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> Date: Tue, 9 Jul 2013 19:28:32 +0200
> From:
tridnivalka@yahoo.com> To:
tridnivalka@yahoo.com> Subject: [Nous avons reçu et redistribuer] Il ne s’agit pas d’arbres, mais il ne s’agit pas de démocratie non plus !
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> *** Nous avons reçu et redistribuer ***
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> Internacionalističtí proletáři[1]
> Il ne s’agit pas d’arbres, mais il ne s’agit pas de démocratie non plus !
>
> Depuis maintenant plus de trois semaines, la Turquie est secouée par
> une révolte prolétarienne massive qui jusqu’à présent a fait descendre
> dans ses moments les plus forts presque 5 millions de manifestants
> dans les rues de tout le pays. L’étincelle immédiate du mouvement fut
> la brutale répression de l’État, lorsque la police a écrasé une
> manifestation contre la destruction et le redéveloppement du parc Gezi
> dans le centre d’Istanbul (juste à côté de la place Taksim, tristement
> célèbre pour le massacre d’ouvriers en 1977 et très symbolique pour le
> mouvement prolétarien en Turquie).
>
> Les jours suivants, les rues d’Istanbul, puis d’Ankara, Izmir, Adana
> et Mersin, Antakya et environ 50 autres villes, ainsi que beaucoup de
> plus petites villes, se sont remplies de manifestants et d’émeutiers
> qui ont libéré leur colère accumulée contre l’État capitaliste et ses
> flics. Passages à tabac brutaux, canons à eau, balles en caoutchouc et
> des tonnes de gaz lacrymogène dans les mains de la police ont essuyé
> une résistance organisée qui a érigé des barricades et a utilisé
> toutes les armes disponibles dans les rues. Les affrontements avec les
> forces répressives ont jusqu’à présent fait sept morts parmi les
> manifestants et au moins un parmi les flics. Quelques autoroutes et
> ports furent bloqués, et la circulation des marchandises fut également
> partiellement interrompue. D’après les chiffres des syndicats
> officiels, plus de 800.000 ouvriers participèrent aux actions de grève
> du 17 juin auxquelles ils appelèrent (alors que probablement beaucoup
> d’autres organisèrent des « grèves sauvages » ou développèrent
> d’autres moyens pour se joindre aux protestations). Le soulèvement a
> aussi sérieusement affecté plusieurs secteurs de l’économie turque (y
> compris la bourse).
>
> Dans les endroits d’où les flics avaient été chassés (comme dans le
> secteur de Taksim) beaucoup d’habitants sont venus et ont discuté dans
> un état d’esprit général de résistance. Tandis que l’armée en tant
> qu’appareil participe à la répression policière, certains soldats
> expriment leur solidarité avec les contestataires en distribuant des
> masques à gaz. Beaucoup d’anciennes divisions et d’entraves
> idéologiques, imposées par la machine idéologique dominante de l’État
> capitaliste et intériorisées par le prolétariat en Turquie, commencent
> à sérieusement se fissurer (c’est-à-dire des divisions comme « Turcs »
> contre « Kurdes », « Arabes », « Arméniens », « gauchistes » contre
> « droitistes », « femmes soumises » contre « hommes conservateurs » et
> même dans une certaine mesure « religieux » contre « laïcs »). Les
> media bourgeois, en tant qu’outils de l’appareil idéologique de l’État
> qui n’est pas neutre mais représente les intérêts de la classe
> dominante, en couvrant le soulèvement massif (les media turcs ont au
> départ essayé de cacher la situation en l’ignorant), se focalisent sur
> les affrontements, les nuages de gaz lacrymogène, les émeutes de
> « groupes marginalisés » ou sur les « manifestations pacifiques », les
> drapeaux nationaux et les photos de Mustafa Kemal, afin d’essayer de
> réduire l’ensemble du mouvement en un mouvement pro-démocratie, de
> citoyens contre « l’islamisation rampante » et « l’autocratie
> d’Erdogan », en un « printemps turc » ou une autre « révolution
> colorée » qui existent grâce aux réseaux sociaux d’Internet.
>
> Divers observateurs et sociologues de gauche vont, dans le but de
> brouiller la nature prolétarienne du mouvement en Turquie, jusqu’à
> l’appeler « un mouvement des classes moyennes » et formuler des
> questions démagogiques, si et quand « les ouvriers vont se joindre aux
> protestations », comme si le prolétariat ait jamais été identique à
> ces putains de syndicats (les syndicats qui dans chaque protestation
> massive agissent pour « le dialogue avec le gouvernement », pour « la
> paix et la stabilité », comme l’ont dit les principaux syndicats
> turcs, et pour « protéger l’économie nationale », ici « le futur de la
> Turquie », et qui avec leurs « grèves » annoncées à l’avance montrent
> qu’ils sont un obstacle dans la vraie lutte de classe – une vraie
> grève signifie une attaque du système de production capitaliste, sans
> préavis, sans limites dans la durée !).
>
> Gezi, Taksim, Istanbul, Ankara… Solidarité avec la lutte de classe en
> Turquie !
>
> Nous voulons souligner que le mouvement en Turquie surgit d’une
> réalité de misère dans la société de classe basée sur l’exploitation
> du travail humain, avec son besoin toujours présent et croissant de
> faire disparaître toute lueur d’activité humaine non-médiatisée, y
> compris la vie de ses protagonistes si nécessaire. Donc pour nous, la
> résistance initiale contre l’abattage des arbres dans le parc Gezi
> n’est qu’une petite manifestation de la lutte prolétarienne contre un
> des aspects du capitalisme – une catastrophe écologique qui résulte
> inévitablement de son développement, une catastrophe qui est son
> produit profond et ne peut pas en être séparée, et qui
> particulièrement en Turquie prend la forme d’inondations artificielles
> d’énormes régions, de déboisement massif, de crise du gaspillage peu
> dissemblable à celle de l’Italie du sud, de marées noires, etc. – qui
> à son tour fait localement monter les prix des denrées alimentaires et
> contribue globalement à la « crise alimentaire ». Les quartiers
> prolétariens dans les villes de tout le pays ont été déblayés et
> redéveloppés en pâtés de bureaux et d’appartements chers. De la même
> façon, la résistance contre la torture et les tueries étatiques n’est
> pas comparable à l’appel pour « une réforme de la police » et la rage
> contre l’imposition de la version « islamiste » de la moralité
> capitaliste ne signifie pas nécessairement l’acceptation de la version
> « occidentale-libérale ».
>
> En dépit de la détermination héroïque de nos frères et sœurs de classe
> dans les rues qui font face à la répression brutale de l’État, en
> dépit de cette joie de la résistance, toutes ces grandes sensations
> d’être ensemble dans la lutte, sur les barricades, à s’entraider après
> une attaque au gaz lacrymogène, à partager de la nourriture, à
> discuter, tous ces aspects qu’on ne pouvait pas imaginer avant, le
> mouvement n’émerge pas comme « pur » et révolutionnaire. Ainsi chaque
> mouvement prolétarien contient des contradictions internes. Dans la
> présente révolte en Turquie, cela se manifeste par son obsession à
> déclarer une fraction bourgeoise particulière comme l’ennemi essentiel
> (Erdogan et son AKP), avec ses idéologies « écologiste », « laïque »
> et « nationaliste », avec son « pacifisme » ou ses « émeutes
> rituelles » consistant à lancer futilement des pierres contre des
> véhicules blindés.
>
> Il semble que le mouvement a récemment commencé à décliner ou que son
> énergie s’est transformée. Les manifestations de « l’homme debout »
> transforment les précédentes protestations héroïques et passionnées en
> happenings pacifistes et soumis qui ne peuvent être accueillis par
> l’État que comme le commencement possible d’un dialogue interclasse et
> comme une chance pour les forces répressives (la police et tout
> appareil idéologique) de se ressaisir et de se concentrer sur un
> assaut contre les militants (maintenant que les cochons de la police
> ne sont plus la cible des briques et des Molotov, une répression
> sélective et massive s’est déclenchée suivie d’arrestations).
>
> Chaque mouvement prolétarien, y compris la présente vague en Turquie,
> doit d’abord essayer de se débarrasser de l’influence de l’idéologie
> bourgeoise dominante et rompre avec sa « propre » bourgeoisie. C’est
> toujours le prolétariat qui est saigné et qui paie, en temps de paix
> comme en temps de guerre. Le prolétariat en Turquie, comme dans tout
> autre pays, n’a RIEN en commun avec sa propre classe dominante et son
> État !
>
> Mais il a TOUT en commun avec tous les autres prolétaires dans
> d’autres pays, qui consistent en toutes les nationalités, races,
> sexes. Donc en ce qui concerne la Turquie et son État, qui essaie de
> se positionner avec d’autres forces impérialistes autour de la
> question de la guerre civile en Syrie, cela signifie une résistance
> pratique à l’égard du service militaire, la perturbation des
> approvisionnements militaires, la propagande anti-guerre parmi les
> hommes de troupe et finalement de considérer les autres simples
> « soldats » non comme des ennemis mais comme leurs camarades
> prolétaires en uniforme.
>
> C’est seulement lorsque le mouvement s’étend et s’approfondit, quand
> il généralise son opposition aux diverses tentatives de la bourgeoisie
> locale de l’encadrer dans une question particulière, qu’il a la
> possibilité d’exister et de se développer. Le mouvement doit vaincre
> tous les intérêts sectoriels qui reproduisent la compétition entre les
> ouvriers, et il doit exprimer les besoins de l’ensemble de la
> classe. Pour parvenir à faire cela, il doit se concentrer sur le
> maintien et le développement des structures organisationnelles que le
> prolétariat a produit durant les hauts moments de la présente lutte,
> il doit les approfondir et les durcir par l’évaluation des luttes
> présentes ainsi que des luttes historiques précédentes, il doit les
> faire entrer plus fortes dans une nouvelle vague du mouvement ou dans
> une nouvelle vague de la lutte de classe ouverte, avec un programme
> plus clair, capable de s’opposer à ceux qui veulent l’encadrer et se
> donner les moyens et les méthodes de le faire avancer.
>
> Ne nous bernons pas avec des fantasmes, la normalité fut la raison
> pour laquelle nous avons submergé les rues. Cette normalité, c’est
> l’état de notre exploitation, de notre misère, de la répression, des
> guerres et de tout ce qui nous dégoute comme le nationalisme,
> l’oppression et la violence basée sur le sexe, la race, la
> nationalité. Nous pouvons détruire ce système désastreux. Dans chaque
> confrontation de masse et de haut niveau, nous voyons comment la
> société future agit déjà dans l’actuelle !
>
> Camarades, prolétaires!
> Soulevez-vous ! Tout le monde dans la rue !
> Menons de véritables grèves sans préavis ni limites dans la durée !
> Faisons reculer les patrons !
> Surmontons les divisions imposées à l’intérieur de notre classe !
> Solidarité avec les plus opprimés et exploités !
> Aucun soutien à notre « propre » bourgeoisie,
> aucun soutien à l’économie nationale !
> Pas de sang sur les champs de bataille pour les intérêts impérialistes !
> Pas de guerre sauf la guerre de classe !
>
> Internacionalističtí proletáři, Juin 2013
>
>
> [1] Prolétaires internationalistes
>
> --
>
> Class War Group
> autistici.org/tridnivalka
>
tridnivalka@yahoo.com