Le genre dans l'anarcho-syndicalisme espagnol (1910-1939)

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Re: Anarchisme - féminisme ?

Messagede Ady le Mar 29 Juil 2008 13:43

Le patriarcat est très dur à remettre en question quand on vit dedans depuis toujours...
La Commune, même tarif.
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Re: Anarchisme - féminisme ?

Messagede Yace le Dim 3 Aoû 2008 18:55

VB: etant donné que tu n'es ni anarchiste ni féministe, mais tout simplement et tout justement haineuse, je me demande même comment tu peux encore croire en ta propre crédibilité. Pour ma part, , je finis par trouver que tout ça relève du plus comique grotesque.

Si je veux voir de vraies féministes, et non pas de pseudo féministes qui se prennent pour Louise ou Voltairine, j'ai des camarades femmes -et hommes- ici, à la FA rhône-alpine, qui savent se sevir de leur cortex et sortent des arguments sensés, ordonnées, plausibles. Ce que je suis au regret de n'avoir vu nulle part dans ta prose, qui n'est pour moi qu'une mare de gerbe assez répulsive.

Tu voulais que je te réponde sur ce fil ? c'est chose faite.
Yace
 

Re: Anarchisme - féminisme ?

Messagede qierrot le Lun 4 Aoû 2008 00:17

a what ?...que passa ?
t'as pas dû appuyer sur la bonne touche,
MP, se trouve sous l'avatar, pas sous le post... :wink:
qierrot
 

Re: Anarchisme - féminisme ?

Messagede Yace le Lun 4 Aoû 2008 17:10

Je n'ai fait que donner satisfaction à VB qui m'avait demandé de poster sur ce fil. Et voilà ce que j'en pense.
Yace
 

Re: Anarchisme - féminisme ?

Messagede Berckman le Lun 4 Aoû 2008 23:10

Sins We Can't Absolve a écrit:
Berckman a écrit:Il existe historiquement, et malheureusement, un courant antiféministe dans le mouvement libertaire.

Moins dans la mouvance individualiste, voire pas du tout, vu que l'on parle d'individu (ça neutralise).
?


et

Bonsoir ! Berckman a écrit: "Il existe historiquement, et malheureusement, un courant anti-féministe dans le mouvement libertaire".

Tu peux préciser Berckman ? (essaye de nous trouver autre chose quand même que le sexisme de Proudhon, archi-connu, merci !)

Il n'y a aucune animosité de ma part dans cette demande, c'est juste pour mettre à jour mes fiches...(arf !)


Pour etre plus exact on peut distinguer plusieurs sous courants dans cette tendance antiféministe

La tendance antifeministe mysogine :

Outre Proudhon bien connu on retrouve un theoricien de l'individualisme, Lorulot :

André Lorulot. Notre ennemie : la femme. Conférence prononcée le 12 février 1921. Conflans-Honorine, Editions de l'Idée libre, 1923


On retrouve egalement dans l'oeuvre d'E. Goldman une relation d'un congres anarchiste international dans lequel les delegues français, influencés par les theses proudhonniennes, lui interdisent de prendre la parole sur la question des femmes. Cf Living my life,

Par ailleurs justement contrairement a ce que dis sıns la conception des individualistes d'un individu au dessus/irreductibles aux rapports sociaux a souvent ete utilisé politiquement pour evacuer toute critique systemique du patriarcat et sert souvent de pretexte pour s'extraire a bon compte de toute reflexion sur sa propre position dans les rapports de pouvoir entre les genres...

La tendance antifeministes liée a l'affirmation selon lequel le féministe serait bourgeois par essence :
Position de la majorité du courant anarchiste jusque dans les annes 60, qui distingue emancipation femine, combat pour l'egalite des sexes d'une part et feminisme d'autre part, courant considere comme specifiquement bourgeois [l'article posté par VB sur les mujeres libres illustres ce distinguo]

La tendance antifeministe qui pretend que le féminisme serait du "sexisme a l'envers"
: discours qui existe encore a l'heure actuel dans le mouvement libertaire, et qui oppose l'antisexisme au feminisme ( en niant au passage les apports historiques politiques et sociaux du féminisme, en le reduisant a la tendance feministe electoraliste], qui a tendance a equialoır l'oppression sexiste des hommes et des femmes, sqns identifier que le sexisme est lié au systeme de domination masculine et qu'il y a donc une dissimétrie en terme d'oppression et d'alienation.

On peut rajouter celles et ceux qui disent et pensent que l'egalité en droit etant acquis il n'y a pas d'autres problemes ( au pire la defense des acquis tels la contraception et l'İVG] que la menace que font peser les religieux sur les droits des femmes ( reduction de la question du sexisme a ses justificateurs religieux)

Tous ces discours je les ai entendu a diverses reprises dans ma vie militante

Voir egalement ce texte qui parmis d'autres souleve quelques problemes bien actuels : http://1libertaire.free.fr/Klito01.html

On retrouve par ailleurs chez certains camarades une propension, tout en s'affirmant antisexiste, a reprendre a leur compte et reutiliser tous les stereotypes antiféministes les plus divers et varies, des qu'un debat politique s'engage ( hysteriques, sexistes a l'envers, haineuses des mecs, etc...) avec une militante feministe...
Certains propos tenus a propos de VB relevent tout a fait du meme style fort malheureusement...
Berckman
 

Re: Anarchisme - féminisme ?

Messagede Sins We Can't Absolve le Mar 5 Aoû 2008 07:57

Berckman, Lorulot n'est pas un théoricien influent de l'individualisme (comparé à un Armand, un Ryner, un Stirner...). Je vais être franc avec toi, je n'étais jamais tombé sur son nom encore. Après, outre sa conférence, je ne sais pas si ça se ressent pleinement dans ses écrits (que je n'ai pas lu), du fait que le terme individu soit employé à tout bout de champ par les individualistes (et comme c'est plus une philosophie qu'une théorie politique, les textes restent "neutres" encore aujourd'hui).
Sins We Can't Absolve
 

Re: Le genre dans l'anarcho-syndicalisme espagnol (1910-1939)

Messagede vroum le Jeu 13 Fév 2014 09:40

La question féminine dans nos milieux : lettre au camarade Vazquez

http://www.monde-libertaire.fr/antisexisme/16891-la-question-feminine-dans-nos-milieux-lettre-au-camarade-vazquez

Lucía Sánchez Saornil, l’auteur du premier texte reproduit ci-après, est née à Madrid le 13 décembre 1895 dans une famille modeste. Entrée en 1916 à la compagnie du téléphone Telefónica, elle prend part aux conflits sociaux comme militante de la CNT anarcho-syndicaliste. Parallèlement, elle poursuit des études à l’académie des Beaux-Arts, participe, à partir de 1918, au mouvement littéraire Ultraïsmo, et publie alors ses premiers poèmes. En 1927, elle collabore à la presse anarchiste – notamment Tierra y Libertad et Solidaridad Obrera –, puis devient secrétaire de rédaction du journal CNT en 1929. Évoluant dans un milieu essentiellement masculin et dans une société fondamentalement machiste, elle touche aux limites d’un mouvement par ailleurs d’avant-garde, estimant que les revendications des femmes requièrent une organisation spécifique.
En 1935, à la fin de sa « Lettre au camarade Vasquez », Lucía Sánchez Saornil évoque son « projet de créer un organe indépendant pour servir les fins qu[’elle s’est] fixées ». En effet, suite à l’échec de l’enseignement de cours élémentaires organisés par la fédération locale des syndicats de Madrid, un groupe de femmes anarchistes choisit de créer une organisation féminine et met en place une école non mixte comprenant des cours d’alphabétisation et de formation professionnelle. En 1936, avec un groupe d’ouvrières de Barcelone et les intellectuelles madrilènes Mercedes Comaposada et Amparo Poch y Gascon, elle fonde le mouvement des Mujeres Libres (Femmes libres) qui édite, à partir de mai, la revue du même nom. En 1937, la fédération regroupe 20 000 femmes (en majorité des ouvrières) sur un programme, extrait de son journal, qui revendique :
« 1. De permettre à la femme de s’émanciper du triple esclavage auquel elle a été et continue généralement d’être soumise : l’esclavage de l’ignorance, celui de la femme et celui de la travailleuse.
2. De faire de notre organisation une force féminine consciente et responsable, agissant comme avant-garde de la révolution.
3. D’arriver à ce que les camarades, hommes et femmes, soient véritablement d’accord ; qu’ils parviennent à vivre ensemble et à collaborer sans s’exclure ; qu’ils rassemblent leur énergie dans le travail commun. »
Durant la révolution, Lucía Sánchez Saornil se jette à corps perdu dans le combat, aussi bien sur le front qu’à Radio Madrid. En mai 1938, elle est nommée secrétaire de la Solidarité internationale antifasciste, chargée d’organiser l’aide internationale au mouvement libertaire espagnol. Réfugiée en France en 1939, elle revient clandestinement en Espagne en 1942 pour échapper à la déportation dans les camps nazis. Elle y vit dans une totale clandestinité jusqu’en 1954 et s’éteint à Valence le 2 juin 1970.

Charles Jacquier et Béatrice Vincent
Pour la revue Agone


Image

En commençant ma série d’articles sur la question féminine, ce n’était pas le désir de remplir en vain quelques colonnes de notre journal qui me guidait, mais celui de commencer à donner forme à une aspiration longuement mûrie.
Peut-être vais-je entreprendre une tâche supérieure à mes forces, peut-être que les difficultés de ma vie m’empêcheront d’atteindre mon objectif, qu’à cela ne tienne. Il ne manquera pas de gens, plus instruits, qui prendront sur eux l’obligation de poursuivre le travail commencé.
Je me suis proposée d’ouvrir, pour la femme, les perspectives de notre révolution, en lui offrant des matériaux pour qu’elle se forme elle-même une mentalité libre, capable de distinguer le vrai du faux, le politique du social. Je crois qu’avant de l’organiser dans les syndicats – sans que je dédaigne cela – il est urgent de la mettre en conditions de comprendre la nécessité de cette organisation.
Je sais, la tâche est longue et difficile et je devine qu’un camarade – si toutefois les camarades me lisent –, de ceux qui voient la révolution au coin de la rue, sourira avec suffisance et me dira qu’il est trop tard pour emprunter cette voie. Moi aussi, je me dois de sourire et de lui rappeler que pour avoir tous les jours la révolution à portée de main, sans jamais l’atteindre, j’ai vu l’éducation de nos jeunes laissée de côté et beaucoup d’entre eux croire que pour s’appeler anarchiste il suffit de savoir charger un pistolet. Il est bien de croire à la révolution tous les jours, il est encore mieux d’aller à sa recherche en la forgeant minute après minute dans les intelligences et dans les cœurs.
Je ne sais pas jusqu’à quel point mes propos peuvent intéresser les camarades. J’en soupçonne beaucoup d’y avoir tourné le dos en pensant qu’il y a des problèmes plus importants à résoudre pour ne pas gaspiller son temps et son attention à des « choses de femmes ». Néanmoins, moi qui connais toute l’importance de la question, je ne faiblirai pas, et, avant d’envisager d’autres aspects, je veux, une fois de plus, en résumant mes propos antérieurs, mettre bien en évidence les conclusions contenues dans ceux dont j’ai pu supposer qu’ils n’ont pas été compris.
Mes articles avaient pour titre : « La question féminine dans nos milieux ». Cela ne veut pas dire : la question féminine en termes généraux, ni dans le domaine psychologique, mais en termes anarchistes.
Hors de notre milieu, camarade Vazquez, il est très compréhensible, très excusable, et même très humain que, comme le bourgeois défend sa position et son privilège de commandement, l’homme désire conserver son hégémonie et se sente satisfait d’avoir une esclave.
Mais moi, je ne parlais pas pour tous les hommes, camarade, je parlais pour les anarchistes exclusivement, pour l’homme conscient, pour celui qui, ennemi de toutes les tyrannies, se doit, s’il est conséquent, d’extirper de lui, dès qu’il la voit poindre, toute trace de despotisme.
C’est pour cela que l’anarchiste – j’ai dit l’anarchiste, remarque bien – qui demande à la femme sa collaboration pour la subversion sociale doit commencer par reconnaître en elle son égale avec toutes les prérogatives de l’individualité.
Le contraire serait « très humain » mais pas anarchiste. […] Ce qui est anarchiste, je le répète, c’est de laisser la femme agir en usant de sa liberté, sans tutelle ni coercition…
Et maintenant, camarade Vazquez, comment t’est-il venu à l’esprit de comparer la situation de la femme par rapport à l’homme avec celle du salarié par rapport au patron ?
Tu oublies que les intérêts du patron et ceux de l’ouvrier sont opposés, incompatibles, alors que ceux de l’homme et de la femme – qui sont les intérêts de l’humanité, de l’espèce – sont complémentaires, ou plutôt ne font qu’un. Des intérêts de sexe, incompatibles en tout point avec la conception anarchiste de la vie, peuvent seulement exister dans l’absurde système actuel.
Tu conçois, toi, un bourgeois en train de dire qu’il faut émanciper les travailleurs ? Donc, si tu trouves logique que, comme un bourgeois avec le salarié, l’anarchiste en tant que mâle garde la femme enchaînée, il est absurde de penser l’entendre crier : « Il faut émanciper la femme. » Et s’il le criait, ne crierait-il pas à la femme : « Commence toi-même à t’émanciper ? » […]
La lutte des sexes ne convient pas aux prolétaires, il faut établir l’interpénétration des intérêts entre les hommes et les femmes. Et cela non pas par caprice mais parce que le monde ne trouvera son équilibre que lorsqu’il sera organisé et régi par eux deux. […]
Comprends-tu maintenant qu’il ne s’agit pas tant de l’émancipation de la femme que de l’édification du futur, et que les anarchistes, s’ils sont sincères et s’ils ne sont pas venus à l’anarchisme par pur activisme, sont obligés de suivre la voie que j’indique ?
Et ça, pour sûr que c’est mettre à profit le temps, camarade, parce que, pour réaliser une œuvre en commun ce qui est important, ce n’est pas de se disputer mais de se mettre d’accord.
Et, mon ami, il ne faut rendre responsable l’esclave de son esclavage que lorsque celui-ci est accepté de plein gré et en toute conscience, mais pas quand il est imposé par la violence comme c’est le cas pour la femme.
Nous mettrons-nous enfin d’accord ? Aurai-je réussi à la fin à être comprise ? […]
Bien que cela soit intéressant, je n’accepte pas ta proposition d’une page féminine dans Solidaridad Obrera, car mes ambitions vont plus loin, j’ai le projet de créer un organe indépendant pour servir les fins que je me suis fixées.

Lucía Sánchez Saornil
Solidaridad Obrera, 8 novembre 1935
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