de Alayn le Ven 10 Oct 2008 03:20
Texte écrit en 1967 par Maurice JOYEUX dans sa brochure "L'Hydre de Lerne":
Je dis qu'il y a complot et complot permanent contre la Fédération Anarchiste. S'agit-il d'un complot monté par un groupe politique pour pénétrer notre organisation ? Certainement pas, il s'agit de tout autre chose: d'un complot de politiciens (des intellectuels, tous, naturellement) pour s'emparer à des fins politiques particulières de l'organisation dans l'espoir de jouer un rôle !
La Fédération Anarchiste actuelle, avec ses structures et son idéologie anarchiste classique, ne peut pas alimenter les ambitions politiques de ces personnages. Ils aspirent à sa transformation pour qu'elle serve de tremplin à leurs ambitions particulières. Ce fut le cas de Fontenis, qui n'a jamais travaillé pour personne d'autre que lui-même, et pour cela il avait besoin de transformer la FA, de la rendre suffisamment souple pour que son côté bénéfique ne se fasse pas attendre. Dans une organisation comme la nôtre, dont le but logique est la Révolution, il n'y a rien à espérer que des coups, mais, aussitôt l'organisation marxisée, elle s'intègre au système, et tous les espoirs sont permis aux politiciens, y compris l'espoir électoral qui fut le but de Fontenis et qui reste celui de ses successeurs, même lorsqu'ils prétendent le contraire.
Vous rappelez-vous ce personnage de l'UGAC, à la fois membre de la FA et du PSU, et candidat aux élections de Grenoble ? Regardez le mouvement que produit le recrutement de nouveaux adhérents... Nous voyons arriver par vagues successives, tous les trois ou quatre ans, une fournée d'intellectuels qui restent chez nous juste le temps nécessaire pour se rendre compte que la Fédération restera une organisation dure et pure. Puis ils vont chercher fortune ailleurs !
Ce complot est d'ailleurs avoué par de jeunes imbéciles, qui aujourd'hui vendent la mèche et déclarent qu'ils sont justement venus à la Fédération pour faire ce travail de désagrégation. Une fois expulsés de nos milieux, ils font appel aux coquins qui y sont restés pour parachever ce joli boulot, aux coquins et aux jobards naturellement.
Le mécanisme est simple. D'abord, on rentre à la FA pour la transformer en organisme politisé. Pour cela, il faut remplacer nos doctrinaires par Marx, en essayant de s'appuyer sur des textes de Bakounine savamment isolés de l'ensemble. Puis on quitte l'organisation avec fracas, ce qui est la deuxième phase de l'opération. Lorsqu'on s'aperçoit que toutes les manoeuvres ont échoué, on applique la dernière tactique, dite "situationniste". On pousse dans l'organisation des saboteurs qui essaient de la désagréger de l'intérieur de façon qu'elle disparaisse pour laisser la place à un organisme nouveau qui, sous le sigle libertaire garant des libertés de l'homme, permettra de reprendre l'opération marxiste, qui, à défaut de Révolution, réserve aux cheffaillons de fructueuses sinécures !
Des jeunes ? Plutôt des personnages qui exercent la profession de jeunes, et qui l'exerceront toute leur vie. Ces "jeunes" se défoulent dans une organisation où le contrôle n'existe pas, et où toutes les extravagances sont permises, sous prétexte de liberté. Les contraintes de la famille, celles de l'étude, du cadre social, ont besoin d'un exutoire. Ils le trouvent en prenant automatiquement , bille en tête, toutes les caractéristiques qui singularisent notre collectivisme différent des autres. Contrairement à la logique, ils seront marxistes, pour une organisation démocratique -c'est à dire pour la loi de la majorité pour une seule tendance, "communiste libertaire", dans l'organisation- ; ils seront contre les militants nommés aux postes de responsabilités. Ils appuieront les critiques venant de l'extérieur ; ils s'opposeront à l'autodéfense de notre organisation devant le dénigrement systématique. Et c'est tout naturellement qu'ils s'agglutineront autour de politiciens qui pratiquent la démagogie envers la jeunesse.
Bien sûr, la pensée libertaire, qui est une rupture totale avec la civilisation actuelle, est difficile à assimiler dans sa partie constructive. Nos nouveaux militants, cependant, y parviennent à la condition qu'ils ne se contentent pas de répéter les slogans marxistes qu'ils entendent autour d'eux et qu'ils lisent nos auteurs. De tout temps, cette fusion entre les nouveaux adhérents et nous fut laborieuse. Cependant, et pour la majorité des jeunes de la région parisienne, elle s'est réalisée.
Elle le serait mieux sans les démolisseurs qui se sont introduits parmi nous, et qui, sans d'ailleurs se mettre en avant, poussent ces jeunes vers les pires aventures. Ils sont la masse de manoeuvres des "autres". Mais quels autres ? Je compte parmi les démolisseurs de la Fédération tous ces petits groupes extérieurs, parfois composés de membres de nos groupes, et dont le travail principal consiste à dénigrer notre organisation. A la tête de ces groupes, l'UGAC, qui n'a jamais caché que, justement, son but était de construire une organisation monolithique, et qui a quitté la FA lorsqu'elle s'est aperçue que cela était impossible. De l'extérieur, et avec ses amis de l'intérieur, elle tire les ficelles des cabales montées contre notre mouvement. Remarquez que l'UGAC comme la CLJA se sont construits au nom de l'efficacité et que, depuis leur création, ces organismes n'ont strictement servi à rien, n'ont rien fait de positif. Toute leur action consiste à "piquer" des militants dans nos groupes et à se répandre en calomnies contre nous.
A l'intérieur de l'organisation, les démolisseurs sont essentiellement les marxisants qui ne supportent qu'avec impatience le caractère de notre mouvement, et, à leur tête, Fugler. Fugler fut, et reste, avec l'UGAC, cette organisation qui est contre le pluralisme des tendances ! Fugler est un marxisant, et je renvoie à ce sujet mon lecteur à l'article de Gaston Leval qui a clairement déculotté le personnage.
Mais Fugler, qui est un incapable et qui n'a jamais su ou jamais pu, à Strasbourg, monter un groupe vivant réellement, avait besoin dans sa région d'appuis, et c'est ce qui explique son "collage" avec les situationnistes. Je dis "collage" car ces derniers ont dédaigneusement repoussé ses avances lorsqu'il leur a proposé de les rejoindre. Et, autour de Fugler, se sont agglutinés tous les éléments troubles de la FA, tous ces personnages qui, à peine arrivés et n'ayant encore rien lu ni rien appris, parlent de la transformer, de la bouleverser, de l'épurer... A ce sujet d'ailleurs, j'ai un exemple édifiant. Nous recevons d'un personnage de Chambéry à la fois son adhésion et une motion où il demande la transformation radicale de l'organisation à laquelle il adhère ! Ce qui est grave, ce ne sont pas les grimaces de ce citoyen, mais que celles-ci soient possibles par le manque d'organisation de notre mouvement. Autour de Fugler se sont regroupés tous ceux qui, restés à la FA après l'affaire Fontenis et le départ de l'UGAC, conservaient une haine tenace contre les militants qui avaient protégé la Fédération des manoeuvres politiques.
Mais il est bien certain que cela n'aurait pas suffi s'ils n'avaient pas trouvé auprès de militants connus ou de groupes consacrés une certaine compréhension. A la tête de ces groupes, le GLI. Le GLI est le groupe du mensonge et de la calomnie. Le nombre de fois que nous avons pu prendre Blachier à déconner sur l'un ou l'autre est incalculable. Installé rue Ternaux comme une araignée dans sa toile, Blachier attend le client pour lui tracer une biographie complète des militants et des groupes qui lui déplaisent. On peut dire que c'est lui qui a pourri le climat de notre siège social. Ce groupe, qui existe depuis des années, a ceci de particulier qu'il n'a jamais édité une affiche, tiré un tract, organisé une réunion, il ne fait strictement rien. Même dans le domaine des affaires internationales qui est son alibi. Quelques-uns de ses militants ont, il est vrai, des tâches administratives, mais c'est tout. Et ce groupe-là, qui n'a aucune activité pratique, c'est justement celui qui a pondu le plus de motions dans notre bulletin intérieur. Ce groupe est la démagogie même. Il est pour tout ce qui est contre la FA, contre tout ce qui est pour. Il justifie cette opinion qui est mienne que ces groupes qui ne font rien reçoivent comme une insulte l'activité des autres, car ces autres sont la preuve de ce qu'ils pourraient être s'ils le voulaient.
Et ce sont tous ces gens-là qui sont des éléments, soit les manipulateurs du complot permanent contre notre organisation. Conquérir la FA , si c'est impossible, la démolir en s'appuyant sur quelques jeunes exaltés, et sans trop se "mouiller" de manière à conserver, en cas d'échec, assez de crédit pour remettre ça la prochaine fois, sur d'autres bases, avec plus de succès. Ce sont ces gens-là qui veulent la dissolution de l'Association qui fait obstacle à leurs ambitions. Ce sont ces gens-là qui veulent la suppression des galas afin de faire crever l'organisation. Ce sont ces gens-là qui calomnient les militants.
De l'UGAC en cheville avec le Parti communiste suisse, jusqu'aux situationnistes en coquetterie avec Fugler, les maillons de la chaîne, à divers stades de responsabilité, passent par deux ou trois crapules et quantité d'imbéciles. Ce sont eux les responsables, plutôt que les galopins qui se défoulent et qui auront disparu de notre mouvement avant peu.
Or, il faut en convenir, si cela a été possible, c'est parce que nous n'avons pas su trouver pour notre organisation les structures que Bakounine réclamait il y a une centaine d'années. L'organisation que nous possédons est-elle la meilleure possible ? La solution que propose Fayolle est-elle susceptible de mettre fin à ces complots successifs qui ne passionnent que les propre-à-rien et empêchent les groupes sérieux de faire leur travail dans la sérénité ? Je ne me prononcerai pas.
"La liberté des autres étend la mienne à l'infini"
Michel BAKOUNINE