berlin, n° 2-3, août 1922, p. 6.
38 Ibid, pp. 15-16.
39 Ibid, pp. 12-13.
40 Bulletin d’information de l’Association internationale des travailleurs, Berlin, n°1,15 janvier 1923, p. 3.
41 James Guillaume, l’Internationale. Documents et souvenirs (1864-7878), vol. IV, Paris, 1910, p. VII.
42 Bakounine avait fort bien compris le caractère de la Première Internationale qui était d’unir tous les ouvriers décidés à résister au patronat et, par la pratique d’une solidarité réelle entre travailleurs, par les luttes revendicatives et les grèves, les amener à une conscience plus claire de leur condition sociale et leur faire entrevoir la voie menant à leur émancipation complète. C’est donc par la pratique, par l’expérience collective de la lutte que l’Internationale permettait aux ouvriers de développer les germes de la pensée socialiste qu’ils portaient en eux, de prendre conscience de ce qu’ils voulaient instinctivement, mais n’arrivaient pas à formuler. Bakounine – qu’on le sache ou non – a été un homme d’organisation qui considérait la lutte syndicale comme essentielle. Il fut le rédacteur de l’Egalité, l’organe de la section genevoise de l’Internationale, où il écrivit de multiples articles sur les grèves, etc. ; et dans ses lettres aux militants de Bologne et de la Romagne, il insista toujours sur l’importance de la lutte quotidienne. Le fait de préconiser le refus de toute participation au radicalisme bourgeois impliquait l’organisation, en dehors de la politique, des forces du prolétariat. Et la base de cette organisation est tout indiquée : ce sont « les ateliers de la fédération des ateliers ».
43 « Der zehnjährige Weg der RGI », Rotes Gewerkschafts Bulletin, Berlin, 26 juillet 1930.
René
 
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Re: Arthur LEHNING

Messagede Lehning le Jeu 7 Fév 2013 23:55

Arthur LEHNING. Graine d'ananar, Editions du Monde libertaire, 2013, 5€.

CENT ANS D'ANARCHISME avec Arthur LEHNING

Arthur LEHNING naît en 1899 à Utrecht en Hollande et décède dans l'Indre en 2000. Il étudie les sciences économiques à Rotterdam puis à Berlin.
Très tôt, il se familiarise avec l'antimilitarisme, l'anarchisme et le syndicalisme. Dans les années 1920, il rencontre Rudolf ROCKER, Alexandre BERKMAN et Emma GOLDMAN.

En 1922, il devient correspondant à Berlin du Bureau international antimilitariste anarchiste. Il met également ses talents d'organisateur au service de l'anarcho-syndicalisme en adhérant à l'AIT. Ses activités en tant que secrétaire le conduisent en Espagne où le mouvement anarchiste est très développé avant le putsch franquiste.

L'arrivée du fascisme détruit le mouvement ouvrier allemand et oblige les militant-e-s encore en vie à l'exil. Arthur LEHNING se réfugie en Hollande où il dirige par la suite l'Institut international d'histoire sociale d'Amsterdam où sont conservées de nombreuses archives du mouvement libertaire. En outre, passionné d'art moderne et de littérature, il crée la revue I 10 (de 1927 à 1929) où collaborent notamment Mondrian, Kandinsky, Hans Arp, Ernst Bloch, Walter Benjamin, Le Corbusier, Upton Sinclair, etc. Il critique la censure des films en Hollande, milite pour l'abrogation de la loi anti-avortement, plaide en faveur d'une morale sociale et sexuelle libre de toute contrainte.

En 1935, Arthur LEHNING est co-fondateur de l'Institut international d'histoire sociale d'Amsterdam en recueillant tout d'abord la monumentale bibliothèque de Max NETTLAU. Durant la Seconde Guerre mondiale, il transfère une partie des archives à Oxford en Angleterre afin qu'elles ne tombent pas dans les mains des nazis. Les archives restées à Amsterdam seront pillées et retrouvées éparpillées quelques années plus tard après la guerre un peu partout en Allemagne.

En 1952, Arthur LEHNING se rend en Indonésie où il fonde à Jakarta une bibliothèque d'économie, de politique et d'histoire sociale.

Arthur LEHNING est surtout connu pour la réédition des oeuvres complètes de Michel BAKOUNINE en 1961, sous le terme "Archives Bakounine", réimprimées aux éditions Champ Libre en 8 volumes sous le titre Oeuvres complètes de Bakounine.

Cette nouvelle brochure contient une biographie d'Arthur LEHNING publiée au moment de sa mort dans le Monde libertaire et rédigée par Martine de la liaison Bas-Rhin de la Fédération anarchiste et une interview inédite retranscrite par Alayn DROPSY de la liaison Arthur Lehning de la FA de la Creuse.

Cette interview, réalisée en 1997 -soit trois ans avant la disparition d'Arthur LEHNING-, par une journaliste radiophonique creusoise, n'a jamais été diffusée sur les ondes. Arthur LEHNING y narre, au fil des questions, ses cent ans d'anarchisme.

Alayn DROPSY

(Article paru dans le ML gratuit ou à prix libre n° 25 (janvier 2013) ainsi que dans Creuse-Citron n° 35, le journal de la Creuse libertaire. (février/avril 2013)
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Re: Arthur LEHNING

Messagede Lehning le Dim 17 Fév 2013 00:42

Bonsoir !

Ruez-vous sur la prochaine publication de l'Union Pacifiste ! Une excellente note de lecture, signée René BURGET de l'UP de Limoges, y figurera à propos de la sortie de la brochure sur Arthur LEHNING.

Salutations Anarchistes !
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Re: Arthur LEHNING

Messagede Lehning le Ven 18 Avr 2014 17:20

Arthur LEHNING (1899-2000):
l'Anarchisme, la Politique et la Culture
LA REVUE INTERNATIONALE i10


"Je ne connais pour moi que deux sortes d'aristocraties, qui sont celles de l'intelligence et du travail. Elles sont opprimées, insultées ou utilisées cyniquement, dans le monde d'aujourd'hui, par une race de valets et de fonctionnaires aux ordres de la puissance."

Albert CAMUS
["L'Europe de la fidélité", dans: La Révolution prolétarienne n° 351, mai 1951 ; réédité dans: Albert Camus, Ecrits libertaires (1948-1960), rassemblés et présentés par Lou MARIN, Egrégores éditions, Editions Indigènes, Montpellier, 2° édition, 2013, p. 248-249.]

Existe-t-il pour l'anarchiste hollandais Arthur LEHNING, connu pour ses Archives Bakounine, un lien entre l'anarchie et l'art ?
Un jour où on le questionnait à ce sujet, il répondit que la question était "trop difficile"...
Pour autant, il n'évitait pas les questions sur l'art et la société. Ainsi, Arthur LEHNING parlait plutôt du couplage de la politique et la culture.
Pour aborder cette problématique, je vais me concentrer sur le processus de création de la revue internationale i10, parue entre 1927 et 1929. Arthur LEHNING a imaginé cette revue et il en était le rédacteur en chef. Pour m'expliquer, il me faut d'abord élaborer le développement de sa pensée anarchiste à cette époque. Puis j'aborderai quelques unes de ses positions sur l'anarcho-syndicalisme et l'art, et je me pencherai sur les imbrications politique/culture à travers la parution de la revue internationale i10.

Photo: Arthur LEHNING à Berlin en 1924:
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Re: Arthur LEHNING

Messagede Lehning le Ven 18 Avr 2014 17:46

Arthur LEHNING et l'anarchisme

Le petit livre "Arthur Lehning", aux Editions du Monde libertaire [Dans le livre "Arthur Lehning", l'orthographe de quelques noms hollandais doit être corrigée. Page 1: Handrik Marsman s'écrit Hendrik Marsman. Page 9: Gerrit Tietveld s'écrit Gerrit Rietveld. L'interview radiophonique retranscrite qu'on trouve dans ce livre parle d'un "Gérard Holt" (pages 33, 34, 35, 38). Il s'agit de l'architecte hollandais J. J. P. Oud (1890-1963).], est une biographie courte et intéressante. Mais pour étudier la question du lien entre "politique et culture" (l'anarchie et l'art), quelques précisions sont nécessaires.

Photo: J. J. P. Oud:
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Re: Arthur LEHNING

Messagede Lehning le Ven 18 Avr 2014 18:12

Arthur LEHNING s'est nourri très tôt de lectures.
Jeune, il lit déjà Nietzsche et, en 1919, il s'intéresse aux textes de Michel BAKOUNINE. Pendant ses études à Rotterdam, il rencontre le célèbre antimilitariste révolutionnaire Bart De LIGT (1883-1938) et le convie alors à donner une conférence sur le thème "Les antimilitaristes et leurs modes de combat" pour un cercle d'étudiants sous la forme de débats contradictoires. Plus tard, au printemps 1920, Bart De LIGT invite Arthur LEHNING au troisième Congrès de l'Internationale Antimilitariste de La Haye, comme interprète (Arthur LEHNING était bilingue hollandais/allemand).

Photo: Bart De LIGT:
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Re: Arthur LEHNING

Messagede Lehning le Ven 18 Avr 2014 18:38

D'après Toke van Helmond [Dans un article pour la revue hollandaise De Parelduiker (n° 3, 2005)], sa veuve, c'est pour lui une expérience profonde. Il y entend pour la première fois d'importants leaders anarchistes nationaux et internationaux. Il fait connaissance de quelques uns: l'antimilitariste et anarchiste Albert de JONG (le père de Rudolf de Jong), la criminologue révolutionnaire Clara WICHMANN (1885-1922), le syndicaliste allemand Rudolf ROCKER (1873-1958)...

Photos: Albert de JONG ; Clara WICHMANN ; Rudolf ROCKER:
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Re: Arthur LEHNING

Messagede Lehning le Ven 18 Avr 2014 19:19

Quelques années plus tard, il est correspondant à Berlin du Bureau International Antimilitariste Anarchiste. Bart De LIGT est un personnage clé de cette organisation. C'est un épisode important pour la compréhension de son développement politique et de son discours ultérieur. Des années plus tard, Arthur LEHNING s'exprimera sur Bart De LIGT, dans un entretien avec Toke van Helmond.
[Entretien publié dans le journal hollandais NRC-Handelsblad du 10 décembre 1983 (le NRC est aux Pays-Bas ce que Le Monde est en France).]

Photo: Arthur LEHNING:
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Re: Arthur LEHNING

Messagede Lehning le Ven 18 Avr 2014 19:46

Bart De LIGT est un antimilitariste révolutionnaire, pas un pacifiste. Il prône la non-violence et l'action directe. Pour lui la paix n'est pas une pause entre deux guerres ; la guerre est le fruit de circonstances sociétales et, plus concrètement, du capitalisme et de l'impérialisme moderne. Ainsi, sans changement de la société, mais aussi sans changement de mentalité, la paix est impossible. Pour Bart De LIGT: une société sans guerre n'est imaginable que si elle est bâtie sur le socialisme et l'humanisme. Dans cet entretien, Arthur LEHNING confie que l'amitié entre les deux hommes a duré jusqu'au décès de Bart De LIGT en 1938.

Photo: Bart De LIGT:
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Re: Arthur LEHNING

Messagede Lehning le Ven 18 Avr 2014 20:03

J'insiste ici sur les deux entrées de la pensée de Bart De LIGT: les éléments socio-politiques (par exemple sa référence au socialisme) et les éléments socio-culturels (par exemple sa référence à la mentalité). Pour Bart De LIGT, le socialisme était surtout un problème culturel, expliquait Arthur LEHNING dans l'entretien.
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Re: Arthur LEHNING

Messagede Lehning le Ven 18 Avr 2014 20:22

En 1920, Bart De LIGT lui-même disait, dans son article intitulé Les antimilitaristes et leurs modes de combats , qu'il est nécessaire de montrer aux gens le caractère concret de la guerre (le capitalisme, l'impérialisme) et de provoquer une disposition nouvelle (en renvoyant à Marx, Michel BAKOUNINE, Gustav LANDAUER). Et l'historien libertaire hollandais Bert ALTENA nous rappelle que Bart De LIGT était très intéressé par l'art d'avant-garde.

Photo: Gustav LANDAUER:
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Re: Arthur LEHNING

Messagede Lehning le Ven 18 Avr 2014 20:53

Pendant son séjour à Berlin, Arthur LEHNING assiste à la fondation, en 1922, de l'Internationale Arbeiter Assoziation (IAA). Il y rencontre des anarchistes russes qui influencent sa vision sur l'Union soviétique et la révolution bolchevique. Aux côtés d'Alexandre BERKMAN et Emma GOLDMAN, il y a notamment Alexandre SCHAPIRO (syndicaliste russe et ancien secrétaire de Pierre KROPOTKINE). Arthur LEHNING comprend grâce à Alexandre SCHAPIRO l'importance du syndicalisme et de l'organisation des anarchistes dans les syndicats ouvriers. Ces rencontres enrichissent fortement la pensée anarchiste d'Arthur LEHNING. On voit alors, en 1923, prendre forme le réseau qui donnera naissance a la revue i10, une initiative d'Arthur LEHNING.

Photos: Emma GOLDMAN et Alexandre BERKMAN ; Alexandre SCHAPIRO:
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Re: Arthur LEHNING

Messagede Lehning le Ven 18 Avr 2014 22:46

En 1924 Arthur LEHNING fait la connaissance d'un auteur anarchiste et historien de l'anarchisme, Max NETTLAU (qui va écrire quelques essais importants pour i10). Sur recommandation de Bart De LIGT, Arthur LEHNING rencontre le peintre hollandais Piet Mondriaan début 1925 à Paris. Il a un "choc en reconnaissance" quant aux éléments socioculturels.

Photos: Arthur LEHNING avec Max NETTLAU à Vienne en Autriche en 1935 -au moment de la négociation pour que l'Institut d'Histoire Sociale d'Amsterdam (dont Arthur LEHNING fut le co-fondateur avec Posthumus) récupère la monumentale bibliothèque anarchiste de Max NETTLAU- ; Piet Mondriaan et 2 de ses peintures:
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Re: Arthur LEHNING

Messagede Lehning le Sam 19 Avr 2014 01:23

Arthur LEHNING racontera cette rencontre du printemps 1925. [Conférence sur Mondriaan: "A defence of utopia" en 1989.] Il rend visite à Mondriaan dans son atelier. Cet atelier, que le peintre occupe depuis 1921, est en changement permanent. Il s'agit, selon lui, d'un "work in progress". Mondriaan y crée une ambiance dans laquelle il peut travailler et, d'autre part, son atelier est une préfiguration d'une vision future. Il pense que l'art doit s'intégrer dans son environnement. Pour appuyer cette idée, il n'encadre pas ses tableaux afin qu'ils fusionnent avec l'environnement dans lequel ils se trouvent.

Mondriaan concevait un idéal socio-culturel: l'ordre libre.

Photo: Piet Mondriaan:
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Re: Arthur LEHNING

Messagede Lehning le Sam 19 Avr 2014 02:07

Il ne s'agit pas là uniquement d'une source d'inspiration mais aussi de la forme de son expression. Arthur LEHNING qualifie ces deux égards de "révolutionnaires". Il est également important de souligner que Mondriaan est à l'origine de la rencontre entre Arthur LEHNING et Oud, un architecte hollandais. Par lui un autre réseau de contacts va se construire et bénéficier à la revue internationale.

Photos: 2 des réalisations architecturales de J. J. P. Oud:
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Re: Arthur LEHNING

Messagede Lehning le Sam 19 Avr 2014 02:52

Arthur LEHNING et le couplage de la politique et la culture

Pour Arthur LEHNING, les deux notions "politique" et "culture" sont pratiquement palpables. D'une part le côté socio-politique et théorique, avec la revue Grondslagen, Anarcho-syndicalistisch, tijdschrift [Les fondements, Revue anarcho-syndicaliste ; 1932-1935, publiée sous la direction d'Arthur LEHNING (réédition, Amsterdam, 1978 ; deux tomes)], d'autre part le côté socio-culturel, avec la revue internationale i10 [1927-1929], aussi dirigée par Arthur LEHNING (réédition, 1979). Mais, fait assez unique, dans i10 on trouve un couplage de la politique et la culture.

Arthur LEHNING met en lumière ce couplage.
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Re: Arthur LEHNING

Messagede Lehning le Dim 20 Avr 2014 22:47

La démarche de i10 est présentée dans une déclaration en quatre langues dans le premier numéro de i10, dont voici la version française:

"La revue internationale i10 veut être un organe de toutes les manifestations de l'esprit moderne, une documentation de toutes les nouvelles tendances de l'art, de la science, de la philosophie, de la sociologie.

Elle veut donner l'occasion de comparer un renouvellement dans un domaine avec ceux d'un autre terrain, et elle s'efforce d'atteindre une liaison aussi étroite que possible des différents domaines - ceci déjà en les réunissant en un seul organe.

Comme cette revue ne défend aucune tendance dogmatique déterminée et ne représente ni quelque parti, ni quelque groupe, son contenu ne pourra pas toujours avoir un caractère absolument homogène et ce sera plutôt un foyer d'information qu'un organe au programme savamment soupesé. Donner un aperçu général de la restauration qui s'accomplit dans la culture: tel est son but, et, international, il s'ouvre à tout ce qui en est l'expression."
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