Histoire de la Fédération anarchiste – 41 mars 2013 par florealanar
http://florealanar.wordpress.com/2013/03/01/histoire-de-la-federation-anarchiste-4/L’AFFAIRE FONTENIS
(suite)
En 1952, malgré une propagande suivie, dont j’ai tracé les grandes lignes dans mon livre L’Anarchie et la vie quotidienne, la Fédération anarchiste avait maigri, et le reflux qui suit toutes les poussées de pointe des après-guerres se faisait sentir. En général, et à cette époque-là, on désignait les responsables de la Fédération anarchiste à la suite de débats qui définissaient des courants, non pas sur l’anarchie inaliénable dans ses principes, mais sur les moyens de la répandre. Les anarchistes humanistes n’ont jamais rien voulu comprendre de cette différence fondamentale, et ils portent une part de responsabilité sur l’inefficacité de notre propagande parmi la population. Confortés par les liens et une certaine homogénéité qu’ils avaient établis entre eux grâce à une correspondance fournie, ils venaient au congrès de Bordeaux avec l’intention d’imposer la règle de l’unanimité et bien décidés à ne prendre part à aucun vote. Oui, mais voilà, les statuts de la Fédération anarchiste prévoyaient la consultation, et pour transformer ces statuts il leur aurait fallu l’accord de tous. Aristide Lapeyre nous fit un beau discours, mais cet accord, il leur fut impossible de l’obtenir. Fontenis, renseigné sur ce mini-complot qui se tramait par des gens qui, notamment à Toulouse, avaient un pied dans chaque camp, avait préparé une liste de militants dont les principaux appartenaient à l’O.P.B. Ce conflit nous surprit. Avec les camarades du groupe, qui étaient nombreux au congrès, nous confectionnâmes rapidement une autre liste à opposer à celle de l’O.P.B. Lapeyre, Laisant et leurs amis refusèrent de voter, nous fûmes battus. Et c’est ainsi qu’en un tour de main et grâce au « génie » politique des anarchistes de province, renforcés par le groupe d’Asnières, Fontenis s’empara sans coup férir, en passant, du siège de l’organisation, de son journal, des œuvres et des responsabilités. Il est vrai qu’à la suite de tractations et en échange de leur veulerie, ils réussirent à placer, parmi les cinq permanents, un des leurs, Etienne, un homme estimable, qui ne faisait pas le poids et qui, après avoir servi d’alibi à Fontenis et à sa clique, sera éjecté et disparaîtra de nos milieux. Je voudrais dire pour la petite histoire que le groupe Louise-Michel, qui fut le seul à Bordeaux à s’opposer aux méthodes de Fontenis, obtint quarante voix, les seules voix du groupe, contre quatre-vingts à l’O.P.B. qui se réclamait de multiples groupes bidons. On peut dire que la naïveté et la jobardise des militants qui se réclamaient de la synthèse furent à l’origine des malheurs qui frappèrent la Fédération anarchiste par la suite. Mais alors se pose la question : pourquoi ?
Il y a toujours eu beaucoup de légèreté, une volonté évidente de refuser de regarder les choses en face chez les partisans de la synthèse ; mais enfin il y avait parmi eux des têtes solides, et Aristide et Paul Lapeyre étaient de celles-là. Et eux qui connaissaient Etienne mieux que quiconque ne pouvaient penser un instant qu’il arriverait à maintenir le mouvement dans son axe. Pensaient-ils être renseignés suffisamment à temps pour pouvoir intervenir ? Alors ils se trompèrent, comme nous le verrons par la suite. En vérité, il faut chercher la raison de leur attitude autre part.
Je rappelle qu’à cette époque l’existence de l’O.P.B. était ignorée de tous, et la province mettait tous les groupes de Paris, à part le groupe d’Asnières, dans le même sac ! Moi-même et le groupe Louise-Michel étions assimilés théoriquement au groupe de Fontenis. Bien sûr, en quelques occasions nous avions maintenu l’unité du mouvement, mais leur informateur parisien, acharné comme Louvet et quelques autres à créer la synthèse, les gavaient de renseignements tendancieux, mettant dans le même sac tous ceux qui voulaient maintenir un esprit révolutionnaire à l’organisation. Pour eux, la querelle Fontenis-Joyeux était une querelle de gens qui pensaient à peu près la même chose sur l’anarchisme révolutionnaire et n’étaient séparés que par des querelles de personnes.
Croyez bien que si la province avait eu le moindre soupçon de l’existence de l’O.P.B. elle nous en aurait attribué la fondation autant qu’à Fontenis et consorts. Qui donc a dit que le seigneur rend aveugles ceux qu’il veut perdre ?
Mais un autre élément jouait. En province comme à Paris les anarchistes humanistes préféraient Fontenis et le groupe Kronstadt au groupe Louise-Michel. Parmi les groupes de la Fédération anarchiste, il existait depuis toujours un peu de jalousie envers le groupe Louise-Michel. C’était un groupe nombreux, composé d’ouvriers cultivés ayant beaucoup lu et possédant pour la plupart des responsabilités syndicales. Ils étaient bien différents de ces personnages à diplômes qui meurent intellectuellement sitôt sortis de l’école. Un groupe qui avait fourni et fournira par la suite de nombreux militants à l’organisation de la Fédération et de son journal. Cependant les parchemins que possédaient les militants du groupe Kronstadt faisaient sensation, et Fontenis était instituteur. Voilà ce qui donnait l’aura à Fontenis et à ses amis auprès des anarchistes humanistes de province et de la région parisienne ! Phénomène dû non seulement au manque de culture générale mais aussi de connaissance de nos théoriciens. Seule une « charité » qui n’a rien de chrétienne me retient de dire certaines vérités à quelques anarchistes qui critiquent les uns ou les autres à partir de la foi du charbonnier, et qu’il y a autre chose à apprendre dans nos milieux que Les douze preuves de l’inexistence de Dieu.
Gaston LevalA partir de l’instant où les groupes partisans de la synthèse attribuaient au groupe Louise-Michel une vue de l’organisation révolutionnaire comparable à celle qu’affichaient Fontenis et ses amis de Kronstadt, il était évident qu’ils marqueraient une confiance à ceux-là, « car eux ils ont de la culture », me dira gentiment un couple de crétins de la région toulonnaise.
On a vu, et on verra, que les hommes de l’O.P.B. avaient une vision plus sérieuse du rapport des forces dans notre mouvement, et ce réalisme va orienter les attaques contre ceux dont ils ont décidé de se débarrasser.
Le congrès de Bordeaux s’était déroulé à la fin de l’année 1952. C’est au cours de l’année 1953 que Fontenis va se débarrasser, les uns après les autres, de tous ses opposants en se servant naturellement de l’O.P.B. mais surtout de son charme, qui fascinait certains de nos pseudo-intellectuels.
En réalité, les manœuvres de Fontenis comme la faiblesse des anarchistes de bons sentiments au congrès de Bordeaux m’avaient ouvert les yeux. Je sentais qu’on en était venu à un point de rupture. Dès mon retour à Paris je cessais toute collaboration au Libertaire dont je faisais encore, avant le congrès, tous les éditoriaux. Je n’ignorais pas que la disparition de ma signature provoquerait des commentaires et poserait des problèmes à la nouvelle direction de la Fédération anarchiste. Et, de fait, pris au dépourvu, Fontenis chargea Etienne de faire des démarches auprès de moi pour me faire revenir sur ma décision.
Il faut convenir, en toute honnêteté, qu’Etienne joua parfaitement la partition que chacun attendait de lui. Il essaya de me ramener au journal, jouant son rôle modérateur et par conséquent servant d’alibi à Fontenis qui protestera de sa bonne foi. Sans le vouloir, il prépara mon exclusion et celles qui suivirent, avant d’être éjecté à son tour, à moins qu’il ne soit parti de lui-même après le congrès de Paris de 1953, ce qui est sans importance. Etienne, magnifique exemple de cet enfer qu’on dit pavé de bonnes intentions.
L’opération qui aboutit à mon exclusion puis à celle du groupe Louise-Michel fut un chef-d’œuvre de doigté, conduit avec une roublardise qui force l’admiration et me fait encore sourire lorsque je l’évoque.
Au début de l’année 1953, Jean-Philippe Martin, un vieux camarade que chacun connaît, se rendit au siège pour payer les cotisations de l’année précédente et retirer les cartes et les timbres. Oui, à cette époque, nous avions des cartes et des timbres. Nous n’étions pas les seuls ! Je sais qu’aujourd’hui parler de cartes provoque l’horreur chez les âmes pures de l’anarchie. On se demande pourquoi. Je n’ai pour ma part rien lu de nos principes qui s’y oppose. On peut penser que cette méthode d’organisation est pratique, on peut la juger dangereuse, mais mêler l’anarchie à cette question d’intendance est ridicule, comme sont ridicules les propos péremptoires de ces militants qui cachent leur ignorance derrière des considérations définitives sur le sexe des anges.
Jacques PrévertLorsque Martin se présenta au siège de la Fédération anarchiste pour retirer nos cartes (nous étions alors quarante au groupe, le seul de la région à ne pas être squelettique), Joulin, le trésorier, lui déclara qu’il ne lui en donnerait qutrente-neuf, car ayant refusé de collaborer au Libertaire je me trouvais exclu de la Fédération anarchiste. Martin, naturellement, puis le groupe refusèrent de payer les cotisations et de prendre les cartes si on me refusait la mienne. Ça va de soi ? Pas pour tout le monde ! C’est ce qui permit à Lagant, qui était l’homme à tout faire de Fontenis, de proclamer que nous n’avions pas été exclus mais que nous avions refusé de payer nos cotisations. Magnifique, vous ne trouvez pas ? Etienne confirma et chacun de ces braves gens de notre organisation qui, par la suite, seront vidés sans douceur, furent persuadés, ou voulurent se persuader, que nous étions dans notre tort. Et je vis les uns après les autres mes « amis » venir dans ma libraire « Au château des brouillards » pour me faire de la morale.
Ce fut d’abord Maurice Laisant. Il me reprocha vertueusement de ne plus écrire dans le journal, et ponctua sa réprobation en m’informant que j’étais « envahissant ». Puis Vincey lui succéda avant que je ne reçoive la visite plus inattendue de Fayolle. Eh oui ! le charme de Fontenis jouait encore auprès de Laisant et de ses amis, et ses positions « révolutionnaires » jouaient aussi auprès de Fayolle. Je les accueillis sans tendresse, je ne pensais plus les revoir de sitôt. Je me trompais, j’allais les revoir bientôt, l’oreille basse.
Le groupe prit cette exclusion avec philosophie. Il possédait alors des amis dans tous les milieux, ceux du cinéma, de la presse, de la littérature, du spectacle, du mouvement syndical, etc. Son gala du Moulin de la Galette lui assurait une trésorerie sans histoire. Il eût pu, s’il l’avait voulu, avoir son propre journal. Ses meetings remplissaient les salles, et partout en France, dans les groupes ou en dehors, il possédait de nombreuses sympathies parmi les militants qui se réclamaient de la révolution sociale. On lui reprochait, à tort, d’être un Etat dans l’Etat.
Les semaines passèrent. C’est, je crois, au début du printemps que je vis de nouveau arriver à ma librairie, mais ensemble cette fois, Laisant, Vincey et Fayolle. Leur mine n’était pas superbe. Fontenis, encouragé par les résultats brillants de sa stratégie, venait de récidiver. Parbleu ! En excluant Aristide Lapeyre comme il m’avait exclu, sur je ne sais quels propos que celui-ci avait tenus au cours d’une réunion, il espérait, le bougre, que le groupe de Bordeaux, suivant l’exemple du groupe Louise-Michel, se retirerait, ce qui lui éviterait de le mettre à la porte. L’histoire ne dit pas si Etienne, qui était l’ami de Lapeyre, approuva. Mais Laisant et ses amis cette fois s’indignèrent. Moi pas. Et je reçus cette nouvelle qu’on m’annonçait comme une catastrophe avec un sourire en coin… que je crois inutile de vous décrire. Le groupe de l’Est, lui aussi, avait congédié Vincey, et Joulin, encore lui, avait refusé leurs timbres à Fayolle et à ses amis du groupe de Versailles. Décidément, c’était le grand nettoyage. Laisant, lui, sera oublié et s’en ira de lui-même. Après avoir fait part de mes sentiments profonds à mes camarades et analysé leur comportement sans inutiles gentillesses, je leur fis emprunter cet escalier en colimaçon qui permettait d’accéder à mon appartement. C’est là que pendant deux ans nous prendrons les mesures nécessaires pour mettre fin à la dictature que Fontenis exerçait sur la Fédération anarchiste.
Oui, ce que je viens de vous conter relève de l’anecdote… mais enfin, pas tellement.
Ces exclusions vont faire du bruit. A Bordeaux, Paul et Aristide Lapeyre, qui ne sont pas des rêveurs, vont réagir avec rapidité. Dès le mois de mai, ils organisèrent à Bordeaux un congrès de tous les anarchistes de leur région où l’équipe déléguée par Fontenis pour apporter la bonne parole se retira en désordre. A Paris, tout le mouvement anarchiste qui était resté en marge de la Fédération comprit le danger qui la menaçait. Et, spontanément, les anarcho-syndicalistes et les individualistes vinrent nous apporter un concours qui sera précieux. Des hommes comme Vincey, Leron, Guillot et sa compagne, de purs individualistes, adhéreront au groupe Louise-Michel… j’ai bien dit au groupe Louise-Michel, réputé pour la solidité de son organisation et non pas à un quelconque groupe anarchiste humaniste réputé, plus près d’eux ! Les individualistes sont parfois insupportables, mais ils ont du bon sens et cette fois encore ils en feront la preuve. Certains d’entre eux, comme Vincey, resteront au groupe jusqu’à leur mort, d’autres, comme Leron, en seront écartés par la maladie, enfin quelques-uns, comme Guillot, supportèrent mal nos méthodes de travail. Ils se retireront non pas pour aller dans un groupe anarchiste humaniste, mais pour rejoindre Armand.
André BretonJe m’excuse si je cède encore une fois à ma manie des portraits, mais je voudrais laisser un crayon de Leron qui fut mon ami.
Leron était un homme d’une extrême intelligence et d’une culture rare dans nos milieux, car elle touchait à tous les sujets. C’était un homme massif dont l’aspect était analogue à celui de Hem Day, qui était son ami et avec lequel il avait beaucoup de points communs. C’était un conférencier intéressant, mais surtout un causeur prodigieux. Il passa, avec quelques autres, Lorulot par exemple, des heures dans ma libraire à me raconter l’histoire du mouvement anarchiste du début du siècle, qu’ils avaient vécue. J’aimais beaucoup Leron et j’avais pour lui une estime que notre vision différente des choses n’a jamais altérée. Naturellement, dans l’histoire, seuls les orateurs et les écrivains connus restent dans les mémoires, et des hommes comme Vincey ou Leron passeront sans laisser de traces. C’est parfaitement injuste, et pour ceux qui furent de mes amis je ferai ce qu’il faut pour qu’il en soit autrement.
Mais dans les moments difficiles, si on retrouve les amis on retrouve aussi les autres. Naturellement, Louvet, bien oublié, essaiera de refaire surface. Entouré de quelques ahuris, il provoqua une réunion au Mans, où il créa une Entente anarchiste à laquelle personne n’adhéra et qui n’eut aucune influence sur le cours des événements. Pourtant, un « historien qui nous veut du bien » s’empressa de monter en épingle cette initiative qui, comme toutes celles où sera mêlé Louvet, foirera. Lecoin, lui aussi tenu à l’écart lors de la constitution de la Fédération anarchiste en 1945 et qui, suivant son habitude, était venu rôder autour de Fontenis afin de l’utiliser, sentit le vent et essaya de mettre la main sur notre journal Le Monde libertaire, dès que celui-ci parut. Mais là, je me fâchais.
Le groupe Louise-Michel et le groupe de Bordeaux exclus, d’autres groupes qui se solidarisaient avec eux démissionnèrent. Fontenis va alors essayer d’affirmer son emprise. Cependant, au congrès de Paris en 1953, qui se déroula devant une maigre assistance et en l’absence de tous ceux qui avaient fondé l’organisation, il va connaître ses premiers ennuis. De nombreuses questions lui furent posées à propos du groupe Louise-Michel qu’il était difficile d’accuser de « verbeux », « vaseux » ou « nulliste ». Une fois la « victoire » obtenue, il va lui falloir la partager avec le groupe Kronstadt et, tels des larrons après leurs larcins, ils vont commencer à s’écharper. C’est alors qu’il va faire la première des idioties monumentales qui le conduiront à sa perte. A une faible majorité, il va obliger le congrès à changer le titre de l’organisation qui, de Fédération anarchiste, deviendra Fédération communiste libertaire. Pour ma part je n’arrive pas à comprendre comment cet homme réputé intelligent a pu faire une pareille sottise. Il est vrai qu’au royaume des aveugles les borgnes, etc. Je veux livrer un secret aux petits malins, à la condition naturellement qu’ils ne le répètent à personne : pour être crédible, le titre de notre organisation doit comporter obligatoirement le mot « anarchiste », et celui de notre journal le mot « libertaire ». Pourquoi ? Je n’en sais rien, mais c’est ! Consultez les titres des organisations anarchistes ou des journaux qui ont réussi et ceux qui se sont cassés la margoulette, et concluez. Changez les mots et regardez la fortune dans l’histoire d’un journal s’appelant L’Anarchie et d’une Fédération s’appelant la Fédération libertaire et, de nouveau, concluez.
Les bêtises sont faites pour être exploitées. Nous sauterons sur l’aubaine et, à la fin de l’année 1953, nous constituerons une nouvelle Fédération anarchiste, celle qui existe encore aujourd’hui. Son siège sera installé dans ma librairie, « Au château des brouillards », sur la butte Montmartre, au cœur du fief du groupe libertaire Louise-Michel. C’est dans cette librairie que furent élaborés les accords qui aboutirent à la fondation de l’Association pour l’étude et la diffusion des philosophies rationalistes qui, par la suite, fit couler beaucoup d’encre. C’est là encore que s’installa Le Monde libertaire avant qu’Alexandre, un ami de Sébastien Faure qui était devenu le mien, me prêtât un million de francs de l’époque, ce qui nous permit de nous installer rue Ternaux où nous sommes encore.
Léo Ferré (avec une dédicace pour Suzy Chevet)L’équipe initiale, celle des exclus, s’était grossie de nouveaux éléments dont certains la vivifièrent et d’autres l’alourdirent. Cette année-là, le gala du groupe au Moulin de la Galette fut un succès triomphal qui permit de grossir les caisses d’une Fédération encore un peu pâlotte. A la porte de la salle s’entassaient des sacs de militants des Auberges de la jeunesse qui s’envolèrent après le spectacle vers le plein air ; et parmi eux : Keravis, Lanen et quelques autres qui appuyaient nos efforts et dont certains viendront parmi nous. Dans la salle où Ferré chantait, on remarquait André Breton, Benjamin Péret, les frères Prévert, Louis Chavance et une pléiade de jeunes écrivains qui se feront un nom et qui illustreront la dernière page, la page littéraire des premiers numéros du Monde libertaire.
L’année 1953, l’année où la Fédération anarchiste se reconstitua, fut une année de réflexion. L’année 1954, qui fut l’année de la parution du Monde libertaire, fut une année décisive, et le fameux groupe d’autodéfense de l’O.P.B. ne pesa pas lourd devant les militants du groupe Louise-Michel appuyés par quelques autres qui ne furent jamais nombreux.