Histoire du mouvement libertaire 1954-1980
· 1954
La FCL publie son « programme ouvrier », pâle copie du programme revendicatif de la CGT.
5-7 Juin : A Paris est crée l’Internationale Communiste Libertaire (ICL), regroupant notamment les GAAP italiens, les espagnols de Ruta et le Mouvement Libertaire Nord Africain (MLNA), en opposition à l’Internationale Anarchiste. L’ICL n’aura qu’une existence éphémère.
La parution du Mémorandum du groupe Kronstadt, tout juste exclu de la FCL dénonce l’orientation bolchevik de la Fédération communiste Libertaire et l’existence de l’organisme secret OPB.
15-20 août : Toulouse. Vème plénum intercontinental de la C.N.T.
Le premier numéro du Monde Libertaire, organe mensuel de la FA paraît en Octobre 1954, la crise a été dure, il restera mensuel pendant 23 ans. La FCL garde le titre du Libertaire désormais « organe de la Fédération communiste Libertaire », elle diffuse également Jeune révolutionnaire puis La Jeune garde des travailleurs.
· 1955
Gaston Leval quitte la FA et crée les Cahiers du socialisme libertaire. En Novembre, une partie du groupe Kronstadt fonde le groupe Noir et Rouge.
· 1956
Des militants de l’ex Entente Anarchiste, regroupés autour de Robert et Beaulaton, quittent la FA et créent le 25 Novembre à Bruxelles l’Alliance Ouvrière Anarchiste (AOA). L’AOA publie le périodique l’Anarchie.
La FCL participe aux élections législatives de Janvier à Paris et présente 10 candidats dont André Marty, exclu du PCF et surnommé le « boucher d’Albacète » pour avoir massacré des anarchistes pendant la guerre d’Espagne. Le Libertaire cesse de paraître en Juillet, la FCL fini de se désagréger, totalement discréditée dans le milieu libertaire, sous les coups de la répression étatique pour son soutien aux indépendantistes algériens.
Des militants de la FCL, exclus en Novembre 1955 (groupes Kronstadt, Grenoble et Maisons-Alfort) fondent les Groupes Anarchistes d’Action Révolutionnaire (GAAR). Ces derniers se veulent « l’expression de la tendance anarchiste communiste du mouvement libertaire ». Les GAAR vont éditer la revue Rouge et Noir dont le premier numéro paraît en Avril.
· 1957
Les GAAR rédigent leurs « Déclarations de principes », ils adoptent la plateforme, c’est à dire l’unité tactique et idéologique, la responsabilité collective et soutiennent les luttes de libération nationale (soutien au FLN algérien).
· 1960
Une Fédération Anarchiste Communiste (FAC) se créée à partir des GAAR, des contacts s’engagent avec la FA.
A son congrès de Trélazé, la FA reconnaît la possibilité de constituer en son sein des tendances organisées.
· 1961
Les GAAR procèdent à leur dissolution. Noir et Rouge continu néanmoins de paraître.
La FAC scissionne : les groupes Kronstadt, de Maisons-Alfort, Lille, Strasbourg et Grenoble rejoignent la FA au congrès de Montluçon où ils s’organisent en tendance, l’Union Générale des Anarchistes Communistes (UGAC).
· 1962
Une deuxième tendance voit le jour en 1962 au sein de la FA : L’Union Anarcho-Syndicaliste. L’UAS naît lors d’une réunion à Niort en janvier 1962 et rassemble les groupes de Niort, Saintes, Bordeaux et Nantes qui viennent de rompre avec le CLADO, Comité de Liaison et D’ActiOn. L’UAS tente un rapprochement avec l’UGAC.
· 1964
L’UGAC reproduit les mêmes méthodes de l’OPB au sein de la FA (bulletin intérieur secret, entrisme et manœuvres pour s’emparer des postes à responsabilité ...), les tensions s’aggravent et conduisent l’UGAC sauf les groupes de Strasbourg et Grenoble à quitter la FA au congrès de Paris.
A Turin se tient un congrès anarchiste international, et en Allemagne une rencontre internationale, ces événements marquent les premières tentatives de créer une Internationale anarchiste.
· 1965
Un Comité de Liaisons des Jeunes Anarchistes (CLJA) se met en place, il regroupe à titre individuel des militants de la FA, de l’UGAC, des FIJL (espagnols) et des groupes autonomes.
D’autres rencontres permettent de mettre en place les prémisses de l’Internationale des Fédérations Anarchistes (IFA).
Maurice Fayolle édite ses « Réflexions sur l’anarchisme ».
· 1966
L’UGAC produit une politique frontiste qui la conduit à dériver vers des mouvements maoïstes ou trotskistes (tendance pabliste). L’UGAC produit une brochure, Lettres au mouvement anarchiste international. Plateformistes, ils affirment leur conviction de l’impossibilité de réunir toutes les tendances libertaires au sein d’une même organisation, et leur souhait de regrouper tous les anarchistes-communistes. Ils publieront six numéros de Perspectives anarchistes-communistes à partir de 1967 et ce jusqu’en 1969. L’UGAC va disparaître et se transformer en Tribune Anarchiste Communiste (TAC).
Une réunion de jeunes anarchistes d’Europe se tient à Paris.
Une Liaison des Etudiants Anarchistes (LEA) se créée également.
· 1967
Tentative de relancer l’Union Fédérale Anarchiste avec comme organe le Libertaire.
Les communistes libertaires vont se regrouper à nouveau dans la FA et créent en son sein une nouvelle tendance organisée, l’Organisation Révolutionnaire Anarchiste (ORA) qui édite la feuille l’Insurgé.
· 1968
Les 17 et 18 Mars à Paris se réunissent des militants ex-militants communistes libertaires. Membres de la Jeunesse Anarchiste Communiste (JAC), de la Tribune Anarchiste Communiste (TAC), de l’ex-FCL et des isolés ; ils se rencontrent à l’initiative de Georges Fontenis. La fin de l’année verra la création du Mouvement Communiste Libertaire (MCL) à la suite de cette rencontre.
La TAC participe au Comité d’Initiative pour un Mouvement Révolutionnaire (CIMR) aux côtés de Krivine, Bensaid, Weber des Jeunesses Communistes Révolutionnaires (JCR), de militants du courant « Pabliste » (trotskyste) et de militants communistes libertaire dont Georges Fontenis. Le congrès de Carrare en Italie réunit les anarchistes de toute l’Europe et marque la naissance de l’Internationale des Fédérations Anarchistes (IFA), elle rassemble les FA Française et Italienne ainsi que la Fédération anarchiste Bulgare en exil. Il marque également la naissance officielle de l’ORA, tendance organisée au sein de la FA.
En 1968, on peut citer comme organisation ou revues qui se réclament du « mouvement » libertaire : la Fédération Anarchiste, le Mouvement Communiste Libertaire, l’Union Fédérale des Anarchistes, l’Alliance Ouvrière Anarchiste, la Tribune Anarchiste Communiste, l’Union des Groupes Anarchistes Communistes, Noir et Rouge, la Confédération Nationale du Travail, l’Union Anarcho-Syndicaliste, l’Organisation Révolutionnaire Anarchiste et des groupes divers (autonomes, spontanéistes, conseillistes, situationnistes ...), ainsi que les Cahiers socialistes libertaires de Leval, A contre courant de Louvet, La Révolution prolétarienne, et les revues individualistes déjà citées, d’Emile Armand.
· 1969
Création de la Fédération Anarchiste Communiste d’Occitanie (FACO) par Guy Malouvier, qui adhère à l’ORA.
Daniel Guérin écrit « Pour un marxisme libertaire ».
· 1970
Le 31 janvier, c’est la création officielle de l’Alliance Syndicaliste Révolutionnaire et Anarcho-Syndicaliste (ASRAS), à Paris. Elle deviendra plus tard l’Alliance Syndicaliste avec comme organe Solidarité ouvrière.
L’ORA s’autonomise progressivement de la FA pour devenir au cours de l’année une organisation spécifique.
· 1971
Le MCL et l’ORA tentent un rapprochement qui échoue malgré l’intervention et la médiation de Daniel Guérin. En juillet, un groupe du MCL rejoint l’ORA. Quatre groupes de l’ORA rejoignent le MCL et donnent naissance à la première Organisation Communiste Libertaire (OCL-1) lors d’un congrès constitutif à Marseille.
L’OCL a des contacts avec la gauche marxiste autour de thèmes favorables au conseillisme. Une Confrontation Anarchiste (CA) se met en place à partir de militants de la FA, rejoints par l’UFA et quelques groupes autonomes.
La FACO se retire de l’ORA après des désaccords portant entre autres sur la question de la nationalité.
Du 1 au 4 Août, l’Internationale des Fédérations Anarchistes tient à Paris son 2ième congrès. A partir de Juillet, création des cercles Front Libertaire qui représentent la structure d’accueil des sympathisants de l’ORA. Leur appartenance n’entraîne pas une adhésion systématique à l’ORA.
Des militants quittent l’ORA pour rejoindre l’Union des Communistes de France (groupe maoïste ultra stalinien).
· 1972
Des groupes quittent la FA pour rejoindre Confrontation Anarchiste. Cette dernière publie un bulletin, Combat anarchiste et un périodique, Commune libre.
De 1971 à 1976, c’est la tendance non organisationnelle qui va être majoritaire dans cette « Confrontation ».
L’ORA exclu des militants qui appuyaient les « candidatures révolutionnaires uniques » aux législatives.
Une minorité d’entre eux va renforcer Lutte Ouvrière, tandis que la majorité rejoint la Ligue Communiste !
· 1973
Rupture du groupe Poing Noir avec la FA sur des bases organisationnelles.
Intégration des cercles FL à l’ORA.
· 1974
Création du Groupe d’Action et d’Etudes Libertaires (GAEL) à partir du groupe Poing Noir, rejoint par d’autres libertaires non organisationnels.
Parution de Lanterne noire, revue qui accueille des anciens de Noir et Rouge (disparue) et des libertaires d’Informations et Correspondances ouvrières (disparue à ce moment là).
L’OCL éclate définitivement après sa dérive conseilliste qui date de 1971. Le reste de ses militants, renforcé par la venue de deux groupes scissionnistes de l’ORA, fonde une nouvelle organisation et une revue, Rupture. Celle-ci veut contribuer à « l’élaboration du projet communiste à l’émergence d’un mouvement communiste radical ». Cette orientation ultra-gauche va les conduire vers les groupes « autonomes ». Cette organisation disparaîtra très rapidement.
· 1976
L’OCL-2 succède à l’ORA à son congrès d’Orléans. Cette organisation publie Front libertaire et un premier numéro de Pour l’autonomie ouvrière et l’abolition du salariat.
En Avril, des dissidents de l’ORA créent un collectif pour une Union des Travailleurs Communistes Libertaires (UTCL). Ils se dotent d’un organe de presse : Tout Le Pouvoir Aux Travailleurs (TLPAT) au début de l’année 1977.
Confrontation Anarchiste éclate et donne naissance à l’Organisation Combat Anarchiste (OCA) sous l’impulsion des organisationnels.
· 1977
Fin Octobre, se déroule à Paris la Conférence nationale des travailleurs libertaires. Celle-ci est convoquée à l’initiative de l’AS, du Groupe Anarcho-Syndicaliste (GAS) de Rouen et de l’UTCL. La FA, la CNT et l’UAS sont présents à titre d’observateurs.
Le Monde Libertaire devient hebdomadaire.
· 1978
Les 25 et 26 Février, se réunit le congrès constitutif de l’UTCL.
Du 23 au 27 Mars se réunit à Carrare le 3ième congrès de l’Internationale des Fédérations Anarchistes (IFA), le secrétariat IFA est désormais assuré par Umberto Marzocchi de la FA Italienne.
Départ de la FA de quelques groupes et militants en désaccords avec la très grande majorité des militants de l’organisation sur le problème de l’intégration du concept de « luttes des classes » dans les principes de base qui régissent le fonctionnement de la Fédération. Ils fondent l’Union Anarchiste (UA) avec le Libertaire comme organe.
En septembre, se réunit à Rouen, la Conférence Nationale des Anarcho-Syndicalistes (CNAS) à l’initiative du GAS de Rouen et de l’AS. Y sont présents des groupes FA, la FA à titre d’observatrice, ainsi que la CNT (Vignolles), la CNT (Tour d’Auvergne), l’UAS, le Syndicat Autonome des Travailleurs (SAT) de Lyon et des individuels.
· 1979
En mars CNAS à Lyon.
Le quinzomadaire Front libertaire disparaît.
· 1980
Les contacts entre l’UTCL et l’OCA aboutissent à l’intégration de cette dernière dans l’UTCL. Le journal Lutter de l’OCA deviendra par la suite le journal de l’UTCL.
L’OCL publie désormais le mensuel Courant alternatif.
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tiré du site de la FA


