Kronstadt 1921 (Prolétariat contre dictature communiste)

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Kronstadt 1921 (Prolétariat contre dictature communiste)

Messagede vroum le Lun 17 Déc 2012 18:35

Skirda Alexandre Kronstadt 1921 (Prolétariat contre dictature communiste), Paris,
les Éditions de Paris Max Chaleil, 2012, 376 pp. 23 euros


Image

http://www.fondation-besnard.org/IMG/pdf/Skirda_Alexandre_Kronstadt_1921.pdf

Le livre est passionnant parce qu’il décrit un des nombreux précipices où l’URSS aurait pu basculer et générer une autre progression. Et les protagonistes de la base s’expriment Les Kronstadiens sont ceux-là mêmes que vantait le « gouvernement ouvrier et paysan » non seulement en Russie, mais aussi dans le monde entier. Ce sont eux, pour lesquels le « gouvernement ouvrier et paysan » ne trouvait pas assez de termes pour louer leur esprit révolutionnaire, leur audace et leur fermeté. Il les appelait des noms les plus élogieux à commencer par « héros de l’univers », les portant aux nues, jusqu’ à les comparer à des aigles, à des albatros… Ces mêmes Kronstadiens seraient-ils devenus brusquement les ennemis de la révolution ? (p.349).

Et tous ces marins insurgés se révèlent des conciliateurs, des négociateurs qui veulent s’adresser directement aux travailleurs de Pétrograd, en dépit des marxistes léninistes pour revenir aux soviets libres. Ils se refusent à appliquer une tactique militaire tenant compte de la concentration de leur force et de l’effet de surprise qu’ils ont provoqués. Ils ont vu comment les effectifs du PC à Kronstadt fondaient devant l’évidence du désespoir généralisé et de la nécessité de remettre les pendules à l’heure des soviets libres.

Et les faits semblaient leur donner raison car lors des premières offensives de l’armée rouge des centaines de soldats sont passés du côté des Kronstadiens. Mais les officiers tchékistes reprirent l’attitude habituelle des armées « une rangée de communistes sélectionnés » suivaient les soldats en première ligne et leur tiraient dans le dos s’ils reculaient (p. 337 témoignage kronstadien).

Les Kronstadiens se heurtaient à un mur. L’écrivain Maxime Gorki l’avait vu dès novembre 1917 Après avoir amené le prolétariat à consentir à la suppression de la liberté de la presse, Lénine et ses suppôts ont sanctionné pour les ennemis de la démocratie le droit de lui fermer la bouche; en menaçant de la famine et du massacre tous ceux qui n’approuvent pas le despotisme de Lénine- Trotski […] Et le peuple russe paiera tout cela dans une mer de sang (p. 319).

Et Skirda donne la parole aux représentants « officiels » de la Révolution et du prolétariat, Lénine. On connaît le Lénine « diplomate » de la poursuite d'un même but unique : débarrasser la terre russe de tous les insectes nuisibles, des puces (les filous), des punaises (les riches) et ainsi de suite. Ici, on mettra en prison une dizaine de riches, une douzaine de filous, une demi-douzaine d'ouvriers qui tirent au flanc (à la manière de voyous, comme le font de nombreux typographes à Pétrograd, surtout dans les imprimeries des partis). Là, on les enverra nettoyer les latrines. Ailleurs, on les munira, au sortir du cachot, d'une carte jaune afin que le peuple entier puisse surveiller ces gens malfaisants jusqu'à ce qu'ils se
soient corrigés. Ou encore, on fusillera sur place un individu sur dix coupables de parasitisme (« Comment organiser l'émulation ? » écrit du 24 au 27 décembre 1917; 6-9 janvier 1918).

Skirda cite un Lénine plus efficace et non moins discret, mais retrouvé par des historiens russes après l’écroulement de l’URSS en 1991 (p. 33). Voici le bref texte en question (et l’original russe), un télégramme du 11 août 1918 aux communistes d’un village où il y avait eu des assassinats de bolcheviks, dans la province de Penza (à 625 km de Moscou, au sud-est).

Pour Penza
1) Pendre (indispensable de pendre pour que le Peuple le voit) au moins 100 koulaks1 connus, gros richards, sangsues.
2) Publier leurs noms.
3) Prendre tout leur blé.
4) Désignez des otages, selon le télégramme d’hier.
Agissez pour qu’à des centaines de verstes [1km et 60 mètres], le Peuple voit, tremble, sache, crie: on étouffe et on étouffera les koulaks-suce sang.
Télégraphiez l’accomplissement et l’exécution.
Salutations, Lénine
PS trouvez des gens très durs1.


Il me semble évident que Lénine s’inspire des traditions génocidaires visible chez les Romains pour la répression des spartakistes (6.000 crucifiés), les supplices publics de l’écartellement commun aux monarchies espagnole et française.

Quant aux prises d’otages, comme l’indiquait Krotpotkine dans une lettre de décembre 1920 à Lénine, c’est une tradition médiévale étrangère au socialisme.

Le marxisme léninisme est donc avant tout un travestissement socialisant de l’avènement d’une nouvelle classe sociale exploiteuse, comme le prévoyait Jan Waclav Makhaïski en 1905.

Cette classe au pouvoir, à force de singer d’abord les capitalistes en catimini (1918-1921), de s’assimiler à eux ouvertement depuis la NEP (demeurée de fait pour satisfaire le luxe des nantis de 1921 à 1991), a enfin accepté, avec la perestroïka de Gorbatchev et l’accélération d’Eltsine et de Poutine, de se reconnaître fièrement capitaliste. Elle a ainsi rejoint le sillon tracé par Yossif Broz Tito depuis les années 1950, que le CC du PC chinois avait d’abord emprunté dans la décade 1980-1990.

D’un point de vue strictement économique sur le XX siècle et au-delà des diverses étiquettes politiques, un modèle unique sert le développement de certains grands impérialismes (allemand nazi, chinois, étatsunien, japonais, russe) ou de petits impérialismes régionaux (égyptien, indonésien, iranien, sud-africain, yougoslave). Il s’agit du bannissement des revendications des exploités, du pluralisme politique au profit de l’enrichissement des classes sociales se partageant le pouvoir. Pour les États-Unis, voir Noam Chomsky « Les intellectuels et l’États » (http://www.fondation-besnard.org/article.php3?id_article=723).

La règle n’est pas absolue car le Brésil y échappe en partie, Israël aussi, car ce sont d’abord des pays plateformes des multinationales et des intérêts étatsuniens qui acquièrent peu à peu un savoir faire impérialiste.

Kronstadt me fait penser au présent: n’avons-nous pas des « démocrates » disposés à nous faire payer et avaler les solutions économiques ? « Tina [There is no alternative, il n’y a pas d’alternative] » étant pour nos dirigeants l’argument massue, voire l’argument mitrailleuse dans le futur.

Dans certaines régions, les comités centraux du PKK kurde, ce qui reste des tigres tamoules et autres marxistes léninistes ont leur kit bolchévique prêt-à-mitrailler, pour apporter au peuple la Solution. Et le PC chinois a déjà montré il y a quelques années le « sentier lumineux » du futur, en réprimant des grèves de paysans à la mitrailleuse.

Pour surmonter les deux faces de ce danger unique, inique, il faut sans doute assimiler le message de Kronstadt d’une main la défense des libertés individuelles et de l’autre l’arme prête à protéger la démocratie à la base.

Frank Mintz, 10.12.12.
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Re: Kronstadt 1921 (Prolétariat contre dictature communiste)

Messagede vroum le Dim 21 Avr 2013 09:57

J'ai regardé les deux parties de ce documentaire passé sur Arte il y a quelques semaines.

L'originalité du documentaire réside dans le fait que le point de vue adopté tout au long du sujet est celui des marins insurgés de Kronstatdt. Mais sur plus d'une heure et demi, pas un mot sur le mouvement libertaire ni sur les anarchistes russes, à la place on parle de "démocrates" favorables au pouvoir des soviets et d'opposants de gauche ou encore de "rouges" !

Au final c'est décevant et plutôt rageant, reste l'intérêt de nombreuses images d'archives...

La Révolution Russe En Couleurs - Espoir Et Liberté

Avec des scènes reconstituées et des archives colorisées, ce documentaire fait revivre, de 1917 à 1921, les "dix jours qui ébranlèrent le monde" et les années de guerre civile qui virent naître l’URSS. Avec un point de vue original : celui des marins de Kronstadt, avant-garde d’une utopie trahie par le bolchevisme. Première partie : chronique de l’année 1917. Ce premier épisode court de la Révolution de février 1917 au succès de la "vraie", celle d’octobre, qui permit aux Bolcheviks de détourner à leur profit "tout le pouvoir" promis aux soviets populaires. Défilent ainsi au pas de charge, au gré des manifestations et des meetings, la fin de la première guerre mondiale, l’abdication de Nicolas II, dernier tsar de Russie, le retour d’exil de Lénine, la chute de Kerenski, la prise du Palais d’hiver et les premières élections démocratiques, qui n’accordent au parti de Lénine qu’un quart des voix.


partie 1/2 46 minutes


La révolte contre le pouvoir central, puis la défaite des marins de Kronstadt, corps d'élite basés sur une petite île proche de Saint- Petersbourg – alors Petrograd – dans le golfe de Finlande, sont au centre de ce second épisode. Ian Lilley relate d'abord les horreurs de la guerre civile, de 1918 à la fin de 1920, qui coûteront à l'URSS quelque 10 millions de morts, tués dans les combats opposant les armées rouge et blanches, mais aussi décimés par la famine et les épidémies. Une fois la victoire acquise, dans un pays exsangue, les marins de Kronstadt tolèrent de plus en plus mal la dictature bolchevique, les privilèges de l'élite, les agissements de la Tcheka, la police secrète, la trahison ouverte des idéaux qu'ils défendent, armes à la main, depuis quatre ans. Après une dure répression de grèves ouvrières, à Petrograd, ils décident de faire sécession, proclamant un Comité révolutionnaire provisoire et appelant le peuple à la révolte.

Leur rébellion représente à leurs yeux la "troisième révolution", après celles de février et d'octobre 1917. Montrés du doigt par la propagande officielle comme de dangereux réactionnaires, ils échouent à rallier à leur cause une population épuisée par les combats. Le 8 mars 1921, ils repoussent un premier assaut de l'armée rouge, mené sur la mer gelée par Trotsky en personne. Mais l'ultime poche de résistance qu'ils représentent va tomber deux semaines plus tard, face à quelque 45 000 soldats. Huit mille survivants parviendront à s'enfuir sur la glace en Finlande, distante d'une quinzaine de kilomètres. Les autres seront déportés dans les premiers camps ou passés par les armes. En ce début de l'année 1921, la révolution de 1917, qui avait ébranlé le monde en promettant "tout le pouvoir" aux soviets populaires, voyait disparaître ses derniers hérauts en Russie.


partie 2/2 46 minutes
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Re: Kronstadt 1921 (Prolétariat contre dictature communiste)

Messagede indigné révolté le Jeu 25 Avr 2013 23:39

Notre lutte ne doit jamais se faire au profit des hommes qui servent le pouvoir et l'argent.
Nous ne devons jamais charger de notre libération
un homme ou un groupe d'hommes, mais être capables,
en tant que peuple pauvre, d'arracher
aux puissants et aux riches tous nos droits."
Ricardo Flores Magón
Armée révolutionnaire insurrectionnelle ukrainienne - Wikipédia :

L'armée révolutionnaire insurrectionnelle ukrainienne (ukrainien : Революційна Повстанська Армія України, russe : Революционная Повстанческая Армия Украины), aussi appelée de façon péjorative Makhnovchtchina (en cyrilliqueМахновщина), par l'historiographie soviétique, est une armée insurrectionnelle d'inspiration libertaire qui combattit de 1918 à 1921.

Elle doit son surnom à l'anarchiste ukrainien Nestor Makhno qui la leva, en 1918, suite à la signature du Traité de Brest-Litovsk (cession par Lénine de l'Ukraine aux Allemands).

La Makhnovchtchinacombat avec succès les armées blanches de Petlioura, Denikine et Wrangel.
Après la victoire contre les Blancs, l'Armée rouge qui a passé des alliances tactiques temporaires avec Makhno, a désormais les mains libres et se retourne contre la Makhnovchtchina. Makhno est mis hors la loi.
En août 1921, après plusieurs mois de combats acharnés contre les bolchéviques, les derniers partisans de Makhno quittent l'Ukraine et franchissent la frontière roumaine[1].

Pour les anarchistes, la Makhnovchtchina est un symbole du combat pour un communisme non autoritaire. Sa défaite face à l'Armée rouge annonce les dérives à venir du régime soviétique et du stalinisme.

extrait du manfeste des makhnovistes (Projet et objectifs du mouvement):


Nous sommes pour les
bolchéviks, mais contre les communistes » expliquait Makhno. Pour les bolcheviks car ils ne s'étaient pas opposés à la mainmise des paysans sur les terres ; contre les communistes car ils appliquaient les réquisitions, établissaient des « communes » (kolkhozes), et prenaient tout le pouvoir entre leurs mains, au nom des soviets[5]. « Le but n'est plus l'indépendance ukrainienne mais la Révolution sociale »[6].

Méfiance envers tous les partis, car ils veulent accéder au pouvoir et installer une autorité étatique contraire à l'anarchisme.

-Négation de toute dictature.

-Liberté totale de la parole, de la presse et d'association.

-Négation du principe d'État
... (qui s'accompagne d'une collectivisation de la production organisée par les travailleurs eux-même et non pas par l'État comme le voulaient les bolcheviques.).

-Rejet d'une période transitoire

-Auto-direction par des conseils libres.Afficher la suite


PDF] les makhnovistes grecs



Films ou documentaire sur l'anarchie de toute tendance.

Ici et maintenant - part 1/4? - part 2/4? - part 3/4


Ici et maintenant - part 4/4
http://www.youtube.com/watch?v=2okqYMRqWdY

Forza Spezzano Albanese - part 1/3
http://www.youtube.com/watch?v=NlLCVtqqV08


Forza Spezzano Albanese - part 2/3

http://www.youtube.com/watch?v=BvJ1iyITWsc
Ni vieux, ni traîtres est un film documentaire français de Pierre Carles et Georges Minangoy, sorti en 2006. Ce documentaire est distribué par des chaînes de cinéma indépendants, notamment Utopia. Les deux réalisateurs Pierre Carles et Georges Minangoy vont à la rencontre d'anciens partisans français et catalans engagés dans la lutte anti-franquiste anarchiste des années 1970. Ils interviewent dans ce film d'anciens membres des GARI et du groupe Action directe ainsi que certains de leurs amis. Le documentaire inclut plusieurs débats au sujet de la légitimité de l'utilisation de la violence afin de résister contre les abus du système capitaliste. Les anciens membres d'Action Directe reviennent sur les actions réalisées en Espagne franquiste et en France dans les années 1970, ils débattent au sujet de la légitimité de leur actions. Ce film a pour but, selon les réalisateurs, d'ouvrir le débat dans les milieux libertaires sur la légitimité de la violence et la fidélité des choix politiques. Ce film est aussi l'occasion pour les réalisateurs de relayer la campagne pour la libération des prisonniers d'Action directe....
suite Ni vieux ni traitres
Durée : 1 h 34 min 23 s Nestor Makhno, paysan d'Ukraine - YouTube


makhnovistes (Projet et objectifs du mouvement http://l-indigne.skyrock.com/3148770702 ... ement.html
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